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Archive pour la catégorie ‘Prière des âmes’

« Sur la nécessité de toujours prier sans se décourager. » (Lc 18,1)

jeudi 10 octobre 2019

En toute chose, prie continuellement. Car tu ne peux rien accomplir sans le secours de Dieu. Rien n’est plus puissant que la prière pour nous donner l’énergie divine. Et rien n’est plus utile qu’elle pour nous obtenir la bienveillance de Dieu. Toute la pratique des commandements est dans la prière. Car rien n’est plus haut que l’amour de Dieu. La prière sans distraction est un signe d’amour de Dieu en celui qui persévère. Mais la négligence et la distraction, quand nous prions, dénoncent l’amour du plaisir. Celui qui sans peine veille, persévère et prie, reçoit visiblement en partage le Saint-Esprit. Mais celui qui peine en tout cela et maintient sa résolution, celui-là aussi reçoit rapidement le secours. (…) Si tu veux en peu de mots rendre service à celui qui aime apprendre, montre-lui la prière, la foi droite, la patience dans les épreuves. C’est par ces trois vertus qu’on obtient les autres biens. (…) Échappe à la tentation par la patience et la prière. Si tu veux la combattre sans ces vertus, elle t’attaquera toujours plus. (…) Tout ce que nous pouvons dire ou faire sans la prière se révèle plus tard dangereux ou inutile, et nous en sommes à notre insu blâmés par les faits. (…) Il faut chercher la maison intérieure du Christ, pour autant que nous sommes la maison de Dieu, et par la prière persévérer à y frapper (cf. Mt 7,7), afin que maintenant, ou à notre mort, le Maître nous ouvre et ne nous dise pas comme à des négligents : « Je ne sais pas d’où vous êtes » (Lc 13,25). Et nous devons non seulement demander et recevoir, mais aussi garder ce qui nous a été donné. Car il en est qui perdent après avoir reçu.

Marc l’Ascète

 

 

 

Excellence de la prière du Notre Père

mercredi 9 octobre 2019

Le Pater, ou l’Oraison dominicale, tire sa première excellence de son auteur, qui n’est pas un homme ou un ange, mais le Roi des anges et des hommes, Jésus-Christ. Il était nécessaire, dit Saint Cyprien, que Celui qui venait nous donner la vie de la grâce comme Sauveur, nous enseignât la manière de prier comme Maître céleste.

La sagesse de ce divin Maître paraît bien dans l’ordre, la douceur, la force et la clarté de cette divine prière ; elle est courte, mais elle est riche en instructions, intelligible pour les simples et remplie de mystères pour les savants. Le Pater renferme tous les devoirs que nous devons rendre à Dieu, les actes de toutes les vertus, et les demandes de tous nos besoins spirituels et corporels. Elle contient, dit Tertullien, l’abrégé de l’Évangile. Elle surpasse, dit Thomas a Kempis, tous les désirs des saints ; elle contient en abrégé toutes les douces sentences des psaumes et des cantiques ; elle demande tout ce qui nous est nécessaire ; elle loue Dieu d’une manière excellente ; elle élève l’âme de la terre au ciel et l’unit étroitement avec Dieu.

Nous devons réciter l’Oraison dominicale avec certitude que le Père éternel l’exaucera, puisqu’elle est la prière de son Fils qu’il exauce toujours, et que nous sommes ses membres ; car que peut refuser un si bon Père à une requête si bien conçue et appuyée sur les mérites et la recommandation d’un si digne Fils ?

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716)

 

 

 

 

« Survint une pécheresse… » (Lc 7,37)

jeudi 19 septembre 2019

Gertrude comprit que chaque fois que l’homme se recommande à Dieu, le priant de le préserver du péché, si même le secret dessein de Dieu permet qu’il tombe dans quelque faute grave, cette chute ne sera pas telle que la grâce divine ne lui soit donnée comme un bâton où s’appuyer pour revenir plus facilement à la pénitence. (…)

Elle se vit auprès du Seigneur demandant sa bénédiction. Celle-ci obtenue, il lui sembla qu’en retour le Seigneur lui demandait, à elle, de le bénir. Par quoi elle comprit que l’homme bénit le Seigneur chaque fois qu’il se repent intérieurement de toute offense commise envers son Créateur et lui demande secours pour s’en garder désormais. Sous cette bénédiction, le Seigneur des cieux s’inclina profondément avec reconnaissance, manifestant qu’elle lui était éminemment agréable, comme s’il avait tenu d’elle seule tout son propre bonheur. (…)

Une autre fois, devant la difficulté d’un certain travail, elle dit au Père : « Seigneur, je vous offre ce travail par votre Fils unique, dans la vertu de l’Esprit Saint, pour votre éternelle gloire. » Une grâce de lumière lui révéla l’efficacité de cette parole au point que toute offrande faite dans une telle intention prenait magnifiquement une haute qualité dépassant toute valeur humaine et devenant agréable à Dieu le Père. Comme tout objet apparaît vert quand on le regarde à travers un carreau vert et apparaît rouge si le carreau est rouge, et ainsi de suite ; pareillement rien n’est plus infiniment doux et agréable à Dieu le Père que ce qui lui est offert par son Fils unique.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

 

 

Inlassablement, Dieu nous appelle à la conversion

mercredi 18 septembre 2019

Jusqu’à quand remettrons-nous d’obéir au Christ qui nous appelle dans son Royaume céleste ? Ne nous purifierons-nous pas ? Ne nous résoudrons-nous pas à abandonner notre genre de vie habituel pour suivre à fond l’Évangile ? (…) Nous prétendons désirer le Royaume de Dieu, mais sans trop nous préoccuper des moyens de l’obtenir.

Bien mieux, dans la vanité de notre esprit, sans nous donner la moindre peine pour observer les commandements du Seigneur, nous croyons être dignes de recevoir les mêmes récompenses que ceux qui ont résisté au péché jusqu’à la mort. Mais qui, au temps des semailles, a pu s’asseoir et dormir chez lui, et ramasser ensuite des gerbes à pleines brassées au moment de la moisson ? Qui a fait la vendange sans avoir planté et cultivé de vigne ? Les fruits sont pour ceux qui ont peiné ; les récompenses et les couronnes pour ceux qui ont vaincu. A-t-on jamais couronné un athlète qui ne s’est même pas dévêtu pour combattre son adversaire ? Et pourtant, non seulement il faut vaincre, mais aussi « lutter selon les règles », comme le dit l’apôtre Paul (2Th 2,5), c’est-à-dire selon les commandements qui nous ont été donnés.

(…) Dieu est bon, mais il est juste aussi (…) : « Le Seigneur aime la miséricorde et la justice » (Ps 32,5) ; « c’est pourquoi, Seigneur, je chanterai ta miséricorde et ta justice » (Ps 100,1). (…) Vois avec quel discernement le Seigneur use de la miséricorde. Il n’est pas miséricordieux sans examen, et il ne juge pas sans pitié, car « le Seigneur est miséricordieux et juste » (Ps 114,5). N’ayons donc pas de Dieu une idée tronquée ; son amour pour les hommes ne doit pas être pour nous prétexte à négligence.

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

Fête de la Croix Glorieuse

samedi 14 septembre 2019

Ô Sagesse, quel jeu tu joues ; par quel artifice tu circonviens mon Jésus. Toi, tu dépouilles le Roi de gloire, tu en fais un spectacle de mépris. Toi, tu attaches au gibet la rançon du monde entier. Toi seule, tu pèses et apprécies la valeur de ce mystère pour payer la dette de toute prévarication. Toi, tu élèves celui qui est la vie de tous, afin que, les attirant à lui dans sa mort (cf. Jn 12,32), il les vivifie tous.

Ô Amour sage, quel amalgame tu composes, pour mettre un terme à la ruine universelle. Ô quel emplâtre tu emploies pour guérir la blessure de tous. Ô Amour, ta prudence vient au secours de ceux qui étaient perdus. Toi, tu condamnes le Juste, afin de sauver le coupable malheureux. Ô Amour sage, ta sentence est le soulagement des malheureux. Toi, tu défends la cause de la paix. Toi, tu exauces la miséricorde qui interpelle pour nous. Toi, dans un dessein prudent, tu subviens à l’angoisse de tous, par la volonté bienveillante de ta clémence. Toi, tu mets fin à l’universelle misère, par l’œuvre glorieuse de ta miséricorde. Ô Amour, ta découverte est pour les perdus l’occasion du salut.

Voici, ô Sagesse, que déjà est ouvert le cellier rempli de bonté. De grâce, regarde-moi, l’accusé, qui me tient dehors, à la porte de la charité. De grâce, remplis les haillons de mon indigence de la bénédiction de tes douceurs. Voici que devant toi s’offre la coupe vide de mon désir (cf. Ps 37,10). De grâce, que s’ouvre la serrure de ta plénitude. De grâce, ne me traite pas selon mes péchés ; ne me punis pas selon mes iniquités (Ps 102,10), mon Jésus. De grâce, de même que par ton sang tu m’as été vraiment propice, ainsi par la vertu de ta précieuse croix, répare en moi ma vie.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

 

« Alors tu verras clair ! »

vendredi 13 septembre 2019

Par le jour lumineux de ta connaissance,

repousse, Seigneur, la nuit obscure,

afin que notre intelligence éclairée

te serve avec une pureté toute nouvelle. (…)

Le début de la course du soleil

marque pour les mortels le commencement du travail :

prépare dans nos âmes, Seigneur,

une demeure pour ce jour qui ne connaît pas de fin.

Donne-nous de voir en notre personne

la vie de la résurrection

et remplis nos cœurs de tes délices éternelles.

Imprime en nous, Seigneur, par notre fidélité à te servir,

le signe de ce Jour qui ne dépend ni du lever

ni de la course du soleil.

En tes sacrements, chaque jour, nous t’étreignons

et nous te recevons dans notre corps :

accorde-nous d’expérimenter en nous-mêmes

la résurrection que nous espérons.

Sois pour nos pensées, Seigneur,

les ailes qui nous emmènent, légers, dans les hauteurs

et nous transportent jusqu’à notre vraie demeure.

Nous recelons ton trésor dans notre corps

par la grâce du baptême (…).

Puissions-nous le comprendre à quelle beauté

nous sommes appelés par cette beauté spirituelle

que ta volonté immortelle éveille en nous (…).

Que ta résurrection, Jésus,

fasse croître en nous l’homme spirituel (cf Ep 3,16),

et que la contemplation de tes mystères

soit le miroir où nous puissions te reconnaître (cf 1Co 13,12). (…)

Donne-nous, Seigneur, de nous hâter vers notre sainte patrie,

et de la posséder dès maintenant par la contemplation

comme Moïse a vu la Terre promise

du sommet de la montagne (Dt 34,1).

Saint Ephrem (v. 306-373)

 

 

 

« Heureux, vous qui pleurez maintenant. »

mercredi 11 septembre 2019

Espérons, espérons, nous tous qui pleurons, qui versons des larmes innocentes ; espérons, si nous pleurons les douleurs de notre corps ou de notre âme : elles nous servent de purgatoire, Dieu s’en sert pour (…) nous faire lever les yeux vers lui, nous purifier, nous sanctifier.

Espérons encore plus si nous pleurons les douleurs des autres, car cette charité nous est inspirée de Dieu et lui plaît ; espérons encore plus si nous pleurons nos péchés, car cette componction est mise dans nos âmes par Dieu lui-même. Espérons encore plus si nous pleurons d’un cœur pur les péchés des autres, car cet amour de la gloire de Dieu et de la sanctification des âmes nous sont inspirés de Dieu et sont de grandes grâces.

Espérons, si nous pleurons de désir de voir Dieu et de douleur d’être séparés de lui ; car ce désir amoureux est l’œuvre de Dieu en nous. Espérons encore plus si nous pleurons seulement parce que nous aimons, sans rien désirer ni craindre, voulant pleinement tout ce que Dieu veut et ne voulant que cela, heureux de sa gloire, souffrant de ses souffrances passées, pleurant tantôt de compassion au souvenir de sa Passion, tantôt de joie à la pensée de son Ascension et de sa gloire, tantôt simplement d’émotion parce que nous l’aimons à en mourir !

Ô très doux Jésus, faites-moi pleurer pour toutes ces causes ; faites-moi pleurer toutes les larmes que fait répandre l’amour en vous, par vous et pour vous. Amen.

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa la nuit à prier Dieu. »

mardi 10 septembre 2019

Les contemplatifs et les ascètes de tous les temps, de toutes les religions, ont toujours recherché Dieu dans le silence, la solitude des déserts, des forêts, des montagnes. Jésus lui-même a vécu quarante jours en parfaite solitude, passant de longues heures, cœur à cœur avec le Père, dans le silence de la nuit.

Nous-mêmes sommes appelés à nous retirer par intermittences dans un plus profond silence, dans l’isolement avec Dieu. Être seul avec lui, non pas avec nos livres, nos pensées, nos souvenirs, mais dans un parfait dénuement ; demeurer en sa présence ; silencieux, vide, immobile, dans l’attente.

Nous ne pouvons pas trouver Dieu dans le bruit, l’agitation. Vois la nature : les arbres, les fleurs, l’herbe des champs croissent en silence ; les étoiles, la lune, le soleil se meuvent en silence. L’essentiel n’est pas ce que nous pouvons dire, mais ce que Dieu nous dit, et ce qu’il dit à d’autres à travers nous. Dans le silence, il nous écoute ; dans le silence, il parle à nos âmes. Dans le silence, il nous est donné le privilège d’entendre sa voix :

Silence de nos yeux.

Silence de nos oreilles.

Silence de notre bouche.

Silence de notre esprit.

Dans le silence du cœur,

Dieu parlera.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)

 

 

 

 

« Il sortit et se retira dans un endroit désert. »

mercredi 4 septembre 2019

Comment ne pas nous rappeler un Maître comme celui qui nous a appris la prière, qui nous l’a enseignée avec tant d’amour et avec un si vif désir qu’elle nous soit profitable ? (…) Vous savez qu’il nous enseigne à prier dans la solitude. C’est ainsi que notre Seigneur faisait toujours, quand il priait, non que cela lui soit nécessaire, mais parce qu’il voulait nous donner l’exemple. Nous avons déjà dit qu’on ne saurait parler en même temps à Dieu et au monde. Or ils ne font pas autre chose, ceux qui récitent des prières et par ailleurs écoutent ce qui se dit autour d’eux, ou s’arrêtent aux pensées qui se présentent sans se préoccuper de les repousser.

Je ne parle pas de ces indispositions qui surviennent parfois, ni, surtout de la mélancolie ou de la faiblesse d’esprit qui affligent certaines personnes et les empêchent, malgré leurs efforts, de se recueillir. Il en est de même pour ces orages intérieurs qui peuvent troubler quelquefois les fidèles serviteurs de Dieu, mais que celui-ci permet pour leur plus grand bien. Dans leur affliction, ils cherchent en vain le calme. Quoi qu’ils fassent, ils ne peuvent pas être attentifs aux prières qu’ils prononcent. Leur esprit, loin de se fixer à rien, s’en va tellement à l’aventure qu’il semble en proie à une sorte de frénésie. À la peine qu’ils en éprouvent, ils verront que ce n’est pas de leur faute ; qu’ils ne se tourmentent donc pas. (…) Puisque leur âme est malade, qu’ils s’appliquent à lui procurer quelque repos et s’occupent de quelque autre œuvre de vertu. Voilà ce que doivent faire les personnes qui veillent sur elles-mêmes et qui comprennent que l’on ne saurait parler à Dieu et au monde en même temps.

Ce qui dépend de nous, c’est d’essayer d’être dans la solitude pour prier. Et plaise à Dieu que cela suffise, je le répète, pour comprendre en présence de qui nous sommes et quelle réponse le Seigneur fait à nos demandes ! Pensez-vous qu’il se taise, bien que nous ne l’entendions pas ? Non, certes. Il parle au cœur quand c’est le cœur qui le prie.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

 

 

Le Christ me demandera des comptes…

samedi 31 août 2019

Voici que mes péchés me causent une vive frayeur, mes omissions me couvrent d’une profonde honte, le gaspillage de ma vie me cause une très grande crainte. Je redoute ce futur examen où le Christ, l’homme noble, me demandera des comptes.

S’il voulait exiger de moi le temps qu’il m’a remis en dépôt, et l’intelligence, ce talent qu’il m’a confié pour fournir des intérêts, sans aucun doute je n’aurais aucune réponse convenable à faire à ta charité. Que ferai-je ? De quel côté me tournerai-je ? Je ne puis bêcher la terre ; mendier, j’en ai honte (Lc 16,3). Ô tendresse ! Tendresse ! ouvre ta bouche maintenant ; que ton doux conseil, je t’en supplie, réconforte mon âme. De grâce, réponds-moi : que décideras-tu de me faire dans cette conjoncture, car selon ton nom tu es un cœur vraiment tendre, et tu connais parfaitement ce qui en cette conjoncture me convient. De grâce, pardonne-moi et viens à mon secours et, en cette tribulation, ne me regarde pas avec indifférence. Laisse-toi émouvoir par la pauvreté de mon esprit et, le cœur touché de compassion, dis-moi dans ta bonté : « Faisons, toi et moi, bourse commune. » (Pr 1,14)

Ô Tendresse ! Tendresse ! n’as-tu pas chez toi entreposées tant et de si belles richesses que le ciel et la terre ne suffisent pas à les contenir. Toi, tu as contraint mon Jésus à donner son âme pour mon âme, pour ma vie la sienne ; de la sorte tu as fait mien tout ce qui est sien et ainsi, par ton abondance, tu as accru les ressources du pauvre. De grâce, convoque mon âme famélique à tes libéralités, afin que je vive à pleine vie de tes richesses et que, par toi élevée, par toi nourrie, je ne défaille pas dans le service du Seigneur, jusqu’à ce que, sous ta conduite, je retourne à mon Dieu, et je rende mon esprit à celui qui me l’a donné (Qo 12,7).

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)