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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

« Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui. »

mardi 2 août 2022

« Ils se prosternaient, ils adoraient et jetaient leurs couronnes devant le trône, en disant : ‘ Tu es digne, Seigneur, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance ‘ » (Ap 4,10s). Comment imiter dans le ciel de mon âme cette occupation des bienheureux dans le ciel de la gloire ? Comment poursuivre cette louange, cette adoration ininterrompues ? Saint Paul me donne une lumière là-dessus lorsqu’il souhaite pour les siens que « le Père les fortifie par son Esprit, en sorte que Jésus Christ habite par la foi en leurs cœurs et qu’ils soient enracinés et fondés dans l’amour » (cf Ep 3,16s). Être enraciné et fondé dans l’amour : telle est, me semble-t-il, la condition pour remplir dignement son office de « louange de gloire » (Ep 1,6.12.14). L’âme qui pénètre et demeure en ces profondeurs de Dieu…, qui fait par conséquent tout « en lui, avec lui, par lui et pour lui »…, cette âme s’enracine plus profondément en Celui qu’elle aime, par chacun de ses mouvements, de ses aspirations, comme par chacun de ses actes, quelque ordinaires qu’ils soient. Tout en elle rend hommage au Dieu trois fois saint : elle est pour ainsi dire un Sanctus perpétuel, une louange de gloire incessante !

« Ils se prosternent, ils adorent, ils jettent leurs couronnes. » D’abord l’âme doit se prosterner, se plonger dans l’abîme de son néant, s’y enfoncer si profondément qu’elle…trouve la paix véritable, immuable et parfaite que rien ne trouble, car elle s’est précipitée si bas que personne n’ira la chercher là. Alors elle pourra adorer.

Sainte Élisabeth de la Trinité (1880-1906)

 

 

 

« Il prit les pains…, prononça la bénédiction, les rompit et les donna aux disciples. »

lundi 1 août 2022

« Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule » (Luc 9, 16).

L’Église naît du mystère pascal. C’est précisément pour cela que l’eucharistie, sacrement par excellence du mystère pascal, a sa place au centre de la vie ecclésiale. On le voit bien dès les premières images de l’Église que nous donnent les Actes des Apôtres : « Ils étaient fidèles à écouter l’enseignement des apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières » (2,42). L’eucharistie est évoquée dans la « fraction du pain ». Deux mille ans plus tard, nous continuons à réaliser cette image primitive de l’Église. Et tandis que nous le faisons dans la célébration de l’eucharistie, les yeux de l’âme se reportent au Triduum pascal, à ce qui s’est passé le soir du Jeudi saint, pendant la dernière Cène et après… L’agonie à Gethsémani a été l’introduction de l’agonie sur la croix le Vendredi saint : l’heure sainte, l’heure de la rédemption du monde…, heure de la glorification. Tout prêtre qui célèbre la messe revient en esprit, en même temps que la communauté chrétienne qui y participe, à ce lieu et à cette heure…

« Mysterium fidei — Mystère de la foi ! » Quand le prêtre prononce ou chante ces paroles, les fidèles disent l’acclamation : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » Par ces paroles, ou par d’autres semblables, l’Église désigne le Christ dans le mystère de sa Passion, et elle révèle aussi son propre mystère : Ecclesia de Eucharistia — l’Église vit de l’eucharistie. Si c’est par le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte que l’Église vient au jour et se met en route sur les chemins du monde, il est certain que l’institution de l’eucharistie au Cénacle est un moment décisif de sa constitution. Son fondement et sa source, c’est tout le Triduum pascal, mais celui-ci est comme contenu, anticipé et concentré pour toujours dans le don de l’eucharistie. Dans ce don, Jésus Christ confiait à l’Église l’actualisation permanente du mystère pascal.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Construire d’autres greniers

dimanche 31 juillet 2022

« Insensé, cette nuit même on te redemandera ta vie, et ce que tu as amassé, qui donc l’aura ? » La conduite de cet homme est plus dérisoire que le châtiment éternel n’est rigoureux. En effet, cet homme qui va être enlevé de ce monde dans si peu de temps, quels projets agite-t-il dans son esprit ? « Je vais démolir mes greniers et j’en rebâtirai de plus grands. » Moi, je lui dirais volontiers : Tu fais bien, car les greniers de l’injustice ne méritent que d’être démolis. De tes propres mains, détruis de fond en comble ce que tu as bâti malhonnêtement. Laisse s’écrouler tes réserves de blé qui n’ont jamais soulagé personne. Fais disparaître tout bâtiment qui abrite ton avarice, enlève les toits, renverse les murs, expose au soleil le blé qui moisit, sors de leur prison les richesses qui y étaient captives…

« Je vais démolir mes greniers et j’en rebâtirai de plus grands. » Une fois que tu les auras remplis à leur tour, que vas-tu décider ? Les démoliras-tu pour en rebâtir d’autres une fois encore ? Y a-t-il pire folie que de se tourmenter sans fin, construire avec acharnement et vite démolir ? Si tu le veux, tu as pour greniers les maisons des pauvres. « Amasse-toi des trésors dans le ciel » : ce qui est entreposé là, « les vers ne le mangent pas, la rouille ne le ronge pas, les voleurs ne le dérobent pas » (Mt 6,20).

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

« Celui qui se détache de sa vie en ce monde la garde pour la vie éternelle. » (Jn 12,25)

samedi 30 juillet 2022

Celui qui aime sa propre vie (Jn 12,25) ne peut pas aimer Dieu, mais celui qui, à cause des richesses débordantes de l’amour divin, ne s’attache pas à lui-même, celui-là aime Dieu. Un tel homme ne cherche jamais sa propre gloire mais celle de Dieu, car celui qui aime sa propre vie cherche sa propre gloire. Celui qui s’attache à Dieu aime la gloire de son créateur. En effet, c’est le propre d’une âme sensible à l’amour de Dieu que de chercher constamment la gloire de Dieu chaque fois qu’elle accomplit les commandements, et de se réjouir de son propre abaissement. Car la gloire convient à Dieu en raison de sa grandeur, et l’abaissement convient à l’homme, car il fait de lui le familier de Dieu. Si nous agissons ainsi, nous serons joyeux à l’exemple de saint Jean Baptiste et nous commencerons à répéter sans relâche : « Lui, il faut qu’il grandisse, et moi, que je diminue » (Jn 3,30).

Diadoque de Photicé (v. 400-?)

 

 

 

Marthe lui dit : « Oui, Seigneur, je le crois. »

vendredi 29 juillet 2022

Le Christ est venu pour ressusciter Lazare, mais l’éclat de ce miracle sera la cause immédiate de son arrestation et de sa crucifixion (Jn 11,46s). (…) Il sentait bien que Lazare revenait à la vie au prix de son propre sacrifice ; il se sentait lui-même descendre au tombeau d’où il allait faire sortir son ami ; il sentait que Lazare devait vivre et que lui-même devait mourir. Les apparences allaient se renverser : il y aurait un festin chez Marthe (Jn 12,1s), mais la dernière pâque de tristesse lui revenait à lui. Et Jésus savait qu’il acceptait totalement ce renversement : il était venu du sein de son Père pour racheter par son sang tout le péché des hommes et ainsi faire remonter tout croyant de sa tombe comme son ami Lazare — les ramener à la vie, non pour un temps, mais pour toujours. (…)

Face à l’ampleur de ce qu’il envisageait de faire dans cet unique acte de miséricorde, Jésus a dit à Marthe : « Je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais ». Faisons nôtre cette parole de réconfort, à la fois face à notre propre mort et à celle de nos amis : là où il y a foi en Christ, le Christ est là en personne. « Le crois-tu ? » demande-t-il à Marthe. Là où un cœur peut répondre comme Marthe : « Oui, je le crois », là le Christ se rend miséricordieusement présent. Bien qu’invisible, il se tient là, même devant un lit de mort ou une tombe, que ce soit nous-mêmes qui dépérissons ou ceux que nous aimons. Que son nom soit béni ! Rien ne peut nous enlever cette consolation. Par sa grâce, nous sommes aussi sûrs qu’il est là avec tout son amour que si nous le voyions. Après notre expérience de ce qui est arrivé à Lazare, nous ne douterons pas un instant qu’il est plein d’égards pour nous et qu’il se tient à nos côtés. (…)

Saint John Henry Newman (1801-1890)

 

 

 

« Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire en lui ne verra pas la vie. » (Jn 3,36)

jeudi 28 juillet 2022

[Sainte Catherine a entendu Dieu dire : ] Au dernier jour du jugement, lorsque le Verbe, mon Fils, revêtu de ma majesté, viendra juger le monde avec sa puissance divine, il ne viendra pas comme ce pauvre misérable qu’il était lors de sa naissance du sein de la Vierge, dans une étable au milieu des animaux, ou tel qu’il est mort, entre deux larrons. Alors, ma puissance était cachée en lui ; je lui laissais endurer comme homme peines et tourments. Non point que ma nature divine ait été séparée de la nature humaine, mais je le laissais souffrir comme un homme pour expier vos fautes. Non, ce n’est pas ainsi qu’il viendra au moment suprême : il viendra dans toute la puissance et dans tout l’éclat de sa propre personne…

Aux justes, il inspirera en même temps qu’une crainte respectueuse, une grande jubilation. Non pas que son visage change : son visage, en vertu de la nature divine, est immuable parce qu’il ne fait qu’un avec moi, et en vertu de la nature humaine son visage est également immuable puisqu’il a assumé la gloire de la résurrection. Aux yeux des réprouvés il apparaîtra terrible, parce que c’est avec cet œil d’épouvante et de trouble qu’ils portent au-dedans d’eux-mêmes que les pécheurs le verront.

N’est-ce pas ce qui se passe pour un œil malade ? Dans le soleil brillant il ne voit que ténèbres, alors que l’œil sain y voit la lumière. Ce n’est pas que la lumière ait quelque défaut ; ce n’est pas le soleil qui change. Le défaut est dans l’œil aveugle. C’est ainsi que les réprouvés verront mon Fils dans les ténèbres, la haine et la confusion. Ce sera la faute de leur propre infirmité et non pas à cause de ma majesté divine avec laquelle mon Fils apparaîtra pour juger le monde.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

Les paraboles du trésor et de la perle

mercredi 27 juillet 2022

Les deux paraboles du trésor et de la perle enseignent la même chose : qu’il faut préférer l’Évangile à tous les trésors du monde… Mais il y a quelque chose de plus méritoire encore : il faut le préférer avec plaisir, avec joie et sans hésiter. Ne l’oublions jamais : renoncer à tout pour suivre Dieu, c’est gagner plutôt que perdre. La prédication de l’Évangile est cachée dans ce monde comme un trésor caché, un trésor inestimable.

Pour se procurer ce trésor…, deux conditions sont nécessaires : le renoncement aux biens de ce monde et un courage solide. Il s’agit, en effet, « d’un négociant en recherche de perles fines qui, en ayant trouvé une de grand prix, s’en va vendre tout ce qu’il possède pour l’acheter ». Cette perle unique, c’est la vérité, et la vérité est une, elle ne se divise pas. Possèdes-tu une perle ? Toi, tu connais ta richesse : elle est renfermée dans le creux de ta main ; tout le monde ignore ta fortune. Il en est de même avec l’Évangile : si tu l’embrasses avec foi, s’il reste enfermé dans ton cœur, quel trésor ! Toi seul en as la connaissance : les incroyants, qui ignorent sa nature et sa valeur, n’ont aucune idée de ta richesse incomparable.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

En parabole

jeudi 21 juillet 2022

Cet été, comme les disciples de Jésus, assis au bord de la mer de Tibériade ou sur la montagne des Béatitudes, posons-nous, accueillons sa parole, méditons-la. Il suffit parfois d’une parole de Jésus accueillie en un cœur réceptif pour transformer une vie. « Il n’y a pas, je crois, de parole qui ait fait sur moi une plus profonde impression, et transformé ma vie que celle-ci : “Tout ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites”, témoigne Charles de Foucauld. Quant à saint François d’Assise, à partir du moment où il entendit l’évangile de l’envoi en mission, il fut habité par le Christ. » Alors « Aujourd’hui, puissiez-vous écouter ma parole, n’endurcissez pas votre cœur » (psaume 94).

Annick, membre du Foyer de Charité de Lacépède
Extrait de la méditation du jour sur hozana.org, 16/07/2017

Marthe et Marie

dimanche 17 juillet 2022

Sainte Marthe était sainte, bien qu’on ne dise pas qu’elle était contemplative. Et que pouvez-vous désirer de plus que de ressembler à cette femme bienheureuse, qui a mérité de recevoir tant de fois Jésus Christ notre Seigneur dans sa maison, de lui préparer sa nourriture, de le servir, de manger à sa table ? Si elle était demeurée absorbée comme sa sœur, il n’y aurait eu personne pour préparer le repas de cet Hôte divin. Eh bien ! imaginez que notre monastère est la maison de sainte Marthe et qu’il doit y avoir différentes façons de servir. Celles que Dieu conduit par la vie active ne doivent pas murmurer contre celles qu’elles verront très absorbées dans la contemplation. (…) Qu’elles s’estiment heureuses de servir avec Marthe. Qu’elles songent également que la véritable humilité consiste, en grande partie, dans l’acceptation empressée de ce qu’il plaît au Seigneur d’ordonner de nous, et dans la conviction qu’on est indigne de porter le nom de ses serviteurs.

Donc, si contempler, faire oraison mentale ou vocale, soigner les malades, servir dans les emplois de la maison, assurer les travaux, même les plus vils, n’est autre chose que rendre ses devoirs à l’hôte divin qui vient loger, manger et se reposer chez nous, que nous importe de le servir d’une manière ou d’une autre ? Je suis loin de dire que vous ne devez pas vous efforcer d’arriver à la contemplation, je dis simplement que vous devez vous exercer à des fonctions diverses. La contemplation, en effet, n’est pas laissée à votre choix, mais à celui du Seigneur. (…) Laissez faire le Maître de la maison.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

 

« Il ne protestera pas, il ne criera pas. »

samedi 16 juillet 2022

Notre Seigneur n’a pas été comparé à un lion quand il a été conduit à la mort… Comme un agneau, une brebis, il gardait le silence quand il a été conduit à sa Passion et à la mort : « Il se taisait comme une brebis devant le tondeur. Il n’a pas ouvert la bouche » dans son humiliation (Is 53,7)…

Debout devant le juge et interrogé, lui, le Maître et docteur de toute sagesse, ne répond pas…, afin d’accomplir cette parole : « Il a été conduit à l’abattoir comme un agneau » (Is 53,7). Ils le guident, le conduisent d’un lieu à un autre, le mènent d’un endroit à un autre, le traînant d’un juge à un autre comme s’il était muet. Devant Anne, il se tait (Jn 18,13) ; jusqu’à ce que celui-ci l’ait adjuré, il ne parle pas. Interrogé par Pilate, il garde le silence ; et jusqu’à ce qu’il ait entendu sa question : « Es-tu le roi des Juifs ? » (Jn 18,33)… il ne répond pas. Ils l’ont conduit alors à Hérode qui l’a interrogé pour voir et entendre de sa bouche des choses extraordinaires et pour le tenter (Lc 23,8s) : là encore, il a gardé le silence, n’a pas parlé, n’a pas répondu à son interrogateur. On le regardait comme un fou qui ne sait rien, comme un insensé qui n’a pas de réponse. Ses ennemis ont pensé ce qu’ils ont voulu, mais lui n’a pas abandonné l’innocence de l’agneau.

Philoxène de Mabboug (?-v. 523)