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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

« Le Fils de l’Homme est maître du sabbat. »

vendredi 15 juillet 2022

Dans la Loi donnée par Moïse…, Dieu ordonnait à tous de se reposer et de ne faire aucun travail le jour du sabbat. Mais celui-ci était « une image et une ombre » (He 8,5) du véritable sabbat, qui est accordé à l’âme par le Seigneur. En effet, l’âme qui a été jugée digne du véritable sabbat cesse de s’adonner à ses préoccupations honteuses et avilies et s’en repose ; elle célèbre le véritable sabbat et jouit du véritable repos, étant délivrée de toutes les œuvres des ténèbres…

Jadis, il était prescrit que même les animaux dénués de raison devaient se reposer le jour du sabbat : le bœuf ne devait pas être soumis au joug, ni l’âne porter de fardeau, car les animaux eux-mêmes se reposaient des travaux pénibles. En venant parmi nous et en nous donnant le sabbat véritable et éternel, le Seigneur a apporté le repos à l’âme qui était chargée et accablée du fardeau du péché, et qui, sous la contrainte, accomplissait des œuvres de l’injustice, assujettie qu’elle était à des maîtres cruels. Il l’a soulagée du poids intolérable des idées vaines et ignobles ; il l’a affranchie du joug amer des œuvres d’injustice, et il lui a donné le repos.

En effet, le Seigneur appelle l’homme au repos en lui disant : « Venez, vous tous qui peinez et êtes accablés, et je vous donnerai le repos » (Mt 11,28). Et toutes les âmes qui lui font confiance et s’approchent de lui…célèbrent un sabbat véritable, délicieux et saint, une fête de l’Esprit, dans une joie et une allégresse inexprimables. Elles rendent à Dieu un culte pur qui lui plaît, procédant d’un cœur pur. C’est là le sabbat véritable et saint.

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

 

« Mon joug est facile à porter. »

jeudi 14 juillet 2022

Dieu porte en lui une très grande humilité. Il peut s’abaisser vers des gens comme nous et devenir dépendant de nous pour des actes comme vivre, grandir, porter des fruits. Il aurait tout à fait pu le faire sans nous. Pourtant, il s’est abaissé jusqu’à nous, a mené chacun d’entre nous ici, pour nous appeler ensemble et former cette communauté. Si vous aviez refusé, il n’aurait pas pu le faire. En effet, nous aurions pu refuser ; chacun aurait pu dire non. Dieu aurait patiemment attendu que quelqu’un dise oui.

Ce qui me fait comprendre cela, c’est lorsque Jésus dit : « Apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur. » Il a vraiment voulu que nous retenions que notre appel à chacun est vraiment un don de Dieu lui-même.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)

 

 

 

« Tu l’as révélé aux tout-petits. »

mercredi 13 juillet 2022

Lorsque ta nature hésite devant les mystères trop profonds de la foi, dis sans crainte, non pour t’opposer, mais avec le désir d’obéir [comme Marie] : « Comment cela arrivera-t-il ? » (Lc 1,34) Que ta question soit une prière ; qu’elle soit amour, dévotion, humble désir ; qu’elle ne scrute pas avec hauteur la majesté divine, mais qu’elle cherche le salut dans les moyens de salut du Dieu de notre délivrance…

« Personne ne connaît les secrets de Dieu sinon l’Esprit de Dieu » (1Co 2,11). Hâte-toi donc de communier à l’Esprit Saint. Il est là dès qu’on l’invoque ; si on l’invoque, c’est qu’il est déjà présent. Dès que tu l’appelles, il vient ; il arrive dans l’abondance des bénédictions divines. C’est lui « le fleuve impétueux qui réjouit la cité de Dieu » (Ps 45,5). Lors de sa venue, s’il te trouve humble et sans inquiétude, mais tremblant à la parole de Dieu, il reposera sur toi (Lc 1,35) et te révélera ce que Dieu cache aux sages et aux prudents de ce monde. Alors commenceront à briller pour toi toutes ces vérités que la Sagesse (1Co 1,24) pouvait dire aux disciples alors qu’elle était sur terre, mais qu’ils ne pouvaient pas porter avant la venue de l’Esprit de vérité qui leur enseignerait la vérité toute entière (Jn 16,12-13).

Guillaume de Saint-Thierry (v. 1085-1148)

 

 

 

« Parce qu’elles ne s’étaient pas converties. »

mardi 12 juillet 2022

Quels chemins tortueux faut-il parcourir pour atteindre la simplicité !… Très souvent, si nous ne pratiquons pas la vertu, c’est dû à notre manière d’être compliquée, qui rejette la simplicité. Très souvent, nous n’arrivons pas à comprendre la magnificence qui se cache dans un acte de simplicité. Nous cherchons ce qui est grand dans ce qui est compliqué ; nous cherchons la magnificence des choses dans leur difficulté…

La vertu, Dieu, la vie intérieure : comme il me semblait difficile de vivre cela ! Maintenant, ce n’est pas que j’aie la vertu, ou que mes connaissances sur Dieu et la vie de l’esprit soient complètement claires, mais j’ai vu qu’on arrive à cela précisément par tout le contraire, par la simplicité du cœur et par la pureté de l’esprit… Oui, effectivement ; pour avoir la vertu il n’est pas nécessaire de faire un plan de carrière, ni de se consacrer à de longues études ; il suffit de l’acte simple de vouloir ; il suffit souvent de la simple volonté. Pourquoi donc n’avons-nous pas plus souvent la vertu ? Parce que nous ne sommes pas simples ; parce que nous compliquons nos désirs ; parce que, tout ce que nous voulons, notre peu de volonté nous le rend difficile. Elle se laisse entraîner par ce qui lui plaît, par ce qui est commode, par ce qui n’est pas nécessaire, et très souvent par les désirs déréglés… Si nous le voulions, nous serions saints, et c’est beaucoup plus difficile d’être ingénieur que d’être saint.

Saint Raphaël Arnáiz Barón (1911-1938)

 

 

 

« Il est descendu du ciel. » (Credo)

dimanche 10 juillet 2022

« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. » Le Christ (…) n’a pas dit « quelqu’un descendait » mais « un homme descendait », car le passage concerne toute l’humanité. Celle-ci, par suite de la faute d’Adam, a quitté le séjour élevé, calme, sans souffrance et merveilleux du paradis, nommé à bon droit Jérusalem — nom qui signifie « la Paix de Dieu » — et est descendu vers Jéricho, pays creux et bas, où la chaleur est étouffante. Jéricho, c’est la vie fiévreuse de ce monde, vie qui sépare de Dieu. (…) Une fois donc que l’humanité s’est détournée du bon chemin vers cette vie (…), la troupe des démons sauvages vient l’attaquer à la manière d’une bande de brigands. Ils la dépouillent des vêtements de la perfection, ils ne lui laissent aucune trace de la force d’âme, ni de la pureté, ni de la justice, ni de la prudence, ni de rien de ce qui caractérise l’image divine (Gn 1,26), mais la frappant ainsi par les coups répétés des divers péchés, ils l’abattent et la laissent enfin à demi morte. (…)

La Loi donnée par Moïse a passé (…), mais elle a manqué de force, elle n’a pas conduit l’humanité à une guérison complète, elle n’a pas relevé celle qui gisait. (…) Car la Loi offrait des sacrifices et des offrandes « qui ne pouvaient pas rendre parfaits, sous le rapport de la conscience, ceux qui pratiquaient ce culte » parce que « le sang des taureaux et des boucs était impuissant à ôter les péchés » (He 10,1.4). (…)

Enfin un Samaritain vint à passer. Le Christ se donne exprès le nom de Samaritain. Car (…) c’est lui-même qui est venu, accomplissant le dessein de la Loi et faisant voir par ses œuvres « qui est le prochain » et qu’est-ce que « aimer les autres comme soi-même ».

Saint Sévère d’Antioche

« Comme des brebis au milieu des loups. »

vendredi 8 juillet 2022

Je t’exhorte, par la grâce dont tu es revêtu, à redoubler d’ardeur et à exhorter tous les frères pour qu’ils soient sauvés. Justifie ta dignité épiscopale par une vigilance incessante de chair et d’esprit ; aie souci de l’unité : rien ne la dépasse. Porte avec patience tous les frères comme le Seigneur te porte toi-même ; supporte-les tous avec amour, comme tu le fais d’ailleurs. Prie sans relâche ; demande une sagesse plus grande encore ; veille et garde ton esprit en alerte ; parle à chacun en particulier, à l’exemple de Dieu. « Porte les infirmités » (cf Mt 8,17) de tous comme un athlète accompli. Là où l’effort est plus grand, il y a plus de gain.

Si tu n’aimes que les bons disciples, tu n’as pas de mérite ; ce sont surtout les plus atteints qu’il te faut soumettre par la douceur. On n’applique pas le même baume sur toutes les blessures ; apaise les crises aiguës avec des compresses humides. En toutes choses, « sois astucieux comme le serpent » et toujours « candide comme la colombe ». Toi qui es chair et esprit, traite avec bonté ce qui tombe sous les sens, mais prie aussi pour que le monde invisible te soit révélé. Ainsi tu ne manqueras de rien ; tu seras riche de tous les dons de l’Esprit.

Comme le navigateur invoque les vents et le marin assailli par la tempête appelle le port, ainsi ce temps t’invite à rejoindre Dieu. Pratique la sobriété, en athlète de Dieu, et tu gagneras pour prix la vie éternelle et impérissable. (…) Un grand athlète triomphe malgré les coups. C’est surtout à cause de Dieu que nous devons accepter toutes les épreuves, afin que lui aussi nous accepte. Redouble de zèle ; examine bien cette époque. Attends Celui qui est au-delà du temps, éternel, invisible, mais qui pour nous s’est laissé voir — Celui qui, intangible et incapable de souffrir, a connu la Passion et a consenti à toutes les souffrances.

Saint Ignace d’Antioche (?-v. 110)

 

 

 

« Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle. »

jeudi 7 juillet 2022

« À la maison dans laquelle vous entrerez, dites d’abord : Je te salue ; paix à toi » (Lc 10,5) pour que le Seigneur lui-même y entre et y séjourne, comme auprès de Marie. (…) Cette salutation est le mystère de la foi qui rayonne dans le monde ; par elle, la haine est étouffée, la guerre arrêtée et les hommes se reconnaissent mutuellement. L’effet de cette salutation était caché par un voile, malgré la préfiguration du mystère de la résurrection (…) qui survient chaque fois que la lumière se lève et que l’aurore chasse la nuit. À partir de ce moment où le Christ a envoyé ses disciples pour la première fois, les hommes ont commencé à donner et à recevoir cette salutation, source de guérison et de bénédiction. (…)

Cette salutation, avec sa puissance cachée (…), suffit amplement pour tous les hommes. C’est pourquoi Notre Seigneur l’a envoyée avec ses disciples en avant-coureur, pour qu’elle réalise la paix et que, portée par la voix des apôtres, ses envoyés, elle prépare le chemin devant eux. Elle était semée dans toutes les maisons (…) ; elle entrait dans tous ceux qui l’entendaient, pour séparer et mettre à part ses enfants qu’elle reconnaissait. Elle restait en eux, mais dénonçait ceux qui lui étaient étrangers, car ils ne l’accueillaient pas.

Cette salutation de paix ne tarissait pas, jaillissant des apôtres dans leurs frères, dévoilant les trésors inépuisables du Seigneur. (…) Présente en ceux qui la donnaient et en ceux qui l’accueillaient, cette annonce de la paix n’en subissait ni diminution ni division. Du Père, elle annonçait qu’il est près de tous et en tous ; de la mission du Fils, elle révélait qu’il est tout entier auprès de tous, même si sa fin est auprès de son Père. Elle ne cessa pas de proclamer que les images sont désormais accomplies et que la vérité chasse enfin les ombres.

Saint Éphrem (v. 306-373)

 

 

 

« Et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra. »

mercredi 6 juillet 2022

01-enseignement

« Le Christ appela ses disciples et en choisit douze » pour les envoyer, semeurs de la foi, propager le secours et le salut des hommes dans le monde entier. Remarquez ce plan divin : ce ne sont pas des sages, ni des riches, ni des nobles, mais des pécheurs et des publicains qu’il a choisis pour les envoyer, de crainte qu’ils ne semblent avoir été entraînés par l’habileté, rachetés par les richesses, attirés à sa grâce par le prestige du pouvoir et de la notoriété. Il a fait ainsi pour que la victoire vienne du bien-fondé de la vérité, et non pas du prestige du discours.

Judas lui-même est choisi, non par mégarde mais en connaissance de cause. Quelle grandeur de cette vérité que même un serviteur ennemi ne peut pas affaiblir ! Quel trait de caractère du Seigneur, qui préfère compromettre à nos yeux son jugement plutôt que son amour ! Il s’était chargé de la faiblesse humaine et n’a pas refusé même cet aspect de la faiblesse humaine. Il a voulu l’abandon, il a voulu la trahison, il a voulu être livré par son apôtre, pour que toi, si un compagnon t’abandonne, si un compagnon te trahit, tu prennes avec calme cette erreur de jugement et la dilapidation de ta bonté.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Luc, V, 44-45 (trad. cf SC 45, p. 199)

 

 

 

La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux.

mardi 5 juillet 2022

C’est la crise ! La foule innombrable est en attente du salut, mais trop peu de pasteurs sont en mesure de le lui proposer. En lisant ces lignes, je pense à tous mes amis qui ne font plus confiance aux institutions religieuses et qui se trouvent perdus, errant sur les chemins d’une foi solitaire. Jésus constate le problème, mais ne le résout pas lui-même. Il demande aux disciples de prier Dieu pour qu’il intervienne. C’est à lui d’envoyer des ouvriers à la moisson, des pasteurs qui s’occupent des brebis, pour que la foule désemparée et abattue se trouve rassurée, encouragée, conduite.
Mais, dans le contexte de la Palestine au temps de Jésus, les pasteurs ne manquent pourtant pas : prêtres, scribes, pharisiens, guides de toute sorte sont omniprésents. À ce clergé qui s’est, d’une certaine manière, perpétué jusqu’à aujourd’hui, on pourra ajouter les gourous, leaders d’opinion de toute sorte et autres coaches de vie personnelle.

Le monde n’a finalement jamais manqué de guides qui enseignent ce qu’il faut faire ou penser. Si « les ouvriers sont peu nombreux », cela ne signifie donc pas qu’il manque de pasteurs, mais plutôt qu’il manque de pasteurs qualifiés. Hier comme aujourd’hui, les mauvais pasteurs sont à l’œuvre, aveugles guidant des aveugles* et pillards de toute sorte** qui, d’abus en négligence, finissent par faire fuir les brebis.
Souvent, nous prions pour les vocations. Jésus nous invite plutôt à demander des pasteurs selon son cœur. Bien que beaucoup soient déjà à l’œuvre, les bergers qui manquent à ce troupeau éparpillé, ce sont ceux qui aiment leurs brebis, qui vivent avec elles et non au-dessus, qui sont à leur écoute, qui connaissent leurs noms et leurs situations particulières, qui donnent leur vie pour qu’elles s’épanouissent fortes et libres. N’est-ce pas ainsi que ces brebis bien conduites auront un jour le désir de devenir pasteurs à leur tour, et que la crise pourra se résoudre ?

* Matthieu ch 15, v 14.
**Jean ch 10, v 10-13.

Méditation de Frère Jocelyn Dorvault, dominicain
Jésus et les foules sans berger
matthieu.retraitedanslaville.org

 

 

 

 

 

« La foule rendit gloire à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes. »

jeudi 30 juin 2022

Citation MMDH juin 2000

Le paralysé, incurable, était étendu sur son lit. Après avoir épuisé l’art des médecins, il est venu, porté par les siens, vers le seul vrai médecin, le médecin qui vient du ciel. Mais quand il a été placé devant celui qui pouvait le guérir, c’est sa foi qui a attiré le regard du Seigneur. Pour bien montrer que cette foi détruisait le péché, Jésus a déclaré aussitôt : « Tes péchés sont pardonnés. » On me dira peut-être : « Cet homme voulait être guéri de sa maladie, pourquoi le Christ lui annonce-t-il la rémission de ses péchés ? » C’était pour que tu apprennes que Dieu voit le cœur de l’homme dans le silence et sans bruit, qu’il contemple les chemins de tous les vivants. L’Écriture dit en effet : « Les yeux du Seigneur observent les chemins de l’homme, ils surveillent tous ses sentiers » (Pr 5,21)…

Pourtant quand le Christ disait : « Tes péchés sont pardonnés », il laissait le champ libre à l’incrédulité de l’assistance ; le pardon des péchés ne se voit pas avec nos yeux de chair. Alors quand le paralysé se lève et marche, il manifeste avec évidence que le Christ possède la puissance de Dieu…

Qui possède ce pouvoir ? Lui seul ou nous aussi ? Nous aussi avec lui. Lui, il pardonne les péchés parce qu’il est l’homme-Dieu, le Seigneur de la Loi. Quant à nous, nous avons reçu de lui cette grâce admirable et merveilleuse, car il a voulu donner à l’homme ce pouvoir. Il a dit en effet aux apôtres : « Je vous le dis, en vérité : tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel » (Mt 18,18). Et encore : « Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis » (Jn 20,23).

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église
Commentaire de l’évangile de Luc, 5 ; PG 72, 565