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Archive pour la catégorie ‘Saints et Saintes’

Notre Dame des Douleurs

jeudi 15 septembre 2022

Marie a engendré un fils ; et comme celui-ci est le Fils unique du Père dans les cieux, il est le fils unique de sa mère sur la terre. (…) Cependant cette seule vierge mère, qui a eu la gloire de mettre au monde le Fils unique de Dieu embrasse ce même Fils dans tous les membres de son Corps et ne rougit pas d’être appelée la mère de tous ceux en qui elle reconnaît le Christ déjà formé ou sur le point de l’être. Ève, qui jadis a légué à ses enfants la condamnation à mort avant même qu’ils aient vu le jour, a été appelée « la mère des vivants » (Gn 3,20). (…) Mais puisqu’elle n’a pas répondu au sens de son nom, c’est Marie qui en a réalisé le mystère. Comme l’Église dont elle est le symbole, elle est la mère de tous ceux qui sont renés à la vie. Elle est vraiment la mère de la Vie qui fait vivre tous les hommes ; et en l’engendrant elle a en quelque sorte régénéré tous ceux qui allaient en vivre. (…)

Cette bienheureuse mère du Christ, qui se sait mère des chrétiens en raison de ce mystère, se montre aussi leur mère par le soin qu’elle prend d’eux et l’affection qu’elle leur témoigne. Elle n’est pas dure envers eux comme s’ils n’étaient pas à elle. Ses entrailles fécondées une seule fois, mais non pas épuisées, ne cessent d’enfanter le fruit de la bonté. « Le fruit béni de ton sein » (Lc 1,42), douce mère, t’a laissée toute remplie d’une bonté inépuisable : né de toi une seule fois, il demeure toujours en toi.

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

 

 

 

Fête de la Nativité de la Vierge Marie

jeudi 8 septembre 2022

Aujourd’hui, nous célébrons la naissance de la bienheureuse Vierge Mère, de qui a reçu naissance Celui qui est la vie de tous. Aujourd’hui est née la Vierge de qui le salut de tous a voulu naître, afin de donner à ceux qui naissaient pour mourir de pouvoir renaître à la vie. Aujourd’hui est née notre nouvelle mère, qui a anéanti la malédiction d’Ève, notre première mère. Ainsi par elle, nous héritons maintenant de la bénédiction, nous qui, par notre première mère, étions nés sous l’antique malédiction. Oui, elle est bien une mère nouvelle, celle qui a renouvelé en jeunesse des fils vieillis, celle qui a guéri le mal d’un vieillissement héréditaire, ainsi que de toutes les autres formes de vieillissement qu’ils y avaient ajoutées. Oui, elle est bien une mère nouvelle, celle qui enfante par un prodige si nouveau, en restant vierge, celle qui met au monde celui qui a créé le monde…

Quelle nouveauté merveilleuse que cette virginité féconde ! Mais bien plus merveilleuse encore la nouveauté du fruit qu’elle met au monde… Tu demandes comment une vierge a enfanté le Sauveur ? Comme la fleur de la vigne répand son parfum. Longtemps avant la naissance de Marie, l’Esprit qui allait habiter en elle…avait dit en son nom : « Comme la vigne, j’ai produit une douce odeur » (Si 24,17 Vulg)… Comme la fleur n’est pas altérée pour avoir donné son parfum, ainsi la pureté de Marie pour avoir donné naissance au Sauveur…

Et pour toi aussi, si tu gardes la perfection de la chasteté, non seulement « ta chair refleurira » (Ps 27,7), mais une sainteté venant de Dieu s’épanouira sur toi tout entier. Ton regard ne sera plus déréglé ou égaré, mais embelli par la pudeur…; toute ta personne sera ornée par les fleurs de la grâce de la pureté.

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

 

 

 

Martyre de Saint Jean-Baptiste (m)

lundi 29 août 2022

Le Jourdain, effrayé par ta venue dans la chair, ô Christ, remonta son cours en tremblant ; accomplissant son office spirituel, Jean se fit tout petit dans sa crainte. L’armée des anges était saisie de stupeur en te voyant dans le fleuve, baptisé selon la chair ; quant à ceux des ténèbres, ils ont été éclairés, et nous te chantons, Seigneur, toi qui te manifestes et qui illumines l’univers.

La mémoire du juste doit être exaltée, mais à toi, Jean le Précurseur, le témoignage du Seigneur suffit. En vérité, tu es le plus vénérable de tous les prophètes, car tu as été trouvé digne de baptiser dans les eaux celui que les autres prophètes avaient seulement annoncé. C’est pourquoi, après avoir lutté pour la vérité, tu es allé annoncer jusque dans le domaine des morts Dieu apparu dans la chair, celui qui enlève le péché du monde (Jn 1,29) et qui nous donne sa grande pitié.

Le glorieux martyre du Précurseur a été une étape dans l’œuvre du salut, puisque même au séjour des morts il a annoncé la venue du Sauveur. Qu’Hérodiade gémisse à présent, elle qui réclame ce meurtre impie, car ce n’est pas la loi de Dieu ni la vie éternelle qu’elle a aimé, mais les illusions qui ne durent qu’un moment.

Liturgie byzantine

 

 

Fête de saint Barthélémy, apôtre

mercredi 24 août 2022

Les apôtres sont ces perles précieuses que saint Jean nous dit avoir contemplées dans l’Apocalypse et dont les portes de la Jérusalem céleste sont construites (Ap 21,21). (…) En effet, lorsque par des signes ou des miracles les apôtres rayonnent la lumière divine, ils ouvrent l’accès de la gloire céleste de Jérusalem aux peuples convertis à la foi chrétienne. Et quiconque est sauvé grâce à eux entre dans la vie, comme un voyageur franchissant une porte. (…) C’est d’eux encore que le prophète dit : « Qui sont ceux-là, qui volent ainsi que des nuages ? » (Is 60,8) Ces nuages se condensent en eau lorsqu’ils arrosent la terre de notre cœur avec la pluie de leur enseignement pour la rendre fertile et porteuse des germes de bonnes œuvres.

Barthélemy, dont c’est la fête aujourd’hui, veut précisément dire en araméen : fils de celui qui porte l’eau. Il est le fils de ce Dieu qui élève l’esprit de ses prédicateurs à la contemplation des vérités d’en haut de sorte qu’ils puissent répandre avec efficacité et en abondance la pluie de la parole de Dieu dans nos cœurs. C’est ainsi qu’ils boivent l’eau à la source pour nous la donner à boire à notre tour.

Saint Pierre Damien (1007-1072)

 

 

Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, patronne principale de la France

lundi 15 août 2022

Ô Vierge, Temple de la Trinité, le Dieu de bonté a vu ton humilité ; il t’envoie un messager pour t’apprendre qu’il veut naître de toi. L’ange t’apporte la salutation de la grâce (…), il t’explique, et tu consens, et aussitôt le Roi de gloire s’incarne en toi. Par cette joie, nous t’en prions, rends-nous favorable ce grand Roi. (…)

Ta seconde joie : quand tu as enfanté le Soleil, toi l’étoile (…), cet enfantement ne produit en toi ni changement ni peine. Comme la fleur ne perd pas son éclat en donnant son parfum, ta virginité ne peut rien perdre quand le Créateur daigne naître de toi. Marie, mère de bonté, sois pour nous la voie droite qui nous conduit à ton Fils. (…)

Une étoile t’annonce la troisième joie : celle que tu vois s’arrêter au-dessus de ton fils, pour que les mages l’adorent et lui offrent les richesses variées de la terre (…) Marie, étoile du monde, purifie-nous du péché !

La quatrième joie t’est donnée lorsque le Christ ressuscite d’entre les morts (…) : l’espérance renaît, la mort est chassée. Quelle part tu as à ces merveilles, ô pleine de grâce ! (Lc 1,28) L’ennemi est vaincu (…), l’homme est libéré et il s’élève jusqu’aux cieux. Mère du Créateur, daigne prier assidûment : que par cette joie pascale, après le labeur de cette vie, nous soyons admis aux chœurs du ciel !

Ta cinquième joie : quand tu as vu ton fils monter au ciel, la gloire dont il était entouré te révélait plus que jamais celui dont tu étais la mère, ton propre Créateur. Montant aux cieux, il montrait la voie par où l’homme s’élève aux palais célestes. (…) Par cette nouvelle joie, Marie, fais-nous monter au ciel pour jouir avec toi et ton fils du bonheur éternel ! (…)

C’est le divin Paraclet qui, sous la forme de langues de feu, fortifiant (…)et enflammant les apôtres, t’apporte encore la sixième joie : pour guérir l’homme que la langue avait perdu et purifier son âme du péché. Par la joie de cette visite, prie ton fils, Vierge Marie, d’effacer en nous toute tache pour le jour du jugement.

Le Christ t’a conviée à la septième joie lorsqu’il t’a appelée de ce monde à son séjour céleste, lorsqu’il t’a élevée sur le trône où tu reçois des honneurs incomparables. Une gloire t’entoure plus qu’aucun autre habitant du ciel. (…) Ô Vierge, mère de bonté, fais-nous sentir les effets de ta tendresse. (…) Par ta joie, purifie-nous, conduis-nous à l’allégresse éternelle ! Emmène-nous avec toi dans la joie du paradis. Amen.

Liturgie latine

 

 

 

Saint Laurent, comme un grain jeté en terre

mercredi 10 août 2022

De prime abord, un grain de moutarde a l’air petit, commun et méprisable ; il n’a pas de goût, n’exhale pas de senteur, ne laisse pas présumer de douceur. Mais quand il a été broyé, il répand son odeur, il montre sa vigueur, il a un goût de flamme et il brûle d’une telle ardeur que l’on s’étonne de trouver un si grand feu lové en un si petit grain. (…) De même, la foi chrétienne semble à première vue petite, commune et faible ; elle ne montre pas sa puissance, elle ne fait pas étalage de son influence. Mais quand elle a été broyée par différentes épreuves, elle montre sa vigueur, fait éclater son énergie, exhale la flamme de sa foi dans le Seigneur. Le feu divin la fait vibrer d’une telle ardeur que, tout en brûlant elle-même, elle réchauffe ceux qui la partagent, comme l’ont dit Cléophas et son compagnon dans le saint Évangile, tandis que le Seigneur s’entretenait avec eux après sa Passion : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ? » (Lc 24,32). (…)

Nous pouvons comparer le saint martyr Laurent au grain de moutarde ; broyé par de multiples tortures, il a mérité devant la terre entière la grâce d’un martyre éclatant. Alors qu’il habitait encore son corps, il était humble, ignoré et commun ; après avoir été torturé, déchiré et brûlé, il a répandu sur tous les fidèles à travers le monde la bonne odeur de sa noblesse d’âme. (…) Vu de l’extérieur, ce martyr brûlait dans les flammes d’un tyran cruel ; mais une plus grande flamme, celle de l’amour du Christ, le consumait à l’intérieur. Un roi impie a beau rajouter du bois et allumer des feux plus grands, saint Laurent, dans l’ardeur de sa foi, ne sent plus ces flammes. (…) Aucune souffrance sur terre n’a plus prise sur lui : son âme demeure déjà au ciel.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)

 

 

 

Fête de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein), vierge et martyre, copatronne de l’Europe

mardi 9 août 2022

L’amour du Christ a été le feu qui a embrasé la vie de Thérèse Bénédicte de la Croix. Avant même de s’en rendre compte, elle en a été totalement consumée. Au début, son idéal a été la liberté. Pendant longtemps, Édith Stein a vécu l’expérience de la recherche. Son esprit ne se lassait pas de chercher et son cœur d’espérer. Elle a parcouru le chemin difficile de la philosophie avec une ardeur passionnée et, à la fin, elle a été récompensée : elle a conquis la vérité, ou plutôt, elle a été conquise. En effet, elle a découvert que la vérité portait un nom : Jésus Christ. À partir de ce moment, le Verbe incarné a été tout pour elle. Considérant cette période de sa vie d’un point de vue de carmélite, elle écrivait à une bénédictine : « Consciemment ou inconsciemment, qui cherche la vérité cherche Dieu ».

Bien qu’elle ait été élevée dans la religion juive de sa mère, Édith Stein, à quatorze ans, « avait librement décidé d’abandonner la prière ». Elle ne voulait compter que sur elle-même, soucieuse d’affirmer sa propre liberté dans ses choix de vie. À la fin d’un long chemin, il lui a été donné de parvenir à une constatation surprenante : seul celui qui se lie à l’amour du Christ devient vraiment libre. L’expérience de cette femme, qui a affronté les défis d’un siècle tourmenté comme le nôtre, représente un exemple pour nous : le monde moderne invite à franchir la porte attrayante de la permissivité, ignorant la porte étroite du discernement et du renoncement. C’est pourquoi je m’adresse spécialement à vous, jeunes chrétiens (…) : méfiez-vous, gardez-vous de concevoir votre vie comme une porte ouverte à tous les choix ! Écoutez la voix de votre cœur ! Ne soyez pas superficiels, mais allez au fond des choses. Et lorsque le moment sera venu, ayez le courage de vous décider. Le Seigneur attend que vous placiez votre liberté entre ses mains miséricordieuses.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« Sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

jeudi 4 août 2022

Pierre devait recevoir les clés de l’Église, plus encore les clés des cieux ; le gouvernement d’un peuple nombreux devait lui être confié… Si Pierre, avec sa tendance à la sévérité, était resté sans péché, comment aurait-il pu faire preuve de miséricorde pour ses disciples ? Or, selon le dessein de la grâce divine, il est tombé dans le péché, si bien qu’après avoir fait lui-même l’expérience de sa misère, il a pu se montrer bon envers les autres.

Réfléchis bien : celui qui a cédé au péché, c’est bien Pierre, le chef des apôtres, le fondement solide, le rocher indestructible, le guide de l’Église, le port imprenable, la tour inébranlable, lui qui avait dit au Christ : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas » (Mt 26,35), lui qui, par une révélation divine, avait confessé la vérité : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. »

Or, l’évangile rapporte que, la nuit même où le Christ a été livré…, une jeune fille a dit à Pierre : « Toi aussi, hier, tu étais avec cet homme », et Pierre lui a répondu : « Je ne connais pas cet homme » (Mt 26,69s)… Lui, la colonne, le rempart, se dérobe devant les soupçons d’une femme… Jésus a fixé sur lui son regard…; Pierre a compris, s’est repenti de sa faute et s’est mis à pleurer. Et alors le Seigneur miséricordieux lui a accordé son pardon…

Pierre est tombé dans le péché pour que la conscience de sa faute et du pardon reçu du Seigneur le conduise à pardonner aux autres par amour. Il accomplissait ainsi un dessein providentiel conforme à la manière d’agir de Dieu. Il a fallu que Pierre, lui à qui l’Église devait être confiée, la colonne des Églises (Ga 2,9), le port de la foi, celui qui allait enseigner le monde entier, se montre faible et pécheur. Oui, vraiment, c’était pour qu’il puisse trouver dans sa faiblesse une raison d’exercer sa bonté envers les autres.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Fête de saint Jacques (le majeur), apôtre

lundi 25 juillet 2022

Tous ceux qui le voient ne sont pas illuminés également par le Christ, mais chacun l’est à la mesure dont il peut recevoir la lumière. Les yeux de notre corps ne sont pas toujours éclairés également par le soleil ; plus on monte en des lieux élevés, plus on contemple de haut son lever, mieux on en perçoit l’éclat et la chaleur. De même notre esprit, plus il montera et s’élèvera près du Christ, plus il s’offrira de près à l’éclat de sa clarté, plus magnifiquement et plus brillamment il sera irradié de sa lumière. Le Seigneur le dit lui-même par le prophète : « Approchez-vous de moi, et je m’approcherai de vous » (Za 1,3)…

Ce n’est donc pas de la même manière que tous nous allons à lui, mais chacun y va « selon ses propres capacités » (Mt 25,15). Ou bien c’est avec les foules que nous allons à lui, et il nous nourrit en paraboles pour que nous ne défaillions pas à jeun sur la route (Mc 8,3). Ou bien nous restons sans cesse à ses pieds, ne nous préoccupant que d’écouter sa parole, sans jamais nous laisser troubler par les multiples soins du service (Lc 10,38s)… ; sans aucun doute, ceux qui s’approchent ainsi de lui reçoivent bien davantage sa lumière.

Mais si, comme les apôtres, sans nous éloigner jamais, nous « demeurons constamment avec lui dans toutes ses épreuves » (Lc 22,28), alors il nous explique en secret ce qu’il avait dit aux foules, et c’est avec plus de clarté encore qu’il nous illumine (Mt 13,11s). Enfin, s’il trouve quelqu’un capable de monter avec lui jusque sur la montagne, comme Pierre, Jacques et Jean, celui-là n’est plus illuminé seulement de la lumière du Christ, mais de la voix du Père lui-même.

Origène (v. 185-253)

 

 

« Frappez, la porte vous sera ouverte. »

dimanche 24 juillet 2022

Notre Seigneur m’a fait une révélation sur la prière. J’ai vu qu’elle repose sur deux conditions : la rectitude et une confiance ferme. Très souvent, notre confiance n’est pas totale. Nous ne sommes pas sûrs que Dieu nous écoute, car nous pensons que nous en sommes indignes et d’ailleurs nous ne ressentons rien. Nous sommes souvent aussi secs et stériles après notre prière qu’avant. Notre faiblesse vient de ce sentiment de notre sottise, comme je l’ai moi-même éprouvé. Tout cela, notre Seigneur me l’a présenté soudain à l’esprit et m’a dit : « Je suis l’origine de ta supplication. D’abord, c’est moi qui veux te faire ce don, puis je fais en sorte que toi tu le veuilles aussi. Je t’incite à implorer, et tu implores : comment alors serait-il possible que tu n’obtiennes pas ce que tu demandes ? »

Notre bon Seigneur m’a donné ainsi un grand réconfort. (…) Lorsqu’il a dit : « Et tu implores », il m’a montré le grand plaisir que lui cause notre supplication et la récompense infinie qu’il nous accordera en réponse à notre prière. Quand il a déclaré : « Comment serait-il possible que tu n’obtiennes pas ? », il en parle comme d’une impossibilité, car il est complètement impossible que nous ne recevions pas la grâce et la miséricorde lorsque nous les demandons. En effet, tout ce que notre Seigneur nous fait implorer, il l’a ordonné pour nous de toute éternité. Par là, nous pouvons voir que ce n’est pas notre supplication qui est la cause de la bonté qu’il nous témoigne (…) : « J’en suis l’origine »…

La prière est un acte délibéré, vrai et persévérant de notre âme, qui s’unit et s’attache à la volonté de notre Seigneur, par l’opération douce et secrète du Saint-Esprit. Notre Seigneur lui-même reçoit d’abord notre prière, me semble-t-il ; il la prend avec une grande reconnaissance et une grande joie, et il l’emporte en plein ciel et la dépose dans un trésor où elle ne périra jamais. Elle est là devant Dieu et tous ses saints, continuellement reçue, continuellement nous aidant dans nos besoins. Et quand nous entrerons dans la béatitude, elle nous sera rendue, contribuant à notre joie, avec des remerciements infinis et glorieux de la part de Dieu.

Julienne de Norwich (1342-après 1416)