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Archive pour le mot-clef ‘Ecritures’

« Jésus monta à la fête lui aussi…, mais en secret. »

vendredi 11 mars 2016

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Jésus disait : « Mon temps n’est pas encore venu, tandis que le vôtre est toujours prêt… Vous, montez à la fête ; moi, je ne monte pas à cette fête, parce que mon temps n’est pas encore accompli » (Jn 7,6-8). Qu’est-ce donc que cette fête à laquelle notre Seigneur nous dit de monter et dont le temps est à tout instant ? La fête la plus élevée et la plus vraie, la fête suprême, est la fête de la vie éternelle, c’est-à-dire la félicité éternelle où nous serons vraiment face à face avec Dieu. Cela, nous ne pouvons pas l’avoir ici-bas, mais la fête que nous pouvons avoir, c’est un avant-goût de celle-là, une expérience de la présence de Dieu dans l’esprit par la jouissance intérieure que nous en donne un sentiment tout intime. Le temps qui est toujours nôtre, c’est celui de chercher Dieu et de poursuivre le sentiment de sa présence dans toutes nos œuvres, notre vie, notre vouloir et notre amour. C’est ainsi que nous devons nous élever au-dessus de nous-mêmes et de tout ce qui n’est pas Dieu, ne voulant et n’aimant que lui seul, en toute pureté, et rien autre chose. Ce temps est de tous les instants.

Ce vrai temps de fête de la vie éternelle, tout le monde le désire, d’un désir de nature, car tous les hommes veulent naturellement être heureux. Mais désirer ne suffit pas. C’est pour lui-même que nous devons poursuivre Dieu et le chercher lui-même. L’avant-goût du vrai et grand jour de fête, beaucoup de gens aimeraient bien l’avoir et ils se plaignent qu’il ne leur est pas donné. Quand dans la prière ils ne font pas l’expérience, au fond d’eux-mêmes, d’un jour de fête et ne sentent pas la présence de Dieu, cela les chagrine. Ils prient d’autant moins et le font avec mauvaise humeur, disant qu’ils ne sentent pas Dieu et que c’est pour cela que l’action et la prière les contrarient. Voilà ce que l’homme ne doit jamais faire. Nous ne devons jamais faire aucune œuvre avec un zèle refroidi, car Dieu est toujours là présent, et même si nous ne le sentons pas, il est cependant entré secrètement pour la fête.

Jean Tauler (v. 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 12, pour le mardi avant les Rameaux (trad. Cerf 1991, p. 44 rev.)

 

 

 

« Si vous croyiez en Moïse, vous croiriez aussi en moi car c’est de moi qu’il a parlé dans l’Ecriture. »

jeudi 10 mars 2016

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Il y a une « sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que, dès avant les siècles, Dieu nous a destinée par avance ». Cette sagesse de Dieu, c’est le Christ ; il est « puissance de Dieu et sagesse de Dieu »… Dans le Fils, en effet, « se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » ; caché dans le mystère, destiné par avance, dès avant les siècles, c’est lui qui a été prédestiné et préfiguré dans la Loi et les Prophètes.

C’est pourquoi les prophètes portaient le nom de « voyants » ; ils voyaient celui qui était caché et inconnu des autres. Abraham aussi « a vu son jour, et il s’est réjoui ». Pour Ézéchiel, les cieux se sont ouverts, alors que pour le peuple pécheur ils restaient bouchés. « Ôtez le voile de dessus mes yeux, dit David, et je contemplerai les merveilles de ta loi ». En effet, la loi est spirituelle, et pour la comprendre il faut que soit « écarté le voile » et que « soit contemplée la gloire de Dieu à visage découvert ».

Dans l’Apocalypse, on montre un livre scellé de sept sceaux… Combien d’hommes aujourd’hui, qui se prétendent instruits, tiennent en mains un Livre scellé ! Et ils sont incapables de l’ouvrir, à moins qu’il ne soit ouvert par « Celui qui tient la clef de David ; s’il ouvre, nul ne fermera, et s’il ferme, nul n’ouvrira ». Dans les Actes des Apôtres, l’eunuque lisait le prophète Isaïe… ; pourtant il ignorait celui qu’il vénérait dans ce livre sans le connaître. Survient Philippe ; il lui montre Jésus caché sous la lettre… Comprends donc que tu ne peux pas t’engager dans les Saintes Écritures sans avoir un guide qui te montre le chemin.

(Références bibliques : 1Co 2,7 ; 1Co 1,24 ; Col 2,31 ; 1Sm 9,9 ; Jn 8,56 ; Ps 118,18 ; 2Co 3,16-18 ; Ap 5,1 ; Ap 3,7 ; Ac 8,26s)

 

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 12,28b-34.

vendredi 4 mars 2016

Un scribe qui avait entendu la discussion, et remarqué que Jésus avait bien répondu, s’avança pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as raison de dire que Dieu est l’Unique et qu’il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.

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Réflexion

1) Le plus nous avançons dans la vie spirituelle, le plus elle devient simple. La simplicité de l’esprit est une conquête. Dans ce récit, un expert de la loi, peut-être un peu embrouillé par la multitude de préceptes qu’il enseigne au peuple, demande à Jésus quel est le premier et le plus important des commandements. Jésus lui dit : l’amour de Dieu et de son prochain. « De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. » (Mt 22,40). Le premier commandement est l’amour de Dieu par dessus tout, puisque c’est Lui seul que nous devons adorer. On peut pécher de diverses manières contre l’amour de Dieu : par l’indifférence qui néglige ou refuse la considération de la charité divine ou par l’ingratitude qui omet ou qui refuse de reconnaître la charité divine et de lui rendre en retour amour pour amour. Notre tiédeur peut nous induire en péché car elle est une hésitation ou une négligence à répondre à l’amour divin ; l’acédie ou la paresse spirituelle va jusqu’à refuser la joie qui vient de Dieu et à prendre en horreur le bien divin. Il y a aussi la haine de Dieu qui vient de l’orgueil ; elle s’oppose à l’amour de Dieu dont elle nie la bonté et qu’elle prétend maudire comme celui qui prohibe les péchés et qui inflige les peines (cf. Catéchisme 2094). On peut aussi pécher contre l’amour de Dieu par superstition : elle est une déviation du culte dû au vrai Dieu qui conduit à l’idolâtrie et à toutes les formes de divination et de magie aujourd’hui si répandues.

2) Le deuxième commandement est l’amour envers le prochain qui « est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices » (Marc 12,33). De fait, celui qui aime son prochain accomplit le décalogue car « en effet, les commandements : Tu ne commettras point d’adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas point, tu ne convoiteras point, et ceux qu’il peut encore y avoir, se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait point de mal au prochain : l’amour est donc l’accomplissement de la loi. » (Rm 13,9-10)

3) Le christianisme est une religion de l’amour. L’amour du Christ est notre modèle car Il a toujours fait la volonté de Dieu et Il a aimé les hommes jusqu’à donner sa vie pour eux. Saint Pierre résume la vie du Christ en disant « Là où il passait, il faisait le bien ». (Actes des Apôtres 10, 38)

Prière

Père infiniment bon, emplit nos cœurs de ton Esprit et accorde-nous de correspondre à Ton amour en accomplissant tes commandements et en imitant Celui qui a donné sa vie pour nous. Nous Te le demandons par Jésus Christ, qui vit et règne pour les siècles et les siècles. Amen.

Résolution

Par amour de Dieu et pour exprimer mon amour pour un de mes frères, faire un acte de charité qui me demande un sacrifice personnel.

 

https://viechretienne.catholique.org

 

 

 

« Il fallait bien festoyer… car ton frère était mort, et il est revenu à la vie. »

samedi 27 février 2016
Alain Chenal

Alain Chenal

Le fils aîné, en colère, a dit à son père : « …Sans cesse j’ai obéi à tes ordres, sans en transgresser un seul ! … et le prodigue qui revient à toi, tu en fais bien plus grand cas que de moi ! »

À peine avait-il entendu son fils parler ainsi que le père lui a répondu avec douceur : « Écoute ton père. Toi, tu es avec moi, car jamais tu ne t’es éloigné de moi ; toi, tu ne t’es pas séparé de l’Église ; toi, tu es toujours présent à mes côtés, avec tous mes anges. Mais celui-ci est venu couvert de honte, nu et sans beauté, en criant :  » Pitié ! J’ai péché, père, et je supplie en coupable devant ta face. Accepte-moi comme journalier et nourris-moi, car tu aimes les hommes, Seigneur et maître des siècles.  » (Sg 1,6 ;1Tm 1,17)

« Ton frère a crié : ‘ Sauve-moi, père saint ! ‘ …Comment pouvais-je ne pas prendre en pitié, ne pas sauver mon fils qui gémissait, qui sanglotait ? … Juge-moi, toi qui me blâmes… Ma joie en tout temps, c’est d’aimer les hommes… C’est ma créature : comment ne pas en avoir pitié ? Comment ne pas avoir compassion de son repentir ? Mes entrailles ont engendré cet enfant que j’ai pris en pitié, moi, le Seigneur et maître des siècles.

« Tout ce que j’ai est à toi, mon fils… La fortune que tu as n’en est pas diminuée, car ce n’est pas en prenant dessus que je fais des cadeaux à ton frère… Je suis de vous deux le créateur unique, l’unique père, bon, aimant et miséricordieux. Je t’honore, mon fils, car tu m’as toujours aimé et servi ; et lui, j’en ai compassion, car il se livre tout entier à son repentir. Tu devais donc partager la joie de tous ceux que j’ai invités, moi, le Seigneur et maître des siècles.

« Ainsi donc, mon fils, réjouis-toi avec tous les invités du banquet, et mêle tes chants à ceux de tous les anges, car ton frère était perdu et le voilà retrouvé, il était mort et, contre toute attente, il est ressuscité. » À ces mots, le fils aîné s’est laissé persuader et a chanté : « Criez tous de joie ! ‘ Heureux ceux à qui tout péché a été remis et dont les fautes sont effacées ‘ (Ps 131,1). Je te loue, ô ami des hommes, toi qui as sauvé aussi mon frère, toi le Seigneur et maître des siècles. »

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560), compositeur d’hymnes
Hymne 28, L’Enfant prodigue, str 17-21 (trad. SC 114, p. 257s)

 

 

 

« Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » (Lc 18,14)

mercredi 24 février 2016

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« C’est en vain que vous vous levez avant le jour » dit un psaume (126,2)… Tels étaient les fils de Zébédée qui, avant d’avoir subi l’humiliation en conformité avec la Passion du Seigneur, s’étaient déjà choisi leur place, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Ils voulaient « se lever avant la Lumière »… Pierre aussi s’était levé avant la Lumière, lorsqu’il donnait au Seigneur le conseil de ne pas souffrir pour nous. En effet, le Seigneur avait parlé de sa Passion qui devait nous sauver et de ses humiliations, et Pierre, qui peu auparavant avait confessé que Jésus est le Fils de Dieu, a été saisi d’effroi à l’idée de sa mort et lui a dit : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Epargne-toi toi-même. Non, cela ne t’arrivera pas ! » (cf Mt 16,22) Il voulait se lever devant la Lumière, donner conseil à la Lumière. Mais que fait le Seigneur ? Il l’a fait se lever après la Lumière en lui disant : « Passe derrière moi »… « Passe derrière moi pour que je marche devant toi et que tu me suives. Passe par la route que je prends, au lieu de vouloir me montrer la route où toi tu veux marcher »…

Pourquoi donc, fils de Zébédée, voulez-vous vous lever avant le Jour ? Voilà la question qu’il faut leur poser ; ils n’en seront pas irrités, car ces choses sont écrites à leur sujet afin que nous autres nous sachions nous préserver de l’orgueil où ils sont tombés. Pourquoi vouloir se lever avant le Jour ? C’est en vain. Vous voulez vous élever avant d’être abaissé ? Votre Seigneur lui-même, lui qui est votre lumière, s’est abaissé pour être élevé. Ecoutez ce que dit Paul : « Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu, mais il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes…, il s’est abaissé en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté » (Ph 2,6s).

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Les Discours sur les psaumes, Ps 126

 

 

 

« Moi, je vous dis : aimez vos ennemis ! »

samedi 20 février 2016

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« N’ayez de dette envers personne sinon celle de l’amour mutuel » (Rm 13,8). Quelle dette étonnante, mes frères, que cet amour que l’apôtre Paul nous enseigne à toujours payer, sans jamais cesser d’être débiteurs. Heureuse dette, dette sacrée, porteuse de créances sur le ciel, comblée de richesses éternelles ! … Rappelons-nous aussi des paroles du Seigneur : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour vos persécuteurs et pour ceux qui vous calomnient » (cf Lc 6,27). Et quelle sera la récompense de ce labeur ? … « Ainsi vous serez les fils de votre Père qui est dans les cieux ».

Ce qu’on donnera à ces fils de Dieu, l’apôtre Paul nous le fait connaître : « Si nous sommes fils, nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ » (Rm 8,17). Ecoutez donc, chrétiens, écoutez, fils de Dieu, écoutez, héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ ! Si vous voulez posséder l’héritage de votre Père, payez la dette de votre amour non pas seulement à vos amis mais aussi à vos ennemis. Ne refusez à personne cet amour ; il est le trésor commun de tous les hommes de bonne volonté. Possédez-le donc tous ensemble, et pour l’augmenter, faites-en versement aux mauvais comme aux bons. Car ce bien, que l’on ne possède qu’ensemble, n’est pas de la terre mais du ciel ; la part de l’un ne réduit jamais celle d’aucun autre…

L’amour est un don de Dieu : « L’amour a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5)… L’amour est la racine de tous les biens comme, d’après saint Paul, l’avarice est celle de tous les maux (1Tm 6,10)… L’amour est toujours content, car plus il multiplie ses dons plus largement aussi Dieu nous le dispense. Voilà pourquoi tandis que l’avare s’appauvrit de tout ce qu’il accapare, l’homme qui paie sa dette d’amour s’enrichit de ce qu’il donne.

Saint Fulgence de Ruspe (467-532), évêque en Afrique du Nord
Sermon 5 ; PL 5, 737 (trad. cf. En Calcat)

 

 

 

 

Ouvre, Seigneur, ouvre-moi la porte de ta miséricorde avant le temps de mon départ !

mercredi 17 février 2016

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Ouvre, Seigneur, ouvre-moi la porte de ta miséricorde avant le temps de mon départ (Mt 25,11). Car il me faut m’en aller, aller à toi et me justifier de tout ce que je dis en paroles, accomplis en actes et pense en mon cœur. « Même la rumeur des murmures n’échappe pas à ton oreille » (Sg 1,10). David te crie dans son psaume : « Mes reins sont à toi ; dans ton livre tout est écrit » (Ps 138,13.16). En y lisant les caractères de mes mauvaises actions, grave-les sur ta croix, car c’est en elle que je me glorifie (Ga 6,14) en te criant : « Ouvre-moi »…

Notre esprit s’est endurci au point que, quand nous avons entendu parler des calamités d’autrui, nous ne nous sommes corrigés en rien (Lc 13,1s). « Il n’en est pas un qui comprenne, pas un qui cherche ; nous sommes dévoyés, nous sommes pervertis » (Ps 13,2-3). Les Ninivites, autrefois, se sont repentis sur un seul appel du prophète. Mais nous autres, nous n’avons compris ni appel ni menace. Par ses larmes, Ézéchias a mis en fuite les Assyriens en suscitant contre eux la justice d’en haut (2R 19). Or voici que les Assyriens…nous ont emmenés en captivité, et nous n’avons pas pleuré ni crié : « Ouvre-nous ».

Très haut Seigneur, juge de tous, n’attends pas de nous que nous changions de conduite ; tu n’as pas besoin de nos bonnes actions, car chacun de nous se voue aux actions mauvaises par la pensée et par la volonté. Puisqu’il en est ainsi, Sauveur, gouverne nos jours selon ta volonté, sans attendre notre conversion, car elle ne viendra peut-être pas. Et même si elle vient pour un peu de temps, elle ne persiste pas jusqu’au bout. Comme la semence tombée parmi les pierres, comme l’herbe sur les toits, avant de lever elle se dessèche (Mc 4,5 ;Ps 128,6). Déploie donc tes miséricordes sur nous et sur tous ceux qui crient : « Ouvre-nous ».

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560), compositeur d’hymnes
Hymne 51 (trad. cf. SC 283, p. 319s)

 

 

 

 

« Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume. »

lundi 15 février 2016

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Le Christ, c’est-à-dire la miséricorde céleste, vient chaque jour à la porte de ta maison : non seulement spirituellement à la porte de ton âme, mais aussi matériellement à la porte de ta maison. Car chaque fois qu’un pauvre s’approche de ta maison, c’est sans aucun doute le Christ qui vient, lui qui a dit : « Chaque fois que vous l’avez fait à un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait. » N’endurcis donc pas ton cœur ; donne un peu d’argent au Christ, dont tu désires recevoir le Royaume ; donne un morceau de pain à celui dont tu espères recevoir la vie ; accueille-le dans ton logement, afin qu’il te reçoive dans son paradis ; donne-lui l’aumône pour qu’il te donne en retour la vie éternelle.

Quelle audace de vouloir régner dans le ciel avec celui auquel tu refuses ton aumône en ce monde ! Si tu le reçois pendant ce voyage terrestre, il t’accueillera dans son bonheur céleste ; si tu le méprises ici dans ta patrie, il détournera son regard de toi dans sa gloire. Un psaume dit : « Dans ta cité, Seigneur, tu méprises leur image » (Ps 72,20 Vulg) ; si dans notre cité, c’est-à-dire dans cette vie, nous méprisons ceux qui sont faits à l’image de Dieu (Gn 1,26), nous devons craindre d’être rejetés dans sa cité éternelle. Faites donc miséricorde ici-bas ;…grâce à votre générosité vous vous entendrez dire cette heureuse parole : « Venez, bénis, recevez en héritage le Royaume. »

Saint Césaire d’Arles (470-543), moine et évêque
Sermon 26,5 (trad SC 243, p. 89s rev)

 

 

 

 

 

Chemin de croix, chemin de gloire

jeudi 11 février 2016

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« Voici venue l’heure où le Fils de l’homme doit être glorifié » (Jn 12,23)… Après avoir annoncé sa glorification étonnante, qui semblait incompatible avec sa Passion, Jésus ajoute : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt pas, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (v. 24). « Que ma mort ne vous trouble donc pas. Le grain de blé est seul avant de tomber en terre, mais une fois tombé et mort, il germe pour une grande gloire et porte le double de fruits ; il déploie ses richesses devant tous et montre l’éclat de sa beauté. Pensez qu’il en est de même de moi. Maintenant je suis seul et sans gloire, méconnu dans la foule obscure des autres hommes. Mais lorsque j’aurai subi les souffrances de la croix, je ressusciterai avec grande gloire. Alors je porterai de nombreux fruits »…

Après ces prédictions à son propre sujet, Jésus exhorte ses disciples à l’imiter : « Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui cesse de s’y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle » (v. 25). « Donc, non seulement ma Passion ne doit pas vous scandaliser…, mais vous devez être prêts vous aussi à subir les mêmes souffrances pour porter les mêmes fruits. » Il dit ensuite très simplement : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive. » « Si quelqu’un veut être mon serviteur, qu’il montre par ses actes qu’il veut marcher à ma suite. » « Là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera » (v. 26). « Celui qui prend part à mes souffrances aura également part à ma gloire ; il sera avec moi éternellement dans le monde à venir et il partagera ma joie dans le Royaume des cieux. Voilà comment mon Père honorera ceux qui m’auront servi avec fidélité. »

Théodore de Mopsueste (?-428), évêque et théologien
Commentaire de l’évangile de Jean ; CSCO 116, p. 171s (trad. Orval rev.)

 

 

 

Présentation du Seigneur au Temple, fête

mardi 2 février 2016

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Aujourd’hui nous est rappelée l’action silencieuse de la Providence de Dieu. Elle accomplit tranquillement dans le cours du temps des événements prévus depuis longtemps ; en même temps, les visites du Seigneur demeurent soudaines et mystérieuses. Considérez ce qui se passe ici…

Ici, rien d’extraordinaire ni d’impressionnant. Nous savons ce que le monde pense des gens comme les parents de cet enfant, si pauvres, et ces deux vieillards : on les regarde sans intérêt et on passe. Pourtant il s’agit là de la réalisation solennelle d’une prophétie ancienne et prodigieuse. L’enfant qu’on porte sur les bras, c’est le Sauveur du monde, l’héritier authentique, qui vient sous les traits d’un inconnu visiter sa propre maison. L’Écriture avait dit : « Soudain il entrera dans son Temple, le Seigneur que vous cherchez. Qui pourra soutenir le jour de sa venue ?… » (Ml 3,2), et voilà qu’il vient en prendre possession. En plus, le vieillard qui prend l’enfant dans ses bras est comblé des dons de l’Esprit… : joie, action de grâce, espérance, mélangées mystérieusement de crainte, d’effroi et de douleur. Anne aussi…devient prophétesse, et ces témoins auxquels elle s’adresse sont l’authentique Israël qui attend avec foi la rédemption du monde selon les promesses… : « La gloire à venir de ce Temple dépassera celle de l’ancien », avait annoncé un autre prophète (Ag 2,9). La voilà, cette gloire : un petit enfant avec ses parents, deux vieillards et une assemblée sans nom et sans suite. « La venue du Royaume de Dieu ne vient pas de manière visible » (Lc 17,20).

Telle a toujours été la manière de Dieu en ses visites… : le silence, la soudaineté, la surprise au regard du monde, malgré des prédictions connues de tous, celles dont l’Église véritable saisit le sens et attend l’accomplissement… Il ne peut en être autrement. Les avertissements de Dieu sont clairs, mais le monde continue sa course ; engagés dans leurs activités, les hommes ne savent pas discerner le sens de l’histoire… À toute époque le monde reste profane et aveugle ; Dieu cache sa Providence, mais la réalise jour après jour.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « Secrecy and Suddenness of Divine Visitations » PPS t. 2, n° 10