ACCUEIL

Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

« Demeurez en moi, comme moi en vous. » (Jn 15,4)

mercredi 5 mai 2021

Quelle que soit l’étape où se trouve l’âme, son travail n’est pourtant jamais qu’un travail de coopération. Elle n’est pas seule : Dieu travaille en elle et avec elle : car il est toujours le premier Auteur de son progrès.

Sans doute, dans les débuts, quand l’âme est encore embarrassée de vices et d’habitudes mauvaises, il faut qu’elle s’applique elle-même avec virilité et ardeur à enlever ces obstacles qui s’opposent à l’union divine. La coopération que Dieu réclame d’elle dans cette période est particulièrement grande et active, et se révèle très vivement à la conscience. Durant cette période Dieu accorde des grâces sensibles qui relèvent et encouragent. Mais l’âme expérimente des alternatives, des vicissitudes intérieures : elle tombe, puis se redresse ; elle peine, puis se repose ; elle reprend haleine, puis repart en avant.

Au fur et à mesure que l’âme avance, que cèdent les obstacles, sa vie intérieure devient plus homogène, plus régulière, plus unie, l’action de Dieu se fait sentir plus puissante, parce qu’elle est plus libre de s’exercer, qu’elle rencontre dans l’âme moins de résistance et plus de souplesse : et alors, nous progressons rapidement dans la voie de la perfection. (…) Notre-Seigneur nous a donné si clairement cette doctrine fondamentale : « Je suis la vigne, vous êtes les branches ; demeurez en moi afin de porter des fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5). (…)

S’imaginer que le Christ prendra pour lui tout le travail serait une dangereuse illusion ; mais croire que nous pourrons faire quoi que ce soit sans lui serait une illusion non moins périlleuse. Aussi devons-nous être convaincus que nos œuvres n’ont de valeur qu’en raison de notre union à Jésus.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

« C’est ma paix que je vous donne. »

mardi 4 mai 2021

À tout croyant, il revient d’être, dans le monde d’aujourd’hui, une étincelle lumineuse, un foyer d’amour et un ferment pour toute la masse (Mt 5,14; 13,33). Chacun le sera dans la mesure de son union à Dieu. De fait, la paix ne saurait régner entre les hommes si elle ne règne d’abord en chacun d’eux, c’est-à-dire si chacun n’observe en lui-même l’ordre voulu par Dieu. (…) Il s’agit là, en fait, d’une entreprise trop sublime et trop élevée pour que sa réalisation soit au pouvoir de l’homme laissé à ses seules forces, fût-il par ailleurs animé de la plus louable bonne volonté. Pour que la société humaine présente avec la plus parfaite fidélité l’image du Royaume de Dieu, le secours d’en haut est absolument nécessaire. (…)

Par sa Passion et par sa mort, le Christ a vaincu le péché, source première de toutes les discordes, détresses et inégalités (…). « C’est lui qui est notre paix (…). – Il est venu proclamer la paix, paix pour vous qui étiez loin, et paix pour ceux qui étaient proches » (Ep 2,14s). Et c’est ce même message que nous fait entendre la liturgie de ces saints jours de Pâques : « Jésus, notre Seigneur ressuscité, se tint au milieu de ses disciples et leur dit : La paix soit avec vous, alléluia. Et les disciples, ayant vu le Seigneur, furent remplis de joie » (cf Jn 20,19s). Le Christ nous a apporté la paix, nous a laissé la paix : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. »

C’est cette paix apportée par le Rédempteur que nous lui demandons avec insistance dans nos prières. Qu’il bannisse des âmes ce qui peut mettre la paix en danger, et qu’il transforme tous les hommes en témoins de vérité, de justice et d’amour fraternel. Qu’il éclaire ceux qui président aux destinées des peuples (…). Que le Christ enflamme le cœur de tous les hommes et leur fasse renverser les barrières qui divisent, resserrer les liens de l’amour mutuel, montrer de la compréhension à l’égard des autres et pardonner à ceux qui leur ont fait du tort. Et qu’ainsi, grâce à lui, tous les peuples de la terre forment entre eux une véritable communauté fraternelle, et que parmi eux ne cesse de fleurir et de régner la paix tant désirée.

Saint Jean XXIII (1881-1963)

 

 

« Je vous donnerai des pasteurs. » (Jr 3,15)

lundi 3 mai 2021

Les apôtres, fidèles à la mémoire de Jésus, se réjouissaient avec les nouveaux croyants parce qu’ils avaient trouvé en lui, non seulement le Pasteur de leur âme, mais plus encore le Chef des pasteurs. Lorsque l’heure fut venue de retourner au Père, en quittant ce monde, Jésus voulut choisir et appeler d’autres « pasteurs selon son cœur » (Jr 3,15). Il l’a fait par libre choix, afin qu’ils continuent sa propre mission, dans le monde entier, jusqu’à la fin des temps. Ils seront ses envoyés, ses messagers, ses apôtres. Ils ne seront pasteurs qu’en son nom, pour le bien du troupeau et dans la force de son Esprit, auquel ils devront rester fidèles.

Le premier de tous, Pierre, après la triple profession d’amour envers Jésus, est nommé pasteur de ses brebis et de ses agneaux (Jn 21,15). Puis tous les apôtres. Et après eux, d’autres encore, et tous dans le même Esprit. Et tous, dans tous les temps, devront guider le troupeau du Seigneur qui leur a été confié, non comme des dominateurs, mais comme les modèles du troupeau (1P 5,3), avec un total désintéressement et tout l’élan de leur cœur. Ainsi seulement, ils pourront recevoir un jour la récompense méritée, quand reparaîtra le Chef des pasteurs.

Saint Paul VI

 

 

 

« Qui me voit, voit aussi mon Père. » (Jn 8,9)

samedi 1 mai 2021

« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48). Pourquoi notre perfection, notre sainteté doit-elle reproduire la sainteté divine, si infiniment distante de notre faiblesse humaine ? Ensuite, nous est-il donné de pouvoir connaître le mystère de cette vie divine ? La réponse à cette double question tient en ces mots : nous devons ressembler à notre Père céleste, parce que nous sommes ses enfants par adoption. Et pour connaître la perfection de ce Père, il nous suffit d’aller à Jésus-Christ.

Saint Jean nous dit : « Personne n’a jamais vu Dieu » : (Jn 1,18). Alors, faut-il désespérer de le connaître jamais ? Non, car le disciple ajoute aussitôt la vérité lumineuse : « Le Fils unique, celui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a révélé ». Saint Paul, enthousiasmé par cette même révélation, s’écrie : « Dieu habite une clarté inaccessible » (cf. 1 Tm 6,16) ; mais lui, « qui, par sa parole, fit jaillir la lumière des ténèbres, il a illuminé nos cœur par la clarté resplendissante de la face de Jésus-Christ » (cf. 2 Co 4,6). (…) Le Christ est Dieu mis à notre portée, sous une forme humaine. Après la dernière cène, Philippe dit à Jésus : « Seigneur, montrez-nous le Père » (Jn 14,8). Et Notre-Seigneur de répondre par une parole solennelle qui contient comme la clé du mystère : « Philippe, qui me voit, voit aussi mon Père » (Jn 14,9).

En Jésus-Christ, tout est donc une révélation de Dieu. (…) Aux pieds de Jésus, nous apprendrons à connaître les perfections de Dieu ; c’est par la méditation de ses paroles, de ses actions, de ses souffrances, de sa mort, que nous pénétrons les secrets de la miséricorde infinie.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

Marcher dans le chemin de la vérité et de la vie

vendredi 30 avril 2021

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ; qui passe par moi ne chemine pas dans les ténèbres mais à la lumière » (Jn 14,6 ; 8,12). Et dans un autre endroit, ma Vérité dit encore que nul ne peut venir à Moi sinon par Lui. Et il en est vraiment ainsi.

S’il t’en souvient bien, c’est cela même que je t’ai dit et exposé quand j’ai voulu t’indiquer la voie. Donc s’il dit qu’il est la Voie, c’est la vérité même, et je t’ai montré que cette voie est en forme de pont. Il a dit aussi qu’il est la Vérité : quoi de plus réel, puisqu’il ne fait qu’un avec Moi qui suis la Vérité ? Qui le suit, marche donc dans le chemin de la vérité et de la vie. Qui suit cette Vérité reçoit la vie de la grâce et ne peut périr de faim : car la Vérité devient sa nourriture. Il ne peut non plus tomber dans les ténèbres, parce qu’il est la lumière, pure de tout mensonge. Bien plus, c’est lui qui par la vérité a confondu et détruit le mensonge par lequel le démon séduisit Ève. C’est par ce mensonge que la voie du ciel avait été coupée ; mais cette voie, la Vérité l’a rétablie et cimentée par le Sang.

Ceux qui marchent en cette voie, sont donc les fils de la Vérité, car ils suivent la Vérité, ils passent par la porte de la Vérité, et ils se trouvent enfin unis en moi avec celui qui est la voie et qui est la porte, mon Fils, Vérité éternelle, Océan de Paix.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

« Moi, qui suis la lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. »

mercredi 28 avril 2021

L’humilité avec laquelle le Christ « se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur » (Ph 2,7) est pour nous lumière. Lumière pour nous son refus de la gloire du monde, lui qui a voulu naître dans une étable plutôt que dans un palais et subir une mort honteuse sur une croix. Grâce à cette humilité nous pouvons savoir combien est détestable le péché d’un être de limon (Gn 2,7), un pauvre petit homme de rien, lorsqu’il s’enorgueillit, se glorifie et ne veut pas obéir tandis que nous voyons le Dieu infini humilié, méprisé et livré aux hommes. (…)

La douceur avec laquelle il a supporté la faim, la soif, le froid, les insultes, les coups et les blessures est aussi pour nous lumière, lorsque « comme un agneau il a été conduit à l’abattoir et comme une brebis devant le tondeur il n’a pas ouvert la bouche » (Is 53,7). Grâce à cette douceur, en effet, nous voyons combien la colère est inutile, de même que la menace ; nous consentons alors à souffrir et nous ne servons pas le Christ par routine. Grâce à elle, nous apprenons à connaître tout ce qui nous est demandé : pleurer nos péchés dans la soumission et le silence, et endurer patiemment la souffrance quand elle se présente. Car le Christ a enduré ses tourments avec tant de douceur et de patience, non pour des péchés qu’il n’a pas commis, mais pour ceux d’autrui.

Dès lors, frères très chers, réfléchissez à toutes les vertus que le Christ nous a enseignées par sa vie exemplaire, qu’il nous recommande par ses exhortations et qu’il nous donne la force d’imiter avec l’aide de sa grâce.

Lansperge le Chartreux (1489-1539)

 

 

Je suis venu pour qu’ils aient la vie en abondance

lundi 26 avril 2021

Qu’est-ce que l’économie de la venue du Christ ? Le retour de notre nature à elle-même et sa restauration.

Car le Christ a rendu à la nature humaine la dignité d’Adam le premier homme. Il lui a donné en outre, ô grâce vraiment divine, et vraiment grande, l’héritage céleste de l’Esprit bon, en la faisant sortir de la prison des ténèbres. Il a montré le chemin et la porte de la vie : à qui est passé par cette porte, à qui a frappé à cette porte, il est possible d’entrer dans le Royaume. Il est dit en effet : « Demandez, et il vous sera donné. Frappez, et il vous sera ouvert » (Mt 7,7). Par cette porte peut entrer chacun de ceux qui veulent trouver la liberté de leur âme et désirent que celle-ci recouvre ses propres pensées, s’enrichisse de demeurer avec le Christ et l’ait pour époux dans la communion de l’Esprit bon.

Vois ici l’ineffable amour du Maître pour l’homme créé par lui à son image !

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

« Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent. »

dimanche 25 avril 2021

Regardons notre berger, le Christ. (…) Il se réjouit de ses brebis qui sont auprès de lui et va chercher celles qui s’égarent. Montagnes et forêts ne lui font pas peur ; il parcourt les ravins pour arriver jusqu’à la brebis perdue. Même s’il la trouve en piteux état, il ne se met pas en colère, mais touché de compassion, il la prend sur ses épaules et, de sa propre fatigue, guérit la brebis fatiguée (Lc 15,4s). (…)

C’est avec raison que le Christ proclame : « Je suis le Bon Pasteur, je cherche la brebis perdue, je ramène celle qui est égarée, je panse celle qui est blessée, je guéris celle qui est malade (Ez 34,16). J’ai vu le troupeau des hommes accablé par la maladie ; j’ai vu mes agneaux s’en aller où demeurent les démons ; j’ai vu mon troupeau dépecé par les loups. J’ai vu cela et ne l’ai pas regardé de haut. C’est pourquoi j’ai pris la main desséchée, tenue par le mal comme par un loup ; j’ai délié ceux que la fièvre avait liés ; j’ai appris à voir à celui dont les yeux étaient fermés depuis le sein de sa mère ; j’ai retiré Lazare du tombeau où il gisait depuis quatre jours (Mc 3,5; 1,31; Jn 9; 11). Car je suis le bon pasteur ; le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » (…)

Les prophètes ont connu ce pasteur lorsque, bien avant sa Passion, ils annonçaient ce qui allait venir : « Comme une brebis, le voici conduit à l’abattoir ; comme un agneau muet devant les tondeurs, il n’a pas ouvert la bouche » (Is 53,7). Comme une brebis, le pasteur a offert sa gorge pour ses brebis. (…) Par sa mort, il remédie à la mort ; par son tombeau, il vide les tombeaux (…) Les tombeaux sont lourds et la prison fermée, tant que le pasteur, descendu de la croix, ne vient pas apporter à ses brebis enfermées la joyeuse nouvelle de leur libération. On le voit aux enfers où il donne l’ordre d’élargissement (1P 3,19) ; on le voit appeler à nouveau ses brebis, leur dire son appel du séjour des morts à la vie. « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » C’est ainsi qu’il se propose de gagner l’affection de ses brebis, et celles qui savent entendre sa voix aiment le Christ.

Basile de Séleucie (?-v. 468)

 

 

« Mes paroles sont esprit et vie. »

samedi 24 avril 2021

« Prenez et mangez, dit Jésus, ceci est mon corps qui est rompu pour vous » (cf 1Co 11,24). Pourquoi les disciples n’ont-ils pas été troublés en entendant ces mots ? C’est parce que le Christ leur avait déjà dit beaucoup de grandes choses à ce sujet (Jn 6). (…) Faisons pleinement confiance à Dieu, nous aussi. Ne lui faisons pas d’objections, même si ce qu’il dit paraît contraire à nos raisonnements et à ce que nous voyons. Que sa parole soit plutôt maîtresse de notre raison et de notre vue elle-même. Ayons cette attitude face aux mystères sacrés : n’y voyons pas seulement ce qui tombe sous nos sens, mais tenons surtout compte des paroles du Seigneur. Sa parole ne peut pas nous tromper, alors que nos sens nous égarent facilement ; elle n’est jamais prise en défaut, mais eux défaillent très souvent. Lorsque le Verbe dit : « Ceci est mon corps », fions-nous à lui, croyons et contemplons-le avec les yeux de l’esprit. (…)

Combien de gens disent aujourd’hui : « Je voudrais voir le Christ en personne, son visage, ses vêtements, ses chaussures ». Eh bien, dans l’eucharistie c’est lui que tu vois, que tu touches, lui que tu reçois ! Tu désirais voir ses vêtements ; et c’est lui-même qui se donne à toi non seulement pour le voir, mais pour le toucher, le manger, l’accueillir dans ton cœur. Que personne donc ne s’approche avec indifférence ou avec mollesse ; mais que tous viennent à lui animés d’un amour brûlant.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

« Celui qui mange ce pain vivra éternellement. » (Jn 6,58)

vendredi 23 avril 2021

De même que jadis la mer fendue par la baguette de Moïse et la manne descendue du ciel étaient seulement la figure et les symboles de la vérité, et rien d’autre, la mer du baptême et la manne du Sauveur, de même les choses dont nous parlons sont les symboles et la figure de ces réalités douées d’une transcendance et d’une gloire incomparables, dans la mesure où l’incréé transcende par nature ce qui est créé. Cette manne, en effet, qui est appelée « pain et nourriture des anges », qu’en ce temps-là les hommes mangèrent dans le désert, a cessé, a disparu et tous sont morts, oui, tous ceux qui en avaient mangé : car elle ne participait pas de la vraie vie tandis que la chair de mon Maître, étant divinisée et emplie de la vie, fais participer à la vie tous ceux qui la mangent, et les rend immortels. (…)

Il a commencé par me dépouiller de la corruption et de la mort, par me rendre entièrement libre sensiblement et consciemment, et – mystère plus redoutable que tous les autres – il a fait de moi un nouveau ciel et a fixé sa demeure en moi, lui le Créateur de tout, faveur dont nul parmi les saints des anciens temps ne fut jugé digne. Jadis, en effet, il parlait par l’intermédiaire de l’Esprit divin et par l’opération de Celui-ci réalisait ses merveilles, mais jamais, au grand jamais, Dieu ne s’est substantiellement uni à personne avant que ne fut devenu homme le Christ mon Dieu : c’est Lui qui, ayant pris un corps, a donné son Esprit divin et, par lui, s’unit substantiellement à tous les croyants, et il se fait entre eux une union inséparable.

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)