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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

Jésus est l’âme de l’Église, son épouse

jeudi 9 novembre 2023

Mon Seigneur Jésus, Vous êtes « avec nous jusqu’à la consommation des siècles » (Mt 28,20), non seulement dans la Sainte Eucharistie, mais aussi par Votre grâce… Votre grâce est dans l’Église, elle est et vit dans toute âme fidèle… L’Église est Votre Épouse, l’âme fidèle est aussi Votre Épouse… Quelle est l’action de votre grâce sur elles ? de les conformer à Vous…

Votre grâce agit sans cesse dans l’Église pour la rendre plus parfaite : plus parfaite par le nombre grandissant de ses saints, les nouveaux s’ajoutant sans cesse aux anciens, et cette couronne de saints se complétant chaque jour par de nouveaux diamants (…) ; plus parfaite par les nouvelles croix dont Vous la chargez chaque jour et les victoires qu’elle remporte chaque jour contre le prince du monde ; plus parfaite par les persécutions qu’elle supporte de siècle en siècle et qui la rendent par les souffrances qu’elle endure, de plus en plus semblable à son Époux ; plus parfaite par le poids des mérites de ses membres s’ajoutant chaque jour aux mérites de la veille ; c’est une somme de sainteté grandissant sans cesse, une somme de glorification de Dieu nouvelle s’ajoutant à la glorification ancienne qui est toujours vivante devant le Seigneur (…) ; plus parfaite parce que la grâce d’aujourd’hui s’ajoutant à la grâce d’hier, ne peut manquer de pousser cette Épouse, d’élévation en élévation, plus près de son Époux.

Jésus est l’âme de l’Église, Il lui donne tout ce que l’âme donne au corps : la vie, la vie immortelle en la rendant inébranlable (…). Il agit par elle et continue, par son moyen, l’œuvre qu’Il a commencée dans Son corps pendant qu’Il vivait parmi les hommes : la glorification de Dieu par la sanctification des hommes… C’est cette œuvre qui est la fin de l’Église comme elle fut la fin du Christ : Jésus l’accomplit en elle, sans cesse, à travers les siècles.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

Bâtir une tour

mercredi 8 novembre 2023

J’aimais monter à l’une des tours de la cathédrale de Burgos [avec des jeunes] et leur faire contempler de près l’arête du toit, véritable dentelle de pierre, fruit d’un labeur patient, coûteux. Au cours de ces conversations, je leur faisais remarquer que d’en bas l’on n’apercevait pas cette merveille ; et (…) je faisais ce commentaire : voilà le travail de Dieu, l’œuvre de Dieu ! Achever son travail personnel à la perfection, avec la beauté et la splendeur de ces dentelles de pierre délicates. Ils comprenaient alors, devant cette réalité qui parlait d’elle-même, que tout cela était prière, magnifique dialogue avec le Seigneur. Ceux qui usèrent leurs forces à cette tâche, savaient parfaitement que leur effort ne pourrait pas être apprécié à partir des rues de la ville : il était uniquement pour Dieu. (…)

Nous sommes convaincus que Dieu se trouve partout. Alors nous cultivons les champs en louant le Seigneur, nous sillonnons les mers et exerçons tous les autres métiers en chantant ses miséricordes. Nous demeurons ainsi unis à Dieu à tout instant. (…) Mais n’allez pas oublier que vous vivez aussi en présence des hommes, et qu’ils attendent de vous — de toi ! — un témoignage chrétien.

Voilà pourquoi, dans notre occupation professionnelle, dans ce qui est humain, nous devons agir de telle sorte que si quelqu’un qui nous connaît et nous aime nous voit travailler, nous n’ayons pas à en rougir, et que nous ne lui donnions pas de raison d’en avoir honte. (…) Il ne vous arrivera pas ce qui est arrivé au personnage d’une parabole qui avait décidé d’élever une tour : Après avoir posé les fondations et se trouvant ensuite incapable d’achever, tous ceux qui le voyaient se mettaient à se moquer de lui, en disant : « Voilà un homme qui a commencé de bâtir et a été incapable d’achever ! » Je vous assure que si vous ne perdez pas le point de vue surnaturel, vous couronnerez votre travail, vous terminerez votre cathédrale.

Saint Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975)

 

 

 

Le Pain des Noces

mardi 7 novembre 2023

Si vous avez quelques vertus, sources de bonnes œuvres, ou plutôt parce que vous êtes riche en vertus, persévérez dans leur pratique, progressez-y toujours, et, par elles, menez le combat du Christ jusqu’à la mort, afin qu’au dernier jour, au terme de votre vie, vous receviez pour salaire et récompense de votre travail la couronne de gloire et d’honneur. C’est pourquoi Jésus-Christ, votre unique amour, vous dit dans l’Apocalypse : « Soyez fidèle jusqu’à la mort, et je vous donnerai la couronne de vie. » (Ap 2,10) Cette couronne n’est pas autre chose que la récompense de la vie éternelle, dont la possession doit enflammer de désir tous les chrétiens. Levez-vous donc, amie de Dieu, épouse de Jésus-Christ, colombe du Roi éternel, venez, hâtez-vous aux noces du Fils de Dieu, car toute la cour céleste vous attend, « tout est préparé » (Cf. Mt 22,4 ; Lc 14,17b).

Un serviteur beau et noble est prêt à vous servir ; un mets précieux et délectable est préparé pour vous restaurer ; une société douce et très aimable est prête à partager votre joie. Levez-vous donc et hâtez-vous !

Courez à ces noces, puisqu’un serviteur d’une grande beauté est prêt à vous servir. Ce serviteur, c’est l’assemblée des anges, que dis-je ? c’est le propre Fils du Dieu éternel ! Ne se donne-t-il pas lui-même pour tel dans le Saint Évangile ? « En vérité, je vous le dis, il se ceindra, les fera asseoir à table, et passant devant eux, il les servira » (Cf. Lc 12, 37). Oh ! que la gloire des pauvres et des méprisés sera grande quand ils seront servis par le Fils de Dieu, du souverain Roi, et par toute l’armée réunie du Royaume céleste.

Un aliment précieux et délectable est aussi préparé pour vous nourrir. Le Fils de Dieu, lui-même, dressera la table de ses propres mains. il l’affirme dans le Saint Évangile : « Et moi, je vous prépare le Royaume, comme mon Père me l’a préparé, afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume » (Lc 22,29-30a). Oh ! Qu’il est suave et délicieux cet aliment, que Dieu dans sa bonté a préparé pour le pauvre ! Oh ! Comme il est heureux celui qui doit manger au Ciel ce pain préparé dans le sein de la Vierge par le feu du Saint-Esprit ! « Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » (Jn 6,58b). Le Roi céleste nourrit et restaure ses élus de ce pain, de cet aliment, comme il est dit au Livre de la Sagesse : « Vous avez nourri votre peuple de la nourriture des Anges » (Sg 16,20).

Saint Bonaventure (1221-1274)

 

 

 

Imiter la générosité de Dieu

lundi 6 novembre 2023

L’homme n’a rien de plus commun avec Dieu que la capacité de faire le bien ; et même si nous n’en sommes capables que dans une mesure toute différente, faisons du moins tout ce que nous pouvons. Dieu a créé l’homme et l’a relevé après sa chute. Toi donc ne méprise pas celui qui est tombé dans la misère. Dieu, ému par la grande détresse de l’homme, lui a donné la Loi et les prophètes, après lui avoir donné la loi non écrite de la nature. Il a pris soin de nous conduire, de nous conseiller, de nous corriger. Finalement il s’est donné lui-même en rançon pour la vie du monde. (…)

Lorsque toi tu navigues le vent en poupe, tends la main à ceux qui font naufrage. Quand tu es en bonne santé et dans l’abondance, porte secours aux malheureux. N’attends pas d’apprendre à tes dépens combien l’égoïsme est un mal et combien il est bon d’ouvrir son cœur à ceux qui sont dans le besoin. Prends garde, parce que la main de Dieu corrige les présomptueux qui oublient les pauvres. Tire leçon des malheurs d’autrui et prodigue à l’indigent ne serait-ce que les plus petits secours. Pour lui, qui manque de tout, ce ne sera pas rien.

Pour Dieu non plus d’ailleurs, si tu as fait ton possible. Que ton empressement à donner ajoute à l’insignifiance de ton don. Et si tu n’as rien, offre-lui tes larmes. La pitié jaillie du cœur est un grand réconfort pour le malheureux, et une compassion sincère adoucit l’amertume de la souffrance.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

 

 

 

« Le principe de tout péché, c’est l’orgueil. » (Si 10,15)

dimanche 5 novembre 2023

« Que la mort aînée dévore la beauté de sa peau et qu’elle consume ses bras. » (Jb 18,13 Vg) La beauté de la peau désigne la gloire temporelle, qui est désirée extérieurement et qui est retenue comme une brillante apparence sur la peau. Quand au mot de bras, il s’applique avec justesse à nos œuvres, le travail corporel étant accompli par les bras. Et que peut être la mort, sinon le péché, qui sépare l’âme de la vie intérieure et la tue ? (…) Si donc le péché est la mort, on peut entendre avec justesse par mort aînée l’orgueil, puisqu’il est écrit : « Le principe de tout péché, c’est l’orgueil. » (Si 10,15 Vg)

La beauté de sa peau et ses bras sont donc dévorés par la mort aînée, car gloire et activité de l’injuste sont jetés à terre par l’orgueil. Il aurait pu, en cette vie même, se maintenir dans sa gloire sans péché s’il n’avait pas été orgueilleux ; il aurait pu se recommander au jugement de son créateur par certaines de ses œuvres si sous les yeux de son juge ces œuvres mêmes n’étaient pas jetées à terre par sa fierté. Souvent, nous voyons des riches qui auraient pu garder puissance et gloire sans péché, s’ils avaient voulu les garder avec humilité.

Mais ils se rengorgent au milieu de leurs biens, ils plastronnent dans les honneurs, ils ne sont que dédain pour le reste du monde et ils mettent toute la confiance de leur vie dans l’abondance des biens. C’est ainsi que parlait un riche : « Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années, repose-toi, mange, bois, fais bonne chère. » (Lc 12,19) Mais quand le juge d’en-haut voit ainsi leurs pensées, il arrache ces hommes à leur confiance même.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

« Quand quelqu’un t’invite, ne va pas t’installer à la première place… » (Lc 14,8)

samedi 4 novembre 2023

Dieu, selon son projet originel, a établi tous les biens en plénitude et arrangé l’édifice des vertus, de telle sorte qu’on n’y trouve aucune lacune. Il combat jusqu’au bout ses ennemis dont le cœur n’est qu’orgueil, qui essayent de monter avant d’avoir une échelle, qui s’asseyent avant qu’on place un siège et dont l’œuvre est une opinion : quand elle est mise en défaut, elle disparaît.

C’est de lui que procèdent tous les êtres vivants, mais lui n’a pas de commencement, lui seul est permanent. Il vit en lui-même, il peut par lui-même, il sait de lui-même. Celui qui seul vit, peut et sait, est Dieu : en ces trois pouvoirs, toutes les œuvres de Dieu sont distinctes et accomplies, et c’est en lui que ses œuvres ont pouvoir d’agir. (…)

Quand l’homme, dans ses projets, se donne sa propre loi, c’est comme s’il était son propre Dieu. Alors, Seigneur, tu te montres à lui par tes justes jugements pour qu’il sache qu’il ne peut rien contre toi. Mais quand un homme en arrive à mépriser tes enseignements au point d’adorer des images à ta place, alors, par une juste décision, tu combats ton ennemi…

Dieu est la vie qui n’est obscurcie par aucun commencement et qui n’a pas de fin. Il est notre Dieu qui, étant la Vie, donne la vie éternelle aux siens. (…) Qui peut faire cela, sinon Dieu ? Tout ce que Dieu a rangé selon son propre ordre, il l’a parachevé et ce n’est pas vain comme les pensées des hommes. Car les hommes font dans leurs pensées beaucoup d’entreprises qu’ils ne peuvent mener à bien.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

« Le sabbat a été fait pour l’homme. » (Mc 2,27)

vendredi 3 novembre 2023

Au terme de toute l’œuvre de la création, le « shabbat », septième jour béni et consacré par Dieu, se relie immédiatement à l’œuvre du sixième jour, où Dieu a fait l’homme « à son image, comme sa ressemblance » (Gn 1,26). Ce lien très étroit entre le « jour de Dieu » et le « jour de l’homme » n’a pas échappé aux Pères quand ils ont médité sur le récit biblique de la création. Ambroise dit à ce sujet : « Je rends grâce au Seigneur notre Dieu, qui a fait une œuvre telle qu’il puisse s’y reposer. Il a fait le ciel, mais je ne lis pas qu’il se soit reposé ; il a fait la terre, mais je ne lis pas qu’il se soit reposé ; il a fait le soleil, la lune et les étoiles, et là non plus, je ne lis pas qu’il se soit reposé, mais je lis qu’il a fait l’homme et qu’alors il se reposa, en ayant quelqu’un à qui il puisse remettre ses péchés ». Ainsi, le « jour de Dieu » sera à jamais directement lié au « jour de l’homme ».

Quand le commandement de Dieu dit : « Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier » (Ex 20,8), la pause ordonnée pour honorer le jour qui lui est consacré n’est nullement un commandement pesant pour l’homme, mais plutôt une aide qui lui permet de reconnaître sa dépendance vitale et libératrice à l’égard du Créateur, ainsi que sa vocation à collaborer à son œuvre et à accueillir sa grâce. En honorant le « repos » de Dieu, l’homme se redécouvre pleinement lui-même ; ainsi le jour du Seigneur se révèle profondément marqué par la bénédiction divine (Gn 2,3) et, grâce à elle, on pourrait le dire doué comme les animaux et les hommes d’une sorte de « fécondité » (Gn 1,22.28). Cette fécondité s’exprime surtout en ce que le sabbat ravive et, en un sens, « multiplie » le temps lui-même, accroissant en l’homme, par la mémoire du Dieu vivant, la joie de vivre et le désir de promouvoir et de donner la vie.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« À l’instant même, elle se trouva toute droite, et elle rendait gloire à Dieu. »

lundi 30 octobre 2023

Il fut un temps où je n’étais pas, et tu m’as créé.
Je n’avais pas prié, et toi, tu m’as fait.
Je n’étais pas encore venu à la lumière, et tu m’as vu.
Je n’avais pas paru, et tu as eu pitié de moi.
Je ne t’avais pas invoqué, et tu as pris soin de moi.
Je n’avais pas fait un signe de la main, et tu m’as regardé.
Je n’avais pas supplié, et tu m’as fait miséricorde.
Je n’avais pas articulé un son, et tu m’as entendu.
Je n’avais pas soupiré, et tu as prêté l’oreille.

Tout en sachant ce qui allait m’arriver actuellement,
tu ne m’as pas dédaigné.
Ayant considéré avec tes yeux prévoyants
les fautes du pécheur que je suis,
tu m’as cependant façonné.
Et maintenant, moi que tu as créé,
moi que tu as sauvé,
moi qui ai été l’objet de tant de sollicitude,
que la blessure du péché, suscité par l’Accusateur,
ne me perde pas pour toujours ! …

Liée, paralysée,
courbée comme la femme qui souffrait,
mon âme malheureuse reste impuissante à se redresser.
Elle fixe la terre sous le poids du péché,
à cause des durs liens de Satan…
Penche-toi vers moi, seul Miséricordieux,
pauvre arbre pensant qui est tombé.
Moi qui suis desséché, fais-moi refleurir
en beauté et splendeur,
selon les paroles divines du saint prophète (Ez 17,22-24)…
Toi, seul Protecteur,
veuille jeter sur moi un regard
sorti de la sollicitude de ton amour indicible…
et de rien tu créeras en moi la lumière même. (cf Gn 1,3)

Saint Grégoire de Narek (v. 944-v. 1010)

 

 

 

« Ordonnez en moi l’amour ! » (Ct 1,4)

dimanche 29 octobre 2023

« Ordonnez en moi l’amour. » (Ct 1,4) Nous recevons ici un enseignement particulièrement élevé, à savoir quelle est la charité que nous devons avoir envers Dieu et quelle conduite nous devons tenir à l’égard des hommes. S’il faut « que tout se passe dans l’ordre et décemment » (1 Co 14,40), combien plus rigoureux encore ne doit pas être l’ordre à ce niveau ! (…)

Il faut donc que nous connaissions l’ordre de la charité que nous enseigne la Loi, c’est-à-dire comment nous devons aimer Dieu et comment nous devons aimer nos ennemis, afin de ne jamais inverser l’ordre de l’accomplissement de la charité. Il faut aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces et de toute sa sensibilité, et le prochain comme soi-même ; sa femme, si l’on est un homme au cœur pur, « comme le Christ aime l’Église » (Ep 5,25), et si l’on est sujet aux passions, « comme son propre corps » (Ep 5,28) : c’est ce que nous commande Paul qui a fixé l’ordre en cette matière ; son ennemi sans rendre le mal pour le mal, mais en répondant à l’injustice par le bienfait.

Mais en réalité, on peut voir chez la plupart des gens l’ordre de la charité confondu et bouleversé ; en ne s’adaptant pas comme il faut à ses divers objets, elle s’égare dans son exercice. Ce sont les richesses, les honneurs, ou encore les femmes, s’ils éprouvent pour elles des désirs ardents, qu’ils aiment de toute leur âme et de toute leur force au point d’être capables de perdre leur vie pour cela, mais ils n’aiment Dieu qu’autant qu’il leur convient, ils montrent à peine envers leur prochain la charité que l’on doit à ses ennemis ; et à leur égard de qui les hait, ils ne pensent qu’à rendre en pire le mal qu’ils ont reçu.

C’est pourquoi l’Épouse dit : « Ordonnez en moi l’amour » (Ct 1,4) afin que je donne à Dieu tout ce qui lui est dû et que pour chacun des autres je trouve la mesure qui convient.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

 

 

« Je suis venu apporter un feu sur la terre. »

jeudi 26 octobre 2023

Je me souviens, très doux Père, d’une servante de Dieu [sainte Catherine] à laquelle fut révélée combien ce qu’on fait pour l’Église lui est agréable, et je vous le dis afin que vous soyez encouragé à souffrir pour elle.

Je sais qu’une fois entre autres cette servante de Dieu désirait ardemment donner son sang, détruire et consumer tout ce qui était en elle pour l’Épouse du Christ, pour la sainte Église ; elle appliquait son intelligence à comprendre son néant et la bonté de Dieu à son égard ; elle voyait que Dieu, par amour, lui avait donné l’être, et toutes les grâces, tous les dons qu’il y avait ajoutés. En voyant et en goûtant cet amour, cet abîme de charité, elle ne voyait d’autre moyen de remercier Dieu que de l’aimer ; mais comme elle ne pouvait lui être utile, elle ne pouvait lui prouver son amour, et alors elle cherchait à aimer pour lui quelque chose qui lui permit de montrer son amour. Elle voyait que Dieu aime d’un amour infini la créature raisonnable, et cet amour, elle le trouvait en elle-même et dans tous les hommes, car nous sommes tous aimés de Dieu : elle avait donc un moyen de montrer si elle aimait Dieu ou non, puisqu’elle pouvait ainsi lui être utile. Alors elle se livrait avec ardeur à la charité du prochain, et elle ressentait un tel amour pour son salut, qu’elle aurait donné avec joie sa vie pour l’obtenir. (…)

Alors cette âme, voyant tant de grandeur et de profondeur dans la bonté de Dieu, et ce qu’elle devait faire pour lui plaire davantage, augmentait de plus en plus l’ardeur de son désir ; il lui semblait que si elle eût pu donner mille fois sa vie par jour jusqu’au jugement dernier, c’eût été moins qu’une goutte de vin dans la mer ; et c’est aussi la vérité.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)