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Archive pour la catégorie ‘Année liturgique’

Première lettre de saint Pierre Apôtre 4,7-13.

vendredi 1 juin 2018

Bien-aimés, la fin de toutes choses est proche. Soyez donc raisonnables et sobres en vue de la prière.
Avant tout, ayez entre vous une charité intense, car la charité couvre une multitude de péchés.
Pratiquez l’hospitalité les uns envers les autres sans récriminer.
Ce que chacun de vous a reçu comme don de la grâce, mettez-le au service des autres, en bons gérants de la grâce de Dieu qui est si diverse :
si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme pour des paroles de Dieu ; celui qui assure le service, qu’il s’en acquitte comme avec la force procurée par Dieu. Ainsi, en tout, Dieu sera glorifié par Jésus Christ, à qui appartiennent la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen.
Bien-aimés, ne trouvez pas étrange le brasier allumé parmi vous pour vous mettre à l’épreuve ; ce qui vous arrive n’a rien d’étrange.
Dans la mesure où vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera.

 

 

 

 

 

Fête de la Visitation de la Vierge Marie

jeudi 31 mai 2018

L’ange avait annoncé à la Vierge Marie des choses mystérieuses. Pour affermir sa foi par un exemple, il lui fait part de la maternité prochaine d’une femme âgée et stérile, preuve que tout ce qui plaît à Dieu lui est possible (Lc 1,37). Dès qu’elle a entendu cela, Marie a gagné les montagnes…dans l’allégresse de son désir, dans sa fidélité à rendre service et dans la hâte de sa joie… : la grâce du Saint Esprit ignore les lenteurs… Tout de suite se manifestent les bienfaits de la venue de Marie et de la présence du Seigneur : « L’enfant tressaillit dans le sein d’Élisabeth, et elle fut remplie de l’Esprit Saint »…

« Heureuse, dit-elle, toi qui as cru ! » Heureux vous aussi qui avez entendu et cru, car toute âme qui a la foi conçoit et enfante la parole de Dieu et reconnaît son œuvre. Que réside en chacun l’âme de Marie pour glorifier le Seigneur, en chacun l’esprit de Marie pour tressaillir en Dieu ! Si le Christ n’a qu’une mère selon la chair, le Christ est le fruit de tous selon la foi, car toute âme peut recevoir le Verbe de Dieu pourvu du moins qu’elle soit pure et débarrassée du péché. Toute âme parvenue à cet état magnifie le Seigneur comme l’âme de Marie a magnifié le Seigneur et comme son esprit a tressailli dans le Dieu Sauveur. Nous lisons ailleurs : « Magnifiez le Seigneur avec moi » (Ps 33,4).

Le Seigneur est magnifié non parce que la voix humaine lui ajoute quelque chose, mais parce qu’il grandit en nous. Car le Christ est l’image de Dieu (2Co 4,4; Col 1,15), et c’est pourquoi, si quelqu’un agit avec dévotion et justice, il fait grandir en lui cette image de Dieu — à la ressemblance de qui il a été créé (Gn 1,26) — et en la faisant grandir, il est élevé en une sorte de participation à sa grandeur.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Luc, 2, 19-27 ; PL 15, 1559 ; SC 45 (trad. Orval rev.)

 

 

Le Feu de la Pentecôte

dimanche 20 mai 2018

Sept semaines après la résurrection, le cinquantième jour, « les disciples étant réunis avec les femmes et Marie la Mère de Jésus, tout à coup un bruit vint du ciel semblable au bruit d’un vent qui souffle avec force » (Cf. Ac 1,14 ; 2,1-2).

L’Esprit descendit alors sur cette troupe de cent vingt personnes et apparut sous la forme de langues de feu, parce qu’il allait donner la parole à leur bouche, la lumière à leur intelligence et l’ardeur à leur amour. Tous furent remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en diverses langues selon l’inspiration de ce même Saint-Esprit. Il leur enseigna toute vérité, les enflamma du parfait amour et les confirma en toute vertu. Aussi, aidés de sa grâce, illuminés par sa doctrine et fortifiés par sa puissance, bien que peu nombreux et simples, « ils plantèrent l’Église au prix de leur sang », [Brev. Rom.] dans le monde entier, tantôt par des discours enflammés, tantôt par de parfaits exemples, tantôt par de prodigieux miracles.

Cette Église purifiée, illuminée et amenée à perfection par la vertu de ce même Esprit-Saint, se rendit aimable à son Époux, si bien qu’elle apparut toute belle, admirable par ses ornements variés, et au contraire terrible, comme une armée rangée en bataille, à Satan et à ses anges.

Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
L’Arbre de Vie, n°39 (Œuvres spirituelles, tome 3, Sté S. François d’Assise, 1932, pp.108-109 ; trad. du P. Jean de Dieu ; rev.)

 

 

« Pierre, m’aimes-tu ? »

vendredi 18 mai 2018

À l’heure de l’épreuve, Pierre a renié son Maître par trois fois. Et sa voix tremblait lorsqu’il a répondu : « Seigneur, tu sais bien que je t’aime ». Cependant, il n’a pas répondu : « Et pourtant, Seigneur, je t’ai déçu », mais : « Seigneur, tu sais bien que je t’aime ». En disant cela, il savait déjà que le Christ est la pierre angulaire (Ac 4,11), sur laquelle, en dépit de toute faiblesse humaine, peut croître en lui, Pierre, cette construction qui aura la forme de l’amour. À travers toutes les situations et toutes les épreuves, jusqu’à la fin. C’est pour cela qu’il écrira un jour…: « Vous aussi vous êtes appelés à devenir comme des pierres vivantes pour la construction d’un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint, pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ » (1P 2,5).

Tout cela ne signifie rien d’autre que répondre toujours et constamment avec ténacité et de manière conséquente, à cette unique question : « Aimes-tu ? M’aimes-tu ? M’aimes-tu davantage ? » C’est en effet cette réponse, c’est-à-dire cet amour, qui fait que nous sommes « la race élue, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple que Dieu s’est acquis ». C’est elle qui fait que nous proclamons les œuvres merveilleuses de celui qui nous « a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1P 2,9). Tout cela, Pierre l’a su dans l’absolue certitude de sa foi. Et tout cela, il le sait, et il continue à le confesser aussi dans ses successeurs.

Bienheureux Jean-Paul II
Homélie à Paris 30/05/80 (trad. DC 1788, p. 557 © Libreria Editrice Vaticana)

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Un, par l’Esprit Saint

jeudi 17 mai 2018

esprit saint

« Faire l’unité de l’Église, construire l’Église, ce temple, cette unité de l’Église : c’est le devoir de chaque chrétien, de chacun d’entre nous. Lorsqu’il faut construire un temple ou un palais, on cherche un terrain à bâtir qui soit préparé à cela. La première chose à faire, c’est de chercher la pierre de base, la pierre d’angle comme le dit le Bible. Et la pierre d’angle de l’unité de l’Église ou mieux, la pierre d’angle de l’Église, c’est Jésus et la pierre d’angle de l’unité de l’Église est la prière de Jésus a la Cène : « Père, qu’ils soient un ! Ceci est la force ! ».
Jésus, a t’il répété, est « la pierre sur laquelle nous édifions l’unité de l’Église », « sans cette pierre, nous n’y parvenons pas. Il n’y a pas d’unité sans Jésus Christ à la base : c’est notre sûreté ». Mais qui, se demande donc le Pape, « construit cette unité ? ». Sa réponse fut : « c’est le travail de l’Esprit Saint ». « Il est le seul capable de construire l’unité de l’Église. C’est pour cela que Jésus l’a envoyé : pour faire grandir l’Église, pour la faire forte, pour la faire une ». C’est l’Esprit Saint, a-t-il poursuivi, qui fait « l’unité de l’Église » dans « la diversité des peuples, des cultures et des personnes ». Comment « construit-on alors ce temple ? » se demande encore le Pape François. Si l’Apôtre Pierre, évoquant ce sujet « affirmait que nous étions les pierres vivantes de cette construction », Saint Paul « nous conseille non pas tant d’être des pierres mais plutôt des briques faibles ». Les conseils de l’Apôtre des gentils pour « construire cette unité sont des conseils de faiblesse, selon la pensée humaine » :
« Humilité, douceur, magnanimité: ce sont des faiblesses car la personne humble semble ne servir à rien ; la douceur, la tendresse ne semblent pas servir ; la magnanimité, le fait d’être ouvert à tous, d’avoir un grand cœur…..Et puis, il nous en dit plus: « Supportez-vous les uns les autres dans l’amour ». Supportez-vous les uns les autres dans l’amour tout en ayant à cœur de conserver l’unité. Et plus nous nous faisons faibles avec cette vertu de l’humilité, de la magnanimité et de la douceur, plus nous devenons de fortes pierres dans ce temple ».
« Ceci, a-t-il repris, est le même chemin qu’a parcouru Jésus qui s’est s’est fait faible jusqu’à la Croix et qui est devenu fort ! Nous devons en faire de même : L’orgueil et la suffisance ne servent à rien. Lorsqu’on construit, a-t-il affirmé, il est nécessaire que l’architecte dessine un plan. Et quel est le plan de l’unité de l’Église ? : l’espérance à laquelle nous sommes appelés: l’espérance d’aller vers le Seigneur, l’espérance de vivre dans une Église vivante, faite de pierres vivantes, avec la force de l’Esprit Saint. C’est seulement avec le plan de l’espérance que nous pouvons aller de l’avant dans l’unité de l’Église. Nous sommes appelés à une grande espérance. Allons-y ! Mais avec la force que nous donne la prière de Jésus pour l’unité ; avec la docilité à l’Esprit Saint qui est capable de faire des pierres vivantes avec des briques ; et avec l’espérance de trouver le Seigneur qui nous a appelés, de le trouver lorsque survient la plénitude des temps ».

 

Homélie du pape François 24/11/2014
sources: RADIO VATICAN
aleteia.org

 

 

 

Fête de St Philippe et St Jacques (le mineur), apôtres

jeudi 3 mai 2018

Vous savez, mes sœurs, que les conférences ont servi à Notre Seigneur pour l’établissement de son Église. Dès le jour où il assembla ses apôtres, il leur en fit ; puis, quand sa Compagnie fut plus grande et eut apôtres et disciples, il tint parfois avec eux des assemblées ; et ce fut dans une conférence comme cela que saint Philippe, dont nous faisons aujourd’hui la fête, dit à Notre Seigneur : « Seigneur, vous nous parlez de votre Père, mais faites-nous voir votre Père » ; et Notre Seigneur lui répondit : « Qui me voit voit mon Père ; mon Père et moi ne sommes qu’un ».

Les apôtres proposaient leurs difficultés dans ces conférences, et Notre Seigneur leur répondait. Il traitait de l’avancement de l’Église et des moyens dont Dieu se servirait pour la faire fleurir. De sorte, mes chères sœurs, que l’on peut dire, et c’est certain, que Jésus Christ même a institué les conférences et s’en est servi pour le commencement, le progrès et la perfection de son Église ; et après sa mort et son ascension glorieuse il ne se faisait d’autres instructions entre les fidèles par les apôtres et par les prêtres que sous forme de conférence. il n’y avait point de sermon ; quand les chrétiens étaient assemblés, on commençait la conférence.

Saint Vincent de Paul (1581-1660), prêtre, fondateur de communautés religieuses
Entretiens aux Filles de la Charité, 1/05/1648 (Tome IX, Éd. Gabalda, 1923, conférence du 1er mai 1648, p.395)

 

 

 

Solennité de l’Annonciation du Seigneur

lundi 9 avril 2018

[En réponse aux] aspirations de l’esprit humain en recherche de Dieu… la « plénitude du temps » met en relief la réponse de Dieu lui-même… L’envoi de son Fils, consubstantiel au Père, comme homme « né d’une femme » (Ga 4,4), constitue l’étape culminante et définitive de la révélation que Dieu fait de lui-même à l’humanité… La femme se trouve au cœur de cet événement salvifique. La révélation que Dieu fait de lui-même, à savoir l’unité insondable de la Trinité, est contenue pour l’essentiel dans l’Annonciation de Nazareth. « Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut. —Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? —L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu… Car rien n’est impossible à Dieu. »

Il est facile de comprendre cet événement dans la perspective de l’histoire d’Israël, le peuple élu dont Marie est la fille, mais il est facile aussi de le comprendre dans la perspective de tous les chemins sur lesquels l’humanité cherche depuis toujours une réponse aux questions fondamentales et en même temps définitives qui l’obsèdent le plus. Ne trouve-t-on pas dans l’Annonciation de Nazareth le début de la réponse définitive par laquelle Dieu lui-même va au-devant de l’inquiétude du cœur humain ? Il ne s’agit pas seulement ici de paroles de Dieu révélées par les prophètes, mais, au moment de cette réponse, le Verbe se fait réellement chair (Jn 1,14). Marie atteint ainsi une telle union à Dieu qu’elle dépasse toutes les attentes de l’esprit humain. Elle dépasse même les attentes de tout Israël et, en particulier, des filles de ce peuple élu, qui, en vertu de la promesse, pouvaient espérer que l’une d’entre elles deviendrait un jour la mère du Messie. Qui parmi elles, toutefois, pouvait supposer que le Messie promis serait le « Fils du Très-Haut » ? À partir de la foi monothéiste au temps de l’Ancien Testament c’était difficilement envisageable. Ce n’est que par la force de l’Esprit Saint « venu sur elle » que Marie pouvait accepter ce qui est « impossible aux hommes mais possible à Dieu » (Mc 10,27).

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Lettre apostolique « Mulieris dignatatem », § 3 (trad. copyright © Libreria Editrice Vaticana)

 

 

Dimanche de la Miséricorde divine

dimanche 8 avril 2018

La première Fête de la Divine Miséricorde pour toute l’Eglise – instituée par Jean-Paul II le 30 avril 2000 à l’occasion de la canonisation de Sœur Faustine – a été célébrée le Dimanche 22 avril 2001. Elle est depuis célébrée tous les ans, conformément aux demandes du Seigneur, le premier Dimanche après Pâques.

 » Ma fille, parle au monde entier de mon inconcevable Miséricorde. Je désire que la Fête de la Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les entrailles de ma Miséricorde sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui s’approcheront de la source de ma miséricorde ; toute âme qui se confessera (dans les huit jours qui précèdent ou suivent ce Dimanche de la Miséricorde) et communiera, recevra le pardon complet de ses fautes et la remise de leur peine ; en ce jour sont ouvertes toutes les sources divines par lesquelles s’écoulent les grâces ; qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de moi, même si ses péchés sont comme l’écarlate. […] La Fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles, je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques. Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu’il ne se tournera pas vers la source de ma Miséricorde.  » (Petit Journal, § 699).

 

 

 

 

 

Le mardi de Pâques

mardi 3 avril 2018

Marie, en pleurs, se penche et regarde dans le tombeau. Elle avait pourtant déjà vu qu’il était vide, et elle avait annoncé la disparition du Seigneur. Pourquoi se penche-t-elle encore ; pourquoi désire-t-elle encore voir ? Parce que l’amour ne se contente pas d’un seul regard ; l’amour est une quête toujours plus ardente. Elle l’a déjà cherché, mais en vain ; elle s’obstine et finit par le découvrir… Dans le Cantique des cantiques, l’Église disait du même Époux : « Sur ma couche, la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime. Je l’ai cherché mais ne l’ai pas trouvé. Je me lèverai et parcourrai la ville ; dans les rues et sur les places, avez-vous vu celui que mon cœur aime ? » (Ct 3,1-2) Deux fois, elle exprime sa déception : « Je l’ai cherché mais ne l’ai pas trouvé ! » Mais le succès vient enfin couronner l’effort : « Les gardes m’ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville. Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? À peine les avais-je dépassés, j’ai trouvé celui que mon cœur aime. » (Ct 3,3-4)

Et nous, quand est-ce que, sur nos couches, nous cherchons l’Aimé ? Pendant les brefs repos de cette vie, lorsque nous soupirons en l’absence de notre Rédempteur. Nous le cherchons la nuit, car même si notre esprit veille déjà sur lui, nos yeux ne voient encore que son ombre. Mais puisque nous n’y trouvons pas l’Aimé, levons-nous ; parcourons la ville, c’est-à-dire la sainte assemblée des élus. Cherchons-le de tout notre cœur ; regardons dans les rues et sur les places, c’est-à-dire dans les passages escarpés de la vie ou dans ses voies spacieuses ; ouvrons l’œil, cherchons-y les pas de notre Bien-aimé… Ce désir faisait dire à David : « Mon âme a soif du Dieu de vie. Quand irai-je voir la face de Dieu ? Sans relâche, poursuivez sa face. » (Ps 42,3)

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église
Homélie 25 sur l’Evangile ; PL 76, 1188 (trad. Quéré, coll. Icthus, vol. 10, p. 292)

 

 

 

 

 

 

 

Dimanche de Pâques : Saint Jour de Pâques, la Résurrection du Seigneur, solennité des solennités

dimanche 1 avril 2018

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Extraits du Message « Urbi et Orbi »
du Pape Benoît XVI

Chers Frères et Sœurs de Rome et du monde entier !

De tout cœur, je forme pour vous tous des vœux de Pâques avec les mots de saint Augustin : « Resurrectio Domini, spes nostra – la résurrection du Seigneur est notre espérance » (Sermon 261, 1). Par cette affirmation, le grand Évêque expliquait à ses fidèles que Jésus est ressuscité afin que nous-mêmes, pourtant destinés à mourir, nous ne désespérions pas en pensant qu’avec la mort la vie est totalement finie ; le Christ est ressuscité pour nous donner l’espérance (cf. ibid.).

En effet, une des questions qui cause le plus d’angoisse dans l’existence de l’homme est précisément celle-ci : qu’y-a-t-il après la mort ? À cette énigme, la solennité de ce jour nous permet de répondre que la mort n’a pas le dernier mot, parce que, à la fin, c’est la Vie qui triomphe. Et cette certitude qui est nôtre ne s’appuie pas sur de simples raisonnements humains, mais bien sur un fait historique de foi : Jésus Christ, crucifié et enseveli, est ressuscité avec son corps glorieux. Jésus est ressuscité pour que nous aussi, en croyant en Lui, nous puissions avoir la vie éternelle. Cette annonce est au cœur du message évangélique. Saint Paul le déclare avec force : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre message est sans objet, et votre foi est sans objet ». Et il ajoute : « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes » (1 Co 15, 14.19). Depuis l’aube de Pâques, un nouveau printemps d’espérance envahit le monde ; depuis ce jour, notre résurrection est déjà commencée, parce que Pâques n’indique pas simplement un moment de l’histoire, mais le début d’une condition nouvelle : Jésus est ressuscité non pas pour que sa mémoire reste vivante dans le cœur de ses disciples, mais bien pour que Lui-même vive en nous et qu’en Lui nous puissions déjà goûter la joie de la vie éternelle.

La résurrection n’est donc pas une théorie, mais une réalité historique révélée par l’Homme Jésus Christ à travers sa « pâque », son « passage » qui a ouvert une « voie nouvelle » entre la terre et le Ciel (cf. He 10, 20). Ce n’est ni un mythe, ni un rêve, ce n’est ni une vision, ni une utopie, ce n’est pas une fable, mais un événement unique et définitif : Jésus de Nazareth, fils de Marie, qui au soir du Vendredi saint a été descendu de la Croix et mis au tombeau, est sorti victorieux de la tombe. En effet, à l’aube du premier jour après le sabbat, Pierre et Jean ont trouvé le tombeau vide. Madeleine et les autres femmes ont rencontré Jésus ressuscité ; il a été reconnu aussi par les deux disciples d’Emmaüs à la fraction du pain ; le Ressuscité est apparu aux Apôtres le soir venu dans le Cénacle et ensuite à beaucoup d’autres disciples en Galilée.

L’annonce de la résurrection du Seigneur illumine les zones d’ombre du monde dans lequel nous vivons. Je pense particulièrement au matérialisme et au nihilisme, à une vision du monde qui ne sait pas dépasser ce qui est expérimentalement constatable, et qui se retrouve inconsolée dans la conscience du néant qui serait le point d’arrivée ultime de l’existence humaine. C’est un fait que si le Christ n’était pas ressuscité, le « néant » serait destiné à l’emporter. Si nous retirons le Christ et sa résurrection, il n’y a pas d’issue pour l’homme et toute espérance demeure une illusion. Mais précisément aujourd’hui, éclate avec force l’annonce de la résurrection du Seigneur, et elle est la réponse à la question incessante des sceptiques, rapportée aussi par le livre de Qohélet : « Y a-t-il une seule chose dont on dise : “voilà enfin du nouveau” ? » (Qo 1, 10). Oui, répondons-nous, le matin de Pâques tout a été renouvelé. « La mort et la vie s’affrontèrent / en un duel prodigieux : / le Prince de la vie mourut ; / vivant, il règne » (Séquence pascale). Voilà la nouveauté ! C’est une nouveauté qui change l’existence de celui qui l’accueille, comme on le voit chez les saints. C’est ce qui est arrivé, par exemple, à saint Paul.

Bien souvent, dans le cadre de l’Année paulinienne, nous avons eu l’occasion de méditer sur l’expérience du grand Apôtre. Saul de Tarse, le persécuteur acharné des chrétiens, a rencontré le Christ ressuscité sur le chemin de Damas et il a été « conquis » par Lui. Le reste nous est bien connu. Il s’est produit chez Paul ce qu’il écrira plus tard aux chrétiens de Corinthe : « Si quelqu’un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né » (2 Co 5, 17). Tournons notre regard vers ce grand évangélisateur qui, avec l’enthousiasme et l’audace de son action apostolique, a porté l’Évangile à tant de populations du monde d’alors. Son enseignement et son exemple nous stimulent à rechercher le Seigneur Jésus. Ils nous encouragent à mettre notre confiance en Lui, car désormais la conscience du néant qui tend à intoxiquer l’humanité a été submergée dans la lumière et l’espérance qui proviennent de la résurrection. Désormais, elles sont vraies et bien réelles les paroles du Psaume : « Même la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre, et la nuit comme le jour est lumière ! » (138 (139), 12). Ce n’est plus le néant qui enveloppe toutes choses, mais la présence amoureuse de Dieu. Le règne de la mort a même été anéanti, parce que dans les « enfers » aussi le Verbe de vie, poussé par le souffle de l’Esprit, est arrivé (cf. v. 8).

S’il est vrai que la mort n’a plus aucun pouvoir sur l’homme et sur le monde, il subsiste cependant encore beaucoup, trop de signe de son antique domination. Si par la Pâques, le Christ a extirpé la racine du mal, il a toutefois besoin d’hommes et de femmes qui dans tous les temps et lieux l’aident à affirmer sa victoire avec les mêmes armes que lui : les armes de la justice et de la vérité, de la miséricorde, du pardon et de l’amour. […]

Resurrection Domini, spes nostra !La résurrection du Christ est notre espérance ! Cela, l’Église le proclame avec joie : elle annonce l’espérance, que Dieu a rendu ferme et invincible en ressuscitant Jésus Christ d’entre les morts ; elle communique l’espérance, qu’elle porte dans le cœur et veut partager avec tous, et partout, spécialement là où les chrétiens souffrent la persécution à cause de leur foi et de leur engagement pour la justice et pour la paix ; elle invoque l’espérance capable de susciter le courage pour le bien aussi et surtout quand il est coûteux. Aujourd’hui, l’Église chante « le jour que le Seigneur a fait » et elle invite à la joie. Aujourd’hui l’Église prie, invoque Marie, Étoile de l’espérance, pour qu’elle guide l’humanité vers le port sûr du salut qui est le Cœur du Christ, la Victime pascale, l’Agneau qui « a racheté le monde », l’Innocent qui « nous a réconcilié, nous pécheurs, avec le Père ».
À lui, le Roi vainqueur, à Lui le Crucifié et le Ressuscité, nous crions avec joie notre Alléluia!

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© Copyright 2009 – Libreria Editrice Vaticana

Surrexit Dominus vere, alleluia!
>>> Hallelujah – Choir of King’s College

Message Pascal et Bénédiction « Urbi et Orbi »

Source : vatican.va (« Rév. x gpm »).