ACCUEIL

Archive pour la catégorie ‘Saints et Saintes’

La mission de l’Amour

dimanche 14 juillet 2024

Malgré ma petitesse je sens le besoin, le désir d’accomplir pour toi, Jésus, toutes les œuvres les plus héroïques. Je voudrais parcourir la terre, prêcher ton nom et planter sur le sol infidèle ta Croix glorieuse, mais ô mon Bien-Aimé, une seule mission ne me suffirait pas, je voudrais en même temps annoncer l’Évangile dans les cinq parties du monde et jusque dans les îles les plus reculées. Je voudrais être missionnaire non seulement pendant quelques années, mais je voudrais l’avoir été depuis la création du monde et l’être jusqu’à la consommation des siècles. Ô mon Jésus ! à toutes mes folies que vas-tu répondre ? Y a-t-il une âme plus petite, plus impuissante que la mienne ! Cependant à cause même de ma faiblesse, tu t’es plu, Seigneur, à combler mes petits désirs enfantins, et tu veux aujourd’hui, combler d’autres désirs plus grands que l’univers. (…)

La charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un cœur, et que ce cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’amour seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’amour venait à s’éteindre, les apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les martyrs refuseraient de verser leur sang. Je compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux ; en un mot, qu’il était éternel. Alors, dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écriée : “Ô Jésus, mon amour ; ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour. Oui, j’ai trouvé ma place dans l’Église et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée. Dans le cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’amour ; ainsi je serai tout, ainsi mon rêve sera réalisé”.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897)

 

 

 

Fête de saint Benoît, abbé, patron de l’Europe

jeudi 11 juillet 2024

Dans un siècle barbare et turbulent, la culture des champs, le travail manuel et noble, et l’étude des sciences sacrées et profanes étaient dépréciés et délaissés presque de tous. Dans les monastères bénédictins, au contraire, croissait sans cesse une foule innombrable d’agriculteurs, d’artisans et de savants. Chacun selon ses talents, ces moines parvenaient non seulement à conserver intactes les productions de la sagesse antique mais à pacifier, à unir et à occuper activement des peuples, vieux et jeunes, souvent en guerre entre eux. Ils ont réussi à les faire passer de la barbarie renaissante, des haines dévastatrices et des rapines à des habitudes de douceur humaine et chrétienne…

Mais ce n’est pas tout : car dans l’organisation de la vie monastique bénédictine, l’essentiel pour tous…est de tendre à l’union continuelle avec le Christ et de brûler de sa charité parfaite. En effet, les biens de ce monde, même dans leur ensemble, ne peuvent pas rassasier l’âme humaine que Dieu a créée pour l’atteindre lui-même… C’est pourquoi la Règle de Saint Benoît dit qu’il est indispensable que « rien ne soit préféré à l’amour du Christ », « que rien ne soit estimé de plus haut prix que le Christ », « qu’absolument rien ne soit préféré au Christ, qui nous conduit à la vie éternelle ».

Et à cet amour ardent du divin Rédempteur doit correspondre l’amour du prochain, que nous devons considérer tous comme des frères et aider de toutes les façons possibles. C’est pourquoi, à l’encontre des haines et des rivalités qui dressent les hommes les uns contre les autres, de la violence et des innombrables maux et misères qui sont les conséquences de cette agitation des peuples et des choses, Benoît prescrit aux siens ces très saintes règles : « Qu’on montre les soins les plus empressés dans l’hospitalité, spécialement à l’égard des pauvres et des pèlerins, car c’est le Christ que l’on accueille principalement en eux. » « Que tous les hôtes qui nous arrivent soient accueillis comme le Christ, car c’est lui qui dira un jour : J’ai été étranger, et vous m’avez accueilli » (Mt 25,35). « Avant tout et par-dessus tout, que l’on ait soin des malades, afin de les servir comme le Christ lui-même, car il a dit : J’étais malade et vous m’avez visité » (v. 36).

Vénérable Pie XII

 

 

 

Fête de saint Thomas, apôtre

mercredi 3 juillet 2024

Thomas a poussé ce cri sublime : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28). Cette profession de foi, plus grande que l’incrédulité passée, ne pouvait sonner plus fort : tout le contenu de la foi est compris dans cette brève exclamation.

Merveilleuse pénétration de cet homme ! Il touche l’Homme et il l’appelle Dieu. Il touche l’un et croit l’autre. Aurait-il écrit mille livres, il n’aurait pas autant servi l’Église. Avec quelle clarté, quelle foi et quelle simplicité il appelle le Christ Dieu ! Quelle parole utile et nécessaire à l’Église de Dieu ! Grâce à elle les plus graves hérésies ont été jadis extirpées de l’Église. Pierre fut loué pour avoir dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16). Avec plus de netteté encore, Thomas s’écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Par cette simple parole, il confesse les deux natures du Christ.

« Parce que tu as vu, Thomas, tu as cru ; heureux ceux qui ont cru sans avoir vu » (Jn 20, 29). Cette parole, frères, nous apporte grande consolation. Chaque fois que nous disons ou que nous nous écrions : “Heureux les yeux, heureux le temps, douce l’époque qui ont eu la chance de voir et de contempler de si grands mystères”, c’est vrai car le Seigneur a dit : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez » (Lc 10,23) ; mais il a dit lui aussi : « Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu ». Ces mots apportent une consolation plus grande encore, ils signalent un plus grand mérite. La vision donne plus de joie ; la foi honore davantage.

Saint Thomas de Villeneuve (v. 1487-1555)

 

 

 

Saint Pierre et saint Paul, Apôtres, solennité

samedi 29 juin 2024

« Elle et précieuse aux yeux du Seigneur, la mort de ses saints » (Ps 115,15). Une religion qui a pour fondement le mystère de la croix du Christ ne peut être détruite par aucun genre de cruauté. L’Église n’est pas amoindrie par les persécutions, mais renforcée par elles. Et le champ du Seigneur se couvre d’une moisson de plus en plus riche à mesure que les graines, qui tombent une à une, renaissent multipliées.

Des milliers de bienheureux martyrs attestent combien s’est multiplié la postérité de ces deux germes glorieux des divines semailles que sont les apôtres Pierre et Paul. Émules de l’un et de l’autre dans leur triomphe, ils ont rempli notre ville de Rome d’une multitude empourprée, dont l’éclat brille au loin ; ils la couronnent comme d’un diadème serti de la splendeur d’innombrables pierres précieuses.

Nous nous réjouissons, fils bien-aimés, en célébrant le souvenir et en invoquant la protection de tous ces saints que Dieu nous a donnés comme exemples de patience et come soutiens pour notre foi. Mais nous devons nous glorifier plus encore pour la gloire éminente de ces deux apôtres qui en furent les pères. La grâce de Dieu les a élevés si haut parmi tous les membres de l’Église que, dans ce corps dont le Christ est la tête, on peut les comparer à la lumière des deux yeux. En pensant à leurs mérites et à leurs vertus, qui surpassent tout ce qu’on peut en dire, nous ne devons ni les préférer l’un à l’autre ni les dissocier. Car une même élection les a faits égaux, une même tâche les a rendus semblables, une même fin les a réunis.

Comme nous en avons fait l’expérience et comme nos prédécesseurs l’ont attesté, nous croyons et nous espérons que les prières de ces deux insignes protecteurs nous obtiendront la miséricorde de Dieu au milieu des épreuves de cette vie ; de cette sorte, autant nous écrase le poids de nos propres péchés, autant serons-nous relevés par les mérites de ces apôtres.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

 

 

Nativité de saint Jean Baptiste, solennité

lundi 24 juin 2024

Zacharie se tait et perd la parole jusqu’à la naissance de Jean, précurseur du Seigneur, qui lui rend la parole. Que signifie le silence de Zacharie sinon que la prophétie a disparu, et qu’avant l’annonce du Christ, elle est comme cachée et close ? Elle s’ouvre à son avènement, elle devient claire pour l’arrivée de celui qui était prophétisé. La parole rendue à Zacharie à la naissance de Jean correspond au voile déchiré à la mort de Jésus sur la croix (Mt 27,51). Si Jean s’était annoncé lui-même, la bouche de Zacharie ne se serait pas rouverte.

La parole lui est rendue à cause de la naissance de celui qui est la voix ; car on demandait à Jean, qui annonçait déjà le Seigneur : « Toi, qui es-tu ? » Et il a répondu : « Je suis la voix qui crie dans le désert ». La voix, c’est Jean, tandis que le Seigneur est la Parole : « Au commencement était le Verbe ». Jean, c’est la voix pour un temps ; le Christ, c’est le Verbe au commencement, c’est le Verbe éternel.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Cœur Immaculée de Marie

samedi 8 juin 2024

Je voudrais avoir une voix assez forte pour inviter les pécheurs du monde entier à aimer la Vierge Marie. Mais puisque ce n’est pas en mon pouvoir, j’ai prié mon petit ange d’accomplir pour moi cet office. Pauvre petite Maman, comme elle m’aime ! (…)

En pensant aux innombrables bienfaits que m’a faits cette petite Maman, j’ai honte de moi-même, qui n’ai jamais regardé avec assez d’amour son cœur et sa main qui me les offraient avec tant de bonté ; et ce qui m’afflige encore plus, c’est de n’avoir répondu aux soins affectueux de notre Mère que par de continuels dégoûts.

Combien de fois n’ai-je pas confié à cette Mère les pénibles angoisses de mon cœur agité ! Et combien de fois ne m’a-t-elle pas consolé ! Mais quelle fut ma reconnaissance ?… Au milieu des plus grandes afflictions, j’ai l’impression de ne plus avoir de mère sur terre, mais d’en avoir une très compatissante au ciel. Mais que de fois, le cœur calmé, j’ai oublié presque tout ; j’ai oublié presque même mes devoirs de gratitude vers cette bénie petite Maman céleste !… (…)

Efforçons-nous comme de nombreuses âmes élues, de nous tenir toujours derrière cette Mère bénie, de cheminer toujours près d’elle, car il n’y a d’autre route qui conduise à la vie que celle montrée par notre Mère. ne refusons pas cette route, nous qui voulons arriver au terme.

Saint [Padre] Pio de Pietrelcina (1887-1968)

 

 

 

Fête de la Visitation de la Vierge Marie

vendredi 31 mai 2024

« Je chanterai sans fin les miséricordes du Seigneur » (Ps 88,2). Dans ce chant pascal de l’Église, résonnent dans la plénitude de leur contenu prophétique les paroles prononcées par Marie durant sa visite à Élisabeth : « Sa miséricorde s’étend de génération en génération. » Dès l’instant de l’Incarnation, ces paroles ouvrent une nouvelle perspective de l’histoire du salut. Après la résurrection du Christ, cette perspective devient historique et acquiert un sens eschatologique. Depuis ce moment de nouvelles générations dans l’immense famille humaine se succèdent en nombre croissant, et se succèdent aussi de nouvelles générations du peuple de Dieu, marquées du signe de la croix et de la résurrection (…), le mystère pascal du Christ, révélation absolue de cette miséricorde que Marie proclamait sur le seuil de la maison de sa cousine. (…)

Mère du crucifié (…), Marie est celle qui connaît le plus profondément le mystère de la miséricorde divine. Elle en sait le prix, et sait combien il est grand. En ce sens, nous l’appelons Mater misericordiae, Mère de la miséricorde (…), capable de découvrir, d’abord à travers les événements complexes d’Israël puis à travers ceux qui concernent tout homme et toute l’humanité, cette miséricorde à laquelle tous participent « d’âge en âge », selon le dessein éternel de la très sainte Trinité. (…)

Mère du Crucifié et du Ressuscité (…), ayant expérimenté la miséricorde d’une manière exceptionnelle, elle « mérite » dans la même mesure cette miséricorde tout au long de son existence terrestre, et particulièrement au pied de la croix de son Fils. (…) Ensuite, par sa participation cachée mais en même temps incomparable à la tâche messianique de son Fils, elle a été appelée d’une manière spéciale à rendre proche des hommes cet amour qu’il était venu révéler : amour qui se manifeste le plus concrètement envers ceux qui souffrent, les pauvres, les prisonniers, les aveugles, les opprimés et les pécheurs, ainsi que le dit le Christ (Lc 4,18; 7,22).

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Sainte Trinité, solennité

dimanche 26 mai 2024

Qu’est cette gloire que se rendent entre elles les personnes divines ? En son essence, Dieu n’est pas seulement « grand » mais encore « objet de toute louange » (Ps 47,1). Il est d’une souveraine convenance qu’il reçoive la gloire qui répond à sa majesté, il sied qu’il soit glorifié en lui-même par une louange égale aux abîmes de puissance, de sagesse, d’amour qui sont en lui. (…)

Le Père engendre le Fils ; éternellement, il lui fait part du don suprême : la vie et les perfections de la divinité ; il lui communique tout ce qu’il est lui-même, à l’exception de sa « propriété » d’être Père. Parfaite image substantielle, le Verbe est « la splendeur de la gloire du Père » (He 1,3). Né du foyer de toute lumière, il est lui-même lumière ; il rejaillit, comme un cantique ininterrompu, vers Celui dont il émane : « Tout ce qui est à moi est à vous, et tout ce qui est à vous est à moi » (Jn 17,10). Ainsi, par le mouvement naturel de sa filiation, le Fils fait refluer vers le Père tout ce qu’il tient de lui. Dans cette donation mutuelle, l’Esprit Saint qui est charité, procède de l’amour du Père et du Fils comme de son unique principe d’origine.

Cet embrasement, d’une dilection infinie, entre les trois Personnes achève l’éternelle communication de vie au sein de la Trinité. Telle est la gloire que Dieu se rend à lui-même dans l’intimité sacrée de son éternelle vie.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, mémoire

lundi 20 mai 2024

Ô notre Dame, tu es la mère de la justification et des justifiés, de la réconciliation et des réconciliés, du salut et des sauvés. Heureuse certitude et refuge assuré ! La mère de Dieu est notre mère, La mère de notre seule raison d’espérance et de crainte est notre mère. Ô mère bénie et exaltée non pour toi seule mais aussi pour nous, que vois-je nous advenir par toi ? Que c’est grand et digne d’amour ! Cette vue me réjouit d’une joie que je n’ose exprimer.

Si toi, notre Dame, tu es sa mère, tes autres fils ne sont-ils pas ses frères ? Mais quels frères et de qui ? Dirai-je ce qui réjouit mon cœur, ou me tairai-je par crainte de paraître orgueilleux ? Mais ce que je crois avec ardeur, pourquoi ne pas en proclamer la louange ? Je parlerai donc, non par vanité, mais par gratitude. Car celui qui a voulu, en naissant d’une mère, partager notre nature et, en nous rendant la vie, nous faire fils de sa mère, celui-là même nous invite à nous reconnaître ses frères. Notre juge est donc notre Frère. Le Sauveur du monde est notre Frère. Pour tout dire, notre Dieu s’est fait, par Marie, notre Frère.

Saint Anselme (1033-1109)

 

 

 

Pentecôte

dimanche 19 mai 2024

L’œuvre divine de sanctification de l’Église et des âmes est attribuée à l’Esprit Saint parce que c’est par excellence une œuvre d’amour et que l’Esprit Saint est la spiration d’amour du Père et du Fils. (…)

L’Esprit Saint descend sur les apôtres au jour de la Pentecôte et il prend possession de l’âme comme d’un temple au jour du baptême pour réaliser cette œuvre de l’incarnation de la vie divine. Nous savons le plan qui lui est fixé, ce dessein éternel de Dieu qui fait l’unité de l’action de l’Esprit Saint dans l’Église et dans les âmes. « C’est dans le Christ que Dieu nous a choisis dès avant la création du monde qu’il nous a prédestinés à être ses enfants adoptifs par Jésus-Christ, suivant le bon plaisir de sa volonté, pour faire éclater la gloire de la grâce qu’il nous a départie par son Fils bien-aimé. » (Ep 1,4-6)

L’action de l’Esprit Saint est tout orientée vers cette réalisation effective de l’adoption divine en nous et vers cette expansion du Christ Jésus en nos âmes par la diffusion de sa grâce. L’Esprit, en chaque âme et dans l’Église, construit la plénitude du Christ, le Christ total qui est l’Église. De fait, la grâce qu’il répand dans les âmes est une grâce filiale qui nous apparente étroitement au Verbe en nous faisant fils d’adoption comme lui-même est fils par nature. « Vous avez reçu, dit l’Apôtre, l’esprit des fils d’adoption qui nous fait crier : Abba, Père. » (Rm 8,15) Cette grâce qui proclame ainsi son nom, nous donne la ressemblance du Verbe quand nous la faisons nôtre par cette contemplation dans laquelle intervient encore l’Esprit Saint. (…)

La vie divine en nous est la vie du Christ ; elle procède de Lui et nous unit à Lui pour constituer avec Lui une réalité nouvelle, la vigne entière, le Christ total fait du Christ et de ses membres.

Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (1894-1967)