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Archive pour la catégorie ‘Année liturgique’

La libération des captifs

mercredi 5 juillet 2017

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En ce jour Jésus Christ est entré vainqueur dans les abîmes des enfers. En ce jour «  il a brisé les portes d’airain, il a rompu les verrous de fer », comme le dit Isaïe (45,2). Remarquez ces expressions. Il ne dit pas qu’il « a ouvert » les portes d’airain, ni qu’il les a enlevées, mais qu’il les « a brisées », pour faire comprendre qu’il n’y a plus de prison, pour dire que Jésus a anéanti ce séjour des captifs. Une prison où il n’y a plus ni portes ni verrous ne peut plus retenir de prisonniers. Ces portes que le Christ a brisées, qui pourrait les rétablir ? Ces verrous qu’il a rompus, quel homme pourrait les remettre ?

Quand les princes de la terre relâchent des détenus en envoyant des lettres de grâce, ils laissent subsister les portes et les gardes de la prison, pour montrer à ceux qui sortent qu’ils peuvent y rentrer encore, eux ou d’autres. Le Christ n’agit pas de la sorte. En brisant les portes d’airain, il témoigne qu’il n’y a plus de captivité, plus de mort.

Pourquoi des portes « d’airain » ?… Parce que la mort était impitoyable, inflexible, dure comme le diamant. Jamais pendant tous les siècles avant Jésus Christ, jamais aucun de ses captifs n’avait pu lui échapper, jusqu’au jour où le Souverain du ciel est descendu dans l’abîme pour lui arracher ses victimes.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie sur le mot ‘cimetière’ et sur la croix

 

 

 

« Seigneur, sauve-nous ! »

mardi 4 juillet 2017

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Ô mon Dieu, mon cœur est comme une vaste mer toujours agitée par les tempêtes : qu’il trouve en toi la paix et le repos. Tu as commandé aux vents et à la mer de se calmer, et à ta voix ils se sont apaisés ; viens apaiser les agitations de mon cœur, afin que tout en moi soit calme et tranquille, afin que je puisse te posséder, toi mon unique bien, et te contempler, douce lumière de mes yeux, sans trouble et sans obscurité. Ô mon Dieu, que mon âme, délivrée des pensées tumultueuses de ce monde-ci, « se cache à l’ombre de tes ailes » (Ps 16,8). Qu’elle trouve près de toi un lieu de rafraîchissement et de paix ; toute transportée de joie, qu’elle puisse chanter : « En toi maintenant je peux m’endormir et me reposer en paix en toi » (Ps 4,9).

Qu’elle se repose, je te prie, mon Dieu, qu’elle se repose du souvenir de tout ce qui est sous le ciel, éveillée pour toi seul, comme il est écrit : « Je dors, mais mon cœur veille » (Ct 5,2). Mon âme ne peut être en paix et en sûreté, mon Dieu, que sous les ailes de ta protection (Ps 90,4). Qu’elle demeure donc éternellement en toi et qu’elle soit embrasée de ton feu. Que, s’élevant au-dessus d’elle-même, elle te contemple et chante tes louanges dans la joie. Au milieu des troubles qui m’agitent, que tes dons soient ma douce consolation, jusqu’à ce que je vienne à toi, ô toi la paix véritable.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Méditations, ch. 37

 

 

 

Fête de saint Thomas, apôtre

lundi 3 juillet 2017

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« Mets ton doigt dans la marque des clous », dit Jésus à Thomas. « Tu me cherchais quand je n’étais pas là, profites-en maintenant. Je connais ton désir malgré ton silence. Avant que tu ne me le dises, je sais ce que tu penses. Je t’ai entendu parler, et quoique invisible, j’étais auprès de toi, auprès de tes doutes, et sans me faire voir, je t’ai fait attendre, pour mieux regarder ton impatience. Mets ton doigt dans la marque des clous. Mets ta main dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais crois. »

Alors Thomas le touche : toute sa défiance tombe et rempli d’une foi sincère et de tout l’amour que l’on doit à son Dieu, il s’écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Et le Seigneur lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ; heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! Thomas, porte la nouvelle de ma résurrection à ceux qui ne m’ont pas vu. Entraîne toute la terre à croire non à ses yeux, mais à ta parole. Parcours les peuples et les cités païennes. Apprends-leur à porter la croix sur les épaules au lieu des armes… Dis-leur qu’ils sont appelés par la grâce, et toi, contemple leur foi : heureux, en vérité, ceux qui n’ont pas vu et ont cru ! »

Telle est l’armée que lève le Seigneur ; tels sont les enfants de la piscine baptismale, les œuvres de la grâce, la moisson de l’Esprit. Ils ont suivi le Christ sans l’avoir vu, ils l’ont cherché et ils ont cru. Ils ont reconnu avec les yeux de la foi, non du corps. Ils n’ont pas mis leurs doigts dans les marques des clous, mais ils se sont attachés à sa croix et ont embrassé ses souffrances. Ils n’ont pas vu le côté du Seigneur, mais par la grâce ils se sont unis à ses membres et ils ont fait leur cette parole du Seigneur : « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! »

Basile de Séleucie (?-v. 468), évêque
Sermon pour la Résurrection, 1-4 (trad. Brésard, 2000 ans B, p. 128 rev.)

 

 

 

« Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »

dimanche 2 juillet 2017

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Sur le chemin de la croix, le Sauveur n’est pas seul, et il n’est pas entouré que d’ennemis qui le harcèlent. Il y a aussi la présence des êtres qui le soutiennent : la Mère de Dieu, modèle de ceux qui, en tout temps, suivent l’exemple de la croix ; Simon de Cyrène, symbole de ceux qui acceptent une souffrance imposée et qui, dans cette acceptation, sont bénis ; et Véronique, image de ceux que l’amour porte à servir le Seigneur. Chaque homme qui, dans la suite des temps, a porté un lourd destin en se souvenant de la souffrance du Sauveur ou qui a librement fait œuvre de pénitence a racheté un peu de l’énorme dette de l’humanité et a aidé le Seigneur à porter son fardeau. Bien plus, c’est le Christ, Tête du Corps mystique, qui accomplit son œuvre d’expiation dans les membres qui se prêtent de tout leur être, corps et âme, à son œuvre de rédemption.

On peut supposer que la vision des fidèles qui allaient le suivre sur son chemin de souffrance a soutenu le Sauveur au jardin des Oliviers. Et l’appui de ces porteurs de croix lui est un secours à chacune de ses chutes. Ce sont les justes de l’Ancienne Alliance qui l’accompagnent entre la première et la deuxième chute. Les disciples, hommes et femmes, qui se rallièrent à lui pendant sa vie terrestre sont ceux qui l’aident de la deuxième à la troisième station. Les amants de la Croix, qu’il a éveillés et qu’il éveillera encore tout au long des vicissitudes de l’Église combattante, sont ses alliés jusqu’à la fin des temps. C’est à cela que, nous aussi, nous sommes appelées.

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, copatronne de l’Europe
Am Fuss des Kreuzes, 24/11/1934 (trad. La Crèche et la croix, Ad Solem 1995, p. 57)

 

 

 

Le Précieux Sang

samedi 1 juillet 2017

Ce premier jour du mois de juillet (qui Lui est dédié tout entier) a été consacré à honorer le Sang très Précieux de Jésus-Christ, ce Sang qu’Il répandit au Calvaire et au prix duquel nous avons été rachetés. Il mérite, certes, nos hommages de respect et de reconnaissance.

Aussi l’Église Le propose à la dévotion spéciale des Chrétiens, pendant le mois de juillet. C’est bien, en effet, la meilleure manière de continuer la dévotion au Sacré-Cœur, qui a été pratiquée pendant le mois de juin. C’est le Cœur de Jésus qui a élaboré et distribué dans les veines de Son sacré Corps ce Sang adorable.

On peut comparer Son Cœur divin à cette fontaine que l’on voyait dans le Paradis terrestre et de laquelle partaient quatre fleuves ou canaux qui portaient partout la fraîcheur et la fertilité.

Du Cœur de Jésus, comme de leur source, partent ces canaux que nous appelons Sacrements, et qui portent dans le monde la purification et la fécondité : Sanguis Jesu Christi emundat nos. (Jean, I, 7)

Le premier promoteur de la dévotion au Précieux Sang fut St Gaspar de Bufalo, qui fonda une congrégation du nom de Prêtres du Précieux Sang.

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« Jésus le toucha et lui dit : ‘Je le veux ; sois purifié’ »

vendredi 30 juin 2017

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Avant que brille la lumière divine,
je ne me connaissais pas moi-même.
Me voyant alors dans les ténèbres et en prison,
enfermé dans un bourbier,
couvert de saleté, blessé, ma chair enflée…,
je suis tombé aux pieds de celui qui m’avait illuminé.
Et celui qui m’avait illuminé touche de ses mains
mes liens et mes blessures ;
là où touche sa main et où son doigt s’approche,
aussitôt tombent mes liens,
les blessures disparaissent, et toute saleté.
La souillure de ma chair disparaît…
si bien qu’il la rend semblable à sa main divine.
Merveille étrange : ma chair, mon âme et mon corps
participent à la gloire divine.

Dès que j’ai été purifié et débarrassé de mes liens,
le voici qui me tend une main divine,
il me retire du bourbier entièrement,
il m’embrasse, il se jette à mon cou,
il me couvre de baisers (Lc 15,20).
Et moi qui étais totalement épuisé
et qui avais perdu mes forces,
il me prend sur ses épaules (Lc 15,5),
et il m’emmène hors de mon enfer…

C’est la lumière qui m’emporte et me soutient ;
elle m’entraîne vers une grande lumière…
Il me donne à contempler par quel étrange remodelage
lui-même m’a repétri (Gn 2,7) et m’a arraché notre nature périssable.
Il m’a fait don d’une vie immortelle
et m’a revêtu d’une robe immatérielle et lumineuse
et m’a donné des sandales, un anneau et une couronne
impérissables et éternels (Lc 15,22; 1Co 9,25).

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022), moine grec
Hymne 30 ; SC 174 (trad. SC p. 357)

 

 

Saint Pierre et saint Paul, Apôtres, solennité

jeudi 29 juin 2017

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C’est avec raison, mes frères, que l’Église applique aux saints apôtres Pierre et Paul ces paroles du Sage : « Ce sont des hommes de miséricorde, dont les bienfaits ne tombent pas dans l’oubli ; les biens qu’ils ont laissés à leur postérité subsistent toujours » (Si 44,10-11). Oui, on peut bien les appeler des hommes de miséricorde : parce qu’ils ont obtenu miséricorde pour eux-mêmes, parce qu’ils sont pleins de miséricorde, et que c’est dans sa miséricorde que Dieu nous les a donnés.

Voyez, en effet, quelle miséricorde ils ont obtenue. Si vous interrogez saint Paul sur ce point…, il vous dira de lui-même : « J’ai commencé par être un blasphémateur, un persécuteur, un insulteur ; mais j’ai obtenu miséricorde de Dieu » (1Tm 1,13). En effet, qui ne sait tout le mal qu’il a fait aux chrétiens de Jérusalem… et même dans la Judée toute entière ?… Pour ce qui est du bienheureux Pierre, j’ai une autre chose à vous dire, mais une chose d’autant plus sublime qu’elle est unique. En effet, si Paul a péché, il l’a fait sans le savoir, car il n’avait pas la foi ; Pierre au contraire avait les yeux grands ouverts au moment de sa chute (Mt 26,69s). Mais « là où la faute a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20)… Si saint Pierre a pu s’élever à un tel degré de sainteté après avoir fait une chute si lourde, qui pourra désormais désespérer, pour peu qu’il veuille lui aussi sortir de ses péchés ? Remarquez ce que dit l’Évangile : « Il sortit et pleura amèrement » (v. 75)…

Vous avez entendu quelle miséricorde les apôtres ont obtenue, et désormais personne parmi vous ne sera accablé de ses fautes passées plus qu’il ne faut… Si tu as péché, Paul n’a-t-il pas péché davantage ? Si tu as fait une chute, Pierre n’en a-t-il pas fait une plus profonde que toi ? Or, l’un et l’autre, en faisant pénitence, non seulement ont obtenu le salut mais sont devenus de grands saints, sont même devenus les ministres du salut, les maîtres de la sainteté. Fais donc de même, mon frère, car c’est pour toi que l’Écriture les appelle « des hommes de miséricorde ».

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
3ème sermon pour la fête des saints apôtres Pierre et Paul, passim

 

 

 

« Elle est étroite la porte, il est resserré le chemin qui conduit à la vie. »

mardi 27 juin 2017

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Je suis venu vous encourager dans la voie de l’Évangile, une voie étroite certes, mais la voie royale, sûre, éprouvée par des générations de chrétiens, enseignée par les saints… C’est la voie sur laquelle, tout comme vous, vos frères dans l’Église universelle s’efforcent de cheminer. Cette voie ne passe pas par la résignation, par les renoncements ou par les abandons. Elle ne se résout pas à l’affadissement du sens moral, et elle souhaiterait que la loi civile elle-même aide à élever l’homme. Elle ne cherche pas à s’enterrer, à demeurer inaperçue, mais elle requiert au contraire l’audace joyeuse des apôtres. Elle bannit donc la pusillanimité, tout en se montrant parfaitement respectueuse à l’égard de ceux qui ne partagent pas le même idéal…

« Reconnais, ô chrétien, ta dignité ! » disait le grand pape St Léon. Et moi, son indigne successeur, je vous dis à vous, mes frères et mes sœurs : Reconnaissez votre dignité ! Soyez fiers de votre foi, du don de l’Esprit que le Père vous a fait. Je viens parmi vous comme un pauvre, avec la seule richesse de la foi, pèlerin de l’Évangile. Donnez à l’Église et au monde l’exemple de votre fidélité sans faille et de votre zèle missionnaire. Ma visite chez vous veut être…un appel à un élan nouveau devant les tâches nombreuses qui s’offrent à vous.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Discours à Paris le 30 mai 1980 (DC 1788 du 15/6/80)

 

 

 

« La poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? »

lundi 26 juin 2017

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Quand un homme reconnaît humblement ses défauts, il apaise facilement les autres et gagne facilement ceux qui sont en colère contre lui.

Dieu protège et délivre l’homme humble ; il l’aime et le console ; il se penche vers lui. À celui qui est humble il accorde sa grâce en abondance ; après son abaissement il l’élève à la gloire.

À celui qui est humble il dévoile ses secrets, il l’attire et l’invite doucement à lui.

Les affronts ne troublent pas la paix de l’homme humble, parce qu’il s’appuie sur Dieu et non pas sur le monde…

Commence par te garder toi-même en paix, et alors tu pourras la donner aux autres.

Un homme pacifique est plus utile qu’un homme instruit.

Un homme passionné change le bien en mal et croit facilement le mal.

Un homme bon et pacifique change tout en bien.

Celui qui est vraiment en paix ne soupçonne personne.

Mais celui qui est mécontent et troublé se laisse agiter par mille soupçons ; il ne se sent jamais tranquille et ne laisse pas non plus les autres en repos. Il dit souvent ce qu’il ne devrait pas dire et néglige ce qu’il a à faire.

Il est attentif aux devoirs des autres et manque à ses propres obligations.

Commence donc par être zélé pour toi-même et alors tu auras le droit d’étendre ton zèle jusqu’à ton prochain.

L’Imitation de Jésus Christ, traité spirituel du 15e siècle
Livre II, ch. 2 et 3 (trad. cf bréviaire 3e mar. Avent)

 

 

 

 

« Tout ce qui est voilé sera dévoilé. »

dimanche 25 juin 2017

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Du haut du ciel, Dieu offre à tous les hommes les richesses de sa grâce. Il est lui-même la source de salut et de lumière d’où s’écoulent éternellement la miséricorde et la bonté. Mais tous les hommes ne mettent pas à profit sa force et sa grâce pour l’exercice parfait de la vertu et la réalisation de ses merveilles ; seuls le font ceux qui ont mis leurs résolutions en pratique et qui ont prouvé par des actes leur attachement à Dieu, ceux qui se sont complètement détournés du mal, qui adhèrent fermement aux commandements de Dieu et qui fixent le regard de leur esprit sur le Christ, Soleil de justice (Ml 3,20).

Du haut du ciel, le Christ offre à ceux qui combattent le secours de son bras, et il les exhorte par ces paroles de l’Évangile : « Quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, à mon tour je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux ». En tant que serviteur de Dieu, chacun d’entre les saints se déclare pour le Christ en cette vie passagère et devant des hommes mortels ; il le fait en un court laps de temps et en présence d’un petit nombre d’hommes. Tandis que notre Seigneur Jésus Christ… se déclarera pour nous dans le monde de l’éternité, devant Dieu son Père, entouré des anges et des archanges et de toutes les puissances du ciel, en présence de tous les hommes, depuis Adam jusqu’à la fin des siècles. Car tous ressusciteront et se tiendront devant le tribunal du Christ. Alors, en présence de tous et à la vue de tous, il fera connaître, il glorifiera et il couronnera ceux qui lui ont prouvé leur foi jusqu’à la fin.

Saint Grégoire Palamas (1296-1359), moine, évêque et théologien
Sermon pour le Dimanche de tous les saints ; PG 151, 322-323 (trad. Orval rev.)