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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

« Au milieu de vous et au-dedans de vous. »

jeudi 10 novembre 2022

« Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous », dit le Seigneur. Reviens donc à Dieu de tout ton cœur, oublie ce monde misérable, et ton âme trouvera le repos. Apprends à te détacher des choses extérieures et à te tourner vers celles du dedans, et tu verras venir en toi le Royaume de Dieu. Car le Royaume de Dieu « c’est la paix et la joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17).

Cette joie n’est pas donnée aux hommes sans foi. Le Christ viendra à toi et te fera sentir sa consolation, si tu lui as préparé au-dedans de toi une demeure digne de lui. « Toute sa gloire » et sa beauté « sont intérieures » (Ps 44,14 Vulg) : c’est là qu’il se plaît à habiter. Dieu visite souvent l’homme intérieur ; il lui accorde la douceur de sa parole et de ses consolations, une paix inépuisable, et une familiarité qui confond. Courage donc : prépare ton cœur pour cet Époux, afin qu’il daigne venir habiter en toi. Car « si quelqu’un m’aime, dit-il, il gardera à ma parole ; alors nous viendrons chez lui et nous établirons en lui notre demeure » (Jn 14,23).

L’Imitation de Jésus Christ

 

 

 

« Le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous. » (1Co 3,17)

mercredi 9 novembre 2022

On a souvent entendu dire que Moïse, après avoir fait sortir Israël d’Égypte, a construit dans le désert un tabernacle, une tente de sanctuaire, grâce aux dons des fils de Jacob. (…) Il faut bien voir, comme le dit l’apôtre Paul, que tout cela était un symbole (1Co 10,6). (…) C’est vous, mes frères, qui êtes maintenant le tabernacle de Dieu, le temple de Dieu, comme l’explique l’apôtre : « Le temple de Dieu est saint, et ce temple, c’est vous ». Temple où Dieu régnera éternellement, vous êtes sa tente parce qu’il est avec vous sur la route ; il a soif en vous, il a faim en vous. Cette tente est encore portée (…) dans le désert de cette vie, jusqu’à ce que nous parvenions à la Terre de la Promesse. Alors la tente deviendra Temple et le véritable Salomon en fera la dédicace « durant sept jours et encore sept jours » (1R 8,65), c’est-à-dire le double repos (…) de l’immortalité pour le corps et la béatitude pour l’âme.

Mais pour le moment, si nous sommes de vrais fils spirituels d’Israël, si nous sommes spirituellement sortis d’Égypte, faisons chacun, faisons tous des offrandes pour la construction du tabernacle (…) : « Car chacun reçoit de Dieu son don particulier, l’un celui-ci, l’autre celui-là » (1Co 7,7). (…) Que tout soit donc commun à tous. (…) Que personne ne considère le charisme qu’il a reçu de Dieu comme son bien propre ; que personne ne soit jaloux d’un charisme que son frère aurait reçu. Mais que chacun regarde ce qui est à lui comme étant à tous ses frères, et qu’il n’hésite pas à considérer comme sien ce qui est à son frère. Selon son dessein miséricordieux, Dieu agit envers nous de telle sorte que chacun ait besoin des autres : ce que l’un n’a pas, il peut le trouver en son frère. (…) « À plusieurs nous ne formons qu’un seul Corps dans le Christ et, chacun pour sa part, nous sommes membres les uns des autres » (Rm 12,5).

Saint Aelred de Rievaulx (1110-1167)

 

 

 

L’humble service

mardi 8 novembre 2022

Avant la venue du Seigneur Jésus, les hommes tiraient gloire d’eux-mêmes. Il est venu comme un homme pour que diminue la gloire de l’homme et que grandisse la gloire de Dieu. Car il est venu sans le péché et nous a trouvés tous pécheurs. S’il est venu pour remettre les péchés, c’est parce que Dieu est miséricordieux : à l’homme donc de le reconnaître. Car l’humilité de l’homme c’est sa reconnaissance, et la grandeur de Dieu, sa miséricorde.

S’il est venu pardonner à l’homme ses péchés, que l’homme donc prenne conscience de sa petitesse et que Dieu exerce sa miséricorde. « Il faut que lui grandisse et que je diminue » (Jn 3,30). C’est-à-dire : il faut que lui, il donne et que moi, je reçoive. Il faut qu’il ait la gloire et que je la reconnaisse. Que l’homme comprenne où est sa place, qu’il reconnaisse Dieu et entende ce que dit l’apôtre Paul à l’homme superbe et orgueilleux qui prétend s’élever : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Mais si tu as tout reçu, pourquoi t’enorgueillir comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1Co 4,7) Que l’homme qui voulait dire sien ce qui n’est pas à lui comprenne donc qu’il l’a reçu et qu’il se fasse tout petit, car il lui est bon que Dieu soit glorifié en lui. Qu’il se diminue donc en lui-même, afin qu’en lui Dieu grandisse.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Demander pardon et pardonner aux autres

lundi 7 novembre 2022

« Toutes les voies du Seigneur sont amour et vérité pour qui veille à son alliance et à ses lois » (Ps 24,10). Ce que dit ce psaume de l’amour et de la vérité est de première importance. (…) Il parle de l’amour, car Dieu ne regarde pas nos mérites mais sa bonté, en vue de nous pardonner nos péchés et de nous promettre la vie éternelle. Il parle aussi de la vérité, parce que Dieu ne manque jamais de tenir ses promesses. Reconnaissons ce modèle divin et imitons Dieu qui nous a manifesté son amour et sa vérité. (…) Comme lui, accomplissons en ce monde des œuvres pleines d’amour et de vérité. Soyons bons envers les faibles, les pauvres et même envers nos ennemis.

Vivons dans la vérité en évitant de faire le mal. Ne multiplions pas les péchés, car celui qui présume de la bonté de Dieu, laisse s’introduire en lui la volonté de rendre Dieu injuste. Il se figure que, même s’il s’obstine dans ses péchés et refuse de s’en repentir, Dieu viendra quand même lui donner une place parmi ses fidèles serviteurs. Mais serait-il juste que Dieu te mette à la même place que ceux qui ont renoncé à leurs péchés, alors que tu persévères dans les tiens ? (…) Pourquoi donc veux-tu le plier à ta volonté ? Soumets-toi plutôt à la sienne.

Le psalmiste dit justement à ce propos : « Qui recherchera la miséricorde et la vérité du Seigneur auprès de lui ? » (Ps 60,8 Vlg). (…) Pourquoi dire « auprès de lui » ? Beaucoup cherchent à s’instruire de l’amour du Seigneur et de sa vérité dans les Livres saints. Mais une fois qu’ils y sont parvenus, ils vivent pour eux, non pour lui. Ils recherchent leurs propres intérêts, non ceux de Jésus Christ. Ils prêchent l’amour et la vérité et ne les pratiquent pas. Quant à celui qui aime Dieu et le Christ, lorsqu’il prêche la vérité et l’amour divins, il les recherche pour Dieu et non dans son propre intérêt. Il ne prêche pas pour en retirer des avantages matériels, mais pour le bien des membres du Christ, c’est-à-dire de ses fidèles. Il leur distribue ce qu’il a appris en esprit de vérité, « de sorte que celui qui vit n’ait plus sa vie centrée sur lui-même, mais sur celui qui est mort pour tous » (2Co 5,15). « Qui cherchera la miséricorde et la vérité du Seigneur ? »

Saint Augustin (354-430)

 

 

« Ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection. »

dimanche 6 novembre 2022

Au dernier jour, la mort sera vaincue. La résurrection du Christ, après le supplice de la croix, contient mystérieusement la résurrection de tout le Corps du Christ. Comme le corps visible du Christ est crucifié, enseveli et ensuite ressuscité, ainsi le Corps entier des saints du Christ est crucifié avec lui et ne vit plus en lui-même. (…)

Mais quand viendra la résurrection du véritable Corps du Christ, son Corps total, alors les membres du Christ aujourd’hui semblables à des ossements desséchés se réuniront jointure à jointure (Ez 37,1s), chacun trouvant sa place et « tous ensemble constitueront un homme parfait à la mesure de la plénitude du corps du Christ » (Ep 4,13). Alors la multitude des membres sera un corps, car tous appartiennent au même corps (Rm 12,4).

Origène (v. 185-253)

 

 

 

« Si vous n’avez pas été digne de confiance avec l’argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ? »

samedi 5 novembre 2022

Mes frères et mes amis, ne soyons pas les gérants malhonnêtes des biens qui nous ont été confiés (Lc 16,1s). Ne risquons pas d’entendre saint Pierre nous dire : « Ayez honte, vous qui retenez le bien d’autrui. Imitez l’équité de Dieu, et il n’y aura plus de pauvre ». Ne nous donnons pas tant de peine pour amasser quand d’autres souffrent de la pauvreté ; car autrement nous subirons les remontrances sévères du prophète Amos : « Prenez garde, vous qui dites : Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée pour que nous puissions vendre, et le sabbat, pour que nous puissions ouvrir nos magasins ? » (8,5)…

Pratiquons nous-mêmes cette loi sublime et primordiale de Dieu, qui fait pleuvoir pour les justes et les pécheurs et qui fait lever son soleil également pour tous (Mt 5,45). Il déploie pour tous les immenses étendues de la terre en friche, les sources, les fleuves et les forêts ; aux oiseaux il donne l’air, et l’eau à toutes les bêtes aquatiques. Il donne généreusement les ressources nécessaires à la vie de tous ; celles-ci ne sont pas confisquées par les puissants, limitées par une loi, rationnées. Elles sont communes, abondantes et par conséquent Dieu les offre sans que personne ne soit frustré. Car il veut honorer par cette égalité dans ses dons l’égale dignité de la nature, et montrer toute la générosité de sa bienfaisance.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

 

 

 

Vivre en bon gérant des dons de Dieu

vendredi 4 novembre 2022

De ces régions [l’Inde et le Sri Lanka] je ne sais que vous écrire sinon ceci : si grandes sont les consolations communiquées par Dieu notre Seigneur à ceux qui vont parmi les païens pour les convertir à la foi du Christ, que, s’il est quelque joie en cette vie, c’est bien celle-ci. Souvent il m’arrive d’entendre dire à quelqu’un qui va au milieu de ces chrétiens : « Seigneur, ne me donnez pas tant de consolations en cette vie ! Mais puisque, dans votre bonté et miséricorde infinies, vous me les donnez, emmenez-moi dans votre sainte gloire ! Il y a en effet tant de peine à vivre sans vous voir, une fois que vous vous êtes montré ainsi à votre créature. » Ah, si ceux qui cherchent le savoir dans les études se donnaient autant de peine pour chercher ces consolations de l’apostolat qu’ils se donnent jour et nuit à la poursuite du savoir ! Si les joies que cherche un étudiant dans ce qu’il apprend, il les cherchait en faisant sentir à son prochain ce qui lui est nécessaire pour connaître et servir Dieu, combien il se trouverait plus consolé et mieux préparé à rendre compte de lui-même, lorsque le Christ reviendra et lui demandera : « Rends-moi compte de ta gestion »…

Je termine en demandant à Dieu notre Seigneur…qu’il nous rassemble dans sa sainte gloire. Et pour nous obtenir ce bienfait, prenons pour intercesseurs et avocats toutes les âmes saintes des régions où je me trouve… À toutes ces saintes âmes, je demande de nous obtenir de Dieu notre Seigneur, tout au long de ce temps qui reste de notre séparation, la grâce de sentir au fond de notre âme sa très sainte volonté et de l’accomplir parfaitement.

Saint François Xavier (1506-1552)

 

 

Viens chercher ta brebis perdue

jeudi 3 novembre 2022

Seigneur Jésus Christ, pour nous enseigner le sommet des vertus, tu as gravi la montagne avec tes disciples, tu leur as enseigné les Béatitudes et les vertus sublimes, leur promettant des récompenses propres à chacune. Accorde à ma fragilité d’entendre ta voix, de m’appliquer par leur pratique à acquérir le mérite des vertus, afin que par ta miséricorde j’obtienne la récompense promise. Fais qu’en considérant le salaire, je ne refuse pas la peine du travail. Fais que l’espérance du salut éternel adoucisse pour moi l’amertume du remède, en enflammant mon âme par la splendeur de ton œuvre. Du misérable que je suis, Seigneur, fais un bienheureux ; de la béatitude d’ici-bas, par ta grâce, conduis-moi à la béatitude de la patrie.

Viens, Seigneur Jésus, à la recherche de ton serviteur, à la recherche de ta brebis errante et harassée. Viens, Époux de l’Église, à la recherche de la pièce d’argent perdue. Viens, Père de miséricorde, recevoir le fils prodigue qui revient à toi. Viens donc, Seigneur, car tu es le seul à pouvoir rappeler la brebis qui s’égare, à retrouver la pièce d’argent perdue, à réconcilier le fils fugitif. Viens, afin qu’il y ait salut sur la terre et joie au ciel ! Convertis-moi à toi et donne-moi d’accomplir une vraie et parfaite pénitence, pour que je sois occasion de joie pour les anges. Très doux Jésus, je t’en prie, par l’immensité de ton amour pour moi pécheur, que je t’aime toi seul, par dessus tout, que je ne sois consolé que par toi, mon Dieu très doux !

Ludolphe de Saxe

 

 

 

« Pourquoi pleures-tu ? » (Jn 20,13)

mercredi 2 novembre 2022

Qu’ils pleurent, ceux qui ne peuvent pas avoir l’espérance de la résurrection ; ce n’est pas la volonté de Dieu qui la leur ôte mais la dureté de ce qu’ils croient. Il faut qu’il y ait une différence entre les serviteurs du Christ et les païens. La voici : eux, ils pleurent les leurs qu’ils pensent morts pour toujours ; ils ne trouvent nulle fin à leurs larmes, n’atteignent nul repos pour leur tristesse…, tandis que pour nous la mort n’est pas la fin de notre existence mais la fin de notre vie. Puisque notre existence est restaurée par une condition meilleure, que donc l’arrivée de la mort balaie tous nos pleurs…

Combien notre consolation est plus grande, nous qui croyons que nos bonnes actions promettent des récompenses meilleures après la mort. Les païens ont leur consolation : c’est de penser que la mort est un repos pour tous nos maux. Comme ils pensent que leurs morts sont privés de jouir de la vie, ils pensent aussi qu’ils sont privés de toute faculté de sentir et libérés de la douleur des peines dures et incessantes que nous supportons dans cette vie. Mais nous, de même que nous devons avoir l’esprit plus élevé à cause de la récompense attendue, nous devons aussi mieux supporter notre douleur grâce à cette consolation… Nos morts ont été envoyés non pas loin de nous, mais avant nous — eux que la mort ne prendra pas, mais que l’éternité recevra.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

Solennité de la Toussaint

mardi 1 novembre 2022

Frères bien-aimés, veillons avec soin à tout ce qui touche à notre vie commune, « conservant l’unité de l’esprit dans le lien de la paix » par « la grâce de notre Seigneur Jésus Christ et l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit » (Ep 4,3; 2Co 13,13). De l’amour de Dieu procède l’unité de l’esprit ; de la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, le lien de la paix ; de la communion du Saint Esprit, cette communion qui est nécessaire à ceux qui vivent en commun. (…)

« Je crois, Seigneur, en l’Esprit Saint, en la sainte Église catholique, en la communion des saints » (Credo). Là est mon espérance, là est ma confiance, là est toute ma sécurité dans la confession de ma foi. (…) S’il m’est donné, Seigneur, de « t’aimer et d’aimer mon prochain » (Mt 22,37-39), bien que mes mérites soient de peu, mon espérance s’élève bien au-dessus. J’ai confiance que par la communion de la charité, les mérites des saints me seront utiles et qu’ainsi la communion des saints suppléera à mon insuffisance et à mon imperfection… La charité dilate notre espérance jusqu’à la communion des saints, dans la communion des récompenses. Mais celle-ci concerne les temps futurs : c’est la communion de la gloire qui sera révélée en nous.

Il y a donc trois communions : la communion de la nature, à laquelle s’est ajoutée la communion de la faute (…) ; la communion de la grâce ; et enfin celle de la gloire. Par la communion de la grâce, la communion de la nature commence d’être rétablie et celle de la faute est exclue ; mais par la communion de la gloire, celle de la nature sera réparée en perfection et la colère de Dieu sera tout à fait exclue, lorsque « Dieu essuiera toute larme des yeux » des saints (Is 25,8; Ap 21,4). Alors tous les saints auront comme « un seul cœur et une seule âme » ; et « toutes choses leur seront communes », car Dieu sera « tout en tous » (Ac 4,32; 1Co 15,28). Pour que nous parvenions à cette communion et que nous nous rassemblions dans l’un, « que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, et l’amour de Dieu, et la communion du Saint-Esprit soit toujours avec nous tous. Amen ».

Baudouin de Ford (?-v. 1190)