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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

Conseils pour ne pas succomber à la tentation

dimanche 26 février 2023

Nous lisons dans l’histoire qu’un saint prêtre rencontra un jour un chrétien, qui était dans une appréhension continuelle de succomber à la tentation. « Pourquoi craignez-vous ? lui dit le prêtre. Hélas ! mon père, lui dit-il, je crains d’être tenté, de succomber et de périr. Ah s’écrie-t-il en pleurant, n’ai-je pas lieu de trembler, si tant de millions d’anges ont succombé dans le ciel, si Adam et Ève ont été vaincu dans le paradis terrestre. (…)

Mais, mon ami, lui dit le saint prêtre, ne savez-vous pas que le démon est comme un gros chien à l’attache, il aboie et fait grand bruit ; mais il ne mord que celui qui s’approche de trop près. Ayez confiance en Dieu, fuyez les occasions du péché, et vous ne succomberez pas. Si Ève n’avait pas écouté le démon, si elle avait pris la fuite dès qu’il lui parla de transgresser les commandements de Dieu, elle n’aurait pas succombé. Lorsque vous serez tenté, rejetez de suite les tentations, et, si vous pouvez, faites dévotement le signe de la croix, pensez aux tourments qu’endurent les réprouvés pour n’avoir pas su résister à la tentation ; levez les yeux vers le ciel, et vous verrez la récompense de celui qui combat ; appelez votre bon ange à votre secours, jetez-vous promptement entre les bras de la Mère de Dieu, en réclamant sa protection ; vous êtes sûr d’être victorieux de vos ennemis, et vous les verrez bientôt couvert de confusion.

Si vous succombez, mes frères, cela ne vient donc que de ce que nous ne voulons pas prendre les moyens que le bon Dieu nous offre pour combattre. Il faut surtout être bien convaincus que, de nous-mêmes, nous ne pouvons que nous perdre ; mais qu’avec une grande confiance en Dieu, nous pouvons tout.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

 

Le vendredi après les Cendres

vendredi 24 février 2023

« Réjouissez-vous, cieux, et que la terre exulte » (Is 49,13) à cause de ceux [les catéchumènes] qui vont être aspergés de l’hysope et purifiés par l’hysope mystique par la puissance de celui qui, lors de sa Passion, fut abreuvé au moyen de l’hysope et du roseau. Que les puissances célestes soient heureuses et que les âmes qui vont s’unir à l’Époux mystique se préparent. Car voici la voix de celui qui crie dans le désert : « Préparez la route du Seigneur » (Is 40,3) (…)

« Prends courage, Jérusalem, le Seigneur va t’enlever toutes tes iniquités » (So 3,14.15). « Le Seigneur va laver la souillure de tes fils et de tes filles, par un esprit de jugement et par un esprit de combustion. Il vous aspergera d’eau pure et vous serez purifiés de toutes vos fautes (cf. Ez 36,25). Les anges chanteront autour de vous ces paroles : « Quelle est celle-ci qui se lève, éclatante de blancheur, appuyée sur son frère d’adoption ? » (cf. Ct 8,5). L’âme jadis esclave a inscrit le Maître pour son frère adoptif, et lui, ratifiant ce choix sincère : « Te voilà belle, ma toute proche, te voilà belle ; tes dents sont comme des troupeaux de brebis tondues » (Ct 4,1.2) s’exclamera-t-il à la suite de l’aveu jailli de la bonne conscience – et il continuera : « Toutes ont deux jumeaux » (Ibid.), car double est la grâce, j’entends la grâce en tant qu’elle est réalisée par l’eau et par l’Esprit, ou qu’elle est annoncée au long de l’Ancien et du Nouveau Testaments.

Puissiez-vous tous, au terme de votre jeûne, instruits de nos enseignements, chargés des fruits de vos bonnes œuvres, compagnons sans reproche de l’Époux spirituel, obtenir la rémission de vos péchés, par le Dieu à qui appartient la gloire, qu’il partage avec le Fils et le Saint-Esprit, dans les siècles. Amen.

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Ferme ta porte et prie pour que tes fautes te soient remises

mercredi 22 février 2023

Évite soigneusement une vaine méfiance à l’égard de la conversion. Tu peux savoir ce que peut la conversion ? Tu peux savoir la puissance de l’arme de salut et apprendre ce que peut la confession ? (…)

Ezéchias, par sa conversion, fit rapporter une décision divine déjà prise. Il était malade. Isaïe lui dit : « Mets ordre à tes affaires, car tu vas mourir et non pas vivre » (« 2R 20,1 ; Is 38,1). (…) Ézéchias ne se déroba point à la pénitence. La parole de l’Écriture lui revint à la mémoire : « Quand tu te détourneras du mal pour pleurer, alors tu seras sauvé » (Is 30,15), il se détourna vers la muraille et, de son lit, tendit sa pensée vers le ciel (l’épaisseur des murs, en effet, ne retarde pas les prières qui montent d’un cœur pieux) : « Seigneur », dit-il, « souviens-toi de moi » (Is 38,3). Il suffit en effet, pour que je guérisse, que tu te souviennes de moi. (…) Et l’homme à qui la sentence du prophète avait ôté tout espoir de survivre, se vit attribuer un supplément de quinze années, tandis que le soleil, en témoignage, marchait à reculons. Ainsi donc, le soleil recula en faveur d’Ézéchias, et, en faveur du Christ, le soleil s’éclipsa : il ne recula pas, il s’éclipsa, montrant ainsi la différence entre les deux, Ézéchias et Jésus. Le premier eut le pouvoir d’annuler une sentence de Dieu, et Jésus n’accorderait pas le pardon des fautes ?

Détourne-toi et pleure sur toi-même, ferme ta porte et prie pour que tes fautes te soient remises, afin que Dieu détourne de toi les flammes brûlantes : car la confession a la force d’éteindre le feu même, comme elle peut apprivoiser les lions. (…) Vous aussi donc, de grand cœur confessez vos fautes au Seigneur, pour obtenir d’une part le pardon de vos péchés passés, recevoir par ailleurs le don céleste, et finalement hériter, avec tous les saints, du royaume des cieux, dans le Christ Jésus à qui appartient la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

« Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » (Mc 9,24)

lundi 20 février 2023

Pour croire, l’action de la grâce sur l’esprit et la volonté est nécessaire. Lisez l’Évangile. Les contemporains de Jésus ont pu le toucher, l’entendre ; leurs sens le saisissaient ; la raison montrait qu’il était un homme éminent, de grande vertu. Mais, pour pénétrer jusqu’au saint des saints de l’être divin et croire qu’il était le vrai Fils de Dieu, il fallait, outre les miracles et les prophéties, un don de la grâce. Jésus l’a proclamé : « Ce n’est ni la chair ni le sang qui te l’ont révélé, mais c’est mon Père » (Mt 16, 17). Et ailleurs, il dit : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jn 6,44).

La foi nous vient d’en-haut. L’incroyant doit implorer humblement la grâce de sa venue, et nous, en possession de ce don de Dieu, demander sa croissance : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » (Mc 9,24). Les tentations contre la foi sont toujours possibles, mais elles deviennent un stimulant de notre prière ; par là elles rendent notre foi plus vivace et nous font mieux apprécier son caractère surnaturel et gratuit. (…) Apprenons à utiliser ces hésitations ; adhérons avec plus de conscience et de fermeté au Christ et à son message.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

« Vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Mt 5, 48)

dimanche 19 février 2023

Dans la mesure où un chrétien professe sa foi et essaie de la vivre, il devient insolite aux croyants comme aux incroyants. (…) L’insolite du chrétien est purement et simplement sa ressemblance avec Jésus-Christ, la ressemblance de Jésus-Christ insérée dans un homme par le baptême, et qui, traversant son cœur, arrive comme à fleur de peau. (…)

Non seulement il croit en Dieu mais il doit l’aimer comme un fils aime un père tout aimant et tout-puissant, à la façon du Christ. (…)

Non seulement il aime son prochain comme lui-même, mais il doit l’aimer « comme le Christ nous a aimés », à la façon du Christ. (…)

Non seulement frère de son propre prochain, mais du prochain universel. (…)

Non seulement donnant mais partageant, prêtant mais ne réclamant pas ; disponible à ce qu’on lui demande, mais à plus qu’on ne lui demande. (…)

Non seulement frère de ceux qui l’aiment, mais de ses ennemis ; non seulement supportant les coups, mais ne s’éloignant pas de qui le frappe.

Non seulement ne rendant pas le mal, mais pardonnant, oubliant ; non seulement oubliant mais rendant le bien pour le mal.

Non seulement souffrant, mis à mort par certains, mais mourant en souffrant pour eux ; non seulement une fois mais chaque fois. (…)

Non seulement partageant ce qu’il a à lui ou en lui, mais donnant la seule chose que Dieu lui ait donnée en propre : sa propre vie. (…)

Non seulement il est heureux parce qu’il vit grâce à Dieu et pour Dieu, mais parce qu’il vivra et fera vivre ses frères avec Dieu pour toujours.

Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)

 

 

 

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé. »

samedi 18 février 2023

« Une voix sortit de la nuée, qui disait : ‘Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le !’ » (Mt 17,5) Tels sont les mots du Père sortis de la nuée de l’Esprit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, lui qui est homme et qui a l’apparence d’un homme. Hier il s’est fait homme, il a vécu humblement parmi vous ; maintenant son visage resplendit. Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; il est avant les siècles. Il est le Fils unique du Dieu unique. Hors du temps et éternellement il est engendré de moi, le Père. Il n’a pas accédé après moi à l’existence, mais de toute éternité il est de moi, en moi et avec moi » …

C’est par la bienveillance du Père que son Fils unique, son Verbe, s’est fait chair. C’est par sa bienveillance que le Père a accompli, dans son Fils unique, le salut du monde entier. C’est la bienveillance du Père qui a fait l’union de toutes choses en son Fils unique… Vraiment, il a plu au Maître de toutes choses, au Créateur qui gouverne l’univers, d’unir en son Fils unique la divinité et l’humanité et, par celle-ci, toute créature, « pour que Dieu soit tout en tous » (1Co 15,28).

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, ‘le resplendissement de ma gloire, l’empreinte de ma substance’ par qui aussi j’ai créé les anges, par qui le ciel a été affermi et la terre établie. Il ‘porte l’univers par sa parole toute-puissante’ (He 1,3) et par le souffle de sa bouche, c’est-à-dire l’Esprit qui guide et donne la vie. Écoutez-le, car celui qui le reçoit, me reçoit (Mc 9,37), moi qui l’ai envoyé, non en vertu de mon pouvoir souverain, mais à la façon d’un père. En tant qu’homme, en effet, il est envoyé, mais en tant que Dieu, il demeure en moi et moi en lui. Écoutez-le, car il a les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68).

Saint Jean de Damas (v. 675-749)

 

 

« Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »

vendredi 17 février 2023

Tâchons de ne faire qu’un avec Jésus, de reproduire Sa vie dans la nôtre, de crier Sa doctrine sur les toits par nos pensées, nos paroles et nos actions, de Le faire régner en nous, vivre en nous ! Il entre en nous si souvent dans la Sainte Eucharistie ! qu’Il établisse en nous Son royaume !…

S’Il nous donne des joies, acceptons-les avec reconnaissance ; le Bon Pasteur nous donne ces douces herbes pour nous fortifier et nous rendre capables de Le suivre ensuite dans des chemins arides… S’Il nous donne des croix, baisons-les : « bona Crux » c’est la grâce des grâces, c’est marcher plus que jamais la main dans la main de Jésus, c’est Le soulager en portant Sa croix comme Simon le Cyrénéen ; c’est notre Bien-Aimé qui nous invite à Lui déclarer et à Lui prouver notre amour… Peines de l’âme, souffrances du corps, « réjouissons-nous et tressaillons de joie » (Lc 6,23) : Jésus nous appelle, nous dit de Lui dire que nous L’aimons, et de le Lui répéter aussi longtemps que dure notre souffrance… Toute croix, grande ou petite, toute contrariété même, c’est un appel du Bien-Aimé, Il nous demande une déclaration d’amour, et une déclaration durant aussi longtemps que la croix… (…)

Votre Volonté, mon frère Jésus, et non la nôtre… Nous, nous ne voulons pas plus penser à nous que si nous n’existions pas : nous ne penserons qu’à Vous, notre Époux Bien-Aimé. Nous ne demandons rien pour nous, nous Vous demandons Votre gloire : « Que Votre Nom soit sanctifié, que Votre règne arrive, que Votre volonté soit faite » en tous Vos enfants, en tous les hommes ; qu’elle le soit en nous ; que nous Vous glorifions le plus possible pendant notre vie… que nous fassions Votre volonté… que nous consolions le plus possible Votre Cœur… C’est tout ce que nous voulons, c’est tout ce qu’il nous faut…

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Alors tu verras, tu seras radieuse. » (Is 60,5)

mercredi 15 février 2023

Quelle sera ma joie, mon Dieu, quelle sera mon allégresse, quelle sera ma jubilation, lorsque tu me dévoileras la beauté de ta divinité et que mon âme te verra face à face ? (…) Alors, toi mon âme, « tu verras et tu seras dans l’abondance, ton cœur sera dans l’émerveillement et se dilatera, lorsque tu recevras la multitude des richesses », des délices, et la magnificence de la gloire « de cette mer » immense de la Trinité digne à jamais d’adoration ; lorsque « viendra à toi la puissance des nations » que « le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs » (Is 60,5; 1Tm 6,15), par la force de son bras, a repris pour lui de la main de l’ennemi ; lorsque l’inondation de la miséricorde et de la charité divine te couvrira. (…)

Alors la coupe de la vision te sera présentée et tu t’enivreras (Ps 22,5 Vulg) — c’est la coupe enivrante et sublime de la gloire du visage divin. Tu boiras « au torrent des délices » (Ps 35,9) de Dieu quand la source même de la lumière te comblera éternellement de sa plénitude. Alors tu verras les cieux tout remplis de la gloire du Dieu qui les habite, et cet Astre virginal qui, après Dieu, illumine tout le ciel de sa très pure lumière [Marie], et les œuvres admirables des doigts de Dieu [les saints: Gn 2,7] et « ces étoiles du matin » qui toujours se tiennent devant la face de Dieu avec tant de joie et qui le servent [les anges : Jb 38,7; Tb 12,15].

Dieu de mon cœur et mon héritage de choix (Ps 72,26), hélas, combien de temps encore mon âme sera-t-elle frustrée de la présence de ton très doux visage ? (…) De grâce, fais-moi vite parvenir à toi, Dieu « source de vie » (Ps 36,10), afin qu’en toi je puise la vie éternelle pour toujours. Bien vite « fais luire sur moi ta face » (Ps 30,17) afin que dans la joie je te voie face à face. Vite, oh, vite, montre-toi toi-même à moi, afin que je me réjouisse de toi, dans le bonheur, éternellement.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

En constatant son humanité, il dédaignait de croire le Créateur !

lundi 13 février 2023

« Les fous aussi me méprisaient. » (Jb 19,18 Vg) Les sages tombaient en perdant la foi en la vérité, mais on est en droit de le dire aussi des fous, puisque, Pharisiens et Docteurs de la Loi méprisant le Seigneur, la foule du peuple aussi a suivi leur incrédulité : c’est l’homme qu’elle a vu en lui, et elle a méprisé les leçons du Rédempteur du monde.

Souvent, en effet, le terme de fous désigne dans le peuple, les pauvres. (…) Or, laissant les sages et les riches de ce monde, notre Rédempteur était venu chercher les pauvres et les fous. Aussi dit-il maintenant, comme pour accroître sa douleur : « Les fous aussi me méprisaient. » C’est-à-dire : j’ai été méprisé par ceux-là mêmes que j’ai voulu guérir en assumant la folie de ma prédication. L’Écriture dit, en effet : « Puisque le monde avec sa sagesse n’a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu, c’est par la folie de sa prédication qu’il a plu à Dieu de sauver les croyants. » (1Co 1,21) Le Verbe, en effet, c’est la sagesse de Dieu, et ce qu’on appelé folie de cette sagesse, c’est la chair du Verbe : devant l’impuissance des hommes charnels à atteindre par la prudence de leur chair la sagesse de Dieu, c’est, par la folie de sa prédication, c’est-à-dire par la chair du Verbe, qu’il a voulu les guérir. Il déclare donc : « Les fous aussi me méprisaient. »

C’était dire ouvertement : Je suis méprisé par ceux-là mêmes que j’ai voulu sauver sans craindre de passer pour un fou. Or le peuple des Juifs, en observant les miracles de notre Rédempteur, devant ces signes l’honoraient en disant : « Voici le Christ », mais, en constatant la faiblesse de son humanité, il dédaignait de le croire son créateur en disant : « Non, mais il séduit les foules » (Jn 7,12) ; aussi peut-il ajouter : « Et quand je m’étais éloigné d’eux, ils me décriaient. » (Jb 19,18 Vg)

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

La Loi enracinée dans nos cœurs

dimanche 12 février 2023

Il y a des préceptes naturels de la Loi qui donnent déjà la justice ; même avant le don de la Loi à Moïse des hommes observaient ces préceptes, et ils étaient justifiés par leur foi et plaisaient à Dieu. Ces préceptes-là, le Seigneur ne les a pas abolis, mais étendus et accomplis. C’est ce que prouvent ces paroles : « Il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas d’adultère. Mais moi, je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. » Et encore : « Il a été dit : Tu ne tueras pas. Mais moi, je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère sans motif en répondra au tribunal » (Mt 5,21s). (…) Et ainsi de suite. Tous ces préceptes n’impliquent ni la contradiction ni l’abolition des précédents, mais leur accomplissement et leur extension. Comme le Seigneur le dit lui-même : « Si votre justice ne dépasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 5,20).

En quoi consistait-il, ce dépassement ? D’abord, à croire non plus seulement au Père, mais aussi à son Fils dorénavant manifesté, car c’est lui qui mène l’homme à la communion et à l’union avec Dieu. Ensuite, à ne pas dire seulement, mais à faire — car « ils disaient et ne faisaient pas » (Mt 23,3) — et à se garder non seulement des actes mauvais, mais même de leur désir. En enseignant cela, il ne contredisait pas la Loi, mais il accomplissait la Loi et enracinait en nous les prescriptions de la Loi. (…) Prescrire de s’abstenir non seulement des actes défendus par la Loi, mais même de leur désir, n’est pas le fait de quelqu’un qui contredit et abolit la Loi ; c’est le fait de celui qui l’accomplit et l’étend.

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)