ACCUEIL

« L’Epoux est avec eux. »

6 juillet 2024

Le péché d’Adam s’était communiqué à tout le genre humain, à tous ses enfants… Donc, il est nécessaire que la justice du Christ soit communiquée à tout le genre humain ; de même qu’Adam, par le péché, a fait perdre la vie à sa descendance, de même le Christ, par sa justice, donnera la vie à ses enfants (cf Rm 5,19s)…

À la fin des temps, le Christ a reçu de Marie une âme et notre chair. Cette chair, il est venu la sauver, il ne l’a pas abandonnée au séjour des morts (Ps 15,10), il l’a unie à son esprit et il l’a faite sienne. Ce sont là les noces du Seigneur, son union à une seule chair, afin que, selon « ce grand mystère », ils soient « deux en une seule chair : le Christ et l’Église » (Ep 5,31). Le peuple chrétien est né de ces noces, sur lesquelles est descendu l’Esprit du Seigneur. Ces semailles venues du ciel se sont aussitôt répandues dans la substance de nos âmes et s’y sont mélangées. Nous nous développons alors dans les entrailles de notre Mère et, en grandissant dans son sein, nous recevons la vie dans le Christ. C’est ce qui a fait dire à l’apôtre Paul : « Le premier Adam avait reçu la vie ; le dernier Adam est un être spirituel qui donne la vie » (1Co 15,45).

C’est ainsi que le Christ engendre des enfants dans l’Église par ses prêtres, comme le dit le même apôtre : « Dans le Christ, je vous ai engendrés » (1Co 4,15). Et c’est ainsi par l’Esprit de Dieu, le Christ fait naître l’homme nouveau formé dans le sein de sa Mère et mis au monde dans la fontaine baptismale, par les mains du prêtre, avec la foi pour témoin… Il faut donc croire que nous pouvons naître… et que c’est le Christ qui nous donne la vie. L’apôtre Jean le dit : « Tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12).

Saint Pacien de Barcelone (?-v. 390)

 

 

Aimer les membres malades du Christ

5 juillet 2024

« Apprenez ce que veut dire : Je veux la miséricorde et non le sacrifice… Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » (Mt 9, 13) Être miséricordieux, incliner son cœur vers toutes les misères, celles du corps, et plus encore celles de l’âme, car les maladies de l’âme sont infiniment plus graves que tous les maux du corps, menaçant la vie et le bonheur d’un membre du Christ non pour quelques années, mais pour l’éternité… Ne pas s’attacher à soigner les brebis grasses, propres et dociles, abandonnant les galeuses à leur malheureux sort, mais aimer tous les hommes pour Dieu leur Père et leur Sauveur et donner ses soins surtout aux malades, aux pécheurs, puisqu’ils en ont bien plus besoin.

Jésus nous donne son corps entier à aimer ; tous ses membres méritent de notre part un égal amour, comme étant tous siens : les uns sont sains, les autres malades : si tous doivent être aimés également, les membres malades réclament tous nos soins, mille fois plus que les autres : avant de oindre les autres de parfums, soignons ceux qui sont blessés, meurtris, malades, c’est-à-dire tous ceux qui ont des besoins dans leur corps ou dans leur âme, surtout ces derniers, et surtout, surtout les pécheurs… Nous pouvons faire du bien à tous les hommes sans exception, par nos prières, nos pénitences, notre propre sanctification.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Pourquoi tenir de tels raisonnements ? »

4 juillet 2024

Les scribes disaient : « Il blasphème ! Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? » Quelle est la réponse du Sauveur ? A-t-il désapprouvé un tel langage ? S’il n’était pas l’égal de Dieu, il aurait dû dire : « Pourquoi m’attribuez-vous une telle prétention ? »… Mais il n’a rien dit de semblable ; au contraire, il a confirmé cette déclaration de ses ennemis. Rendre témoignage à soi-même est suspect ; la vérité est mieux appuyée par d’autres, et non seulement par ses amis, mais encore plus par ses ennemis… Notre Maître avait montré sa puissance par ses amis quand il a dit au lépreux : « Je le veux, sois guéri » (Mc 1,41), et au centurion : « Je n’ai jamais trouvé tant de foi en Israël » (Mt 8,10). Maintenant il fait témoigner ses ennemis…

Mais ici il y a encore un autre témoignage de la divinité de Jésus Christ, du fait qu’il est égal au Père. Non seulement Dieu seul peut remettre les péchés, mais Dieu seul peut pénétrer les pensées secrètes des cœurs. Il est écrit ici : « Saisissant dans son esprit les raisonnements qu’ils faisaient, Jésus leur dit : ‘Pourquoi de telles pensées dans vos cœurs ?’ » Le prophète écrit : « Toi seul connaît les cœurs » (2Ch 6,30) ; « Dieu sonde les cœurs et les reins » (Ps 7,10)… ; « L’homme voit l’apparence, mais Dieu voit le cœur » (1S 16,7). En même temps, le Christ donne une nouvelle preuve de sa douceur : « Pourquoi pensez-vous le mal dans votre cœur ? »…

« Qu’est-ce qui vous paraît plus facile : guérir un corps malade ou pardonner les fautes d’une âme ? L’âme est plus élevée ; ses maladies sont plus difficiles à guérir. Mais parce que cette guérison est invisible, je ferai sous vos yeux une guérison visible, quoique moins importante »… Jésus fait donc lever le paralytique et le renvoie chez lui… Il semble lui dire : « Par ce qui t’est arrivé, j’aurais voulu guérir ces gens qui paraissent en bonne santé mais qui en réalité ont l’âme malade. Puisqu’ils ne le veulent pas, va-t’en chez toi ; là du moins, ta guérison portera des fruits ».

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Fête de saint Thomas, apôtre

3 juillet 2024

Thomas a poussé ce cri sublime : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28). Cette profession de foi, plus grande que l’incrédulité passée, ne pouvait sonner plus fort : tout le contenu de la foi est compris dans cette brève exclamation.

Merveilleuse pénétration de cet homme ! Il touche l’Homme et il l’appelle Dieu. Il touche l’un et croit l’autre. Aurait-il écrit mille livres, il n’aurait pas autant servi l’Église. Avec quelle clarté, quelle foi et quelle simplicité il appelle le Christ Dieu ! Quelle parole utile et nécessaire à l’Église de Dieu ! Grâce à elle les plus graves hérésies ont été jadis extirpées de l’Église. Pierre fut loué pour avoir dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16). Avec plus de netteté encore, Thomas s’écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Par cette simple parole, il confesse les deux natures du Christ.

« Parce que tu as vu, Thomas, tu as cru ; heureux ceux qui ont cru sans avoir vu » (Jn 20, 29). Cette parole, frères, nous apporte grande consolation. Chaque fois que nous disons ou que nous nous écrions : “Heureux les yeux, heureux le temps, douce l’époque qui ont eu la chance de voir et de contempler de si grands mystères”, c’est vrai car le Seigneur a dit : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez » (Lc 10,23) ; mais il a dit lui aussi : « Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu ». Ces mots apportent une consolation plus grande encore, ils signalent un plus grand mérite. La vision donne plus de joie ; la foi honore davantage.

Saint Thomas de Villeneuve (v. 1487-1555)

 

 

 

« Pourquoi avoir peur ? »

2 juillet 2024

« Mes enfants, quoi qu’il vous arrive, souvenez-vous que je suis toujours avec vous. Souvenez-vous que, visible ou invisible, paraissant agir ou paraissant dormir et vous oublier, je veille toujours, je suis partout, et je suis tout-puissant. N’ayez jamais nulle crainte, nulle inquiétude : je suis là, je veille, je vous aime (…), je suis tout-puissant. Que vous faut-il de plus ? (…) Souvenez-vous de ces tempêtes que j’ai apaisées d’un mot, leur faisant succéder un grand calme. Souvenez-vous de la façon dont j’ai soutenu Pierre marchant sur les eaux (Mt 14,28s). Je suis toujours aussi près de chaque homme que je l’étais alors de vous. (…) Ayez confiance, foi, courage ; soyez sans inquiétude pour votre corps et votre âme (Mt 6,25), puisque je suis là, tout-puissant et vous aimant.

Mais (…) que votre confiance ne naisse pas de l’insouciance, de l’ignorance des dangers, ni de la confiance en vous ou en d’autres créatures. (…) Les dangers que vous courez sont imminents : les démons, ennemis forts et rusés, votre nature, le monde, vous font constamment une guerre acharnée. (…) En cette vie, la tempête est presque continuelle, et votre barque est toujours près de sombrer. Mais moi je suis là, et avec moi elle est insubmersible. Défiez-vous de tout, et surtout de vous, mais ayez en moi une confiance totale qui bannisse toute inquiétude. »

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Laisse les morts enterrer leurs morts. »

1 juillet 2024

« Celui qui aime véritablement le Seigneur, qui recherche véritablement la possession du Royaume à venir, qui éprouve véritablement le regret de ses péchés, qui est véritablement parvenu à se souvenir du châtiment et du jugement éternel, qui est véritablement animé de la crainte de sa propre fin, celui-là n’aura plus ni amour, ni souci, ni préoccupation pour l’argent, pour les richesses, pour ses parents, pour la gloire du monde, pour ses amis, pour ses frères, ou pour quoi que ce soit sur la terre. Mais, ayant rejeté et haï toute attache et tout souci concernant tout cela, et plus encore sa propre chair, il suivra le Christ, nu, sans soucis, avec empressement, regardant sans cesse vers le ciel, en attendant de là tout secours, selon les paroles du saint roi : « Je ne me suis pas lassé de te suivre, et je n’ai pas désiré le jour ni le repos de l’homme, Seigneur ! » (cf. Jr 17,16 LXX).

C’est une grande honte si, après avoir abandonné tout ce que je viens de dire, à l’appel non d’un homme mais du Seigneur, nous nous préoccupons de quelque autre chose qui ne saurait nous être d’aucune utilité à l’heure du besoin, c’est-à-dire au moment de la mort. Car c’est là ce que le Seigneur appelait « regarder en arrière et n’être pas digne du Royaume des Cieux » (Lc 9,62). Le Seigneur connaissait bien notre fragilité dans les commencements, et savait avec quelle facilité le séjour parmi les gens du monde ou leur conversation nous porteraient de nouveau vers le monde ; c’est pourquoi, à celui qui leur demandait : « Permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon Père », il répondit : « Laisse les morts ensevelir les morts » (Mt 8,22). (…)

Nous qui avons résolu de poursuivre notre course avec ardeur et promptitude, soyons très attentifs à la condamnation que le Seigneur a portée contre tous ceux qui vivent dans le monde, et, vivants, sont morts, quand il dit : « Laisse ceux qui sont dans le monde et sont morts, ensevelir ceux qui sont morts corporellement » (cf. Mt 8,22).

Saint Jean Climaque (v. 575-v. 650)

 

 

 

« Aussitôt la jeune fille se leva. »

30 juin 2024

Le Christ entre dans la maison où se trouve la jeune fille, la prend par la main et lui dit : « Petite fille, je te le dis, lève-toi ! »… Chers jeunes, le monde a besoin de votre réponse personnelle aux paroles de vie du Maître : « Je te le dis, lève-toi ! » Nous voyons comment Jésus vient à la rencontre de l’humanité dans les situations les plus difficiles et les plus pénibles. Le miracle accompli dans la maison de Jaïre nous montre son pouvoir sur le mal. Il est le Seigneur de la vie, le vainqueur de la mort…

Mais nous ne pouvons pas oublier que, selon ce que nous enseigne la foi, la cause première du mal, de la maladie, de la mort même, c’est le péché en ses différentes formes. Dans le cœur de chacun et de chacune de nous se cache cette maladie qui nous touche tous : le péché personnel, qui s’enracine de plus en plus dans les consciences à mesure que se perd le sens de Dieu. Oui, chers jeunes, veillez à ne pas laisser s’affaiblir en vous le sens de Dieu. On ne peut pas vaincre le mal par le bien si l’on n’a pas ce sens de Dieu, de son action, de sa présence, qui nous invite à parier toujours sur la grâce, sur la vie, contre le péché, contre la mort. Le sort de l’humanité est en jeu…

Il s’ensuit que nous devons voir les implications sociales du péché pour construire un monde digne de l’homme. Il y a des maux sociaux qui créent une véritable « communion du péché » parce que, en même temps que l’âme, ils abaissent l’Église et d’une certaine manière le monde entier… Chers jeunes, combattez le bon combat de la foi (1Tm 6,12) pour la dignité de l’homme, pour la dignité de l’amour, pour une vie noble, une vie d’enfants de Dieu. Vaincre le péché à l’aide du pardon de Dieu est une guérison, c’est une résurrection. N’ayez pas peur des exigences de l’amour du Christ. Craignez, au contraire, la pusillanimité, la légèreté, la recherche de vos intérêts propres, l’égoïsme, tout ce qui veut faire taire la voix du Christ qui, s’adressant à chacun de nous, répète : « Je te le dis, lève-toi ».

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Saint Pierre et saint Paul, Apôtres, solennité

29 juin 2024

« Elle et précieuse aux yeux du Seigneur, la mort de ses saints » (Ps 115,15). Une religion qui a pour fondement le mystère de la croix du Christ ne peut être détruite par aucun genre de cruauté. L’Église n’est pas amoindrie par les persécutions, mais renforcée par elles. Et le champ du Seigneur se couvre d’une moisson de plus en plus riche à mesure que les graines, qui tombent une à une, renaissent multipliées.

Des milliers de bienheureux martyrs attestent combien s’est multiplié la postérité de ces deux germes glorieux des divines semailles que sont les apôtres Pierre et Paul. Émules de l’un et de l’autre dans leur triomphe, ils ont rempli notre ville de Rome d’une multitude empourprée, dont l’éclat brille au loin ; ils la couronnent comme d’un diadème serti de la splendeur d’innombrables pierres précieuses.

Nous nous réjouissons, fils bien-aimés, en célébrant le souvenir et en invoquant la protection de tous ces saints que Dieu nous a donnés comme exemples de patience et come soutiens pour notre foi. Mais nous devons nous glorifier plus encore pour la gloire éminente de ces deux apôtres qui en furent les pères. La grâce de Dieu les a élevés si haut parmi tous les membres de l’Église que, dans ce corps dont le Christ est la tête, on peut les comparer à la lumière des deux yeux. En pensant à leurs mérites et à leurs vertus, qui surpassent tout ce qu’on peut en dire, nous ne devons ni les préférer l’un à l’autre ni les dissocier. Car une même élection les a faits égaux, une même tâche les a rendus semblables, une même fin les a réunis.

Comme nous en avons fait l’expérience et comme nos prédécesseurs l’ont attesté, nous croyons et nous espérons que les prières de ces deux insignes protecteurs nous obtiendront la miséricorde de Dieu au milieu des épreuves de cette vie ; de cette sorte, autant nous écrase le poids de nos propres péchés, autant serons-nous relevés par les mérites de ces apôtres.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

 

 

« Jésus étendit la main, le toucha et dit : ‘ Sois purifié ‘ »

28 juin 2024

Jésus ne dit pas simplement : « Je le veux, sois guéri ». Mieux encore : « Il étendit la main et le toucha ». Voilà qui est digne d’attention. Puisqu’il le guérissait par un acte de sa volonté et par une parole, pourquoi l’a-t-il touché de la main ? Pas pour une autre raison, me semble-t-il, que pour montrer qu’il n’est pas inférieur, mais supérieur à la Loi, et que désormais, rien n’est impur pour quelqu’un de pur (cf Lv 13)… La main de Jésus n’est pas devenue impure au contact du lépreux ; au contraire, le corps du lépreux a été purifié par la sainteté de cette main. C’est que le Christ est venu non seulement guérir les corps, mais élever les âmes à la sainteté : il nous enseigne ici à avoir soin de notre âme, à la purifier, sans nous préoccuper des ablutions extérieures. La seule lèpre à craindre, c’est celle de l’âme, c’est-à-dire le péché…

Quant à nous, rendons grâce à Dieu continuellement. Remercions-le non seulement pour les biens qu’il nous a donnés, mais encore pour ceux qu’il a accordés aux autres ; nous pourrons ainsi détruire l’envie, entretenir et accroître notre amour du prochain.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Je ne vous ai jamais connus, vous qui commettez le mal ! » (Mt 7,23)

27 juin 2024

« Il connaît celui qui trompe et celui qui est trompé. Il entraîne les conseillers vers un idéal sans sagesse et les juges dans la torpeur. » (Jb 12,16-17 Vg) Si tout homme qui tente de tromper son prochain est injuste et si la Vérité dit aux injustes : « Je ne vous connais pas, écartez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice » (Mt 7,23), en quel sens est-il dit ici que le Seigneur connaît celui qui trompe ?

Mais, pour Dieu, savoir signifie tantôt constater, tantôt approuver ; il connaît donc l’homme injuste parce qu’il le juge en constatant ‒ comment en effet jugerait-il qu’un homme est injuste, s’il ne constatait ? ‒ et cependant il ne connaît pas l’injuste parce qu’il n’approuve pas sa conduite. Il le connaît donc parce qu’il le prend sur le fait, et il ne le connaît pas, parce qu’il ne reconnaît pas un tel homme dans le regard de sa sagesse.

Pareillement, de tout homme véridique on dit qu’il ne connaît pas la fausseté, non qu’il ne sache pas blâmer chez un autre une parole fausse, mais cette tromperie même, s’il la connaît dans l’analyse, il ne la connaît pas dans l’amour, en sorte qu’il ne la commet pas, lui, mais, commise par un autre, il la condamne.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)