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Contre le zèle intempestif

Il y a un zèle excessif, toujours tendu, toujours inquiet, tourmenté, agité ; rien n’est jamais assez parfait pour les âmes possédées de cette ardeur. (…) [S. Benoît] prémunit l’Abbé avec soin contre ce zèle intempestif. « Qu’il ne soit ni brouillon, ni inquiet, ni impatient, ni opiniâtre, ni jaloux, ni trop soupçonneux, car autrement il n’aura jamais de repos ». « Dans les corrections même, qu’il agisse avec prudence et ne commette aucun excès ; de crainte qu’en voulant trop ôter la rouille du vase et rendre celui-ci trop net, il ne le brise… » (Règle, ch. 69). Pourquoi ce zèle est-il « amer » ? Parce qu’il est impatient, indiscret, et qu’il manque d’onction.

C’est de ce zèle que parle Notre-Seigneur dans la parabole du semeur, quand les serviteurs demandent au maître du champ d’aller enlever l’ivraie semée par l’ennemi, ne songeant pas qu’ils risquent d’arracher aussi le bon grain. « Ne voulez-vous pas que nous y allions » ? (Mt 13,28) C’est ce zèle qui transportait les disciples d’indignation et leur faisait appeler le feu du ciel sur la ville de Samarie pour la punir de n’avoir pas reçu leur divin Maître. « Seigneur, voulez-vous ? Il suffira d’une parole » : « Seigneur, voulez-vous que nous commandions que le feu descende du ciel ? » (Lc 9,54) Mais que répond le Christ Jésus à cette ardeur emportée ? « Vous ne savez de quel esprit vous êtes ». « Le Fils de l’homme n’est pas venu sur terre pour perdre mais pour sauver les âmes » (Lc 9,55-56, Add.).

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

 

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