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Archive pour le mot-clef ‘Christ’

Reconnaître la voix ; reconnaître la Parole

lundi 14 décembre 2015

Jean le Baptiste

Il est difficile de distinguer la parole de la voix, et c’est pourquoi on a pris Jean pour le Christ. On a pris la voix pour la parole ; mais la voix s’est fait connaître afin de ne pas faire obstacle à la parole. « Je ne suis pas le Messie, ni Élie, ni le grand Prophète. » On lui réplique : « Qui es-tu donc ? » Il répond : « Je suis la voix qui crie à travers le désert » (Jn 1,23)…

Il est la voix qui rompt le silence : « Préparez la route pour le Seigneur ». Cela revient à dire : « Moi, je retentis pour faire entrer le Seigneur dans le cœur ; mais il ne daignera pas y venir, si vous ne préparez pas la route ». Que signifie : « Préparez la route », sinon : « Priez comme il faut » ? Que signifie : « Préparez la route », sinon : « Ayez des pensées humbles » ?

Jean le précurseur vous donne lui-même un exemple d’humilité. On le prend pour le Messie, il affirme qu’il n’est pas ce qu’on pense, et il ne profite pas de l’erreur d’autrui pour se faire valoir. S’il avait dit : « Je suis le Messie », on l’aurait cru très facilement puisqu’on le croyait avant même qu’il ne parle. Il l’a nié : il s’est fait connaître, il s’est distingué du Christ, il s’est abaissé. Il a vu où se trouvait le salut. Il a compris qu’il n’était que la lampe (Jn 5,35), et il a craint qu’elle ne soit éteinte par le vent de l’orgueil.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 293,3, pour la nativité de saint Jean Baptiste ; PL 38, 1327 (trad. bréviaire 3e dim. Avent rev.)

 

 

 

« Je vous le déclare : Elie est déjà venu. »

samedi 12 décembre 2015

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À propos de Jean le Baptiste, nous lisons chez Luc : « Il sera grand devant le Seigneur, et il ramènera beaucoup des fils d’Israël au Seigneur leur Dieu. Il marchera devant lui avec l’esprit et la puissance d’Élie, afin de préparer pour le Seigneur un peuple bien disposé » (Lc 1,15s). Pour qui donc a-t-il préparé un peuple et devant quel Seigneur a-t-il été grand ? Sans aucun doute devant celui qui a dit que Jean avait quelque chose de « plus qu’un prophète » et que « personne d’entre les enfants des femmes n’était plus grand que Jean le Baptiste » (Mt 11,9.11). Car Jean préparait un peuple en annonçant d’avance à ses compagnons de servitude la venue du Seigneur et en leur prêchant la pénitence, afin que, lorsque le Seigneur serait présent, ils soient en état de recevoir son pardon, qu’ils reviennent à celui dont ils s’étaient éloignés par leurs péchés et leurs transgressions. C’est pourquoi, en les ramenant à leur Seigneur, Jean préparait au Seigneur un peuple bien disposé, dans l’esprit et la puissance d’Élie.

Jean l’évangéliste nous dit : « Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière. Il n’était pas la Lumière, mais il venait pour lui rendre témoignage » (1,6-8). Ce précurseur, Jean le Baptiste, qui rendait témoignage à la lumière, a été envoyé sans aucun doute par le Dieu qui…avait promis par les prophètes d’envoyer son messager devant la face de son Fils pour lui préparer le chemin (Ml 3,1 ;Mc 1,2), c’est-à-dire pour rendre témoignage à la Lumière dans l’esprit et la puissance d’Élie… Précisément parce que Jean est un témoin, le Seigneur dit qu’il était plus qu’un prophète. Tous les autres prophètes ont annoncé la venue de la lumière du Père et ont désiré être jugés dignes de voir celui qu’ils prêchaient. Jean a prophétisé comme eux mais il l’a vu présent, il l’a montré et a persuadé beaucoup de croire en lui, si bien qu’il a tenu à la fois la place d’un prophète et celle d’un apôtre. Voilà pourquoi le Christ dit de lui qu’il était « plus qu’un prophète ».

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr
Contre les hérésies, III, 10-11 (trad. cf. SC 34)

 

 

La violence qui s’empare du Royaume

jeudi 10 décembre 2015

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Que rien ne t’empêche plus de t’unir au Christ… Prie sans attendre, supplie de tout ton cœur, demande ardemment, jusqu’à ce que tu reçoives. Ne te relâche pas. Ces choses te seront données si tout d’abord de toute ta foi tu te fais violence pour confier à Dieu ton souci et pour remplacer ta propre prévoyance par la providence de Dieu. Quand il verra ta volonté, quand il verra qu’en toute pureté de cœur tu t’es confié à lui plus qu’à toi-même et que tu t’es fait violence pour espérer en lui plus qu’en ton âme, alors cette puissance inconnue de toi viendra faire en toi sa demeure. Et tu sentiras dans tous tes sens la puissance de celui qui est avec toi indubitablement. Grâce à cette puissance beaucoup entrent dans le feu et ne craignent pas, marchent sur l’eau et n’hésitent pas.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, n° 19 (trad Touraille, DDB 1981, p.129)

 

 

 

 

 

« Restez éveillés et priez en tout temps. »

samedi 28 novembre 2015

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« Veillez ! », nous dit Jésus avec insistance… Nous n’avons pas seulement à croire, mais à veiller ; pas simplement à aimer, mais à veiller ; pas uniquement à obéir, mais à veiller. À veiller pour quoi ? Pour ce suprême événement : la venue du Christ… Il semble bien y avoir là un appel spécial, un devoir dont l’idée ne nous serait jamais venue à l’esprit autrement.

Nous avons une idée générale de ce que veut dire croire, aimer et obéir, mais qu’est-ce donc que veiller ?… Celui-là veille dans l’attente du Christ, qui garde l’esprit sensible, ouvert, sur le qui-vive, qui reste vif, éveillé, plein de zèle à le chercher et à l’honorer. Il désire trouver le Christ dans tout ce qui arrive… Et celui-là veille avec le Christ (Mt 26,38) qui, tout en regardant l’avenir, regarde aussi le passé, contemplant ce que son Sauveur a acquis pour lui et n’oubliant pas ce que le Christ a souffert pour lui. Il veille avec le Christ celui qui remémore et renouvelle en sa propre personne la croix et à l’agonie du Christ, qui porte joyeusement la tunique que le Christ a portée jusqu’à la croix et qu’il a laissée après son Ascension.

Souvent dans les épîtres, les écrivains inspirés expriment leur désir du second avènement, mais ils n’oublient jamais le premier : la crucifixion et la résurrection… Ainsi saint Paul invite les Corinthiens à attendre la venue du Seigneur Jésus Christ(1Co 1,7-8) et ne manque pas de leur dire de « toujours porter dans notre corps la mort du Seigneur, pour que la vie du Christ Jésus se manifeste en nous » (2Co 4,10)… La pensée de ce qu’est le Christ aujourd’hui ne doit pas effacer le souvenir de ce qu’il a été pour nous… Ainsi dans la sainte communion nous voyons en même temps la mort et la résurrection du Christ ; nous nous souvenons de l’une, nous nous réjouissons de l’autre. Nous nous offrons nous-mêmes et recevons une bénédiction.

Veiller, c’est donc vivre détaché de ce qui est présent, vivre dans l’invisible, vivre dans la pensée du Christ tel qu’il est venu une première fois et tel qu’il doit venir, désirer son deuxième avènement à partir de notre souvenir aimant et reconnaissant du premier.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « Watching », PPS vol. 4, n°22

 

 

 

 

« C’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’homme viendra. »

dimanche 15 novembre 2015

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Pour empêcher toute question indiscrète sur le moment de son avènement, Jésus déclare : « Cette heure-là, nul ne la connaît, même pas le Fils » (Mt 24,36), et ailleurs : « Ce n’est pas votre affaire de connaître les jours et les temps » (Ac 1,7). Il nous a caché cela pour que nous veillions et que chacun de nous puisse penser que cet avènement se produira durant sa vie. Si le temps de sa venue avait été révélé, vain serait son avènement : les nations et les siècles où il se produira ne l’auraient pas désiré. Il a bien dit qu’il vient, mais il n’a pas précisé à quel moment ; de la sorte toutes les générations et tous les siècles ont soif de lui.

Certes, il a fait connaître les signes de son avènement ; mais on ne voit pas leur terme. Dans le changement constant où nous vivons, ces signes ont déjà eu lieu et ils sont passés et même ils durent toujours. Son ultime avènement est en effet semblable au premier : les justes et les prophètes le désiraient ; ils pensaient qu’il paraîtrait en leur temps. De même aujourd’hui, chacun des fidèles du Christ désire l’accueillir en son propre temps, d’autant plus que Jésus n’a pas dit clairement le jour où il paraîtrait. Ainsi personne ne pourra imaginer que le Christ soit soumis à une loi du temps, à une heure quelconque, lui qui domine les nombres et le temps.

Saint Ephrem (v. 306-373), diacre en Syrie, docteur de l’Église
Commentaire de l’Évangile concordant, 18,15 ; SC 121 (trad. SC, p. 325s ; cf bréviaire 1er jeu. Avent)

 

 

 

 

« Ils se mirent à lui en vouloir terriblement et ils le harcelaient. »

jeudi 15 octobre 2015

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Celui que tu méprises maintenant, il fut un temps où il était au-dessus de toi ; celui qui est homme maintenant était éternellement parfait. Il était au commencement, sans cause ; puis il s’est soumis aux contingences de ce monde… C’était pour te sauver, toi qui l’insultes, toi qui méprises Dieu parce qu’il a pris ta nature grossière…

Il a été enveloppé de langes, mais en se levant du tombeau il s’est débarrassé de son linceul. Il a été couché dans une mangeoire, mais glorifié par les anges, annoncé par une étoile, adoré par les Mages… Il a dû fuir en Égypte, mais il a libéré ce pays des superstitions des Égyptiens. Il n’avait « ni forme ni beauté » (Is 53,2) devant ses ennemis, mais pour David il était « le plus beau des enfants de hommes » (Ps 44,3) et sur la montagne il a resplendi, plus éblouissant que le soleil (Mt 17,1s). Comme homme, il a été baptisé ; mais comme Dieu, il a effacé nos péchés ; il n’avait pas besoin d’être purifié, mais il voulait sanctifier les eaux. Comme homme, il a été tenté ; mais comme Dieu, il a triomphé, lui qui a « vaincu le monde » (Jn 16,8)… Il a eu faim, mais il a nourri des milliers, lui qui est « le Pain vivant descendu du ciel » (Jn 6,48). Il a eu soif, mais s’est écrié : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive » (Jn 7,37)… Il a connu la fatigue, mais il est le repos de tous ceux qui « peinent et ploient sous le fardeau » (Mt 11,28)… Il se fait appeler « Samaritain et possédé du démon » (Jn 8,48) ; mais c’est lui qui sauve l’homme qui était tombé aux mains des voleurs (Lc 10,29s) et qui met les démons en fuite… Il prie, mais c’est lui-même qui exauce les prières. Il pleure, mais c’est lui qui fait cesser les pleurs. Il est vendu à vil prix ; mais c’est lui qui rachète le monde, et à grand prix : par son propre sang.

Comme une brebis, on le mène à la mort, mais il conduit au vrai pâturage Israël (Ez 34,14), et aujourd’hui toute la terre. Comme un agneau, il se tait ; mais il est la Parole annoncée par la voix de celui qui crie au désert (Mc 1,3). Il a été infirme et blessé ; mais c’est lui qui guérit toute maladie et toute infirmité (Mt 9,35). Il a été élevé sur le bois et il y a été cloué ; mais c’est lui qui nous restaure par l’arbre de vie… Il meurt, mais il fait vivre et détruit la mort. Il est enseveli, mais il ressuscite et, montant aux cieux, libère les âmes des enfers.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390), évêque et docteur de l’Église
3ème Discours théologique (trad. Gallay, Migne 1995, p.100 rev.)

 

 

 

« Qu’il me suive. »

dimanche 13 septembre 2015

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Quand le Seigneur nous dit dans l’évangile : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même », nous trouvons qu’il nous commande une chose difficile et nous considérons qu’il nous impose un lourd fardeau. Mais si celui qui commande nous aide à accomplir ce qu’il commande, cela n’est pas difficile…

Où devons-nous suivre le Christ, sinon là où il est allé ? Or, nous savons qu’il est ressuscité et monté aux cieux : c’est là que nous avons à le suivre. Il ne faut certainement pas nous laisser envahir par le désespoir, car, si nous ne pouvons rien par nous-mêmes, nous avons la promesse du Christ. Le ciel était loin de nous avant que notre Tête y soit montée. Désormais, si nous sommes les membres du corps de cette Tête (Col 1,18), pourquoi désespérer de parvenir au ciel ? S’il est vrai que sur cette terre tant d’inquiétudes et de souffrances nous accablent, suivons le Christ en qui se trouvent le bonheur parfait, la paix suprême et la tranquillité éternelle.

Mais l’homme désireux de suivre le Christ écoutera cette parole de l’apôtre Jean : « Celui qui déclare demeurer dans le Christ doit marcher lui-même dans la voie où lui, Jésus, a marché » (1Jn 2,6). Tu veux suivre le Christ ? Sois humble, comme il l’a été. Tu veux le rejoindre dans les hauteurs ? Ne méprise pas son abaissement.

Saint Césaire d’Arles (470-543), moine et évêque
Sermon 159, 1,4-6 ; CCL 104,650 (trad Delhougne, Les Pères commentent, p. 288)

 

 

 

 

Seulement un bâton pour la route

samedi 5 septembre 2015

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Le Seigneur invite l’apôtre à risquer la vulnérabilité: « Ne prenez ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie » (Mc 6, 7-13). Il nous invite à une conversion par rapport à la sécurité des choses. (…) Notre bonheur est enrobé de mille précautions. Nous vivons écrasés d’assurances, dans des donjons bardés de digicodes, interdits aux quêteurs et colporteurs.(…)
L’apôtre n’annonce pas le Christ avec les armes du monde, mais dans la puissance de Dieu qui se déploie dans la faiblesse. (…) Nous n’imposions rien,nous nous présentons les mains vides à l’accueil des êtres ou à leur rejet et nous portons la paix. Non pas la paix à la manière du siècle,car elle est souvent un équilibre de la terreur, un « vivre ensemble » sans communion véritable; mais la paix du Christ, doux et humble de coeur, que personne ne nous ravira jamais, puisqu’elle a traversé la puissance de la mort. Aussi l’apôtre est-il toujours en paix, au fond de son coeur, alors qu’en surface s’agitent les tempêtes du monde. Il sait que le Christ a vaincu. Il ne maudit personne, y compris celui qui le rejette, parce qu’il a placé son coeur dans le Christ ressuscité, et il laisse le jugement à Celui qui a le pouvoir de juger.

P. Luc de Bellescize
Billet spirituel (extraits)
famillechretienne.fr n°1956, juillet 2015

http://escapamargue.blogspot.fr

 

 

 

 

 

 

« Les deux ne feront qu’une seule chair. Ce mystère est grand : il s’applique au Christ et à l’Église. » (Ep 5,31)

vendredi 4 septembre 2015

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Une union étrange et extraordinaire a eu lieu lorsque « le Verbe s’est fait chair » dans le sein de la Vierge et a ainsi « habité parmi nous » (Jn 1,14). De même que tous les élus sont ressuscités dans le Christ lorsqu’il est ressuscité, de même en lui des noces ont été célébrées : l’Église a été unie à un Époux par les liens du mariage quand l’homme-Dieu a reçu en plénitude les dons de l’Esprit Saint et que toute la divinité est venue habiter dans un corps semblable au nôtre… Le Christ est devenu homme par l’Esprit Saint et, « comme un époux qui sort de sa chambre » (Ps 18,6), il est sorti du sein de la Vierge, qui a été en effet sa chambre nuptiale. Mais l’Église, en renaissant de l’eau dans le même Esprit, devient un seul corps dans le Christ, si bien que les deux « ne font plus qu’une seule chair » (Mt 19,5), ce qui, « par rapport au Christ et à l’Église, est un grand mystère » (Ep 5,31).

Ce mariage dure depuis le début de l’Incarnation du Christ jusqu’au moment où le Christ reviendra et que tous les rites de l’union nuptiale seront accomplis. Alors, ceux qui seront prêts et qui auront rempli comme il le faut les conditions d’une si grande union, entreront avec lui, pleins de respect, dans la salle des noces éternelles (Mt 25,10). En attendant, l’Épouse promise au Christ chemine vers son Époux, et elle garde l’alliance avec lui chaque jour dans la foi et la tendresse, jusqu’à ce qu’il revienne.

Saint Paschase Radbert (?-v. 849), moine bénédictin
Commentaire sur l’évangile de Matthieu, 10, 22 ; CCM 56 B, 1072-1073 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 248)

 

 

 

 

« Avance au large et jetez les filets. »

jeudi 3 septembre 2015

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« Avance au large », c’est à dire dans la haute mer des débats. Y a-t-il profondeur comparable à « l’abîme de la richesse, de la sagesse et de la science du Fils de Dieu » (Rm 11,33), à la proclamation de sa filiation divine ? … L’Église est conduite par Pierre dans la haute mer du témoignage, pour contempler le Fils de Dieu ressuscité et l’Esprit Saint répandu.

Quels sont ces filets des apôtres que le Christ ordonne de jeter ? N’est-ce pas l’enchaînement des paroles, les replis du discours, la profondeur des arguments, qui ne laissent pas échapper ceux qu’ils ont pris ? Ces instruments de pêche des apôtres ne font pas périr leur prise, mais la conservent, la retirent des abîmes vers la lumière, conduisent des bas-fonds vers les hauteurs…

« Maître, dit Pierre, nous avons peiné toute une nuit sans rien prendre, mais, sur ta parole, je vais lâcher les filets. » Moi aussi, Seigneur, je sais que pour moi il fait nuit, quand tu ne me commandes pas. Je n’ai encore converti personne par mes paroles, il fait encore nuit. J’ai parlé le jour de l’Épiphanie : j’ai lâché le filet, et je n’ai encore rien pris. J’ai lâché le filet pendant le jour. J’attends que tu me l’ordonnes ; sur ta parole, je le lâcherai encore. La confiance en soi est vaine, mais l’humilité est fructueuse. Eux qui jusque-là n’avaient rien pris, voici que, à la voix du Seigneur, ils capturent une énorme quantité de poissons.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Luc, IV,71-76 ; SC 45 (trad. cf SC, p. 180)