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Archive pour la catégorie ‘Saints et Saintes’

Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie

vendredi 8 décembre 2023

Le jour de la conception Immaculée de la Sainte Vierge, j’ai résolu de m’abandonner tellement à Dieu, qui est toujours en moi et en qui je suis et je vis, que je ne me mette nullement en peine de ma conduite, non seulement extérieure, mais même intérieure, reposant doucement entre ses bras sans craindre ni tentation, ni illusion, ni prospérité, ni adversité, ni mes mauvaises inclinations, ni mes fautes mêmes, espérant qu’il conduira tout par sa bonté et sa sagesse infinie, de telle sorte que tout réussira à sa gloire ; de ne vouloir ni être aimé, ni être soutenue de personne ; voulant avoir en lui et mon père, et ma mère, et mes frères, et mes amis, et tout ce qui pourrait avoir pour moi quelque sentiment de tendresse.

Il me semble qu’on est bien à son aise en un asile si sûr et si doux, et que je n’y dois craindre ni les hommes, ni les démons, ni moi-même, ni la vie, ni la mort. Pourvu que Dieu m’y souffre, je suis trop heureux. Il me semble qu’en cela j’ai trouvé le secret de vivre content, et que désormais tout ce que je craignais dans la vie spirituelle ne me doit plus faire de peur.

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

 

Commémoration de tous les fidèles défunts

jeudi 2 novembre 2023

« Oui, je sais que mon Rédempteur est vivant. » (Jb 19,25 Vg) Job ne dit pas Créateur, mais Rédempteur : il désigne clairement celui qui, après avoir tout créé, voulant nous racheter de notre captivité est apparu parmi nous dans l’Incarnation et par sa Passion nous a libérés de la mort éternelle. Et il faut remarquer avec quelle foi Job s’engage sur la puissance de la divinité de celui dont Paul a pu dire : « Oui, il a été crucifié en raison de sa faiblesse, mais il est vivant par la puissance de Dieu. » (2Co 13,4) Job dit, en effet : « Oui, je sais que mon Rédempteur est vivant. » C’est dire sans ambages : il a été flagellé, raillé, meurtri de soufflets, couronné d’épines, couvert de crachats, crucifié, il est mort, voilà ce que saura l’incroyant : moi, je crois d’une foi sûre que depuis sa mort il est vivant, lui qui est tombé entre les mains des impies.

Mais, bienheureux Job, quelle confiance te donne la résurrection du Maître en la résurrection de ta propre chair, de grâce, proclame-le ouvertement. Le texte poursuit : « Je sais que je ressusciterai de la terre au dernier jour. » Oui, la résurrection qu’il manifeste en sa personne, en nous aussi il l’accomplira un jour. Oui, la résurrection qu’il manifeste en lui, il nous l’a promise, parce que les membres participent de la gloire de leur Tête.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

Solennité de la Toussaint

mercredi 1 novembre 2023

Les saints font cortège au Christ (…), et quand nous louons leurs vertus et chantons leurs mérites, nous exaltons et célébrons Celui qui, étant leur chef, est aussi, à présent, leur couronne (…).

Il existe, entre ces saints, une grande variété ; chacun, selon sa vocation, et « la mesure de la grâce du Christ qui lui a été octroyée » (cf. Ep 4,7), a reproduit un des aspects de la plénitude des perfections de l’Homme-Dieu. Un même esprit, dit S. Paul (cf. 1 Co 12,4), a donné à chacun une grâce spéciale, qui, se greffant sur la nature, fait resplendir chacun des élus d’un éclat particulier. Chez les uns, la force a dominé ; chez les autres, la prudence ; chez d’autres encore, le zèle pour la gloire de Dieu ; celui-ci a particulièrement brillé par la foi, celui-là, par la pureté. Mais qu’ils soient apôtres, martyrs ou pontifes, qu’il s’agisse de vierges ou de confesseurs, un caractère commun se retrouve en eux tous. Quel est ce caractère ? La stabilité dans la recherche et l’amour de Dieu. Quelles que soient les circonstances où ils se sont trouvés, les tentations par lesquelles ils ont été ballottés, les difficultés qu’ils ont rencontrées, les séductions dont ils ont été entourés, les saints sont tous demeurés stables et fidèles. Et c’est là une grande vertu, car l’inconstance est un des périls les plus redoutables qui menacent l’homme.

Les saints ont cherché Dieu infatigablement, quelles que fussent l’aridité du chemin, la sécheresse du ciel, les luttes à soutenir ; aussi, au jour de leur entrée dans le Royaume éternel, Dieu les a-t-il couronnés de gloire et enivrés de joie. (…) Parce que, dans la recherche du Bien unique, ils ne se sont pas laissé détourner, les saints sont parvenus au terme glorieux.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

Fête des Sts Simon et Jude, Apôtres

samedi 28 octobre 2023

Notre Seigneur Jésus Christ a institué des guides et des enseignants pour le monde entier, et des « intendants de ses mystères divins » (1Co 4,1). Il leur a prescrit de briller et d’éclairer comme des flambeaux non seulement dans le pays des Juifs (…), mais partout sous le soleil, pour les hommes habitant sur toute la surface de la terre. Elle est donc vraie, cette parole de saint Paul : « On ne s’attribue pas cet honneur à soi-même, on le reçoit par appel de Dieu » (He 5,4). (…)

S’il estimait devoir envoyer ses disciples comme le Père l’avait envoyé lui-même (Jn 20,21), il était nécessaire que ceux-ci, appelés à être ses imitateurs, découvrent pour quelle tâche le Père avait envoyé son Fils. Il nous a donc expliqué de diverses manières le caractère de sa propre mission. Il a dit un jour : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs pour qu’ils se convertissent » (Lc 5,32). Et encore : « Je suis descendu du ciel non pas pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 6,38). Et une autre fois : « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,17).

Il résumait en quelques paroles la fonction des apôtres en disant qu’il les a envoyés comme le Père l’avait envoyé lui-même : ils sauraient par là qu’il leur incombe d’appeler les pécheurs à se convertir, de soigner les malades, corporellement et spirituellement ; dans leurs fonctions d’intendants, de ne chercher aucunement à faire leur propre volonté, mais la volonté de celui qui les a envoyés ; enfin de sauver le monde dans la mesure où il recevra les enseignements du Seigneur.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444)

 

 

 

 

« Malheur à vous, parce que vous n’êtes pas entrés. »

jeudi 19 octobre 2023

Si nous sommes, en fait, participants à la vie interne de l’Église, l’authenticité et l’intensité de cette participation n’est pas seulement affaire de connaissance. On peut être un excellent théologien et ne vivre que très faiblement de la vie de Dieu ; on peut très bien savoir ce qu’est l’Église et n’en être qu’une cellule anémiée. De même, on peut « vivre la foi » pour tout ce qui est Dieu-nous et ne pas la vivre, mais seulement y adhérer intellectuellement pour ce qui est Église-nous. Même quand nous vivons d’une vie unie à Jésus, il faut, je crois, nous demander si nous ne faisons pas de lui et de son amour quelque choses d’encore un peu « historique », si nous ne le voyons pas surtout comme il a été, et non comme il est, dans l’Église.

Avons-nous compris comme Jeanne d’Arc, que « le Christ et l’Église c’est tout un » ? Nous avons quelquefois, vis-à-vis de l’Église, l’attitude de quelqu’un qui veut un certificat de bonne conduite. L’Église ne conduit pas : elle est, et nous sommes en elle. Elle est le Corps du Christ et nous sommes en elle. Elle est le Corps du Christ et nous sommes membres de ce corps. Notre dépendance, notre dévouement vis-à-vis d’elle, s’ils exigent des actes extérieurs, des signes, sont avant tout une dépendance et un dévouement interne, vital. Notre dépendance, vis-à-vis de ce corps qu’elle est, est considérable.

Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)

 

 

 

 

Saint Luc, compagnon et collaborateur des apôtres

mercredi 18 octobre 2023

Que Luc ait été inséparable de Paul et son collaborateur dans la prédication de l’Évangile, lui-même le montre avec évidence, non pour se glorifier mais poussé par la vérité elle-même. En effet, lorsque Barnabé et Jean, surnommé Marc, se sont séparés de Paul et se sont embarqués pour Chypre, Luc écrit : « Nous sommes venus à Troas » (cf Ac 16,8.11)…; puis il décrit en détail tout leur voyage, leur venue à Philippes, et comment ils y ont annoncé la parole pour la première fois… Il relate dans l’ordre tout son voyage avec Paul dont il raconte les circonstances avec toute la précision possible… Ayant été présent à tous ces événements, Luc les a consignés de façon précise ; on ne peut surprendre chez lui ni mensonge ni orgueil, car tous ces faits étaient connus…

Que Luc ait été non seulement le compagnon, mais encore le collaborateur des apôtres, de Paul surtout, Paul le dit clairement lui-même dans ses lettres : « Demas m’a abandonné et s’en est allé à Thessalonique, Crescens en Galatie, Tite en Dalmatie, Luc seul est avec moi » (2 Tm 4,11). Cela prouve bien que Luc a toujours été uni à Paul, de façon inséparable. De même dans la lettre aux Colossiens, on lit : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue » (Col 4,14)…

D’autre part, nous connaissons beaucoup d’événements de l’Évangile — et des plus importants — par Luc seul… Qui sait, d’ailleurs, si Dieu n’a pas fait en sorte que beaucoup de traits de l’Évangile aient été révélés par Luc seul…, pour que tous se laissent guider par le témoignage qu’il apporte ensuite [dans son deuxième livre] sur les actes et la doctrine des apôtres, et qu’en gardant ainsi inaltérée la règle de la vérité, tous puissent être sauvés. Ainsi le témoignage de Luc est vrai ; l’enseignement des apôtres est clair, solide et ne cache rien… Telles sont les voix de l’Église, d’où toute l’Église tire son origine.

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)

 

 

 

Fête des Sts Anges Gardiens

lundi 2 octobre 2023

C’est aujourd’hui votre fête, ô mon bon ange… De tout mon cœur je vous dis aux pieds de Jésus : bonne fête ! (…) Merci de tous vos bienfaits ! Pardon de toutes mes ingratitudes et de me tenir avec si peu de respect en votre présence, pardon de vous contrister si souvent ! Gardez-moi, secourez-moi de plus en plus ! (…) Je vous honore et vous aime, cela est ma volonté, autant que Dieu le permet et le veut…

On demande aux saints des grâces pour leur fête au lieu de leur faire des offrandes, inspirez-moi ce qu’il vous fera le plus de plaisir que je vous demande, mon bon ange, et je vous le demanderai : « Un grand respect de ma présence et de la présence de Dieu… penser, parler, agir comme étant sans cesse sous les yeux de Jésus Notre Seigneur et sous les miens et respecter notre présence comme celle d’êtres très aimés et très vénérés. (…) Voilà ce que je te demande pour l’honneur de Jésus, le mien, et pour ton bien, mon enfant ». Mon bon ange, mon cher ange, il me semble que vous me répondez cela… Je vous le promets… Je vous demande cette grâce et je vous promets de m’efforcer d’y être fidèle (…).

Si de moi-même, et j’espère que cela ne vient pas de moi mais de Jésus, j’osais vous offrir, par sa force, par son assistance et à l’aide de sa grâce, quelque chose pour votre fête, je vous offrirais le désir de vous aimer de plus en plus, de croître sans cesse en amour, confiance, dévotion pour vous et d’avoir de plus en plus présent à la pensée le sentiment de votre bénie présence. Soyez bénis, mon cher ange gardien, bonne fête ! Soyez bénis ô anges gardiens de tous les hommes.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

 

 

 

 

Fête des saints Michel, Gabriel et Raphaël, archanges

vendredi 29 septembre 2023

Est-ce donc que, sous prétexte que je suis incapable de boire tout le fleuve, je me priverai d’en prendre modestement ce qu’il m’en faut ? Est-ce que, sous prétexte que la constitution de mes yeux m’interdit d’embrasser le soleil tout entier, je ne vais pas non plus le regarder autant que mes propres nécessités m’y obligent ou, encore, sous prétexte qu’entré dans un grand verger je ne puis manger tous les fruits qui s’y trouvent, veux-tu que j’en sorte finalement avec la faim ? Je loue et glorifie celui qui nous a faits, car un ordre divin l’a prescrit : « Que tout être animé loue le Seigneur » (Ps 144,10.21) (…)

Alors quoi, dira-t-on, n’est-il pas écrit : « Les anges des petits voient sans cesse le visage de mon Père des cieux » (Mt 18,10) ? Les anges voient Dieu, non pas comme il est, mais – eux aussi – selon qu’ils le comprennent. Car c’est Jésus lui-même qui dit : « Non que personne ait vu le Père, hormis celui qui vient de Dieu : Celui-là a vu le Père » (Jn 6,46). Les anges donc voient selon leur capacité, les archanges comme ils peuvent ; les Trônes et des Dominations mieux que ces premières catégories, mais ils restent en deçà d’une connaissance digne de son objet. Seul peut voir comme il faut, en même temps que le Fils, l’Esprit Saint. Car celui-ci « scrute toutes choses et connaît les profondeurs de Dieu » (1Co 2,10). Dès là que, tout à la fois, le Fils unique et l’Esprit Saint connaissent le Père adéquatement, – car « nul ne connaît non plus le Père, dit Jésus, sinon le Fils et celui à qui le Fils l’a révélé » (Mt 11,27) –, le Fils voit Dieu comme il le faut et il le révèle avec l’Esprit et par l’Esprit Saint à chacun selon sa capacité. (…)

Donc, puisque les anges l’ignorent – nous l’avons dit en effet, l’unique engendré, à chacun selon ses possibilités, révèle avec l’Esprit, par l’Esprit Saint –, que nul homme ne rougisse d’avouer son ignorance.

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Marie, mère du Christ, mère de l’Église

mardi 26 septembre 2023

Celui qui est le fruit d’une seule Vierge sainte est la gloire et l’honneur de toutes les autres saintes vierges ; car elles sont elles-mêmes, comme Marie, les mères du Christ, si elles font la volonté de son Père. La gloire et le bonheur de Marie d’être la mère de Jésus Christ éclatent surtout dans les paroles du Seigneur : « Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère. » (Mt 12,50)

Il indique ainsi les parentés spirituelles qui le rattachent au peuple qu’il a racheté. Ses frères et ses sœurs sont les saints hommes et les saintes femmes qui ont part avec lui à l’héritage céleste. Sa mère est l’Église tout entière, parce que c’est elle qui, par la grâce de Dieu, enfante les membres de Jésus Christ, c’est-à-dire ceux qui lui sont fidèles. Sa mère est encore toute âme sainte qui fait la volonté de son Père et dont la charité féconde se manifeste dans ceux qu’elle enfante pour lui, jusqu’à ce que lui-même soit formé en eux (Ga 4,19). (…)

Marie est certainement la mère des membres du Corps du Christ, c’est à dire de nous-mêmes, parce que par sa charité elle a coopéré à enfanter dans l’Église les fidèles, qui sont les membres de ce divin chef, dont elle est véritablement la mère selon la chair.

Saint Augustin (354-430)

 

 

« Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende. »

samedi 23 septembre 2023

Si la semence sèche, ce n’est pas à cause de la chaleur. Jésus n’a pas dit qu’elle a séché à cause de la chaleur, mais « faute de racine ». Si la parole est étouffée, cela ne vient pas des épines, mais de ceux qui les ont laissé pousser en liberté. Avec de la volonté, tu peux les empêcher de pousser, tu peux faire de la richesse un usage convenable. C’est pour cela que le Sauveur parle non du « monde » mais du « souci du monde », non de « la richesse » mais de la « séduction de la richesse ». N’accusons donc pas les choses elles-mêmes, mais la corruption de notre conscience. (…)

Ce n’est pas le cultivateur, tu le vois, ce n’est pas la semence, c’est la terre où elle est reçue qui explique tout, c’est-à-dire les dispositions de notre cœur. Là aussi la bonté de Dieu pour l’homme est immense, puisque, loin d’exiger une même mesure de vertu, il accueille les premiers, ne repousse pas les seconds et donne une place aux troisièmes. (…)

Il faut donc d’abord écouter la Parole avec attention, puis la garder fidèlement en mémoire, puis être plein de courage, puis mépriser la richesse et se délivrer de l’amour de tous les biens du monde. Si Jésus met l’attention pour la Parole au premier rang et avant toutes les autres conditions, c’est qu’elle est la condition nécessaire. « Comment croire sans d’abord l’entendre ? » (Rm 10,14) Et nous aussi, si nous ne faisons pas attention à ce qui nous est dit, nous ne connaîtrons pas les devoirs à remplir. Après seulement viennent le courage et le mépris des biens du monde. Pour mettre à profit ces leçons, fortifions-nous de toute façon : soyons attentifs à la Parole, poussons profondément nos racines et débarrassons-nous de tout le souci du monde.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)