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Archive pour le mot-clef ‘St Jean Chrysostome’

« La moisson est abondante… Priez donc le Maître d’envoyer des ouvriers. »

samedi 14 février 2015

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Quand l’agriculteur sort de chez lui pour aller faire la moisson, il déborde de joie et resplendit de bonheur. Il n’envisage ni les peines ni les difficultés qu’il pourra rencontrer. Ayant en tête la moisson qui va lui revenir, il court, il se hâte de faire la récolte annuelle. Absolument rien ne peut le retenir, l’empêcher ou le faire douter de l’avenir : ni pluie, ni grêle, ni sécheresse, ni légions de sauterelles malfaisantes. Ceux qui s’apprêtent à moissonner ne connaissent pas ces inquiétudes, si bien qu’ils se mettent au travail en dansant et en bondissant de joie.

Vous devez être comme eux et aller par toute la terre avec une joie beaucoup plus grande encore. C’est la moisson qui l’emporte. La moisson que vous avez à faire est très facile, elle vous attend sur des champs tout préparés. Le seul effort qui vous est demandé est de parler. Prêtez-moi votre langue, dit le Christ, et vous verrez le grain mûr entrer dans les greniers du roi.

C’est pourquoi il envoie ses disciples en disant : « Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). C’est lui qui rendait faciles les choses difficiles. Les apôtres réalisaient d’une manière visible la parole du prophète : « Moi, je marcherai devant toi et j’aplanirai les hauteurs » (Is 45,2). Le Christ marchait devant eux, et il rendait la route facile.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie sur la moisson abondante, 10,3 ; PG 63, 515-524 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 108)

 

Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

dimanche 28 décembre 2014

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Que puis-je dire de ce mystère ? Je vois un ouvrier, une mangeoire, un enfant, des langes, l’enfantement d’une vierge privée de tout le nécessaire, toutes les marques de l’indigence, tout le fardeau de la pauvreté. Avez-vous jamais vu la richesse dans une telle pénurie ? Comment celui qui était riche s’est-il fait pauvre pour nous (2Co 8,9) au point que, privé de berceau et de couvertures, il est couché dans une dure mangeoire ? … Ô richesse immense, sous les apparences de la pauvreté ! Il dort dans une mangeoire et il ébranle l’univers. Lui qui est serré dans ses langes, il brise les chaînes du péché. Alors qu’il ne peut pas prononcer un mot, il a instruit les mages pour qu’ils rentrent par un autre chemin. Le mystère dépasse la parole !

Voici le bébé enveloppé de langes, couché dans une mangeoire ; il y a là aussi Marie, à la fois vierge et mère ; il y a encore Joseph qu’on appelle son père. Celui-ci a épousé Marie, mais le Saint Esprit a couvert Marie de son ombre. C’est pourquoi Joseph était angoissé, ne sachant comment appeler l’enfant… Dans cette anxiété, un message lui a été apporté par un ange : « Ne crains pas, Joseph, l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Mt 1,20)… Pourquoi le Sauveur est-il né d’une vierge ? Jadis Eve, qui était vierge, s’est laissé séduire et a enfanté la cause de notre mort ; Marie, ayant reçu de l’ange la Bonne Nouvelle, a enfanté le Verbe fait chair qui nous apporte la vie éternelle.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie pour Noël ; PG 56, 392 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 24)

 

 

 

Saint Simon et saint Jude (Thaddée), Apôtres, fête

mardi 28 octobre 2014

Jésus choisit ses apôtres

Saint Paul disait : « La faiblesse de Dieu est plus forte que tous les hommes » (1Co 1,25). Que la prédication soit l’œuvre de Dieu, c’est évident. Comment douze hommes, des ignorants, ont-ils pu avoir l’idée d’une telle démarche, eux qui vivaient près des lacs et des fleuves et dans le désert ? Eux qui n’avaient jamais fréquenté les villes et leurs assemblées, comment ont-ils pu songer à se mobiliser contre la terre entière ? Ils étaient craintifs et sans courage : l’évangéliste le montre bien, il n’a voulu ni excuser ni cacher leurs défauts. C’est là une preuve très forte de vérité. Que dit-il à leur sujet ? Quand le Christ a été arrêté, après avoir fait les miracles innombrables, la plupart se sont enfuis, et celui qui était leur chef de file n’est resté que pour le renier.

Quand le Christ était vivant, ces hommes étaient incapables de soutenir les assauts de ses ennemis. Et lorsqu’il était mort et enseveli…, comment croyez-vous qu’ils se seraient mobilisés contre la terre entière ? Est-ce qu’ils n’auraient pas dû se dire : « Il n’a pas été capable de se sauver lui-même, et il nous protégerait ? Quand il était vivant, il n’a pas pu se défendre, et maintenant qu’il est mort, il nous tendrait la main ? Quand il était vivant, il n’a pas pu se soumettre aucune nation, et nous allons convaincre la terre entière en proclamant son nom ? »… La chose est donc évidente : s’ils ne l’avaient pas vu ressuscité et s’ils n’avaient pas eu la preuve de sa toute-puissance, ils n’auraient pas pris un risque pareil.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie sur la 1ère lettre aux Corinthiens 4, 3 ; PG 61,34 (trad. bréviaire 24/08)

 

 

 

 

Saint Luc, évangéliste : « J’ai décidé…d’écrire pour toi un exposé suivi. » (1,3)

samedi 18 octobre 2014

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La lecture des saintes Écritures est un pré spirituel et un paradis de délices, bien plus agréable que le paradis d’autrefois. Ce paradis, Dieu ne l’a pas planté sur la terre, mais dans les âmes des fidèles. Il ne l’a pas placé dans l’Éden, ni en Orient dans un lieu précis (Gn 2,8), mais il l’a étendu partout sur la terre et l’a déployé jusqu’aux extrémités de la terre habitée. Et puisque tu comprends qu’il a étendu les saintes Écritures sur toute la terre habitée, écoute le prophète qui dit : « Leur voix a retenti par toute la terre et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde » (Ps 18,5; Rm 10,18)…

Ce paradis a aussi une source comme celui d’autrefois (Gn 2,6.10), source d’où naissent d’innombrables fleuves… Qui le dit ? Dieu lui-même qui nous a fait le don de tous ces fleuves : « Celui qui croit en moi, dit-il, selon le mot de l’Écriture, de son sein couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7,38)… Cette source est incomparable non seulement par son abondance, mais encore par sa nature. En effet ce ne sont pas des rivières d’eau, mais les dons de l’Esprit. Cette source se partage entre toutes les âmes des fidèles, mais elle n’en est pas diminuée. Elle est divisée, mais elle n’est pas épuisée… Tout entière chez tous et tout entière en chacun : tels sont en effet les dons de l’Esprit.

Veux-tu savoir quelle est l’abondance de ces rivières ? Veux-tu savoir la nature de ces eaux ? En quoi elles sont différentes des eaux d’ici-bas, parce qu’elles sont meilleures et plus magnifiques ? Écoute à nouveau le Christ parlant à la Samaritaine pour comprendre l’abondance de la source : « L’eau que je donnerai à celui qui croit, dit-il, deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle » (Jn 4,14)… Veux-tu aussi connaître sa nature ? Fais-en usage ! Elle n’est pas utile en effet pour la vie d’ici-bas, mais pour la vie éternelle. Passons donc notre temps dans ce paradis : soyons invités à boire à cette source.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
3ème Homélie sur l’inscription des Actes des Apôtres ; PG 51,87 (trad. coll. Migne, n° 66, p. 132)

 

 

 

« Les souffrances du Messie et la gloire qui suivrait sa Passion. » (1P 1,11)

vendredi 26 septembre 2014

croix2À l’approche de sa mort, le Sauveur s’écriait : « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils » (Jn 17,1). Or, sa gloire, c’est la croix. Comment donc pourrait-il avoir cherché à éviter ce qu’il avait demandé à un autre moment ? Que sa gloire soit la croix, l’Évangile nous l’enseigne en disant : « L’Esprit Saint n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (Jn 7,39). Voici le sens de cette parole : la grâce n’avait pas encore été donnée, parce que le Christ n’était pas encore monté sur la croix pour réconcilier Dieu et les hommes. En effet, c’est la croix qui a réconcilié les hommes avec Dieu, qui a fait de la terre un ciel, qui a réuni les hommes aux anges. Elle a renversé la citadelle de la mort, détruit la puissance du démon, délivré la terre de l’erreur, posé les fondements de l’Église. La croix, c’est la volonté du Père, la gloire du Fils, la jubilation de l’Esprit Saint. Elle est l’orgueil de saint Paul : « Que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil » (Ga 6,14).

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie sur « Père, si c’est possible » ; PG 51, 34-35 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 72)

 

 

 

La lampe sur le lampadaire

lundi 22 septembre 2014

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« On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau. » Par ces paroles, Jésus incite ses disciples à mener une vie irréprochable, en leur conseillant de veiller constamment sur eux-mêmes, puisqu’ils sont placés sous les yeux de tous les hommes, comme des athlètes dans un stade vus de tout l’univers (1Co 4,9).

Il leur déclare : « Ne vous dites pas : ‘ Nous pouvons maintenant rester assis tranquilles, nous sommes cachés dans un petit coin du monde ’, car vous serez visibles à tous les hommes, comme une ville située au sommet d’une montagne (Mt 5,14), comme dans la maison une lumière qu’on a mise sur le lampadaire… Moi, j’ai allumé la lumière de votre flambeau mais c’est à vous de l’entretenir, non seulement pour votre avantage personnel, mais encore dans l’intérêt de tous ceux qui l’apercevront et seront, par elle, conduits à la vérité. Les pires méchancetés ne pourront pas jeter une ombre sur votre lumière, si vous vivez dans la vigilance de ceux qui sont appelés à amener au bien le monde entier. Que votre vie donc réponde à la sainteté de votre ministère, pour que la grâce de Dieu soit partout annoncée. »

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n°15 (trad. Véricel, L’Évangile commenté, p. 113)

 

 

 

« Je suis là, au milieu d’eux. »

dimanche 7 septembre 2014

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Si je vous dis d’imiter l’apôtre Paul, ce n’est pas vous dire : « Ressuscitez les morts, guérissez les lépreux. » Faites mieux : ayez la charité. Ayez l’amour qui animait saint Paul, car cette vertu est bien supérieure au pouvoir de faire des miracles. Là où il y a la charité, Dieu le Fils règne avec son Père et le Saint Esprit. Il l’a dit : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » Aimer se trouver ensemble, c’est le caractère d’une amitié aussi forte que réelle.

Est-ce qu’il y a des gens assez misérables, direz-vous, pour ne pas désirer avoir le Christ au milieu d’eux ? Oui, nous-mêmes, mes enfants ; nous le chassons d’entre nous quand nous sommes en lutte les uns contre les autres. Vous me direz : « Que dis-tu là ? Ne vois-tu pas que nous sommes rassemblés en son nom, tous dans les mêmes murs, dans l’enceinte de la même église, attentifs à la voix de notre pasteur ? Pas la moindre dissension, dans l’unité des cantiques et des prières, écoutant ensemble notre pasteur. Où est la discorde ? »

Je sais que nous sommes dans le même bercail et sous le même pasteur. Je n’en pleure que plus amèrement… Car si vous êtes calmes et tranquilles en ce moment, au sortir de l’église, celui-ci critique celui-là ; l’un injurie publiquement l’autre ; tel est dévoré par l’envie, la jalousie ou l’avarice ; tel autre médite la vengeance, tel autre la sensualité, la duplicité ou la fraude… Respectez donc, respectez cette table sainte à laquelle nous communions tous ; respectez le Christ immolé pour nous ; respectez le sacrifice qui est offert sur cet autel au milieu de nous.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
8e Homélie sur la lettre aux Romains, 8 ; PG 60, 464

 

 

 

« Prends patience envers moi. »

jeudi 14 août 2014

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Le Christ nous demande deux choses : condamner nos péchés et pardonner ceux des autres ; faire la première à cause de la seconde, qui sera alors plus facile, car celui qui pense à ses péchés sera moins sévère pour son compagnon de misère. Et pardonner non seulement de bouche, mais du fond du cœur, pour ne pas tourner contre nous-mêmes le fer dont nous croyons percer les autres. Quel mal ton ennemi peut-il te faire qui soit comparable à celui que tu te fais toi-même par ton aigreur ?…

Considère donc combien d’avantages tu retires d’une offense accueillie humblement et avec douceur. Tu mérites ainsi premièrement — et c’est le plus important — le pardon de tes péchés. Tu t’exerces ensuite à la patience et au courage. En troisième lieu, tu acquiers la douceur et la charité, car celui qui est incapable de se fâcher contre ceux qui lui ont causé du tort sera beaucoup plus charitable envers ceux qui l’aiment. En quatrième lieu, tu déracines entièrement la colère de ton cœur, ce qui est un bien incomparable. Celui qui délivre son âme de la colère la débarrasse évidemment aussi de la tristesse : il n’usera pas sa vie en chagrins et en vaines inquiétudes. Ainsi, nous nous punissons nous-mêmes en haïssant les autres ; nous nous faisons du bien à nous-mêmes en les aimant. D’ailleurs, tous t’honoreront, même tes ennemis, même si ce sont des démons. Bien mieux, en te conduisant ainsi, tu n’auras même plus d’ennemi.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n°61 (trad. Véricel, L’Évangile commenté, p. 214 rev.)

 

 

 

 

« Il va vendre tout ce qu’il possède. »

mercredi 30 juillet 2014

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« La pauvreté rend l’homme humble », dit l’Écriture, et le Christ commence ses Béatitudes par celle-ci : « Heureux les pauvres en esprit »… Voulez-vous entendre l’éloge de la pauvreté ? Jésus Christ l’a embrassée lui-même, lui qui « n’avait pas d’endroit où reposer sa tête », et il disait à ses disciples : « Ne vous procurez ni or, ni argent, ni deux tuniques. » Paul son apôtre disait : « Nous sommes comme si nous ne possédions rien et néanmoins nous possédons tout », et Pierre dit : « Je n’ai pas d’or ni d’argent »… Que personne donc ne regarde la pauvreté comme un déshonneur, car comparés à la vertu, tous les biens de ce monde ne sont que paille et poussière. Si nous voulons posséder le Royaume des cieux, aimons donc la pauvreté : « Vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel »…

Personne n’est plus riche que ceux qui embrassent la pauvreté volontairement et de grand cœur…; ils sont plus riches qu’un roi. Les rois ont de grands besoins, ils craignent de manquer de ressources ; alors qu’aux pauvres dont nous parlons, rien ne manque, ils ne craignent rien. Je vous le demande, en effet, des deux qui est le plus riche, celui qui s’inquiète pour amasser toujours plus…, ou celui qui jouit de peu comme s’il était dans l’abondance ?… L’argent rend esclave : « Les dons et les présents aveuglent les yeux des sages », dit l’Écriture… Partagez donc vos biens avec les pauvres, cherchez et suivez Jésus Christ…, et un jour vous entendrez cette parole bienheureuse : « Venez, les bénis de mon Père ; venez recevoir en héritage le Royaume préparé pour vous depuis le commencement du monde. »

(Références bibliques : Pr 10,4 LXX; Mt 5,2; 8,20; 10,9; 2Co 6,10; Ac 3,6; Mt 19,21; Si 20,29; Mt 25,34)

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie 18 sur la lettre aux Hébreux

 

 

La parabole de l’ivraie

samedi 26 juillet 2014

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 13,24-30. 
Jésus proposa cette parabole à la foule : « Le Royaume des cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ.
Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla.
Quand la tige poussa et produisit l’épi, alors l’ivraie apparut aussi.
Les serviteurs du maître vinrent lui dire : ‘Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ? ‘
Il leur dit : ‘C’est un ennemi qui a fait cela. ‘ Les serviteurs lui disent : ‘Alors, veux-tu que nous allions l’enlever ? ‘
Il répond : ‘Non, de peur qu’en enlevant l’ivraie, vous n’arrachiez le blé en même temps.
Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, rentrez-le dans mon grenier. ‘ »

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C’est la méthode du diable de mêler le mensonge à la vérité et de lui en donner l’apparence et la couleur, pour mieux tromper les âmes simples et faciles à séduire. Voilà pourquoi, dans la semence jetée par l’ennemi, notre Seigneur ne parle que de l’ivraie, qui ressemble beaucoup au blé. Ensuite il indique comment l’ennemi s’y prend : « pendant que les gens dormaient ». Voilà le grave danger que courent les responsables de l’Église, à qui la garde du champ a été confiée ; ce danger, d’ailleurs, ne menace pas seulement les chefs, mais aussi tous les fidèles. Cela nous montre aussi que l’erreur vient toujours après la vérité ; les faux prophètes viennent après les vrais… Le Christ nous dit cela pour nous apprendre à ne pas nous endormir…, à vivre dans une grande vigilance. C’est pourquoi il dit dans un autre endroit : « Celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé » (Mt 10,22)…

Considère maintenant le zèle des serviteurs ; ils veulent arracher l’ivraie tout de suite. Même s’ils manquent de réflexion, cela prouve leur sollicitude pour le bon grain. Ils ne recherchent qu’une chose : non pas tirer vengeance de celui qui a semé l’ivraie, mais sauver la moisson… Que répond le Maître ? « Non, pas encore. » Admirable réponse qui interdit les guerres, la violence, l’effusion du sang pour la cause de l’Église. Oui, il faut épargner la vie des hérétiques ; autrement on allumerait partout des guerres et des divisions sans cesse. « Attendez le moment favorable… Patientez, car peut-être qu’ils sortiront des ténèbres de leur erreur et d’ivraie deviendront pur froment… Si vous l’arrachez maintenant, vous nuirez à la moisson, en arrachant ceux qui pourront changer et devenir meilleurs. »

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n°46, 1-2