ACCUEIL

Archive pour la catégorie ‘Saints et Saintes’

« Voici ton roi qui vient vers toi. » (Za 9,9 ; Mt 21,5)

dimanche 14 avril 2019

Les-rameaux

Venez, gravissons ensemble le mont des Oliviers ; allons à la rencontre du Christ. Il revient aujourd’hui de Béthanie et il s’avance de son plein gré vers sa sainte et bienheureuse passion, afin de mener à son terme le mystère de notre salut. Il vient donc, faisant route vers Jérusalem, lui qui est venu du ciel pour nous, alors que nous gisions au plus bas, afin de nous élever avec lui, comme le dit l’Écriture, « au-dessus de toutes les puissances et de tous les êtres qui nous dominent, quel que soit leur nom » (Ep 1,21). Mais il vient sans ostentation et sans faste. Car, dit le prophète, « il ne protestera pas, il ne criera pas, on n’entendra pas sa voix » (Is 42,2). Il sera doux et humble, il fera son entrée modestement…

Alors, courons avec lui qui se hâte vers sa passion ; imitons ceux qui allèrent au-devant de lui. Non pas pour étendre sur son chemin, comme eux ils l’ont fait, des rameaux d’olivier, des vêtements ou des palmes. C’est nous-mêmes qu’il faut abaisser devant lui, autant que nous le pouvons, par l’humilité du cœur et la droiture de l’esprit, afin d’accueillir le Verbe qui vient (Jn 1,9), afin que Dieu trouve place en nous, lui que rien ne peut contenir.

Car il se réjouit de se montrer à nous ainsi dans toute sa douceur, lui qui est doux, « lui qui monte au-dessus du couchant » (Ps 56,12), c’est-à-dire au-dessus de notre condition dégradée. Il est venu pour devenir notre compagnon, nous élever et nous ramener vers lui par la parole qui nous unit à Dieu.

Saint André de Crète (660-740), moine et évêque
Homélie pour le Dimanche des Rameaux PG 97, 989-993 (trad. bréviaire)

 

 

 

Solennité de l’Annonciation du Seigneur

lundi 25 mars 2019

Contemplez Marie, mes bien-aimés, voyez comment Gabriel est entré chez elle et son objection : « Comment cela va-t-il se faire ? » Le serviteur de l’Esprit Saint lui a fait cette réponse : « Cela est facile à Dieu ; pour lui tout est simple. » Considérez comment elle a cru à la parole entendue et a dit : « Voici la servante du Seigneur. » Dès lors le Seigneur est descendu d’une manière que lui seul connaît ; il s’est mis en mouvement et est venu comme il lui plaisait ; il est entré en elle sans qu’elle le sente, et elle l’a accueilli sans éprouver aucune souffrance. Elle portait en elle, comme un enfant, celui dont le monde était rempli. Il est descendu pour être le modèle qui renouvellerait l’antique image d’Adam.

C’est pourquoi, lorsqu’on t’annonce la naissance de Dieu, observe le silence. Que la parole de Gabriel te soit présente à l’esprit, car il n’y a rien d’impossible à cette glorieuse Majesté qui s’est abaissée pour nous et qui est née de notre humanité. En ce jour, Marie est devenue pour nous le ciel qui porte Dieu, car la Divinité sublime est descendue et a établi en elle sa demeure. En elle, Dieu s’est fait petit — mais sans amoindrir sa nature — pour nous faire grandir. En elle, il nous a tissé un habit avec lequel il nous sauverait. En elle se sont accomplies toutes les paroles des prophètes et des justes. D’elle s’est levée la lumière qui a chassé les ténèbres du paganisme.

Nombreux sont les titres de Marie… : elle est le palais dans lequel a habité le puissant Roi des rois, mais il ne l’a pas quittée comme il était venu, car c’est d’elle qu’il a pris chair et qu’il est né. Elle est le ciel nouveau dans lequel a habité le Roi des rois ; en elle s’est levé le Christ et d’elle il est monté pour éclairer la création, formé et façonné à son image. Elle est le cep de vigne qui a porté la grappe ; elle a donné un fruit supérieur à la nature ; et lui, bien que différent d’elle par sa nature, a revêtu sa couleur quand il est né d’elle. Elle est la source de laquelle ont jailli les eaux vives pour les assoiffés, et ceux qui s’y désaltèrent portent des fruits au centuple.

Saint Ephrem (v. 306-373)

 

 

 

Solennité de saint Joseph, époux de la Vierge Marie, patron de l’Église universelle

mardi 19 mars 2019

Combien ce grand saint [que nous fêtons] a été fidèle en humilité ! Cela ne se peut dire selon sa perfection, car malgré ce qu’il était, en quelle pauvreté et en quelle abjection ne vécut-il pas tout le temps de sa vie ! Pauvreté et abjection sous laquelle il tenait cachées et couvertes ses grandes vertus et dignités… Vraiment, je ne doute nullement que les anges, ravis d’admiration, ne soient venus, troupes à troupes, le considérer et admirer son humilité, lorsqu’il tenait ce cher enfant dans sa pauvre boutique, où il travaillait de son métier pour nourrir le fils et la mère qui lui étaient confiés.

Il n’y a point de doute que saint Joseph n’ait été plus vaillant que David et n’ait eu plus de sagesse que Salomon [ses ancêtres] ; néanmoins, le voyant réduit en l’exercice de la charpenterie, qui aurait pu juger cela sans être éclairé de la lumière céleste, tant il tenait cachés tous les dons remarquables dont Dieu l’avait gratifié ? Mais quelle sagesse n’avait-il pas, puisque Dieu lui donnait en charge son Fils très glorieux…, Prince universel du ciel et de la terre ?… Néanmoins, vous voyez combien il était rabaissé et humilié plus qu’il ne peut se dire ou imaginer… : il s’en va en son pays et en sa ville de Bethléem, et nul n’est rejeté de tous les logis que lui… Regardez comment l’ange le tourne à toutes mains. Il lui dit qu’il faut aller en Égypte, il y va ; il commande qu’il revienne, il s’en revient. Dieu veut qu’il soit toujours pauvre…, et il s’y soumet amoureusement, et non pour un temps, car il a été pauvre toute sa vie.

Saint François de Sales (1567-1622)

 

 

 

Fête de la Transfiguration du Seigneur

dimanche 17 mars 2019

 

Aujourd’hui le Seigneur est vraiment apparu sur la montagne. Aujourd’hui la nature humaine, créée autrefois semblable à Dieu mais obscurcie par les figures informes des idoles, a été transfigurée en l’ancienne beauté de l’homme créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1,26)… Aujourd’hui sur la montagne, l’homme, qui était vêtu de tuniques de peau sombres et tristes (Gn 3,21), a endossé le vêtement divin, « drapé de lumière comme d’un manteau » (Ps 103,2)…

Moïse contemple de nouveau le feu qui ne consumait pas le buisson (Ex 3,2), mais qui donne la vie à toute chair…, et il dit : « Maintenant je te vois, toi qui es vraiment et pour toujours, toi qui es avec le Père et qui m’as dit : ‘ Je suis Celui qui est ’ (v. 14)… Maintenant je te vois, toi que je désirais voir autrefois en disant : ‘ Laisse-moi contempler ta gloire ’ (Ex 33,18). Je te vois non plus de dos, caché dans le creux du rocher (v. 23), mais je te vois, Dieu plein d’amour pour les hommes, caché dans une forme humaine. Tu ne m’abrites plus de ta droite (v. 22), mais tu es la Droite du Très-Haut révélée au monde. Tu es le médiateur à la fois de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance, Dieu ancien et homme nouveau…

« Toi qui m’as dit sur le Sinaï : ‘ Un être humain ne peut pas me voir et rester en vie ’ (v. 20), comment peut-on te contempler maintenant face à face sur la terre, dans la chair ? Comment habites-tu parmi les hommes ? Toi qui es la vie et qui donnes la vie, comment te hâtes-tu vers la mort ? Toi qui demeures parmi les êtres au plus haut des cieux, comment avances-tu plus bas que les êtres les plus délaissés, vers ceux qui sont morts ?… Car tu veux apparaître aussi à ceux qui se sont endormis depuis des siècles, visiter les patriarches dans le séjour des morts, descendre délivrer Adam de ses douleurs »… Car c’est ainsi que « resplendiront les justes lors de la résurrection » (Mt 13,43) ; c’est ainsi qu’ils seront glorifiés, ainsi qu’ils seront transfigurés.

Anastase du Sinaï (?-après 700), moine
Homélie pour la fête de la Transfiguration

 

 

« C’est celui-là qui baptise dans l’Esprit Saint. »

jeudi 3 janvier 2019

« Un rameau sortira de la souche de Jessé (père de David), un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur » (Is 11,1-2). Toute cette prophétie concerne le Christ… Le rameau et la fleur qui sortent de la souche de Jessé, les juifs les interprètent du Seigneur lui-même : pour eux le rameau est le symbole du sceptre royal ; la fleur, celui de sa beauté. Nous les chrétiens, nous voyons dans le rameau issu de la souche de Jessé la sainte Vierge Marie, à qui nul ne s’est uni pour la rendre féconde. C’est elle que désignait plus haut le même prophète : « Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils » (7,14). Et dans la fleur nous reconnaissons le Seigneur notre Sauveur qui dit dans le Cantique des cantiques : « Je suis la fleur des champs et le lys des vallées » (Ct 2,1)…

Sur cette fleur qui jaillit soudain de la souche et de la racine de Jessé par la Vierge Marie, va reposer l’Esprit du Seigneur, car « Dieu s’est plu à faire habiter en lui corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col 2,9). Non d’une manière fragmentaire, comme sur les autres saints, mais… selon ce qu’on lit dans l’évangile de Matthieu : « Voici mon serviteur que j’ai choisi, mon bien-aimé en qui je me complais. Je ferai reposer sur lui mon esprit. Aux nations, il fera connaître le jugement » (Mt 12,18; Is 42,1). Nous appliquons cette prophétie au Sauveur sur qui l’Esprit du Seigneur a reposé, ce qui veut dire qu’il établit en lui sa demeure éternelle… Comme en témoigne Jean Baptiste, il descend pour demeurer sans cesse sur lui : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : ‘Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit Saint’ »… Cet Esprit est appelée « Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de science, de piété et de crainte du Seigneur » (Is 11,2)… Il est l’unique et même source de tous les dons.

Saint Jérôme (347-420)

 

 

 

 

« Une voix qui crie dans le désert. »

mercredi 2 janvier 2019

« Au désert, une voix crie : Préparez la route au Seigneur ! » Frères, il nous faut avant tout réfléchir sur la grâce de la solitude, sur la béatitude du désert, qui dès le début de l’ère du salut a mérité d’être consacré au repos des saints. Certes, le désert a été sanctifié pour nous par « la voix de celui qui crie dans le désert », Jean Baptiste, qui y prêchait et y donnait un baptême de pénitence. Déjà avant lui, les plus saints parmi les prophètes avaient toujours aimé la solitude, en tant que lieu favorable pour l’Esprit (cf 1R 17,2s ; 19,3s). Mais ce lieu a reçu une grâce de sanctification incomparablement plus grande quand Jésus y a pris la place de Jean (Mt 4,1)…

Il a demeuré dans le désert pendant quarante jours comme pour purifier et consacrer ce lieu à une vie nouvelle ; il a vaincu le despote qui le hantait…, moins pour lui-même que pour ceux qui y séjournerait… Attends donc au désert celui qui te sauvera de la peur et de la tempête. Quels que soient les combats qui y fondent sur toi, quelles que soient les privations dont tu souffriras, ne retourne pas en Égypte. Le désert te nourrira mieux avec la manne…

Jésus a jeûné au désert, mais plusieurs fois il a nourri la foule qui l’y a suivi, et d’une façon merveilleuse… Au moment où tu croiras qu’il t’a abandonné depuis longtemps, c’est alors que, n’oubliant pas sa bonté, il viendra te consoler et dira : « Je me suis souvenu de toi, ému de pitié pour ta jeunesse et ton premier amour, quand tu m’as suivi au désert » (Jr 2,2). Alors vraiment, il fera de ton désert un paradis de délices, et toi, tu proclameras comme le prophète que « la gloire du Liban lui a été donnée, la beauté du Carmel et de Saron » (Is 35,2)… Alors ton âme rassasiée fera jaillir une hymne de louange : « Que le Seigneur soit glorifié pour sa miséricorde et ses merveilles envers les hommes ! Car il a rassasié l’âme assoiffée et comblé l’âme affamée » (Ps 106,8-9).

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

 

 

Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu

mardi 1 janvier 2019

Viens, Moïse, montre-nous ce buisson sur le sommet de la montagne dont les flammes dansaient sur ton visage (Ex 3,2) : c’est l’enfant du Très-Haut qui est apparu du sein de la Vierge Marie et qui a illuminé le monde à sa venue. Gloire à lui de la part de toute créature, et bienheureuse celle qui l’a enfanté !

Viens, Gédéon, montre-nous cette toison et cette douce rosée (Jg 6,37), explique-nous donc le mystère de ta parole : c’est Marie qui est la toison qui a reçu la rosée, le Verbe de Dieu ; il s’est manifesté d’elle dans la création et il a racheté le monde de l’erreur.

Viens, David, montre-nous la cité que tu as vue et la plante qui en a germé : la cité c’est Marie, la plante qui en est sortie c’est notre Sauveur dont le nom est Aurore (Jr 23,5; Za 3,8 LXX).

L’arbre de vie qui était gardé par un chérubin au glaive de feu (Gn 3,24), voici qu’il habite en Marie, la Vierge pure ; Joseph le garde. Le chérubin a déposé son glaive, car le fruit qu’il gardait a été envoyé du haut du ciel jusqu’aux exilés dans leur gouffre. Mangez-en tous, hommes mortels, et vous vivrez. Béni soit le fruit qu’a enfanté la Vierge.

Béni soit celui qui est descendu et a habité en Marie et qui est sorti d’elle pour nous sauver. Bienheureuse Marie, toi qui as été jugée digne d’être la mère du Fils du Très-Haut, toi qui as enfanté l’Ancien qui avait donné naissance à Adam et Ève. Il est issu de toi, le doux fruit plein de vie, et par lui, les exilés ont de nouveau accès au Paradis.

Saint Ephrem (v. 306-373)

 

 

 

Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

dimanche 30 décembre 2018

Presque immédiatement après la naissance de Jésus, la violence gratuite qui menace sa vie s’abat aussi sur tant d’autres familles, en provoquant la mort des Saints Innocents. En rappelant cette terrible épreuve vécue par le Fils de Dieu et par les enfants du même âge, l’Église se sent invitée à prier pour toutes les familles menacées de l’intérieur ou de l’extérieur… La Sainte Famille de Nazareth est pour nous un défi permanent qui nous oblige à approfondir le mystère de l’« église domestique » et de chaque famille humaine. Elle est pour nous un stimulant afin de nous inciter à prier pour les familles et avec les familles, et à partager tout ce qui pour elles constitue la joie et l’espérance, mais aussi la préoccupation et l’inquiétude.

En effet, l’expérience familiale est appelée à devenir un offertoire quotidien, comme une sainte offrande, un sacrifice agréable à Dieu. L’évangile de la présentation de Jésus au Temple nous le suggère également. Jésus, « la lumière du monde » mais aussi « signe de contradiction » (Lc 2,32.34) désire accueillir cet offertoire de chaque famille comme il accueille le pain et le vin dans l’eucharistie. Il veut unir au pain et au vin destinés à la transsubstantiation ces espérances et ces joies humaines, mais aussi les inévitables souffrances et préoccupations propres à la vie de chaque famille, en les assumant dans le mystère de son Corps et de son Sang. Ce Corps et ce Sang, il les donne ensuite dans la communion comme source d’énergie spirituelle, non seulement pour chaque personne singulière mais aussi pour chaque famille.

Que la Sainte Famille de Nazareth veuille nous ouvrir à une compréhension toujours plus profonde de la vocation de chaque famille, qui trouve dans le Christ la source de sa dignité et de sa sainteté.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

« Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix. »

samedi 29 décembre 2018

Après ma première messe sur la tombe de saint Pierre, voici les mains du Saint Père Pie X, posées sur ma tête en bénédiction de bon augure pour moi et pour ma vie sacerdotale commençante. Et après plus d’un demi-siècle, voici mes propres mains étendues sur les catholiques — et pas seulement les catholiques — du monde entier, en un geste de paternité universelle… Comme saint Pierre et ses successeurs, je suis préposé au gouvernement de l’Église du Christ tout entière, une, sainte, catholique et apostolique. Tous ces mots sont sacrés et surpassent de façon inimaginable toute exaltation personnelle ; ils me laissent dans la profondeur de mon néant, élevé à la sublimité d’un ministère qui l’emporte sur toute grandeur et toute dignité humaines.

Quand, le 28 octobre 1958, les cardinaux de la sainte Église romaine m’ont désigné à la responsabilité du troupeau universel du Christ Jésus, à soixante-dix-sept ans, la conviction s’est répandue que je serais un pape de transition. Au lieu de cela, me voici à la veille de ma quatrième année de pontificat et dans la perspective d’un solide programme à déployer à la face du monde entier qui regarde et attend. Quant à moi, je me trouve comme saint Martin, qui « n’a pas craint de mourir ni refusé de vivre ».

Je dois toujours me tenir prêt à mourir même subitement et à vivre autant qu’il plaira au Seigneur de me laisser ici-bas. Oui, toujours. Au seuil de ma quatre-vingtième année, je dois me tenir prêt : à mourir ou à vivre. Et dans un cas comme dans l’autre, je dois veiller à ma sanctification. Puisque partout on m’appelle « Saint Père », comme si c’était mon premier titre, eh bien, je dois et veux l’être pour de vrai.

Saint Jean XXIII (1881-1963)

 

 

Fête des saints Innocents, martyrs

vendredi 28 décembre 2018

Nous ne savons pas où l’Enfant divin veut nous conduire sur cette terre, et nous ne devons pas le demander avant l’heure. Notre certitude, c’est que « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8,28) et, de plus, que les chemins tracés par le Seigneur mènent au-delà de cette terre. En prenant un corps, le Créateur du genre humain nous offre sa divinité. Dieu s’est fait homme pour que les hommes puissent devenir enfants de Dieu. « Ô merveilleux échange » [liturgie de Noël]…

Être enfant de Dieu signifie se laisser conduire par la main de Dieu, faire la volonté de Dieu et non la sienne, déposer dans la main de Dieu tous nos soucis et toute notre espérance, ne plus se soucier ni de soi, ni de son avenir. C’est sur cette base que reposent la liberté et la joie de l’enfant de Dieu…

Dieu est devenu homme pour que nous puissions participer à sa vie… La nature humaine que le Christ a assumée a rendu possible qu’il souffre et qu’il meurt… Tout homme doit souffrir et mourir, mais s’il est un membre vivant du Corps du Christ, sa souffrance et sa mort reçoivent une force rédemptrice par la divinité de celui qui en est la tête… Dans la nuit du péché brille l’étoile de Bethléem. Et sur la lumière éclatante qui jaillit de la crèche descend l’ombre de la croix. La lumière s’éteint dans les ténèbres du Vendredi Saint, mais elle surgit plus brillante encore, tel un soleil de grâce, au matin de la résurrection. C’est par la croix et la souffrance que passe le chemin du Fils de Dieu fait chair, jusqu’à la gloire de la résurrection. Pour parvenir à la gloire de la résurrection avec le Fils de l’Homme, c’est par la souffrance et la mort que passe le chemin, pour chacun de nous et pour l’humanité entière.

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942)