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Archive pour le mot-clef ‘Avent’

« Le Puissant fit pour moi des merveilles. »

mardi 22 décembre 2015

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« Mon âme magnifie le Seigneur. » Comment le magnifies-tu ? Rendrais-tu donc plus grand celui dont la grandeur est infinie ? « Le Seigneur est grand, dit le psalmiste, et louable infiniment » (Ps 144,3). Il est grand, et si grand que sa grandeur ne supporte ni comparaison ni mesure. Comment donc le magnifies-tu, puisque tu ne le rends pas plus grand ?

Tu le magnifies parce que tu le loues. Tu le magnifies parce que, au milieu des ténèbres de ce monde, plus lumineuse que le soleil, plus belle que la lune, plus odorante que la rose, plus blanche que la neige, tu fais connaître davantage la splendeur de Dieu. Tu le magnifies non pas en donnant un accroissement à sa grandeur sans mesure, mais en apportant, parmi les ténèbres du monde, la lumière de la vraie divinité… Tu le magnifies lorsque tu es élevée à une dignité si haute que tu reçois la grâce en plénitude (Lc 1,28), que tu mérites la visite de l’Esprit Saint, et que, devenue Mère de Dieu tout en restant vierge inviolée, tu enfantes un Sauveur pour le monde qui se perd.

D’où vient cela ? De ce que le Seigneur est avec toi (Lc 1,28), le Seigneur qui a fait de ses dons tes mérites. Voilà pourquoi l’on dit que tu le magnifies : parce que toi-même tu es magnifiée en lui et par lui. Ton âme magnifie donc le Seigneur seulement en ce sens que toi-même tu es magnifiée par lui…, car tu es le réceptacle du Verbe, le cellier du vin nouveau qui enivre la sobriété des croyants. Tu es la Mère de Dieu.

Adam de Perseigne (? -1221), abbé cistercien
Lettre à André, chanoine de Tours, 13-15 (trad. Orval ; cf SC 66, p.62)

 

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Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 1,39-45.

lundi 21 décembre 2015

E-5n ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

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Marie est bienheureuse, comme sa cousine Elisabeth le lui a dit, non seulement parce que Dieu l’a regardée, mais parce qu’elle a cru. Sa foi est le plus beau fruit de la bonté divine. Mais il a fallu l’art ineffable du Saint Esprit survenant en elle pour qu’une telle grandeur d’âme s’unisse à une telle humilité, dans le secret de son cœur virginal. L’humilité et la grandeur d’âme de Marie, comme sa virginité et sa fécondité, sont pareilles à deux étoiles qui s’éclairent mutuellement, car en Marie la profondeur de l’humilité ne nuit en rien à la générosité d’âme et réciproquement. Alors que Marie se jugeait si humblement elle-même, elle n’en a été pas moins généreuse dans sa foi en la promesse qui lui était faite par l’ange. Elle qui se regardait uniquement comme une pauvre petite servante, elle n’a nullement douté qu’elle soit appelée à ce mystère incompréhensible, à cette union prodigieuse, à ce secret insondable. Et elle a cru tout de suite qu’elle allait vraiment devenir la mère de Dieu-fait-homme.

C’est la grâce de Dieu qui produit cette merveille dans le cœur des élus ; l’humilité ne les rend pas craintifs et timorés, pas plus que la générosité de leur âme ne les rend orgueilleux. Au contraire, chez les saints, ces deux vertus se renforcent l’une l’autre. La grandeur d’âme non seulement n’ouvre la porte à aucun orgueil, mais c’est elle surtout qui fait pénétrer plus avant dans le mystère de l’humilité. En effet, les plus généreux au service de Dieu sont aussi les plus pénétrés de la crainte du Seigneur et les plus reconnaissants pour les dons reçus. Réciproquement, quand l’humilité est en jeu, aucune lâcheté ne se glisse dans l’âme. Moins une personne a coutume de présumer de ses propres forces, même dans les plus petites choses, plus elle se confie dans la puissance de Dieu, même dans les plus grandes.

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Sermon pour l’octave de l’Assomption, Sur les douze prérogatives de Marie

 

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« L’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. »

dimanche 20 décembre 2015

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Quel mystère nouveau et admirable ! Jean ne naît pas encore et déjà il parle par ses tressaillements ; il ne paraît pas encore et déjà il profère des avertissements ; il ne peut pas encore crier et déjà il se fait entendre par des actes ; il n’a pas encore commencé sa vie et déjà il prêche Dieu ; il ne voit pas encore la lumière et déjà il montre le soleil ; il n’est pas encore mis au monde et déjà il se hâte d’agir en précurseur. Le Seigneur est là : il ne peut pas se retenir, il ne supporte pas d’attendre les limites fixées par la nature, mais il s’efforce de rompre la prison du sein maternel et il cherche à faire connaître d’avance la venue du Sauveur. « Il est arrivé, dit-il, celui qui brise les liens. Et moi je reste enchaîné, je suis encore tenu à demeurer ici ? Le Verbe vient pour tout rétablir et moi, je reste encore captif ? Je sortirai, je courrai devant lui et je proclamerai à tous : Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » (Jn 1,29)

Mais dis-nous, Jean, retenu encore dans l’obscurité du sein de ta mère, comment vois-tu et entends-tu ? Comment contemples-tu les choses divines ? Comment peux-tu tressaillir et exulter ? « Grand, dit-il, est le mystère qui s’accomplit, c’est un acte qui échappe à la compréhension de l’homme. A bon droit j’innove dans l’ordre naturel à cause de celui qui doit innover dans l’ordre surnaturel. Je vois, avant même de naître, car je vois en gestation le Soleil de justice (Ml 3,20). Je perçois par l’ouïe, car en venant au monde je suis la voix qui précède le grand Verbe. Je crie, car je contemple, revêtu de sa chair, le Fils unique du Père. J’exulte, car je vois le Créateur de l’univers recevoir la forme humaine. Je bondis, car je pense que le Rédempteur du monde a pris corps. Je suis le précurseur de son avènement et je devance votre témoignage par le mien. »

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie attribuée (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 3, p. 1039 rev.)

 

 

 

« Tu n’as pas cru à mes paroles. » (Lc 1,20) « Heureuse celle qui a cru. » (Lc 1,45)

samedi 19 décembre 2015

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La mère de Jean Baptiste est une vieille femme stérile ; celle du Christ, une jeune fille dans tout l’éclat de sa jeunesse. Jean est le fruit de la stérilité ; le Christ, celui de la virginité… L’un est annoncé par le message d’un ange ; à l’annonce de l’ange, l’autre est conçu. Le père de Jean ne croit pas à la nouvelle de sa naissance, et il devient muet ; la mère du Christ croit en son fils et, par la foi, elle le conçoit dans son sein. Le cœur de la Vierge accueille d’abord la foi, et alors, devenant mère, Marie reçoit un fruit dans ses entrailles.

Les paroles que Marie et Zacharie adressent à l’ange sont pourtant à peu près semblables. Lorsque l’ange lui annonce la naissance de Jean, le prêtre répond : « Comment vais-je savoir que cela arrivera ? Moi je suis un vieil homme et ma femme aussi est âgée. » À l’annonce de l’ange, Marie répond : « Comment cela va-t-il se faire puisque je suis vierge ? » Oui, ce sont presque les mêmes paroles… Pourtant le premier est repris, la seconde est éclairée. À Zacharie, il est dit : « Parce que tu n’as pas cru » ; à Marie : « Voici la réponse que tu as réclamée. » Encore une fois, ce sont pourtant presque les mêmes paroles de part et d’autre… Mais celui qui entendait les paroles voyait aussi les cœurs ; à lui, rien n’est caché. Le langage de chacun voilait ce qu’il pensait ; mais si cette pensée était cachée pour les hommes, elle ne l’était pas pour l’ange, ou plutôt elle ne l’était pas pour celui qui parlait par l’intermédiaire de l’ange.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 293, 1-2, pour la nativité de saint Jean Baptiste

 

 

 

Saint Joseph, époux de Marie, père nourricier de Jésus, patron de l’Eglise

vendredi 18 décembre 2015

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De même que Dieu établit le patriarche Joseph, fils de Jacob, gouverneur de toute l’Égypte, pour assurer au peuple le froment nécessaire à la vie (Gn 41,40s), ainsi, lorsque furent accomplis les temps où l’Éternel allait envoyer sur la terre son Fils unique pour racheter le monde, il choisit un autre Joseph dont le premier était la préfiguration : il l’établit seigneur et prince de sa maison et de ses biens, il commit à sa garde ses plus riches trésors. En effet, Joseph épousa l’Immaculée Vierge Marie, de laquelle, par la puissance du Saint Esprit, est né Jésus Christ, qui voulut aux yeux de tous passer pour le fils de Joseph et daigna lui être soumis. Celui que tant de prophètes et de rois avaient souhaité de voir (Lc 10,24), non seulement Joseph le vit, mais il conversa avec lui, il le pressa dans les bras d’une paternelle tendresse, il le couvrit de baisers ; avec un grand soin et une sollicitude sans égale, il a nourri celui que les fidèles devaient manger comme le pain de l’éternelle vie.

En raison de cette dignité sublime, à laquelle Dieu éleva son très fidèle serviteur, toujours l’Église a exalté et honoré saint Joseph d’un culte exceptionnel, quoique inférieur à celui qu’elle rend à la Mère de Dieu ; toujours, dans les heures critiques, elle a imploré son assistance… C’est pourquoi nous déclarons solennellement saint Joseph Patron de l’Église catholique.

Bienheureux Pie IX (1792-1878), pape
Décret « Urbi et orbi » du 8 décembre 1870

 

 

 

 

Dieu présent dans le silence

jeudi 17 décembre 2015

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Si vous prenez l’habitude de vous tenir en présence de Dieu, vous l’aurez enfin partout avec vous ! », disait sainte Thérèse d’Avila.
Voici quelques conseils pratiques pour vivre continuellement en présence de Dieu.
Crois et imagine que Jésus est près de toi.Jésus, nous ne le voyons pas, nous ne le touchons pas comme toutes les autres personnes, mais nous savons par la foi que le Christ ressuscité est vivant et nous accompagne sur le chemin de la vie. Comme l’aveugle perçoit la présence d’une autre personne à ses côtés, de même je sens et suis sûr de la présence de Dieu près de moi. Je sais qu’Il m’écoute. Je crois que je l’ai toujours eu à mes côtés et en moi, et que, à présent même, il est ici. Je puis « l’emmener » avec moi partout, m’entretenir familièrement avec Lui, lui demander lumière et force, jouir de sa compagnie.(…)
Avec un regard de foi, tout révèle la présence de Dieu, tout. Les choses, les événements et les personnes. Dieu est dans toute la création puisqu’il lui donne l’existence et la préserve. Les créatures possèdent les caractéristiques de leur auteur et en elles, nous pouvons découvrir les attributs, les qualités essentielles, de Qui les a faits. Nous pouvons reconnaître Dieu dans les personnes parce qu’Il les a créées à son image et sa ressemblance et parce que la grâce sanctifiante court dans leurs veines.
Dieu est là, veut se révéler, se faire connaître de nous, il dépend de chacun d’ouvrir les yeux avec un regard de foi et de le reconnaître. Le contraire serait une sorte de cécité ou de myopie.
Fais chaque jour un examen de conscience empreint de gratitude.
Dieu Providence est présent dans l’histoire et dans ton histoire personnelle, celle de chaque jour. Que cela ne t’échappe pas.
Dieu se manifeste généralement à travers des actes et paroles d’autres personnes, à travers des grâces présentes que l’Esprit Saint t’accordera, des opportunités de grandir, des sacrements etc. De grands évènements ne sont pas nécessaires, Dieu nous offre les dons de son Amour de manière très simple. Il s’agit d’être attentif à capter son intervention providentielle, être réceptif, être humble, de lui attribuer le mérite, de le bénir et de lui rendre grâces.
Si tous les jours, en fin de journée, tu te réserves un temps pour découvrir la façon dont Dieu s’est fait présent dans ta vie et pour le remercier, tu appliqueras par-là un moyen d’une grande efficacité pour cultiver l’habitude de la présence de Dieu. (…)
Acquérir l’habitude de prier avant les activités habituelles contribue particulièrement à stimuler la présence de Dieu. Tu manges trois fois par jour, tu peux bénir le repas trois fois par jour. Quand tu sors de chez toi, tu peux demander la protection de Dieu. (…)
La flamme d’une bougie peut te rappeler le Christ Ressuscité (comme le cierge pascal) et Sa présence dans ton cœur. Tu peux avoir un cierge dans ton bureau, dans la cuisine, ou là où tu passes de longs moments tous les jours, et l’allumer de temps à autre. Le cierge allumé peut t’aider à évoquer la présence du Christ ressuscité à tes côtés et en toi.

aleteia.org 13/11/2015

 

 

 

 

Attente

mercredi 16 décembre 2015

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Comme le jour du jugement dernier, le jour de l’épreuve tombe, comme un filet, de manière imprévisible ; ce qui est certain, c’est qu’il touche l’existence toute entière et que l’on ne pourra pas y échapper. Cependant, de nombreuses personnes fuient cette perspective inéluctable, l’écartant de leur horizon existentiel, pour vivre une illusion de paix.
Lorsque l’épreuve s’abat sur une vie, comment sera-t-elle vécue ? Si les ténèbres du désespoir n’envahissent pas l’âme auparavant aveuglée par les vanités, on peut y décrypter son véritable sens : la souffrance est le cri de Dieu lancé à un monde de sourds. « Convertissez-vous, revenez à moi ! » Ce cri nous sera-t-il familier ou bien nous sera-t-il complètement étranger ?
« Priez en tout temps ». Peut-on prier en tout temps ? (…) tout acte de la vie quotidienne devient prière.
La prière nous met en relation spirituelle avec Dieu, avec le Christ, avec la vierge Marie, avec les saints du ciel. Ce monde en dehors du monde nous devient familier : un monde éclairé non plus par la lumière du soleil, mais par la présence de Dieu dans sa gloire. Lorsque le monde ici-bas passera, nous aurons déjà des repères et des amis dans l’autre. Ainsi, nous nous tiendrons devant le Christ tels que nous sommes et lui nous sauvera de tout péril et de toute confusion.
Ô Jésus, donne-moi de te connaître et augmente en moi la foi. Que tout ce que je dis, tout ce que je fais et tout ce que je suis soit habité par ton Esprit, me tienne éveillé et fasse grandir la louange de ta sainteté dans ma vie. Je te prie, ô Jésus, aussi pour mes proches, pour les chrétiens persécutés. Je te prie pour la conversion des pécheurs et pour les âmes du purgatoire.

Extrait de la méditation écrite par Père Jaroslav de Lobkowicz, LC
catholique.org 28/11/2015

 

 

 

 

« Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole. »

mardi 15 décembre 2015

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Jean Baptiste enseigne en paroles et en actes. Vrai maître, il montre par son exemple ce qu’affirme son langage. Le savoir fait le maître, mais c’est la conduite qui confère l’autorité… Enseigner par les actes est la seule règle de celui qui veut instruire. L’instruction par les paroles, c’est le savoir ; mais quand elle passe dans les actes, c’est la vertu. Est donc authentique le savoir joint à la vertu : c’est elle, elle seule qui est divine et non humaine…

« En ces jours-là, survient Jean le Baptiste, proclamant dans le désert de Judée : ‘ Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche ‘ » (Mt 3,1-2). « Convertissez-vous. » Pourquoi ne dit-il pas plutôt : « Réjouissez-vous » ? « Réjouissez-vous plutôt, parce que les réalités humaines cèdent la place aux réalités divines, les terrestres aux célestes, les temporaires aux éternelles, le mal au bien, l’incertitude à la sécurité, le chagrin au bonheur, les réalités périssables à celles qui demeureront toujours. Le Royaume des cieux est tout proche. Convertissez-vous. » Que ta conduite de converti soit évidente. Toi qui as préféré l’humain au divin, qui as voulu être esclave du monde plutôt que vainqueur du monde avec le Seigneur du monde, convertis-toi. Toi qui as fui la liberté que les vertus t’auraient procurée parce que tu as voulu subir le joug du péché, convertis-toi ; convertis-toi vraiment, toi qui, par peur de posséder la Vie, t’es livré à la mort.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450), évêque de Ravenne, docteur de l’Église
Sermon 167 ; CCL 248, 1025, PL 52, 636 (trad. Matthieu commenté, DDB 1985, p. 34 rev.)

 

 

 

Reconnaître la voix ; reconnaître la Parole

lundi 14 décembre 2015

Jean le Baptiste

Il est difficile de distinguer la parole de la voix, et c’est pourquoi on a pris Jean pour le Christ. On a pris la voix pour la parole ; mais la voix s’est fait connaître afin de ne pas faire obstacle à la parole. « Je ne suis pas le Messie, ni Élie, ni le grand Prophète. » On lui réplique : « Qui es-tu donc ? » Il répond : « Je suis la voix qui crie à travers le désert » (Jn 1,23)…

Il est la voix qui rompt le silence : « Préparez la route pour le Seigneur ». Cela revient à dire : « Moi, je retentis pour faire entrer le Seigneur dans le cœur ; mais il ne daignera pas y venir, si vous ne préparez pas la route ». Que signifie : « Préparez la route », sinon : « Priez comme il faut » ? Que signifie : « Préparez la route », sinon : « Ayez des pensées humbles » ?

Jean le précurseur vous donne lui-même un exemple d’humilité. On le prend pour le Messie, il affirme qu’il n’est pas ce qu’on pense, et il ne profite pas de l’erreur d’autrui pour se faire valoir. S’il avait dit : « Je suis le Messie », on l’aurait cru très facilement puisqu’on le croyait avant même qu’il ne parle. Il l’a nié : il s’est fait connaître, il s’est distingué du Christ, il s’est abaissé. Il a vu où se trouvait le salut. Il a compris qu’il n’était que la lampe (Jn 5,35), et il a craint qu’elle ne soit éteinte par le vent de l’orgueil.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 293,3, pour la nativité de saint Jean Baptiste ; PL 38, 1327 (trad. bréviaire 3e dim. Avent rev.)

 

 

 

« Il tient à la main la pelle à vanner. »

dimanche 13 décembre 2015

baptemeLe baptême par lequel Jésus baptise est « dans l’Esprit Saint et dans le feu ». Si tu es saint, tu seras baptisé dans l’Esprit Saint ; si tu es pécheur, tu seras plongé dans le feu. Le même baptême deviendra condamnation et feu pour les pécheurs indignes ; mais les saints, ceux qui se convertissent au Seigneur avec une foi entière, recevront la grâce du Saint Esprit et le salut.

Donc, celui dont il est dit qu’il baptise « dans l’Esprit Saint et dans le feu, tient la pelle à vanner et va nettoyer son aire à battre le blé ; il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas ». Je voudrais découvrir pour quel motif notre Seigneur tient la pelle à vanner, et par quel souffle la paille légère est emportée çà et là, tandis que le blé, plus lourd, s’accumule en un seul lieu, car, si le vent ne souffle pas, on ne peut pas séparer le blé de la paille.

Je crois que le vent est le symbole des tentations qui, dans la masse mélangée des croyants, révèlent que les uns sont de la paille, les autres, du froment. Car, lorsque votre âme a été dominée par une tentation, ce n’est pas la tentation qui l’a changée en paille, mais c’est parce que vous étiez de la paille, c’est-à-dire des hommes légers et sans foi, que la tentation a dévoilé votre nature cachée. En revanche, quand vous affrontez courageusement les tentations, ce n’est pas la tentation qui vous rend fidèles et constants ; elle révèle seulement les vertus de constance et de courage qui étaient en vous, mais de façon cachée… « Je t’ai affligé et je t’ai fait sentir la faim pour manifester ce que tu avais dans le cœur » (Dt 8,2).

Origène (v. 185-253), prêtre et théologien
Homélies sur l’évangile de Luc, 26, 3-5; SC 87 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 317 rev.)

 

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