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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

Offrir un sacrifice à Dieu

lundi 23 mai 2022

« Je vous exhorte, mes frères, par la miséricorde de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint » (Rm 12,1). Par cette demande, l’apôtre Paul élève tous les hommes à participer au sacerdoce. (…) L’homme ne cherche pas au dehors ce qu’il va offrir à Dieu mais apporte avec lui et en lui ce qu’il va sacrifier à Dieu pour son propre bienfait (…) « Je vous exhorte par la miséricorde de Dieu. » Frères, ce sacrifice est à l’image du Christ qui a immolé son corps ici-bas et offert sa vie pour la vie du monde. En vérité il a fait de son corps un sacrifice vivant, lui qui vit encore après avoir été tué. Dans ce si grand sacrifice, la mort est anéantie, elle est emportée par le sacrifice. (…) C’est pourquoi les martyrs naissent au moment de leur mort et commencent leur vie quand ils la finissent ; ils vivent quand ils sont tués et brillent au ciel quand on croyait sur terre qu’ils s’étaient éteints. (…)

Le prophète a chanté : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation mais tu m’as façonné un corps » (Ps 39,7). Sois à la fois le sacrifice offert et celui qui l’offre à Dieu. Ne perds pas ce que la puissance de Dieu t’a accordé. Revêts le manteau de la sainteté. Prends la ceinture de chasteté. Que le Christ soit le voile de ta tête ; la croix, la protection de ton front qui te donne la persévérance. Conserve dans ton cœur le sacrement de l’Écriture divine. Que ta prière brûle toujours comme un encens agréable à Dieu. Prends « le glaive de l’Esprit » (Ep 6,17) ; que ton cœur soit l’autel où tu pourras, sans crainte, offrir toute ta personne et toute ta vie. (…)

Offre ta foi pour punir l’incroyance ; offre ton jeûne pour mettre fin à la voracité ; offre ta chasteté pour que meure la sensualité ; sois fervent pour que cesse la malfaisance ; fais œuvre de miséricorde pour mettre fin à l’avarice ; et pour supprimer la sottise, offre ta sainteté. Ainsi ta vie deviendra ton offrande si elle n‘a pas été blessée par le péché. Ton corps vit, oui, il vit, toutes les fois qu’en faisant mourir le mal en toi, tu offres à Dieu des vertus vivantes.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

 

« Si quelqu’un m’aime … nous viendrons chez lui ; nous irons demeurer auprès de lui. »

dimanche 22 mai 2022

J’étais une fois profondément recueillie dans la divine compagnie que j’ai toujours en mon âme ; Dieu me paraissait tellement présent en moi que je songeais à cette parole de saint Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16). Et en effet, il me semblait que le Dieu vivant habitait réellement dans mon âme. Cette présence est différente de certaines visions que j’ai eues : elle donne une telle force à la foi que l’on ne peut aucunement douter que la Trinité est en notre âme par présence, par puissance et par essence. L’âme retire un immense profit de l’intelligence de cette vérité. Comme j’étais saisie d’effroi en voyant une si haute Majesté présente dans une créature aussi basse que mon âme, j’entendis ces paroles : « Ton âme n’est pas basse, ma fille, car elle est faite à mon image » (Gn 1,27). (…)

Jouissant un jour de la présence des trois Personnes que je porte en mon âme, la lumière dans laquelle je les voyais en moi était si vive, qu’il n’y avait aucun doute que ce ne soit là le Dieu vivant, le vrai Dieu. (…) Je songeais combien la vie est amère, puisqu’elle nous empêche de nous tenir toujours en cette si admirable compagnie. (…) Et le Seigneur m’a dit : « Ma fille, après cette vie, tu ne pourras plus me servir de la même manière que maintenant. Alors, que tu manges ou que tu dormes, quoi que tu fasses, fais-le par amour pour moi, comme si tu ne vivais plus toi-même, mais moi en toi. C’est là ce que disait saint Paul » (Ga 2,20).

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

« Vous n’appartenez pas au monde, puisque mon choix vous a tirés du monde. »

samedi 21 mai 2022

Tous les bons et fidèles chrétiens, mais surtout les glorieux martyrs, peuvent dire : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8,31). Contre eux le monde grondait, les peuples préparaient de vains complots, les princes se liguaient (Ps 2,1) ; on inventait de nouveaux tourments et imaginait contre eux d’incroyables supplices. On les accablait d’opprobre et d’accusations mensongères, on les enfermait dans des cachots insupportables, on labourait leur chair avec des ongles de fer, on les massacrait à coups d’épée, on les exposait aux bêtes, les livrait aux flammes, et ces martyrs du Christ s’écriaient : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? »

Le monde entier est contre vous, et vous dites : « Qui sera contre nous ? » Mais les martyrs nous répondent : « Qu’est-ce pour nous que ce monde tout entier, quand nous mourons pour celui par qui le monde a été fait ? » Qu’ils disent donc, les martyrs, qu’ils le redisent, et que nous écoutions et disions avec eux : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Ils peuvent déchaîner leur fureur, nous injurier, nous accuser injustement, nous couvrir de calomnies ; ils peuvent non seulement tuer mais torturer. Que feront-ils les martyrs ? Ils répéteront : « Voici que Dieu vient à mon secours, c’est le Seigneur qui soutient mon âme » (Ps 53,6)… Or, si le Seigneur est le soutien de mon âme, en quoi le monde peut-il me nuire ? … C’est lui aussi qui rétablira mon corps… « Tous vos cheveux sont comptés » (Lc 12,7)… Disons donc, disons avec foi, disons avec espérance, avec un cœur brûlant de charité : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? »

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Aimer Dieu et son prochain

vendredi 20 mai 2022

Plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu. Pour que vous compreniez le sens de cette parole, je vais vous donner une image tirée des Pères : Supposez un cercle tracé sur la terre, c’est-à-dire une ligne tirée en rond avec un compas, et un centre. On appelle précisément centre le milieu du cercle. Appliquez votre esprit à ce que je vous dis. Imaginez que ce cercle c’est le monde, le centre Dieu, et les rayons les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les saints, désirant approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l’intérieur, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s’approchent de Dieu, plus ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu.

Et vous comprenez qu’il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l’extérieur : il est évident alors que, plus on s’éloigne de Dieu, plus on s’éloigne les uns des autres, et que plus on s’éloigne les uns des autres, plus on s’éloigne aussi de Dieu.

Telle est la nature de la charité. Dans la mesure où nous sommes à l’extérieur et que nous n’aimons pas Dieu, dans la même mesure nous avons chacun de l’éloignement à l’égard du prochain. Mais si nous aimons Dieu, autant nous approchons de Dieu par la charité pour lui, autant nous communions à la charité du prochain ; et autant nous sommes unis au prochain, autant nous le sommes à Dieu.

Dorothée de Gaza (v. 500-?)

 

 

« Pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie. »

jeudi 19 mai 2022

L’Évangile, où resplendit la croix glorieuse du Christ, invite avec insistance à la joie. Quelques exemples suffisent : « Réjouis-toi » est le salut de l’ange à Marie. La visite de Marie à Élisabeth fait en sorte que Jean tressaille de joie dans le sein de sa mère. Dans son cantique, Marie proclame : « Mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur. » Quand Jésus commence son ministère, Jean s’exclame : « Telle est ma joie, et elle est complète. » Jésus lui-même « tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit-Saint. » Son message est source de joie : « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie. » Notre joie chrétienne jaillit de la source de son cœur débordant. Il promet aux disciples : « Vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie. » Et il insiste : « Je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera. » Par la suite les disciples, le voyant ressuscité, « furent remplis de joie »… Pourquoi ne pas entrer nous aussi dans ce fleuve de joie ?…

Cependant, je reconnais que la joie ne se vit pas de la même façon à toutes les étapes et dans toutes les circonstances de la vie, parfois très dure. Elle s’adapte et se transforme, et elle demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout. Je comprends les personnes qui deviennent tristes à cause des graves difficultés qu’elles doivent supporter. Cependant peu à peu, il faut permettre à la joie de la foi de commencer à s’éveiller, comme une confiance secrète mais ferme, même au milieu des pires soucis : « Mon âme est exclue de la paix, j’ai oublié le bonheur !… Voici ce que je rappellerai à mon cœur pour reprendre espoir : les bontés du Seigneur ne sont pas finies, ni sa compassion épuisée ; elles se renouvellent chaque matin, sa fidélité est grande… Il est bon d’attendre en silence le salut du Seigneur. »

Pape François

(Références bibliques : Lc 1,28 (grec); 1,41; 1,47; Jn 3,29; Lc 10,21; Jn 15,11; 16,20; 16,22; 20,20; Lm 3,17-26)

« C’est ma paix que je vous donne. »

mardi 17 mai 2022

Moïse a écrit dans la Loi : « Dieu fit l’homme à son image et à sa ressemblance » (Gn 1,26). (…) À nous donc de refléter pour notre Dieu, pour notre Père, l’image inviolée de sa sainteté (…). Ne soyons pas les peintres d’une image étrangère… Et pour que nous n’introduisions pas en nous l’image de l’orgueil, laissons le Christ peindre en nous son image. Il l’a peinte lorsqu’il a dit : « Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix ».

Mais à quoi nous sert-il de savoir que cette paix est bonne, si nous ne veillons pas sur elle ? Ce qui est très bon est habituellement très fragile ; et les biens précieux réclament de plus grands soins et une garde plus vigilante. Très fragile est la paix qui peut être perdue par une parole légère ou une minime blessure faite à un frère. Or, rien ne plaît davantage aux hommes que de parler hors de propos et de s’occuper de ce qui ne les regarde pas, de proférer de vains discours et de critiquer les absents. Dès lors, que ceux qui ne peuvent pas dire : « Le Seigneur m’a donné la langue d’un disciple pour que je sache réconforter par la parole celui qui est abattu » (Is 50,4), que ceux-là se taisent ou, s’ils disent un mot, que ce soit un mot de paix… « La plénitude de la loi, c’est l’amour » (Rm 13,8). Que daigne nous l’inspirer notre bon Seigneur et Sauveur Jésus Christ, l’auteur de la paix et le Dieu de l’amour.

Saint Colomban (563-615)

 

 

 

« Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »

dimanche 15 mai 2022

Je dis toujours que l’amour commence à la maison : d’abord dans votre famille et ensuite dans votre ville. C’est facile de prétendre aimer les gens qui sont très loin, mais beaucoup moins facile d’aimer ceux qui vivent avec nous ou tout près de nous. Je me méfie des grands projets impersonnels : l’amour doit commencer par une personne. Pour parvenir à aimer quelqu’un, il faut le rencontrer, se rendre proche de lui. Tout le monde a besoin d’amour. Tous les êtres humains ont besoin de savoir qu’ils comptent pour les autres et qu’ils ont une valeur inestimable aux yeux de Dieu.

Jésus a dit : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Il a dit aussi : « Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). Donc c’est lui que nous aimons dans chaque pauvre. Il a dit : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’étais nu et vous m’avez habillé » (Mt 25,35). Je rappelle toujours à mes sœurs et à nos frères que notre journée est faite de vingt-quatre heures avec Jésus.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)

 

 

« Le messager n’est pas plus grand que celui qui l’envoie. »

jeudi 12 mai 2022

Comme c’est dans la pauvreté et la persécution que le Christ a opéré la rédemption, l’Église elle aussi est appelée à entrer dans cette même voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut. Le Christ Jésus, « qui était de condition divine s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave » (Ph 2,6), pour nous « s’est fait pauvre, de riche qu’il était » (2Co 8,9). Ainsi l’Église, qui a cependant besoin pour remplir sa mission de ressources humaines, n’est pas faite pour chercher une gloire terrestre mais pour répandre, par son exemple aussi, l’humilité et l’abnégation. Le Christ a été envoyé par le Père « pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, … guérir les cœurs meurtris » (Lc 4,18), « chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10). De même l’Église enveloppe de son amour ceux que l’infirmité humaine afflige ; bien plus, dans les pauvres et les souffrants, elle reconnaît l’image de son fondateur pauvre et souffrant, elle s’efforce de soulager leur misère et en eux c’est le Christ qu’elle veut servir. (…)

« L’Église avance dans son pèlerinage à travers les persécutions du monde et les consolations de Dieu » (St Augustin), annonçant la croix et la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne (Cf. 1Co 11,26). La vertu du Seigneur ressuscité est sa force pour lui permettre de vaincre dans la patience et la charité les afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans, et de révéler fidèlement au milieu du monde le mystère du Seigneur, encore enveloppé d’ombre, jusqu’au jour où, finalement, il éclatera dans la pleine lumière.

Concile Vatican II

 

 

 

« Moi, la lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. »

mercredi 11 mai 2022

Le Christ est « la lumière du monde » (Jn 8,12) et il éclaire l’Église de sa lumière. Et comme la lune reçoit sa lumière du soleil afin d’éclairer elle aussi la nuit, ainsi l’Église, recevant sa lumière du Christ, éclaire tous ceux qui se trouvent dans la nuit de l’ignorance. (…) C’est donc le Christ qui est « la vraie lumière qui illumine tout homme venant en ce monde » (Jn 1,9), et l’Église, recevant sa lumière, devient elle-même lumière du monde, « illuminant ceux qui marchent dans les ténèbres » (Rm 2,19), selon cette parole du Christ à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5,14). D’où il ressort que le Christ est la lumière des apôtres, et les apôtres à leur tour la lumière du monde.

Origène (v. 185-253)

 

 

« Combien de temps vas-tu nous laisser dans le doute ? »

mardi 10 mai 2022

Comme il est égal au Père, le Fils de Dieu ne reçoit pas le pouvoir de juger, mais il le possède avec le Père. Il le reçoit pour que bons et méchants le voient juger, parce qu’il est Fils de l’homme. Voir le Fils de l’homme sera donné aux méchants eux-mêmes, mais la vision de sa divinité ne sera donnée qu’aux cœurs purs, car ce sont eux qui verront Dieu (Mt 5,8). Qu’est-ce-que la vie éternelle, sinon que cette vision, qui sera refusée aux impies ? « Qu’ils te connaissent, dit le Seigneur, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17,3). Comment connaîtront-ils Jésus Christ lui-même, sinon comme le seul vrai Dieu, lui qui se montrera lui-même à eux ? Il se montrera plein de bonté dans la vision qui le découvrira aux cœurs purs. « Qu’il est bon le Dieu d’Israël pour ceux qui ont le cœur droit » (Ps 72,1). Dieu seul est bon.

Voilà pourquoi quelqu’un qui avait appelé le Seigneur « bon maître », en lui demandant conseil pour arriver à la vie éternelle, s’est attiré cette réponse : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Personne n’est bon sinon Dieu seul » (Mc 10,17-18). C’est que cet homme qui l’interrogeait ne soupçonnait pas à qui il s’adressait et le prenait simplement pour un fils d’homme. (…) « Cet aspect que je revêts, c’est celui du Fils de l’homme, celui qui a été assumé, celui qui apparaîtra lors du jugement aux impies aussi bien qu’aux justes. (…) Mais il y a une vision de ma condition divine : quand je l’avais, je ne me suis pas prévalu de ce qu’elle me rendait égal à Dieu, mais je me suis anéanti moi-même pour prendre l’autre condition » (Ph 2,6-7). C’est donc lui, ce Dieu unique, Père, Fils, Esprit Saint, qui n’apparaîtra que pour la joie inaltérable des justes.

Saint Augustin (354-430)