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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

Ma miséricorde et ma charité laisse le temps…

samedi 23 octobre 2021

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Qu’il le veuille ou non, le monde me rend gloire. En vérité, la gloire que j’en retire n’est pas celle qu’il me devrait procurer, en m’aimant par-dessus toute chose, mais il n’en monte pas moins de lui, louange et gloire à mon nom.

Dans les mondains en effet brille ma Miséricorde et l’abondance de ma Charité, qui leur laisse le temps. Au lieu de commander à la terre de les engloutir, j’attends leur retour, j’ordonne à la terre de leur donner ses fruits, au soleil de répandre sur eux sa lumière et sa chaleur, au ciel de se mouvoir, pour continuer la vie à toutes les choses que j’ai créées pour eux. J’use envers eux de miséricorde et de charité, non seulement en ne leur retirant pas ces dons à cause de leurs fautes, mais encore en les accordant au pécheur comme au juste et souvent plus au pécheur qu’au juste. Car le juste est préparé à souffrir, et je le prive des biens de la terre, pour lui donner plus abondamment les biens du ciel. Ainsi éclatent en eux, ma charité et ma miséricorde.

D’autres fois aussi les serviteurs du monde, par les persécutions qu’ils font subir à mes serviteurs, éprouvent leur vertu, mettent en évidence leur patience et leur charité, provoquent, au milieu des souffrances, leurs humbles et continuelles prières. Prières et souffrances montent vers moi comme un hommage d’honneur et de louange à mon nom. Ainsi donc, sans le vouloir, le méchant travaille à ma gloire, alors même qu’il prétend me faire affront.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

Discerner les signes de notre temps

vendredi 22 octobre 2021

L’Église a le droit et le devoir de faire appel au Dieu de la miséricorde « avec de grands cris » (He 5,7) : ces « grands cris » doivent caractériser l’Église de notre temps (…), un cri qui implore la miséricorde selon les nécessités de l’homme dans le monde contemporain (…) Dieu est fidèle à lui-même, à sa paternité, à son amour ! Comme les prophètes, faisons appel à l’aspect maternel de cet amour qui, comme une mère, suit chacun de ses fils, chacune des brebis perdues, et cela même s’il y avait des millions d’égarés, même si dans le monde l’iniquité prévalait sur l’honnêteté, même si l’humanité contemporaine méritait pour ses péchés un nouveau déluge, comme la génération de Noé l’a mérité jadis.

Ayons recours à l’amour paternel que le Christ nous a révélé par sa mission messianique, et qui a atteint son sommet dans sa croix, sa mort et sa résurrection. Ayons recours à Dieu par le Christ, nous souvenant des paroles du Magnificat de Marie, proclamant sa miséricorde « d’âge en âge » (Lc 1,50). Implorons la miséricorde divine pour l’âge contemporain (…) : élevons nos supplications, guidés par la foi, l’espérance et la charité que le Christ a implantées dans notre cœur.

Cette attitude est également amour envers ce Dieu que l’homme contemporain a parfois repoussé loin de lui, considéré comme étranger à lui-même, en proclamant de diverses manières qu’il est inutile. Elle est amour de Dieu, dont nous ressentons profondément combien l’homme contemporain l’offense et le refuse. C’est pourquoi nous sommes prêts à crier comme le Christ en croix : « Père, pardonne-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,24). Elle est en même temps amour des hommes, de tous les hommes, sans aucune exception ou discrimination, sans différence de race, de culture, de langue, de conception du monde, sans distinction entre amis et ennemis.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

Le feu intérieur de l’amour

jeudi 21 octobre 2021

Un des meilleurs fruits de la vie d’union et d’abandon à Dieu est d’entretenir dans l’âme le feu de l’amour, non seulement de l’amour divin, mais encore de la charité envers le prochain. Au contact fréquent du foyer de l’Amour substantiel, l’âme s’embrase pour les intérêts et la gloire du Seigneur, pour l’extension du règne du Christ dans les cœurs. La vraie vie intérieure nous livre aux âmes autant qu’à Dieu : elle est source de zèle. Quand on aime véritablement Dieu, en effet, on désire qu’il soit aimé, que « son nom soit glorifié, que son règne arrive dans les âmes, que sa volonté soit faite en tous » (cf. Mt 6, 9-10).

L’âme qui aime vraiment Dieu ressent profondément les injures qui sont faites à l’objet de son amour ; « elle défaut à la vue des iniquités des pécheurs qui transgressent la loi divine » (Ps 118,53 Vg). Elle souffre de voir s’étendre par le péché l’empire du prince des ténèbres ; car Satan « rôde toujours, veillant et cherchant une proie à dévorer » (1P 5,8) ; il a des complices auxquels il souffle une ardeur incessante, un zèle de haine contre les membres du Christ Jésus. L’âme qui aime sincèrement Dieu est, elle aussi, dévorée de zèle, mais pour la gloire de la maison du Seigneur (cf. Ps 68, 10 Vg).

Qu’est-ce, en effet, que le zèle ? C’est une ardeur qui brûle et se communique, qui consume et se répand ; c’est la flamme de l’amour ‒ ou de la haine ‒ se manifestant au dehors par l’action. L’âme embrasée d’un saint zèle se dépense sans compter pour les intérêts de Dieu ; elle cherche à les servir de toutes ses puissances. Et plus le foyer de ce feu intérieur est ardent, plus il rayonne au dehors. Elle est animée de ce feu que le Christ Jésus est venu apporter sur la terre, et qu’il désire si ardemment voir s’allumer en nous (cf. Lc 12,49).

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

« Je ne me suis point lassée d’attendre le Seigneur. » (Ps 39, 2 Vg)

mercredi 20 octobre 2021

Le remède le plus efficace pour le cœur humain, c’est la patience, selon le mot de Salomon : « L’homme doux est le médecin du cœur. » (Pr 14,30 LXX) Ce n’est pas seulement la colère, la tristesse, la paresse, la vaine gloire ou la superbe qu’elle extirpe, mais encore la volupté, et tous les vices à la fois : « La longanimité, dit encore Salomon, fait la prospérité des rois. » (Pr 25,15 LXX) Celui qui est toujours doux et tranquille, ni ne s’enflamme de colère, ni ne se consume dans les angoisses de l’ennui et de la tristesse, ni ne se disperse dans les futiles recherches de la vaine gloire, ni ne s’élève dans l’enflure de la superbe : « Il y a une paix surabondante pour ceux qui aiment le nom du Seigneur, et rien ne leur est une occasion de chute. » (Ps 118, 165 Vg) En vérité, le Sage a bien raison de dire : « L’homme patient vaut mieux que le soldat vaillant ; celui qui maîtrise sa colère, que l’homme qui prend une ville. »(Pr 16,32 LXX)

Mais jusqu’à ce que nous obtenions cette paix solide et durable, nous devons nous attendre à de multiples assauts. Souvent, il nous faudra redire dans les larmes et les gémissements : « Je suis devenu misérable et je suis affligé sans mesure, tout le jour je vais accablé de tristesse, parce que mes reins ont été remplis d’illusions » (Ps 37, 7-8 Vg) (…) Jusqu’à ce que l’âme soit parvenue à l’état de la pureté parfaite, elle passera fréquemment par ces alternatives, nécessaires à sa formation ; tant qu’enfin la grâce de Dieu comble ses désirs, en l’y affermissant pour jamais. Alors, elle pourra dire en toute vérité : « Je ne me suis point lassée d’attendre le Seigneur, et il m’a regardée. Il a exaucé ma prière, et il m’a retirée de la fosse de la misère, de la fange du bourbier ; il a dressé mes pieds sur le rocher, il a affermi mes pas ! » (Ps 39, 2-3 Vg)

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

« Restez en tenue de service ! »

mardi 19 octobre 2021

Il arrive souvent que l’homme travaille à une chose qui ne réussit pas comme il le désirait ; la tristesse et l’ennui s’emparent alors de son esprit, et il se dit à lui-même : Il vaudrait mieux renoncer à cette entreprise qui m’a pris tant de temps, sans aucun résultat, et chercher la paix et le repos de mon âme.

L’âme doit alors résister par la faim de l’honneur de Dieu et du salut des âmes ; elle doit réfuter les propos de l’amour-propre, en disant : Je ne veux pas éviter et fuir le travail, parce ce que je ne suis pas digne de la paix et du repos ; je veux rester au poste qui m’a été confié, et rendre courageusement honneur à Dieu, en travaillant pour lui et pour le prochain. Quelquefois le démon, pour nous dégoûter de nos entreprises, nous fait dire, en voyant le trouble de notre esprit : J’offense plus Dieu que je ne le sers ; il vaudrait mieux abandonner cette affaire, non par dégoût, mais pour ne plus commettre de faute. Ô très cher Père, ne vous écoutez pas, n’écoutez pas le démon, lorsqu’il met ces pensées dans votre esprit et dans votre cœur ; mais embrassez les fatigues avec joie, avec un saint et ardent désir, et sans aucune crainte servile.

Ne craignez pas d’offenser Dieu, parce que l’offense consiste dans une volonté perverse et coupable. Quand la volonté n’est pas selon Dieu, il y a péché ; mais quand l’âme est privée de la consolation qu’elle éprouvait en récitant l’office et les psaumes, quand elle ne peut pas prier dans le temps, le lieu et la paix qu’elle voudrait avoir, elle ne perd pas cependant sa peine, car elle travaille pour Dieu. Elle ne doit pas s’en affecter, surtout quand elle se fatigue pour le service de l’Épouse du Christ : tout ce que nous faisons pour elle est si méritoire et si agréable à Dieu, que notre intelligence est incapable de le comprendre et de l’imaginer.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

« Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. »

dimanche 17 octobre 2021

Quelle nécessité y avait-il à ce que le Fils de Dieu souffre pour nous ? Une grande nécessité, que l’on peut résumer en deux points : nécessité de remède à l’égard de nos péchés, nécessité d’exemple pour notre conduite. (…) Car la Passion du Christ nous fournit un modèle valable pour toute notre vie. (…) Si tu cherches un exemple de charité : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). (…) Si tu cherches la patience, c’est sur la croix qu’on la trouve au maximum. (…) Le Christ a souffert de grands maux sur la croix, et avec patience, puisque « couvert d’insultes il ne menaçait pas » (1P 2,23), « comme une brebis conduite à l’abattoir, il n’ouvrait pas la bouche » (Is 53,7). (…) « Courons donc avec constance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de notre foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la croix » (He 12,1-2).

Si tu cherches un exemple d’humilité, regarde le crucifié. Car un Dieu a voulu être jugé sous Ponce Pilate et mourir. (…) Si tu cherches un exemple d’obéissance, tu n’as qu’à suivre celui qui s’est fait obéissant au Père « jusqu’à la mort » (Ph 2,8). « De même que la faute commise par un seul, c’est-à-dire Adam, a rendu tous les hommes pécheurs, de même tous deviendront justes par l’obéissance d’un seul » (Rm 5,19). Si tu cherches un exemple de mépris pour les biens terrestres, tu n’as qu’à suivre celui qui est le « Roi des rois et Seigneur des seigneurs », « en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (1Tm 6,15 ; Col 2,3) ; sur la croix il est nu, tourné en dérision, couvert de crachats, frappé, couronné d’épines, et enfin, abreuvé de fiel et de vinaigre.

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274)

 

 

« Même vos cheveux sont tous comptés, soyez sans crainte. »

vendredi 15 octobre 2021

Dieu m’envoie la croix (…). Bénie soit-elle car, comme dit Job, « si nous accueillons joyeusement tous les bienfaits de la main de Dieu, pourquoi ne pas accueillir pareillement les épreuves ? » (2,10) Tout nous vient de lui, santé et maladie, biens temporels, malheurs et infortunes ; tout, absolument tout, est parfaitement ordonné. Si quelquefois la créature se rebelle contre le dessein de Dieu, elle commet un péché, car tout est nécessaire, tout est bien fait, et les rires sont aussi nécessaires que les larmes. Nous pouvons tirer profit de tout pour notre perfection, à condition de voir, dans un esprit de foi, l’œuvre de Dieu en tout, et de demeurer comme des petits enfants dans les mains du Père. Car nous, tout seuls, où irions-nous ? (…)

Je ne cherche pas à m’arracher aux sentiments [que m’inspirent mes épreuves], c’est évident ; mais ce que Dieu veut c’est les perfectionner en moi. Pour cela, il me mène par ici et par là, comme un jouet, me faisant abandonner un peu partout des morceaux de mon cœur. Dieu est grand, et il accomplit tout parfaitement ! Comme il m’aime, et comme je le lui rends mal ! Sa providence est infinie, et nous devons nous y confier sans réserve.

Saint Raphaël Arnáiz Barón (1911-1938)

 

 

« Ils se mirent à lui en vouloir terriblement et ils le harcelaient. »

jeudi 14 octobre 2021

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Ce Fils unique « a été offert », non parce que ses ennemis ont prévalu, mais « parce que lui-même l’a voulu » (Is 53,10-11). « Il a aimé les siens ; il les a aimés jusqu’à la fin » (Jn 13,1). La fin, c’est la mort acceptée pour ceux qu’il aime ; voilà la fin de toute perfection, la fin de l’amour parfait, car « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13).

Cet amour du Christ a été plus puissant dans la mort du Christ que la haine de ses ennemis ; la haine a pu faire seulement ce que l’amour lui permettait. Judas, ou les ennemis du Christ, l’ont livré à la mort, par une haine méchante. Le Père a livré son Fils, et le Fils s’est livré lui-même par amour (Rm 8,32; Ga 2,20). L’amour n’est cependant pas coupable de trahison ; il est innocent, même quand le Christ en meurt. Car seul l’amour peut faire impunément ce qui lui plaît. Seul l’amour peut contraindre Dieu et comme lui commander. C’est lui qui l’a fait descendre du ciel et l’a mis en croix, lui qui a répandu le sang du Christ pour la rémission des péchés, en un acte aussi innocent que salutaire. Toute notre action de grâce pour le salut du monde est donc due à l’amour. Et il nous presse, par une logique contraignante, d’aimer le Christ autant que d’autres ont pu le haïr.

Baudouin de Ford (?-v. 1190)

 

 

« Apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11,29)

mercredi 13 octobre 2021

Mon enfant, fuis tout ce qui est mal ou ressemble au mal. Ne sois pas emporté : la colère pousse au crime. Ni jaloux, ni querelleur, ni brutal : ces passions sont la cause des meurtres. Mon enfant, ne sois pas sensuel : la sensualité est le chemin de l’adultère. Que ton langage ne soit pas grivois, ni hardi ton regard : cela aussi engendre l’adultère. (…) Garde-toi des incantations, de l’astrologie, des purifications magiques ; refuse et de les voir et de les entendre : ce serait (…) sombrer dans l’idolâtrie. Mon enfant, ne sois pas menteur, car le mensonge entraîne au vol. Ne te laisse séduire ni par l’argent ni par la vanité, qui eux aussi incitent à voler. Mon enfant, ne grommelle pas : tu en viendrais au blasphème. Ne sois ni insolent ni malveillant, cela aussi porte au blasphème.

Aie de la douceur : « les doux hériteront la terre » (Mt 5,5). Sois patient, miséricordieux, sans malice, empli de paix et de bonté. Tremble sans cesse devant les paroles que tu as entendues (Is 66,2). Tu ne t’élèveras pas toi-même, tu ne livreras pas ton cœur à l’orgueil. Tu ne t’allieras pas avec les superbes, mais tu fréquenteras les justes et les humbles. Tu recevras les événements de la vie comme des bienfaits, sachant que rien ne survient en dehors de Dieu.

La Didachè (entre 60-120)

 

 

Un cœur vraiment tout à Dieu

mardi 12 octobre 2021

Comprenons-le bien, notre cœur appartiendra tout entier à Dieu à partir du jour où nous lui remettrons toute notre volonté, où nous ne voudrons plus que ce qu’il veut. Ce Dieu, du reste, ne veut que notre bien et notre bonheur. « Le Christ est mort, dit l’apôtre Paul, afin d’être le Seigneur et des morts et des vivants. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous appartenons au Seigneur » (Rm 14,8-9). Jésus a voulu mourir pour nous ; que pouvait-il faire de plus pour conquérir notre amour et devenir l’unique Maître de notre cœur ? À nous donc de montrer désormais au ciel et à la terre, par notre vie et par notre mort, que nous ne nous appartenons plus, mais que nous sommes tout entiers possédés par notre Dieu et par lui seul.

Combien Dieu désire voir un cœur vraiment tout à lui ! De quel ardent amour ne l’aime-t-il pas ? Quelles marques de sa tendresse ne lui prodigue-t-il pas, dès ici-bas ! Quels biens, quel bonheur, quelle gloire ne lui prépare-t-il pas dans le ciel ! (…)

Âmes fidèles ! Marchons à la rencontre de Jésus : s’il a le bonheur de nous posséder, nous avons, nous, celui de le posséder, lui : l’échange est beaucoup plus avantageux pour nous que pour lui. « Thérèse, dit un jour le Seigneur à cette sainte [d’Avila], jusqu’ici tu ne fus pas entièrement à moi ; maintenant que tu es tout à moi, sache que je suis tout à toi » (…) Dieu brûle d’un désir extrême de s’unir à nous ; mais il faut que nous aussi nous prenions soin de nous unir à Dieu.

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787)