ACCUEIL

Archive pour la catégorie ‘Saints et Saintes’

« La semence, c’est la parole de Dieu. »

samedi 17 septembre 2016

femme-lumiere-divine

L’origine de l’Écriture ne se situe pas dans la recherche humaine, mais dans la divine révélation qui provient du « Père des lumières », « de qui toute paternité au ciel et sur terre tire son nom » (Jc 1,17 ;Ép 3,15). De lui, par son Fils Jésus Christ, s’écoule en nous l’Esprit Saint. Par l’Esprit Saint, partageant et distribuant ses dons à chacun de nous selon sa volonté (He 2,4), la foi nous est donnée et « par la foi, le Christ habite en nos cœurs » (Ep 3,17). De cette connaissance de Jésus Christ découle, comme de sa source, la fermeté et l’intelligence de toute la sainte Écriture. Il est donc impossible d’entrer dans la connaissance de l’Écriture sans posséder d’abord la foi infuse du Christ, comme la lumière, la porte et le fondement de toute l’Écriture…

L’aboutissement ou le fruit de la sainte Écriture n’est pas n’importe quoi, c’est la plénitude du bonheur éternel. Car dans l’Écriture sont « les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68) ; elle est donc écrite, non seulement pour que nous croyions, mais aussi pour que nous possédions la vie éternelle dans laquelle nous verrons, nous aimerons et où nos désirs seront entièrement comblés. Alors, nos désirs étant comblés, nous connaîtrons vraiment « l’amour qui surpasse toute connaissance » et ainsi nous serons « remplis de la plénitude de Dieu » (Ep 3,19). C’est à cette plénitude que la divine Écriture s’efforce de nous introduire ; c’est donc en vue de cette fin, c’est dans cette intention que la sainte Écriture doit être étudiée, enseignée et entendue.

Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
Breviloquium, Prologue, 2-5, (trad. Éds. franciscaines, Paris 1966, p. 85-89 ; cf bréviaire)

 

 

 

« Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes. »

vendredi 16 septembre 2016

FemmesDisciplesBig

Nous le savons, parmi ses disciples, Jésus en choisit douze pour être les pères du nouvel Israël, et il les choisit pour qu’ « ils soient avec lui et pour les envoyer prêcher ». Ce fait est évident, mais, outre les Douze, colonnes de l’Église, pères du nouveau Peuple de Dieu, sont choisies également de nombreuses femmes pour être au nombre des disciples. Je ne peux que brièvement évoquer celles qui se trouvent sur la route de Jésus lui-même, depuis la prophétesse Anne jusqu’à la Samaritaine, à la Syrophénicienne, à la femme qui avait de pertes de sang et à la pécheresse pardonnée. Je n’insisterai pas non plus sur les personnages de quelques paraboles vivantes, par exemple celles de la maîtresse de maison qui cuit le pain, de la ménagère qui perd sa pièce d’argent, de la veuve qui importune le juge. Plus significatives dans notre réflexion aujourd’hui sont ces femmes qui ont joué un rôle actif dans le cadre de la mission de Jésus.

En premier lieu, on pense naturellement à la Vierge Marie, qui par sa foi et son concours maternel coopéra de façon unique à notre rédemption au point qu’Élisabeth a pu la proclamer « bénie entre toutes les femmes », ajoutant : « Bienheureuse celle qui a cru ». Devenue disciple de son Fils, Marie a manifesté à Cana sa foi totale en lui et l’a suivi jusqu’à la croix, où elle a reçu de lui une mission maternelle envers tous ses disciples de tous temps, représentés par Jean.

Viennent ensuite plusieurs femmes qui, à des titres divers, ont gravité autour de la personne de Jésus dans une fonction de responsabilité. En sont un exemple éloquent celles qui suivaient Jésus pour l’assister de leurs ressources et dont Luc nous transmet quelques noms : Marie de Magdala, Jeanne, Suzanne, et « beaucoup d’autres ». Ensuite, les évangiles nous informent que les femmes, à la différence des Douze, n’ont pas abandonné Jésus à l’heure de la Passion. Parmi elles se détache, en particulier, Marie de Magdala qui, non seulement a assisté à la Passion, mais encore a été la première à témoigner du Ressuscité et à l’annoncer. C’est précisément à elle que saint Thomas d’Aquin réserve la qualification unique de « apôtre des apôtres », y adjoignant ce beau commentaire : « Comme une femme avait annoncé au premier homme des paroles de mort, de même une femme annonça aux apôtres les paroles de vie ».

Benoît XVI

(Références bibliques : Mc 3,14-15 ; Lc 2,36-38 ; Jn 4,1-39 ; Mc 7,24-30 ; Mt 9,20-22 ; Lc 7,36-50 ; Mt 13,33 ; Lc 15,8-10 ; Lc 18,1-18 ; Lc 1,42 ; Lc 1,45 ; Jn 2,25 ; Jn 19,25-27 ; Lc 8,2-3 ; Mt 27,56.61 ; Mc 15,40 ; Jn 20,1.11-18)

Notre Dame des Douleurs

jeudi 15 septembre 2016

slide-2

Brebis contemplant son agneau qu’on traînait à l’abattoir (Is 53,7), consumée de douleur, Marie suivait avec les autres femmes, en criant ainsi : « Où vas-tu, mon enfant ? Pourquoi achèves-tu ainsi ta course rapide (Ps 18,6) ? Y a t-il encore d’autres noces à Cana, est-ce là maintenant que tu vas si vite pour leur faire du vin avec de l’eau ? Puis-je t’accompagner, mon enfant, ou vaut-il mieux t’attendre ? Dis-moi un mot, Verbe, ne passe pas devant moi en silence…, toi qui es mon fils et mon Dieu…

« Tu marches vers une mort injuste et personne ne partage ta souffrance. Pierre ne t’accompagne pas, lui qui disait : « Jamais, je ne te renierai, même si je devais mourir » (Mt 26,35). Il t’a quitté ce Thomas qui s’exclamait : « Mourons tous avec lui » (Jn 11,16). Et les autres aussi, les intimes, ceux qui doivent juger les douze tribus (Mt 19,28), où sont-ils maintenant ? Il n’en reste plus un seul ; mais toi, tout seul, mon enfant, tu meurs pour tous. C’est ton salaire pour avoir sauvé tous les hommes et les avoir servi, mon fils et mon Dieu. »

Se retournant vers Marie, celui qui est sorti d’elle s’écria : « Pourquoi pleures-tu, mère ? … Moi, ne pas souffrir ? ne pas mourir ? Comment donc sauverais-je Adam ? Ne pas habiter le tombeau ? Comment ramènerais-je à la vie ceux qui demeurent au séjour des morts ? Pourquoi pleures-tu ? Crie plutôt : ‘C’est volontairement qu’il souffre, mon fils et mon Dieu.’ Vierge sage, ne te rends pas semblable aux insensées (Mt 25,1s) ; tu es dans la salle des noces, ne fais donc pas comme si tu te tenais dehors… Ne pleure donc plus, mais dis plutôt : ‘Prends pitié d’Adam, sois miséricordieux pour Ève, toi mon fils et mon Dieu.’

« Rassure-toi, mère, la première tu me verras sortir du tombeau. Je viendrai te montrer de quels malheurs j’ai racheté Adam, quelles sueurs j’ai versées pour lui. À mes amis, j’en révélerai les marques que je montrerai dans mes mains. Alors tu verras Ève vivante comme autrefois, et tu crieras dans ta joie : ‘Il a sauvé mes parents, mon fils et mon Dieu !’»

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560), compositeur d’hymnes
Hymne 25, Marie à la croix (trad. SC 128, p. 165s rev.)

 

 

Fête de la Croix Glorieuse

mercredi 14 septembre 2016

ob_7af1fd_croix-glorieuse

Que la vue de la croix est belle ! Sa beauté n’est pas mêlée de mal et de bien, comme jadis l’arbre du jardin d’Eden. Elle est tout entière admirable, « belle à voir et à partager » (Gn 3,6). C’est un arbre qui donne la vie et non la mort ; la lumière et non l’aveuglement. Elle fait entrer dans l’Eden ; elle n’en fait pas sortir. Cet arbre sur lequel le Christ est monté, comme un roi sur son char de triomphe, a perdu le diable, qui avait le pouvoir de la mort, et a délivré le genre humain de l’esclavage du tyran. C’est sur cet arbre que le Seigneur, comme un combattant d’élite, blessé aux mains, aux pieds et à son côté divin, a guéri les cicatrices du péché, c’est-à-dire notre nature blessée par le Satan.

Après avoir été mis à mort par le bois, nous avons trouvé la vie par le bois ; après avoir été trompé par le bois, c’est par le bois que nous avons repoussé le serpent trompeur. Quels échanges surprenants ! La vie au lieu de la mort, l’immortalité au lieu de la corruption, la gloire au lieu de la honte. C’est avec à-propos que l’apôtre Paul s’est écrié : « Je ne veux trouver ma gloire que dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ » (Ga 6,14)… Au-dessus de toute sagesse, cette sagesse qui a fleuri sur la croix a rendu stupide les prétentions de la sagesse de ce monde (1Co 1,17s)…

C’est par la croix que la mort a été tuée et Adam rendu à la vie. C’est par la croix que tous les apôtres ont été glorifiés, tous les martyrs couronnés, tous les saints sanctifiés. C’est par la croix que nous avons revêtu le Christ et dépouillé l’homme ancien (Ep 4,22). C’est par la croix que nous avons été ramenés comme les brebis du Christ, et que nous sommes rassemblés dans la bergerie d’en haut.

Saint Théodore le Studite (759-826), moine à Constantinople
Homélie pour l’adoration de la Croix (Cf. brév. 2e vendredi de Pâques)

 

 

 

« Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi ! »

mardi 13 septembre 2016

chants

Nous trouvons dans l’Évangile trois morts ressuscités visiblement par le Seigneur, mais des milliers invisiblement… La fille du chef de la synagogue (Mc 5,22s), le fils de la veuve de Naïm et Lazare (Jn 11)…sont le symbole des trois sortes de pécheurs que le Christ ressuscite aujourd’hui encore. La jeune fille était encore dans la maison de son père…; le fils de la veuve de Naïm n’était plus dans la maison de sa mère, mais pas encore dans le tombeau…; Lazare était enseveli…

Il y a donc des gens dont le péché reste dans le cœur, mais qui ne l’ont pas commis en acte… Ils ont consenti au péché, le mort est à l’intérieur de l’âme, il n’est pas encore transporté au-dehors. Or, il arrive souvent…que des hommes fassent cette expérience en eux-mêmes : après avoir entendu la parole de Dieu, le Seigneur semble leur dire : « Lève-toi. » Ils condamnent le consentement qu’ils ont donné au mal, et ils reprennent souffle pour vivre dans le salut et la justice… D’autres, après le consentement, vont jusqu’à l’acte ; ils transportent le mort qui était caché dans le secret de leur demeure et l’exposent devant tous. Faut-il désespérer d’eux ? Le Sauveur n’a-t-il pas dit à ce jeune homme : « Je te l’ordonne, lève-toi » ? Ne l’a-t-il pas rendu à sa mère ? Il en est ainsi de celui qui a agi de la sorte : s’il est touché et remué par la parole de vérité, il ressuscite à la voix du Christ, il est rendu à la vie. Il a pu faire un pas de plus dans la voie du péché, mais il n’a pas pu périr pour toujours.

Quant à ceux qui s’enchaînent dans des habitudes mauvaises au point de leur ôter même la vue du mal qu’ils commettent, ils entreprennent de défendre leurs actes mauvais, ils s’irritent quand on les leur reproche… Ceux-là, écrasés sous le poids de l’habitude du péché, sont comme ensevelis dans le tombeau… Cette pierre placée sur le sépulcre, c’est la force tyrannique de l’habitude qui accable l’âme et ne lui permet ni de se lever ni de respirer…

Écoutons donc, frères très chers, et faisons en sorte que ceux qui vivent, vivent, et que ceux qui sont morts, revivent… Que tous ces morts fassent pénitence… Que ceux qui vivent, conservent cette vie, et que ceux qui sont morts se hâtent de ressusciter.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 98 (trad. Brésard, 2000 ans C, p. 172 rev.)

 

 

 

 

Le Saint Nom de Marie – mémoire facultative

lundi 12 septembre 2016

Santissimo_Nome_di_Maria

La fête du Saint Nom de Marie fut établie par le Bx Innocent XI (Benedetto Odescalchi, 1676-1689), l’an 1683, en souvenir d’une mémorable victoire remportée par les Chrétiens sur les Turcs, avec la protection visible de la Reine du Ciel.

Cent cinquante mille Turcs s’étaient avancés jusque sous les murs de Vienne et menaçaient l’Europe entière. Sobieski, roi de Pologne, vint au secours de la ville assiégée dans le temps de l’octave de la Nativité de la Sainte Vierge, et se disposa à livrer une bataille générale. Ce religieux prince commença par faire célébrer la messe, qu’il voulut servir lui-même, ayant les bras en croix. Après y avoir communié avec ferveur, il se leva à la fin du sacrifice et s’écria : « Marchons avec confiance sous la protection du ciel et avec l’assistance de la très sainte Vierge. » Son espoir ne fut pas trompé : les Turcs, frappés d’une terreur panique, prirent la fuite en désordre. C’est depuis cette époque mémorable que la fête du Saint Nom de Marie se célèbre dans l’octave de sa Nativité.

Il était bien juste que le nom de Marie trouvât sa place, dans nos fêtes catholiques, à côté du nom de Jésus ; le nom de Marie est un nom glorieux, un nom tout aimable, un nom salutaire. Les saints se sont essayés à l’envi à retracer les merveilles du nom de Marie. La première gloire de ce nom béni, c’est qu’il fut inspiré par Dieu aux parents de la Vierge naissante et que l’archange Gabriel le prononça d’une voix pleine de respect ; et depuis, toutes les générations chrétiennes le redisent à chaque instant du jour ; le Ciel prononce à la terre ce nom si beau, et la terre en renvoie au Ciel l’écho mélodieux :

« Au nom de Marie, dit Pierre de Blois, l’Église fléchit le genou, les vœux et les prières des peuples retentissent de toutes parts. » ;
« Que Votre nom est glorieux, ô sainte Mère de Dieu ! s’écrie saint Bonaventure, qu’il est glorieux, ce nom qui a été la source de tant de merveilles ! » ;
« Ô nom plein de suavité ! s’écrie le bienheureux Henri Suzo. Ô Marie ! Qui êtes-vous donc vous-même, si votre nom seul est déjà si aimable et si rempli de charmes ? » ;
« Votre nom, ô Marie, dit saint Ambroise, est un baume délicieux qui répand l’odeur de la grâce ! » ;

Mais surtout le nom de Marie est un nom de salut. Saint Éphrem l’appelle « la clef du ciel ». « Le nom seul de Marie, dit saint Bernard, met en fuite tous les démons… ».
Ce n’est là qu’un faible écho de l’apologie du nom de Marie faite par les saints.

©Evangelizo.org

 

 

 

Fête de la Nativité de la Vierge Marie

jeudi 8 septembre 2016

219

Réjouis-toi, Adam, notre père, et toi surtout, Ève, notre mère. Vous avez été à la fois nos parents à tous et nos meurtriers ; vous qui nous avez voués à la mort avant même de nous mettre au monde, consolez-vous maintenant. Une de vos filles — et quelle fille ! — vous consolera… Viens donc, Ève, cours auprès de Marie. Que la mère recoure à sa fille ; la fille répondra pour sa mère et effacera sa faute… Car la race humaine sera relevée maintenant par une femme.

Que disait Adam autrefois ? « Cette femme que tu m’avais donnée m’a présenté du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. » (Gn 3,12) C’étaient de vilaines paroles, qui aggravaient sa faute au lieu de l’effacer. Mais la divine Sagesse a triomphé de tant de malice ; cette occasion de pardonner que Dieu avait vainement tenté de faire naître en interrogeant Adam, il la trouve maintenant dans le trésor de son inépuisable bonté. A la première femme, il substitue une autre, une femme sage à la place de celle qui était insensée, une femme humble autant que l’autre était orgueilleuse.

Au lieu du fruit de l’arbre de la mort, elle présente aux hommes le pain de vie ; elle remplace cette nourriture amère et empoisonnée par la douceur d’un aliment éternel. Change donc, Adam, ton accusation injuste en expression de gratitude et dis : « Seigneur, cette femme que tu m’as donnée m’a présenté le fruit de l’arbre de vie. J’en ai mangé ; sa saveur m’a été plus délicieuse que le miel (Ps 18,11), parce que par ce fruit tu m’as redonné la vie. » Voilà donc pourquoi l’ange a été envoyé à une vierge. Ô Vierge admirable, digne de tous les honneurs ! Femme qu’il faut vénérer infiniment entre toutes les femmes, tu répares la faute de nos premiers parents, tu rends la vie à toute leur descendance.

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Louanges de la Vierge Mère ; homélie 2, §3 (trad. Œuvres mystiques, Seuil 1953, p. 913 rev.)

 

 

 

« Heureux, vous les pauvres. »

mercredi 7 septembre 2016

Beatitudes

Comme presque tous les hommes sont naturellement portés à l’orgueil, le Seigneur commence les Béatitudes en écartant le mal originel de la suffisance et en conseillant d’imiter le vrai Pauvre volontaire qui est vraiment bienheureux — de manière à lui ressembler par une pauvreté volontaire, selon notre pouvoir, pour avoir part à sa béatitude, à son bonheur. « Ayez en vous les sentiments qui ont été ceux du Christ Jésus. Quoique de condition divine, il ne s’est pas prévalu de son égalité avec Dieu, mais il s’est anéanti lui-même et a pris la condition d’esclave » (Ph 2,5-7).

Qu’est-ce qu’il y a de plus misérable pour Dieu que de prendre la condition d’esclave ? Quoi de plus infime pour le Roi de l’univers que de partager notre nature humaine ? Le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, le Juge de l’univers paie des impôts à César (1Tm 6,17 ;He 12,23 ;Mc 12,17). Le Maître de la création embrasse ce monde, entre dans une grotte, ne trouve pas de place dans une hôtellerie et prend refuge dans une étable, en compagnie d’animaux sans raison. Celui qui est pur et immaculé prend sur lui les souillures de la nature humaine, et après avoir partagé toute notre misère, il va jusqu’à faire l’expérience de la mort. Considère la démesure de sa pauvreté volontaire ! La Vie goûte la mort, le Juge est traîné devant le tribunal, le Maître de la vie de tous se soumet à un magistrat, le Roi des puissances célestes ne se soustrait pas aux mains des bourreaux. A cet exemple, dit l’apôtre Paul, se mesure son humilité (Ph 2,5-7).

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395), moine et évêque
Les Béatitudes, 1 (trad. DDB 1979, p. 33 rev)

 

 

 

 

 

 

« Il passa la nuit à prier Dieu. »

mardi 6 septembre 2016

Priere-de-demande_theme_image

Lorsque l’apôtre Paul dit : « Faites connaître vos demandes auprès de Dieu » (Ph 4,6), cela ne veut pas dire qu’on les fait connaître à Dieu, car il les connaissait avant même qu’elles existent, mais que c’est par la patience et la persévérance devant Dieu, et non par le bavardage devant les hommes, que nous connaîtrons si nos prières sont bonnes… Il n’est donc pas défendu et inutile de prier longtemps, lorsque c’est possible, c’est-à-dire lorsque cela n’empêche pas d’autres occupations bonnes et nécessaires ; d’ailleurs, en accomplissant celles-ci, on doit toujours prier par le désir, comme je l’ai dit.

Car si l’on prie longtemps, ce n’est pas, comme certains le pensent, une prière de rabâchage (Mt 6,7). Parler abondamment est une chose, aimer longuement en est une autre. Car il est écrit que le Seigneur lui-même « passa la nuit en prière » et qu’il « priait avec plus d’insistance » (Lc 22,44). N’a-t-il pas voulu nous donner l’exemple en priant pour nous dans le temps, lui qui avec son Père exauce nos prières dans l’éternité ?

On dit que les moines d’Égypte font des prières fréquentes, mais très courtes, lancées comme des flèches, pour éviter que, en se prolongeant trop, l’attention vigilante nécessaire à ceux qui prient ne se détende et se dissipe… La prière ne doit pas comporter beaucoup de paroles, mais beaucoup de supplication ; ainsi elle peut se prolonger dans une attention fervente… Prier beaucoup, c’est frapper longtemps et de tout notre cœur à la porte de celui que nous prions (Lc 11,5s). La prière en effet consiste plus dans des gémissements et des larmes, que dans des discours et des paroles.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Lettre 130, à Proba sur la prière, 9-10 (trad. cf. bréviaire 29e lun. )

 

 

 

 

 

Entrer dans la vraie paix du sabbat

lundi 5 septembre 2016

img_2551

Lorsque l’homme, s’arrachant au brouhaha extérieur, s’est recueilli au secret de son cœur, qu’il a fermé sa porte à la foule bruyante des vanités…, quand il n’y a plus rien en lui d’agité ni de désordonné, rien qui le tiraille, rien qui le tenaille…, c’est la joyeuse célébration d’un premier sabbat. Mais on peut quitter cette chambre intime pour l’auberge de son cœur…, pour entrer dans le repos joyeux et paisible de la douceur de l’amour fraternel. C’est un deuxième sabbat, celui de la charité fraternelle…

Une fois purifiée dans ces deux formes d’amour [de soi-même et de son prochain], l’âme aspire d’autant plus ardemment aux joies de l’étreinte divine qu’elle est plus assurée. Brûlant d’un désir extrême, elle passe au-delà du voile de la chair et, entrant dans le sanctuaire (He 10,20), où le Christ Jésus est esprit devant sa face, elle est totalement absorbée par une lumière indicible et une douceur inhabituelle. Le silence s’étant fait par rapport à tout ce qui est corporel, sensible, changeant, elle fixe d’un regard pénétrant Ce qui Est, Ce qui est toujours tel, identique à soi-même, Ce qui est Un. Libre pour voir que le Seigneur lui-même est Dieu (Ps 45,11), elle célèbre sans aucun doute le sabbat des sabbats dans les douces étreintes de la Charité elle-même.

Saint Aelred de Rievaulx (1110-1167), moine cistercien
Le Miroir de la charité, III, 3-6 (trad. Bellefontaine 1992, p. 193)