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Archive pour la catégorie ‘Jardins de la Bible’

mardi 22 mai 2018

 

 

 

 

« Dieu sépara la lumière et les ténèbres. » (Gn 1,4)

mercredi 11 avril 2018

Pendant que les anges, dans l’étonnement, n’osaient rien demander, l’ordre de Dieu a retenti : « Que la lumière soit ! » (Gn 1,3) Et la lumière a chassé les ténèbres… Ce fut le dimanche, le premier des jours, le premier-né d’entre ses frères, le jour porteur de mystères et de symboles. Dieu avait créé deux jumeaux qui ne se ressemblaient en rien : la nuit tout obscure, et le jour si clair. La nuit était l’aînée, mais le jour l’a chassée et a pris sa place.

Ce premier jour, ce fondement de la création, ne s’est pas écoulé heure après heure ; la lumière ne s’est pas levée à l’Orient, pour se coucher à l’Occident… Elle n’a subi aucun changement, mais elle fut, selon ce qui est écrit : « Et la lumière fut ». Un jour est né ainsi, formé de nuit et de lumière ; le soir et le matin se sont succédés… Alors Dieu a retiré le premier jour et il a appelé le deuxième. Il a placé les soirs et les matins sur leurs gonds pour que tourne le grand portail qui, chaque jour, s’ouvre et se ferme.

Saint Jacques de Saroug (v. 449-521), moine et évêque syrien
Hexaméron : Homélies pour le premier et le deuxième jour (trad. Sr Isabelle de la Source, Lire la Bible, Médiaspaul 1988, vol.1, p.14)

 

 

 

 

 

« Proclamez la bonne nouvelle à toute la création. »

samedi 7 avril 2018

« Une fois pour toutes je dis à mes saints : allez dans le monde entier, et des nations et des royaumes faites des disciples. Car tout m’a été remis par Celui qui m’a engendré (Mt 28,18-19), le monde d’en haut comme celui d’en bas, dont j’étais le maître même avant d’avoir pris chair. Maintenant j’ai pris possession de ma royauté sur tout l’univers, et en vous j’ai un conseil des ministres sacré, moi qui seul connais le fond des cœurs.

« Allez vers toutes les nations. Ayant jeté en terre le grain du repentir, arrosez-le de vos enseignements. » En écoutant ces mots, les apôtres se regardaient les uns les autres en hochant la tête : « D’où nous viendront la voix et la langue pour parler à tous ? Qui nous donnera la force de lutter avec les peuples et les nations comme tu en as donné l’ordre, nous qui n’avons ni lettres ni culture, humbles pêcheurs que nous sommes, toi qui seul connais le fond des cœurs ? »

« Ne vous tourmentez plus dans vos cœurs, que l’Ennemi ne trouble pas votre esprit. Ne pensez plus comme de petits enfants… Je ne veux pas vaincre par la force, c’est par les faibles que moi je l’emporte. Je ne recherche pas ceux qui philosophent : j’ai choisi ‘ce qu’il y a de fou dans le monde’ (1Co 1,27), moi qui seul connais le fond des cœurs.

« Allez donc vers toute la création. Arrosez de vos enseignements le grain du repentir que vous avez semé. Veillez à ce que nulle âme repentante ne reste hors de votre filet. Je me complais en ceux qui reviennent à moi, comme vous le savez, vous aussi. Ah, si même celui qui m’a trahi était revenu à moi après m’avoir vendu ! Effaçant son péché, je l’aurais réuni avec vous, moi qui seul connais le fond des cœurs…

« Dites que je suis Dieu et que moi, l’Inexprimable, j’ai pris la condition d’esclave (Ph 2,7). Montrez comment j’ai fait miennes les blessures de la chair… Enterré parce que j’avais été condamné, j’ai pillé l’enfer parce que je suis Seigneur… » Affermis par ces paroles, les apôtres disaient au Créateur : « Tu es le Dieu qui étais avant les siècles, et tu n’auras pas de fin… Nous te proclamerons comme tu l’as ordonné. Sois avec nous, sois notre défenseur, toi qui seul connais le fond des cœurs ».

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560), compositeur d’hymnes
Hymne « La Mission des apôtres » , 13s ; SC 283 (trad. SC p. 107s rev.)

 

 

 

 

 

 

Dimanche de Pâques : Saint Jour de Pâques, la Résurrection du Seigneur, solennité des solennités

dimanche 1 avril 2018

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Extraits du Message « Urbi et Orbi »
du Pape Benoît XVI

Chers Frères et Sœurs de Rome et du monde entier !

De tout cœur, je forme pour vous tous des vœux de Pâques avec les mots de saint Augustin : « Resurrectio Domini, spes nostra – la résurrection du Seigneur est notre espérance » (Sermon 261, 1). Par cette affirmation, le grand Évêque expliquait à ses fidèles que Jésus est ressuscité afin que nous-mêmes, pourtant destinés à mourir, nous ne désespérions pas en pensant qu’avec la mort la vie est totalement finie ; le Christ est ressuscité pour nous donner l’espérance (cf. ibid.).

En effet, une des questions qui cause le plus d’angoisse dans l’existence de l’homme est précisément celle-ci : qu’y-a-t-il après la mort ? À cette énigme, la solennité de ce jour nous permet de répondre que la mort n’a pas le dernier mot, parce que, à la fin, c’est la Vie qui triomphe. Et cette certitude qui est nôtre ne s’appuie pas sur de simples raisonnements humains, mais bien sur un fait historique de foi : Jésus Christ, crucifié et enseveli, est ressuscité avec son corps glorieux. Jésus est ressuscité pour que nous aussi, en croyant en Lui, nous puissions avoir la vie éternelle. Cette annonce est au cœur du message évangélique. Saint Paul le déclare avec force : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre message est sans objet, et votre foi est sans objet ». Et il ajoute : « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes » (1 Co 15, 14.19). Depuis l’aube de Pâques, un nouveau printemps d’espérance envahit le monde ; depuis ce jour, notre résurrection est déjà commencée, parce que Pâques n’indique pas simplement un moment de l’histoire, mais le début d’une condition nouvelle : Jésus est ressuscité non pas pour que sa mémoire reste vivante dans le cœur de ses disciples, mais bien pour que Lui-même vive en nous et qu’en Lui nous puissions déjà goûter la joie de la vie éternelle.

La résurrection n’est donc pas une théorie, mais une réalité historique révélée par l’Homme Jésus Christ à travers sa « pâque », son « passage » qui a ouvert une « voie nouvelle » entre la terre et le Ciel (cf. He 10, 20). Ce n’est ni un mythe, ni un rêve, ce n’est ni une vision, ni une utopie, ce n’est pas une fable, mais un événement unique et définitif : Jésus de Nazareth, fils de Marie, qui au soir du Vendredi saint a été descendu de la Croix et mis au tombeau, est sorti victorieux de la tombe. En effet, à l’aube du premier jour après le sabbat, Pierre et Jean ont trouvé le tombeau vide. Madeleine et les autres femmes ont rencontré Jésus ressuscité ; il a été reconnu aussi par les deux disciples d’Emmaüs à la fraction du pain ; le Ressuscité est apparu aux Apôtres le soir venu dans le Cénacle et ensuite à beaucoup d’autres disciples en Galilée.

L’annonce de la résurrection du Seigneur illumine les zones d’ombre du monde dans lequel nous vivons. Je pense particulièrement au matérialisme et au nihilisme, à une vision du monde qui ne sait pas dépasser ce qui est expérimentalement constatable, et qui se retrouve inconsolée dans la conscience du néant qui serait le point d’arrivée ultime de l’existence humaine. C’est un fait que si le Christ n’était pas ressuscité, le « néant » serait destiné à l’emporter. Si nous retirons le Christ et sa résurrection, il n’y a pas d’issue pour l’homme et toute espérance demeure une illusion. Mais précisément aujourd’hui, éclate avec force l’annonce de la résurrection du Seigneur, et elle est la réponse à la question incessante des sceptiques, rapportée aussi par le livre de Qohélet : « Y a-t-il une seule chose dont on dise : “voilà enfin du nouveau” ? » (Qo 1, 10). Oui, répondons-nous, le matin de Pâques tout a été renouvelé. « La mort et la vie s’affrontèrent / en un duel prodigieux : / le Prince de la vie mourut ; / vivant, il règne » (Séquence pascale). Voilà la nouveauté ! C’est une nouveauté qui change l’existence de celui qui l’accueille, comme on le voit chez les saints. C’est ce qui est arrivé, par exemple, à saint Paul.

Bien souvent, dans le cadre de l’Année paulinienne, nous avons eu l’occasion de méditer sur l’expérience du grand Apôtre. Saul de Tarse, le persécuteur acharné des chrétiens, a rencontré le Christ ressuscité sur le chemin de Damas et il a été « conquis » par Lui. Le reste nous est bien connu. Il s’est produit chez Paul ce qu’il écrira plus tard aux chrétiens de Corinthe : « Si quelqu’un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né » (2 Co 5, 17). Tournons notre regard vers ce grand évangélisateur qui, avec l’enthousiasme et l’audace de son action apostolique, a porté l’Évangile à tant de populations du monde d’alors. Son enseignement et son exemple nous stimulent à rechercher le Seigneur Jésus. Ils nous encouragent à mettre notre confiance en Lui, car désormais la conscience du néant qui tend à intoxiquer l’humanité a été submergée dans la lumière et l’espérance qui proviennent de la résurrection. Désormais, elles sont vraies et bien réelles les paroles du Psaume : « Même la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre, et la nuit comme le jour est lumière ! » (138 (139), 12). Ce n’est plus le néant qui enveloppe toutes choses, mais la présence amoureuse de Dieu. Le règne de la mort a même été anéanti, parce que dans les « enfers » aussi le Verbe de vie, poussé par le souffle de l’Esprit, est arrivé (cf. v. 8).

S’il est vrai que la mort n’a plus aucun pouvoir sur l’homme et sur le monde, il subsiste cependant encore beaucoup, trop de signe de son antique domination. Si par la Pâques, le Christ a extirpé la racine du mal, il a toutefois besoin d’hommes et de femmes qui dans tous les temps et lieux l’aident à affirmer sa victoire avec les mêmes armes que lui : les armes de la justice et de la vérité, de la miséricorde, du pardon et de l’amour. […]

Resurrection Domini, spes nostra !La résurrection du Christ est notre espérance ! Cela, l’Église le proclame avec joie : elle annonce l’espérance, que Dieu a rendu ferme et invincible en ressuscitant Jésus Christ d’entre les morts ; elle communique l’espérance, qu’elle porte dans le cœur et veut partager avec tous, et partout, spécialement là où les chrétiens souffrent la persécution à cause de leur foi et de leur engagement pour la justice et pour la paix ; elle invoque l’espérance capable de susciter le courage pour le bien aussi et surtout quand il est coûteux. Aujourd’hui, l’Église chante « le jour que le Seigneur a fait » et elle invite à la joie. Aujourd’hui l’Église prie, invoque Marie, Étoile de l’espérance, pour qu’elle guide l’humanité vers le port sûr du salut qui est le Cœur du Christ, la Victime pascale, l’Agneau qui « a racheté le monde », l’Innocent qui « nous a réconcilié, nous pécheurs, avec le Père ».
À lui, le Roi vainqueur, à Lui le Crucifié et le Ressuscité, nous crions avec joie notre Alléluia!

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© Copyright 2009 – Libreria Editrice Vaticana

Surrexit Dominus vere, alleluia!
>>> Hallelujah – Choir of King’s College

Message Pascal et Bénédiction « Urbi et Orbi »

Source : vatican.va (« Rév. x gpm »).

« Je suis la vraie vigne, » dit Jésus (Jn 15,1)

vendredi 2 mars 2018

« Je suis la vraie vigne, » dit Jésus (Jn 15,1)… On creuse des tranchées autour de cette vigne, c’est-à-dire on creuse des embûches par la ruse. Quand on complote pour faire tomber quelqu’un dans un piège, c’est comme si on creusait une fosse devant lui. C’est pourquoi il s’en lamente en disant : « Ils ont creusé une fosse devant moi » (Ps 56,7)… Voici un exemple de ces pièges : « Ils ont amené une femme adultère » au Seigneur Jésus « en disant : ‘Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ?’ » (Jn 8,3s)… Et un autre : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? » (Mt 22,17)…

Mais ils ont découvert que ces embûches ne nuisaient pas à la vigne ; au contraire, en creusant ces fosses, ce sont eux-mêmes qui sont tombés dedans (Ps 56,7)… Alors, ils ont encore creusé : non seulement les mains et les pieds (Ps 21,17), mais ils ont percé son côté avec une lance (Jn 19,34) et ont mis à découvert l’intérieur de ce cœur très saint, qui avait déjà été blessé par la lance de l’amour. Dans le cantique de son amour, l’Époux dit : « Tu as blessé mon cœur, ma sœur, mon épouse » (Ct 4,9 Vulg). Seigneur Jésus, ton cœur a été blessé d’amour par ton épouse, ton amie, ta sœur. Pourquoi donc fallait-il que tes ennemis le blessent encore ? Que faites-vous, ennemis ?… Ne saviez-vous pas que ce cœur du Seigneur Jésus, déjà frappé, est déjà mort, déjà ouvert, et ne peut plus être atteint par une autre souffrance ? Le cœur de l’Époux, du Seigneur Jésus, a déjà reçu la blessure de l’amour, la mort de l’amour. Quel autre mort pourrait l’atteindre ?… Les martyrs aussi rient quand on les menace, se réjouissent quand on les frappe, triomphent quand on les tue. Pourquoi ? Parce qu’ils sont déjà morts par amour dans leur cœur, « morts au péché » (Rm 6,2) et au monde…

Le cœur de Jésus donc a été blessé et mis à mort pour nous… ; la mort physique a triomphé un moment, mais pour être vaincue à jamais. Elle a été anéantie quand le Christ est ressuscité des morts, parce que « sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir » (Rm 6,9).

Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
La Vigne mystique, ch. 3, § 5-10

 

 

En union de prière, tous les vendredis soir, à la demande de Marie Mère des hommes, de 21h30 à 22h00.

 

 

Semer dans le monde entier

mercredi 24 janvier 2018

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« Voici que le semeur est sorti pour semer. » La scène est d’actualité. Aujourd’hui le semeur divin sème encore sa semence à la volée. L’œuvre de salut continue de se réaliser, et le Seigneur veut se servir de nous ; il désire que nous, les chrétiens, nous ouvrions à son amour tous les chemins de la terre ; il nous invite à propager son message divin, par la doctrine et par l’exemple, jusqu’aux confins du monde. Il nous demande, à nous, citoyens de la société qu’est l’Église, et citoyens de la société civile, d’être chacun un autre Christ dans l’accomplissement fidèle de ses devoirs, en sanctifiant son travail professionnel et les obligations de son état.

Si nous considérons ce monde qui nous entoure, et que nous aimons parce qu’il est l’œuvre de Dieu, nous y verrons se réaliser la parabole : la parole de Jésus est féconde, elle suscite en de nombreuses âmes la soif de se donner et d’être fidèles. La vie et le comportement de ceux qui servent Dieu ont modifié l’histoire, et même beaucoup de ceux qui ne connaissent pas le Seigneur sont mus, peut-être sans le savoir, par des idéaux dont l’origine se trouve dans le christianisme.

Nous voyons aussi qu’une partie de la semence tombe dans la terre stérile, ou parmi les épines et les broussailles ; qu’il y a des cœurs qui se ferment à la lumière de la foi. Si les idéaux de paix, de réconciliation, de fraternité sont acceptés et proclamés, ils sont trop souvent démentis par les faits. Quelques-uns s’acharnent en vain à bâillonner la voix de Dieu, en ayant recours, pour empêcher sa diffusion, soit à la force brutale, soit à une arme moins bruyante mais peut-être plus cruelle parce qu’elle insensibilise l’esprit : l’indifférence.

Saint Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975), prêtre, fondateur
Homélie du 28 mai 1964, jour de la Fête-Dieu (Es Cristo que pasa ; trad. Quand le Christ passe, Le Laurier 1989, p.269)

 

 

 

« Aujourd’hui nous avons vu des choses extraordinaires ! »

lundi 11 décembre 2017

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Douce est la lumière, et il est bon de contempler le soleil avec nos yeux de chair…; c’est pourquoi Moïse disait déjà : « Et Dieu vit la lumière, et il dit qu’elle était bonne » (Gn 1,4)…

Qu’il nous est bon de penser à la grande, véritable et indéfectible lumière « qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jn 1,9), c’est-à-dire le Christ, le Sauveur du monde et son libérateur. Après s’être dévoilé aux regards des prophètes, il s’est fait homme et il a pénétré jusqu’aux dernières profondeurs de la condition humaine. C’est de lui que parle le prophète David : « Chantez à Dieu un psaume pour son nom, préparez un passage pour celui qui monte à l’occident ; son nom est Seigneur, exultez en sa présence » (Ps 67,5 Vulg). Et encore Isaïe, de sa grande voix : « Peuples assis dans les ténèbres, regardez cette lumière. Pour vous qui habitez au pays de l’ombre de la mort, une lumière resplendira » (cf 9,1)…

Ainsi donc, la lumière du soleil vue par nos yeux de chair annonce le Soleil spirituel de justice (Ml 3,20), le plus doux qui se soit levé pour ceux qui ont eu le bonheur d’être instruits par lui et de le regarder avec leurs yeux de chair, pendant qu’il séjournait parmi les hommes comme un homme ordinaire. Et pourtant il n’était pas seulement un homme ordinaire, puisqu’il était né vrai Dieu, capable de rendre la vue aux aveugles, de faire marcher les boiteux, de faire entendre les sourds, de purifier les lépreux et de ramener d’un mot les morts à la vie (Lc 7,22).

Saint Grégoire d’Agrigente (v. 559-v. 594), évêque
Sur l’Écclésiaste, livre 10, 2 ; PG 98, 1138 (trad. Orval)

 

 

 

« Sachez que le Royaume de Dieu est proche. »

vendredi 1 décembre 2017

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« Voyez le figuier et tous les arbres : lorsqu’ils font paraître leurs fruits, vous savez que l’été est proche. Ainsi pour vous : quand vous verrez arriver cela, sachez que le Royaume de Dieu est proche. » C’est comme si notre Rédempteur disait clairement : « Si on connaît la proximité de l’été par les fruits des arbres, on peut de même reconnaître par la ruine du monde que le Royaume de Dieu est proche. » Ces paroles nous montrent bien que le fruit du monde, c’est sa ruine ; il ne grandit que pour tomber ; il ne bourgeonne que pour faire périr par des calamités tout ce qui aura bourgeonné en lui. C’est avec raison que le Royaume de Dieu est comparé à l’été, car alors les nuages de notre tristesse passeront, et les jours de la vie brilleront de la clarté du Soleil éternel…

« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. » Rien, dans la nature des choses matérielles, n’est plus durable que le ciel et la terre, et rien ici-bas ne passe plus vite qu’un mot prononcé… Le Seigneur déclare donc : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. » C’est comme s’il disait clairement : « Tout ce qui est durable autour de vous n’est pas durable devant l’éternité ; et tout ce qui chez moi semble passer est en fait fixe et ne passe pas, car ma parole qui passe exprime des pensées qui demeurent sans pouvoir changer »…

Ainsi, mes frères, n’aimez pas ce monde, qui ne pourra pas subsister longtemps, comme vous le voyez. Fixez dans votre esprit ce commandement que l’apôtre Jean nous donne pour nous mettre en garde : « N’ayez pas l’amour du monde, ni de ce qui est dans le monde ; car si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (1Jn 2,15).

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église
Homélies sur les évangiles, n° 1 (trad. Le Barroux rev.)

 

 

 

 

 

 

En union de prière, tous les vendredis soir, à la demande Marie Mètre des hommes, de 21h30 à 22h00.

En union de prière, tous les vendredis soir, à la demande Marie Mètre des hommes, de 21h30 à 22h00.

 

 

 

Le règne de Dieu

mardi 31 octobre 2017

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Je vais te montrer clairement que c’est ici-bas qu’il te faut recevoir le Royaume des cieux tout entier, si tu veux y pénétrer aussi après ta mort. Écoute Dieu qui te parle en paraboles : « A quoi donc comparer le Royaume des cieux ? Il est semblable, écoute bien, au grain de sénevé qu’un homme a pris et qu’il a jeté dans son jardin ; et il a poussé et, en vérité, il est devenu un grand arbre. » Ce grain, c’est le Royaume des cieux, c’est la grâce de l’Esprit divin, et le jardin, c’est le cœur de chaque homme, là où celui qui l’a reçu cache l’Esprit au fond de lui-même, dans les replis de ses entrailles, pour que personne ne puisse le voir. Et il le garde avec tous ses soins, pour qu’il pousse, pour qu’il devienne un arbre et s’élève vers le ciel.

Si donc tu dis : « Ce n’est pas ici-bas, mais c’est après la mort que recevront le Royaume tous ceux qui l’auront désiré avec ferveur », tu bouleverses les paroles du Sauveur notre Dieu. Et si tu ne prends pas le grain, ce grain de sénevé, comme il l’a dit, si tu ne le jettes pas dans ton jardin, tu demeures totalement stérile. À quel autre moment, sinon maintenant, recevras-tu la semence ?

Ici-bas, reçois les arrhes, dit le Maître ; ici-bas, reçois le sceau. Dès ici-bas allume ta lampe. Si tu es sensé, c’est ici-bas que je deviens pour toi la perle (Mt 13,45), c’est ici-bas que je suis ton froment, et comme un grain de sénevé. C’est ici-bas que je deviens pour toi un levain et que je fais lever la pâte. C’est ici-bas que je suis pour toi comme de l’eau et que je deviens un feu adoucissant. C’est ici-bas que je deviens ton vêtement et ta nourriture et toute ta boisson, si tu le désires. » Voilà ce que dit le Maître. « Si donc ainsi, dès ici-bas, tu me reconnais tel, là-bas aussi tu me posséderas ineffablement, et je deviendrai tout pour toi. »

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022), moine grec
Hymne 17 (trad. Dourgne, Cerf 1979, p.87)

 

 

 

Porter du fruit

dimanche 8 octobre 2017

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Le Seigneur ne cesse de comparer les âmes humaines à des vignes : « Mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau, en un lieu fertile » (Is 5,1) ; « J’ai planté une vigne, je l’ai entourée d’une haie » (cf Mt 21,33). Ce sont évidemment les âmes humaines que Jésus appelle sa vigne, elles qu’il a entourées, comme d’une clôture, de la sécurité que donnent ses commandements et de la garde de ses anges, car « l’ange du Seigneur campera autour de ceux qui le craignent » (Ps 33,8). Ensuite il a planté autour de nous une sorte de palissade en établissant dans l’Église, « premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui sont chargés d’enseigner » (1Co 12,28). En outre, par les exemples des saints hommes d’autrefois, il élève nos pensées sans les laisser tomber à terre où elles mériteraient d’être foulées aux pieds. Il veut que les embrassements de la charité, comme les vrilles d’une vigne, nous attachent à notre prochain et nous fassent reposer sur lui. Ainsi gardant constamment notre élan vers le ciel, nous nous élèverons comme des vignes grimpantes, jusqu’aux plus hautes cimes.

Il nous demande encore de consentir à être sarclés. Or une âme est sarclée quand elle écarte d’elle les soucis du monde qui sont un fardeau pour nos cœurs. Ainsi celui qui écarte de lui-même l’amour de ce monde et l’attachement aux richesses ou qui tient pour détestable et méprisable la passion pour cette misérable gloriole a pour ainsi dire été sarclé, et il respire de nouveau, débarrassé du fardeau inutile des soucis de ce monde.

Mais, pour rester dans la ligne de la parabole, il ne faut pas que nous produisions seulement du bois, c’est-à-dire vivre avec ostentation, ni rechercher la louange de ceux du dehors. Il nous faut porter du fruit en réservant nos œuvres pour les montrer au vrai vigneron (Jn 15,1).

Saint Basile (v. 330-379), moine et évêque de Césarée en Cappadoce, docteur de l’Église
Homélie 5 sur l’Hexaéméron, 6 ; SC 26 (trad. SC p. 304 rev. Delhougne)