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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

L’Église en butte aux persécutions

lundi 6 mai 2024

« Et voici que le menteur se lève en face de moi et parle contre moi. » (Jb 16,8 Vg) Aux heures mêmes de sa tranquillité, la sainte Église est en butte au mensonge, car nombreux sont en son sein les esprits qui ne sont plus fidèles à la promesse de l’éternité et qui mentent pourtant en se disant fidèles. Et comme il n’ont pas le courage de contredire ouvertement sa prédication, elle supporte le mensonge non pas face à face, mais, en quelque sorte, derrière son dos. Mais quand a grondé l’heure de la malignité, celui qui maintenant calomnie dans la crainte vient contredire en face : aux paroles de la vraie foi font barrage ses clameurs sans détour.

Mais, il faut le savoir, quand nous sommes ainsi en butte aux coups des hommes charnels, c’est moins eux-mêmes qui s’acharnent à vouloir notre mort que l’esprit malin, le prince de leur âme, comme le dit Paul : « Nous avons à lutter corps à corps non pas contre la chair et le sang, mais contre les princes et les puissances, contre les régisseurs de ce monde de ténèbres. » (Ep 6,12) Voilà pourquoi, en parlant ici encore du mensonge, Job peut passer aussitôt au portrait du prince de ce mensonge en transformant ainsi sa phrase : « Il a concentré sa fureur contre moi et en me menaçant il a grincé des dents contre moi. Mon ennemi m’a regardé avec des yeux terribles. » (Jb 16,10 Vg) Que sont tous les injustes ? ne sont-ils pas les membres du diable ? C’est donc lui qui fait par eux tout ce qu’en leur cœur il leur inspire de faire.

Or, si maintenant encore il n’a que fureur contre la Sainte Église, sa fureur est dispersée, parce que c’est dans les individus qu’il suscite contre elle des tentations secrètes. Mais le jour où il se déchaînera contre elle dans une persécution ouverte, il concentrera contre elle sa fureur, parce que, pour l’abattre, il bandera tous les efforts de sa volonté.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

 

 

La crainte d’amour

dimanche 5 mai 2024

Fondé dans la perfection de la charité, on s’élèvera à un degré plus excellent encore et plus sublime, qui est la crainte d’amour. Celle-ci ne naît pas de la frayeur du châtiment ni du désir de la récompense, mais de la grandeur même de l’amour. C’est ce mélange de respect et d’affection attentive qu’un fils a pour un père plein d’indulgence, le frère pour son frère, l’ami pour son ami, l’épouse pour son époux. Elle n’appréhende ni coups ni reproches ; ce qu’elle redoute, c’est de blesser l’amour de la blessure même la plus légère. (…)

Ainsi, la distance est considérable entre la crainte à quoi rien ne manque, trésor de la sagesse et de la science, et la crainte imparfaite. Celle-ci n’est que « le commencement de la sagesse » (Ps 110,10) et, impliquant un châtiment, se voit bannir du cœur des parfaits, lorsque survient la plénitude de la charité : car « il n’y a point de crainte dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte. » (1 Jn 4,18) De fait, si le commencement de la sagesse est dans la crainte, où sera sa perfection, si ce n’est dans la charité du Christ, laquelle comprend en soi la crainte de dilection parfaite, et mérite pour ce fait d’être appelée, non plus le commencement, mais le trésor de la sagesse et de la science ? (…)

Telle est la crainte des parfaits dont il est dit que fut remplit l’Homme-Dieu, qui n’est pas venu seulement pour nous racheter, mais devait aussi nous donner dans sa personne le type de la perfection et l’exemple des vertus.

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

 

Efforçons-nous de vivre dans une sainte paix

mardi 30 avril 2024

La paix est la simplicité de l’esprit, sa sérénité, la tranquillité de l’âme, le lien de l’amour. La paix est l’ordre, l’harmonie en tout notre être ; elle est une joie continue qui naît du témoignage d’une bonne conscience ; elle est l’allégresse sainte d’un cœur dans lequel règne Dieu. La paix est le chemin de la perfection, ou plutôt dans la paix se trouve la perfection. Et le démon, qui sait très bien tout cela, fait tous ses efforts pour nous faire perdre la paix.

Nous ne ferons jamais un pas vers la vertu de la simplicité évangélique si nous ne nous efforçons pas de vivre dans une paix sainte et inaltérable. Doux est le joug de Jésus, léger son poids, c’est pourquoi ne permettons pas à l’ennemi de s’insinuer dans notre cœur pour en arracher cette paix. L’ennemi de notre salut sait trop bien que la paix du cœur est un indice sûr de l’assistance divine, et c’est pourquoi il ne laisse échapper aucune occasion de nous la faire perdre.

Soyons donc toujours en alerte à ce sujet. Jésus nous aidera. Tournons notre pensée vers le ciel, notre véritable patrie, dont le monde n’est qu’une pauvre image, et efforçons-nous avec l’aide divine de conserver, en tout évènement triste ou joyeux, cette sérénité et ce calme qui sied aux vrais disciples du Nazaréen.

Saint [Padre] Pio de Pietrelcina (1887-1968)

 

 

 

« Celui qui m’a vu, a vu le Père. » (Jn 7,9)

samedi 27 avril 2024

Ils auront part à la vie ceux qui voient Dieu, car elle est vivifiante la splendeur de Dieu. Tel est le motif pour lequel celui qui est insaisissable, incompréhensible et invisible s’offre à être vu, compris et saisi par les hommes : c’est afin de vivifier ceux qui le saisissent et qui le voient. Car, si sa grandeur est inscrutable, sa bonté aussi est inexprimable, et c’est grâce à elle qu’il se fait voir et qu’il donne la vie à ceux qui le voient. Il est impossible de vivre sans la vie, et il n’y a de vie que par la participation à Dieu, participation qui consiste à voir Dieu et à jouir de sa bonté.

Ainsi donc, les hommes verront Dieu afin de vivre, devenant immortels par cette vue et atteignant jusqu’à Dieu. C’est là ce qui était annoncé d’une manière figurative par les prophètes, à savoir que Dieu serait vu par les hommes qui portent son Esprit et attendent sans cesse sa venue, selon ce que Moïse dit dans le Deutéronome : « En ce jour-là nous verrons, parce que Dieu parlera à l’homme et qu’il vivra » (cf. Dt 5,24). (…)

Celui qui opère tout en tous est invisible et inexprimable, quant à sa puissance et à sa grandeur, pour tous les êtres faits par lui ; toutefois il ne leur est nullement inconnu pour autant, car tous apprennent par son Verbe qu’il n’y a qu’un seul Dieu Père, qui contient toutes choses et donne l’existence à toutes, selon ce que dit aussi le Seigneur : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a révélé. » (Jn 1,18)

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)

 

 

 

« Le Père et moi, nous sommes UN. »

mardi 23 avril 2024

Voici la foi catholique : nous vénérons un Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’unité, sans confondre les personnes, sans diviser la substance : autre est en effet la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint Esprit ; mais le Père, le Fils et le Saint Esprit ont une même divinité, une gloire égale, une même éternelle majesté. Comme est le Père, tel est le Fils, tel le Saint Esprit : incréé est le Père, incréé le Fils, incréé le Saint Esprit… Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint Esprit est Dieu ; et cependant, ils ne sont pas trois dieux, mais un Dieu…

Voici la foi droite : nous croyons et nous confessons que notre Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme : il est Dieu, de la substance du Père, engendré avant les siècles ; et il est homme, de la substance de sa mère, né dans le temps : Dieu parfait, homme parfait, composé d’une âme raisonnable et d’un corps humain, égal au Père selon la divinité, inférieur au Père selon l’humanité. Bien qu’il soit Dieu et homme, il n’y a pas cependant deux Christ, mais un Christ : un, non parce que la divinité a passé dans la chair, mais parce que l’humanité a été assumée par Dieu ; un absolument, non par un mélange de substance, mais par l’unité de personne. Car, de même que l’âme raisonnable et le corps font un homme, de même Dieu et l’homme font un Christ. Il a souffert pour notre salut, il est descendu aux enfers, le troisième jour il est ressuscité des morts, il est monté aux cieux, il siège à la droite du Père, d’où il viendra juger les vivants et les morts.

Symbole « Quicumque »

dit de saint Athanase (entre 430 et 500)

 

 

 

« Je suis le bon pasteur. » (Jn 10,11)

lundi 22 avril 2024

Jésus a dit : « Je suis le bon pasteur » (Jn 10,11). Il est évident que le titre de pasteur convient au Christ. Car de même qu’un berger mène paître son troupeau, ainsi le Christ restaure les fidèles par une nourriture spirituelle, son propre corps et son propre sang.

Pour se différencier du mauvais pasteur et du voleur, Jésus précise qu’il est le bon pasteur. Bon, parce qu’il défend son troupeau avec le dévouement d’un bon soldat pour sa patrie. D’autre part, le Christ a dit que le pasteur entre par la porte et qu’il est lui-même cette porte (cf. Jn 10,7). Quand donc il se déclare ici le pasteur, il faut comprendre que c’est lui qui entre, et par lui-même. C’est bien vrai, car il manifeste qu’il connaît le Père par lui-même, tandis que nous, nous entrons par lui, et c’est lui qui nous donne la béatitude. Remarquons bien que personne d’autre que lui n’est la porte, car personne d’autre n’est la lumière, sinon par participation. Jean-Baptiste « n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à la lumière » (Jn 1,8). Le Christ, lui, « était la lumière qui éclaire tout homme » (v. 9). Personne ne peut donc se dire la porte, car le Christ s’est réservé ce titre.

Mais le titre de pasteur, il l’a communiqué à d’autres, il l’a donné à certains de ses membres. En effet, Pierre le fut aussi, et les autres apôtres, ainsi que tous les évêques. « Je vous donnerai. dit Jérémie, des pasteurs selon mon cœur » (3,15). Bien que les chefs de l’Église – qui sont des fils de celle-ci – soient tous des pasteurs, le Christ dit : « Je suis le bon pasteur », pour montrer la force unique de son amour. Aucun pasteur n’est bon s’il n’est uni au Christ par la charité, devenant ainsi membre du pasteur véritable.

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274)

 

 

 

« Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » (Jn 11, 16)

dimanche 21 avril 2024

Par l’Esprit Saint il est né d’une mère vierge et, par le même Esprit, il féconde son Église toute pure, afin que, par l’enfantement du baptême, une innombrable multitude d’enfants soit engendrée à Dieu. Il est dit de ceux-ci qu’ « ils ne sont pas nés du sang, ni du vouloir de la chair, ni du vouloir de l’homme, mais de Dieu » (Jn 1,13). C’est en lui que la descendance d’Abraham est bénie par l’adoption du monde entier, et que le patriarche devient père des nations lorsque naissent de la foi et non de la chair les fils de la promesse.

Sans faire exception d’aucun peuple, il forme de toutes les nations qui sont sous le ciel un seul troupeau de brebis saintes. Chaque jour il accomplit ce qu’il avait promis : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de ce bercail ; celles-là aussi il faut que je les mène, elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur » (Jn 10,16).

En effet, bien que ce soit surtout à Pierre qu’il a dit : « Paie mes brebis » » (Jn 21,17), c’est néanmoins par le seul Seigneur que tous les pasteurs sont pris en charge ; et ceux qui viennent au Rocher, le Christ, il les nourrit dans les pâturages si gras et si bien arrosés, que d’innombrables brebis fortifiées par l’abondance de son amour n’hésitent pas à mourir pour le nom de leur Pasteur, de même que le bon Pasteur a daigné donner sa vie pour ses brebis.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

 

« C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. » (Jn 6, 63)

samedi 20 avril 2024

L’âme, du commencement à la fin de toute action, doit vénérer avec un zèle égal les sept dons de l’Esprit Saint. Au commencement de son action, elle accueille la sagesse, qu’elle possède au terme de la crainte et conserve au milieu du courage –force du cœur–, elle se garde dans les choses célestes par l’intelligence et le conseil et s’entoure dans les choses terrestres de science et de piété : celles-ci doivent être accueillies avec grand respect, car elles sont son soutien. Que l’âme veille donc d’abord à s’ouvrir à la Sagesse pour se refermer, au terme de son action, avec la timidité et la pudeur ; que, dans l’intervalle, elle s’arme de fermeté grâce à la parure de l’intelligence et du conseil, qu’elle se fortifie également par la science et la pitié.

Le mouvement de l’âme raisonnable et l’action du corps, selon ses cinq sens, suivent un seul et même chemin, parce que l’âme ne meut pas le corps plus qu’il ne peut accomplir, et que le corps n’œuvre que selon ce que l’âme met en mouvement. Les différents sens, eux, ne se séparent pas l’un de l’autre, ils se soutiennent entre eux avec une grande fermeté et éclairent l’homme tout entier, afin de le conduire soit vers le haut, soit vers le bas, suivant les choix de son âme.

La science de l’âme provoque les larmes de repentir alors que les péchés la refroidissent. Car la constance dans la droiture lui apporte, en sus des bonnes œuvres, la chaleur des désirs supérieurs. Les autres vertus viennent en aide à la fermeté pour communiquer à chaque croyant l’humeur de la sainteté –la grâce sanctifiante– : l’âme se trouve pénétrée de la rosée et de la chaleur de l’Esprit Saint, elle maîtrise la chair et elle l’entraîne à servir Dieu avec elle… Alors tous les organes intérieurs apportent leur énergie à l’âme humaine afin de la servir. Ainsi quand l’âme délaisse les péchés pour accomplir la justice, elle s’élève tout en suivant la raison.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Celui qui reçoit le Christ devient le corps du Ressuscité

jeudi 18 avril 2024

La nature humaine a été assumée par le Fils de Dieu si intimement que non seulement en cet homme qui est « le premier-né de toute créature » (Col 1,15), mais aussi dans tous les saints, il n’y a qu’un seul et même Christ. Et comme la tête ne peut se séparer des membres, ainsi les membres ne peuvent être séparés de la tête. (…)

C’est avec lui que souffre non seulement le courage glorieux des martyrs, mais aussi la foi de tous ceux qui renaissent au bain de la régénération. Lorsqu’en effet on renonce au diable pour croire en Dieu, lorsqu’on passe de la vétusté au renouveau, lorsqu’on dépose l’image de l’homme terrestre pour revêtir la forme céleste, il se produit comme une sorte de mort et comme une espèce de résurrection ; si bien que celui qui est reçu par le Christ et qui reçoit le Christ n’est plus, après le bain du baptême, ce qu’il était avant, mais le corps du régénéré devient la chair du Crucifié.

C’est pourquoi la Pâques du Seigneur est célébrée comme il convient « avec des azymes de pureté et de vérité » (1Co 5,8), lorsque, une fois rejeté le ferment de l’ancienne malice, la nouvelle créature s’enivre et se nourrit du Seigneur lui-même. Car la participation au corps et au sang du Christ n’a d’autre action que de nous faire porter partout, en notre esprit et notre chair, celui en qui et avec qui nous sommes morts, ensevelis et ressuscités.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

 

« Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »

mardi 16 avril 2024

Le Christ est « pain de la vie » pour ceux qui croient en lui : croire en Christ c’est manger le pain de vie, c’est posséder en soi le Christ, c’est posséder la vie éternelle…

« Je suis le pain de la vie, dit-il ; vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts » (Jn 6,48s). Par là il faut comprendre la mort spirituelle. Pourquoi sont-ils morts ? Parce qu’ils croyaient ce qu’ils voyaient ; ils ne comprenaient pas ce qu’ils ne voyaient pas… Moïse a mangé la manne, Aaron l’a mangée et bien d’autres aussi qui ont plu à Dieu et qui ne sont pas morts. Pourquoi ne sont-ils pas morts ? Parce qu’ils ont compris spirituellement, ils ont eu faim spirituellement, ils ont goûté spirituellement la manne pour être rassasiés spirituellement. « Voici le pain qui descend du ciel : celui qui en mange ne mourra pas » (v. 50).

Ce pain, c’est-à-dire le Christ lui-même qui parlait ainsi…, a été préfiguré par la manne, mais il peut plus que la manne. Car par elle-même la manne ne pouvait pas empêcher de mourir spirituellement… Mais les justes ont vu dans la manne le Christ, ils ont cru en sa venue, et le Christ, dont la manne était le symbole, donne à tous ceux qui croient en lui de ne pas mourir spirituellement. C’est pourquoi il dit : « C’est ici le pain descendu du ciel ; celui qui en mange ne mourra pas. » Ici sur la terre, ici maintenant, devant vos yeux, vos yeux de chair, ici se trouve « le pain descendu du ciel ». « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel » (v. 51). Le « pain de la vie » de tout à l’heure est appelé maintenant « pain vivant ». Pain vivant, parce qu’il possède en lui-même la vie qui demeure et parce qu’il peut délivrer de la mort spirituelle et donner la vie. D’abord il a dit : « Celui qui en mange ne mourra pas » ; maintenant il parle en clair de la vie qu’il donne : « Celui qui mange ce pain vivra éternellement » (v. 58).

Baudouin de Ford (?-v. 1190)