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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

« Zachée courut et grimpa sur un sycomore. »

mardi 16 novembre 2021

Voici un doux remède lorsque le cœur est bas et petit, il faut faire comme Zachée, qui n’était pas grand, et qui monta sur un arbre pour voir Dieu. Son zèle lui mérita d’entendre cette douce parole : Zachée, allez à votre maison, car aujourd’hui j’ai besoin de manger avec vous.

Nous devons faire ainsi lorsque nous sommes bas, lorsque nous avons le cœur étroit et peu de charité ; il faut monter sur l’arbre de la très sainte Croix, et là nous verrons, nous toucherons Dieu, là nous trouverons le feu de son ineffable charité, l’amour qui l’a fait courir jusqu’aux opprobres de la Croix, qui l’a exalté, et lui a fait désirer avec l’ardeur de la faim et de la soif l’honneur de son Père et notre salut. (…) Si nous le voulons, si notre négligence n’y met pas d’obstacle, nous pourrons, en montant sur l’arbre de la Croix, accomplir en nous cette parole, sortie de la bouche de la Vérité : « Quand je serai levé en haut, j’attirerai tout à moi » (Jn 12,32). Il faudrait un cœur dur comme le diamant pour n’être pas attendri par un si grand amour. Dès que le cœur est blessé de cette flèche, il monte de toutes ses forces, et non seulement l’homme se purifie, mais l’âme, pour laquelle Dieu a fait toute chose, se dépouille de ses imperfections. (…)

Montez sur cet arbre très saint, où sont les fruits mûrs de toutes les vertus que porte le corps du Fils de Dieu ; courez avec ardeur. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

« Vois ! Ta foi t’a sauvé ! »

lundi 15 novembre 2021

Remarquons ce que le Seigneur dit à l’aveugle qui s’approche : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Celui qui avait le pouvoir de rendre la vue ignorait-il donc ce que voulait l’aveugle ? Non, bien sûr ! Mais il veut que nous demandions les choses, bien qu’il sache d’avance que nous les demanderons et qu’il nous les accordera. Il nous exhorte à prier jusqu’à être importuns, lui qui affirme cependant : « Votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin avant que vous ne le lui demandiez » (Mt 6,8). S’il interroge, c’est pour qu’on lui demande ; s’il interroge, c’est pour exciter notre cœur à la prière. (…)

Ce que demande l’aveugle au Seigneur, ce n’est pas l’or, mais la lumière. Il ne se soucie pas de demander autre chose que la lumière. (…) Imitons cet homme, frères très chers. Ne demandons au Seigneur ni des richesses trompeuses, ni des cadeaux terrestres, ni des honneurs passagers, mais la lumière : non la lumière circonscrite par l’espace, limitée par le temps, interrompue par la nuit, et dont nous partageons la vue avec les animaux, mais demandons cette lumière que seuls les anges voient avec nous, qui ne débute par aucun commencement et n’est bornée par aucune fin. Or le chemin pour arriver à cette lumière, c’est la foi. C’est donc avec raison que le Seigneur répond aussitôt à l’aveugle à qui il va rendre la lumière : « Vois ! Ta foi t’a sauvé ».

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

Persistons à prier !

samedi 13 novembre 2021

Je dirai ce que l’expérience m’a révélé des marques auxquelles on reconnaît qu’une prière est exaucée du Seigneur. Si nulle hésitation n’est venue traverser notre prière, et que nulle pensée de doute n’en ait brisé le confiant élan ; si, au contraire, nous avons le sentiment intime d’avoir obtenu ce que nous demandions dans l’effusion même de notre prière ; celle-ci, n’en doutons pas, a été efficace auprès de Dieu. Car ce qui nous vaut d’être exaucés et d’obtenir satisfaction, c’est la foi au regard de Dieu sur nous, et la confiance qu’il a le pouvoir d’accorder ce qu’on lui demande. Notre Seigneur ne peut reprendre sa parole : « Tout ce que vous demanderez dans la prière, dit-il, croyez que vous l’obtiendrez, et il vous sera donné. » (Mc 11,24) (…)

Arrière donc toute hésitation, qui trahirait un manque de foi, et persistons à prier ! Notre persévérance nous méritera de voir exaucer toute demande qui sera selon Dieu, il n’en faut point douter. C’est le Seigneur lui-même qui, dans son désir de nous accorder les biens célestes et éternels, nous exhorte à lui faire violence en quelque sorte par notre importunité. Et loin de repousser avec mépris les importuns, il les encourage, il les loue, il leur fait la douce promesse de leur accorder tout ce qu’ils auront espéré avec constance : « Demandez, dit-il, et vous recevrez ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira : car quiconque demande, reçoit ; et qui cherche, trouve ; et à celui qui frappe, on ouvre ; » (Lc 11, 9-10) et encore : « Tout ce que vous demanderez avec foi dans la prière, vous l’obtiendrez, et rien ne vous sera impossible. » (Mt 21,22 ; 17,20)

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

« Le jour où le Fils de l’homme se révèlera. »

vendredi 12 novembre 2021

Notre Seigneur et Sauveur a accepté de vivre dans un monde qui l’a désavoué ; il y a vécu pour mourir pour lui au moment fixé. Il y est venu comme le prêtre désigné pour offrir le sacrifice pour ceux qui ne prenaient part à aucun acte d’adoration. (…) Il est mort, et il est ressuscité le troisième jour, Soleil de justice (Ml 3,20), montrant toute la splendeur qui avait été cachée par les nuages du matin. Il est ressuscité et est monté à la droite de Dieu, pour plaider par ses blessures sacrées en faveur de notre pardon, pour régner et conduire son peuple racheté, et pour déverser sur lui de son côté transpercé les plus grandes bénédictions. Il y est monté pour descendre au moment fixé et juger le monde qu’il a racheté. (…) Il a élevé avec lui la nature humaine (…), car un homme nous a rachetés, un homme a été exalté par-dessus toute créature, faisant un avec notre Créateur, et un homme jugera les hommes au dernier jour (Ac 17,31).

Cette terre est si privilégiée que notre juge ne sera pas un étranger, mais celui qui est notre semblable, qui soutiendra nos intérêts et sympathisera pleinement avec toutes nos imperfections. Lui qui nous a aimés jusqu’à mourir pour nous est miséricordieusement désigné pour fixer la mesure et la valeur finales de son propre ouvrage. Celui qui a appris par sa propre faiblesse à prendre la défense du faible, celui qui veut récolter tout le fruit de sa Passion, séparera le froment de la paille, en sorte qu’il ne tombera pas un grain à terre (cf Mt 3,12). Celui qui nous a fait participer à sa propre nature spirituelle, de qui nous avons tiré le sang vital de nos âmes, celui qui est notre frère, décidera de ses frères. En ce second avènement, puisse-t-il se souvenir de nous dans sa miséricorde et sa tendre pitié, lui, notre seul espoir, lui, notre seul salut !

Saint John Henry Newman (1801-1890)

 

 

Demeurer dans le Royaume de Dieu

jeudi 11 novembre 2021

« Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » dit le Seigneur. (…) Hâte-toi donc de préparer ton cœur pour cet Époux afin qu’il daigne venir et habiter en toi. Car il a dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, alors nous viendrons en lui et nous établirons en lui notre demeure » (Jn 14,23). Fais donc place au Christ et ferme la porte à tout autre que lui. En possédant le Christ, tu es riche et lui seul te suffit. Il veillera sur toi, pourvoira à tout, en sorte que tu n’auras pas à recourir toujours aux hommes. Car les hommes changent souvent et manquent tout d’un coup, tandis que « le Christ demeure éternellement » (Jn 12,34) ; il reste notre soutien inébranlable jusqu’à la fin.

Ne place donc pas ta confiance d’une manière trop absolue dans l’homme, qui est fragile et mortel, même quand quelqu’un nous est utile et très cher. Ne t’attriste pas beaucoup s’il te déçoit ou s’il te contredit. Ceux qui sont pour toi aujourd’hui pourront être contre toi demain et inversement, car les hommes changent comme le vent. Toi donc mets ta confiance en Dieu. Qu’il soit ta crainte et ton amour. Il répondra pour toi et il fera ce qui est le mieux.

« Tu n’as pas ici-bas de demeure durable » (He 13,14). Où que tu sois, tu es « étranger et voyageur » (He 11,13). Ta paix viendra de ton union intime avec le Christ.

L’Imitation de Jésus Christ

 

Le Temple saint, le Corps du Christ

mardi 9 novembre 2021

« Le Seigneur les chassa tous du Temple. » L’apôtre Paul dit : « Le temple de Dieu est saint et ce temple, c’est vous » (1Co 3,17), c’est-à-dire, vous tous qui croyez au Christ et qui croyez au point de l’aimer (…) Tous ceux qui croient ainsi sont les pierres vivantes dont s’édifie le temple de Dieu (1P 2,5) ; ils sont comme ce bois imputrescible dont a été construite l’arche que le déluge n’a pas pu submerger (Gn 6,14). Ce temple, le peuple de Dieu, les hommes eux-mêmes, c’est l’endroit où Dieu exauce quand on l’y prie. Ceux qui prient Dieu en dehors de ce temple ne sauraient être exaucés pour la paix de la Jérusalem d’en haut, même s’ils sont exaucés pour certains biens matériels que Dieu accorde aussi aux païens. (…) Mais c’est tout autre chose d’être exaucé en ce qui concerne la vie éternelle ; cela n’est accordé qu’à ceux qui prient dans le temple de Dieu.

Car celui qui prie dans le temple de Dieu prie dans la paix de l’Église, dans l’unité du Corps du Christ, parce que le Corps du Christ est constitué de la multitude des croyants répartis sur toute la terre. (…) Et celui qui prie dans la paix de L’Église prie « en esprit et en vérité » (Jn 4,23) ; l’ancien Temple n’en était que le symbole. En effet, c’était pour nous instruire que le Seigneur a chassé du Temple ces hommes qui ne cherchaient que leur propre intérêt, qui ne s’y rendaient que pour acheter et pour vendre. Si cet ancien Temple a dû subir cette purification, il est évident que le Corps du Christ lui aussi, le temple véritable, contient des acheteurs et vendeurs mêlés à ceux qui prient, c’est à dire des hommes qui ne cherchent que « leur propre avantage et non celui de Jésus Christ » (Ph 2,21). (…) Un temps viendra où le Seigneur mettra dehors tous ces péchés.

Saint Augustin (354-430)

« Si ton frère a commis une faute…, pardonne-lui. »

lundi 8 novembre 2021

Vous (…) qui êtes durs et incapables de douceur, apprenez la bonté de votre Créateur et ne soyez pas pour vos compagnons de service des juges amers et des arbitres, en attendant que vienne celui qui dévoilera les replis des cœurs et attribuera, lui, le maître tout-puissant, à chacun sa place dans la vie de l’au-delà. Ne portez pas de jugements sévères afin de n’être pas jugés de même et transpercés par les paroles de votre propre bouche comme par des dents acérées. Car c’est contre ce genre de délit que semble bien nous mettre en garde cette parole de l’Évangile : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés » (Lc 6,37). En disant cela, il ne bannit pas le discernement et la sagesse ; ce qu’il appelle jugement, c’est une condamnation trop sévère. Allège donc autant qu’il est possible le poids de ta mesure, si tu veux que tes actes ne pèsent pas trop lourd sur le plateau, quand notre vie sera pesée, comme sur une balance, au jugement de Dieu… Ne refuse pas de faire miséricorde afin que tu ne sois pas exclu du pardon quand toi-même tu en auras besoin.

Asterius d’Amasée (?-v. 410)

 

 

Tout donner parce que le Christ a tout donné

dimanche 7 novembre 2021

François, petit pauvre et père des pauvres, voulait vivre en tout comme un pauvre ; il souffrait de rencontrer plus pauvre que lui, non pas par vanité mais à cause de la tendre compassion qu’il leur portait. Il ne voulait qu’une tunique de tissu rêche et très commun ; encore lui arrivait-il bien souvent de la partager avec un malheureux. Mais il était, lui, un pauvre très riche, car poussé par sa grande charité à secourir les pauvres comme il le pouvait, il s’en allait chez les riches de ce monde au temps des plus grands froids et leur demandait de lui prêter un manteau ou une pelisse. On les lui apportait avec plus d’empressement encore qu’il n’en avait mis à les demander. « J’accepte, disait-il alors, à condition que vous ne vous attendiez plus à les revoir. » Au premier pauvre rencontré, François, le cœur en fête, offrait ce qu’il venait de recevoir.

Rien ne lui causait plus de peine que de voir insulter un pauvre ou maudire une créature quelconque. Un frère s’était un jour laissé aller à des paroles blessantes contre un pauvre qui demandait l’aumône : « Est-ce que, par hasard, lui avait-il dit, tu ne serais pas riche tout en faisant semblant d’être pauvre ? » Ces paroles ont fait très mal à François, le père des pauvres ; il a infligé au délinquant une terrible semonce, puis lui a ordonné de se dépouiller de ses vêtements en présence du pauvre et de lui baiser les pieds en lui demandant pardon. « Celui qui parle mal à un pauvre, disait-il, injurie le Christ, dont le pauvre présente au monde le noble symbole, puisque le Christ, pour nous, s’est fait pauvre en ce monde » (2Co 8,9).

Thomas de Celano

 

 

Amassons des trésors éternels

vendredi 5 novembre 2021

Le monde passe ; nous passons avec lui. Les rois, les empereurs, tout s’en va. On s’engouffre dans l’éternité d’où l’on ne revient plus. Il ne s’agit que d’une seule chose : sauver sa pauvre âme. Les saints n’étaient pas attachés aux biens de la terre ; ils ne songeaient qu’à ceux du ciel. Les gens du monde, au contraire, ne songent qu’au temps présent.

Il faut faire comme les rois. Quand ils vont être détrônés, ils envoient leurs trésors en avant ; ces trésors les attendent. De même un bon chrétien envoie toutes ses bonnes œuvres à la porte du ciel. […]

La terre est un pont pour passer l’eau ; elle ne sert qu’à soutenir nos pieds… Nous sommes en ce monde mais nous ne sommes pas de ce monde, puisque nous disons tous les jours : « Notre Père qui êtes aux cieux… » Il faut donc attendre notre récompense quand nous serons « chez nous » dans la maison paternelle.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

Renoncer à tous ses biens

mercredi 3 novembre 2021

Selon la tradition des Pères et l’autorité des saintes Écritures, les renoncements sont au nombre de trois. Le premier concerne ce qui est matériel ; il nous fait mépriser toutes les richesses et les biens du monde. Par le deuxième, nous répudions notre ancienne manière de vivre, avec les vices et les passions de l’âme et de la chair. Par la troisième, nous détachons notre esprit de toutes les réalités présentes et visibles pour ne contempler que les réalités futures et ne désirer que les réalités invisibles. Ces renoncements doivent être observés tous les trois, comme le Seigneur l’a ordonné à Abraham, lorsqu’il lui a dit : « Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père » (Gn 12,1).

Il a dit en premier lieu : « Quitte ton pays », c’est-à-dire les richesses de la terre. En second lieu : « Quitte ta famille », c’est-à-dire les habitudes et les vices passés qui, en s’attachant à nous depuis notre naissance, nous sont étroitement unis par une sorte de parenté. En troisième lieu : « Quitte la maison de ton père », c’est-à-dire tout attachement au monde actuel qui se présente à nos yeux.

Contemplons, comme le dit l’apôtre Paul, « non pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel » (2Co 4,18) ; « nous, nous sommes citoyens des cieux » (Ph 3,20). Nous sortirons ainsi de la maison de notre ancien père, celui qui était notre père selon le vieil homme, dès notre naissance, quand « nous étions par nature voués à la colère comme tous les autres » (Ep 2,3), et nous porterons toute l’attention de notre esprit aux choses célestes. Notre âme s’élèvera alors jusqu’au monde invisible par la méditation constante des choses de Dieu et la contemplation spirituelle.

Saint Jean Cassien (v. 360-435)