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Archive pour le mot-clef ‘Ecritures’

« L’été est déjà proche. »

vendredi 27 novembre 2015

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« Fais-moi connaître, Seigneur, ma fin, et quel est le nombre de mes jours pour que je sache ce qui me manque. » (Ps 38,5) Si tu me faisais connaître ma fin, dit le psalmiste, et si tu me faisais connaître quel est le nombre de mes jours, je pourrai par là-même savoir ce qui me manque. Ou peut-être, par ces mots, il semble encore indiquer ceci : tout métier a une fin ; par exemple la fin d’une entreprise de construction, c’est de faire une maison ; la fin d’un chantier naval, de construire un bateau capable de triompher des flots de la mer et de supporter l’assaut des vents ; et la fin de chaque métier est quelque chose de semblable pour laquelle le métier lui-même semble inventé. Ainsi peut-être est-il aussi une certaine fin de notre vie et du monde entier pour laquelle se fait tout ce qui se fait en notre vie, ou pour laquelle le monde lui-même a été créé ou subsiste. De cette fin, l’apôtre Paul aussi se souvient quand il dit : « Ensuite viendra la fin, quand il remettra la royauté à Dieu le Père. » (1Co 15,24) Vers cette fin-là, il faut assurément se hâter, puisque c’est le prix même de l’œuvre, ce pour quoi nous sommes créés par Dieu.

Comme notre organisme corporel, petit et réduit au début de sa naissance, pousse pourtant et tend au terme de sa grandeur en croissant en âge, et encore comme notre âme…reçoit un langage d’abord balbutiant, puis dans la suite plus clair, pour arriver enfin à une manière de s’exprimer parfaite et correcte, de cette façon aussi toute notre vie commence à présent, certes, comme balbutiante parmi les hommes sur la terre, mais elle est achevée et parvient à son sommet dans les cieux près de Dieu.

Pour ce motif, le prophète désire donc connaître la fin pour laquelle il a été fait, pour qu’en regardant la fin, en examinant ses jours et en considérant sa perfection, il voie ce qui lui manque par rapport à cette fin où il tend… C’est comme si ceux qui sont sortis d’Égypte avaient dit : « Fais-moi connaître, Seigneur, ma fin » qui est une terre bonne et une terre sainte, « et le nombre de mes jours » où je marche, « pour que je sache ce qui me manque », combien il m’en reste jusqu’à ce que je parvienne à la terre sainte qui m’est promise.

Origène (v. 185-253), prêtre et théologien
1ère homélie sur le psaume 38 (trad. SC 411, p. 355)

 

 

 

 

 

Le Fils de l’homme viendra nous prendre avec lui.

jeudi 26 novembre 2015

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« Ce Jésus qui, en se séparant de vous, s’est élevé dans les cieux en reviendra un jour de la même manière que vous l’y avez vu monter » (Ac 1,11). Il viendra, disent ces anges, de la même manière. Viendra-t-il donc nous chercher dans ce cortège unique et universel, descendra-t-il précédé de tous les anges et suivi de tous les hommes pour juger les vivants et les morts ? Oui, il est bien certain qu’il viendra, mais il viendra de la même manière qu’il est monté aux cieux, non pas comme il en est descendu la première fois. En effet, lorsqu’il est venu autrefois pour sauver nos âmes, c’était dans l’humilité. Mais quand il viendra pour tirer ce cadavre de son sommeil de mort, pour « le rendre semblable à son corps glorieux » (Ph 3,21) et remplir d’honneur ce vase si faible aujourd’hui, il se montrera dans toute sa splendeur. Alors nous verrons dans toute sa puissance et dans sa majesté celui qui jadis s’était caché sous la faiblesse de notre chair…

Etant Dieu, le Christ ne pouvait pas grandir, car il n’y a rien au-delà de Dieu. Et pourtant il a trouvé le moyen de croître -– c’était en descendant, en venant s’incarner, souffrir, mourir pour nous arracher à la mort éternelle. « C’est pourquoi Dieu l’a exalté » (Ph 2,9). Il l’a ressuscité, il s’est assis à la droite de Dieu. Toi aussi, va et fais de même : tu ne pourras pas monter sans commencer par descendre. « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé » (Lc 14,11).

Heureux, Seigneur Jésus, sera celui qui n’a que toi pour guide ! Puissions-nous te suivre, nous « ton peuple et les brebis de ton bercail » (Ps 78,13), puissions-nous aller par toi vers toi, parce que tu es « la voie, la vérité, la vie » (Jn 14,6). La voie par l’exemple, la vérité par tes promesses, la vie parce que c’est toi notre récompense. « Tu as les paroles de la vie éternelle, et nous savons et nous croyons que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Jn 6,69 ;Mt 16,16) et Dieu lui-même, plus haut que toutes choses, béni à jamais.

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
2ème sermon pour l’Ascension

 

 

 

 

 

 

Le signe du Temple

mardi 24 novembre 2015

temple« Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai. » Le Sauveur était certes capable de montrer mille autres signes, mais pour montrer « pourquoi il agissait ainsi », aucun autre n’était possible. C’est pourquoi, très à propos, il a donné une réponse qui concernait le Temple, au lieu d’autres signes sans rapport avec celui-ci. Cependant, il me semble que le Temple et le corps de Jésus doivent être interprétés comme le symbole de l’Église, puisque celle-ci est bâtie avec des « pierres vivantes, édifice spirituel pour un sacerdoce saint ». Elle est construite « sur les fondations des apôtres et des prophètes, avec pour pierre d’angle le Christ Jésus », temple véritable.

Puisque « vous êtes le Corps du Christ et membres chacun pour sa part », même si on voit détruit l’assemblage harmonieux des pierres du temple et si, comme il est écrit dans le psaume 21, on voit tous les os du Christ disloqués dans l’assaut des épreuves et des tribulations…et les persécutions qui s’acharnent sur l’unité du temple, eh bien, le temple sera relevé et le corps ressuscitera, le troisième jour après le jour d’iniquité qui l’aura écrasé et après le jour de l’accomplissement qui suivra. Car il y aura un troisième jour dans un ciel nouveau et une terre nouvelle, quand les ossements…se dresseront au grand Jour du Seigneur, à la suite de sa victoire sur la mort. La résurrection du Christ après sa Passion et sa croix embrasse le mystère de la résurrection du Corps du Christ tout entier.

(Références bibliques : Jn 2,18-19; 1P 2,5; Ep 2,20; 1Co 12,27; Ps 21,15; 2P 3,3-10.13; Ez 37,11)

Origène (v. 185-253), prêtre et théologien
Commentaire de l’évangile de Jean, 10, 226s ; PG 14, 369s (trad. cf Thèmes et figures, DDB 1984, p. 130 et SC 157, p. 520)

 

 

 

« Ma maison sera une maison de prière. »

vendredi 20 novembre 2015

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Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire,
de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu,
à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant,
par le Christ, notre Seigneur.

Dans cette maison que tu nous as donnée,
où tu accueilles le peuple qui marche vers toi,
tu nous offres un signe merveilleux de ton alliance :
Ici, tu construis pour ta gloire
le temple vivant que nous sommes ;
Ici, tu édifies l’Église, ton Église universelle,
pour que se constitue le Corps du Christ ;
et cette œuvre s’achèvera en vision de bonheur
dans la Jérusalem céleste.

C’est pourquoi, avec la foule immense des saints,
en ce lieu que tu as consacré,
nous te bénissons, nous te glorifions,
et nous te rendons grâce en chantant : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur, Dieu de l’univers. »

Le Missel romain
Préface pour la fête de la dédicace d’une église

 

Ardouane

 

 

 

« Nous sommes des serviteurs quelconques. »

mardi 10 novembre 2015

nature

Que personne ne se glorifie de ce qu’il fait, puisque c’est en simple justice que nous devons notre service au Seigneur… Tant que nous vivons, nous devons toujours travailler pour notre Seigneur. Reconnais donc que tu es un serviteur tenu à un grand nombre de services. Ne te rengorge pas d’être appelé « enfant de Dieu » (1Jn 3,1) : reconnaissons cette grâce, mais n’oublions pas notre nature. Ne te vante pas si tu as bien servi, car tu as fait ce que tu devais faire. Le soleil remplit son rôle, la lune obéit, les anges font leur service. Saint Paul, « l’instrument choisi par le Seigneur pour les païens » (Ac 9,15), écrit : « Je ne mérite pas le nom d’apôtre, parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu » (1Co 15,9). Et si ailleurs il montre qu’il n’a conscience d’aucune faute, il ajoute ensuite : « Mais je n’en suis pas justifié pour autant » (1Co 4,4). Nous non plus, ne prétendons pas être loués pour nous-mêmes, ne devançons pas le jugement de Dieu.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Sur l’Evangile de saint Luc 8, 31-32 (trad. Véricel, Evangile commenté, p. 265 ; cf SC 52,p. 113)

 

 

 

« Celui qui est digne de confiance dans une petite affaire est digne de confiance aussi dans une grande. »

samedi 7 novembre 2015

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Tu dois savoir d’où vient pour toi l’existence, le souffle, l’intelligence et ce qu’il y a de plus précieux, la connaissance de Dieu, d’où vient l’espérance du Royaume de cieux et celle de contempler la gloire que tu vois aujourd’hui de manière obscure, comme dans un miroir, mais que tu verras demain dans toute sa pureté et son éclat (1Co 13,12). D’où vient que tu sois fils de Dieu, héritier avec le Christ (Rm 8,16-17) et, j’oserai dire, que tu sois toi-même un dieu ? D’où vient tout cela et par qui ?

Ou encore, pour parler de choses moins importantes, celles qui se voient : qui t’a donné de voir la beauté du ciel, la course du soleil, le cycle de la lune, les étoiles innombrables et, en tout cela, l’harmonie et l’ordre qui les conduisent ?… Qui t’a donné la pluie, l’agriculture, les aliments, les arts, les lois, la cité, une vie civilisée, des relations familières avec tes semblables ?

N’est-ce pas de Celui qui, avant toute chose et en retour de tous ses dons, te demande d’aimer les hommes ?… Alors que lui, notre Dieu et notre Seigneur, n’a pas honte d’être appelé notre Père, allons-nous renier nos frères ? Non, mes frères et mes amis, ne soyons pas des gérants malhonnêtes des biens qui nous sont confiés.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390), évêque et docteur de l’Église
Homélie 14, sur l’amour des pauvres, § 23-25 ; PG 35,887 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 2, p. 161 rev.; cf bréviaire 1er lun carême)

 

 

 

 

Renoncer à tous ses biens

mercredi 4 novembre 2015

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Selon la tradition des Pères et l’autorité des saintes Écritures, les renoncements sont au nombre de trois. Le premier concerne ce qui est matériel ; il nous fait mépriser toutes les richesses et les biens du monde. Par le deuxième, nous répudions notre ancienne manière de vivre, avec les vices et les passions de l’âme et de la chair. Par la troisième, nous détachons notre esprit de toutes les réalités présentes et visibles pour ne contempler que les réalités futures et ne désirer que les réalités invisibles. Ces renoncements doivent être observés tous les trois, comme le Seigneur l’a ordonné à Abraham, lorsqu’il lui a dit : « Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père » (Gn 12,1).

Il a dit en premier lieu : « Quitte ton pays », c’est-à-dire les richesses de la terre. En second lieu : « Quitte ta famille », c’est-à-dire les habitudes et les vices passés qui, en s’attachant à nous depuis notre naissance, nous sont étroitement unis par une sorte de parenté. En troisième lieu : « Quitte la maison de ton père », c’est-à-dire tout attachement au monde actuel qui se présente à nos yeux.

Contemplons, comme le dit l’apôtre Paul, « non pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel » (2Co 4,18) ; « nous, nous sommes citoyens des cieux » (Ph 3,20). Nous sortirons ainsi de la maison de notre ancien père, celui qui était notre père selon le vieil homme, dès notre naissance, quand « nous étions par nature voués à la colère comme tous les autres » (Ep 2,3), et nous porterons toute l’attention de notre esprit aux choses célestes. Notre âme s’élèvera alors jusqu’au monde invisible par la méditation constante des choses de Dieu et la contemplation spirituelle.

Saint Jean Cassien (v. 360-435), fondateur de monastère à Marseille
Conférences 3, 6-7; CSEL 13/2, 73-75 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 437)

 

 

 

 

 

 

« Va sur les routes et dans les sentiers…pour faire entrer les gens, afin que ma maison soit remplie. »

mardi 3 novembre 2015

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Saint, Saint, Saint es-tu vraiment, Seigneur notre Dieu, il n’est pas de limite à la grandeur de ta sainteté : tu as disposé avec droiture et justice toutes choses. Tu as façonné l’homme avec le limon de la terre, tu l’as honoré de l’image même de Dieu, tu l’as placé dans un Paradis de délices en lui promettant, s’il observait les commandements, l’immortalité et la jouissance des biens éternels. Mais il a transgressé ton commandement, Dieu véritable, et, séduit par la ruse du serpent, victime de son propre péché, il s’est soumis à la mort. Par ton juste jugement, il fut chassé du Paradis dans notre monde, renvoyé à la terre d’où il avait été tiré.

Mais tu disposais pour eux, dans ton Christ, le salut par la nouvelle naissance, car tu n’as pas rejeté pour toujours la créature que tu avais créée dans ta bonté ; tu as veillé sur elle de multiples façons dans la grandeur de ta miséricorde. Tu as envoyé des prophètes, tu as fait des miracles par les saints qui, dans chaque génération, te furent agréables ; tu as donné la Loi pour nous secourir ; tu as établi les anges pour nous garder.

Et quand vint la plénitude des temps, tu nous a parlé dans ton Fils unique, par qui tu as créé l’univers ; il est le rayonnement de ta gloire et l’image de ta nature ; il porte tout par sa puissante parole ; il n’a pas gardé jalousement son égalité avec Dieu, mais Dieu de toute éternité, il a paru sur la terre, il a vécu avec les hommes, a pris chair de la Vierge Marie, accepté la condition d’esclave, assumé notre corps de misère, pour nous rendre conformes à son corps de gloire (He 1,2-3 ;Ph 2,6-7 ;3,21).

Comme par l’homme le péché était entré dans le monde, et par le péché la mort, il a plu à ton Fils unique, lui qui était éternellement dans ton sein, ô Père, mais est né d’une femme, de condamner le péché dans sa chair, afin que ceux qui mouraient en Adam, aient la vie dans le Christ (Rm 5,12 ;8,3). En habitant dans ce monde, il nous a donné des préceptes de salut, nous a détournés de l’erreur des idoles, amenés à te connaître, toi, Dieu véritable. Par là il nous a conquis pour lui comme un peuple choisi, un sacerdoce royal, une nation sainte (1P 2,9).

La Divine Liturgie de Saint Basile (4e siècle)
Prière eucharistique, 1ère partie (trad. coll. Icthus, vol. 9, p. 72)

 

 

 

« Il en choisit douze et leur donna le nom d’Apôtres, d’envoyés. »

mercredi 28 octobre 2015

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Notre Seigneur Jésus Christ a institué des guides et des enseignants pour le monde entier, et des « intendants de ses mystères divins » (1Co 4,1). Il leur a prescrit de briller et d’éclairer comme des flambeaux non seulement dans le pays des Juifs…, mais partout sous le soleil, pour les hommes habitant sur toute la surface de la terre. Elle est donc vraie, cette parole de saint Paul : « On ne s’attribue pas cet honneur à soi-même, on le reçoit par appel de Dieu » (He 5,4)…

S’il estimait devoir envoyer ses disciples comme le Père l’avait envoyé lui-même (Jn 20,21), il était nécessaire que ceux-ci, appelés à être ses imitateurs, découvrent pour quelle tâche le Père avait envoyé son Fils. Il nous a donc expliqué de diverses manières le caractère de sa propre mission. Il a dit un jour : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs pour qu’ils se convertissent » (Lc 5,32). Et encore : « Je suis descendu du ciel non pas pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 6,38). Et une autre fois : « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,17).

Il résumait en quelques paroles la fonction des apôtres en disant qu’il les a envoyés comme le Père l’avait envoyé lui-même : ils sauraient par là qu’il leur incombe d’appeler les pécheurs à se convertir, de soigner les malades, corporellement et spirituellement ; dans leurs fonctions d’intendants, de ne chercher aucunement à faire leur propre volonté, mais la volonté de celui qui les a envoyés ; enfin de sauver le monde dans la mesure où il recevra les enseignements du Seigneur.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Jean, 3,130 (trad. bréviaire)

 

 

 

 

 

« Convertissez-vous … »

samedi 24 octobre 2015

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Pauvre de moi, ma conscience m’accuse sans cesse et la vérité ne peut pas m’excuser en disant : il n’a pas su ce qu’il faisait. Pardonne donc, Seigneur, au prix de ton précieux sang, tous les péchés où je suis tombé, consciemment ou inconsciemment… Oui, Seigneur, j’ai vraiment péché, et volontairement, et beaucoup. Après avoir reçu la connaissance de ta vérité, j’ai offensé l’Esprit de grâce ; pourtant, lors de mon baptême, il m’avait accordé gratuitement la rémission des péchés. Mais moi, après avoir reçu la connaissance de ta vérité, je suis revenu à mes péchés, « comme le chien à son vomissement » (2P 2,22 ; Pr 26,11).

Ô Fils de Dieu, t’ai-je foulé aux pieds en te reniant ? Pourtant je ne peux pas dire que Pierre, en te reniant, t’a foulé aux pieds, lui qui t’aimait si ardemment, même s’il t’a renié une première fois, une deuxième et une troisième fois… À moi aussi Satan a parfois réclamé ma foi pour la passer au crible comme du froment ; mais ta prière est descendue jusqu’à moi, de sorte que ma foi n’a jamais failli (Lc 22,31-32), elle ne t’a pas abandonné… Tu sais combien j’ai toujours voulu adhérer à la foi en toi ; toi donc, garde-moi dans cette volonté jusqu’au bout.

Toujours j’ai cru en toi…, toujours je t’ai aimé, même quand j’ai péché contre toi. Mes péchés, je les regrette, et à en mourir. Mais de mon amour, je n’ai aucun regret, sinon de ne pas t’avoir aimé autant que je l’aurais dû.

Guillaume de Saint-Thierry (v. 1085-1148), moine bénédictin puis cistercien
Oraisons méditatives, n° 5 (trad. cf. Pain de Cîteaux, 21 et SC 324, p. 99)