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Archive pour la catégorie ‘Jardins de la Bible’

« Voici que le semeur est sorti pour semer. »

mercredi 24 juillet 2019

Si maintenant vous me demandez ce que veut dire Jésus Christ par ce semeur qui sortit de grand matin pour aller répandre sa semence dans son champ, mes frères, le semeur, c’est bon Dieu lui-même, qui a commencé à travailler à notre salut dès le commencement du monde, et cela en nous envoyant ses prophètes avant la venue du Messie pour nous apprendre ce qu’il fallait pour être sauvés ; il ne s’est pas contenté d’envoyer ses serviteurs, il est venu lui-même, il nous a tracé le chemin que nous devions prendre, il est venu nous annoncer la parole sainte.

Savez-vous ce que c’est qu’une personne qui n’est pas nourrie de cette parole sainte ou en abuse ? Elle est semblable à un malade sans médecin, à un voyageur égaré et sans guide, à un pauvre sans ressource ; disons mieux, mes frères, qu’il est tout à fait impossible d’aimer Dieu et de lui plaire sans être nourri de cette parole divine. Qu’est ce qui peut nous porter à nous attacher à lui, sinon parce que nous le connaissons ? Et qui nous le fait connaître avec toutes ses perfections, ses beautés et son amour pour nous, sinon la parole de Dieu, qui nous apprend tout ce qu’il a fait pour nous et les biens qu’il nous prépare dans l’autre vie, si nous cherchons à lui plaire ?

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

« Tout arbre bon donne de beaux fruits. »

mercredi 26 juin 2019

Dans une civilisation paradoxalement blessée par l’anonymat et, en même temps, obsédée par les détails de la vie des autres, malade de curiosité morbide, l’Église a besoin d’un regard de proximité pour contempler, s’émouvoir et s’arrêter devant l’autre chaque fois que cela est nécessaire. En ce monde, les ministres ordonnés et les autres agents pastoraux peuvent rendre présent le parfum de la présence proche de Jésus et son regard personnel. L’Église devra initier ses membres — prêtres, personnes consacrées et laïcs — à cet « art de l’accompagnement », pour que tous apprennent toujours à ôter leurs sandales devant la terre sacrée de l’autre (Ex 3,5). Nous devons donner à notre chemin le rythme salutaire de la proximité, avec un regard respectueux et plein de compassion mais qui en même temps guérit, libère et encourage à mûrir dans la vie chrétienne…

Plus que jamais, nous avons besoin d’hommes et de femmes qui, à partir de leur expérience d’accompagnement, connaissent la manière de procéder, où ressortent la prudence, la capacité de compréhension, l’art d’attendre, la docilité à l’Esprit, pour protéger tous ensemble les brebis qui se confient à nous des loups qui tentent de disperser le troupeau. Nous avons besoin de nous exercer à l’art de l’écoute, qui est plus que le fait d’entendre. Dans la communication avec l’autre, la première chose est la capacité du cœur qui rend possible la proximité, sans laquelle il n’existe pas une véritable rencontre spirituelle. L’écoute nous aide à découvrir le geste et la parole opportune qui nous secouent de la tranquille condition de spectateurs. C’est seulement à partir de cette écoute respectueuse et capable de compatir qu’on peut trouver les chemins pour une croissance authentique, qu’on peut réveiller le désir de l’idéal chrétien, l’impatience de répondre pleinement à l’amour de Dieu et la soif de développer le meilleur de ce que Dieu a semé dans sa propre vie.

Pape François

 

 

 

Confiez-vous dans le Seigneur

samedi 22 juin 2019

Ne nous laissons nullement consumer par les soucis que nous causent les besoins du corps. Croyons en Dieu de toute notre âme, comme disait un homme bon : « Confiez-vous dans le Seigneur et vous recevrez sa confiance ».

Mais si tu hésites encore et ne crois pas qu’il veille tout à fait sur toi pour te nourrir, considère l’araignée, et sache combien l’homme diffère d’elle. Je dis bien l’araignée, qui est le plus faible et le plus pauvre des êtres. Elle n’a rien à elle, elle ne plaide pas, elle ne dispute pas, elle n’accumule pas, (…) elle ne s’ingère nullement dans les affaires de ses voisins, elle ne s’occupe que des siennes, elle demeure dans son propre travail en état de sérénité, de calme, elle ne parle guère à ceux qui vénèrent l’oisiveté que pour leur dire : « Si un homme ne veut rien faire, qu’il ne mange pas non plus » (cf. 2Th 3,10). Le Seigneur qui demeure dans les hauteurs des cieux et voit ce qui est humble (cf. LXX, Ps 112,5-6) – or rien n’est plus humble que l’araignée –, étendant jusqu’à elle sa providence, lui envoie chaque jour un peu de nourriture près de sa petite demeure, en faisant tomber dans ses filets les insectes dont elle a besoin.

Mais l’un de ceux qui sont asservis par la voracité dira peut-être : « Je mange énormément, et comme je dépense beaucoup, je suis obligé de m’embarrasser des innombrables affaires de cette vie » (cf. 2Tm 2,4). Qu’un tel homme considère les grandes baleines qui cherchent leur vie dans l’océan Atlantique, qui sont abondamment nourries par Dieu et ne connaissent jamais la faim. C’est donc Dieu qui nourrit celui qui mange beaucoup comme celui qui vit de peu. Si tu entends ces choses, même toi dont le ventre est gros et vaste, confie-toi désormais tout entier à Dieu et à la foi. Ne sois plus incrédule, mais crois (cf. Jn 20,27).

Jean Carpathios

 

 

 

« Afin que vous donniez du fruit et que votre fruit demeure. »

vendredi 24 mai 2019

Qu’ils sont heureux et bénis, ceux qui aiment Dieu et qui pratiquent ce que le Seigneur lui-même dit dans l’Évangile : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme, et ton prochain comme toi-même ». Aimons donc Dieu et adorons-le d’un cœur et d’un esprit purs…

Puis, aimons notre prochain comme nous-mêmes. Et si quelqu’un ne veut pas ou ne peut pas aimer son prochain comme lui-même, qu’au moins il n’aille pas lui faire de mal, mais qu’il lui fasse du bien. Ceux qui ont été investis du pouvoir de juger autrui, qu’ils exercent leur charge de juge avec miséricorde, comme ils voudraient obtenir eux-mêmes miséricorde du Seigneur… Ayons donc charité et humilité : faisons des aumônes, car elles lavent les âmes des souillures de leurs péchés. En effet, tout ce que les hommes doivent laisser en quittant ce monde est à jamais perdu pour eux, tandis qu’ils emportent avec eux le prix de leur charité et les aumônes qu’ils auront faites : ils en recevront de Dieu la récompense et une juste rémunération…

Tous ceux et toutes celles qui agiront ainsi et qui persévèreront jusqu’à la fin, l’Esprit du Seigneur reposera sur eux et fera en eux son habitation et sa demeure, et ils seront les fils du Père céleste dont ils font les œuvres ; et ils sont époux, frères et mères de notre Seigneur Jésus Christ… Oh, qu’il est glorieux et saint et grand d’avoir un Père dans les cieux ! Qu’il est saint et beau, magnifique et admirable d’avoir dans les cieux un Époux ! Que c’est une chose sainte…et humble, apaisante et douce, aimable et désirable plus que tout, d’avoir un tel frère et un tel fils, qui a donné sa vie pour ses brebis, et qui a prié son Père pour nous en disant : « Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés…; je veux, Père, que là où je suis, eux aussi soient avec moi, pour qu’ils voient ma splendeur dans ton royaume. »

Saint François d’Assise (1182-1226)

(Références bibliques : Mt 22,37-39; Lc 6,37; Is 11,2; Jn 14,23; Mt 5,45; Mt 12,50; Jn 10,15; Jn 17,6-24)

 

 

 

« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous. »

jeudi 23 mai 2019

Saint François affirmait : « Contre toutes les machinations et les ruses de l’ennemi, ma meilleure défense c’est encore l’esprit de joie. Le diable n’est jamais si content que lorsqu’il a pu ravir à un serviteur de Dieu la joie de son âme. Il a toujours une réserve de poussière qu’il souffle dans la conscience par quelque soupirail, afin de rendre opaque ce qui est pur ; mais dans un cœur gonflé de joie, c’est en vain qu’il essaie d’introduire son poison mortel. Les démons ne peuvent rien contre un serviteur du Christ qu’ils trouvent plein de sainte allégresse ; tandis qu’une âme chagrine, morose et déprimée se laisse facilement submerger par la tristesse ou accaparer par de faux plaisirs. »

Voilà pourquoi lui-même s’efforçait de garder toujours le cœur joyeux, de conserver cette huile d’allégresse dont son âme avait reçu l’onction (Ps 44,8). Il avait grand soin d’éviter la tristesse, la pire des maladies, et quand il sentait qu’elle commençait à filtrer dans son âme, il avait aussitôt recours à la prière. « Au premier trouble, disait-il, le serviteur de Dieu doit se lever, se mettre en prière et demeurer face au Père tant que ce dernier ne lui aura pas fait retrouver la joie de celui qui est sauvé » (Ps 50,14)…

De mes propres yeux, je l’ai parfois vu ramasser à terre un morceau de bois, le poser sur son bras gauche et le racler d’une baguette tendue comme s’il promenait un archet sur la viole ; il mimait ainsi l’accompagnement des louanges qu’il chantait au Seigneur en français.

Thomas de Celano (v. 1190-v. 1260)

 

 

 

« Vos pères ont mangé la manne et il sont morts ; mais le pain du ciel, celui qui en mange ne mourra pas. »

jeudi 9 mai 2019

La manne était savourée de quiconque la mangeait, mais différemment néanmoins, selon la diversité des appétits de ceux qui la prenaient, et ne fut jamais savourée totalement, car elle avait plus de différentes saveurs qu’il n’y avait de variété de goûts chez les Israélites (Sg 16,20-21). Nous verrons et savourerons là-haut au ciel toute la Divinité, mais jamais nul des bienheureux ni tous ensemble ne la verront ou savoureront totalement…

Ainsi les poissons jouissent de la grandeur incroyable de l’océan, et jamais pourtant aucun poisson, ni même toute la multitude des poissons, n’a vu toutes les plages ni n’a trempé ses écailles en toutes les eaux de la mer ; et les oiseaux s’égayent à leur gré dans la vasteté de l’air, mais jamais aucun oiseau, ni même toute la race des oiseaux ensemble, n’a battu des ailes toutes les contrées de l’air et n’est jamais parvenu à la suprême région de celui-ci. Nos esprits, à leur gré et selon toute l’étendue de leurs souhaits, nageront en l’océan et voleront en l’air de la Divinité, et se réjouiront éternellement de voir que cet air est tant infini, cet océan si vaste, qu’il ne peut être mesuré par leurs ailes, et que jouissant sans réserve ni exception quelconque de tout cet abîme infini de la Divinité, ils ne peuvent néanmoins jamais égaler leur jouissance à cette infinité, laquelle demeure toujours infiniment infinie au-dessus de leur capacité.

Saint François de Sales (1567-1622)

 

 

 

L’eau du baptême nous guérit et nous donne la vraie vie

mardi 2 avril 2019

Puisez aux eaux de la source vivante du Seigneur, car elle s’est ouverte pour vous (cf Is 12,3).

Venez, vous tous qui avez soif (Is 55,1), recevez l’eau qui désaltère.

Reposez-vous auprès de la source du Seigneur, car elle est belle et pure ; elle apaise l’âme. Ses eaux sont plus douces que le miel, le rayon des abeilles ne lui est pas comparable, car elle jaillit des lèvres du Seigneur, du cœur du Seigneur elle tire son nom (cf Jn 7,38).

Elle coule, éternelle et invisible ; avant qu’elle n’apparaisse personne ne l’avait vue.

Heureux ceux qui y ont bu et qui y ont apaisé leur soif !

Odes de Salomon (texte chrétien hébraïque du début du 2e siècle)

 

 

« Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir… » : imiter la patience de Dieu

dimanche 24 mars 2019

Frères bien-aimés, Jésus Christ, notre Seigneur et Dieu, ne s’est pas contenté d’enseigner la patience par des paroles ; il l’a aussi montrée par ses actes… À l’heure de la Passion et de la croix, que de sarcasmes outrageants entendus avec patience, que de moqueries injurieuses endurées, au point de recevoir des crachats, lui qui de sa propre salive avait ouvert les yeux d’un aveugle (Jn 9,6)…; de se voir couronné d’épines, lui qui couronne les martyrs de fleurs éternelles ; frappé au visage avec la paume des mains, lui qui décerne les palmes véritables aux vainqueurs ; dépouillé de son vêtement, lui qui revêt les autres de l’immortalité ; nourri de fiel, lui qui donne une nourriture céleste ; abreuvé de vinaigre, lui qui fait boire à la coupe du salut. Lui l’innocent, lui le juste, ou plutôt lui l’innocence et la justice mêmes, est mis au rang des criminels ; de faux témoignages écrasent la Vérité ; on juge celui qui doit juger ; la Parole de Dieu est conduite au sacrifice en se taisant. Puis, alors que les astres s’éclipsent, que les éléments se troublent, que la terre tremble…, il ne parle pas, ne bouge pas, ne révèle pas sa majesté. Jusqu’à la fin il supporte tout avec une constance inépuisable pour que la patience pleine et parfaite trouve son achèvement dans le Christ.

Après quoi, il accueille encore ses meurtriers, s’ils se convertissent et reviennent à lui (cf Ac 3,19); grâce à sa patience…, il ne ferme son Église à personne. Ces adversaires, les blasphémateurs, les ennemis éternels de son nom, il ne les admet pas seulement au pardon s’ils se repentent de leur faute, mais aussi à la récompense du Royaume des cieux. Que pourrait-on citer de plus patient, de plus bienveillant ? Celui-là même qui a versé le sang du Christ est vivifié par le sang du Christ. Telle est la patience du Christ, et si elle n’était pas aussi grande, l’Église ne posséderait pas l’apôtre Paul.

Saint Cyprien (v. 200-258)

 

 

 

Produire du fruit

vendredi 22 mars 2019

« La vigne du Seigneur Sabaot, dit le prophète, c’est la maison d’Israël » (Is 5,7). Or cette maison, c’est nous…, et puisque nous sommes Israël, nous sommes la vigne. Prenons donc bien garde que ne naisse pas de nos sarments, au lieu du raisin de la douceur, celui de la colère (Ap 14,19), pour qu’on ne nous dise pas… : « J’attendais de beaux raisins ; elle donna des raisins sauvages » (Is 5,4). Quelle terre ingrate ! Celle qui aurait dû offrir à son maître les fruits de la douceur l’a transpercé de ses épines aiguës. Ainsi ses ennemis, qui auraient dû accueillir le Sauveur avec toute la dévotion de leur foi, l’ont couronné des épines de la Passion. Pour eux cette couronne signifiait bien outrage et injure, mais aux yeux du Seigneur, c’était la couronne des vertus…

Prenez garde, frères, que l’on ne dise pas à votre sujet : « Il attendait de beaux raisins, elle n’a donné que des épines sauvages » (Is 5,2)… Prenons garde que nos mauvaises actions n’écorchent la tête du Seigneur comme des ronces. Il y a des épines du cœur qui ont blessé même la parole de Dieu, comme le dit le Seigneur dans l’évangile quand il raconte que le grain du semeur est tombé parmi les épines, qui ont poussé et étouffé ce qui avait été semé (Mt 13,7)… Veillez donc à ce que votre vigne ne porte pas d’épines au lieu de raisins ; que votre vendange ne produise pas du vinaigre au lieu de vin. Quiconque fait la vendange sans en distribuer aux pauvres recueille du vinaigre au lieu de vin ; et celui qui engrange ses moissons sans en distribuer aux indigents ne met pas de côté le fruit de l’aumône, mais les chardons de l’avarice.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)

 

 

 

« Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. »

mercredi 28 novembre 2018

Si nous sommes appelés au martyre, il nous faut confesser avec constance le Nom précieux, et si nous sommes châtiés pour cela, réjouissons-nous car nous courons vers l’immortalité. Si nous sommes persécutés, n’en soyons pas attristés, « n’affectionnons pas le monde présent », ni « les louanges des hommes » (2Tm 4,10 ;Rm 2,29), ni la gloire et l’honneur des princes, comme certains. Ils admiraient les actions du Seigneur, mais ils ne croyaient pas en lui, par crainte des grands prêtres et autres dirigeants, car « ils préféraient la gloire des hommes à celle de Dieu » (Jn 12,42). En « affirmant la belle affirmation de la foi » (1Tm 6,12), non seulement nous assurons notre salut, mais nous affermissons les nouveaux baptisés et nous consolidons la foi des catéchumènes…

Que celui qui est jugé digne du martyre se réjouisse donc d’imiter le maître, puisqu’il est prescrit : « Que chacun soit parfait comme son maître » (Lc 6,40). Or notre maître, Jésus, le Seigneur, a été frappé à cause de nous, il a enduré patiemment calomnies et outrages, il a été couvert de crachats, souffleté, roué de coups ; après avoir été flagellé, il a été cloué à la croix, on lui a fait boire du vinaigre et du fiel, et après avoir accompli toutes les Écritures, il a dit à Dieu son Père : « En tes mains je remets mon esprit » (Lc 23,46). Celui donc qui demande à être son disciple, qu’il aspire à lutter comme lui, qu’il imite sa patience, sachant que…, quoi qu’il subisse, il en sera récompensé par Dieu s’il croit à l’unique et seul vrai Dieu…

Car le Dieu tout-puissant nous ressuscitera par notre Seigneur Jésus Christ, selon sa promesse infaillible, avec tous ceux qui sont morts depuis le début… Même si nous mourons en mer, même si nous sommes dispersés dans la terre, même si nous sommes déchirés par des bêtes féroces ou des rapaces, il nous ressuscitera par sa puissance, car tout l’univers est tenu dans la main de Dieu. « Pas un cheveu de votre tête, dit-il, ne sera perdu. » C’est pourquoi il nous exhorte en ces termes : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ».

Les Constitutions apostoliques (380), recueil canonique et liturgique