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Archive pour la catégorie ‘Année liturgique’

« On lui donnera le nom d’Emmanuel. »

dimanche 18 décembre 2022

« Emmanuel, qui se traduit ‘Dieu avec nous.’ » Oui, Dieu avec nous ! Jusqu’alors, il était Dieu au-dessus de nous, Dieu en face de nous, mais aujourd’hui il est « Emmanuel ». Aujourd’hui il est Dieu avec nous dans notre nature, avec nous dans sa grâce ; avec nous dans notre faiblesse, avec nous dans sa bonté ; avec nous dans notre misère, avec nous dans sa miséricorde ; avec nous par amour, avec nous par lien de famille, avec nous par tendresse, avec nous par compassion.

Dieu avec nous ! Vous n’avez pas pu, vous les fils d’Adam, monter au ciel pour être avec Dieu (cf Dt 30,12) ; Dieu descend du ciel pour être Emmanuel, Dieu avec nous. Il vient chez nous pour être Emmanuel, Dieu avec nous, et nous, nous négligeons de venir à Dieu pour être avec lui ! « Vous, humains, jusqu’à quand votre cœur sera-t-il appesanti ? Pourquoi aimer le néant et chercher le mensonge ? » (Ps 4,3) Voici venue la vérité : « pourquoi aimer le néant ? » Voici venue la parole vraie et inaltérable : « pourquoi chercher le mensonge ? » Voici Dieu avec nous.

Comment pourrait-il être davantage avec moi ? Petit comme moi, faible comme moi, nu comme moi, pauvre comme moi — en tout, il est devenu semblable à moi, prenant ce qui est mien et donnant ce qui est sien. Je gisais mort, sans voix, sans sens ; la lumière même de mes yeux n’était plus avec moi. Aujourd’hui est descendu cet homme si grand, « ce prophète puissant en œuvres et en paroles » (Lc 24,19). Il a « posé son visage sur mon visage, sa bouche sur ma bouche, ses mains sur mes mains » (2R 4,34), et il s’est fait Emmanuel, Dieu avec nous !

Saint Aelred de Rievaulx (1110-1167)

 

 

 

Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie

jeudi 8 décembre 2022

Aujourd’hui le Créateur de toutes choses, Dieu le Verbe, a composé un ouvrage nouveau, jailli du cœur du Père pour être écrit, comme avec un roseau, par l’Esprit qui est la langue de Dieu. (…) Fille toute sainte de Joachim et d’Anne, qui échappas aux regards des Principautés et des Puissances et « aux flèches enflammées du Mauvais » (Col 1,16 ; Ep 6,16), tu vécus dans la chambre nuptiale de l’Esprit, et fus gardée intacte pour devenir épouse de Dieu et Mère de Dieu par nature ! (…) Fille aimée de Dieu, l’honneur de tes parents, les générations des générations te disent bienheureuse, comme tu l’as affirmé avec vérité (Lc 1,48). Fille digne de Dieu, beauté de la nature humaine, réhabilitation d’Ève notre première mère ! Car par ta naissance, celle qui tomba est relevée. (…) Si, par la première Ève « la mort a fait son entrée » (Sg 2,24 ; Rm 5,12), parce qu’elle s’était mise au service du serpent, Marie, elle, qui s’est fait la servante de la volonté divine, a trompé le serpent trompeur et introduit dans le monde l’immortalité. (…)

Tu es plus précieuse que toute la création, car de toi seule le Créateur a reçu en partage les prémices de notre humanité. Sa chair fut faite de ta chair, son sang de ton sang ; Dieu s’est nourri de ton lait, et tes lèvres ont touché les lèvres de Dieu. (…) Dans la prescience de ta dignité, le Dieu de l’univers t’a aimée ; comme il t’aimait, il t’a prédestinée et « dans les derniers temps » (1P 1,20) il t’a appelée à l’existence (…).

Que Salomon le très sage se taise ; qu’il ne dise plus : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil » (Eccl 1,9).

Saint Jean de Damas (v. 675-749)

 

 

Fête de saint André, apôtre

mercredi 30 novembre 2022

André a été le premier des apôtres à reconnaître le Seigneur pour son maître (…) ; il a quitté l’enseignement de Jean Baptiste pour se mettre à l’école du Christ. (…) À la lueur de la lampe (Jn 5,35), il cherchait la vraie lumière ; sous son éclat indécis, il s’habituait à la splendeur du Christ. (…) Du maître qu’il était, Jean Baptiste est devenu serviteur et héraut du Christ présent devant lui : « Voici, dit-il, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (Jn 1,29). Voici celui qui délivre de la mort ; voici celui qui détruit le péché. Moi, je suis envoyé non pas comme l’époux, mais comme celui qui l’accompagne (Jn 3,29). Je suis venu comme serviteur et non comme maître ».

Frappé par ces paroles, André quitte son ancien maître et s’élance vers celui qu’il annonçait. (…) Il s’élance vers le Seigneur, son désir se manifeste dans sa démarche (…), il entraîne avec lui Jean l’évangéliste ; tous deux quittent la lampe et avancent vers le Soleil. André est la première plante de jardin des apôtres, c’est lui qui ouvre la porte à l’enseignement du Christ, il est le premier à cueillir les fruits du champ cultivé par les prophètes. (…) Il a été le premier à reconnaître celui dont Moïse avait dit : « Le Seigneur votre Dieu vous suscitera un prophète comme moi. C’est lui que vous écouterez » (Dt 18,15). (…) Il a reconnu celui que les prophètes annonçaient, et il a conduit à lui son frère Pierre. Il montre à Pierre le trésor qu’il ne connaissait pas encore : « Nous avons trouvé le Messie (Jn 1,41), celui que nous désirions. Nous attendions sa venue : viens maintenant goûter sa présence ». (…) André conduit son frère au Christ (…) : c’était son premier miracle.

Basile de Séleucie (?-v. 468)

 

 

 

« Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place … au festin du Royaume des cieux. »

lundi 28 novembre 2022

Par nature, l’Église, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père. Ce dessein découle de « l’amour dans sa source », autrement dit de la charité de Dieu le Père qui, étant le principe sans principe, de qui le Fils est engendré, de qui le Saint-Esprit procède par le Fils, nous a créés librement dans sa surabondante bonté et miséricorde, et nous as de plus appelés gracieusement à partager sa vie et sa gloire ; qui a répandu sur nous sans compter sa miséricorde et ne cesse de la répandre, en sorte que lui, qui est le créateur de toutes choses, devienne enfin « tout en tous » en procurant à la fois sa gloire et notre bonheur. Il a plu à Dieu d’appeler les hommes à participer à sa vie, non pas seulement de façon individuelle sans aucun lien les uns avec les autres, mais de les constituer en un peuple dans lequel ses enfants, qui étaient dispersés, seraient rassemblés dans l’unité. (…)

Ce dessein universel de Dieu pour le salut du genre humain ne se réalise pas seulement d’une manière pour ainsi dire secrète dans l’âme des hommes (…). Pour affermir la paix, autrement dit la communion avec lui, et pour établir l’union fraternelle entre les hommes, – les hommes qui sont pécheurs – il décida de s’engager dans l’histoire humaine d’une façon nouvelle et définitive, en envoyant son Fils dans notre chair (…), « afin de tout restaurer en lui ». Car le Christ Jésus a été envoyé dans le monde comme le véritable « médiateur entre Dieu et les hommes ». Puisqu’il est Dieu, « toute la plénitude de la divinité habite en lui corporellement » ; dans sa nature humaine, il est le nouvel Adam, il est constitué Tête de l’humanité renouvelée, il est rempli de grâce et de vérité. (…) Il s’est fait pauvre alors qu’il était riche, afin de nous enrichir par sa pauvreté. (…) Il a assumé la nature humaine dans toute sa réalité, telle qu’on la trouve chez nous, malheureux et pauvres, mais elle est chez lui sans péché. (…) « Le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Ce qui a été une fois pour toutes prêché par le Seigneur ou accompli en lui pour le salut du genre humain doit être proclamé et répandu jusqu’aux extrémités de la terre (…), de sorte que ce qui a été accompli une fois pour toutes, en vue du salut de tous, produise ses effets chez tous au cours des âges.

Concile Vatican II

(Références bibliques : 1Co 15,28; Jn 11,52; Ep 1,10; 1Th 2,5; Col 2,9; cf 1Co 15,45; Jn 1,14; 2Co 8,9; He 4,15; Lc 19,10; Ac 1,8)

 

 

« C’est à l’heure où vous n’y penserez pas, que le Fils de l’homme viendra. »

dimanche 27 novembre 2022

En vérité, mes frères, c’est dans l’exultation de l’esprit qu’il faut aller à la rencontre du Christ qui vient. (…) Que notre esprit se lève donc dans un transport de joie et s’élance au-devant de son Sauveur (…). Je pense, en effet, que nous sommes invités en tant de passages des Écritures à aller à sa rencontre pas seulement à propos du second avènement, mais même à propos du premier. (…)

Avant même son avènement, donc, que le Seigneur vienne à vous ; avant d’apparaître au monde entier, qu’il vienne vous visiter familièrement, lui qui a dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens vers vous » (Jn 14,18). Car en cette période intermédiaire entre son premier et son dernier avènement il y a un avènement du Seigneur fréquent et familier, selon le mérite et la ferveur de chacun, qui nous forme selon le premier et nous prépare au dernier. (…) Par son avènement actuel il travaille à réformer notre orgueil, à nous rendre semblables à cette humilité qu’il a montrée dans son premier avènement, et à refaçonner « notre corps de misère à l’image de son corps glorieux » (Ph 3,21) qu’il nous montrera quand il reviendra. C’est pourquoi il nous faut désirer de tous nos vœux et demander avec ferveur cet avènement familier, qui nous donne la grâce du premier avènement et nous promet la gloire du dernier. (…)

Le premier avènement a été humble et caché ; le dernier sera manifeste et admirable. Celui dont je parle est caché, mais il est également admirable ; je le dis caché, non qu’il soit ignoré de celui à qui il arrive, mais parce qu’il advient secrètement en lui. (…) Il arrive sans être vu et il s’éloigne sans qu’on s’en aperçoive. Sa seule présence est pour l’âme et l’esprit une lumière qui fait voir l’invisible et connaître l’inconnaissable. (…) Cet avènement du Seigneur jette l’âme de celui qui le contemple dans une douce et heureuse admiration ; de son tréfonds jaillit ce cri : « Seigneur, qui est semblable à toi ? » (Ps 34,10). Ceux qui l’ont éprouvé le savent. Plaise à Dieu que ceux qui ne l’ont pas éprouvé en éprouvent le désir !

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

 

 

 

Message

lundi 21 novembre 2022

 

 

 

 

Solennité du Christ, Roi de l’Univers

dimanche 20 novembre 2022

« Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne ». Le larron n’a pas osé faire cette prière avant d’avoir déposé par son aveu le fardeau de ses péchés. Tu vois, chrétien, quelle est la puissance de la confession. Il a avoué ses péchés et le paradis s’est ouvert ; il a avoué ses péchés et il a eu assez d’assurance pour demander le Royaume après ses brigandages. (…)

Tu veux connaître le Royaume ? Que vois-tu donc ici qui y ressemble ? Tu as sous les yeux les clous et une croix, mais cette croix même, disait Jésus, est bien le signe du Royaume. Et moi, en le voyant sur la croix, je le proclame roi. Ne revient-il pas à un roi de mourir pour ses sujets ? Lui-même l’a dit : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11). C’est également vrai pour un bon roi ; lui aussi donne sa vie pour ses sujets. Je le proclamerai donc roi à cause du don qu’il a fait de sa vie : « Seigneur, souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume. »

Comprends-tu maintenant comment la croix est le signe du Royaume ? Voici encore une autre preuve. Le Christ n’a pas laissé sa croix sur la terre, mais il l’a soulevée et emportée avec lui dans le ciel. Nous le savons parce qu’il l’aura près de lui quand il reviendra dans la gloire. Pour t’apprendre combien cette croix est digne de vénération, il a fait d’elle un titre de gloire. (…) Lorsque le Fils de l’homme viendra, « le soleil s’obscurcira et la lune perdra son éclat ». Il régnera alors une clarté si vive que même les astres les plus brillants seront éclipsés. « Les étoiles tomberont du ciel. Alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme » (Mt 24,29s). Tu vois quelle est la puissance du signe de la croix ? (…) Quand un roi entre dans une ville, les soldats prennent les étendards, les hissent sur leurs épaules et marchent devant lui pour annoncer son arrivée. C’est ainsi que des légions d’anges et d’archanges précéderont le Christ, lorsqu’il descendra du ciel. Ils porteront sur leurs épaules ce signe annonciateur de la venue de notre roi.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Fête du Christ Roi

samedi 19 novembre 2022

 

 

 

 

 

« Pourquoi pleures-tu ? » (Jn 20,13)

mercredi 2 novembre 2022

Qu’ils pleurent, ceux qui ne peuvent pas avoir l’espérance de la résurrection ; ce n’est pas la volonté de Dieu qui la leur ôte mais la dureté de ce qu’ils croient. Il faut qu’il y ait une différence entre les serviteurs du Christ et les païens. La voici : eux, ils pleurent les leurs qu’ils pensent morts pour toujours ; ils ne trouvent nulle fin à leurs larmes, n’atteignent nul repos pour leur tristesse…, tandis que pour nous la mort n’est pas la fin de notre existence mais la fin de notre vie. Puisque notre existence est restaurée par une condition meilleure, que donc l’arrivée de la mort balaie tous nos pleurs…

Combien notre consolation est plus grande, nous qui croyons que nos bonnes actions promettent des récompenses meilleures après la mort. Les païens ont leur consolation : c’est de penser que la mort est un repos pour tous nos maux. Comme ils pensent que leurs morts sont privés de jouir de la vie, ils pensent aussi qu’ils sont privés de toute faculté de sentir et libérés de la douleur des peines dures et incessantes que nous supportons dans cette vie. Mais nous, de même que nous devons avoir l’esprit plus élevé à cause de la récompense attendue, nous devons aussi mieux supporter notre douleur grâce à cette consolation… Nos morts ont été envoyés non pas loin de nous, mais avant nous — eux que la mort ne prendra pas, mais que l’éternité recevra.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

Solennité de la Toussaint

mardi 1 novembre 2022

Frères bien-aimés, veillons avec soin à tout ce qui touche à notre vie commune, « conservant l’unité de l’esprit dans le lien de la paix » par « la grâce de notre Seigneur Jésus Christ et l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit » (Ep 4,3; 2Co 13,13). De l’amour de Dieu procède l’unité de l’esprit ; de la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, le lien de la paix ; de la communion du Saint Esprit, cette communion qui est nécessaire à ceux qui vivent en commun. (…)

« Je crois, Seigneur, en l’Esprit Saint, en la sainte Église catholique, en la communion des saints » (Credo). Là est mon espérance, là est ma confiance, là est toute ma sécurité dans la confession de ma foi. (…) S’il m’est donné, Seigneur, de « t’aimer et d’aimer mon prochain » (Mt 22,37-39), bien que mes mérites soient de peu, mon espérance s’élève bien au-dessus. J’ai confiance que par la communion de la charité, les mérites des saints me seront utiles et qu’ainsi la communion des saints suppléera à mon insuffisance et à mon imperfection… La charité dilate notre espérance jusqu’à la communion des saints, dans la communion des récompenses. Mais celle-ci concerne les temps futurs : c’est la communion de la gloire qui sera révélée en nous.

Il y a donc trois communions : la communion de la nature, à laquelle s’est ajoutée la communion de la faute (…) ; la communion de la grâce ; et enfin celle de la gloire. Par la communion de la grâce, la communion de la nature commence d’être rétablie et celle de la faute est exclue ; mais par la communion de la gloire, celle de la nature sera réparée en perfection et la colère de Dieu sera tout à fait exclue, lorsque « Dieu essuiera toute larme des yeux » des saints (Is 25,8; Ap 21,4). Alors tous les saints auront comme « un seul cœur et une seule âme » ; et « toutes choses leur seront communes », car Dieu sera « tout en tous » (Ac 4,32; 1Co 15,28). Pour que nous parvenions à cette communion et que nous nous rassemblions dans l’un, « que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, et l’amour de Dieu, et la communion du Saint-Esprit soit toujours avec nous tous. Amen ».

Baudouin de Ford (?-v. 1190)