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Archive pour le mot-clef ‘St Jean Chrysostome’

« Sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

jeudi 4 août 2016

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Pierre devait recevoir les clés de l’Église, plus encore les clés des cieux ; le gouvernement d’un peuple nombreux devait lui être confié… Si Pierre, avec sa tendance à la sévérité, était resté sans péché, comment aurait-il pu faire preuve de miséricorde pour ses disciples ? Or, selon le dessein de la grâce divine, il est tombé dans le péché, si bien qu’après avoir fait lui-même l’expérience de sa misère, il a pu se montrer bon envers les autres.

Réfléchis bien : celui qui a cédé au péché, c’est bien Pierre, le chef des apôtres, le fondement solide, le rocher indestructible, le guide de l’Église, le port imprenable, la tour inébranlable, lui qui avait dit au Christ : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas » (Mt 26,35), lui qui, par une révélation divine, avait confessé la vérité : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. »

Or, l’évangile rapporte que, la nuit même où le Christ a été livré…, une jeune fille a dit à Pierre : « Toi aussi, hier, tu étais avec cet homme », et Pierre lui a répondu : « Je ne connais pas cet homme » (Mt 26,69s)… Lui, la colonne, le rempart, se dérobe devant les soupçons d’une femme… Jésus a fixé sur lui son regard…; Pierre a compris, s’est repenti de sa faute et s’est mis à pleurer. Et alors le Seigneur miséricordieux lui a accordé son pardon…

Pierre est tombé dans le péché pour que la conscience de sa faute et du pardon reçu du Seigneur le conduise à pardonner aux autres par amour. Il accomplissait ainsi un dessein providentiel conforme à la manière d’agir de Dieu. Il a fallu que Pierre, lui à qui l’Église devait être confiée, la colonne des Églises (Ga 2,9), le port de la foi, celui qui allait enseigner le monde entier, se montre faible et pécheur. Oui, vraiment, c’était pour qu’il puisse trouver dans sa faiblesse une raison d’exercer sa bonté envers les autres.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie sur saint Pierre et saint Élie, 1 ; PG 50, 727

 

 

 

La mort de Jean Baptiste

samedi 30 juillet 2016

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Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean Baptiste »… Dieu voit et laisse faire ; il n’a pas lancé sa foudre du haut des cieux pour dévorer ce visage insolent ; il n’a pas ordonné à la terre de s’entrouvrir et d’engloutir les convives de ce banquet sacrilège. Pourquoi ? Pour préparer à son serviteur un plus beau triomphe et laisser une plus grande consolation à ceux qui le suivraient dans leurs maux… Un prophète et « le plus grand des prophètes », celui à qui le Fils de Dieu a rendu ce témoignage : « Parmi les hommes il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste » (Mt 11,9.11), cet homme admirable a été mis à mort à la demande d’une femme perdue, pour avoir défendu avec vigueur la Loi de Dieu. Par cet exemple, apprenons nous-mêmes à endurer courageusement nos propres souffrances…

Mais remarque le ton modéré de l’évangéliste qui, dans la mesure du possible, cherche des circonstances atténuantes à ce crime. Au sujet d’Hérode, il note qu’il a agi « à cause de son serment et des convives » et qu’« il fut contrarié » ; au sujet de la jeune fille, il remarque qu’elle avait été « poussée par sa mère »… Nous aussi, mes frères, imitons cette modération des apôtres. Plaignons les pécheurs ; ne critiquons pas les fautes du prochain ; cachons-les aussi discrètement que possible ; accueillons la charité en notre âme… Si quelqu’un t’humilie ou t’insulte, tu t’emportes, tu n’hésites pas à traiter ton frère comme un étranger, sans pitié ? Les saints n’agissent pas ainsi : ils pleurent sur les pécheurs, au lieu de les maudire. Faisons comme eux : pleurons sur Hérodiade et sur ceux qui l’imitent. Car on voit aujourd’hui bien des repas du genre de celui d’Hérode ; on n’y met pas à mort le Précurseur, mais on y déchire les membres du corps du Christ.

 

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n°48, 2

 

 

 

 

 

 

 

 

« Sur la bonne terre, ils ont donné du fruit. »

mercredi 20 juillet 2016
"Le semeur" (gouache sur papier) de Sr Marie-Boniface, Bénédictines de Vanves

« Le semeur » (gouache sur papier) de Sr Marie-Boniface, Bénédictines de Vanves

« Voici que le semeur est sorti pour semer. » D’où est-il sorti, celui qui est présent partout, qui remplit l’univers entier ? Comment est-il sorti ? Non pas matériellement, mais par une disposition de sa providence à notre égard : il s’est rapproché de nous en revêtant notre chair. Puisque nous ne pouvions pas aller jusqu’à lui, nos péchés nous en interdisant l’accès, c’est lui qui vient jusqu’à nous. Et pourquoi est-il sorti ? Pour détruire la terre où foisonnaient les épines ? Pour en punir les cultivateurs ? Pas du tout. Il vient cultiver cette terre, s’en occuper et y semer la parole de sainteté. Car la semence dont il parle est, en effet, sa doctrine ; le champ, l’âme de l’homme ; le semeur, lui-même…

On aurait raison de faire des reproches à un cultivateur qui semait si largement… Mais quand il s’agit des choses de l’âme, la pierre peut être changée en une terre fertile, le chemin peut n’être pas foulé par tous les passants et devenir un champ fécond, les épines peuvent être arrachées et permettre aux grains de pousser en toute tranquillité. Si ce n’était pas possible, il n’aurait pas répandu son grain. Et si la transformation n’a pas lieu, ce n’est pas la faute du semeur, mais de ceux qui n’ont pas voulu se laisser changer. Le semeur a fait son travail. Si son grain a été gaspillé, l’auteur d’un si grand bienfait n’en est pas responsable.

Remarque bien qu’il y a plusieurs façons de perdre la semence… Autre chose est de laisser la semence de la parole de Dieu se dessécher sans tribulation et sans tracasserie, autre chose de la voir périr sous le choc des tentations… Pour qu’il ne nous arrive rien de semblable, gravons la parole dans notre mémoire, avec ardeur et profondément. Le diable aura beau arracher autour de nous, nous aurons assez de force pour qu’il n’arrache rien en nous.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur Mt, 44 (trad. Véricel, L’Evangile commenté p. 138s)

 

 

« Ne craignez pas ! »

samedi 9 juillet 2016

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Les houles sont nombreuses et la tempête gronde. N’importe ! Je ne crains pas de naufrage, car une pierre solide est mon appui. Que la mer se déchaîne, elle ne brisera pas ce roc ; que les flots se soulèvent, ils ne peuvent engloutir la barque de Jésus. Je vous le demande, mes bien-aimés, qu’est-ce que je peux craindre, de quoi m’effrayer ? La mort ? « Ma vie, c’est le Christ, et mourir est un avantage » (Ph 1,21). L’exil ? « La terre est au Seigneur et tout ce qui la remplit » (Ps 23,1). La confiscation des biens ? « De même que nous n’avons rien apporté dans le monde, nous ne pourrons rien emporter » (1Tm 6,7)… Si vous trouvez difficile de croire ces paroles, croyez les faits. Combien de tyrans ont essayé d’anéantir l’Église ?… Mais tout cela n’a rien gagné contre elle. Ces hommes, persécuteurs acharnés, où sont-ils ? Tombés en oubli. Et l’Église, où est-elle ? La voilà, avec son éclat éblouissant comme le soleil…

« Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18,20)… J’ai la parole du Christ, son écriture dans mes mains ; je ne m’appuie pas sur des forces humaines. Sa parole est mon arme, ma défense, mon refuge. Si l’univers entier se met à trembler, j’ai sa parole, j’ai son écrit : voilà ma forteresse et mon rempart. En voici les termes : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). Le Christ est avec moi, qu’est-ce que je peux craindre ? Les flots déchaînés, la furie de la mer, la colère des princes : tout cela ne pèse pas plus qu’une toile d’araignée.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
1ère homélie avant son 1er exil, 1-3 ; PG 52, 427-430

 

 

 

« Proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie. »

mardi 5 juillet 2016

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Jésus Christ, chargé de mépris et d’outrages par ses ennemis, s’applique encore plus à leur faire du bien… Il parcourait les villes, les villages, les synagogues, nous enseignant à répondre aux calomnies non par d’autres calomnies, mais par de plus grands bienfaits. Si, en faisant du bien à ton prochain, tu as en vue le bon plaisir de Dieu et non celui des hommes, quoi que fassent les hommes, ne cesse pas tes bienfaits ; ta récompense n’en sera que plus grande… Voilà pourquoi le Christ n’attendait pas la venue des malades ; il allait lui-même à eux, leur portant à la fois les deux biens essentiels : la Bonne Nouvelle du Royaume et la guérison de tous leurs maux.

Et cela même ne lui suffit pas : il manifeste d’une autre manière encore sa sollicitude. « À la vue des foules, il en eut pitié, car ces gens étaient fatigués et prostrés comme des brebis qui n’ont pas de berger. Alors, il dit à ses disciples : ‘ La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson ‘ ». Note encore une fois son éloignement pour la vaine gloire. Ne voulant pas entraîner tout le monde à sa suite, il envoie ses disciples. C’est qu’il veut les former non pas seulement pour les luttes qu’ils vont soutenir en Judée, mais aussi pour les combats qu’ils livreront par toute la terre…

Jésus donne à ses disciples le pouvoir de guérir les corps, en attendant de leur confier le pouvoir autrement important de guérir les âmes. Remarque comment il montre à la fois la facilité et la nécessité de cette œuvre. Que dit-il en effet ? « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. » Ce n’est pas aux semailles que je vous envoie, mais la moisson… En parlant ainsi, notre Seigneur leur donnait confiance et leur montrait que le travail le plus important avait déjà été accompli.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n°32 (trad. Véricel, L’Évangile commenté, p. 158)

 

 

 

Des chemins pour entrer dans la vie éternelle

jeudi 19 mai 2016

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Voulez-vous que je vous indique les chemins de la conversion ? Ils sont nombreux, variés et différents, mais tous conduisent au ciel. Le premier chemin de la conversion, c’est la condamnation de nos fautes. « Commence toi-même par dire tes fautes, pour être justifié » (Is 43,26). Et c’est pourquoi le prophète disait : « J’ai dit : Je veux confesser au Seigneur les iniquités que j’ai commises ; et toi, tu as pardonné le péché de mon cœur » (Ps 31,5). Condamne donc toi-même les fautes que tu as commises, et cela suffira pour que le Maître t’exauce. Celui qui condamne ses fautes, en effet, craindra davantage d’y retomber…

Il y en a un deuxième, qui n’est pas inférieur à celui-là, c’est de ne pas garder rancune à nos ennemis, de dominer notre colère pour pardonner les offenses de nos compagnons de service, car c’est ainsi que nous obtiendrons le pardon de celles que nous avons commises contre le Maître ; c’est la deuxième manière d’obtenir la purification de nos fautes. « Si vous pardonnez à vos débiteurs, dit le Seigneur, mon Père qui est aux cieux vous pardonnera aussi » (Mt 6,14).

Tu veux connaître le troisième chemin de la conversion ? C’est la prière fervente et attentive que tu feras du fond du cœur… Le quatrième chemin, c’est l’aumône ; elle a une puissance considérable et indicible… Ensuite, la modestie et l’humilité ne sont pas des moyens inférieurs pour détruire les péchés à la racine. Nous en avons pour témoin le publicain qui ne pouvait pas proclamer ses bonnes actions, mais qui les a toutes remplacées par l’offrande de son humilité et a déposé ainsi le lourd fardeau de ses fautes (Lc 18,9s).

Nous venons d’indiquer cinq chemins de la conversion… Ne reste donc pas inactif, mais chaque jour emprunte tous ces chemins. Ce sont des chemins faciles et tu ne peux pas prétexter ta misère.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Sermon sur le diable tentateur ; PG 49, 263-264 (trad. bréviaire)

 

 

 

 

 

 

« Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » (Jn 10,11)

vendredi 13 mai 2016

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Ce qui par-dessus tout nous attire la bienveillance d’en haut, c’est la sollicitude envers le prochain. C’est pourquoi le Christ exige cette disposition de Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Et Jésus de lui dire : Pais mes brebis. » Pourquoi, laissant de côté les autres apôtres, Jésus s’adresse-t-il à Pierre à leur sujet ? C’est que Pierre était le premier parmi les apôtres, leur porte-parole, le chef de leur collège, si bien que Paul lui-même est venu un jour le consulter de préférence aux autres (Ga 1,18). Pour bien montrer à Pierre qu’il devait avoir confiance et que son reniement était effacé, Jésus lui donne maintenant la primauté parmi ses frères. Il ne mentionne pas son reniement et ne lui fait pas honte du passé. « Si tu m’aimes, lui dit-il, sois à la tête de tes frères ; et le fervent amour que tu m’as toujours manifesté avec tant de joie, prouve-le maintenant. La vie que tu te disais sur le point de donner pour moi, donne-la pour mes brebis »…

Mais Pierre est troublé à la pensée qu’il pourrait avoir l’impression d’aimer tout en n’aimant pas réellement. Autant, se dit-il, j’étais sûr de moi et affirmatif dans le passé, autant je suis confondu maintenant. Jésus l’interroge trois fois, et trois fois il lui donne le même ordre. Il lui montre ainsi quel prix il attache au soin de ses brebis, puisqu’il en fait la plus grande preuve d’amour envers lui.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Jean, n°88 ; PG 59, 477 (trad. Orval)

 

 

 

« Jésus vint à leur rencontre et leur dit : Je vous salue ; réjouissez-vous. »

lundi 28 mars 2016

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« Venez voir l’endroit où reposait le Seigneur » (Mt 28,6)… Venez voir l’endroit où a été rédigé l’acte garantissant votre résurrection. Venez voir l’endroit où la mort a été ensevelie. Venez voir l’endroit où un corps, grain non semé par l’homme, a produit une multitude d’épis pour l’immortalité… « Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. Annoncez à mes disciples les mystères que vous avez contemplés. »

Voilà ce que le Seigneur a dit aux femmes. Et maintenant encore, au bord de la piscine baptismale, il se tient invisible auprès des croyants, il embrasse les nouveaux baptisés comme des amis et des frères… Il remplit leurs cœurs et leurs âmes d’allégresse et de joie. Il lave leurs souillures dans les fontaines de sa grâce. Il oint du parfum de l’Esprit ceux qui ont été régénérés. Le Seigneur devient celui qui les nourrit et il devient leur nourriture. Il procure à ses serviteurs leur part de nourriture spirituelle. Il dit à tous les fidèles : « Prenez, mangez le pain du ciel, recevez la source qui jaillit de mon côté, celle où l’on puise toujours sans que jamais elle se tarisse. Vous qui avez faim, rassasiez-vous ; vous qui avez soif, enivrez-vous d’un vin sobre et salutaire. »

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie sur le Grand Samedi, 10-12 (attrib.) ; PG 88, 1860-1866 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 55)

 

 

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 7,7-12.

jeudi 18 février 2016

E-5n ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira.
En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira.
Ou encore : lequel d’entre vous donnera une pierre à son fils quand il lui demande du pain ?
ou bien lui donnera un serpent, quand il lui demande un poisson ?
Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent !
« Donc, tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes.

 

Demandez-et-vous-recevrez

 

« Prête l’oreille à mes paroles, Seigneur ! » (Ps 5,2) Tu es venu non seulement prendre en pitié ton peuple Israël, mais sauver toutes les nations…, non seulement restaurer une partie de la terre, mais renouveler le monde entier. Donc « Prête l’oreille à mes paroles, Seigneur ! »… Ne rejette pas ma supplication comme indigne ; ne repousse pas ma prière. Je ne demande pas l’or ou les richesses… C’est en désirant l’amour et le respect pour toi que je crie sans cesse : « Prête l’oreille à mes paroles, Seigneur !

Israël a joui de tes biens ; moi aussi je ferai l’expérience de tes bienfaits. Tu l’as conduit hors d’Egypte ; retire-moi de l’erreur. Tu l’as racheté au Pharaon ; délivre-moi de l’auteur du mal. Tu l’as conduit à travers la Mer Rouge ; conduis-moi à travers l’eau du baptême. Tu l’as guidé par la colonne de feu ; éclaire-moi par ton Esprit Saint. Israël a mangé le pain des anges au désert ; donne-moi ton Corps très saint. Il a bu l’eau du rocher ; désaltère-moi du Sang de ton côté. Israël a reçu les tables de ta Loi ; grave ton Evangile en mon cœur…

« Prête l’oreille à mes paroles, Seigneur ! Comprends mon cri. » Grâce à ce cri Moïse a eu la création comme alliée pour ton peuple [à la Mer Rouge] ; grâce à cette clameur Josué a freiné la course du soleil (Jos 10,12) ; grâce à ce cri Élie a rendu stériles les nuées du ciel (1R 17,1) ; c’est grâce à cette plainte qu’Anne a mis au monde un enfant, contre tout espoir (1S 1,10s). « Seigneur, comprends donc mon cri ! »

Je proclame la puissance absolue du Père et la médiation du Fils, son envoi dans le monde et son obéissance. Le Père siège éternellement, et toi tu as « incliné les cieux et tu es descendu » (Ps 28,10 ;17,10)… Dans le Jourdain tu as reçu son témoignage. En appelant Lazare hors du tombeau, tu as rendu grâces à ton Père… ; en multipliant les pains au désert, tu as levé les yeux vers le ciel et as dit la bénédiction. Quand tu as été suspendu à la croix, c’est lui qui a reçu ton esprit ; quand tu as été déposé dans le tombeau, c’est lui qui t’a ressuscité le troisième jour. C’est tout cela que je crie dans ma prière ; c’est cela que je proclame à travers les âges.

Homélie anonyme du 4e siècle
attribuée à tort à saint Jean Chrysostome (trad. SC 146, p. 67s rev)

 

 

 

Fortifiés par les tentations

dimanche 14 février 2016

« Après son baptême, Jésus a été conduit par l’Esprit à travers le désert, où il a été mis à l’épreuve par le démon »… Tout ce que Jésus a fait et enduré était destiné à nous instruire. Il a donc voulu être conduit en ce lieu pour lutter avec le démon, afin que personne parmi les baptisés ne soit troublé si après son baptême il subit de plus grandes tentations, comme si c’était extraordinaire ; mais il doit supporter tout cela comme étant dans l’ordre des choses. C’est pour cela que vous avez reçu des armes : non pour rester oisifs, mais pour combattre.

Voici pour quels motifs Dieu n’empêche pas les tentations qui vous surviennent. D’abord pour vous apprendre que vous êtes devenus beaucoup plus forts. Puis, afin que vous gardiez la mesure, au lieu de vous enorgueillir des grands dons que vous avez reçus, car les tentations ont le pouvoir de vous humilier. En outre, vous serez tentés afin que cet esprit du mal, se demandant encore si vous avez vraiment renoncé à lui, soit convaincu, par l’expérience des tentations, que vous l’avez totalement abandonné. Quatrièmement, vous êtes tentés pour être entraînés à être plus forts et plus solides que l’acier. Cinquièmement, afin que vous ayez la certitude absolue que des trésors vous ont été confiés. Car le démon ne vous aurait pas assaillis s’il n’avait pas vu que vous receviez un plus grand honneur.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n° 13,1 ; PG 57, 207 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 339s)