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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

« D’où lui vient cette sagesse… ? N’est-il pas le fils du charpentier ? »

dimanche 4 juillet 2021

Chaque fois que je repense au grand mystère de la vie cachée et humble de Jésus pendant ses trente premières années, mon esprit est toujours plus confondu et les paroles me manquent. Ah ! c’est l’évidence même : en face d’une leçon si lumineuse, non seulement les jugements du monde mais aussi les jugements et la manière de penser de beaucoup d’ecclésiastiques paraissent complètement faux et se trouvent vraiment à l’opposé.

Pour ma part, j’avoue n’être pas encore arrivé à m’en faire une idée. Pour autant que je me connais, il me semble que je ne possède que l’apparence de l’humilité, mais son véritable esprit, cet « amour de l’effacement » de Jésus Christ à Nazareth, je ne le connais que de nom. Et dire que Jésus a passé trente années de vie cachée, et qu’il était Dieu, et qu’il était « la splendeur de la substance du Père » (He 1,3), et qu’il était venu pour sauver le monde, et qu’il a fait tout cela uniquement pour nous enseigner combien l’humilité est nécessaire et comment il faut la pratiquer ! Et moi, qui suis si grand pécheur et tellement misérable, je ne pense qu’à me complaire en moi-même, à me complaire en des succès qui me valent un peu d’honneur terrestre ; je ne peux pas concevoir même la pensée la plus sainte, sans que s’y glisse le souci de ma réputation auprès des autres… En fin de compte je ne sais m’accoutumer qu’avec un grand effort à cette idée du véritable effacement, tel que Jésus Christ l’a pratiqué et tel qu’il me l’enseigne.

Saint Jean XXIII (1881-1963)

 

 

« Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. »

vendredi 2 juillet 2021

Voici à quoi je reconnaîtrai que tu aimes le Seigneur, et que tu m’aimes, moi, son serviteur et le tien : si n’importe quel frère au monde, après avoir péché autant qu’il est possible de pécher, peut rencontrer ton regard, demander ton pardon, et te quitter pardonné. S’il ne demande pas pardon, demande-lui, toi, s’il veut être pardonné. Et même si après cela il péchait encore mille fois contre toi, aime-le plus encore que tu m’aimes, et cela pour l’amener au Seigneur. Aie toujours pitié de ces malheureux…

Si un frère, à l’instigation de l’ennemi, commet un péché grave, il sera tenu par obéissance de recourir à son responsable. Les frères qui connaîtraient sa faute ne lui feront ni affront ni reproche ; ils lui témoigneront au contraire beaucoup de bonté et tiendront soigneusement caché le péché de leur frère, car « ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades » (Mt 9,12)… Et son supérieur agira envers lui avec autant de bonté qu’il en souhaiterait pour lui s’il était en un cas semblable.

Si un frère tombe en quelque péché véniel, il se confessera à l’un de ses frères prêtres. S’il n’y a pas de prêtre, il se confessera à son frère, en attendant qu’il trouve un prêtre pour l’absoudre canoniquement. Les frères ne pourront enjoindre d’autre pénitence que ceci : « Va, et ne pèche plus ! » (Jn 8,11)

Saint François d’Assise (1182-1226)

 

 

« Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? » (Mc 2,7)

jeudi 1 juillet 2021

« Et voilà qu’on lui apportait un paralysé. » Saint Matthieu dit simplement que ce paralytique a été apporté à Jésus. D’autres évangélistes racontent qu’il a été descendu par une ouverture dans le toit, et présenté au Sauveur sans formuler aucune demande, le laissant juger lui-même de la guérison…

L’Évangile dit « voyant la foi de ceux qui portaient le paralytique », c’est-à-dire de ceux qui l’avaient amené à Jésus. Considérez comment parfois le Christ ne fait aucun cas de la foi du malade : peut-être qu’il n’en est pas capable, étant inconscient ou possédé par un esprit mauvais. Ici cependant ce paralytique avait une grande confiance en Jésus ; autrement est-ce qu’il aurait permis qu’on le descende devant lui ? Le Christ répond à cette confiance par un prodige extraordinaire. Avec le pouvoir de Dieu lui-même, il pardonne les péchés de cet homme. Il montre ainsi qu’il est l’égal du Père, vérité qu’il avait déjà montré quand il a dit au lépreux : « Je le veux, sois guéri » (Mt 8,3)…et quand, par un seul mot, il avait calmé la mer déchaînée (Mt 8,26), ou quand, en tant que Dieu, il avait chassé les démons, qui reconnaissent en lui leur souverain et leur juge (Mt 8,32). Or ici, il montre à ses adversaires, à leur grand étonnement, qu’il est l’égal du Père.

Et le Sauveur montre ici, encore une fois, combien il repousse tout ce qui est spectaculaire ou source de vaine gloire. La foule le presse de tous côtés, mais il ne s’empresse pas d’opérer un miracle visible en guérissant la paralysie extérieure de cet homme… Il commence par un miracle invisible, guérissant l’âme de cet homme. Cette guérison-là est infiniment plus avantageuse pour lui –- et, en apparence, moins glorieuse pour le Christ.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

« Que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés. » (Col 3,15)

mercredi 30 juin 2021

Le propre de Dieu et de ses anges est de donner, dans leurs incitations, une véritable allégresse et joie spirituelle, en écartant toute tristesse et trouble que suscite l’ennemi. Au contraire, le propre de ce dernier est de lutter contre cette joie et cette consolation spirituelle, en proposant des raisons apparentes, des subtilités et de continuels sophismes. Seul Dieu notre Seigneur donne à l’âme la consolation sans cause précédente. C’est en effet le propre du Créateur d’entrer, de sortir, de produire des motions dans l’âme, l’attirant tout entière à l’amour de sa divine Majesté. Je dis : sans cause, c’est-à-dire, sans aucun sentiment préalable ni de connaissance d’un objet grâce auquel viendrait cette consolation. (…)

C’est le propre de l’ange mauvais, qui se transforme en « ange de lumière » (2Co 11,14), d’aller d’abord dans le sens de l’âme fidèle et de l’amener ensuite dans le sien. C’est à dire qu’il propose des pensées bonnes et saintes, en accord avec l’âme juste, et ensuite, peu à peu, il tâche de l’amener à ses fins en entraînant l’âme dans ses tromperies secrètes et ses intentions perverses.

Nous devons être très attentifs au déroulement de nos pensées. Si le début, le milieu et la fin sont entièrement bons, orientés entièrement vers le bien, c’est le signe du bon ange. Mais si le déroulement de nos pensées nous amène finalement à quelque chose de mauvais ou de distrayant ou de moins bon que ce que l’âme projetait d’abord, ou qui affaiblit, qui inquiète ou qui trouble l’âme en lui enlevant la paix, la tranquillité et le repos qu’elle avait auparavant, c’est un signe clair que cela vient du mauvais esprit, ennemi de notre progrès et de notre salut éternel. (…) Chez ceux qui avancent de bien en mieux, le bon ange touche l’âme de façon douce, légère et suave, comme une goutte d’eau qui entre dans une éponge. Le mauvais la touche de façon aigüe, avec bruit et agitation.

Saint Ignace de Loyola (1491-1556)

 

 

« Suis-moi ! »

lundi 28 juin 2021

Balaam avait prophétisé : « Que tes demeures sont belles, Jacob, et tes tentes, Israël » (Nb 24,5). Ici, Jacob est le symbole des hommes parfaits en actions et en œuvres, et Israël des chercheurs de la sagesse et de la connaissance… De celui qui a accompli tout son devoir et atteint la perfection des œuvres, on dira que cette perfection des œuvres est sa maison, sa belle maison. Au contraire pour ceux qui travaillent à la sagesse et à la connaissance, il n’y a pas de terme à leurs efforts — car où sera la limite de la sagesse de Dieu ? Plus on s’en approchera, plus on y découvrira de profondeurs ; plus on la scrutera, mieux on comprendra son caractère ineffable et incompréhensible ; car la sagesse de Dieu est incompréhensible et inestimable. Pour ces gens-ci donc, qui s’avancent sur la route de la sagesse de Dieu, Balaam ne vante pas leurs maisons, car ils ne sont pas arrivés au terme du voyage, mais il admire les tentes avec lesquelles ils se déplacent toujours et progressent toujours…

Quiconque fait quelque progrès dans la connaissance des choses de Dieu et a acquis quelque expérience en ce domaine le sait bien : à peine arrivé à quelque aperçu, à quelque compréhension des mystères spirituels, l’âme y séjourne comme sous une tente ; et après avoir exploré d’autres régions à partir de ses premières découvertes…, pliant sa tente en quelque sorte, elle tend plus haut, et là elle établit pour un moment la demeure de son esprit… C’est ainsi que toujours « tendue en avant » (Ph 3,13) elle s’avance comme les nomades avec leurs tentes. Jamais le moment n’arrive où l’âme embrasée du feu de la connaissance de Dieu peut se donner du temps et se reposer ; elle est toujours relancée du bien vers le mieux, et de ce mieux à de plus grandes hauteurs.

Origène (v. 185-253)

 

 

 

« L’enfant n’est pas morte : elle dort. »

dimanche 27 juin 2021

Toute lecture d’évangile nous est d’un grand profit aussi bien pour la vie présente que pour la vie future. Mais plus encore l’évangile de ce jour, car il contient la totalité de notre espérance et bannit tout motif de désespoir… Un chef de la synagogue conduisait le Christ auprès de sa fille et donnait en même temps l’occasion à une femme qui souffrait d’hémorragie de venir trouver Jésus… Le Christ connaissait l’avenir et n’ignorait pas que cette femme viendrait à sa rencontre. C’est elle qui ferait comprendre au chef des juifs que Dieu n’a pas besoin de se déplacer, qu’il n’est pas nécessaire de lui montrer le chemin ni de solliciter sa présence physique. Il faut croire, au contraire, que Dieu est présent partout, qu’il y est avec tout son être et pour toujours. Qu’il peut tout faire sans peine en donnant un ordre, qu’il envoie sa puissance sans la transporter ; qu’il met la mort en fuite par un commandement sans bouger la main ; qu’il rend la vie en le décidant, sans recourir à la médecine…

Dès que le Christ arrive à la maison et voit que les gens pleurent la jeune fille comme une morte, il veut amener à la foi leurs cœurs incrédules. Comme eux pensaient qu’on ne pouvait pas ressusciter d’entre les morts plus facilement que sortir du sommeil, le Christ déclare que la fille était endormie et non pas morte.

Et vraiment, pour Dieu, la mort est un sommeil. Car Dieu fait revenir un mort à la vie en moins de temps qu’un homme ne tire un dormeur de son sommeil… Ecoute ce que dit l’apôtre Paul : « Instantanément, en un clin d’œil, les morts ressusciteront » (1Co 15,52)… D’ailleurs, comment aurait-il pu condenser dans des mots la rapidité d’un événement dans lequel la puissance divine dépasse la rapidité même ? Comment le temps pourrait-il intervenir dans le don d’une réalité éternelle, non soumise au temps ?

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

« Il guérit beaucoup de malades. »

samedi 26 juin 2021

« Le soir venu, on lui amena beaucoup de possédés ; par sa parole il en chassa les esprits, et guérit tous ceux qui étaient malades. » Vois-tu comme la foi de la foule grandit peu à peu ? Malgré l’heure avancée, ils n’ont pas voulu quitter le Seigneur ; ils ont pensé que le soir permettait de lui amener des malades. Songe au nombre de guérisons que les évangélistes laissent de côté ; ils ne les racontent pas toutes une à une, mais en une seule phrase ils nous font voir un océan infini de miracles. Pour que la grandeur du prodige ne nous entraîne pas à l’incrédulité, pour qu’on ne soit pas troublé à la pensée d’une telle foule frappée de maux si divers et guérie en un moment, l’évangile apporte le témoignage du prophète, aussi extraordinaire et aussi surprenant que les faits eux-mêmes : « Ainsi devait s’accomplir l’oracle du prophète Isaïe : Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies » (53,4). Il ne dit pas : « Il a détruit », mais : « Il a pris » et « Il s’est chargé », marquant ainsi, à mon avis, que le prophète parle plus du péché que des maladies du corps, ce qui est conforme à la parole de Jean Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29).

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

« Jésus étendit la main et le toucha. »

vendredi 25 juin 2021

De nos jours, la plus terrible maladie en Occident n’est pas la tuberculose ou la lèpre ; c’est de se sentir indésirable, pas aimé et abandonné. Nous savons soigner les maladies du corps par la médecine, mais le seul remède à la solitude, au désarroi et au désespoir, c’est l’amour. Beaucoup de gens meurent dans le monde faute d’un morceau de pain, mais il en meurt bien davantage faute d’un peu d’amour. La pauvreté en Occident est une autre sorte de pauvreté ; ce n’est pas seulement une pauvreté de solitude, mais aussi de spiritualité. Il existe une faim d’amour comme il existe une faim de Dieu.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)

 

 

« Il est resserré, le chemin qui conduit à la vie. »

mardi 22 juin 2021

Voyons ce que Dieu a dit à Moïse, quelle route il a eu ordre de choisir. (…) Tu croyais peut-être que le chemin que Dieu montre est uni et facile, qu’il ne comporte absolument rien de difficile ou de pénible ; au contraire, c’est une montée, et une montée tortueuse. Car le chemin par où on tend aux vertus ne va pas en descendant, mais en montant, et c’est une montée resserrée et difficile. Écoute le Seigneur encore dire dans l’Évangile : « Combien étroite et resserrée est la voie qui mène à la vie ! » Vois donc combien l’Évangile est en harmonie avec la Loi (…) N’est-il pas vrai que même des aveugles peuvent le voir clairement : un seul Esprit a écrit la Loi et l’Évangile.

Le chemin où on s’avance est donc une montée tortueuse (…) ; les actes et la foi comportent bien des difficultés, bien des peines. Car bien des tentations et bien des obstacles s’opposent à ceux qui veulent agir selon Dieu. Ensuite, dans la foi, on trouve bien des choses tortueuses, beaucoup de points de discussion, bien des objections d’hérétiques. (…) Écoute ce que dit Pharaon en voyant la route que Moïse et les Israélites avaient prise : « Ces gens-là s’égarent » (Ex 14,3). Pour Pharaon, ceux qui suivent Dieu s’égarent. C’est que, on l’a dit, le chemin de la sagesse est tortueux, avec maints tournants, maintes difficultés, nombre de détours. Ainsi, confesser qu’il y a un seul Dieu, et affirmer dans la même confession que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un seul Dieu, combien tortueux, combien difficile, combien inextricable cela paraît-il aux infidèles ! Ajouter ensuite que « le Seigneur de majesté » a été crucifié (1Co 2,8), et qu’il est le Fils de l’homme « qui descendit du ciel » (Jn 3,13), combien cela paraît tortueux et combien difficile ! Qui l’entend sans la foi dit : « Ces gens-là s’égarent ». Mais toi, sois ferme, ne mets pas en doute une telle foi, sachant que Dieu te montre cette route de la foi.

Origène (v. 185-253)

 

 

« Ne jugez pas pour ne pas être jugés. »

lundi 21 juin 2021

Tu sais bien excuser et colorer tes actes, et tu ne veux pas accepter les excuses des autres.

Il serait plus juste de t’accuser, toi, et d’excuser ton frère.

Si tu veux qu’on te supporte, supporte aussi les autres.

Vois combien tu es encore loin de la vraie charité et de la vraie humilité, qui ne sait se fâcher ni s’indigner contre personne sinon contre soi-même.

Ce n’est pas une grande chose de bien vivre en compagnie de personnes bonnes et paisibles, car cela plaît naturellement à tout le monde. Chacun aime volontiers la paix et éprouve davantage d’affection pour ceux qui pensent comme nous.

Mais pouvoir vivre en paix avec des gens durs, méchants et indisciplinés, qui nous rebutent, c’est une grande grâce, une façon de vivre louable et courageuse. (…)

Celui qui sait le mieux gérer la souffrance gardera une plus grande paix. C’est lui qui est vainqueur de lui-même et maître du monde, ami du Christ et héritier du ciel.

L’Imitation de Jésus Christ