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Archive pour la catégorie ‘Jardins de la Bible’

« Faites-les fructifier ! »

mercredi 21 novembre 2018

La sueur et la peine que le travail comporte nécessairement dans la condition présente de l’humanité offrent au chrétien et à tout homme, qui est appelé lui aussi à suivre le Christ, la possibilité de participer dans l’amour à l’œuvre que le Christ est venu accomplir. Cette œuvre de salut s’est réalisée par la souffrance et la mort sur la croix. En supportant la peine du travail en union avec le Christ crucifié pour nous, l’homme collabore en quelque manière avec le Fils de Dieu à la rédemption de l’humanité. Il se montre le véritable disciple de Jésus en portant à son tour la croix chaque jour dans l’activité qui est la sienne.

Le Christ, « en acceptant de mourir pour nous tous pécheurs, nous apprend par son exemple que nous devons aussi porter cette croix que la chair et le monde font peser sur les épaules de ceux qui poursuivent la justice et la paix ». En même temps cependant, « constitué Seigneur par sa résurrection, le Christ, à qui tout pouvoir a été donné au ciel et sur la terre, agit désormais dans le cœur des hommes par la puissance de son Esprit… ; il purifie et fortifie ces aspirations généreuses par lesquelles la famille humaine cherche à rendre sa vie plus humaine et à soumettre à cette fin la terre entière » (Vatican II, GS 38).

Dans le travail de l’homme, le chrétien retrouve une petite part de la croix du Christ et l’accepte dans l’esprit de rédemption avec lequel le Christ a accepté sa croix pour nous. Dans le travail, grâce à la lumière dont nous pénètre la résurrection du Christ, nous trouvons toujours une lueur de la vie nouvelle, du bien nouveau. Nous trouvons comme une annonce des « cieux nouveaux et de la terre nouvelle » (Ap 21,1) auxquels participent l’homme et le monde précisément par la peine au travail.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape

 

 

 

L’amour de Dieu, source de l’amour du prochain

dimanche 4 novembre 2018

Comme Dieu « créa l’homme à son image et ressemblance » (Gn 1,26), aussi a-t-il ordonné un amour pour l’homme à l’image et ressemblance de l’amour qui est dû à sa divinité : « Tu aimeras, dit-il, le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur ; c’est le premier et le plus grand commandement. Or le second est semblable à lui : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Pourquoi aimons-nous Dieu ? « La cause pour laquelle on aime Dieu », dit saint Bernard, « c’est Dieu même », comme s’il disait que nous aimons Dieu parce qu’il est la très souveraine et très infinie bonté. Pourquoi nous aimons-nous nous-mêmes en charité ? Certes, c’est parce que nous sommes « l’image et ressemblance de Dieu ». Et puisque tous les hommes ont cette même dignité, nous les aimons aussi comme nous-mêmes, c’est-à-dire en qualité de très saintes et vivantes images de la divinité.

C’est en cette qualité-là que Dieu ne fait nulle difficulté de se dire notre Père et nous nommer ses enfants ; c’est en cette qualité que nous sommes capables d’être unis à sa divine essence par la jouissance de sa souveraine bonté et félicité ; c’est en cette qualité que nous recevons sa grâce et que nos esprits sont associés au sien très saint, « rendus participants de sa divine nature » (2P 1,4). Et c’est donc ainsi que la même charité qui produit les actes de l’amour de Dieu produit également ceux de l’amour du prochain. Tout comme Jacob vit qu’une même échelle touchait le ciel et la terre, servant également aux anges pour descendre comme pour monter (Gn 28,12), nous savons aussi qu’une même dilection s’étend à chérir Dieu et le prochain.

Saint François de Sales (1567-1622), évêque de Genève et docteur de l’Église

 

 

 

« Si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12,24)

mardi 30 octobre 2018

« Un homme a pris une graine de moutarde et l’a jetée dans son jardin ; elle pousse et devient un arbre, et les oiseaux du ciel s’abritent dans ses branches. » Cherchons à qui s’applique tout cela… Je pense que la comparaison s’applique plus justement au Christ notre Seigneur qui, en naissant dans l’humilité de la condition humaine, comme une graine, monte finalement au ciel comme un arbre. Il est grain, le Christ broyé dans la Passion ; il devient un arbre dans la résurrection. Oui, il est une graine quand, affamé, il souffre de manquer de nourriture ; il est un arbre quand, avec cinq pains, il rassasie cinq mille personnes (Mt 14,13s). Là il subit le dénuement de sa condition d’homme, ici il répand le rassasiement par la force de sa divinité.

Je dirais que le Seigneur est grain lorsqu’il est frappé, méprisé, injurié ; il est arbre quand il rend aux aveugles la vue, qu’il ressuscite les morts et remet les péchés. Lui-même reconnaît qu’il est grain : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas… » (Jn 12,24)

Saint Maxime de Turin (?-v. 420), évêque

 

 

 

« Du grain est tombé dans la bonne terre…, et il a porté du fruit au centuple. »

samedi 22 septembre 2018

Si vous me demandez ce que veut dire Jésus Christ par ce semeur qui sortit de grand matin pour aller répandre sa semence dans son champ, mes frères, le semeur, c’est le bon Dieu lui-même, qui a commencé à travailler à notre salut dès le commencement du monde, et cela en nous envoyant ses prophètes avant la venue du Messie pour nous apprendre ce qu’il fallait pour être sauvés. Il ne s’est pas contenté d’envoyer ses serviteurs, il est venu lui-même, il nous a tracé le chemin que nous devions prendre, il est venu nous annoncer la parole sainte. Savez-vous ce que c’est qu’une personne qui n’est pas nourrie de cette parole sainte ?… Elle est semblable à un malade sans médecin, à un voyageur égaré et sans guide, à un pauvre sans ressource. Il est tout à fait impossible, mes frères, d’aimer Dieu et de lui plaire sans être nourri de cette parole divine. Qu’est-ce qui peut nous porter à nous attacher à lui, sinon parce que nous le connaissons ? Et qui nous le fait connaître avec toutes ses perfections, ses beautés et son amour pour nous, sinon la parole de Dieu, qui nous apprend tout ce qu’il a fait pour nous et les biens qu’il nous prépare dans l’autre vie ?

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859), prêtre, curé d’Ars

 

 

 

 

Le sabbat du huitième jour, achèvement de la création

lundi 10 septembre 2018

À propos du sabbat, il est écrit dans les dix paroles que Dieu a prononcées en face de Moïse sur le mont Sinaï : « Sanctifiez le sabbat du Seigneur avec des mains pures et un cœur pur » et ailleurs : « Si mes fils gardent le sabbat, je répandrai sur eux ma pitié » (cf Ex 20,8; Ps 23,4). Il évoque le sabbat dès les origines du monde : « Dieu fit en six jours l’ouvrage de ses mains. Le septième jour, il l’acheva, et ce jour-là, il se reposa et le sanctifia » (Gn 2,2-3). Faites attention, mes enfants, au sens de ces mots : « Il l’acheva en six jours ». Ils indiquent que le Seigneur mettra fin à l’univers…; l’univers parviendra à sa fin. « Et le septième jour il se reposa » : autrement dit, lorsque le Fils viendra achever ce délai accordé aux pécheurs, juger les impies et transformer le soleil, la lune et les étoiles, alors, le septième jour, il se reposera dans la gloire. Il est dit encore : « Tu le sanctifieras avec des mains pures et un cœur pur ». S’il existait aujourd’hui un homme au cœur pur, capable de sanctifier le jour que Dieu a sanctifié, notre erreur serait totale… Nous ne sanctifierons ce jour dans l’honneur et le repos que lorsque nous en aurons été rendu capables, que les promesses auront été exaucées, que le mal aura disparu, que le Seigneur aura fait toutes choses nouvelles : alors nous pourrons sanctifier ce jour, ayant été nous-mêmes sanctifiés d’abord.

L’Épître dite de Barnabé (vers 130)

 

 

 

 

 

« Il a bien fait toutes choses. »

dimanche 9 septembre 2018

La Loi divine raconte les œuvres que Dieu a accomplies à la création du monde, et elle ajoute : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon » (Gn 1,31)… L’Évangile rapporte l’œuvre de la rédemption et de la nouvelle création, et il dit de la même manière : « Il a bien fait toutes choses » (Mc 7,37)… Assurément, par sa nature, le feu ne peut répandre que de la chaleur, et il ne peut pas produire du froid ; le soleil ne diffuse que de la lumière, et il ne peut pas être cause de ténèbres. De même, Dieu ne peut faire que des choses bonnes, car il est la bonté infinie, la lumière même. Il est le soleil qui répand une lumière infinie, le feu qui donne une chaleur infinie : « Il a bien fait toutes choses »… La Loi dit que tout ce que Dieu a fait était bon, et l’Évangile qu’il a bien fait toutes choses. Or, faire de bonnes choses n’est pas purement et simplement les faire bien. Beaucoup, à la vérité, font de bonnes choses sans les faire bien, comme les hypocrites qui font certes de bonnes choses, mais dans un mauvais esprit, avec une intention perverse et fausse. Dieu, lui, fait toutes choses bonnes et il les fait bien. « Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu’il fait » (Ps 144,17)… Et si Dieu, sachant que nous trouvons notre joie dans ce qui est bon, a fait pour nous toutes ses œuvres bonnes et les a bien faites, pourquoi, de grâce, ne nous dépensons-nous pas pour ne faire que des œuvres bonnes et les bien faire, dès lors que nous savons que Dieu y trouve sa joie ?

Saint Laurent de Brindisi (1559-1619), capucin, docteur de l’Église

 

 

 

« Il leur confia ses biens. »

samedi 1 septembre 2018

La destination universelle et la propriété privée des biens : Au commencement, Dieu a confié la terre et ses ressources à la gérance commune de l’humanité pour qu’elle en prenne soin, la maîtrise par son travail et jouisse de ses fruits (Gn 1,26-29). Les biens de la création sont destinés à tout le genre humain. Cependant la terre est répartie entre les hommes pour assurer la sécurité de leur vie, exposée à la pénurie et menacée par la violence. L’appropriation des biens est légitime pour garantir la liberté et la dignité des personnes, pour aider chacun à subvenir à ses besoins fondamentaux et aux besoins de ceux dont il a la charge. Elle doit permettre que se manifeste une solidarité naturelle entre les hommes. Le droit à la propriété privée… n’abolit pas la donation originelle de la terre à l’ensemble de l’humanité. La destination universelle des biens demeure primordiale, même si la promotion du bien commun exige le respect de la propriété privée, de son droit et de son exercice. « L’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aux autres » (Vatican II, GS 69). La propriété d’un bien fait de son détenteur un administrateur de la Providence pour le faire fructifier et en communiquer les bienfaits à autrui, et d’abord à ses proches. Les biens de production… requièrent les soins de leurs possesseurs pour que leur fécondité profite au plus grand nombre. Les détenteurs des biens d’usage et de consommation doivent en user avec tempérance, réservant la meilleure part à l’hôte, au malade, au pauvre.

Catéchisme de l’Église catholique

 

 

 

 

Chacun à son heure

mercredi 22 août 2018

« Allez, vous aussi, à ma vigne. » Frères, vous vous demandez peut-être pourquoi on ne fait pas venir tous ces ouvriers en même temps dans la vigne du Seigneur ? Je vous répondrai que le dessein de Dieu a été de les appeler tous en même temps. Mais ils ne veulent pas venir dès qu’ils sont appelés à la première heure et cela tient à leur refus. C’est pourquoi Dieu lui-même vient les appeler en particulier…, à l’heure où il pensait qu’ils se rendraient et qu’ils répondraient à son invitation. C’est ce que remarque clairement l’apôtre Paul à son propre sujet : « Quand il a plu à celui qui m’a mis à part dès le sein maternel, il m’a appelé » (Ga 1,15). Quand est-ce que cela a plu à Dieu, sinon quand il a vu que Paul se rendrait à son appel ? Bien sûr, Dieu aurait voulu l’appeler dès le commencement de sa vie, mais parce que Paul ne se serait pas rendu à sa voix, Dieu a décidé de ne l’appeler que lorsqu’il a vu qu’il lui répondrait. C’est ainsi que Dieu n’a appelé le bon larron qu’à la dernière heure (Lc 23,43), bien qu’il aurait pu le faire plus tôt, s’il avait prévu que cet homme se serait rendu à son appel… Donc si les ouvriers de la parabole disent que personne ne les a embauchés, il faut se souvenir de la patience de Dieu… Lui, il montre bien qu’il a fait tout ce qu’il a pu de son côté afin que tous puissent venir dès la première heure du jour. Ainsi la parabole de Jésus nous fait voir que les hommes se donnent à Dieu à des âges très différents. Et Dieu veut à tout prix empêcher les premiers appelés de mépriser les derniers.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église

 

 

 

Fête de saint Laurent, diacre et martyr

vendredi 10 août 2018

Votre foi reconnaît, mes frères, ce grain tombé en terre, ce grain que la mort a multiplié. Votre foi le reconnaît parce qu’il habite en vos cœurs. Aucun chrétien n’hésite à croire ce que le Christ a dit de lui-même. Mais une fois que ce grain est mort et s’est multiplié, beaucoup de grains ont été jetés dans la terre. Saint Laurent est l’un d’entre eux, et nous célébrons aujourd’hui le jour où il a été semé. Nous voyons quelle moisson immense a surgi de tous ces grains répandus par toute la terre, et ce spectacle nous comble de joie, si toutefois, par la grâce de Dieu, nous appartenons à son grenier. Car tout ce qui fait partie de la moisson n’entre pas dans le grenier : la même pluie, utile et féconde, fait croître le bon grain et la paille, mais on ne les engrange pas tous les deux dans le grenier. C’est maintenant pour nous le temps de choisir… Écoutez-moi donc, grains sacrés, car je ne doute pas qu’ils ne soient ici en grand nombre… Écoutez-moi, ou plutôt, écoutez en moi celui qui, le premier, s’est appelé le bon grain. N’aimez pas votre vie en ce monde. Si vous vous aimez vraiment, n’aimez pas votre vie ainsi, et alors vous sauverez votre vie… « Celui qui aime sa vie en ce monde la perdra. » C’est le bon grain qui le dit, le grain qui a été jeté en terre et qui est mort pour porter beaucoup de fruit. Écoutez-le, parce que ce qu’il dit il le fait. Il nous instruit, et il nous montre le chemin par son exemple. Le Christ ne s’est pas attaché à la vie de ce monde ; il est venu en ce monde pour se dépouiller de lui-même, pour donner sa vie et la reprendre quand il le voudrait… Il est le vrai Dieu, ce vrai homme, homme sans péché pour ôter le péché du monde, revêtu d’une puissance si grande qu’il pouvait dire en vérité : « J’ai le pouvoir de donner ma vie et le pouvoir de la reprendre. Personne ne peut me l’enlever : c’est moi qui la donne et moi qui la reprends » (Jn 10,18).

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église

 

 

 

 

St Pierre Chrysologue, Evêque et docteur de l’Eglise

lundi 30 juillet 2018

Donnons le sens profond de cette parabole. La femme qui a pris du levain, c’est l’Église ; le levain qu’elle a pris, c’est la révélation de la doctrine céleste ; les trois mesures dans lesquelles elle a enfoui le levain sont la Loi, les Prophètes et les Évangiles, où le sens divin s’enfouit et se cache sous des termes symboliques, afin d’être saisi du fidèle et d’échapper à l’infidèle. Quant à ces mots « jusqu’à ce que le tout ait levé », ils se rapportent à ce que dit l’apôtre Paul : « Imparfaite est notre science, imparfaite aussi notre prophétie. Quand donc viendra ce qui est parfait, ce qui est imparfait disparaîtra » (1Co 13,9). La connaissance de Dieu est maintenant dans la pâte : elle se répand sur les sens, elle gonfle les cœurs, augmente les intelligences et comme tout enseignement, les élargit, les soulève et les épanouit aux dimensions de la sagesse céleste. Tout sera bientôt levé. Quand ? À l’avènement du Christ.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450), évêque de Ravenne, docteur de l’Église