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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

« Il marchera devant Dieu avec l’esprit et la puissance d’Elie. » (Lc 1,17)

samedi 16 décembre 2023

Qu’est-ce que le jeûne, sinon l’essence et l’image du ciel ? Le jeûne est le réconfort de l’âme, la nourriture de l’esprit. Le jeûne est la vie des anges ; le jeûne est la mort du péché, la destruction des fautes, le remède du salut, la racine de la grâce, le fondement de la chasteté. Par cette échelle, on parvient plus rapidement auprès de Dieu. Élie est monté par cette échelle, avant de monter par le char ; et en partant vers le ciel, il a laissé à son disciple cet héritage de la sobriété et de l’abstinence (cf 2R 2,11-15).

C’est dans cette force et cet esprit d’Élie que Jean est venu (Lc 1,17). En effet, au désert lui aussi s’adonnait au jeûne, et sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage (Mt 3,4). Pour cette raison, celui qui l’avait emporté par sa maîtrise de soi sur la capacité de la vie humaine a été considéré non comme un homme, mais comme un ange. Nous lisons à son sujet : « Il est même plus qu’un prophète. C’est celui dont il est écrit : Voici que j’envoie mon ange devant ta face pour préparer le chemin devant toi » (Mt 11,9-10 grec ; Ex 23,20). Qui aurait pu par une force humaine monter sur des chevaux de feu, sur un char de feu, mener une course à travers les airs [comme Élie], sinon celui qui avait transformé la nature du corps humain par la force du jeûne qui lui accorde une nature impérissable ?

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

Se faire violence pour devenir la demeure du Seigneur

jeudi 14 décembre 2023

Celui qui veut s’approcher du Seigneur, être digne de la vie éternelle, devenir la demeure du Christ, être rempli du Saint-Esprit, afin de porter les fruits de cet Esprit (…) doit d’abord croire fermement dans le Seigneur et puis se livrer sans réserve à ses commandements. (…) Il doit se faire violence pour être humble devant tout homme (…), comme le dit le Seigneur : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes » (Mt 11,29). De même, il doit s’exercer de toutes ses forces à être habituellement miséricordieux, doux, compatissant et bon, comme le dit le Seigneur : « Soyez bons et doux comme votre Père céleste est compatissant » (Lc 6,36; Mt 5,48). Et encore : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements » (Jn 14,15). Et « Faites-vous violence, car ce sont les violents qui s’emparent du Royaume des cieux ». Et « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite » (Lc 13,24). En tout, il doit prendre modèle sur l’humilité, la conduite, la douceur, la manière de vivre du Seigneur. (…)

Qu’il persévère dans la prière, qu’il demande sans se lasser que le Seigneur vienne et demeure en lui, le restaure et lui donne la force d’observer tous ses commandements, et que le Sauveur devienne lui-même la demeure de son âme. Et alors, ce qu’il accomplit en se faisant violence, sans l’inclination de la nature, il l’accomplira de bon gré, parce qu’il s’habituera complètement au bien, se souviendra sans cesse du Seigneur et l’attendra avec un grand amour. Quand le Seigneur verra une telle résolution (…), il aura pitié de lui, le délivrera de ses ennemis et du péché qui habite en lui, et le remplira du Saint-Esprit. Et ainsi, désormais, il observera tous les commandements du Seigneur en toute vérité, sans violence ni fatigue — ou plutôt, ce sera le Seigneur lui-même qui accomplira en lui ses propres préceptes et il produira en toute pureté les fruits de l’Esprit (cf Ga 5,22).

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

 

Imitez l’humilité du Christ

mercredi 13 décembre 2023

Quelqu’un veut-il et désire-t-il se bien porter ? Qu’il se tienne à distance de l’orgueil et qu’il recouvre par une obéissance sans réserve la très haute humilité ; et allégresse et joie seront sur sa tête (cf. Is 35,10). En effet, que ne proviendra-t-il pas de cette bonne racine ? Toute joie, paix, bonté et piété, toute docilité et équilibre, toute douceur et mansuétude (cf. Ga 5,22), tout ce qu’il y a de beau, d’agréable et de désirable, bref, tout ce qui caractérise celui qui est vraiment homme de Dieu. (…)

Levez vos regards vers le Christ notre Seigneur et Dieu, maître de toutes choses, lui qui est le véritable riche, le fils unique du Père, soyez attirés par ce qui est humble (cf. Rm 12,6) et imitez ce qu’il a fait. Il était simple d’apparence ; il était soumis à ses parents jusqu’à ce que le temps fût venu ; il cheminait souvent sur les routes et s’asseyait lorsqu’il était fatigué (cf. Jn 4,6) ; insulté, il ne rendait pas l’insulte ; maltraité, il ne menaçait pas (cf. 1 P 2,22) ; il tendait la joue à celui qui le frappait ; il n’avait pas de nombreux vêtements et se contentait d’une petite tunique et d’un manteau ; il n’emportait pas avec lui de molles couvertures ; il n’allait pas à cheval ou monté sur des mules ; il ne se nourrissait que de pain et buvait l’eau des ruisseaux.

Et si nous qui avons beaucoup plus nous pensons encore être dans la gêne et nous tourmentons, comment nous établirons-nous dans l’imitation du Seigneur ? C’est pourquoi supportons tout avec patience et façonnons notre vie sur le divin modèle !

Saint Théodore le Studite (759-826)

 

 

 

« Votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. »

mardi 12 décembre 2023

« Voici que le nom du Seigneur vient de loin » dit le prophète (Is 30,27). Qui pourrait en douter ? Il fallait à l’origine quelque chose de grand pour que la majesté de Dieu daigne descendre de si loin en un séjour si indigne d’elle. Oui, effectivement, il y avait là quelque chose de grand : sa grande miséricorde, son immense compassion, sa charité abondante. En effet, dans quel but croyons-nous que le Christ est venu ? Nous le trouverons sans peine puisque ses propres paroles et ses propres œuvres nous dévoilent clairement la raison de sa venue. Il est venu en toute hâte des montagnes pour chercher la centième brebis égarée.

Il est venu à cause de nous pour que les miséricordes du Seigneur apparaissent avec plus d’évidence, ainsi que ses merveilles à l’égard des enfants des hommes (Ps 106,8). Admirable condescendance de Dieu qui nous cherche, et grande dignité de l’homme ainsi recherché ! Si celui-ci veut s’en glorifier, il peut le faire sans folie, non que de lui-même il puisse être quelque chose, mais parce que celui qui l’a créé l’a fait si grand. En effet, toutes les richesses, toute la gloire de ce monde et tout ce qu’on peut y désirer, tout cela est peu de chose et même n’est rien en comparaison de cette gloire-là. « Qu’est-ce donc que l’homme, Seigneur, pour en faire si grand cas, pour fixer sur lui ton attention ? » (Jb 7,17)

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

Appelés à la gloire !

lundi 11 décembre 2023

« Tu m’appelleras et je te répondrai. » (Jb 14,15 Vg) (…), Job est en droit d’ajouter « Tu tendras ta main droite à l’œuvre de tes mains. » (…) La créature humaine, en effet, par cela même qu’elle est créature, porte en elle la possibilité de sombrer au-dessous d’elle-même, mais l’homme a reçu de Celui qui l’a formé la faveur d’être emporté au-dessus de lui-même par la contemplation, et d’être maintenu en lui-même par son incorruption. Pour ne pas sombrer au-dessous d’elle-même, et pour subsister dans l’incorruption, c’est donc par la main droite de Celui qui donne la vie que la créature est élevée jusqu’à l’état d’immutabilité.

La main droite de Dieu peut aussi désigner le Fils, parce que « tout a été fait par lui. » (Jn 1,3) Dieu tout-puissant a donc tendu sa main droite à l’œuvre de ses mains, parce que c’est pour élever jusqu’au monde d’en haut le genre humain abattu et gisant dans l’abîme qu’il a envoyé son fils unique incarné. Et c’est son incarnation qui nous a permis, après être tombés par notre volonté dans la corruption, de pouvoir répondre à Dieu qui nous appelle un jour à la gloire de l’incorruptibilité.

Qui pourrait alors mesurer la largesse de la miséricorde divine quand elle conduit à cette merveilleuse gloire l’homme après sa faute ? Dieu mesure le mal que nous faisons et cependant par la grâce de sa bonté, miséricordieusement il nous pardonne.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

Fixons-nous sur le roc !

jeudi 7 décembre 2023

Fixons-nous solidement au rempart ; appuyons-nous de toutes nos forces sur le roc inébranlable qu’est le Christ, selon cette parole de l’Écriture : « Il a posé mes pieds sur le roc, il a affermi mes pas » (Ps 39,3). Ainsi établis et réconfortés, mettons-nous à contempler : nous verrons ce qu’il nous dit et ce que nous répondrons à qui nous fait reproche. (…)

Ensuite, lorsque nous aurons progressé quelque peu dans l’ascèse spirituelle en suivant comme guide l’Esprit Saint qui scrute les profondeurs mêmes de Dieu, représentons-nous combien le Seigneur est doux, combien il est bon en lui-même. Demandons avec le prophète de voir la volonté du Seigneur, demandons-lui de nous faire visiter non plus notre cœur mais son temple (cf. Ps 26,4). Et avec lui nous dirons encore : « Mon âme en moi s’est troublée, c’est pourquoi je me souviendrai de toi » (Ps 41,7).

Ces deux choses résument le contenu de toute la vie spirituelle : au spectacle de nous-mêmes nous sommes troublés et contrits pour notre salut, tandis que dans la contemplation de Dieu nous respirons et la joie du Saint-Esprit nous procure la consolation. D’une part, crainte et humilité ; d’autre part, espérance et charité.

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

« Qu’ainsi ton Église se rassemble des extrémités de la terre dans ton royaume. »

mercredi 6 décembre 2023

Au sujet de l’eucharistie, rendez grâce en ces termes. D’abord sur la coupe : « Nous te rendons grâce, notre Père, pour la sainte vigne de David, ton serviteur. Tu nous l’as révélée par Jésus, ton serviteur. Gloire à toi dans les siècles. Amen ! » Puis, sur le pain rompu : « Nous te rendons grâce, notre Père, pour la vie et la connaissance, que tu nous as accordées par Jésus ton serviteur. Gloire à toi dans les siècles ! Comme ce pain rompu, d’abord dispersé sur les collines, a été recueilli pour ne faire qu’un, qu’ainsi ton Église se rassemble des extrémités de la terre dans ton royaume. À toi gloire et puissance dans les siècles. Amen ! » (…)

Après vous être rassasiés, rendez grâce ainsi : « Nous te rendons grâce, Père saint, pour ton saint nom que tu as fait habiter en nos cœurs, pour la connaissance, la foi et l’immortalité que tu nous as accordées par Jésus ton serviteur. Gloire à toi dans les siècles. Amen ! C’est toi, Maître tout-puissant, qui as créé l’univers, à la gloire de ton nom. Tu as donné les bienfaits de la nourriture et de la boisson à tous les hommes, pour qu’ils te rendent grâce. Mais à nous, tu nous as fait le don d’une nourriture et d’un breuvage spirituels, et de la vie éternelle, par Jésus ton serviteur. Surtout nous te rendons grâce parce que tu es puissant : Gloire à toi dans les siècles ! »

La Didachè (entre 60-120)

 

 

 

Glorifier le Père dans le Fils

mardi 5 décembre 2023

Les cieux, l’air, la terre, les mers, sont revêtus de splendeur, et le cosmos tout entier doit son nom à sa magnifique harmonie. Nous apprécions cette beauté des choses d’instinct, naturellement, mais la parole qui l’exprime est toujours inférieure à ce que notre intelligence a saisi. À plus forte raison le Seigneur de la beauté est-il au-dessus de toute beauté ; et si notre intelligence ne peut concevoir sa splendeur éternelle, elle garde pourtant l’idée de splendeur. Nous devons donc confesser un Dieu d’une beauté inconcevable pour notre esprit, mais que nous ne pouvons atteindre en dehors de lui.

Telle est la vérité du mystère de Dieu, de la nature impénétrable du Père. Dieu est invisible, ineffable, infini. La parole la plus éloquente ne peut que se taire ; l’intelligence qui veut pénétrer ce mystère se sent tout engourdie, elle éprouve son étroitesse. C’est dans le nom de Père, cependant, comme nous l’avons dit, que nous avons sa vraie nature : car il est Père ; mais non pas comme les hommes le sont, car lui est incréé, éternel, et il demeure lui-même, toujours, et pour toujours. Seul le Fils est connu, car « personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler » (Mt 11,27 ; Lc 10,22). Ils se connaissent mutuellement et la science qu’ils ont l’un de l’autre est parfaite. Et parce que personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, c’est avec le Fils, seul témoin fidèle, qu’il nous faut apprendre à connaître le Père.

Mais il m’est plus facile de penser cela du Père que de le dire et je sens bien comme toute parole est impuissante à exprimer ce qu’il est. (…) La parfaite connaissance de Dieu à notre échelle humaine consiste donc à savoir que Dieu existe, qu’il ne peut être ignoré, mais qu’il reste malgré tout inexprimable et indicible. Croyons en lui, essayons de le comprendre, efforçons-nous de l’adorer ; une telle louange, voilà de notre part le témoignage que nous pouvons lui rendre.

Saint Hilaire (v. 315-367)

 

 

 

« Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident et prendront place au festin du Royaume. »

lundi 4 décembre 2023

Le Royaume des cieux est grand de la largeur d’une charité sans limites ; s’il renferme des individus « de toute langue, de tout peuple, de toute tribu et de toute nation » (Ap 5,9), nul ne s’y trouve à l’étroit, parce qu’au contraire il se dilate et la gloire de chacun s’accroît d’autant. Ce qui fait dire à saint Augustin : « Quand beaucoup prennent part à la même joie, la joie de chacun est plus abondante, parce que tous s’enflamment les uns les autres ». Cette ampleur du Royaume est exprimée par ces mots de l’Écriture : « Demande-moi et je te donnerai les nations en héritage » (Ps 2,8) ; « Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident, et s’assoiront avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des cieux ». Ni la multitude de ceux qui le désirent, ni la multitude de ceux qui existent, ni la multitude de ceux qui le possèdent, ni la multitude de ceux qui arrivent ne rendra plus étroit l’espace en ce Royaume et ne fera de tort à quiconque.

Mais pourquoi dois-je avoir confiance ou espérer que je posséderai le Royaume de Dieu ? Certainement à cause de la largesse de Dieu qui m’invite : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu » (Mt 6,33). À cause de la vérité qui me réconforte : « Sois sans crainte, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume » (Lc 12,32). À cause de la bonté et de la charité qui m’ont racheté : « Tu es digne, Seigneur, de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu été immolé et tu as racheté pour Dieu, au prix de ton sang, des hommes de toute race, langue, peuple et nation. Tu as fait d’eux pour notre Dieu une royaume de prêtres régnant sur la terre » (Ap 5,9-10).

Saint Bonaventure (1221-1274)

 

 

 

Premier dimanche de l’Avent

dimanche 3 décembre 2023

Mes frères, ne différons plus de retourner à Dieu. (…) Puisque Dieu vous offre aujourd’hui sa grâce, pourquoi n’en profitez-vous pas ? Dire que rien ne presse, que vous avez le temps, n’est-ce pas, mes frères, raisonner comme des insensés ?

Voyez, de quoi êtes-vous capables quand vous êtes malades ? Hélas ! de rien du tout ; vous ne pouvez pas seulement faire comme il faut un acte de contrition, parce que vous êtes tellement absorbés par vos souffrances, que vous ne pensez nullement à votre salut. Eh, bien, mes frères, ne sommes-nous pas trop malheureux d’attendre la mort pour nous convertir ? Faites du moins pour votre pauvre âme ce que vous faites pour votre corps qui n’est cependant qu’un monceau de pourriture et qui, dans quelques moments, sera la pâture des plus vils animaux. Lorsque vous êtes dangereusement blessés, attendez-vous six mois ou un an pour y appliquer les remèdes que vous croyez être nécessaires pour vous guérir ? Lorsque vous êtes attaqués par une bête féroce, attendez-vous d’être à moitié dévorés pour crier au secours ? N’implorez-vous pas, de suite, le secours de vos voisins ? Pourquoi, mes frères, n’agissez-vous pas de même lorsque vous voyez votre pauvre âme souillée et défigurée par le péché, réduite sous la tyrannie des démons ? Pourquoi n’employez-vous pas aussitôt l’assistance du ciel et n’avez-vous pas recours à la pénitence ?

Oui, mes frères, quelques grands pécheurs que vous soyez, puisque vous désirez quitter un jour le péché, pourquoi ne le quitteriez-vous pas aujourd’hui, puisque Dieu vous donne le temps et les grâces pour cela ?

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)