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Archive pour le mot-clef ‘humilité’

« Vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. »

mardi 14 mars 2017

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Si quelqu’un trouve bon de désirer une haute charge dans l’Église (cf 1Tm 3,1), qu’il désire l’œuvre que celle-ci permet de réaliser et non l’honneur qui lui est attaché ; qu’il désire aider et servir tous les hommes, plutôt qu’être aidé et servi par tous. Car le désir d’être servi procède de l’orgueil, comme celui des pharisiens, et le désir de servir naît de la sagesse et de l’enseignement du Christ. Ceux qui cherchent les honneurs pour eux-mêmes sont ceux qui s’élèvent, et ceux qui se réjouissent d’apporter leur aide et de servir sont ceux qui s’abaissent pour que le Seigneur les élève.

Le Christ n’a pas parlé ici de celui que le Seigneur élève, mais il a dit : « Celui qui s’élève lui-même sera abaissé », de toute évidence par le Seigneur. Il n’a pas parlé non plus de celui que le Seigneur abaisse, mais il a dit : « Celui qui s’abaisse volontairement sera élevé », en conséquence, par le Seigneur… Ainsi, à peine le Christ s’est-il réservé tout particulièrement le titre de « maître » qu’il invoque la règle de sagesse en vertu de laquelle « celui qui veut devenir grand doit être le serviteur de tous » (Mc 10,43)… Cette règle, il l’avait exprimée en d’autres termes : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29).

Dès lors, quiconque veut être son disciple ne doit pas tarder à apprendre cette sagesse du Christ, car « tout disciple accompli sera comme son maître » (Lc 6,40). Au contraire, celui qui aura refusé d’apprendre la sagesse enseignée par le Maître, loin de devenir un maître, ne sera même pas un disciple.

Saint Paschase Radbert (?-v. 849), moine bénédictin
Commentaire sur l’évangile de Matthieu, 10, 23 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 153 rev.)

 

 

 

« Dieu, crée en moi un cœur pur. » (Ps 50,12)

mercredi 8 février 2017

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Il est dit que seule l’aide de Dieu sauve. Quand un homme sait qu’il n’a plus de secours, il prie beaucoup. Et plus il prie, plus son cœur se fait humble, car on ne peut pas prier et demander sans être humble. « Un cœur brisé et humilié, Dieu ne le méprisera pas » (Ps 50,19). Tant que le cœur ne s’est pas fait humble, il lui est impossible en effet d’échapper à la dispersion l’humilité recueille le cœur.

Quand l’homme s’est fait humble, aussitôt la compassion l’entoure, et son cœur sent alors le secours divin. Il découvre qu’une force monte en lui, la force de la confiance. Quand l’homme sent ainsi le secours de Dieu, quand il sent qu’il est là et qu’il vient à son aide, son cœur aussitôt est comblé de foi, et il comprend alors que la prière est le refuge du secours, la source du salut, le trésor de la confiance, le port dégagé de la tempête, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, le soutien des faibles, l’abri au temps des épreuves, l’aide au plus fort de la maladie, le bouclier qui délivre dans les combats, la flèche lancée contre l’ennemi. En un mot la multitude des biens entre en lui par la prière. Il a donc ses délices désormais dans la prière de la foi. Son cœur rayonne de confiance.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours spirituels, 1ère série, n° 21 (trad. Touraille, DDB 1981, p. 143)

 

 

Psaume 50

 

 

 

 

 

Des serviteurs quelconques

mardi 8 novembre 2016

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La juste manière de servir rend humble celui qui agit. Il n’assume pas une position de supériorité face à l’autre, même si la situation de ce dernier peut à ce moment-là être misérable. Le Christ a pris la dernière place dans le monde –- la croix –- et, précisément par cette humilité radicale, il nous a rachetés et il nous aide constamment. Celui qui peut aider reconnaît que c’est justement de cette manière qu’il est aidé lui aussi. Le fait de pouvoir aider n’est ni son mérite ni un titre d’orgueil. Cette tâche est une grâce.

Plus une personne œuvre pour les autres, plus elle comprendra et fera sienne la parole du Christ : « Nous sommes des serviteurs quelconques ». En effet, elle reconnaît qu’elle agit non pas en fonction d’une supériorité ou d’une plus grande efficacité personnelle, mais parce que le Seigneur lui en fait don. Parfois, le surcroît des besoins et les limites de sa propre action pourront l’exposer à la tentation du découragement. Mais c’est alors justement que l’aidera le fait de savoir qu’elle n’est, en définitive, qu’un instrument entre les mains du Seigneur ; elle se libérera ainsi de la prétention de devoir réaliser, personnellement et seule, l’amélioration nécessaire du monde. Humblement, elle fera ce qui lui est possible de faire et, humblement, elle confiera le reste au Seigneur.

C’est Dieu qui gouverne le monde et non pas nous. Nous, nous lui offrons uniquement nos services, pour autant que nous le puissions, et tant qu’il nous en donne la force. Faire cependant ce qui nous est possible, avec la force dont nous disposons, telle est la tâche qui maintient le bon serviteur de Jésus Christ toujours en mouvement : « L’amour du Christ nous pousse » (2Co 5,14).

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Encyclique « Deus caritas est », § 35 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

« Le publicain… n’osait même pas lever les yeux vers le ciel. »

dimanche 23 octobre 2016

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Quel est le vase où la grâce se déverse de préférence ? Si la confiance est faite pour recevoir en elle la miséricorde, et la patience pour recueillir la justice, quel récipient pourrons-nous proposer qui soit apte à recevoir la grâce ? Il s’agit d’un baume très pur et il lui faut un vase très solide. Or quoi de plus pur et quoi de plus solide que l’humilité du cœur ? C’est pourquoi Dieu « donne sa grâce aux humbles » (Jc 4,6) ; c’est à juste titre qu’il « a posé son regard sur l’humilité de sa servante » (Lc 1,48). À juste titre parce qu’un cœur humble ne se laisse pas occuper par le mérite humain et que la plénitude de la grâce peut s’y répandre d’autant plus librement…

Avez-vous observé ce pharisien en prière ? Il n’était ni un voleur, ni injuste, ni adultère. Il ne négligeait pas non plus la pénitence. Il jeûnait deux fois par semaine, il donnait le dixième de tout ce qu’il possédait… Mais il n’était pas vide de lui-même, il ne s’était pas dépouillé lui-même (Ph 2,7), il n’était pas humble, mais au contraire élevé. En effet, il ne s’est pas soucié de savoir ce qui lui manquait encore, mais il s’est exagéré son mérite ; il n’était pas plein, mais enflé. Et il s’en est allé vide pour avoir simulé la plénitude. Le publicain, au contraire, parce qu’il s’est humilié lui-même et qu’il a pris soin de se présenter comme un vase vide, a pu emporter une grâce d’autant plus abondante.

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
3e sermon sur l’Annonciation, 9-10

 

 

 

« Faîtes-vous des amis avec l’argent trompeur, afin d’entrer dans les demeures éternelles » : secourir les pauvres

dimanche 18 septembre 2016

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Mes amis et mes frères, ne soyons pas de mauvais gérants des biens qui nous sont confiés afin de ne pas nous entendre dire : « Rougissez, vous qui retenez le bien d’autrui ; imitez la justice de Dieu et il n’y aura plus de pauvres ». Ne nous épuisons pas à amasser et à tenir en réserve quand d’autres sont épuisés par la faim ; ainsi nous ne mériterons pas ce reproche amer et cette menace du prophète Amos : « Prenez garde, vous qui dites : ‘Quand le mois sera-t-il passé pour que nous puissions vendre notre blé, et le sabbat pour que nous écoulions notre froment ?’ » (8,5)…

Imitons la loi sublime et première de Dieu « qui fait tomber la pluie pour les justes et pour les pécheurs et fait lever le soleil pour tous également » (Mt 5,45). Tous ceux qui vivent sur terre, il les comble d’étendues immenses de terre en friche, de sources, de fleuves et de forêts. Pour les oiseaux, il donne les airs, et l’eau pour tous les animaux aquatiques. Pour la vie de tous, il donne en abondance les ressources premières qui ne peuvent être ni accaparées par les forts, ni mesurées par des lois, ni délimitées par des frontières ; mais il les donne pour tous de sorte que rien ne manque à personne. Ainsi, par le partage égal de ses dons, il honore l’égalité naturelle de tous ; ainsi montre-t-il toute la générosité de sa bonté… Toi donc, imite cette miséricorde divine.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390), évêque et docteur de l’Église
Homélie 14, sur l’amour des pauvres, 24-26 ; PG 35, 890-891 (trad. Orval rev. ; cf bréviaire 1er lun. carême)

 

 

 

« Revenez à moi de tout votre cœur. » (Jl 2,12)

lundi 22 août 2016

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Parcourons tous les âges et nous apprendrons que, de génération en génération, le Maître a offert la possibilité de se convertir à tous ceux qui voulaient se tourner vers lui. Noé prêcha la conversion, et ceux qui l’écoutèrent furent sauvés. Jonas annonça aux Ninivites la destruction qui les menaçait ; ils se repentirent de leurs péchés, ils apaisèrent Dieu par leurs supplications et ils obtinrent le salut, bien qu’étrangers à Dieu…

Par sa volonté toute-puissante, il veut faire participer tous ceux qu’il aime à la conversion. C’est pourquoi nous devons obéir à sa magnifique et glorieuse volonté. Implorons humblement sa miséricorde et sa bonté ; confions-nous à sa compassion en abandonnant les préoccupations frivoles, la discorde et la jalousie qui ne conduisent qu’à la mort…

Restons humbles, mes frères, rejetons tous les sentiments d’orgueil, de jactance, de vanité et de colère… Attachons-nous fermement aux préceptes et aux commandements du Seigneur Jésus, nous rendant dociles et humbles devant ses paroles. Car voici ce que dit la parole sainte : « Vers qui tournerai-je mon regard, sinon vers l’homme doux, pacifique, qui tremble à mes paroles ? » (Is 66,2).

Saint Clément de Rome, pape de 90 à 100 environ
Lettre aux Corinthiens, § 7-13 ; PA 1, 108-110

 

 

 

 

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. »

samedi 20 août 2016

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Peu importe de savoir qui est avec toi ou contre toi ; prends plutôt soin que Dieu soit avec toi en tout ce que tu fais. Garde ta conscience pure, et Dieu te défendra. Celui que Dieu voudra aider, aucune trahison ne pourra lui faire du mal.

Si tu sais te taire et demeurer patient, sans aucun doute tu recevras l’assistance du Seigneur.
C’est lui qui connaît le moment et la manière de te délivrer, et voilà pourquoi tu dois t’abandonner à lui.
C’est de Dieu que vient le secours, la délivrance de toute humiliation.

Il est souvent très avantageux, pour nous garder dans une plus grande humilité, que les autres connaissent et critiquent nos manquements.
Quand un homme apprend l’humilité de ses manquements, il lui est facile d’apaiser les autres, et il gagne facilement ceux qui s’irritent contre lui.

L’Imitation de Jésus Christ, traité spirituel du 15e siècle
Livre 2, ch. 2 (trad. cf. bréviaire 3e mar. Avent)

 

 

 

Suivre le dernier de tous et le serviteur de tous

mardi 17 mai 2016

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Mon ami, prenons la ressemblance de celui qui nous donne la vie. Alors qu’il était riche, il s’est appauvri lui-même. Alors qu’il était haut-placé, il a abaissé sa grandeur. Alors qu’il habitait les hauteurs, il n’a pas eu de lieu où s’appuyer la tête. Alors qu’il doit venir sur les nuées, il est monté sur un ânon pour entrer à Jérusalem. Alors qu’il est Dieu et fils de Dieu, il a porté la ressemblance de serviteur.

Lui qui est le repos de toutes les peines, il a été fatigué de la peine du chemin. Lui qui est la source qui étanche la soif, il a eu soif et il a demandé de l’eau à boire. Lui qui est la satiété qui rassasie notre faim, il a eu faim quand il jeûnait au désert pour être tenté. Lui qui est le veilleur qui ne dort pas, il s’est endormi et s’est couché dans la barque au milieu de la mer. Lui qui est servi dans la tente de son Père, il s’est laissé servir des mains des hommes. Lui qui est le médecin de tous les hommes malades, ses mains ont été percées par des clous. Lui dont la bouche énonçait de bonnes choses, on lui a donné du fiel à boire. Lui qui n’avait fait de mal ni nui à personne, il a été frappé de coups et il a supporté l’outrage. Lui qui fait vivre tous les morts, il s’est livré lui-même à la mort de la croix.

Notre Vivificateur lui-même a fait preuve de tout cet abaissement ; abaissons-nous nous-mêmes, mes amis.

Aphraate (?-v. 345), moine et évêque près de Mossoul
Les Exposés, n° 6 (trad. SC 349, p. 388)

(références bibliques : 2Co 8,9 ; Ph 2,6-8 ; Mt 8,20 ; Dn 7,13 ; Mt 26,64 ; Jn 12,14-15 ; Ph 2,7 ; Jn 4,6 ; Jn 6,7 ; Mt 4,2 ; Ps 121,4 ; Mt 8,24 ; Ps 49,4 ; Ps 69,22 ; Mt 27,34)

 

 

 

 

 

Neuvaine des 9 étoiles de Marie à l’Esprit Saint – 3ème jour

dimanche 8 mai 2016

carte-de-premiere-communion-jesus-doux-et-humble-de-coeur_11057_1« Heureux les humbles de cœur, car ils hériteront de la terre ! »

Esprit-Saint, divin Paraclet, Père des pauvres, Consolateur des affligés, Lumière des cœurs, Sanctificateur des âmes, me voici prosterné en votre présence ; je vous adore avec la plus profonde soumission et je répète mille fois, avec les Séraphins qui se tiennent devant votre trône : « Saint ! Saint ! Saint ! ». Je crois fermement que vous êtes éternel, procédant du Père et du Fils. J’espère que, par votre bonté, vous sanctifierez et sauverez mon âme. Je vous aime, ô Dieu d’amour ! je vous aime plus que tout ; je vous aime de toutes mes affections, parce que vous êtes une bonté infinie qui mérite seule tout amour ; et puisque, insensible à vos sainte inspirations, j’ai eu l’ingratitude de vous offenser par tant de péchés, je vous en demande mille pardons et je regrette souverainement de vous avoir attristé, ô Amour infini.

 

Ajouter à cette prière Un Pater, un Ave, un Veni Crestor et trois Gloria Patri.

 

 

 

 

 

 

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mardi 1 mars 2016

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Sans pardon, c’est la vengeance. Tu m’as fait mal, c’est à ton tour. C’est la loi du Talion, de l’œil pour œil. La vengeance engendre la violence, et de plus en plus de violence. (…) Il est vrai que nous ne nous vengeons pas toujours, mais nous évitons l’autre, nous le rejetons par une attitude négative, une vengeance subtile, passive : le ressentiment, une mascarade de justice, pour notre amour-propre. Or, la blessure ne guérit pas, elle s’infecte, et se répand à tous les aspects de la vie.
Pardonner, ce n’est pas oublier (…). Le pardon n’est pas l’excuse. Excuser, c’est expliquer le mal, trouver une raison pour les actes de l’offenseur, comme s’il n’était pas responsable. (…) Aucune circonstance atténuante. Il faut le pardon, aucune justice là-dedans.
(…) Le pardon est un choix que tu fais, un cadeau que tu donnes à quelqu’un même s’il ne le mérite pas. Cela ne coûte rien, mais tu te sens riche une fois que tu l’as donné. Le pardon détourne les pulsions de vengeance, il apaise la colère initiale, libère de la haine en soi, de cette haine qui gruge l’existence, et mène à la paix intérieure. (…)
Le pardon est un acte d’amour. Il ne dissout rien des conséquences de la faute, mais enferme le fiel dans un tiroir verrouillé et ouvre la porte à une relation humaine nouvelle, à la vie. Le pardon, c’est l’amour pour l’être dans l’offenseur, c’est reconnaître les limites de l’homme dans l’autre, la faute et ses causes y étant liées, et absoudre l’être.
Le pardon engage l’entièreté de ce que nous sommes. Il demande un effort du cœur, de l’intelligence, des émotions. Sans une bonne dose d’humilité, sans refroidir son égo et se résoudre à se croire humain, égal à l’autre, impossible de pardonner. Et ça prend de la patience. Le pardon prend du temps, ne se fait pas sur un coup de tête. Le pus doit sortir à son rythme.
Enfin, l’aspect le plus important, peut-être, il nécessite la confrontation de l’offenseur et de la victime. Un être devant l’autre. Pas d’accord, rien à comprendre. Seulement pardonner.

Jean-Marc Ouellet, essayiste
Extrait de « Quoi ! Pardonner ? »
Magazine littéraire électronique Le Chat Qui Louche, Québec