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Archive pour la catégorie ‘Prière des âmes’

« Voici, comme Zacharie, que tu devras garder le silence. »

jeudi 19 décembre 2013

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À Noël nous fêtons une triple naissance… La première et la plus sublime naissance est celle du Fils unique engendré par le Père céleste dans l’essence divine, dans la distinction des personnes. La seconde naissance est celle qui s’accomplit par une mère qui dans sa fécondité a gardé la pureté absolue de sa chasteté virginale. La troisième est celle par laquelle Dieu, tous les jours et à toute heure, naît en vérité, spirituellement, par la grâce et l’amour, dans une bonne âme…

Pour cette troisième naissance, il ne doit rester en nous qu’une recherche simple et pure de Dieu sans plus aucun désir d’avoir quoi que ce soit qui nous soit propre…, avec la seule volonté d’être à lui, de lui faire place de la façon la plus élevée, la plus intime avec lui, pour qu’il puisse accomplir son œuvre et naître en nous sans que nous y mettions d’obstacle… C’est pourquoi saint Augustin nous dit : « Vide-toi pour que tu puisses être rempli ; sors afin de pouvoir entrer », et ailleurs : « Âme noble, noble créature, pourquoi cherches-tu en dehors de toi ce qui est en toi, tout entier, de la façon la plus vraie et la plus manifeste ? Et puisque tu participes à la nature divine, que t’importent les choses créées et qu’as-tu donc à faire avec elles ? » Si l’homme préparait ainsi la place au fond de lui-même, Dieu, sans aucun doute, serait obligé de le remplir et complètement ; sinon, le ciel se romprait plutôt pour remplir ce vide. Dieu ne peut pas laisser les choses vides ; ce serait contraire à sa nature, à sa justice.

C’est pourquoi tu dois te taire ; alors le Verbe de cette naissance, la Parole de Dieu, pourra être prononcé en toi et tu pourras l’entendre. Mais comprends bien que si tu veux parler, lui doit se taire. On ne peut mieux servir le Verbe qu’en se taisant et en écoutant. Si donc tu sors complètement de toi-même, Dieu entrera tout entier ; autant tu sors, autant il entre, ni plus ni moins.

Jean Tauler (v. 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon pour la fête de Noël (trad. Cerf 1991, p.15s)

 

 

 

 

3e dimanche de l’Avent

dimanche 15 décembre 2013

Evangile du 3ème dimanche  de l'Avent - Année liturgique AVive Dieu ! Notre Dieu vient parler (dimanche dernier) mais il vient aussi faire : des aveugles il fait des voyants, des boiteux il fait des marcheurs, des morts, il fait des vivants… Comment ne pas se réjouir ? C’est le dimanche de la joie : vive Dieu !

 

Lecture de la lettre de saint Jacques

Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience. Voyez le cultivateur : il attend les produits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la première et la dernière récoltes.
Ayez de la patience vous aussi, et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche.
Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte.
Frères, prenez pour modèles d’endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.

« Le Christ Jésus a été envoyé par Dieu pour être notre sagesse, notre justice, notre justification, notre rédemption. » (1Co 1,30)

vendredi 13 décembre 2013

Sagesse-Divine

Ô Sagesse admirable de Dieu, combien puissante, combien éclatante est ta voix ! Tu appelles à toi sans aucune exception tous ceux qui te désirent ; tu fais des humbles ta demeure ; tu chéris ceux qui te chérissent (Pr 8,17) ; tu juges la cause du pauvre ; avec bonté, tu as pitié de tous. « Tu ne hais rien de ce que tu as créé » ; « tu ne considères pas les péchés des hommes » et tu attends miséricordieusement qu’ils viennent à la pénitence (Sg 11,23-24)… Toi qui renouvelles toutes choses, de grâce, renouvelle-moi et sanctifie-moi en toi, afin que tu puisses t’établir en mon âme… Fais que, dès le matin, je veille pour toi, afin de te trouver en vérité (Is 26,9; Sg 6,12-14) ; viens au-devant de moi, afin qu’en vérité je te désire avec ardeur.

Avec quelle prudence tu procèdes dans tes desseins ! Avec quelle providence tu disposes tout, quand, en vue de sauver l’homme, tu as inspiré au Roi de gloire (Ps 23,8; 1Co 2,8)…la pensée de la paix, l’accomplissement de la charité : cachant sa majesté, tu as imposé à ses épaules le moment favorable de l’amour, afin qu’il « porte sur le bois de la croix les péchés du peuple » (1P 2,24). Oh oui, Sagesse éclatante de Dieu, la malice du diable n’a pu entraver aucune de tes œuvres magnifiques…; l’ampleur du mal que nous avons fait n’a pas pu prévaloir contre la multitude de tes miséricordes, contre l’immensité de ton amour, contre la plénitude de ta bonté. Bien plus, ton empressement souverain l’a emporté sur tous les obstacles, disposant toutes choses avec douceur, et « atteignant avec force d’un bout du monde à l’autre » (Sg 8,1).

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301), moniale bénédictine
Les Exercices, n°8 Sexte ; SC 127 (trad. SC p. 273 rev.)

 

 

 

« Je te salue, comblée-de-grâce. »

lundi 9 décembre 2013

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La dégénérescence du péché avait obscurci la beauté de notre noblesse d’origine. Mais lorsque naît la mère de la Beauté suprême, notre nature retrouve sa pureté et se voit façonnée selon le modèle parfait et digne de Dieu (Gn 1,26)… Tous, nous avions préféré le monde d’en bas à celui d’en haut. Il ne restait aucun espoir de salut ; l’état de notre nature appelait le ciel au secours… Enfin, en son bon plaisir, le divin artisan de l’univers a décidé de faire paraître un monde neuf, un autre monde, tout d’harmonie et de jeunesse.

Ne convenait-il pas qu’une vierge très pure et sans tache se mette d’abord au service de ce plan mystérieux ?… Et cette vierge, où la trouver, sinon en cette femme unique entre toutes, élue du créateur de l’univers avant toutes les générations ? Oui, c’est elle la Mère de Dieu, Marie au nom divin, dont le sein a donné le jour au Dieu incarné, et qu’il s’était lui-même préparée surnaturellement pour temple…

Ainsi donc, le dessein du Rédempteur de notre race était de produire une naissance et comme une création nouvelle pour remplacer le passé. C’est pourquoi, de même qu’au Paradis il avait puisé dans la terre vierge et sans tache un peu de limon pour en façonner le premier Adam (Gn 2,7), de même, au moment de réaliser sa propre incarnation, il s’est servi d’une autre terre, pour ainsi dire, à savoir de cette Vierge pure et immaculée, choisie parmi tous les êtres qu’il avait créés. C’est en elle qu’il nous a refaits à neuf à partir de notre substance même et qu’il est devenu un nouvel Adam (1Co 15,45), lui le Créateur d’Adam, afin que l’ancien soit sauvé par le nouveau et l’éternel.

Saint André de Crète (660-740), moine et évêque
Sermon 1 pour la Nativité de la Mère de Dieu ; PG 97, 812 (trad. Orval rev.)

 

 

 

 

Prier quinze minutes pour le monde

samedi 7 décembre 2013

Bougie nuit

C’est le jour et il est l’heure.
Monter sur le pont,
prendre mon quart.
Prendre mon quart pour veiller sur le monde,
quinze minutes.
Le monde dort, lourd dans son sommeil, sourd aux appels de l’amour.
Le monde dort sur ses souffrances et ses illusions.
J’allume la frêle lumière de ma prière comme un petit phare dans la nuit.
D’autres lucioles brillent sur la mer au loin,
nous sommes dix, ou vingt, ou mille, là, juste en ce moment, à prier au cœur du monde.
Je suis à ma place, je fais ce qu’il y a à faire,
j’ai pris mon quart de veille et je le tiens.
Et puis je me retire,
je retourne à mes activités.
J’ai fait ma part,
silencieuse, anonyme,
sans trop savoir si mon travail est bon, sans trop comprendre.
J’ai fait ce que le capitaine du bateau a dit de faire.
Confiance tranquille.
Et la terre tourne lentement
et lentement s’allument à leur tour d’autres lanternes,
au cœur du monde, au rythme des fuseaux horaires.
Etincelles qui cherchent à réchauffer la vie des hommes,
à attiser leur espérance.

Apostolat de la Prière
Avec le réseau mondial de la prière 
www.apostolat-priere.org

 

… TU POURRAS ÊTRE UNE MAISON DE DIEU (Eph. 2,19)

lundi 2 décembre 2013
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Notre Seigneur est entré dans le Temple et il a mis dehors tous ceux qui achetaient et vendaient, en disant : « Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait un repaire de brigands ».
Quel est ce temple devenu une caverne de brigands ?  C’est l’âme et le corps de l’homme, qui sont bien plus réellement le temple de Dieu que tous les temples jamais édifiés (1Co 3,17;6,19).
Quand Notre Seigneur veut venir dans ce temple-là, il le trouve changé en un repaire de brigands et un bazar de marchands.
Qu’est-ce qu’un marchand ? Ce sont ceux qui donnent ce qu’ils ont – leur libre arbitre – pour ce qu’ils n’ont pas – les choses de ce monde.
Le monde entier est plein de tels marchands ! Il y en a parmi les prêtres et les laïcs, parmi les religieux, les moines et les moniales… Tant de gens si pleins de leur propre volonté…; tant de gens qui cherchent en tout leur propre intérêt. Si seulement, au contraire, ils voulaient faire un marché avec Dieu, en lui donnant leur volonté, quel heureux marché ils feraient !
L’homme doit vouloir, doit poursuivre, doit chercher Dieu dans tout ce qu’il fait ; et quand il a fait tout cela – boire, dormir, manger, parler, écouter – qu’il laisse alors complètement les images des choses et fasse en sorte que son temple reste vide.
Une fois le temple vidé, une fois que tu en auras chassé cette troupe de vendeurs, les imaginations qui l’encombrent, tu pourras être une maison de Dieu (Ep 2,19).
Tu auras alors la paix et la joie du cœur, et plus rien ne te troublera, rien de ce qui maintenant t’inquiète et te déprime et te fait souffrir.
 .
Jean Tauler (c. 1300-1361), dominicain
Sermon 46 (trad. Cerf 1980, t. 2, p. 24)
in seraphim-marc-elie.overblog.com
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Fête de St André, apôtre

samedi 30 novembre 2013

im-St-Andre-apotre2« Ô croix si longtemps désirée, offerte maintenant aux aspirations de mon âme, je viens à toi, plein de joie et d’assurance. Reçois-moi avec allégresse, moi le disciple de celui qui pendait à tes bras… » Ainsi parlait saint André [selon la tradition], apercevant de loin la croix qui était dressée pour son supplice. D’où venaient en cet homme une joie et une exultation si étonnantes ? D’où venait tant de constance dans un être si fragile ? D’où cet homme tenait-il une âme si spirituelle, une charité si fervente et une volonté si forte ? Ne pensons pas qu’il tirait de lui-même un si grand courage ; c’était le don parfait issu du Père des lumières (Jc 1,17), de celui qui seul fait des merveilles. C’était l’Esprit Saint qui venait en aide à sa faiblesse, et qui diffusait dans son cœur un amour fort comme la mort, et même plus fort que la mort (Ct 8,6).

Plaise à Dieu que nous ayons part à cet Esprit, nous aussi aujourd’hui ! Car si maintenant l’effort de la conversion nous est pénible, si veiller dans la prière nous ennuie, c’est uniquement à cause de notre indigence spirituelle. Si l’Esprit Saint était avec nous, il viendrait sûrement en aide à notre faiblesse. Ce qu’il a fait pour saint André face à la croix et à la mort, il le ferait aussi pour nous : enlevant au labeur de la conversion son caractère pénible, il le rendrait désirable et même délicieux… Frères, recherchons cet Esprit, apportons tous nos soins à l’obtenir, ou à le posséder plus pleinement si nous l’avons déjà. Car « celui qui n’a pas l’Esprit du Christ n’appartient pas au Christ » (Rm 8,9). « Nous n’avons pas reçu l’esprit de ce monde, mais l’Esprit qui est de Dieu » (1Co 2,12)… Nous devons donc prendre notre croix avec saint André, ou plutôt avec celui qu’il a suivi, le Seigneur, notre Sauveur. La cause de sa joie c’était qu’il mourait non seulement avec lui, mais comme lui, et qu’uni si intimement à sa mort, il règnerait avec lui… Car notre salut est sur cette croix.

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
2e sermon pour la fête de saint André (trad. Orval)

 

 

 

 

Tout à vous

lundi 25 novembre 2013

Puissance-de-la-louange

« Mon Père, je remets mon esprit entre vos mains » (Lc 23,46). C’est la dernière prière de notre Maître, de notre Bien-aimé. Puisse-t-elle être la nôtre. Et qu’elle soit non seulement celle de notre dernier instant, mais celle de tous nos instants : « Mon Père, je me remets entre vos mains ; mon Père, je me confie à vous ; mon Père, je m’abandonne à vous. Mon Père, faites de moi ce qu’il vous plaira ; quoi que vous fassiez de moi, je vous remercie ; merci de tout. Je suis prêt à tout, j’accepte tout, je vous remercie de tout, pourvu que votre volonté se fasse en moi, mon Dieu, pourvu que votre volonté se fasse en toutes vos créatures, en tous vos enfants, en tous ceux que votre cœur aime ; je ne désire rien d’autre, mon Dieu. Je remets mon âme entre vos mains, je vous la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur, parce que je vous aime, et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre en vos mains sans mesure. Je me remets entre vos mains avec une infinie confiance, car vous êtes mon Père. »

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916), ermite et missionnaire au Sahara
Méditations sur l’Évangile au sujet des principales vertus (1896)

 

 

 

« Fils de David, aie pitié de moi ! »

lundi 18 novembre 2013

aveugle-de-Jéricho-1Tu as appris, mon ami, que le Royaume des cieux est au-dedans de toi, si tu le veux, et que tous les biens éternels sont dans tes mains. Hâte-toi donc de voir, de saisir et d’obtenir en toi ces biens tenus en réserve pour toi… Crie vers Dieu ; prosterne-toi.

Comme l’aveugle autrefois, dis maintenant toi aussi : « Aie pitié de moi, Fils de Dieu, et ouvre les yeux de mon âme, afin que je voie la Lumière du monde que tu es, toi mon Dieu, et que je devienne moi aussi enfant de cette lumière divine. Toi qui es bon et généreux, envoie l’Esprit Saint, le Consolateur, sur moi aussi afin qu’il m’enseigne tout ce qui te concerne, tout ce qui est à toi, Dieu de l’univers. Demeure en moi aussi, comme tu l’as dit, afin que je devienne à mon tour digne de demeurer en toi. Donne-moi de savoir entrer en toi et de savoir que je te possède en moi. Toi qui es invisible, daigne prendre forme en moi, afin qu’en voyant ta beauté inaccessible, je porte ton image, toi qui es aux cieux, et que j’oublie toutes les choses visibles. Donne-moi la gloire que le Père t’a donnée, toi le miséricordieux, afin que, semblable à toi comme tous tes serviteurs, je partage ta vie divine selon la grâce et que je sois avec toi continuellement, maintenant et toujours et pour les siècles sans fin ».

(Références bibliques : Lc 17,21; Jn 8,12; Jn 12,36; Jn 14,26; Jn 15,4; Jn 17,22)

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022), moine grec
Éthique 5 (trad. Cerf 1979, p. 95 rev.)

 

 

 

 

« Toujours prier sans se décourager »

samedi 16 novembre 2013

Qu’elle est grande la puissance de la prière ! On dirait une reine ayant à chaque instant libre accès auprès du roi et pouvant obtenir tout ce qu’elle demande. Il n’est point nécessaire pour être exaucée de lire dans un livre une belle formule composée pour la circonstance ; s’il en était ainsi, hélas, que je serais à plaindre ! En dehors de l’Office Divin que je suis bien indigne de réciter, je n’ai pas le courage de m’astreindre à chercher dans les livres de belles prières, cela me fait mal à la tête, il y en a tant ! Et puis elles sont toutes plus belles les unes que les autres. Je ne saurais les réciter toutes, et ne sachant laquelle choisir, je fais comme les enfants qui ne savent pas lire, je dis tout simplement au Bon Dieu ce que je veux lui dire, sans faire de belles phrases, et toujours il me comprend.

Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Ms C, 25 r°

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