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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

Sacré-Cœur de Jésus, solennité

vendredi 7 juin 2024

Un certain vendredi, le jour étant déjà sur son déclin, contemplant l’image du crucifix, et émue à cette vue, Gertrude dit au Seigneur : « Ô mon très doux Amant, combien vous avez souffert pour mon salut en ce jour que moi, hélas ! dans ma totale infidélité, j’ai gaspillé, en le passant à tant d’occupations que j’ai oublié de me remémorer le long du jour, avec ferveur, ô mon Salut éternel, que vous avez souffert pour moi à chaque heure, et que Vous, la Vie d’où vient toute vie, vous êtes mort pour l’amour de mon amour. »

Le Seigneur, du haut de la croix, lui répondit : « Tout ce que tu as négligé de faire, je l’ai fait pour toi et à chaque heure j’ai recueilli dans mon Cœur tout ce que tu aurais dû former dans le tien, et le cumul en a tellement dilaté mon Cœur, que d’un grand désir, j’attendais ce moment où me viendrait de toi cette prière ; car alors, je peux enfin offrir à Dieu mon Père tout ce que j’ai fait pour toi pendant la journée : sans cette prière, en effet, rien de tout cela ne pouvait servir à ton salut. » Par là, on peut voir ce qu’est l’amour tout fidèle de Dieu pour les hommes (…).

Une autre fois qu’elle tenait entre les mains (…) l’image du Christ crucifié, elle comprit que quiconque contemple avec l’attention de la piété l’image de la croix du Christ, le Seigneur le regarde avec une miséricorde si bienveillante que son âme, comme un clair miroir reçoit en elle, par l’effet du divin amour, cette toute délectable image dont la cour céleste se réjouit. Et il y aura pour lui une gloire éternelle future.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme. »

jeudi 6 juin 2024

Nous voyons que Dieu nous a créés avec de tels désirs, que rien de créé n’est capable de nous contenter. Présentez à une âme toutes les richesses et tous les trésors du monde, rien de cela ne pourra la contenter ; Dieu l’ayant créée pour lui, il n’y a aussi que lui seul qui soit capable de remplir tous ses vastes désirs. Oui, mes frères, notre âme peut aimer Dieu, ce qui est le plus grand de tous les bonheurs !

En l’aimant, nous avons tous les biens et les plaisirs que nous pouvons désirer sur la terre et dans le ciel (cf. Ps 72,25). Nous pouvons encore le servir : c’est à dire, le glorifier en chaque action de notre vie. Il n’y a pas jusqu’à la moindre chose que nous fassions, que Dieu n’en soit glorifié, si nous le faisons en vue de lui plaire. Notre occupation, pendant que nous sommes sur la terre, n’a rien de différent de celle des anges qui sont dans le ciel : la seule chose qui diffère, c’est que nous ne voyons tous ces biens que des yeux de la foi. (…)

Oui, mes frères, notre âme, pour l’avenir, sera éternelle, ainsi que Dieu lui-même. Non, non, mes frères, n’allons pas plus loin ; l’on se perd dans cet abîme de grandeur.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

 

« Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. » (Ex 3,6)

mercredi 5 juin 2024

Lorsque Dieu invisible daigna s’adresser à l’homme en lui apparaissant sous une forme visible, lorsque l’Éternel employa un langage temporel et l’Immuable des mots fragiles, lorsqu’il dit : « Je suis celui qui suis » (Ex 3,14) (…), il ajouta au nom de sa substance, le nom de sa miséricorde. (…) C’est comme si Dieu avait dit à Moïse : ‟Cette parole : « Je suis celui qui suis », tu ne la comprendras pas ; ton cœur n’est pas affermi ; tu n’es pas immuable comme moi, et ton esprit ne l’est pas non plus. Tu as entendu ce que je suis. Ecoute ce que tu peux comprendre, écoute ce que tu peux espérer.”

Et Dieu dit encore à Moïse : ‟« Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob » (Ex 3,15). Tu ne peux saisir le nom de ma substance, saisis celui de ma miséricorde. Or ce que je suis est éternel. Abraham, Isaac et Jacob sont donc éternels ; je ne dis pas simplement éternels, mais rendus éternels, mais rendus éternels grâce à Dieu”.

C’est par ces paroles que le Seigneur a confondu les Sadducéens chicaneurs, quand ils niaient la résurrection. Il leur cita alors le témoignage de l’Écriture : « Lisez, leur dit-il, ce que le Seigneur dit à Moïse dans le buisson ardent : “Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants » (Mc 12, 26-27) ; et tous ceux-là vivent.

Quand Dieu dit (…) : « Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob », il ajoute : « Voilà mon nom pour l’éternité » (Ex 3,15). C’est comme s’il disait : ‟Pourquoi crains-tu la mort de l’homme ? Pourquoi redouterais-tu de ne plus être après la mort ? Voilà mon nom pour l’éternité. Et ce nom : « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob » ne pourrait être éternel si Abraham, Isaac et Jacob ne vivaient éternellement.”

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Il lui restait encore quelqu’un : son fils bien-aimé. Il le leur envoya en dernier. »

lundi 3 juin 2024

Dieu avait créé l’homme à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26), il l’avait jugé digne de le connaître lui-même, mis par le don d’intelligence au-dessus de tous les animaux, établi dans la jouissance des délices incomparables du Paradis, et enfin constitué maître de tout ce qui se trouvait sur la terre. Cependant, lorsqu’il l’a vu, dévoyé par le serpent, tomber dans le péché et, par le péché, dans la mort et les souffrances qui y conduisent, il ne l’a pas rejeté. Au contraire, il lui a donné d’abord le secours de sa Loi ; il a désigné des anges pour le garder et prendre soin de lui ; il a envoyé des prophètes pour lui reprocher sa méchanceté et lui enseigner la vertu…

Lorsque, malgré ces grâces et bien d’autres encore, les hommes ont persisté dans la désobéissance, il ne s’est pas détourné d’eux. Après avoir offensé notre bienfaiteur par notre indifférence devant les marques de sa bienveillance, nous n’avons pas été abandonnés par la bonté du Seigneur ni retranchés de son amour, mais nous avons été tirés de la mort et rendus à la vie par notre Seigneur Jésus Christ, et la manière dont nous avons été sauvés est digne d’une admiration plus grande encore. « Bien qu’il ait été Dieu, il n’a pas jugé bon de garder jalousement son égalité avec Dieu, mais il s’est abaissé jusqu’à prendre la condition d’esclave » (Ph 2,6-7). « Il a pris nos faiblesses, il a porté nos souffrances, il a été meurtri pour nous », afin de nous sauver par ses blessures (Is 53,4-5). Il « nous a rachetés de la malédiction en se faisant malédiction pour nous » (Ga 3,13) ; il a souffert la mort la plus infamante pour nous conduire à la vie de la gloire.

Et il ne lui a pas suffi de rendre la vie à ceux qui étaient dans la mort, il les a revêtus de la dignité divine et leur a préparé dans le repos éternel un bonheur qui dépasse toute imagination humaine. « Que rendrons-nous donc au Seigneur » pour tout ce qu’il nous a donné ? (Ps 115,12) Il est si bon qu’il ne demande rien en compensation de ses bienfaits : il se contente d’être aimé.

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

« Jean Baptiste est venu à vous…, et vous n’avez pas cru à sa parole. » (Mt 21,32)

samedi 1 juin 2024

« Jean Baptiste proclamait : ‘Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche’ » (Mt 3,1). (…) Bienheureux Jean qui a voulu que la conversion précède le jugement, que les pécheurs ne soient pas jugés, mais récompensés, qui a voulu que les impies entrent dans le Royaume et non sous le châtiment. (…) Quand Jean a-t-il proclamé cette imminence du Royaume des cieux ? Le monde était encore en son enfance (…) ; mais pour nous qui proclamons aujourd’hui cette imminence, le monde est extrêmement vieux et fatigué. Il a perdu ses forces ; il perd ses facultés ; les souffrances l’accablent (…) ; il crie sa défaillance ; il porte tous les symptômes de sa fin. (…)

Nous sommes à la remorque d’un monde qui s’enfuit ; nous oublions les temps à venir. Nous sommes avides d’actualité, mais nous ne tenons pas compte du jugement qui vient déjà. Nous n’accourons pas à la rencontre du Seigneur qui vient. (…)

Convertissons-nous, frères, convertissons-nous vite. (…) Le Seigneur, du fait qu’il tarde, qu’il attend encore, prouve son désir de nous voir revenir à lui, son désir que nous ne périssions pas. Dans sa grande bonté il nous adresse toujours ces paroles : « Je ne désire pas la mort du pécheur, mais qu’il se détourne de sa voie et qu’il vive » (Ez 33,11). Convertissons-nous, frères ; n’ayons pas peur de ce que le temps se fait court. Son temps à lui, l’Auteur du temps, ne peut pas être rétréci. La preuve en est ce brigand de l’Évangile qui, sur la croix et à l’heure de sa mort, a escamoté le pardon, s’est saisi de la vie et, voleur du paradis avec effraction, a réussi à pénétrer dans le Royaume (Lc 23,43).

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

 

Levons-nous et mettons nos infirmités devant notre Médecin !

jeudi 30 mai 2024

Il semble que l’ineffable charité de Dieu a pourvu à la fragilité et à la misère de l’homme ; car, comme il était toujours prêt et incliné à offenser son Créateur, Dieu, pour le sauver, lui a procuré un remède contre son infirmité. Le remède contre nos infirmités n’est autre que le feu de l’amour, et cet amour ne s’éteint jamais pour nous. L’âme le reçoit comme remède quand elle regarde en elle-même l’étendard de la Croix, qui y est planté ; car nous avons été la pierre dans laquelle fut fixée la Croix, dont le bois et les clous n’étaient pas capables de retenir le doux Agneau sans tache, si l’amour ne l’eût pas retenu. Quand l’âme regarde ce doux et cher remède, elle ne doit pas tomber dans la négligence ; mais elle doit se lever avec amour et désir, et tendre les mains avec la haine d’elle-même, comme fait le malade, qui hait son infirmité, et qui aime le remède que lui donne le médecin. (…)

Levons-nous avec le feu d’un ardent amour, avec la haine et l’humilité profonde que nous donnera la connaissance de notre néant, et mettons nos infirmités devant notre médecin, le Christ Jésus. Étendez la main pour recevoir la médecine amère qui nous est donnée. Oui, la médecine que l’homme reçoit est bien souvent amère. Ce sont les ténèbres, les tentations, le trouble de l’esprit ou d’autres tribulations qui viennent du dehors ; elles nous paraissent d’abord bien amères mais si nous faisons comme le sage malade, elles seront ensuite pour nous d’une grande douceur, en considérant la tendresse du doux Jésus, qui nous les donne, et en voyant qu’il ne le fait pas par haine mais par amour, car il ne peut vouloir que notre sanctification.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

« Le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. »

mercredi 29 mai 2024

L’homme avait été créé pour servir son Créateur. Quoi de plus juste, en effet, que de servir celui qui vous a mis au monde, sans qui vous ne pouvez pas exister ? Et quoi de plus heureux que de le servir, puisque le servir, c’est régner ? Mais l’homme a dit à son Créateur : « Je ne servirai pas » (Jr 2,20). « Moi donc, je te servirai, dit le Créateur à l’homme. Assieds-toi, je te servirai, je te laverai les pieds ». (…)

Oui, Christ « serviteur bon et fidèle » (Mt 25,21), tu as vraiment servi, tu as servi en toute foi et toute vérité, en toute patience et toute constance. Sans tiédeur, tu t’es élancé comme un géant pour courir dans la voie de l’obéissance (Ps 18,6) ; sans feinte, tu nous as donné par surcroît, après tant de si grandes fatigues, ta propre vie ; sans murmure, flagellé et innocent, tu n’as pas ouvert la bouche (Is 53,7). Il est écrit et c’est juste : « Le serviteur qui connaît la volonté de son maître et ne la fait pas sera frappé de nombreux coups » (Lc 12,47). Mais ce serviteur-ci, je vous le demande, quelles actions dignes n’a-t-il pas accomplies ? Qu’a-t-il omis de ce qu’il devait faire ? « Il a bien fait toutes choses », s’écrient ceux qui observaient sa conduite ; « il a fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7,37). Il a accompli toutes sortes d’actions dignes de récompense, alors comment a-t-il souffert tant d’indignités ? Il a présenté son dos aux fouets, il a reçu une quantité surprenante de coups atroces, son sang ruisselle de partout. Il a été interrogé au milieu des opprobres et des tourments, comme un esclave ou un malfaiteur qu’on soumet à la question pour lui arracher l’aveu d’un crime. Ô détestable orgueil de l’homme dédaigneux de servir, et qui ne pouvait pas être humilié par d’autre exemple que celui d’une telle servitude de son Dieu ! (…)

Oui, mon Seigneur, tu as beaucoup peiné à me servir ; il serait juste et équitable que dorénavant tu prennes du repos, et que ton serviteur, à son tour, se mette à te servir ; son tour est venu. (…) Tu as vaincu, Seigneur, ce serviteur rebelle ; je tends la main pour recevoir tes liens, je courbe la tête pour recevoir ton joug. Permets que je te serve. Reçois-moi comme ton serviteur pour toujours, bien que serviteur inutile si ta grâce n’est pas avec moi et ne travaille sans cesse à mes côtés (Sg 9,10).

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

 

 

 

Tout quitter pour le suivre

mardi 28 mai 2024

Depuis quarante ans déjà Claire, selon la comparaison employée par saint Paul (1Co 9,24), menait la course dans le stade de la très grande pauvreté. Elle approchait du but de sa vocation céleste et de la récompense promise au vainqueur… La divine Providence se hâtait d’accomplir ce qu’elle avait prévu pour Claire : le Christ veut introduire dans son palais royal la petite pauvre au terme de son pèlerinage. Quant à elle, elle aspirait de tout l’élan de son désir… à contempler, régnant là-haut dans sa gloire, le Christ qu’elle avait imité sur terre dans sa pauvreté…

Toutes ses filles étaient réunies autour du lit de leur mère… S’adressant alors à elle-même, Claire dit à son âme : « Pars en toute sécurité, car tu as bon guide pour la route. Pars, car celui qui t’a créée t’a aussi sanctifiée ; il t’a toujours gardée et aimée d’un tendre amour, comme une mère aime son enfant. Sois béni, Seigneur, toi qui m’as créée ! » Une sœur lui demanda à qui elle s’adressait. Claire répondit : « À mon âme bénie ». Son guide pour la route n’était pas loin. En effet, se tournant vers l’une de ses filles, elle dit : « Vois-tu le Roi de gloire que j’aperçois ? »…

Bénie soit sa sortie de cette vallée de misère, sortie qui fut pour elle l’entrée dans la vie bienheureuse ! En récompense de ses jeûnes d’ici-bas, elle connaît maintenant la joie qui règne à la table des saints ; en échange des guenilles et des cendres, elle est entrée en possession de la béatitude du Royaume des cieux où elle est revêtue de la robe de gloire éternelle.

Thomas de Celano (v. 1190-v. 1260)

 

 

 

« Ayez du sel en vous-mêmes. »

samedi 25 mai 2024

Accorde-moi, Dieu miséricordieux, de désirer avec ardeur ce que tu approuves, de le rechercher avec prudence, de le reconnaître avec vérité, de l’accomplir avec perfection, à la louange et à la gloire de ton nom.

Mets de l’ordre en ma vie, et donne-moi d’accomplir ce que tu veux que je fasse, comme il faut et comme il est utile au salut de mon âme. Que j’aille vers toi, Seigneur, par un chemin sûr, droit, agréable et menant au terme, un chemin qui ne s’égare pas entre les prospérités et les adversités, afin que je te rende grâces dans les choses prospères, et que dans les choses adverses je garde la patience, ne me laissant ni exalter par les premières, ni abattre par les secondes. Que rien ne me réjouisse ni ne m’attriste, hors ce qui mène à toi ou m’en retire. Que je ne désire plaire ou ne craigne de déplaire à personne si ce n’est à toi. Que tout ce qui passe devienne vil à mes yeux à cause de toi, Seigneur, et que tout ce qui te touche me soit cher, mais toi, mon Dieu, plus que tout le reste… Que je ne désire rien en dehors de toi…

Accorde-moi, Seigneur mon Dieu, une intelligence qui te connaisse, un empressement qui te cherche, une sagesse qui te trouve, une vie qui te plaise, une persévérance qui t’attende avec confiance et une confiance qui te possède à la fin. Accorde-moi d’être affligé de tes peines par la pénitence, d’user en chemin de tes bienfaits par la grâce, de jouir de tes joies surtout dans la patrie par la gloire. Ô toi qui, étant Dieu, vis et règnes dans tous les siècles.

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274)

 

 

 

Le mariage est le plus beau des signes de l’amour de Dieu

vendredi 24 mai 2024

L’amour et la vie ne s’écoulent pas de la terre vers Dieu, mais descendent de Dieu vers la terre. « Tout don parfait vient du Père. » (Jc 1,17) « Dieu est Amour. » (1 Jn 4,8) Il est amour parce que Trinité. Dans la Trinité est l’unité et la fécondité. C’est de là que tout part. Il y a sur terre un brassement d’amour devant quoi nous pouvons être pris de vertige. Des fleurs et des bêtes aux êtres humains, cette circulation d’amour nous environne. Pour ne pas nous y sentir étranger comme en dissonance avec la vie même, c’est de la Sainte Trinité qu’il faut partir. Là est l’Amour en soi : « l’amour vrai ». De là descendent comme en cascade tous les amours du monde, de moins en moins parfaits, mais qui ont leur raison d’être parce qu’ils sont le signe de l’amour qui existe en Dieu.

Depuis l’amour de l’homme et de la femme jusqu’à celui des bêtes, jusqu’aux unions mystérieuses des éléments et des métaux, tout cela signifie de façon plus ou moins belle l’amour qui est en Dieu. Et cela renverse le problème. Même l’unité du Verbe et de l’homme, même l’union du Christ et de l’Église ne sont encore que les plus grands, les plus beaux signes de l’amour qui est Dieu. Dans le mariage, il y a une vocation à l’amour singulièrement riche. C’est au sommet de la création visible le plus beau des signes de l’amour de Dieu. C’est grand car c’est le signe, dit saint Paul, de l’amour du Christ et de son Église.

Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)