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Archive pour le mot-clef ‘Christ’

Qui ne rassemble pas avec moi disperse

jeudi 3 mars 2016

Sur le plan du combat spirituel, la neutralité n’est pas possible. Jésus dit en Matthieu 12.30, Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse. Nous avons eu l’occasion d’étudier ce verset dans la leçon précédente. Nous avions alors mentionné que l’action d’assembler est liée de très près à la construction du temple de Dieu dont il est question en 1Corinthiens 3. Nous allons poursuivre aujourd’hui l’étude de Matthieu 12.30b en nous basant sur la première lettre de Paul aux Corinthiens. Voici ce qu’il écrit en 1Corinthiens 3.9-17.

1Corinthiens 3.9. Car nous sommes ouvriers avec Dieu. Vous êtes le champ de Dieu, l’édifice de Dieu.
10 Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, j’ai posé le fondement comme un sage architecte, et un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit dessus.
11 Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus–Christ.
12 Or, si quelqu’un bâtit sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’œuvre de chacun sera manifestée;
13 car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun.
14 Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense.
15 Si l’œuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu.
16 Ne savez–vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous?
17 Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira; car le temple de Dieu est saint, et c’est ce que vous êtes.

 

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Ce passage est très souvent mal compris. En plus de le citer hors de son contexte, on fait aussi l’erreur de l’interpréter dans le sens d’une piété individualiste, i.e., comment une personne pieuse doit bâtir sa vie chrétienne en Christ. D’autres ont utilisé ce passage pour supporter l’idée qu’on peut être sauvé indépendamment de l’œuvre de chacun. Pourvu que vous ayez la foi, vous serez sauvés, même si vos œuvres ne résistent pas à l’épreuve du feu.

Est-ce vraiment ce que Paul désire nous enseigner ici? Je ne pense pas. Je ne crois pas que Paul, en écrivant ces versets, voulait traiter de la question du salut d’un individu. Il n’est pas non plus en train d’exhorter le croyant à bâtir consciencieusement sa vie sur la personne et l’œuvre de Christ. Ce passage concerne d’abord et avant tout l’église de Dieu. Il tenait à mettre en garde les dirigeants de l’église de Corinthe car il voyait que leur service spirituel au sein de la congrégation courait le risque de ne pas subsister au jour de l’épreuve finale. Ainsi ce passage s’applique à la vie de l’église dans son ensemble, et non pas à celle du chrétien pris individuellement.

Un passage concernant l’église

Considérons quelques-unes des raisons qui nous permettent d’affirmer cela. Tout d’abord, Paul dit au v. 9, ‘Vous êtes le champ de Dieu; vous êtes aussi l’édifice de Dieu.’ Le pronom ‘vous’ est au pluriel. ‘Vous, collectivement, constituez le champ de Dieu de même que la maison de Dieu.’ L’église est comparée ici à un champ ou à un jardin que Dieu cultive. Et lorsque nous regardons le troisième chapitre de 1Corinthiens globalement, nous constatons sans l’ombre d’un doute qu’il traite du sujet de l’établissement d’une église.

S’adressant spécifiquement à l’église de Corinthe, Paul écrit, ‘Je suis venu vous enseigner l’évangile et j’ai aussi fondé une église ici même à Corinthe. Quand je prêchais Christ, j’ai posé les fondations de votre église. Par la suite, Apollos est venu et a continué à bâtir dessus.’ Ou encore, si on veut utiliser l’image du travail dans le champ, ‘J’ai planté; Apollos a arrosé. J’ai planté la semence du royaume dans le sol de cette église et Apollos a arrosé et cultivé les plantes chrétiennes qui ont commencé à germer et à pousser. Cela ne signifie pas que mon rôle soit plus important que celui d’Apollos. Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux. Nous ne faisons qu’un. Nous travaillons tous ensemble au service de Dieu. En fin de compte, tout dépend non pas de celui qui plante ni de celui qui arrose mais de Dieu puisque c’est lui qui fait croître.’

Nous voyons donc que Paul discute ici de la fondation de l’église de Corinthe. Il a semé les graines; quelqu’un d’autre a arrosé. Il a posé le fondement; quelqu’un d’autre construit dessus. Ces principes sont évidemment applicables à l’établissement de n’importe quelle église.

Deuxièmement, il faut remarquer le mot ‘fondement’ au v. 10. Comme un sage architecte, j’ai posé le fondement. Il s’agit d’un terme fréquemment utilisé dans le contexte d’une discussion sur l’église. Ce même mot apparaît ainsi en Éphésiens 2.20 où nous constatons qu’il est également employé en relation avec l’église. Paul écrit dans ce verset que les chrétiens d’Éphèse ont été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. Ici encore Paul parle des croyants non pas sur une base individuelle mais plutôt sur une base collective. Ensemble, ils forment l’église de Dieu. Paul précise que Jésus est la pierre de fondement, un fondement sur lequel repose l’église. Les apôtres et les prophètes, par leur enseignement de la personne et de l’œuvre du Christ, posèrent aussi le fondement de l’église. C’est sur ce fondement que les chrétiens sont édifiés. Tout se rapporte donc à l’église.

Troisièmement, nous lisons l’expression ‘le temple de Dieu’ au v. 17. Encore une fois, il s’agit d’un terme qui se réfère à l’église. Cette expression est écrite au singulier. Paul avait à l’esprit un temple de Dieu. Il ne dit pas, ‘Vous êtes des temples de Dieu.’ Il affirme plutôt, Car le temple de Dieu est saint, et c’est ce que vous êtes. ‘Le temple de Dieu, c’est vous.’ Le mot ‘temple’ est au singulier alors que le pronom ‘vous’ est au pluriel. ‘Vous, collectivement, formez le temple de Dieu.’ D’ailleurs l’expression ‘le temple de Dieu’ est souvent utilisée dans le NT pour désigner l’église chrétienne pris dans son sens collectif (Éphésiens 2.21, 1Pierre 2.5, Apocalypse 3.12). D’autre part, Paul déclare que celui qui détruit le temple de Dieu (en causant des divisions à l’intérieur de l’église) sera puni très sévèrement. Dieu détruira le coupable. Il ne s’agit pas d’une situation où un homme serait en conflit avec un autre. Cet avertissement concerne l’influence destructrice que peut exercer un homme sur l’église, le temple de Dieu.

Édifier l’église de Dieu

Nous voyons donc qu’en écrivant 1Corinthiens 3, Paul avait surtout en tête la croissance de l’église de Dieu, et non pas la piété personnelle du croyant. Ceci étant établi, il est maintenant facile de comprendre que l’œuvre en question consiste à construire l’église de Dieu. Ici encore le parallèle se fait avec Matthieu 12.30. Lorsque Jésus dit, ‘Celui qui rassemble avec moi,’ il est question du rassemblement du peuple de Dieu, de l’église. ‘Celui qui disperse’ se réfère à l’action de disperser le peuple de Dieu, les brebis de Dieu, le troupeau de Dieu, ou la moisson de Dieu. Peu importe l’image choisie, on parle toujours de la même entité : l’église.

En se décrivant comme un bâtisseur pour Dieu, construisant son église, Paul ne fait que reprendre de façon plus élaborée l’enseignement de Jésus en Matthieu 12.30. On sait que Paul a consacré sa vie à bâtir l’église de Dieu. Cette expression, ‘bâtir l’église,’ Paul l’affectionne particulièrement. On le constate par sa fréquente utilisation des mots ‘édifier’ et ‘édification’. Ils apparaissent une vingtaine de fois dans ses écrits, et à chaque fois, ils sont associés au thème de l’église.

Nous constatons rapidement, en lisant les lettres de Paul, que cet apôtre éprouvait un grand amour pour l’église de Christ et qu’il travaillait inlassablement à la construire. ‘Nous sommes la construction de Dieu,’ écrit-il en 1Corinthiens 3.9. Le mot grec pour ‘construction’ est également traduit par le mot ‘édification’. Il désigne autant l’action d’ériger quelque chose que la chose construite elle-même. Ici au v. 9, il est question de l’objet. Il décrit l’église comme étant un édifice, lequel sera appelé ‘temple de Dieu’ au v. 16. D’autre part, du v. 10 au v. 15, l’accent est mis cette fois sur le processus de la construction. D’ailleurs, à plusieurs endroits en 1Corinthiens, la forme verbale et la forme nominale de ce mot sont utilisées pour développer l’idée non pas d’édifice mais ‘d’édifier’ l’église, i.e., d’encourager la croissance spirituelle, dans la sagesse et la piété, de ceux qui composent l’église (1Corinthiens 8.1, 10; 10.23; 14.3-5, 12, 17, 26). On peut faire la même observation dans les autres lettres de Paul (Romains 14.19; 15.2; 2Corinthiens 10.8, 12.19, 13.10; Éphésiens 4.12, 16, 29). À tous ces endroits, l’intense désir de Paul de bâtir la maison de Dieu, d’édifier l’église, est manifeste.

Ouvriers de Dieu

Ce point étant compris, nous devons maintenant préciser l’identité de ceux qui travaillent à la construction spirituelle de l’église. Qui sont les individus qui collaborent ensemble à promouvoir les intérêts de l’église? Regardons ce que Paul nous enseigne. En 1Corinthiens 3.9, il déclare ceci : ‘Nous sommes ouvriers avec Dieu. Vous êtes l’édifice de Dieu.’ Le ‘nous’ concerne Paul et Apollos. Ils sont les bâtisseurs. Il s’agit aussi de Céphas, i.e. l’apôtre Pierre, qui est mentionné au v. 22. Le ‘vous’ correspond à la maison de Dieu, donc à l’église.

Paul dit aux Corinthiens, ‘Nous oeuvrons au service divin, collaborant avec Dieu pour bâtir son église. Vous êtes sa construction, son église. Nous vous avons bâtis.’ Ou encore, en reprenant une autre image, ‘Vous êtes le champ de Dieu dans lequel nous travaillons. Certains d’entre nous ensemencent, alors que d’autres arrosent.’

Les employés de Dieu sont-ils seulement ceux qui s’appellent Paul, Pierre et Apollos? Il est vrai que ce verset s’applique particulièrement aux leaders religieux, aux prédicateurs et aux enseignants de la parole de Dieu. Mais en bout de ligne, nous devons convenir que la responsabilité de bâtir l’église ne repose pas que sur leurs épaules. Chaque chrétien, jeune ou vieux, a un rôle à jouer au sein de l’église. Tous les disciples doivent apporter leur contribution en mettant leurs dons à la disposition du Seigneur. Et Paul nous révèle au v. 13 que lors du retour de Jésus, la qualité de l’œuvre de chacun sera jugée. Tous auront à se présenter devant le tribunal de Christ.

Parmi ceux qui fréquentent l’église aujourd’hui, combien contribuent réellement à son érection? Notez bien les paroles de Jésus. ‘Celui qui assemble avec moi.’ Il n’a pas dit, ‘Celui qui se joint à lui-même.’ Certains individus semblent tellement absorbés par le souci de sauver leur âme qu’ils oublient les besoins spirituels de leur prochain. Ils acceptent de se soumettre à la volonté de Dieu pour leur propre salut mais ne ressentent pas le même enthousiasme lorsqu’il est question de faire la même chose pour les autres. L’enseignement de Jésus nous demande d’aimer Dieu de tout notre cœur ainsi que notre prochain comme nous-mêmes. L’amour du prochain devrait nous inciter à poser des gestes pour l’amener au salut. Il n’y a rien d’égoïste à vouloir sauver son âme. Mais il ne faudrait pas en rester là. Celui qui a foi en Dieu rassemble avec Christ. Il moissonne avec Jésus. Il rassemble les brebis dans l’enclos. Il conduit les hommes jusqu’au royaume de Dieu.

Nous lisons ensuite cet avertissement en 1Corinthiens 3.10 : Que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit dessus, c’est-à-dire au-dessus de ce fondement. L’accent est mis non plus sur l’ouvrier mais sur l’ouvrage qui est accompli. Chaque ouvrier, à savoir quiconque rassemble avec Christ, doit faire attention à la façon dont il construit l’église. Paul nous dit que les travailleurs doivent bâtir sur la fondation qui est déjà en place dans la personne de Jésus-Christ. Et il demande à tous de faire l’ouvrage de manière très consciencieuse car un jour, chacun devra répondre devant Dieu de sa participation à l’œuvre.

Matériaux de construction

À quoi correspondent les six matériaux de construction énumérés par Paul? Avant de répondre à cette importante question, il faut d’abord tenir compte des deux points suivants. (1) Une œuvre, dans le sens d’un travail, ne peut pas être soumis au test du feu. Le mot ‘œuvre’ est employé dans ce passage pour désigner le résultat d’une activité. À cet égard, on peut dire que l’or n’est pas une œuvre. L’or est une matière qu’on utilise pour faire un objet. (2) Dans la liste des matériaux mentionnés, il y en a trois qui résistent au feu (l’or, l’argent et les pierres précieuses) et trois autres que le feu peut consumer, soit le bois, le foin et la paille. L’accent est mis non pas sur la valeur des différents matériaux ni sur l’utilisation qu’on en fait, mais sur le contraste entre le caractère périssable et impérissable des matériaux. Certains matériaux sont inaltérables alors que d’autres se détériorent plus ou moins rapidement avec le temps.

À la lueur du contexte de ce passage, l’or, l’argent et les pierres précieuses représentent pour Paul les véritables enseignements chrétiens ainsi que la vie qui en découle. D’un autre côté, le bois, le foin et la paille désignent les enseignements erronés, de même que les œuvres de la chair. Cette interprétation est celle que vous trouverez dans la plupart des commentaires bibliques.

J’aimerais suggérer que la signification de ces matériaux est peut-être un peu plus large que cela. Voici ce que je veux dire. La métaphore choisie par Paul dans ce passage ne se rapporte pas uniquement aux enseignements et au caractère d’un individu comme nous venons de le mentionner mais aussi aux personnes elles-mêmes, aux hommes et aux femmes qui composent l’église. Certains sont façonnés à l’image du Christ. Ils sont symbolisés par l’or, l’argent et les pierres précieuses. D’autres sont des individus instables. Ceux-ci font partie de la catégorie du bois, de la paille et du chaume. Explorons davantage cette idée.

Bâtir l’église avec des personnes

Nous allons examiner un à un chacun de ces matériaux. Commençons par la fin. Le dernier matériau de la liste est le chaume. Lorsque le fermier moissonne le blé, il coupe la portion supérieure de la céréale. La partie inférieure de la tige qui reste encore sur pied après la récolte est ce qu’on appelle le chaume.

Le mot grec pour ‘chaume’ est également utilisé en Matthieu 11.7 où il est traduit par le mot ‘roseau’ pour représenter celui qui manque de force de caractère et qui se laisse facilement influencer par l’opinion des autres. Jésus dit dans ce verset, Qu’êtes-vous allés voir au désert? Un roseau agité par le vent? Un ‘roseau’, c’est-à-dire quelque chose de faible, facilement agitée par un souffle d’applaudissement ou de déplaisir, tel un roseau qui se balance au vent. Cette question concernait Jean le Baptiste. Jean n’était certainement pas comme le roseau. Il n’était pas comme la paille non plus. Jean préférait mourir que de mentir. Il préférait souffrir plutôt que de se taire. Jésus dira de ce prophète intrépide qu’il est le plus grand homme parmi ceux qui sont nés d’une femme.

Le même mot, ‘roseau’, réapparaît en Matthieu 12.20 où nous lisons la phrase, Il ne brisera point le roseau cassé, et il n’éteindra point le lumignon qui fume, jusqu’à ce qu’il ait fait triompher la justice. Qu’est-ce qu’un roseau cassé? Le roseau a la forme d’un cylindre creux. S’il est plié, ses forces disparaissent. Le roseau cassé devient ainsi le symbole d’un homme à l’esprit froissé, écrasé par le poids de ses péchés. Et Jésus dit, ‘Je suis venu pour amener les pécheurs à se repentir, et non pas pour les juger. Je suis venu pour proclamer la Bonne Nouvelle à ceux qui ont le cœur froissé, et non pas pour appliquer le jugement éternel sur leurs fautes. ‘Le roseau abîmé, je ne le briserai pas.’ Le roseau constitue ainsi l’image de l’homme frêle opprimé par le péché.

Notez que nous parlons toujours d’individus. Le roseau représente une personne, un être humain. Et nous pouvons dire la même chose du foin, l’autre sorte de matériau mentionné par Paul dans sa liste en 1Corinthiens 3. Le mot ‘foin’ se rapporte à des personnes. C’est d’ailleurs ce que nous constatons en 1Pierre 1.24. Dans ce verset, le mot ‘herbe’ provient du même mot grec qui est traduit ailleurs par le mot ‘foin’. Cela se comprend facilement puisque le foin est tout simplement de l’herbe séchée. Que nous dit l’apôtre Pierre? Toute chair est comme l’herbe (le foin), et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe. La chair est aussi éphémère que l’herbe. L’être humain est né de la chair et son caractère transitoire se compare à l’herbe. Il est vite abattu par la mort. Donc l’herbe ou le foin symbolise l’être humain dans son état naturel, i.e., charnel.

Prenons le prochain matériau, le bois. Encore une fois, nous pouvons affirmer que le mot ‘bois’ représente des personnes dans le texte biblique. Luc 23.31 en est un exemple. Il est écrit, Car, si l’on fait ces choses au bois vert, qu’arrivera-t-il au bois sec? Les mots ‘bois vert’ et ‘bois sec’ sont utilisés dans la Bible, particulièrement dans l’AT, pour symboliser respectivement le juste et le méchant. On n’a qu’à lire Ésaïe 23.15, Psaumes 1.3, ou Ézékiel 17.24; 20.47 pour s’en rendre compte. Ici encore, le mot ‘bois’, qu’il soit vert ou sec, évoque un type d’individu.

L’apôtre Paul parle de l’importance de travailler ensemble à construire le temple de Dieu, l’église. Or on ne bâtit pas le temple de n’importe quelle manière. On doit trouver des matériaux de construction. Certain utiliserons le chaume, le foin ou le bois par exemple. Et nous avons vu que chacun de ces matériaux représente des personnes. Ces trois matériaux désignent les êtres humains dans leur état naturel.

Qu’en est-il de l’or, de l’argent et des pierres précieuses? La même observation s’applique ici encore. Ces matériaux symbolisent des personnes. Et ce qu’il y a de particulier dans ce groupe-ci, c’est qu’il est constitué entièrement d’hommes et de femmes marchant dans la justice.

C’est le cas des pierres précieuses par exemple. En 1Pierre 2.5, nous lisons, Vous aussi, comme des pierres vivantes, vous êtes édifiés, pour être une maison spirituelle, une sacrificature sainte. Pierre fait la même déclaration que Paul en 1Corinthiens 3. Vous êtes comme des pierres, des pierres vivantes. Vous êtes précieux car la vie de Dieu habite en vous. Comme des pierres précieuses et vivantes, vous servez à la construction du temple de Dieu, une maison spirituelle. Les croyants sont des pierres vivantes qui, ensemble, forment l’église.

Nous retrouvons donc ici la même analogie. Les pierres symbolisent des personnes, plus spécifiquement des chrétiens nés de nouveau à la vie éternelle. Peut-on faire la même affirmation avec l’or et l’argent? Oui, la même constatation se répète. L’or et l’argent font référence à des personnes. Paul emploie ces deux mots côte à côte en 2Timothée 2.20. Or, dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre; et les uns à honneur, les autres à déshonneur. Dans ce verset, les vrais chrétiens sont représentés par les vases d’or et d’argent. La grande maison est la maison de Dieu, l’église, où se trouve cette vaisselle de grande valeur. Paul dit au verset suivant, ‘Si vous vous purifiez en vous tenant à l’écart des influences corruptrices, vous serez un vase d’honneur, un vase fait d’or ou d’argent. Si vous ne vous purifiez pas des souillures, vous serez alors un vase à déshonneur, un vase impur fait de bois et de terre, destiné à un usage vil.’

Devant le tribunal de Dieu

Nous constatons ainsi que les matériaux énumérés en 1Corinthiens correspondent à des types de personnes. Nous construisons l’église de Dieu en amenant des personnes à croire en Christ et à se joindre à une congrégation chrétienne. Si on veut utiliser les paroles de Jésus en Matthieu 12, on peut dire que ce travail est décrit par l’action de ‘rassembler’ le troupeau. L’église, étant formée des personnes qui la fréquentent, présente ainsi le caractère du matériau qui est utilisé pour sa construction.

Toutefois, ceux qu’on retrouve à l’église le dimanche ne possèdent pas tous la même qualité spirituelle. Une congrégation comprend toujours un mélange de croyants authentiques, de chrétiens de nom et d’incroyants. Certains sont vraiment nés d’en haut (l’or, l’argent, et les pierres précieuses), alors que certains autres professent seulement être chrétiens ou ne professent rien du tout (le chaume, le foin et le bois). Paul nous lance cet avertissement : Faites très attention à la manière dont vous bâtissez le temple de Dieu. Construisez avez des matériaux durables, des matériaux qui résistent au feu comme l’or, l’argent et les pierres précieuses. N’utilisez pas des matériaux qui se détériorent avec le temps. Car un jour, l’œuvre de chacun sera éprouvé par le feu pour montrer ce qu’il vaut.

Paul fait cette sérieuse déclaration en 1Corinthiens 3.13. L’ouvrage de chacun sera rendu manifeste, car le jour le fera connaître, parce qu’il est révélé en feu; et quel est l’ouvrage de chacun, le feu l’éprouvera. Le mot ‘jour’ désigne le jour du jugement devant le tribunal de Christ. Le feu est une autre expression biblique bien connue relative au jugement de Dieu. Lors de son retour, Christ passera en revue les services qui lui auront été rendus. Ceux qui auront construit avec ‘de l’or, de l’argent et des pierres précieuses’ verront leur œuvre résister à l’épreuve du feu. Ils recevront une récompense. Par contre, l’œuvre de ceux qui auront utilisé ‘du bois, de la paille ou du chaume’ ne subsisteront pas au jour de l’épreuve final. Ils subiront une perte. Paul précise qu’il ne s’agit pas de la perte de leur salut puisqu’il ajoute au v. 15 qu’ils ‘seront personnellement sauvés.’ Il est plutôt question de la perte de leur récompense, quelle qu’elle soit.

Notez que c’est l’œuvre qui est brûlé – étant constituée de matériaux périssables – et non pas l’ouvrier lui-même. Le sujet de ce passage concerne le type de matériau que l’ouvrier utilise pour édifier l’église et non pas le type de matériau dont celui-ci serait fait. Or si ces matériaux représentent des gens, vous n’avez pas à réfléchir trop longtemps pour conclure que lorsque le bois, la paille ou le chaume sont consumés, ce sont des personnes qui sont détruites. Voyez-vous ce que cela signifie? Il y aura une perte terrible au jour du jugement. Parmi ceux qui auront fait profession de connaître Dieu, certains découvriront avec stupeur que leurs noms ne sont pas inscrits dans le livre de vie. Cette portion de l’église se fera dire par le Seigneur, ‘Je ne vous connais pas. Allez-vous-en.’ Nous retrouvons ces mots en Matthieu 7.

Sommaire

Résumons brièvement tout ce nous avons appris dans cette leçon. Nous avons d’abord considéré la signification de la déclaration de Jésus en Matthieu 12.30b. Celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. Nous avons vu que cette phrase ne nous laisse que deux choix : Ou bien nous rassemblons avec Jésus, ou bien nous dispersons.

Ensuite nous nous sommes tournés vers 1Corinthiens 3 où il est question de construire l’église. Nous avons assimilé cette activité à celle de rassembler le peuple de Dieu en Matthieu 12.30. Trois noms figurent dans la lettre aux Corinthiens: Paul, Apollos et Pierre. Ceux-ci sont des ouvriers travaillant au service de Dieu. Nous avons également mentionné que dans un sens large, tous les croyants sont des ouvriers de Dieu. Chacun apporte sa contribution dans la construction de son église. C’est pourquoi Paul fait référence à ‘l’œuvre de chacun’ au v. 13. De même, il révèle au v. 8 que ‘chacun recevra sa propre récompense en fonction de son propre travail.’ Le travail de chaque croyant – et non pas seulement de ceux qui ont un ministère d’enseignement ou de leadership – sera jugé par le Seigneur.

C’est en édifiant l’église avec des personnes que nous bâtissons le temple de Dieu. Et lorsque nous édifions des gens, nous prenons soin de leur avancement spirituel. Il ne suffit pas d’accepter Christ une fois dans sa vie. La nouvelle vie qui résulte de cette décision doit servir à l’édification des autres. De cette façon, l’église continuera de croître dans la grâce de Dieu.
Le chrétien est appelé non seulement à croire en Christ mais aussi à collaborer avec Dieu pour l’édification de son église, à le servir pour accomplir la tâche qui lui a été impartie. Celui qui n’assemble pas avec moi, disperse. Ceux qui ne se conforment pas à cette ordonnance de conduire les âmes perdues à la foi se mettent en travers du chemin menant au royaume de Dieu. Ils entravent l’œuvre de Dieu en dispersant les hommes.

 

Yves I-Bing Cheng, M.D., M.A.
www.entretienschretiens.com

 

 

« Un pauvre…était couché devant le portail. »

jeudi 25 février 2016

La-pauvreté

Le Christ a dit : « J’étais affamé et vous m’avez nourri » (Mt 25,35). Il a été affamé non seulement de pain mais aussi de l’affection bienveillante qui fait que l’on se sent aimé, reconnu, que l’on se sent être quelqu’un aux yeux de quelqu’un d’autre. Il a été dénudé non seulement de tout vêtement, mais aussi de toute dignité et considération puisque la plus grande injustice à commettre envers le pauvre est de le mépriser parce qu’il est pauvre. Il a été privé non seulement d’un toit…mais aussi a subi toutes les privations qu’endurent ceux que l’on enferme, qui sont rejetés ou exclus, errant de par le monde sans qu’il n’y ait personne pour se soucier d’eux.

Descends dans la rue, sans plus de propos que cela. Vois cet homme, là, au coin, et va vers lui. Peut-être qu’il s’en irritera, mais tu seras là, en face de lui, en présence. Tu dois manifester la présence qui est en toi par l’amour et l’attention avec lesquels tu t’adresses à cet homme. Pourquoi ? Parce que, pour toi, c’est de Jésus qu’il s’agit. Jésus, oui, mais qui ne peut pas te recevoir chez lui –- voilà la raison pour laquelle tu dois savoir aller vers lui. Jésus, oui, mais caché en la personne qui est là. Jésus, dans le plus petit de nos frères (Mt 25,40), n’est pas seulement affamé d’un morceau de pain, mais aussi d’amour, de reconnaissance, d’être pris en compte.

Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité
No Greater Love (trad. Il n’y a pas de plus grand amour, Lattès 1997, p. 91)

 

 

 

Chemin de croix, chemin de gloire

jeudi 11 février 2016

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« Voici venue l’heure où le Fils de l’homme doit être glorifié » (Jn 12,23)… Après avoir annoncé sa glorification étonnante, qui semblait incompatible avec sa Passion, Jésus ajoute : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt pas, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (v. 24). « Que ma mort ne vous trouble donc pas. Le grain de blé est seul avant de tomber en terre, mais une fois tombé et mort, il germe pour une grande gloire et porte le double de fruits ; il déploie ses richesses devant tous et montre l’éclat de sa beauté. Pensez qu’il en est de même de moi. Maintenant je suis seul et sans gloire, méconnu dans la foule obscure des autres hommes. Mais lorsque j’aurai subi les souffrances de la croix, je ressusciterai avec grande gloire. Alors je porterai de nombreux fruits »…

Après ces prédictions à son propre sujet, Jésus exhorte ses disciples à l’imiter : « Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui cesse de s’y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle » (v. 25). « Donc, non seulement ma Passion ne doit pas vous scandaliser…, mais vous devez être prêts vous aussi à subir les mêmes souffrances pour porter les mêmes fruits. » Il dit ensuite très simplement : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive. » « Si quelqu’un veut être mon serviteur, qu’il montre par ses actes qu’il veut marcher à ma suite. » « Là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera » (v. 26). « Celui qui prend part à mes souffrances aura également part à ma gloire ; il sera avec moi éternellement dans le monde à venir et il partagera ma joie dans le Royaume des cieux. Voilà comment mon Père honorera ceux qui m’auront servi avec fidélité. »

Théodore de Mopsueste (?-428), évêque et théologien
Commentaire de l’évangile de Jean ; CSCO 116, p. 171s (trad. Orval rev.)

 

 

 

« Tous ceux qui touchèrent la frange de son manteau étaient sauvés. »

lundi 8 février 2016

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Ô vrai Dieu et mon Seigneur ! Pour l’âme affligée de la solitude où elle vit en ton absence, c’est une grande consolation que de savoir que tu es partout. Mais à quoi bon, Seigneur, quand la force de l’amour et l’impétuosité de cette peine augmentent, et le cœur se trouble, si bien que nous ne pouvons plus comprendre ni connaître cette vérité ? L’âme sait seulement qu’elle est séparée de toi, et elle n’admet aucun remède. En effet, le cœur qui aime beaucoup ne supporte pas d’autres conseils ni consolations que Celui-là même qui l’a blessé ; c’est de lui seul qu’il attend la guérison de sa peine.

Quand tu le veux, Seigneur, tu guéris à l’instant la blessure que tu as faite. Ô Bien-Aimé véritable, avec quelle compassion, quelle douceur, quelles bonté et tendresse, avec quelles marques d’amour, tu guéris les plaies des flèches de ton amour ! Ô mon Dieu, tu es le repos de toute peine. Quelle folie que de chercher des moyens humains pour guérir ceux qui sont malades du feu divin ? Qui peut savoir jusqu’où va cette blessure, d’où elle vient, et comment apaiser un tel tourment ? Comme l’épouse du Cantique des cantiques a raison de dire : « Mon Bien-Aimé est à moi, et je suis à lui ! » (11,6) En effet, l’amour que je ressens ne peut pas avoir son origine dans la bassesse de mon amour. Et pourtant, ô mon Époux, si bas que soit mon amour, comment se fait-il qu’il dépasse toute chose créée pour atteindre son créateur ?

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), carmélite, docteur de l’Église
Exclamation 16 (trad. cf Auclair,Œuvres 1964, p. 534 et OC, Cerf 1995, p. 892)

 

 

 

Prier, veiller, prier, annoncer avec internet

lundi 1 février 2016

Like- Blue internet background (Global and Communication concept)

En 2000 ans, les apôtres, envoyés par le Christ et guidés par l’Esprit Saint, ont porté la Bonne Nouvelle aux cinq continents. Au XXIe siècle, nous sommes appelés à être les évangélisateurs du sixième continent: Internet. Quelques conseils pour bien s’y prendre !

La prière est le début de la mission, dans la rue aussi bien que sur Internet : prions pour la conversion de tous les internautes ! Vous pouvez lire l’Evangile au quotidien , méditer l’Evangile du jour avec Catholique.org, visiter quotidiennement notre blog et notre page Facebook ou suivre une retraite en ligne avec les dominicains. Pourquoi ne pas aussi se déconnecter 15 minutes et sortir son chapelet de sa poche car « Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain » (Psaume 126).

« Veillez et priez » . Le commandement du Christ au soir de sa Passion vaut pour les missionnaires du Net. Combien d’articles, de vidéos, lisons-nous, voyons-nous, les yeux fatigués et la conscience éteinte ? Soyez des internautes avertis. Contactez la rédaction quand un article insulte notre foi, signez des pétitions, signalez les photos et les vidéos abusives sur Youtube et Facebook. Ne restez pas indifférents. « Si le Seigneur ne garde la ville, c’est en vain que veillent les gardes. » (Psaume 126)

« N’ayez pas peur! » nous crie encore Jean Paul II. Annoncez le royaume de Dieu sur Internet ! Créez votre blog ou votre site. Mettez vos talents au service du site Internet de votre paroisse. Ecrivez la page de votre saint préféré sur Wikipédia. Aussi, prenez le temps de répondre aux commentaires sur d’autres sites et blogs pour défendre la Vérité. Engagez vos amis sur Facebook en participant à leurs débats de vie qui sont des débats de foi !

Saint Paul nous exhorte (Ephésiens 4, 2) : « en toute humilité et douceur, avec patience, encouragez-vous les uns les autres avec charité ». Sur Internet, il suffit d’utiliser les boutons de partage en un clic pour diffuser un article ou une vidéo. Pensez aussi à écrire à l’auteur d’un article courageux, ou à l’auteur d’une belle vidéo chrétienne. Ecrivez des mails et encouragez vos prêtres, vos pasteurs, vos communautés. Avec Internet, c’est gratuit, allez-y !

catholique.org, évangélisation

« Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. »

dimanche 31 janvier 2016

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Le Christ a voulu amener à lui le monde entier et conduire à Dieu le Père tous les habitants de la terre… Les gens venus du paganisme, enrichis de la foi dans le Christ, ont bénéficié du divin trésor de la proclamation qui apporte le salut. Par elle, ils sont devenus participants du Royaume des cieux et compagnons des saints, héritiers des réalités inexprimables (Ep 2,19.3,6)… Le Christ promet la guérison et le pardon des péchés à ceux qui ont le cœur brisé, et il rend la vue aux aveugles. Comment ne seraient-ils pas aveugles ceux qui ne reconnaissent pas celui qui est le Dieu véritable ? Leur cœur n’est-il pas privé de la lumière divine et spirituelle ? A eux, le Père envoie la lumière de la vraie connaissance de Dieu. Appelés par la foi, ils l’ont connu ; plus encore, ils ont été connus par lui. Alors qu’ils étaient fils de la nuit et des ténèbres, ils sont devenus enfants de la lumière (Ep 5,8), car le jour les a illuminés, le Soleil de justice s’est levé pour eux (Ml 3,20), et l’étoile du matin leur est apparue dans tout son éclat (Ap 22,16).

Rien pourtant ne s’oppose à ce que nous appliquions tout ce que nous venons de dire aux descendants d’Israël. Eux aussi, en effet, avaient le cœur brisé, ils étaient pauvres et comme prisonniers, et remplis de ténèbres… Mais le Christ est venu annoncer les bienfaits de son avènement, précisément aux descendants d’Israël avant les autres, et proclamer en même temps l’année de grâce du Seigneur (Lc 4,19) et le jour de la récompense.

L’année de grâce, c’est celle où le Christ a été crucifié pour nous. Car c’est alors que nous sommes devenus agréables à Dieu le Père. Et nous portons du fruit par le Christ, comme lui-même nous l’a enseigné : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne un fruit plus abondant » (Jn 12,24). Il a dit encore : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32). En vérité, il a repris vie le troisième jour, après avoir foulé aux pieds la puissance de la mort. Puis il a dit aux saints disciples : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,18-19).

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église
Sur le prophète Isaïe, 5, 5; PG 70, 1352 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 394)

 

 

 

« Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien…? de sauver une vie ? »

mercredi 20 janvier 2016

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Dieu est-t-il à l’œuvre, travaille-t-il, le jour du sabbat ? Certes oui, car autrement le ciel disparaîtrait, la lumière du soleil s’éteindrait, la terre perdrait consistance, tous les fruits manqueraient de sève et la vie des hommes périrait si, à cause du sabbat, la force constitutive de l’univers cessait d’agir. Mais en fait, il n’y a aucune trêve ; aussi bien pendant le sabbat que durant les six autres jours, les éléments de l’univers continuent à remplir leur fonction. À travers eux le Père œuvre donc en tous temps, mais il agit dans le Fils qui est né de lui et par qui tout cela est son œuvre… Par le Fils, l’action du Père se poursuit donc le jour du sabbat. Et par conséquent il n’y a pas de repos en Dieu, puisque aucun jour ne voit cesser l’œuvre de Dieu.

Ainsi en est-il de l’action de Dieu. Mais en quoi consiste son repos ? L’œuvre de Dieu, c’est l’œuvre du Christ. Et le repos de Dieu, c’est Dieu, le Christ, car tout ce qui appartient à Dieu est véritablement dans le Christ à tel point que le Père peut s’en reposer sur lui.

Saint Hilaire (v. 315-367), évêque de Poitiers et docteur de l’Église
Traité sur le psaume 91, 3,4-5,7 ; PL 9, 495-498 (trad. Orval)

 

 

Dans le silence

samedi 16 janvier 2016

www.freepix4all.com

Toi, mon frère lecteur, tends l’oreille.
Le murmure du vent qui parfois se tait porte la musique de la voix de Dieu. Une voix de fin silence. Un presque rien.
Quelques feuilles d’arbre frémissent à peine. Un ange passe.
Le Serviteur des serviteurs, et Roi des rois ne crie pas quand il parle. Sa voix est une caresse qui calme les brûlures, mais on ne l’entend pas annoncer ses merveilles dans un haut-parleur.
Il est tout près, tout près de toi, et frappe à ta porte. Jamais il n’entrera sans ton accord. Il ne force pas les serrures, ne s’impose pas.
C’est pourtant lui a qui a tendu la toile du ciel au-dessus de ta tête, accroché une à une les étoiles pour que tu puisses t’orienter dans la nuit. C’est lui qui a découpé soigneusement la feuille de chêne, et colorié les tulipes d’avril. Il a choisi le parfum du lilas, et aimé donner un manteau de laine au mouton.
Mais de cela il ne se vante pas. Il l’offre. Il donne tout pour tes yeux, pour tes sens, pour ta vie. Ainsi parle Dieu.
Toute la joie du monde et toute la joie de Dieu t’est donnée dans ce frère Christ qui te parle à l’oreille. Il ne vient pas te condamner, mais tuer en toi ce qui te tue, à commencer par le sentiment de ton indignité. Tu verras : la vie devient spacieuse quand on le laisse entrer chez soi.
N’aie pas peur, il prend sur lui ce qui t’effraies, y compris ta propre faute. Et jamais, jamais, ne te le fera sentir. Tu verras, sa voix te rendra léger. N’aie pas peur de parler à ce Dieu si discret, qui n’attend que ta voix pour répondre à la sienne. Dieu est conversation.

« Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n’entendra pas sa voix sur la place publique. […]  » Livre d’Isaïe 42,1

Soeur Anne Lécu, dominicaine, médecin de prison
Paris

 

 

« Servant Dieu jour et nuit »

mercredi 30 décembre 2015

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Dans les Saintes Écritures, le vrai soleil et le jour véritable, c’est le Christ ; c’est pourquoi pour les chrétiens, aucune heure n’est exclue, et sans cesse et toujours il faut adorer Dieu. Puisque nous sommes dans le Christ, c’est-à-dire dans la lumière véritable, tout au long du jour, soyons en supplications et en prière. Et quand selon le cours du temps, la nuit revient après le jour, rien dans les ténèbres nocturnes ne nous empêche de prier : pour les fils de lumière (1Th 5,5), il fait jour même dans la nuit. Quand donc est-il sans la lumière, celui dont la lumière est dans le cœur ? Quand donc fait défaut le soleil, quand donc n’est-ce plus jour pour celui dont le Christ est Soleil et Jour ?

Pendant la nuit donc ne laissons pas la prière. C’est ainsi qu’Anne, la veuve, obtenait la faveur de Dieu en persévérant dans la prière et dans les veilles comme il est écrit dans l’Évangile : « Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant jour et nuit dans les jeûnes et la prière »… Que la paresse et le laisser-aller ne nous empêchent pas de prier. Par la miséricorde de Dieu, nous avons été recréés dans l’Esprit et nous sommes renés. Imitons donc ce que nous serons. Nous devons habiter un royaume où il n’y aura plus de nuit, où brillera un jour sans déclin, veillons déjà pendant la nuit comme s’il faisait plein jour. Appelés à prier et à rendre grâces sans fin à Dieu au ciel, commençons déjà à prier sans cesse et à rendre grâces ici-bas.

Saint Cyprien (v. 200-258), évêque de Carthage et martyr
Sur le Notre Père ; PL 4, 544 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 280)

 

 

 

« La gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. »

jeudi 24 décembre 2015

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La nuit enveloppait le monde entier avant que se lève la lumière véritable, avant la naissance du Christ ; la nuit régnait aussi en chacun de nous, avant notre conversion et notre régénération intérieure. N’était-ce pas la nuit la plus profonde, les ténèbres les plus épaisses sur la face de la terre quand nos pères honoraient des faux dieux ? … Et une autre nuit sombre n’était-t-elle pas en nous quand nous vivions sans Dieu en ce monde, suivant nos passions et les attraits de ce monde, faisant des choses dont nous rougissons aujourd’hui comme d’autant d’œuvres de ténèbres ? …

Mais maintenant vous êtes sortis de votre sommeil, vous vous êtes sanctifiés, devenus enfants de la lumière, enfants du jour, et non plus des ténèbres et de la nuit (1Th 5,5)… « Demain vous verrez la majesté de Dieu en vous. » Aujourd’hui, le Fils s’est fait pour nous justice venue de Dieu ; demain, il se manifestera comme notre vie, pour que nous paraissions avec lui dans la gloire. Aujourd’hui un petit enfant est né pour nous, pour nous empêcher de nous élever dans la vaine gloire et, en nous convertissant, pour devenir comme de petits enfants (Mt 18,3). Demain il va se montrer en sa grandeur pour nous pousser à la louange et pour que nous aussi nous puissions être glorifiés et loués lorsque Dieu décernera à chacun sa gloire… « Nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est » (1Jn 3,2). Aujourd’hui, en effet, nous ne le voyons pas en lui-même, mais comme en un miroir (1Co 13,12) ; maintenant il reçoit ce qui relève de nous. Mais demain nous le verrons en nous, lorsqu’il nous donnera ce qui relève de lui, quand il se montrera tel qu’il est en lui-même et nous prendra pour nous élever jusqu’à lui.

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
5e Sermon pour la Vigile de Noël

 

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