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Archive pour la catégorie ‘Prière des âmes’

« J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir. » (Credo)

mercredi 6 juin 2012

Le christianisme ne promet pas le simple salut de l’âme, dans un quelconque au-delà où toutes les valeurs et les choses précieuses de ce monde disparaîtraient comme s’il s’agissait d’une scène qu’on aurait bâtie autrefois et qui disparaîtrait désormais. Le christianisme promet l’éternité de ce qui s’est réalisé sur cette terre.

Dieu connaît et aime cet homme total que nous sommes actuellement. Est donc immortel ce qui grandit et se développe dans notre vie de maintenant. C’est dans notre corps que nous souffrons et aimons, que nous espérons, que nous éprouvons de la joie et de la tristesse, que nous progressons à travers le temps. Tout ce qui grandit ainsi dans notre vie de maintenant, c’est cela qui est impérissable. Est donc impérissable ce que nous sommes devenus dans notre corps, ce qui a grandi et mûri au cœur de notre vie, en lien avec les choses de ce monde. C’est « l’homme total » tel qu’il s’est situé en ce monde, tel qu’il y a vécu et souffert, qui sera un jour emporté dans l’éternité de Dieu et qui aura part, en Dieu lui-même, à l’éternité. C’est cela qui doit nous envahir d’une joie profonde.

Cardinal Joseph Ratzinger [Pape Benoît XVI]
Mitarbeiter der Wahrheit (trad. Vivre sa foi, Mame 1981, p. 428)

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Prière du travailleur

mardi 8 mai 2012

Apprends-moi, Seigneur, à bien user du temps que tu me donnes pour travailler, à bien l’employer sans rien en perdre.
Apprends-moi à tirer profit des erreurs passées sans tomber dans le scrupule qui ronge.
Apprends-moi à prévoir le plan sans me tourmenter, à imaginer l’oeuvre sans me désoler si elle jaillit autrement.
Apprends-moi à unir la hâte et la lenteur, la sérénité et la ferveur, le zèle et la paix.
Aide-moi au départ de l’ouvrage, là où je suis le plus faible.
Aide-moi au cœur du labeur à tenir serré le fil de l’attention.
Et surtout comble Toi-même les vides de mon œuvre, Seigneur !
Dans tout le labeur de mes mains laisse une grâce de Toi pour parler aux autres et un défaut de moi pour me parler à moi-même.
Garde en moi l’espérance de la perfection, sans quoi je perdrais cœur. Garde-moi dans l’impuissance de la perfection, sans quoi je me perdrais d’orgueil.
Purifie mon regard : Quand je fais mal, il n’est pas sûr que ce soit mal, et quand je fais bien, il n’est pas sûr que ce soit bien.
Seigneur, ne me laisse jamais oublier que tout savoir est vain sauf là où il y a du travail, et que tout travail est vide sauf là où il y a amour, et que tout amour est creux qui ne me lie à moi-même et aux autres et à Toi, Seigneur !
Enseigne-moi à prier avec mes mains, mes bras et toutes mes forces.
Rappelle-moi que l’ouvrage de mes mains t’appartient et qu’il m’appartient de te le rendre en le donnant ; que si je le fais par goût du profit, comme un fruit oublié je pourrirai à l’automne ; que si je le fais pour plaire aux autres comme la fleur de l’herbe je fanerai au soir ; mais si je le fais pour l’amour du bien, je demeurerai dans le bien ; et le temps de faire bien et à ta gloire, c’est tout de suite, Amen !

Prière des copistes et enlumineurs du haut moyen âge, sans doute d’origine anglaise.

Gilberte Garrigou, in “Naissance et splendeurs du manuscrit monastique du VII’ au XII’ siècle”

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dimanche 29 avril 2012

« L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »

lundi 23 avril 2012

Je m’incline devant toi, Pain des anges (Ps 78,25),
Avec une foi profonde, espoir, amour,
Et du plus profond de mon âme, je t’adore
Bien que je sois néant.

Je m’incline devant toi, Dieu caché,
Et de tout mon cœur, je t’aime.
Les voiles du mystère ne me gênent pas ;
Je t’aime comme les élus au ciel.

Je m’incline devant toi, Agneau de Dieu,
Qui effaces les péchés de mon âme,
Que je reçois en mon cœur, chaque matin,
Et toi, tu m’aides à mon salut.

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Sainte Faustine Kowalska (1905-1938), religieuse
Petit Journal, § 1323 (trad. Parole et dialogue 2002, p. 449)


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Deuxième dimanche de Pâques : dimanche de la Divine Miséricorde

dimanche 15 avril 2012

HOMÉLIE DU PAPE JEAN PAUL II
POUR LA CANONISATION DE LA BIENHEUREUSE MARIA FAUSTYNA KOWALSKA

(Dimanche 30 avril 2000)

« Confitemini Domino quoniam bonus, quoniam in saeculum misericordia eius »,
« Rendez grâce au Seigneur, car il est bon, car éternel est son amour ! » (Ps 118, 1). C’est ce que chante l’Église en l’Octave de Pâques, recueillant presque des lèvres du Christ ces paroles du Psaume ; des lèvres du Christ ressuscité, qui dans le Cénacle, apporte la grande annonce de la miséricorde divine et en confie le ministère aux apôtres : « Paix à vous! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie […] Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jn 20, 21-23). Avant de prononcer ces paroles, Jésus montre ses mains et son côté. C’est-à-dire qu’il montre les blessures de la Passion, en particulier la blessure du cœur, source d’où jaillit la grande vague de miséricorde qui se déverse sur l’humanité. De ce cœur, Sœur Faustyna Kowalska, la bienheureuse que dorénavant nous appellerons sainte, verra partir deux faisceaux de lumière qui illuminent le monde. « Les deux rayons, lui expliqua un jour Jésus lui-même, représentent le sang et l’eau » (Journal, Librairie éditrice vaticane, p. 132).

Sang et eau !
La pensée s’envole vers le témoignage de l’évangéliste Jean, qui, lorsqu’un soldat sur le Calvaire frappa de sa lance le côté du Christ, en vit sortir « du sang et de l’eau » (cf. Jn 19, 34). Et si le sang évoque le sacrifice de la croix et le don eucharistique, l’eau, dans la symbolique de Jean, rappelle non seulement le Baptême, mais également le don de l’Esprit Saint (cf. Jn 3, 5 ; 4, 14 ; 7, 37-39). À travers le cœur du Christ crucifié, la miséricorde divine atteint les hommes : « Ma Fille, dis que je suis l’Amour et la Miséricorde en personne », demandera Jésus à Sœur Faustyna (Journal, 374). Cette miséricorde, le Christ la diffuse sur l’humanité à travers l’envoi de l’Esprit qui, dans la Trinité, est la Personne-Amour. Et la miséricorde n’est-elle pas le « second nom » de l’amour (cf. Dives in misericordia, n. 7), saisi dans son aspect le plus profond et le plus tendre, dans son aptitude à se charger de chaque besoin, en particulier dans son immense capacité de pardon ? Aujourd’hui, ma joie est véritablement grande de proposer à toute l’Église, qui est presque un don de Dieu pour notre temps, la vie et le témoignage de Sœur Faustyna Kowalska. La Divine Providence a voulu que la vie de cette humble fille de la Pologne soit totalement liée à l’histoire du vingtième siècle, le siècle que nous venons de quitter. C’est, en effet, entre la Première et la Seconde Guerre mondiale que le Christ lui a confié son message de miséricorde. Ceux qui se souviennent, qui furent témoins et qui prirent part aux événements de ces années et des atroces souffrances qui en découlèrent pour des millions d’hommes, savent bien combien le message de la miséricorde était nécessaire. Jésus dit à Sœur Faustyna : « L’humanité n’aura de paix que lorsqu’elle s’adressera avec confiance à la Divine Miséricorde » (Journal, p. 132). À travers l’œuvre de la religieuse polonaise, ce message s’est lié à jamais au vingtième siècle, dernier du second millénaire et pont vers le troisième millénaire. Il ne s’agit pas d’un message nouveau, mais on peut le considérer comme un don d’illumination particulière, qui nous aide à revivre plus intensément l’Évangile de Pâques, pour l’offrir comme un rayon de lumière aux hommes et aux femmes de notre temps.

Que nous apporteront les années qui s’ouvrent à nous ?
Quel sera l’avenir de l’homme sur la terre ? Nous ne pouvons pas le savoir. Il est toutefois certain qu’à côté de nouveaux progrès ne manqueront pas, malheureusement, les expériences douloureuses. Mais la lumière de la miséricorde divine, que le Seigneur a presque voulu remettre au monde à travers le charisme de Sœur Faustyna, illuminera le chemin des hommes du troisième millénaire. Comme les Apôtres autrefois, il est toutefois nécessaire que l’humanité d’aujourd’hui accueille elle aussi dans le cénacle de l’histoire le Christ ressuscité, qui montre les blessures de sa crucifixion et répète : Paix à vous ! Il faut que l’humanité se laisse atteindre et imprégner par l’Esprit que le Christ ressuscité lui donne. C’est l’Esprit qui guérit les blessures du cœur, abat les barrières qui nous éloignent de Dieu et qui nous divisent entre nous, restitue la joie de l’amour du Père et celle de l’unité fraternelle.

Il est alors important que nous recevions entièrement le message qui provient de la Parole de Dieu en ce deuxième Dimanche de Pâques, qui dorénavant, dans toute l’Église, prendra le nom de « Dimanche de la Miséricorde divine ».
Dans les diverses lectures, la liturgie semble désigner le chemin de la miséricorde qui, tandis qu’elle reconstruit le rapport de chacun avec Dieu, suscite également parmi les hommes de nouveaux rapports de solidarité fraternelle. Le Christ nous a enseigné que « l’homme non seulement reçoit et expérimente la miséricorde de Dieu, mais aussi qu’il est appelé à « faire miséricorde » aux autres : « Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde (Mt 5, 7) » (Dives in misericordia, n. 14). Il nous a ensuite indiqué les multiples voies de la miséricorde, qui ne pardonne pas seulement les péchés, mais répond également à toutes les nécessités de l’homme. Jésus s’incline sur toute forme de pauvreté humaine, matérielle et spirituelle. Son message de miséricorde continue de nous atteindre à travers le geste de ses mains tendues vers l’homme qui souffre. C’est ainsi que l’a vu et l’a annoncé aux hommes de tous les continents Sœur Faustyna, qui, cachée dans son couvent de ?agiewniki, à Cracovie, a fait de son existence un chant à la miséricorde : Misericordias Domini in aeternum cantabo.

La canonisation de Soeur Faustyna revêt une éloquence particulière :
à travers cet acte, j’entends transmettre aujourd’hui ce message au nouveau millénaire. Je le transmets à tous les hommes afin qu’ils apprennent à connaître toujours mieux le véritable visage de Dieu et le véritable visage de leurs frères. L’amour de Dieu et l’amour des frères sont en effet indissociables, comme nous l’a rappelé la première Épître de Jean : « Nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu à ce que nous aimons Dieu et que nous pratiquons ses commandements » (5, 2). L’Apôtre nous rappelle ici à la vérité de l’amour, nous montrant dans l’observance des commandements la mesure et le critère. Il n’est pas facile, en effet, d’aimer d’un amour profond, fait de don authentique de soi. Cet amour ne s’apprend qu’à l’école de Dieu, à la chaleur de sa charité. En fixant le regard sur Lui, en nous syntonisant sur son cœur de Père, nous devenons capables de regarder nos frères avec des yeux nouveaux, dans une attitude de gratuité et de partage, de générosité et de pardon. Tout cela est la miséricorde ! Dans la mesure où l’humanité saura apprendre le secret de ce regard miséricordieux, la description idéale de la première lecture se révèle être une perspective réalisable : « La multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout était commun » (Ac 4, 32). Ici, la miséricorde du cœur est devenue également un style de rapports, un projet de communauté, un partage de biens. Ici ont fleuri les « œuvres de miséricorde » spirituelles et corporelles. Ici, la miséricorde est devenue une façon concrète d’être le « prochain » des frères les plus indigents.

Sœur Faustyna Kowalska a écrit dans son journal :
« J’éprouve une douleur atroce, lorsque j’observe les souffrances du prochain. Toutes les souffrances du prochain se répercutent dans mon cœur ; je porte dans mon cœur leurs angoisses, de sorte qu’elles m’anéantissent également physiquement. Je voudrais que toutes les douleurs retombent sur moi, pour soulager mon prochain » (Journal, p. 365). Voilà à quel point de partage conduit l’amour lorsqu’il se mesure à l’amour de Dieu ! C’est de cet amour que l’humanité d’aujourd’hui doit s’inspirer pour affronter la crise de sens, les défis des besoins les plus divers, en particulier l’exigence de sauvegarder la dignité de chaque personne humaine. Le message de la divine miséricorde est ainsi, de façon implicite, également un message sur la valeur de chaque homme. Chaque personne est précieuse aux yeux de Dieu, le Christ a donné sa vie pour chacun, le Père fait don à tous de son Esprit et offre l’accès à son intimité.

Ce message réconfortant s’adresse
en particulier à celui qui, touché par une épreuve particulièrement dure ou écrasé par le poids des péchés commis, a perdu toute confiance dans la vie et est tenté de céder au désespoir. C’est à lui que se présente le visage doux du Christ, c’est sur lui qu’arrivent ces rayons qui partent de son cœur et qui illuminent, réchauffent, indiquent le chemin et diffusent l’espérance. Combien d’âmes a déjà réconforté l’invocation : « Jésus, j’ai confiance en Toi », que la Providence a suggérée à Sœur Faustyna ! Cet acte simple d’abandon à Jésus dissipe les nuages les plus épais et fait pénétrer un rayon de lumière dans la vie de chacun.

Misericordia Domini in aeternum cantabo (Ps 88 [89], 2).
À la voix de la Très sainte Vierge Marie, la « Mère de la miséricorde », à la voix de cette nouvelle sainte, qui dans la Jérusalem céleste chante la miséricorde avec tous les amis de Dieu, nous unissons nous aussi, Église en pèlerinage, notre voix. Et toi, Faustyna, don de Dieu à notre temps, don de la terre de Pologne à toute l’Église, obtiens-nous de percevoir la profondeur de la miséricorde divine, aide-nous à en faire l’expérience vivante et à en témoigner à nos frères. Que ton message de lumière et d’espérance se diffuse dans le monde entier, pousse les pécheurs à la conversion, dissipe les rivalités et les haines, incite les hommes et les nations à la pratique de la fraternité. Aujourd’hui, en tournant le regard avec toi vers le visage du Christ ressuscité, nous faisons nôtre ta prière d’abandon confiant et nous disons avec une ferme espérance : Jésus, j’ai confiance en Toi !
Sources Vives n° 91 ; www.vatican.va – Copyright © Libreria Editrice Vaticana

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Le Ciel tout entier chante son hosanna !

samedi 14 avril 2012

Maintenant Jésus parle.

« Tout est fini, Maman. Maintenant tu ne dois plus pleurer pour ton Fils. L’épreuve est accomplie. La Rédemption est arrivée. Maman, merci de m’avoir conçu, élevé, aidé dans la vie et dans la mort.

J’ai senti venir à Moi tes prières. Elles ont été ma force dans la douleur, mes compagnes dans mon voyage sur la Terre et au delà de la Terre. Elles sont venues avec Moi sur la Croix et dans les Limbes. Elles étaient l’encens qui précédait le Pontife qui allait appeler ses serviteurs pour les amener dans le temple qui ne meurt pas : dans mon Ciel. Elles sont venues avec Moi dans le Paradis, précédant comme une voix angélique le cortège des rachetés guidés par le Rédempteur pour que les anges fussent prêts pour saluer le Vainqueur qui revenait dans son Royaume. Elles ont été entendues et vues par le Père et par l’Esprit qui en ont souri comme de la fleur la plus belle et du chant le plus doux nés dans le Paradis. Elles ont été connues par les Patriarches et les nouveaux Saints, par les nouveaux, les premiers habitants de ma Jérusalem, et Moi je t’apporte leurs remerciements, Maman, en même temps que le baiser des parents et que leur bénédiction et celle de Joseph, ton époux d’âme.

Le Ciel tout entier chante son hosanna à toi, ma Mère, Maman Sainte ! Un hosanna qui ne meurt pas, qui n’est pas menteur comme celui qui m’a été donné il y a quelques jours.

Extrait de l’Evangile selon Maria Valtorta

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Pénitence

vendredi 9 mars 2012

« Mes enfants, qu’en ces temps de carême vous sachiez en chaque jour Lui offrir une parcelle de vous-mêmes, une parcelle de votre nature profonde et aimante et non pas un semblant de vous-mêmes par une privation que vous donnez par rituel. Non, car en mon Fils ce n’est pas un rite qu’il faut Lui accorder, mais seulement le naturel de chaque chose, de chaque sentiment, de chaque volonté d’agir pour que l’union soit, et qu’elle soit innée pour tous.

Mes enfants, je vous demande à tous de faire pénitence en ces temps afin de suivre la retraite de mon Fils avant sa crucifixion ; je vous demande de faire œuvre d’abstinence et de recueillement. Venez prier et faire don de votre table pour ce monde, apportez tout ceci à mon Fils afin qu’Il en fasse don à tous ceux qui sont dans la faim et dans l’attente de la bonne parole. Laissez-vous nourrir de l’enseignement Divin et ne détournez pas le regard de votre frère qui souffre ; offrez-lui le don de vous pour que règne ce monde en unité avec le Père Eternel. »

Marie Mère des hommes – février 1997

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« Celui qui demande reçoit. »

jeudi 8 mars 2012

C’est une arme puissante que la prière, un trésor indéfectible, une richesse intarissable, un port à l’abri des tempêtes, un réservoir de calme ; la prière est la racine, la source et la mère de biens innombrables… Mais la prière dont je parle n’est ni médiocre, ni négligente ; c’est une prière ardente, jaillie de l’affliction de l’âme et de l’effort de l’esprit. Voilà la prière qui monte jusqu’au ciel… Écoute ce que dit l’écrivain sacré : « J’ai crié vers le Seigneur quand j’étais dans l’angoisse, et il m’a exaucé » (Ps 119,1). Celui qui prie ainsi dans son angoisse pourra, après la prière, goûter en son âme une grande joie….

Par « prière » j’entends non pas celle qui est seulement dans la bouche, mais celle qui jaillit du fond du cœur. Comme les arbres dont les racines s’enfoncent profondément ne sont ni brisés ni arrachés, même si les vents déchaînent mille assauts contre eux, parce que leurs racines sont fortement enserrées dans les profondeurs de la terre, de même les prières qui sortent du fond du cœur, ainsi enracinées, montent vers le ciel en toute sûreté et ne sont détournées par aucune pensée de manque d’assurance ou de mérite. C’est pourquoi le psalmiste dit : « Des profondeurs j’ai crié vers toi, Seigneur » (Ps 129,1)…

Si le fait de raconter à des hommes tes malheurs personnels et de leur décrire les épreuves qui t’ont frappé apporte quelque soulagement à tes peines, comme si à travers les paroles s’exhalait une brise rafraîchissante, à combien plus forte raison si tu fais part à ton Seigneur des souffrances de ton âme trouveras-tu en abondance consolation et réconfort ! En effet, souvent les hommes supportent difficilement ceux qui viennent se plaindre et pleurer auprès d’eux ; ils les écartent et les repoussent. Mais Dieu n’agit pas ainsi ; au contraire il te fait approcher et t’attire à lui ; et même si tu passes toute la journée à lui exposer tes malheurs, il n’en sera que mieux disposé à t’aimer et à exaucer tes supplications.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’incompréhensibilité de Dieu, n° 5 (trad. En Calcat)

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mercredi 7 mars 2012

http://youtu.be/P11Ubk2DB6w

«Jésus alla dans un endroit désert, et là il priait.»

dimanche 5 février 2012

Quand le Fils de Dieu « leva les yeux au ciel et dit : ‘ Père, glorifie ton Fils ‘ » (Jn 17,1), il nous a appris par cette action que nous devons élever bien haut tous nos sens, nos mains, nos facultés, notre âme, et prier en lui, avec lui et par lui. Voilà l’œuvre la plus aimable et la plus sainte que le Fils de Dieu ait faite ici-bas : adorer son Père bien-aimé. Mais ceci dépasse de beaucoup tout raisonnement, et nous ne pouvons en aucune façon y atteindre et le comprendre, si ce n’est dans le Saint Esprit. Saint Augustin et saint Anselme nous disent de la prière qu’elle est « une élévation de l’âme vers Dieu »…

Moi je ne te dis que ceci : dégage-toi, en vérité, de toi-même et de toutes choses créées, et élève pleinement ton âme à Dieu au-dessus de toutes les créatures, dans l’abîme profond. Là, plonge ton esprit dans l’esprit de Dieu, dans un véritable abandon…, dans une véritable union avec Dieu… Là, demande à Dieu tout ce qu’il veut qu’on lui demande, ce que tu désires et ce que les hommes désirent de toi. Et tiens ceci pour certain : ce qu’une pauvre petite pièce de monnaie est vis-à-vis de cent mille pièces d’or, voilà ce qu’est toute prière extérieure vis-à-vis de cette prière qui est véritable union avec Dieu, cet écoulement et cette fusion de l’esprit créé dans l’esprit incréé de Dieu…

Si l’on t’a demandé une prière, il est bon que tu la fasses de façon extérieure comme tu en as été prié et comme tu l’as promis. Mais, ce faisant, entraîne ton âme vers les hauteurs et dans le désert intérieur, pousse là tout ton troupeau comme Moïse (Ex  3,1)… « Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité » (Jn 4,23). En cette prière intérieure s’achèvent toutes les pratiques, toutes les formules et toutes les sortes de prière qui depuis Adam jusqu’ici ont été offertes et qui seront encore offertes jusqu’au dernier jour. On mène tout cela à sa perfection en un instant, dans ce recueillement véritable et essentiel.

Jean Tauler (v. 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 15, pour la veille des Rameaux (trad. Cerf 1991, p. 110 rev.)

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