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Archive pour la catégorie ‘Saints et Saintes’

Grandir ou diminuer ?

samedi 9 janvier 2021

« Il faut que lui, il grandisse et que moi, je diminue. » En Jean la justice humaine avait trouvé le sommet que l’homme pouvait atteindre. La Vérité elle-même (Jn 14,6) disait : « Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste » (Mt 11,11) ; aucun homme donc n’aurait pu le dépasser. Mais il était seulement homme, alors que Jésus Christ était homme et Dieu. Et puisque selon la grâce chrétienne on nous demande (…) de ne pas nous glorifier dans nous-mêmes, mais « si quelqu’un se glorifie, qu’il se glorifie dans le Seigneur » (2Co 10,17), (…), pour cette raison Jean s’écrie : « Il faut qu’il grandisse et que moi, je diminue. » Bien sûr en lui-même Dieu n’est ni diminué ni augmenté. Mais dans les hommes, au fur et à mesure que progresse la vraie vie spirituelle, la grâce divine grandit et la puissance humaine diminue, jusqu’à ce que le temple de Dieu, qui est formé de tous les membres du corps du Christ (1Co 3,16), arrive à sa perfection, que toute tyrannie, toute autorité, toute puissance soient mortes, et que Dieu soit « tout en tous » (Col 1,16; 1Co 15,28). (…)

« Le Verbe était la vraie lumière qui éclaire tout homme venant dans ce monde (…) ; tous nous avons reçu de sa plénitude » (Jn 1,9.16). En elle-même la lumière est toujours totale ; elle s’accroît pourtant en celui qui est illuminé, et il est diminué lorsque ce qui était sans Dieu en lui est détruit. Car sans Dieu l’homme ne peut que pécher, et ce pouvoir humain diminue lorsque la grâce divine triomphe et détruit le péché. La faiblesse de la créature cède à la puissance du créateur et la vanité de notre égoïsme s’effondre devant l’amour qui remplit l’univers. Du fond de notre détresse Jean Baptiste acclame la miséricorde du Christ : « Il faut que lui grandisse et que moi, je diminue. »

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Épiphanie du Seigneur, Solennité

dimanche 3 janvier 2021

[En la fête de l’Épiphanie], stimulée (…) par l’exemple des bienheureux Mages, Gertrude se leva dans la ferveur de son esprit et se prosterna avec une très humble dévotion aux pieds très saints du Seigneur Jésus, adorant au nom de tout ce qu’il y a au ciel, sur terre et dans les enfers (cf. Ph 2,10).

Et, faute de trouver un présent qu’elle puisse dignement lui offrir, elle se mit à parcourir l’univers entier, dans son désir anxieux, cherchant parmi toutes les créatures si elle pourrait en découvrir quelqu’une digne d’être offerte à son unique aimé. Courant ainsi, brûlante et haletante, dans la soif de son ardente ferveur, elle découvrit des choses méprisables que toute créature aurait sagement rejetées, comme indignes d’être offertes à la louange et à la gloire du Sauveur. Mais elle, s’en emparant avec avidité, s’efforçait de les restituer à Celui que tout le créé devrait servir uniquement.

Elle attira donc dans son cœur, grâce à son fervent désir, toute la peine, la crainte et la douleur et l’angoisse qu’une créature ait jamais supportées, non pas pour la gloire du Créateur, mais par sa propre faute et infirmité. Et elle les offrit au Seigneur comme une myrrhe de choix. En deuxième lieu, elle attira à elle toute la sainteté feinte et la dévotion affectée des hypocrites, des pharisiens, des hérétiques et de leur semblables. Et elle l’offrit de même à Dieu comme un sacrifice d’encens très suave. En troisième lieu, elle s’efforça d’attirer en son cœur toutes les tendresses humaines et l’amour frelaté et impur de toutes les créatures. Et elle l’offrit au Seigneur en guise d’or précieux.

Toutes ces choses se trouvaient donc rassemblées en son cœur. Or l’amoureux désir avec lequel elle s’efforçait d’en faire totalement hommage à son bien-aimé, tel un feu ardent, les débarrassait de toute scorie, de même que l’or s’épure dans la fournaise, et elles apparaissaient comme un noble et merveilleux présent pour le Seigneur. Le désir de lui plaire en toute manière, témoigné par ces offrandes, procura au Seigneur d’inestimables délices, comme s’il se fût agi d’étrennes extrêmement rares.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

« Aplanissez le chemin du Seigneur. »

samedi 2 janvier 2021

« Préparez le chemin du Seigneur. » Frères, même si vous vous êtes beaucoup avancés sur ce chemin, il vous reste toujours à le préparer, afin que, du point où vous êtes parvenus, vous alliez toujours de l’avant, toujours tendus vers ce qui est au-delà. Ainsi, à chaque pas que vous faites, la voie étant préparée pour son avènement, le Seigneur viendra au-devant de vous, toujours nouveau, toujours plus grand. C’est donc avec raison que le juste prie ainsi : « Enseigne-moi le chemin de tes volontés et je le chercherai toujours » (Ps 118,33). Et on appelle cette voie « chemin d’éternité » (Ps 138,24), (…) parce que la bonté de celui vers qui nous nous avançons n’a pas de limite.

C’est pourquoi le voyageur sage et décidé, même arrivé au terme, pensera à commencer ; « oubliant ce qui est derrière lui » (Ph 3,13), il se dira chaque jour : « Maintenant, je commence » (Ps 76,11 Vulg. (…) Nous qui parlons d’avancer sur ce chemin, que Dieu fasse qu’au moins nous nous soyons mis en route ! À mon sens, quiconque s’est mis en route est déjà sur la bonne voie. Il faut toutefois vraiment commencer, trouver « le chemin de la Ville habitée » (Ps 106,4). Car « ils sont peu nombreux ceux qui le trouvent », dit la Vérité (Mt 7,14) ; ils sont nombreux « ceux qui errent dans les solitudes » (Ps 106,4). (…)

Et toi, Seigneur, tu nous as préparé un chemin, si seulement nous consentons à nous y engager. (…) Par ta Loi, tu nous as enseigné le chemin de tes volontés en disant : « Voici le chemin, suivez-le sans vous égarer à droite ou à gauche » (Is 30,21). C’est le chemin que le prophète avait promis : « Il y aura une route droite et les insensés ne s’y égareront pas » (Is 35,8). (…) Je n’ai jamais vu un insensé s’égarer en suivant ton chemin, Seigneur (…) ; mais malheur à vous qui êtes sages à vos propres yeux (Is 5,21), votre sagesse vous a éloignés du chemin du salut et ne vous a pas permis de suivre la folie du Sauveur. (…) Folie désirable, qui sera appelée sagesse au jugement de Dieu, et qui ne nous laisse pas nous égarer hors de son chemin.

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

 

 

 

Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu

vendredi 1 janvier 2021

Marie n’est-elle pas la Mère de Dieu ? Elle est donc aussi notre Mère. Un principe est à poser : c’est que Jésus, Verbe fait chair, est en même temps le Sauveur du genre humain. En tant que Dieu-Homme, il a un corps comme les autres hommes; en tant que Rédempteur de notre race, un corps spirituel, ou mystique, qui n’est autre que la société des chrétiens liés à lui par la foi. « Nombreux comme nous sommes, nous faisons un seul corps en Jésus Christ » (Rm 12,5). Or, la Vierge n’a pas seulement conçu le Fils de Dieu afin que, recevant d’elle la nature humaine, il devint homme; mais afin qu’il devint encore, moyennant cette nature reçue d’elle, le Sauveur des hommes. Ce qui explique la parole des anges aux bergers: « Un Sauveur vous est né, qui est le Christ, le Seigneur » (Lc 2,11).

Aussi, dans le chaste sein de la Vierge, où Jésus a pris une chair mortelle, là même il s’est adjoint un corps spirituel formé de tous ceux qui devaient croire en lui: et l’on peut dire que, tenant Jésus dans son sein, Marie y portait encore tous ceux dont la vie du Sauveur renfermait la vie. Nous tous donc, qui, unis au Christ, sommes « les membres de son corps issus de sa chair et de ses os » (Ep 5,30), nous devons nous dire originaires du sein de la Vierge, d’où nous sortîmes un jour à l’instar d’un corps attaché à sa tête.

C’est pour cela que nous sommes appelés, en un sens spirituel et tout mystique, les fils de Marie, et qu’elle est, de son côté, notre Mère à tous. (…) Si donc la bienheureuse Vierge est tout à la fois Mère de Dieu et des hommes, qui peut douter qu’elle ne s’emploie de toutes ses forces, auprès de son Fils, « tête du corps de l’Église » (Col 1,18), afin qu’il répande sur nous qui sommes ses membres les dons de sa grâce, celui notamment de la connaître et de « vivre par lui » (I Jn 4,9) ?

Saint Pie X

 

Bonne et sainte année 2021

 

 

« Elle parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. »

mercredi 30 décembre 2020

« Dieu prépare pour eux une cité » (He 11,16) : la foi et le bien commun. Dans la présentation de l’histoire des patriarches et des justes de l’Ancien Testament, la lettre aux Hébreux met en relief un aspect essentiel de leur foi. Elle ne se présente pas seulement comme un chemin, mais aussi comme l’édification, la préparation d’un lieu dans lequel les hommes peuvent habiter ensemble…. Si l’homme de foi s’appuie sur le Dieu de l’Amen, sur le Dieu fidèle (Is 65,16), et devient ainsi lui-même assuré, nous pouvons ajouter que cette fermeté de la foi fait référence aussi à la cité que Dieu prépare pour l’homme. La foi révèle combien les liens entre les hommes peuvent être forts quand Dieu se rend présent au milieu d’eux. Il ne s’agit pas seulement d’une fermeté intérieure, d’une conviction stable du croyant : la foi éclaire aussi les relations entre les hommes, parce qu’elle naît de l’amour et suit la dynamique de l’amour de Dieu. Le Dieu digne de confiance donne aux hommes une cité fiable.

En raison de son lien avec l’amour (Ga 5,6), la lumière de la foi se met au service concret de la justice, du droit et de la paix. La foi naît de la rencontre avec l’amour originaire de Dieu en qui apparaissent le sens et la bonté de notre vie… La lumière de la foi est capable de valoriser la richesse des relations humaines, leur capacité à perdurer, à être fiables et à enrichir la vie commune. La foi n’éloigne pas du monde et ne reste pas étrangère à l’engagement concret de nos contemporains.

Sans un amour digne de confiance, rien ne pourrait tenir les hommes vraiment unis entre eux. Leur unité ne serait concevable que fondée uniquement sur l’utilité, sur la composition des intérêts, sur la peur, mais non pas sur le bien de vivre ensemble, ni sur la joie que la simple présence de l’autre peut susciter… Oui, la foi est un bien pour tous, elle est un bien commun. Sa lumière n’éclaire pas seulement l’intérieur de l’Église et ne sert pas seulement à construire une cité éternelle dans l’au-delà ; elle nous aide à édifier nos sociétés, afin que nous marchions vers un avenir plein d’espérance.

Pape François

 

 

 

« Maintenant…tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix. »

mardi 29 décembre 2020

« Le Royaume de Dieu est proche » (Lc 21,31). Le Royaume de Dieu, très chers frères, approche désormais. Avec la fin du monde s’annoncent déjà la récompense de la vie, le bonheur du salut éternel, la sécurité perpétuelle et la joie du paradis que nous avons jadis perdue. Et déjà les réalités du ciel succèdent aux réalités humaines, les grandes aux petites, les éternelles aux temporelles. Y a-t-il lieu de s’inquiéter, d’appréhender l’avenir ?…

En effet, il est écrit que « le juste vit de sa foi » (Rm 1,17). Si vous êtes justes, si vous vivez de la foi, si vous croyez vraiment en Jésus Christ, pourquoi ne vous réjouissez-vous pas d’être appelés vers le Christ…, puisque vous êtes forts de la promesse de Dieu et destinés à être avec le Christ ? Prenez l’exemple de Syméon, le juste : il a été vraiment juste et a observé fidèlement les commandements de Dieu. Une inspiration divine lui avait appris qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Christ, si bien que lorsque le Christ enfant est venu au Temple avec sa mère, il a réalisé, éclairé par l’Esprit Saint, que le Sauveur était né, comme il lui avait été prédit ; et à sa vue, il a compris que sa mort était imminente.

Tout joyeux de cette perspective et sûr désormais d’être prochainement rappelé auprès de Dieu, il a pris l’enfant dans ses bras et s’est exclamé en bénissant le Seigneur : « Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix, car mes yeux ont vu ton salut ». Il prouvait ainsi et il témoignait que la paix de Dieu appartient bien à ses serviteurs, qu’ils jouissent des douceurs de la quiétude et de la liberté lorsque, soustraits aux tourments du monde, ils gagnent le refuge et la sécurité éternels… C’est alors seulement que l’âme trouve la paix véritable, le repos total, la sécurité durable et perpétuelle.

Saint Cyprien (v. 200-258)

 

 

Fête des saints Innocents, martyrs

lundi 28 décembre 2020

L’apôtre Jean écrit : « Celui qui dit qu’il demeure dans le Christ doit marcher lui-même dans la voie où lui, Jésus, a marché » (1Jn 2,6) ; et saint Paul : « Nous sommes enfants de Dieu ; puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers, héritiers avec le Christ, si nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire » (Rm 8,16s)… Frères très chers, imitons Abel le juste qui a inauguré le martyre en subissant le premier la mort pour la justice (Gn 4,8)…; imitons les trois jeunes gens, Ananias, Azarias, Misaël, qui…ont vaincu un roi par la vaillance de leur foi (Dn 3)… Les prophètes à qui l’Esprit Saint avait donné la connaissance de l’avenir et les apôtres que le Seigneur avait choisis, est-ce que ces justes ne nous apprennent pas, en se laissant mettre à mort, à mourir à notre tour pour la justice ?

La naissance du Christ a été marquée aussitôt par le martyre des enfants de moins de deux ans, à cause de son nom ; incapables de combattre, ils ont réussi à conquérir la couronne. Pour que ce soit bien clair que ceux que l’on tue pour le Christ sont innocents, des enfants innocents ont été mis à mort pour son nom… Combien il serait grave pour un serviteur portant le nom de chrétien de ne pas vouloir souffrir quand son maître, le Christ, a souffert le premier…! Le Fils de Dieu a souffert pour faire de nous des enfants de Dieu, et les enfants des hommes ne veulent pas souffrir pour continuer d’être enfants de Dieu…? Le maître du monde nous le rappelle : « Si le monde a de la haine contre vous, souvenez-vous qu’il en a eu contre moi d’abord. Si vous apparteniez au monde, le monde vous aimerait, car vous seriez à lui. Mais vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis et tirés du monde… Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas au-dessus de son maître » (Jn 15,18-20)…

Lorsque nous soutenons le combat de la foi, Dieu nous regarde, ses anges nous regardent, le Christ nous regarde. Quelle gloire, quelle chance d’avoir Dieu comme président de l’épreuve et le Christ pour juge lorsque nous sommes couronnés ! Armons-nous donc, frères très chers, de toutes nos forces, préparons-nous à la lutte avec une âme sans tache, une foi entière, un courage généreux.

Saint Cyprien (v. 200-258)

 

 

Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

dimanche 27 décembre 2020

Vous pouvez prier la Sainte Famille pour la vôtre :

Notre Père qui es aux cieux, tu nous as donné un modèle de vie
dans la Sainte Famille de Nazareth.
Aide-nous, Père très aimant, à faire de notre famille
un nouveau Nazareth où règnent la joie et la paix.
Qu’elle soit profondément contemplative,
intensément eucharistique et vibrante de joie.
Aide-nous à rester ensemble à travers bonheur et peine
grâce à la prière familiale.
Apprends-nous à reconnaître Jésus
dans chaque membre de notre propre famille,
particulièrement quand il souffre et reste blessé.
Que le Cœur eucharistique de Jésus
rende nos cœurs doux et humbles comme le sien (Mt 11,29).
Aide-nous à accomplir saintement notre vocation familiale.
Puissions-nous nous aimer les uns les autres
comme Dieu aime chacun de nous,
chaque jour davantage,
et nous pardonner nos fautes les uns aux autres
comme tu nous pardonnes nos péchés.
Aide-nous, Père très aimant,
à prendre tout ce tu nous donnes
et à donner tout ce que tu nous prends
avec un large sourire.
Cœur immaculé de Marie, cause de notre joie,
prie pour nous.
Saint Joseph, prie pour nous.
Saints anges gardiens,
soyez toujours avec nous,
guidez-nous, protégez-nous.

Amen.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)

 

 

Fête de saint Étienne, premier martyr

samedi 26 décembre 2020

Imitons notre Seigneur, et prions pour nos ennemis… Il était crucifié et priait en même temps son Père en faveur de ceux qui le crucifiaient. Mais comment pourrais-je imiter le Seigneur, peut-on se demander ? Si tu le veux, tu le peux. Si tu n’étais pas capable de le faire, comment aurait-il pu dire : « Prenez exemple sur moi, car je suis doux et humble de cœur » ? (Mt 11,29)…

Si tu as du mal à imiter le Seigneur, imite du moins celui qui est aussi son serviteur, son diacre. Je veux parler d’Étienne. Lui en effet, a imité le Seigneur. De même que le Christ au milieu de ceux qui le crucifiaient, sans tenir compte de la croix, sans tenir compte de sa propre situation, implorait le Père en faveur de ses bourreaux (Lc 23,34), de même le serviteur, entouré de ceux qui le lapidaient, assailli par tous, accablé de volées de pierres, sans tenir compte des souffrances qu’elles lui causaient, disait : « Seigneur, ne fais pas retomber sur eux cette faute » (Ac 7,60). Tu vois comment parlait le Fils et comment prie le serviteur ? Le premier dit : « Père, pardonne-leur cette faute : ils ne savent pas ce qu’ils font » et le second dit : « Seigneur, ne leur retiens pas cette faute ». D’ailleurs, pour qu’on réalise mieux avec quelle ardeur il priait, il ne priait pas simplement debout, sous les coups des pierres, mais c’est à genoux qu’il a parlé avec conviction et compassion…

Le Christ dit : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Étienne s’écrie : « Seigneur, ne leur retiens pas cette faute ». Paul dit à son tour : « J’offre ce sacrifice pour mes frères, mes proches selon la race » (cf Rm 9,3). Moïse dit : « Si tu voulais bien pardonner leur faute, sinon efface-moi du Livre que tu as écrit » (Ex 32,32). David dit : « Que ta main retombe sur moi et sur ma famille » (2S 24,17)… Quel pardon pensons-nous pouvoir obtenir si nous faisons le contraire de ce qui nous est demandé et prions contre nos ennemis, alors que le Seigneur lui-même et ses serviteurs de l’Ancien et du Nouveau Testament nous exhortent à prier en leur faveur ?

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

Le Fils de Dieu a visité les fils d’Adam

vendredi 25 décembre 2020

Par une admirable condescendance, par un amour étonnant et incroyable, Dieu est descendu dans un corps et ayant pris chair il a visité les fils d’Adam. (…)

Le Fils de Dieu est donc devenu le Fils de l’homme, si bien que dans l’unité de la personne il était à la fois Dieu et homme : Dieu engendré de la substance du Père avant les siècles, et homme né de la substance de sa mère au cours des siècles. Il a bondi, géant à la double nature, pour chanter en paroles mélodieuses et en accents très harmonieux sur la cithare de notre corps, pour produire des sons très doux sur l’instrument formé par notre chair, pour faire retentir comme une musique d’une ineffable harmonie afin de faire se dresser les pierres, d’ébranler les arbres, d’entraîner les bêtes sauvages et de conduire dans les hauteurs les hommes délivrés de leur chair. En effet, par la douceur de cette musique admirable, des pierres il a suscité des fils d’Abraham, et les arbres des forêts, c’est-à-dire les cœurs des païens, il les a mis en mouvement vers la foi. Les bêtes féroces aussi, c’est-à-dire les passions sauvages et la rude barbarie, il les a dressées selon les bonnes mœurs ; et des hommes tirés d’entre les hommes, il les a établis au rang des dieux.

C’est donc à bon droit que (…) les chants retentissent jusqu’aux extrémités de la terre.

Saint Amédée de Lausanne (1108-1159)