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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

Le plantureux paradis des Écritures spirituelles

jeudi 27 juillet 2023

Parmi les vérités que l’autorité des divines Écritures a destinées à notre instruction, il en est qui expriment avec une si évidente clarté, voire pour les esprits les moins doués de pénétration, que non seulement elles ne se voilent pas de l’obscurité d’un sens plus secret, mais que le secours même de l’exégèse ne leur est pas nécessaire ; les mots, la lettre seule en livrent tout le sens. D’autres, au contraire, se dérobent sous de mystérieuses obscurités, et ouvrent aux efforts et à la sollicitude de qui veut les éclaircir et les comprendre un champ immense. (…)

On comparerait assez justement l’Écriture à une terre riche et féconde. Dans cette terre, beaucoup de produits naissent et se développent qui profitent à la vie de l’homme sans cuisson préalable. Certains autres, s’ils ne perdaient au feu leur âpreté native, pour devenir doux et tendres, se montreraient impropres à notre usage ou même nuisibles. Quelques-uns sont naturellement aptes à se prendre en l’une et l’autre forme : s’ils ne passent point au feu, leur crudité n’est pas désagréable ni en cause non plus aucun mal ; la cuisson toutefois ajoute à leur bons effets. (…)

On distingue, semble-t-il, avec assez d’évidence une semblable économie dans le plantureux paradis des Écritures spirituelles. Certains passages resplendissent, dès le sens littéral, d’une si lumineuse clarté, que, à prendre simplement les mots comme ils sonnent, ils offrent aux auditeurs l’aliment le plus substantiel et le plus abondant. (…) D’autres, au contraire, s’ils ne s’affinaient par l’interprétation allégorique et ne s’adoucissaient à l’épreuve du feu spirituel, loin de fournir à l’homme intérieur un aliment salutaire et pur de tout germe mauvais, tourneraient à son détriment plutôt qu’à son profit. (…) Quelques passages se prennent littéralement et au sens allégorique d’une manière également avantageuse et nécessaire ; dans l’un et l’autre cas, l’âme y puise des sucs nourrissants.

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

 

« Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez. »

mercredi 26 juillet 2023

Le prophète dit dans un psaume : « Mon âme languit après ton salut ; j’espère en ta parole » (118,81). (…) Qui exprime cet ardent désir sinon « la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu » (1P 2,9), chacun à son époque, dans tous ceux qui ont vécu, qui vivent et qui vivront, depuis l’origine du genre humain jusqu’à la fin de ce monde ? (…) C’est pourquoi le Seigneur lui-même a dit à ses disciples : « Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez ». C’est donc leur voix qu’il faut reconnaître dans ce psaume. (…) Ce désir n’a jamais cessé dans les saints et il ne cesse pas, maintenant encore, dans « le Corps du Christ qui est l’Église » (Col 1,18), jusqu’à ce que vienne « le Désiré de toutes les nations » (Ag 2,8 Vulg). (…)

Les premiers temps de l’Église, avant l’enfantement de la Vierge, ont donc compté des saints qui désiraient la venue du Christ dans la chair ; et les temps où nous sommes depuis son Ascension comptent d’autres saints qui désirent la manifestation du Christ pour juger les vivants et les morts. Jamais, depuis le commencement jusqu’à la fin des temps, ce désir de l’Église n’a perdu de son ardeur, si ce n’est pendant que le Seigneur a vécu sur terre en compagnie de ses disciples.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Crois en la résurrection !

lundi 24 juillet 2023

Dans un sépulcre de roc, il fut comme homme déposé réellement, mais les rochers se brisèrent de crainte à cause de lui. Il descendit dans les lieux souterrains pour racheter jusque de là, les justes. (…) Celui qui est descendu aux enfers en est remonté, et Jésus enseveli est ressuscité le troisième jour, réellement.

Si un jour on t’attaque, fais vite front en posant cette question : « Jonas après trois jours n’est-il donc pas ressuscité de terre ? » Un mort, pour avoir touché les os d’Élisée, a ressuscité (cf. 2R 13,21), et le créateur des hommes, à plus forte raison, par la puissance du Père ne ressuscite-t-il pas plus aisément encore ? Il est donc ressuscité réellement et une fois ressuscité il a été revu par ses disciples. Et les douze disciples, témoins de sa résurrection (cf. Ac 2,32.33), n’ont point témoigné en des discours fleuris, mais ils ont soutenu, sur la réalité de la résurrection, des combats qui allèrent jusqu’aux supplices de la mort.

Eh quoi ? selon l’Écriture : « Sur l’affirmation de deux et de trois témoins sera réglée toute affaire » (Dt 19,15). En voici douze et tu es encore incrédule sur la résurrection ?

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

 

« Jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »

dimanche 23 juillet 2023

Si quelqu’un pétrit de la farine sans y mêler du levain, il aura beau s’y appliquer, la malaxer et la travailler, la pâte ne lèvera pas et ne pourra pas servir d’aliment. Mais quand on y a mélangé du levain, celui-ci tire à lui toute la pâte et la fait lever toute entière, comme dans la comparaison que le Seigneur a appliquée au Royaume… Il en est de même pour la viande : quelque soin qu’on en prenne, si on néglige d’y mettre du sel pour la conserver…, elle sentira mauvais et deviendra impropre à la consommation. D’une manière semblable, représente-toi l’humanité entière comme de la viande ou de la pâte, et pense que la nature divine du Saint Esprit est le sel et le levain qui viennent d’un autre monde. Si le levain céleste de l’Esprit et le sel bon de la nature divine…ne sont pas introduits dans la nature humaine humiliée et mêlés à elle, l’âme ne perdra jamais la mauvaise odeur du péché et elle ne lèvera pas en perdant la lourdeur et le défaut du « levain de la méchanceté » (1Co 5,7)…

Si l’âme s’appuie seulement sur sa propre force et se croit capable d’obtenir par elle-même la réussite complète sans l’aide de l’Esprit, elle se trompe grandement ; elle n’est pas faite pour les demeures du ciel, pas faite pour le Royaume… Si l’homme pécheur ne s’approche pas de Dieu, ne renonce pas au monde, n’attend pas dans l’espérance et la patience un bien étranger à sa propre nature, c’est-à-dire la force du Saint Esprit, si le Seigneur n’instille pas d’en haut sa propre vie divine en cette âme, cet homme ne goûtera jamais la vraie vie… Par contre, s’il a reçu la grâce de l’Esprit, s’il ne s’en détourne pas, s’il ne l’offense pas par sa négligence et ses mauvaises actions, si, persévérant longtemps ainsi dans le combat, il « n’attriste pas l’Esprit » (Ep 4,30), il aura le bonheur d’obtenir la vie éternelle.

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

 

« Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

vendredi 21 juillet 2023

Nous ne voyons pas que les paroles de la Genèse : « Au jour du sabbat Dieu s’est reposé de ses œuvres » se soient réalisées en ce septième jour de la création, ni même qu’elles se réalisent aujourd’hui. Nous voyons toujours Dieu au travail. Il n’y a pas de sabbat où Dieu cesse de travailler, de jour où il ne « fasse paraître son soleil sur les bons et sur les méchants et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes », où « il ne fasse pousser l’herbe sur les montagnes et les plantes au service des hommes » (…), où « il ne fasse mourir et ne fasse vivre. »

Aussi, le Seigneur répond à ceux qui l’accusaient de travailler et de guérir le jour du sabbat : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi aussi je travaille. » Il montrait par là que, durant le temps de ce monde, il n’y a pas de sabbat où Dieu se repose de veiller à la marche du monde et aux destinées du genre humain. (…) Dans sa sagesse de Créateur il ne cesse d’exercer sur ses créatures sa providence et sa bienveillance « jusqu’à la fin du monde ». Donc le vrai sabbat où Dieu se reposera de tous ses travaux sera le monde futur, quand « douleur, tristesse et gémissements s’enfuiront », et que Dieu sera « tout en tous ».

Origène (v. 185-253)

(Références bibliques : Gn 2,2; Mt 5,45; Ps 146,8; 1Sm 2,6; Jn 5,17; Mt 28,20; Is 35,10 LXX; Col 3,11)

 

 

Les parfums du Christ

jeudi 20 juillet 2023

L’humilité fervente est le fruit de la lumière de Dieu sur l’âme. Il serait donc vain de prétendre l’acquérir par ses propres efforts. (…) Il est nécessaire de demander la lumière d’humilité. Il n’importe pas moins de la bien recevoir. (…)

« Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » proclame Jésus. L’humilité et la douceur sont ses vertus caractéristiques, le parfum personnel de son âme, celui qu’il laisse sur son passage et qui indique les lieux où il règne. L’humilité du Christ Jésus, humilité fervente par excellence, procède de la lumière du Verbe qui habite corporellement en lui et l’écrase de sa transcendance. Car entre la nature divine et la nature humaine du Christ Jésus, unies par les liens de l’union hypostatique, subsiste la distance de l’Infini… Cet Infini écrase l’humanité et la plonge en des abîmes d’adoration et d’humilité où nul autre ne saurait le suivre, car nul autre n’a contemplé de si près et si profondément l’Infini. Mais cet infini est amour qui se donne, onction qui se répand. Aussi l’écrasement qu’il produit est-il suave, paisible et béatifiant. Le Christ Jésus est aussi doux qu’il est humble.

Humilité et douceur, force et suavité, parfum du Christ et aussi parfum de l’humilité fervente, c’est le signe authentique de contacts divins et un appel discret mais pressant à de nouvelles visites de la Miséricorde de Dieu.

Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (1894-1967)

 

 

 

Une semonce par zèle d’amour

mardi 18 juillet 2023

« Et plût au ciel que votre âme fût à la place de la mienne ! Je vous consolerais, moi aussi, par mes paroles et je hocherais ma tête au-dessus de vous. Ma bouche saurait vous fortifier et je remuerais mes lèvres comme si je vous épargnais. » (Jb 16,5-6 Vg) Quelquefois devant des esprits sans droiture que ne peut redresser la prédication des hommes, il est nécessaire de leur souhaiter, en toute bonté, les fléaux de Dieu. Car si l’on en vient là dans le zèle d’un grand amour, ce n’est pas certes pas un châtiment que l’on demande pour l’égaré, mais une semonce, c’est une prière qui s’exprime ainsi plutôt qu’une malédiction.

Il faut le remarquer, Job ne dit pas : « Plût au ciel que mon âme fût à la place de la vôtre ! » car il n’aurait fait que se maudire lui-même s’il avait souhaité de devenir semblable à eux. Ce qu’il a voulu, c’est l’élévation de ceux auxquels il avait souhaité un sort semblable au sien. Or nous consolons les esprits sans droiture au milieu des flagellations quand nous leur faisons voir que les coups du dehors affermissent en eux leur salut intérieur. Et nous hochons la tête quand nous infléchissons leur esprit, qui est la partie maîtresse de notre être, vers la compassion. Et nous les fortifions au milieu des flagellations quand nous clamons la violence de leur douleur par la douceur de nos paroles.

On trouve, en effet, des hommes qui, pour être fermés à la vie intérieure, se trouvent abattus par les coups du dehors jusqu’au désespoir, ce qui fait dire au Psalmiste : « Ils ne résisteront pas dans les malheurs » (Ps 139,11 Vg), car seul est à même de résister aux malheurs extérieurs, celui qui demande toujours sa joie à son espérance intérieure.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

Combattre pour rester dans le vrai Dieu

lundi 17 juillet 2023

[Sainte Hildegarde présente une vision où vice et vertu se répondent :]

– La lâcheté : « Je ne prendrai aucun risque, de peur d’être exilée et privée de protecteur. Si je m’exposais aux offenses des autres, je perdrais mes moyens d’existence et serais privée de mes amis. J’honore les nobles et les riches, je ne m’occupe pas des saints et des pauvres, puisqu’ils ne peuvent rien me donner. Je veux être en paix avec tous pour ne pas risquer de périr. Si je me battais, on riposterait ; si je faisais du mal, on m’en ferait encore plus. Je me tiendrai donc tranquille : qu’on me fasse bien ou mal, je me tairai. Il vaut mieux parfois pour moi mentir et tromper que dire la vérité ; il vaut mieux gagner que perdre et éviter les forts que les combattre. À quoi bon entreprendre ce que je pourrai ne pas achever ? (…) »

– Victoire [ou courage chrétien] : « En divaguant, abrutie par la peur, tu es partie en exil et tu as trompé l’homme… Tu n’as aucune honnêteté. Moi, je tiens le glaive des vertus de Dieu avec lequel je pourfends les injustices… Je ne veux pas d’une vie croupissant dans la poussière et les vanités de ce monde, mais je désire venir à la source jaillissante… Je combats le vieux serpent et ses dépouilles avec le mystère de la Divinité Écriture pour rester dans le vrai Dieu… »

La lâcheté suit la dureté comme une vilaine tache. L’homme lâche ne veut pas s’opposer aux vices, mais les attire par sa paresse. Les imbéciles, dans leur insignifiance, se croient honnêtes alors qu’ils aiment l’oisiveté, ne pensent à faire aucun bien, mais se tournent vers la médisance, s’attachent lâchement aux insinuations et aux calomnies et les développent au point que cela occupe complètement leur cœur. Ils échangent la confiance qu’ils devraient avoir en l’aide de Dieu et des hommes contre leur plaisir.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Je puis tout par Jésus qui me fortifie !

samedi 15 juillet 2023

Quel est le moyen de fortifier notre faiblesse? c’est l’amour. (…) Nous n’avons d’autres choses à faire que de placer notre affection, notre désir, notre amour dans un être plus fort que nous, c’est-à-dire en Dieu, où nous trouvons toute force.

C’est notre Dieu qui nous a aimés sans être aimé. Aussi, dès que l’âme a trouvé et goûté un si doux amour, plus fort que tout ce qui est fort, elle ne peut plus rechercher et désirer autre chose que lui. Hors de lui, elle ne demande et ne veut rien ; elle est forte parce qu’elle est appuyée et fixée sur une chose ferme et inébranlable. Elle ne change jamais, quoi qu’il arrive, et elle suit toujours les traces et les mouvements de Celui qu’elle aime. Comme elle n’a qu’un cœur et qu’une volonté avec lui, elle voit parfaitement que le Christ a aimé la peine et l’humiliation, tout Fils de Dieu qu’il était ; il a été, parmi les hommes, un Agneau humble, doux et méprisé.

Aussi ses serviteurs se réjouissent de suivre cette voie, ils fuient et détestent tout ce qui lui est contraire. Ils sont devenus une même chose avec lui, et ils aiment ce que Dieu aime, et détestent ce que Dieu déteste. Ils reçoivent une force si grande, que rien ne peut leur nuire. Ils sont comme de vrais chevaliers qui voient les plus grandes tempêtes sans s’en inquiéter. Ils ne craignent rien, parce qu’ils ne se confient pas en eux-mêmes ; ils ont mis toute leur espérance, toute leur foi en Dieu, qu’ils aiment, parce qu’ils voient qu’il est fort, qu’il veut et peut les secourir. Ils disent alors avec une grande humilité, comme saint Paul : « Je puis tout par Jésus crucifié qui est en moi et me fortifie » (cf. Ph 4,13)

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

« Celui qui persévéra jusqu’à la fin, sera sauvé. » (Mt 10,22)

vendredi 14 juillet 2023

« Celui qui persévéra jusqu’à la fin, sera sauvé » (Mt 10,22) Celui, nous dit le Sauveur du monde, qui combattra et qui persévèrera jusqu’à la fin de ses jours, sans avoir été vaincu, ou qui, étant tombé, s’est relevé et persévère, sera couronné, c’est-à-dire sauvé : paroles, mes frères, qui devraient nous faire trembler et nous glacer d’effroi, si nous considérons d’un côté les dangers auxquels nous sommes exposés, et de l’autre, notre faiblesse et le nombre des ennemis qui nous environnent. (…)

Mais, me direz-vous, qu’est-ce que c’est que persévérer ? Mon ami, voici ! C’est être prêt à tout sacrifier : ses biens, sa volonté, sa liberté et sa vie même, plutôt que de déplaire à Dieu. Mais me direz-vous encore, qu’est-ce que c’est que de ne pas persévérer ? Voici ! C’est de retomber dans les péchés que nous avons déjà confessés, de suivre les mauvaises compagnies qui nous ont porté au péché qui est le plus grand de tous les malheurs, puisque nous y avons perdu notre Dieu. (…) Hélas ! Mes frères, si tous les saints ont tremblé toute leur vie, par crainte de ne pas persévérer, que sera-ce donc de nous qui, sans vertu, presque sans confiance en Dieu, de nous-mêmes chargés de péchés, ne sommes nullement attentifs à prendre garde de ne pas nous laisser enfiler dans les pièges que le démon nous tend ; nous qui marchons comme des aveugles au milieu des plus grands dangers, qui dormons tranquillement parmi une foule d’ennemis, les plus acharnés à notre perte !

Mais me direz-vous, que faut-il donc faire pour ne pas succomber ? Mon ami, Voici : il faut fuir les occasions qui nous ont fait tomber les autres fois ; avoir sans cesse recours à la prière, et enfin, fréquenter souvent et dignement les sacrements ; si vous le faites, si vous suivez ce chemin, vous êtes sûr de persévérer ; mais si vous ne prenez ces précautions, vous aurez beau faire et prendre toutes vos mesures, vous ne laisserez pas d’être perdu.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)