ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘miséricorde’

Mémoire du Coeur immaculé de Marie

samedi 8 juin 2013

CŒUR IMMACULÉ de MARIE
Mémoire

         La propagation de la dévotion au Cœur de Marie remonte au XVIIe siècle où saint Jean Eudes la propagea en l’unissant à celle du Sacré-Cœur de Jésus.

Au cours du XIXe siècle, sa sainteté Pie VII d’abord, et Pie IX ensuite, accordèrent à plusieurs églises une fête du Cœur très pur de Marie fixée au dimanche dans l’octave de l’Assomption, puis au samedi suivant la fête du Sacré-Cœur. Le 13 juillet 1917, la Sainte Vierge apparaissait au Portugal pour déclarer aux petits voyants de Fatima que Dieu voulait établir la dévotion à son Cœur immaculé pour le salut du monde. Elle demanda aux chrétiens la pratique du premier samedi du mois par la communion réparatrice et la récitation du chapelet accompagnée de la méditation des mystères du Rosaire.

Le 31 octobre 1942, le jour de la clôture solennelle du Jubilé des Apparitions de Fatima, le pape Pie XII s’exprimant à la radio, consacra le monde au Cœur immaculé de Marie pour répondre à l’appel de notre Mère du ciel. Il renouvela ce geste important le 8 décembre 1942. En 1944, en pleine guerre mondiale, le même souverain pontife consacrait encore tout le genre humain au Cœur immaculé de Marie pour le mettre sous sa toute-puissante protection. À l’occasion de cette même cérémonie, il décréta que l’Église entière célébrerait chaque année une fête en l’honneur du Cœur immaculé de Marie afin d’obtenir par l’intercession de la Très Sainte Vierge, « la paix des nations, la liberté de l’Église, la conversion des pécheurs, l’amour de la pureté et la pratique des vertus. » Il fixa la date de cette fête au 22 août, jour octave de la fête de l’Assomption.

En créant la très Sainte Vierge, la Trinité Sainte a pu contempler le ravissant spectacle d’un cœur qui dès son premier battement n’aima que son Dieu, et l’aima à lui seul plus que tous les anges et les saints ensemble ne l’aimeront jamais. « Le Père, dit saint Jean Eudes, a déployé sa puissance pour former un cœur de fille plein de respect et de fidélité envers son Créateur. Le Fils en fit un cœur de Mère et l’Esprit-Saint en fit un cœur d’épouse pour y célébrer ses noces ineffables. » La gloire de la fille du roi, disent les Livres Saints, est toute intérieure et cachée, autrement dit, elle est toute en son cœur. Là se trouvent toutes les perfections des anges et des hommes, dans un tel degré d’excellence que rien n’y peut être comparé. Là se trouvent les perfections de Dieu même, aussi fidèlement retracées qu’elles peuvent l’être dans une simple créature.

La bonté et la miséricorde président parmi les vertus dont Dieu a orné le Cœur immaculé de sa Mère. Aussi tout pécheur trouve en elle un refuge assuré. Ce Cœur qui nous a tant aimés n’a point été flétri dans le tombeau comme celui des autres mortels. Ses mouvements n’ont été qu’un seul instant suspendus sous le souffle de la mort. Il vit aujourd’hui palpitant d’un amour infini, inondé de célestes délices au sein de la gloire immortelle où il continue de nous aimer avec prédilection.

Comme la sainte Église nous le recommande aujourd’hui au moyen de la belle fête du Cœur immaculé de Marie, vouons un culte spécial de vénération et d’amour à ce cœur magnanime, le plus noble le plus généreux qui soit sorti des mains du Créateur. Supplions-le donc de nous apprendre à aimer Jésus, à souffrir pour Lui, à supporter avec amour et résignation les peines de la vie, les souffrances et les croix qu’il plaira à Dieu de nous envoyer. Recourons donc sans cesse à ce cœur incomparable et nous expérimenterons infailliblement sa bénignité, sa mansuétude et sa tendresse.

Consécration au Cœur immaculé de Marie, instituée par le Pape Pie XII.

Reine du très saint Rosaire, secours des chrétiens, refuge du genre humain, victorieuses de toutes les batailles de Dieu, nous voici prosternés suppliants aux pieds de votre trône, dans la certitude de recevoir les grâces, l’aide et la protection opportunes dans les calamités présentes, non en vertu de nos mérites, dont nous ne saurions nous prévaloir, mais uniquement par l’effet de l’immense bonté de votre cœur maternel.
C’est à vous, c’est à votre Cœur immaculé, qu’en cette heure tragique de l’histoire humaine, nous nous confions et nous nous consacrons, non seulement en union avec la Sainte Église – corps mystique de votre Fils Jésus – qui souffre et verse son sang, en proie aux tribulations en tant de lieux et de tant de manières, mais en union aussi avec le monde entier, déchiré par de farouches discordes, embrasé d’un incendie de haine et victime de ses propres iniquités.
Laissez-vous toucher par tant de ruines matérielles et morales, par tant de douleurs, tant d’angoisses de pères et de mères, de frères, d’enfants innocents, par tant de vies fauchées dans la fleur de l’âge, tant d’âmes torturées et agonisantes, tant d’autres en péril de se perdre éternellement.
Ô Mère de miséricorde, obtenez-nous de Dieu la paix, et surtout les grâces qui peuvent en un instant convertir le cœur des hommes, ces grâces qui préparent, concilient, assurent la paix ! Reine de la paix, priez pour nous et donnez au monde en guerre la paix après laquelle les peuples soupirent, la paix dans la vérité, dans la justice, dans la charité du Christ.
Donnez-lui la paix des armes et la paix des âmes, afin que dans la tranquillité de l’ordre s’étende le règne de Dieu. Accordez votre protection aux infidèles et à tous ceux qui gisent encore dans les ombres de la mort ; donnez-leur la paix, faites que se lève pour eux le soleil de la vérité et qu’ils puissent avec nous, devant l’unique Sauveur du monde, répéter : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur terre aux hommes de bonne volonté ! Aux peuples séparés par l’erreur ou par la discorde, particulièrement à ceux qui professent pour vous une singulière dévotion et chez lesquels il n’y avait pas de maison qui n’honorât votre vénérable icône (peut-être aujourd’hui cachée et réservée pour des jours meilleurs), donnez la paix et reconduisez-les à l’unique bercail du Christ, sous l’unique vrai Pasteur.
Obtenez à la sainte Église de Dieu une paix et une liberté complètes ; arrêtez les débordements du déluge néo-païen ; développez dans le cœur des fidèles l’amour de la pureté, la pratique de la vie chrétienne et le zèle apostolique, afin que le peuple des serviteurs de Dieu augmente en mérite et en nombre.
Enfin, de même qu’au cœur de votre Fils Jésus furent consacrés l’Église et le genre humain tout entier, afin que, toutes les espérances étant placées en lui, il devînt pour eux signe et gage de victoire et de salut, ainsi et pour toujours nous nous consacrons à vous, à votre Cœur immaculé, ô notre Mère et Reine du monde, pour que votre amour et votre protection hâtent le triomphe du règne de Dieu et que toutes les nations, en paix entre elles et avec Dieu, vous proclament bienheureuse et entonnent avec vous, d’une extrémité du monde à l’autre, l’éternel Magnificat de gloire à celui en qui seul elles peuvent trouver la vérité, la vie et la paix.

 

 

 

 

« C’est ma paix que je vous donne. »

mardi 30 avril 2013

L’Esprit de Dieu est esprit de paix ; même lors de nos manquements les plus graves, il nous fait ressentir une douleur tranquille, humble et confiante, due précisément à sa miséricorde. Au contraire, l’esprit du mal excite, exaspère, et nous fait éprouver, lors de nos manquements, une sorte de colère contre nous ; et pourtant c’est bien envers nous-mêmes que nous devrions exercer la première des charités. Donc, quand tu es tourmentée par certaines pensées, cette agitation ne provient jamais de Dieu, mais du démon ; car Dieu étant esprit de paix, c’est la sérénité qu’il te donne.

Saint [Padre] Pio de Pietrelcina (1887-1968), capucin
Lettre AdFP, 549 (trad. Une pensée, Mediaspaul 1991, p. 103)

 

 

 

Le désespoir de Judas

mercredi 27 mars 2013

 

[« Judas fut pris de remords…; il rapporta les trente pièces d’argent aux chefs des prêtres et aux anciens, en disant : ‘ J’ai péché en livrant à la mort un innocent. ‘ Ils répliquèrent : ‘ Qu’est-ce que cela nous fait ? Cela te regarde. ‘ Jetant alors les pièces d’argent, il se retira et alla se pendre. » (Mt 27,3-5)
Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Le péché impardonnable, dans ce monde et dans l’autre, c’est celui de l’homme qui, en méprisant ma miséricorde, n’a pas voulu être pardonné. C’est pourquoi je le tiens pour le plus grave, et c’est pourquoi le désespoir de Judas m’a attristé plus moi-même et a été plus pénible à mon Fils que sa trahison. Les hommes donc seront condamnés pour ce faux jugement qui leur fait croire que leur péché est plus grand que ma miséricorde… Ils sont condamnés pour leur injustice quand ils se lamentent sur leur sort plus que sur l’offense qu’ils m’ont faite.

Car c’est alors qu’ils sont injustes : ils ne me rendent pas ce qui m’appartient à moi-même, et ils ne rendent pas à eux-mêmes ce qui leur appartient. À moi on doit l’amour, le regret de sa faute et la contrition ; ils doivent me les offrir à cause de leurs offenses, mais c’est le contraire qu’ils font. Ils n’ont d’amour et de compassion que pour eux-mêmes puisqu’ils ne savent que se lamenter sur les châtiments qui les attendent. Tu vois donc qu’ils commettent une injustice, et c’est pourquoi ils se découvrent doublement punis pour avoir méprisé ma miséricorde.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380), tertiaire dominicaine, docteur de l’Église, copatronne de l’Europe
Dialogue, 37 (trad. Guigues, Seuil 1953, p. 127)

 

 

« Le coq ne chantera pas avant que tu ne m’aies renié trois fois. »

mardi 26 mars 2013

Saint Pierre, l’un des apôtres, fit un grand tort à son Maître, car il renia et jura qu’il ne le connaissait pas, et, non content de cela, il le maudit et blasphéma, protestant ne pas savoir qui il était (Mt 26,69s). Grand accident que celui-ci, lequel perça le cœur de notre Seigneur ! Hé, pauvre saint Pierre, que faites-vous et que dites-vous ? Vous ne savez pas qui il est, vous ne le connaissez pas, vous qui avez été appelé de sa propre bouche à l’apostolat, vous qui avez confessé qu’il était le Fils du Dieu vivant ? (Mt 16,16) Ah, misérable homme que vous êtes, comment osez-vous dire que vous ne le connaissez pas ? N’est-ce pas celui qui naguère était à vos pieds pour les laver (Jn 13,6), qui vous a nourri de son Corps et de son Sang ?…

Que personne ne présume de ses bonnes œuvres et pense n’avoir plus rien à redouter, puisque saint Pierre, qui avait reçu tant de grâces, qui avait promis d’accompagner notre Seigneur à la prison et jusques à la mort même, le renia néanmoins au moindre sifflement d’une chambrière.

Saint Pierre entendant le coq chanter se ressouvint de ce qu’il avait fait et de ce que lui avait dit son bon Maître ; et alors, reconnaissant sa faute, il sortit et pleura si amèrement que pour cela il reçut indulgence plénière et rémission de tous ses péchés. Ô bienheureux saint Pierre, qui par une telle contrition de vos fautes, avez reçu le pardon général d’une si grande déloyauté… Je sais bien que ce furent les regards sacrés de notre Seigneur qui lui pénétrèrent le cœur et lui ouvrirent les yeux pour lui faire reconnaître son péché (Lc 22,61)… Depuis ce temps-là, il ne cessa jamais de pleurer, principalement quand il entendait le coq la nuit et le matin… Par ce moyen, de grand pécheur qu’il était il devint un grand saint.

Saint François de Sales (1567-1622), évêque de Genève et docteur de l’Église
OC, t. 10, p. 374 (in Le Livre des quatre amours, Desclée 1964, p. 234 ; français modernisé)

 

 

« Il était perdu, et il est retrouvé. »

dimanche 10 mars 2013

« J’ai bien mal fait d’avoir abandonné mon père qui m’aimait tant ; j’ai dissipé tout mon bien en menant une mauvaise vie ; je suis tout déchiré et tout sale, comment est-ce que mon père pourra me reconnaître pour son fils ? Mais je me jetterai à ses pieds, je les arroserai de mes larmes ; je lui demanderai de me mettre seulement au nombre de ses serviteurs »… Son père, qui pleurait depuis bien longtemps sa perte, le voyant venir de loin, oublia son grand âge et la mauvaise vie de ce fils, il se jeta à son cou pour l’embrasser. Ce pauvre enfant, tout étonné de l’amour de son père pour lui, s’écrie… : « Je ne mérite plus d’être appelé votre fils, mettez-moi seulement au nombre de vos serviteurs. —Non, non, mon fils, s’écrie le père…, tout est oublié, ne pensons plus qu’à nous réjouir. Qu’on lui apporte sa première robe pour l’en revêtir…; qu’on tue le veau gras et qu’on se réjouisse ; car mon fils était mort et il est ressuscité, il était perdu et il est retrouvé ».

Belle figure, mes frères, de la grandeur de la miséricorde de Dieu pour les pécheurs les plus misérables !… Ô mon Dieu, que le péché est quelque chose d’affreux ! Comment peut-on le commettre ? Mais tout misérables que nous sommes, dès que nous prenons la résolution de nous convertir…, les entrailles de sa miséricorde sont touchées de compassion. Ce tendre Sauveur court, par sa grâce, au-devant des pécheurs, il les embrasse en les favorisant des consolations les plus délicieuses… Ô moment délicieux ! Que nous serions heureux si nous avions le bonheur de le comprendre ! Mais hélas, nous ne correspondons pas à la grâce, et alors, ces heureux moments disparaissent. Jésus Christ dit au pécheur par la bouche de ses ministres : « Que l’on revête ce chrétien qui est converti de sa première robe, qui est la grâce du baptême qu’il a perdue ; qu’on le revête de Jésus Christ, de sa justice, de ses vertus et de tous ses mérites » (cf Ga 3,27). Voilà, mes frères, la manière dont Jésus Christ nous traite quand nous avons le bonheur de quitter le péché pour nous donner à lui. Ah, quel sujet de confiance pour un pécheur, quoique bien coupable, de savoir que la miséricorde de Dieu est infinie !

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859), prêtre, curé d’Ars
1er sermon sur la miséricorde de Dieu pour le 3ème dimanche après la Pentecôte

 

 

Par la confiance et l’amour

samedi 9 mars 2013

Voici ma prière : je demande à Jésus de m’attirer dans les flammes de son amour, de m’unir si étroitement à lui, qu’il vive et agisse en moi. Je sens que plus le feu de l’amour embrasera mon cœur, plus je dirai : « Attirez-moi », plus aussi les âmes qui s’approcheront de moi (pauvre petit débris de fer inutile, si je m’éloignais du brasier divin), plus ces âmes « courront avec vitesse à l’odeur des parfums » de leur Bien-Aimé (Ct 1,4 LXX)…

Ma Mère chérie, maintenant je voudrais vous dire ce que j’entends par l’odeur des parfums du Bien-Aimé. Puisque Jésus est remonté au ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’il a laissées, mais que ces traces sont lumineuses, qu’elles sont embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux dans le saint Évangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir. Ce n’est pas à la première place, mais à la dernière que je m’élance ; au lieu de m’avancer avec le pharisien, je répète, remplie de confiance, l’humble prière du publicain. Mais surtout j’imite la conduite de Marie Madeleine ; son étonnante ou plutôt son amoureuse audace, qui charme le cœur de Jésus, séduit le mien.

Oui, je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais le cœur brisé de repentir me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien il chérit l’enfant prodigue qui revient à lui (cf Lc 15,11s). Ce n’est pas parce que le bon Dieu, dans sa prévenante miséricorde, a préservé mon âme du péché mortel que je m’élève à lui par la confiance et l’amour.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Manuscrit autobiographique C, 36r°-v°

 

 

 

« Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. »

samedi 2 mars 2013

La véritable nouveauté du Nouveau Testament ne consiste pas en des idées nouvelles, mais dans la figure même du Christ, qui donne chair et sang aux concepts — un réalisme inouï. Déjà dans l’Ancien Testament, la nouveauté biblique ne résidait pas seulement en des concepts, mais dans l’action imprévisible, et à certains égards inouïe, de Dieu. Cet agir de Dieu acquiert maintenant sa forme dramatique dans le fait que, en Jésus Christ, Dieu lui-même recherche la « brebis perdue », l’humanité souffrante et égarée (Lc 15,1s). Quand Jésus, dans ses paraboles, parle du pasteur qui va à la recherche de la brebis perdue, de la femme qui cherche la drachme, du père qui va au-devant du fils prodigue et qui l’embrasse, il ne s’agit pas là seulement de paroles, mais de l’explication de son être même et de son agir. Dans sa mort sur la croix s’accomplit le retournement de Dieu contre lui-même, dans lequel il se donne pour relever l’homme et le sauver — tel est l’amour dans sa forme la plus radicale. Le regard tourné vers le côté ouvert du Christ, dont parle l’évangéliste Jean (19,37), comprend ce qui a été le point de départ de cette encyclique : « Dieu est amour » (1Jn 4,8). C’est là que cette vérité peut être contemplée. Et, partant de là, on doit maintenant définir ce qu’est l’amour. À partir de ce regard, le chrétien trouve la route pour vivre et pour aimer.

À cet acte d’offrande, Jésus a donné une présence durable par l’institution de l’eucharistie au cours de la dernière Cène. Il anticipe sa mort et sa résurrection en se donnant déjà lui-même, en cette heure-là, à ses disciples, dans le pain et dans le vin, son corps et son sang… L’eucharistie nous attire dans l’acte d’offrande de Jésus… La « mystique » du sacrement, qui se fonde sur l’abaissement de Dieu vers nous…, entraîne bien plus haut que ce à quoi n’importe quelle élévation mystique de l’homme pourrait conduire.

Pape Benoît XVI
Encyclique « Deux Caritas Est » § 12-13 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 6,36-38.

lundi 25 février 2013

ésus disait à la foule :  » Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »

 

 

 

Le péché contre l’Esprit Saint

lundi 28 janvier 2013

Pourquoi le blasphème contre l’Esprit Saint est-il impardonnable ? En quel sens entendre ce blasphème ? Saint Thomas d’Aquin répond qu’il s’agit d’un péché « irrémissible de par sa nature, parce qu’il exclut les éléments grâce auxquels est accordée la rémission des péchés ». Selon une telle exégèse, ce blasphème ne consiste pas à proprement parler à offenser en paroles l’Esprit Saint ; mais il consiste à refuser de recevoir le salut que Dieu offre à l’homme par l’Esprit Saint agissant en vertu du sacrifice de la croix. Si l’homme refuse la « manifestation du péché », qui vient de l’Esprit Saint (Jn 16,8) et qui a un caractère salvifique, il refuse en même temps la « venue » du Paraclet (Jn 16,7), cette « venue » qui s’est effectuée dans le mystère de Pâques, en union avec la puissance rédemptrice du Sang du Christ, le Sang qui « purifie la conscience des œuvres mortes » (He 9,14).

Nous savons que le fruit d’une telle purification est la rémission des péchés. En conséquence, celui qui refuse l’Esprit et le Sang (cf 1Jn 5,8) demeure dans les « œuvres mortes », dans le péché. Et le blasphème contre l’Esprit Saint consiste précisément dans le refus radical de cette rémission dont il est le dispensateur intime et qui présuppose la conversion véritable qu’il opère dans la conscience. Si Jésus dit que le péché contre l’Esprit Saint ne peut être remis ni en ce monde ni dans l’autre, c’est parce que cette « non-rémission » est liée, comme à sa cause, à la « non-pénitence », c’est-à-dire au refus radical de se convertir…

Le blasphème contre l’Esprit Saint est le péché commis par l’homme qui présume et revendique le « droit » de persévérer dans le mal — dans le péché quel qu’il soit — et refuse par là même la Rédemption. L’homme reste enfermé dans le péché, rendant donc impossible, pour sa part, sa conversion et aussi, par conséquent, la rémission des péchés, qu’il ne juge pas essentielle ni importante pour sa vie. Il y a là une situation de ruine spirituelle, car le blasphème contre l’Esprit Saint ne permet pas à l’homme de sortir de la prison où il s’est lui-même enfermé.

Bienheureux Jean-Paul II
Encyclique « Dominum et vivificantem », § 46 (trad. © Libreria Editrice Vaticana)

.

.

« Il mange avec les publicains et les pécheurs ! »

samedi 19 janvier 2013

« Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » Dieu est accusé de se pencher vers l’homme, de s’asseoir près du pécheur, d’avoir faim de sa conversion et soif de son retour, d’accepter de manger les aliments de la miséricorde et de boire à la coupe de la bonté. Mais le Christ, mes frères, est venu à ce repas : la Vie est venue parmi ces convives pour faire vivre avec lui, de la même vie que lui, ceux qui allaient mourir. La Résurrection s’est allongée à cette table pour que ceux qui gisaient dans la mort se lèvent de leurs tombeaux ; la Grace s’est abaissée pour élever les pécheurs jusqu’au pardon ; Dieu est venu à l’homme pour que l’homme parvienne à Dieu ; le juge est venu au repas des coupables pour soustraire l’humanité à la sentence de condamnation ; le médecin est venu chez les malades pour rétablir leurs forces épuisées en mangeant avec eux ; le Bon Pasteur a penché l’épaule pour rapporter la brebis perdue au bercail du salut (Lc 15,3s)…

« Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » Mais qui est pécheur, sinon celui qui refuse de se voir pécheur ? N’est-ce pas s’enfoncer dans son péché, et à vrai dire s’identifier au péché, que cesser de se reconnaître pécheur ? Et qui est injuste, sinon celui qui s’estime juste ?… Allons, pharisien, confesse ton péché, et tu pourras venir à la table du Christ. Le Christ pour toi se fera pain, ce pain qui sera rompu pour le pardon de tes péchés. Le Christ deviendra pour toi la coupe, cette coupe qui sera versée pour la rémission de tes fautes. Allons, pharisien, partage le repas des pécheurs, pour que tu puisses prendre ton repas avec le Christ. Reconnais-toi pécheur, et le Christ mangera avec toi. Entre avec les pécheurs au festin de ton Seigneur, et tu pourras ne plus être pécheur. Entre avec le pardon du Christ dans la maison de la miséricorde.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450), évêque de Ravenne, docteur de l’Église

Sermon 30 ; PL 52, 285 (trad. cf En Calcat, Orval et Matthieu commenté, DDB 1985, p.77)

.

.