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Archive pour le mot-clef ‘âme’

Comment travailles-tu le champ de ton cœur ?

dimanche 16 juillet 2023

À celui qui, de bon cœur, accepte volontiers la semence de mes paroles, j’accorde en surabondance les dons de l’Esprit Saint, comme à un bon champ. Mais celui qui parfois la reçoit, parfois la refuse, est comme un champ qui tantôt reverdit et tantôt se dessèche.

Montre-moi comment tu travailles le champ de ton cœur et comment tu le cultives ! Si ton travail intérieur me plaît, je te donnerai une excellente récolte. C’est selon ton travail que sera ta récolte et ta récompense. Est-ce que je donne du fruit à la terre sans travail ? De même, je ne t’en donnerai pas, ô homme, sans la sueur que je te demande. Car tu as reçu de moi ce qui te permet de travailler ton âme.

Certains pensent qu’ils peuvent être tout ce qu’ils veulent, refusant d’examiner ce qu’ils sont et ce qu’ils peuvent faire, sans consulter Celui qui les a formés et qui est leur Dieu… ils veulent traiter Dieu comme un domestique qui accomplisse entièrement leur volonté. Dès lors, je ne veux pas accorder mes dons ni ensemencer un champ vide en un homme qui essaie de s’unir à moi avec cet orgueil, en faisant comme si, dans l’aliénation de son ignorance, il ne me connaissait pas…

Ô homme, pourquoi n’as-tu pas regardé le champ de ton âme pour y enlever les herbes inutiles, les épines et les ronces, en m’invoquant et en t’examinant toi-même, avant de venir à moi comme si tu étais ivre, fou et en t’ignorant toi-même, puisque tu ne peux achever aucune œuvre de lumière sans mon secours ? (…) Sans moi, tu ne peux rien faire…

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Que notre âme soit toujours une maison de prière !

vendredi 2 juin 2023

« Ma maison est une maison de prière ; vous en avez fait une caverne de voleurs » (Mt 21,13) : Ceci nous indique le respect infini que nous devons avoir pour toute église, chapelle ; avec quel recueillement, quel respect, il faut nous y tenir (…).

La parole de Notre-Seigneur nous dit encore autre chose, elle s’applique à notre âme : notre âme, aussi, est une maison de prière ; la prière doit, sans interruption, s’élever d’elle vers le ciel, comme une fumée d’encens, et combien de fois, hélas ! les distractions, les pensées terrestres, les pensées qui ne sont pas pour la plus grande gloire de Dieu, les pensées mauvaises même, l’occupent, la remplissent de bruit, de trouble et de souillures, et en font une caverne de voleurs !… Efforçons-nous de toute notre puissance de faire que notre esprit soit toujours occupé de Dieu ou de ce qu’Il nous charge de faire pour Son service ; et même, qu’en faisant ce dont Il nous charge, nous jetions sans cesse un regard vers Lui, sans jamais détacher le cœur en aucune façon, et les yeux le moins possible, n’attachant nos yeux à nos occupations qu’autant que c’est nécessaire, et notre cœur pas du tout : que Dieu soit le Roi de nos pensées, le Seigneur de nos pensées, que Sa pensée ne nous quitte pas et que tout ce que nous disons, faisons, pensons, soit pour Lui, soit dirigé par Son amour. (…)

Qu’ainsi notre âme soit toujours une maison de prière, jamais une caverne de voleurs. Que rien d’étranger n’y ait accès ; qu’aucune chose profane n’y entre, même en passant. Qu’elle s’occupe sans cesse de son Bien-Aimé… Quand on aime, on ne perd pas de vue ce qu’on aime…

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« La vérité vous rendra libres. »

mercredi 29 mars 2023

À la connaissance de notre lumineuse, glorieuse et toute sainte foi, ajoute encore, qui que tu sois, la connaissance de toi-même. Homme, tu es double par nature, composé d’une âme et d’un corps ; et, c’est le même Dieu qui est le créateur du corps et de l’âme. Sache aussi que tu as une âme libre, chef-d’œuvre de Dieu, à l’image de son auteur, immortelle par la grâce de Dieu qui l’a faite immortelle. C’est un être vivant, raisonnable et incorruptible, par la grâce de celui qui lui a conféré ces prérogatives, doué de la faculté de faire ce qu’il veut. (…)

Sache encore ceci : avant de naître en ce monde, l’âme n’a commis aucune faute, mais, après être venus sans faute, voici que délibérément nous péchons. (…) L’âme est immortelle et, d’homme ou de femme, toutes les âmes sont pareilles : seuls en effet les membres du corps diffèrent. Il n’y a pas une catégorie d’âmes qui pèchent par nature et une catégorie d’âmes qui font le bien par nature ; mais les unes et les autres agissent par libre choix, la substance des âmes étant chez tous d’une même structure, et semblable.

L’âme est libre, et le diable peut bien lui faire des suggestions, mais l’obliger malgré son libre choix, il n’en a pas le pouvoir. Il ébauche en toi une pensée de fornication : si tu le veux, tu l’accueilles ; si tu ne le veux pas, tu le repousses. Car si tu forniquais nécessairement, pour quelle raison Dieu aurait-il préparé la géhenne ? Si la nature et non le libre arbitre te faisait faire le bien, pour quelle raison Dieu aurait-il préparé des couronnes ineffables ? (…) Tu viens d’apprendre, cher ami, dans toute la mesure désirable pour le moment, ce qui concerne l’âme.

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

Prépare le réceptacle de ton âme pour devenir fils de Dieu

mardi 3 janvier 2023

Jésus Christ était Fils de Dieu, cependant il ne prêcha pas avant son baptême. Si le Maître lui-même disposait le temps selon un ordre, devons-nous, nous autres les serviteurs, nous monter téméraires et brouillons ? Jésus se mit à prêcher, exactement lorsque l’Esprit Saint descendit sur lui sous la forme corporelle d’une colombe, non pas pour une première manifestation à Jésus (car il connaissait l’Esprit avant même qu’il ne vînt sous une forme corporelle), mais pour que Jean, qui baptisait Jésus, vît l’Esprit. « Moi, dit Jean en effet, je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’avait envoyé baptiser dans l’eau, celui-là me dit : “celui sur qui tu verras descendre et s’arrêter l’Esprit, c’est Lui” » (Jn 1,33).

Si tu as, toi aussi, une pitié sincère, sur toi aussi l’Esprit Saint descendra, et d’en haut la voix du Père se fera entendre, non pas : « Celui-ci est mon Fils » (Mt 3,17), mais « celui-ci est désormais devenu mon fils. » Car le mot « est » n’appartient qu’à lui, parce qu’ « au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jn 1,1). À lui s’applique le mot « est » parce qu’il est toujours Fils de Dieu ; à toi s’applique au contraire : « il est désormais devenu », parce que tu ne possèdes pas naturellement, mais que tu reçois par adoption l’appellation de fils. Lui « est » éternellement : toi, tu reçois la grâce progressivement.

Prépare donc le réceptacle de ton âme pour devenir fils de Dieu, héritier de Dieu et cohéritier du Christ (cf. Rm 8,17). Or tu te prépares utilement si tu progresses de la croyance à la ferme conviction, si tu choisis de « dépouiller le vieil homme ».

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

« Si quelqu’un m’aime … nous viendrons chez lui ; nous irons demeurer auprès de lui. »

dimanche 22 mai 2022

J’étais une fois profondément recueillie dans la divine compagnie que j’ai toujours en mon âme ; Dieu me paraissait tellement présent en moi que je songeais à cette parole de saint Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16). Et en effet, il me semblait que le Dieu vivant habitait réellement dans mon âme. Cette présence est différente de certaines visions que j’ai eues : elle donne une telle force à la foi que l’on ne peut aucunement douter que la Trinité est en notre âme par présence, par puissance et par essence. L’âme retire un immense profit de l’intelligence de cette vérité. Comme j’étais saisie d’effroi en voyant une si haute Majesté présente dans une créature aussi basse que mon âme, j’entendis ces paroles : « Ton âme n’est pas basse, ma fille, car elle est faite à mon image » (Gn 1,27). (…)

Jouissant un jour de la présence des trois Personnes que je porte en mon âme, la lumière dans laquelle je les voyais en moi était si vive, qu’il n’y avait aucun doute que ce ne soit là le Dieu vivant, le vrai Dieu. (…) Je songeais combien la vie est amère, puisqu’elle nous empêche de nous tenir toujours en cette si admirable compagnie. (…) Et le Seigneur m’a dit : « Ma fille, après cette vie, tu ne pourras plus me servir de la même manière que maintenant. Alors, que tu manges ou que tu dormes, quoi que tu fasses, fais-le par amour pour moi, comme si tu ne vivais plus toi-même, mais moi en toi. C’est là ce que disait saint Paul » (Ga 2,20).

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

« Si quelqu’un entre en passant par moi, il pourra trouver un pâturage. » (Jn 10,9)

lundi 9 mai 2022

Je pousse telle âme vers la douleur de mes douleurs, telle autre vers la joie de mes joies, telle vers l’imitation de ma pauvreté et de mon abjection, telle vers l’imitation de mon zèle pour les âmes ; je suis le Pasteur et dans le champ de mon amour il pousse des herbages infinis. Je nourris chaque âme de l’herbe que je vois qu’il lui faut…

Ainsi vous, ne cherchez pas tant à exciter dans votre âme ou dans celle des autres tel sentiment qui vous paraît très parfait, qui l’est réellement, et qui est en effet très réel, de l’amour, tâchez plutôt d’être fidèle et de rendre les âmes des autres fidèles aux sentiments que moi-même je fais naître en vous et en eux ; ne choisissez pas les herbes qui croissent dans le champ de mon amour, ni pour vous ni pour les autres, mais appliquez-vous plutôt à bien manger, vous et eux, à bien digérer celles que je choisis moi-même soit pour vous, soit pour eux, et à en profiter pour faire les uns et les autres non pas telle chose qui vous plaît à vous, mais ce qui me plaît à moi, le bien particulier que je veux voir faire à vous et à eux et en vue duquel je vous présente telles ou telles herbes : c’est à moi à faire des âmes ce que je juge bon, moi qui les ai faites, qui seul les connais, qui seul sais à quoi je les destine…

Votre travail ne consiste pas du tout à les destiner à telle ou telle chose, mais à voir à tout moment de quelle herbe je les nourris.

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

La félicité et les désirs de l’âme

jeudi 17 mars 2022

La félicité de l’autre vie est l’accomplissement de tous les désirs. La félicité de cette vie est l’anéantissement de tous les désirs. (…)

Les désirs croissent à mesure que nous obtenons ce que nous avons désiré : la possession de ce que nous avons souhaité ne fait que nourrir nos désirs, sans rassasier l’âme. L’âme ne désire que cette charge, parce qu’elle se persuade, séduite par les sens et par les fausses opinions des hommes, que cette charge la satisfera. Mais voyant que ce n’est que comme une goutte d’eau dans un abîme, elle se porte à d’autres objets que les sens lui représentent encore comme des biens capables de la remplir. Le mauvais riche ne demandait qu’une goutte d’eau ; c’était là tous ses désirs. Je vous laisse à penser si cela aurait étanché sa soif. Il ne l’aura pas. Mais quand il l’aurait, etc. Si nous avions l’accomplissement de tous nos désirs en cette vie, nous ne penserions plus à l’autre, et ainsi Dieu qui nous aime ménage la chose autrement. (…)

Est-ce en ce monde que nous parvenons à cette véritable félicité ? Les plaisirs du monde qui rassasient d’abord, ses honneurs, sa gloire et ses richesses qui ne rassasient jamais, tous ses faux biens dont les uns dégoûtent et les autres affament, qui passent tous comme une fumée, et dont l’usage est toujours troublé par un mélange de maux infinis et par l’image terrible de la mort, où ils vont tous enfin se terminer, peuvent-ils produire cette félicité ?

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

Le vase purifié de notre cœur

mercredi 9 février 2022

Si vous voulez parvenir à la science véritable des Écritures, hâtez-vous d’abord d’acquérir une humilité de cœur inébranlable. C’est elle qui vous conduira, non à la science qui enfle, mais à celle qui illumine, par la consommation de la charité. Il est impossible que l’âme qui n’est pas pure, obtienne le don de la science spirituelle. (…)

Celui dont l’âme n’est point pure, ne saurait acquérir la science spirituelle, si assidu qu’il puisse être à la lecture. L’on ne confie point à un vase fétide et corrompu un parfum de qualité, un miel excellent, une liqueur précieuse. Le vase pénétré de senteurs repoussantes, infectera plus facilement le parfum le plus odorant, qu’il n’en recevra lui-même quelque suavité ou agrément ; car ce qui est pur, se corrompt plus vite que ce qui est corrompu ne se purifie. Ainsi le vase de notre cœur. S’il n’est d’abord entièrement purifié de la contagion fétide des vices, il ne méritera pas de recevoir ce parfum de bénédiction dont parle le prophète : « Comme l’huile précieuse qui, répandue sur la tête, coule sur la barbe d’Aaron et descend sur le bord de son vêtement » (Ps 132,2) ; non plus qu’il ne gardera sans souillure la science spirituelle ou les paroles de l’Écriture, « qui sont plus douces que le miel et que le rayon rempli de miel » (Ps 18,11).

« Car, quelle communication y a-t-il de la justice avec l’iniquité ? Quelle société de la lumière avec les ténèbres ? Quel accord entre le Christ et Bélial ? » (2Co 6,14-15)

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

Vers le sabbat en plénitude

vendredi 29 octobre 2021

Moïse a dit : « Le repos du sabbat sera consacré au Seigneur. » Le Seigneur aime le repos ; il aime se reposer en nous, et qu’ainsi nous nous reposions en lui. Mais il y a un repos du temps à venir dont il est écrit : « Désormais, dit l’Esprit, qu’ils se reposent de leurs travaux. » Et il y a un repos du temps présent, dont le prophète dit : « Cessez de faire le mal. »

On parvient au repos du temps futur par les six œuvres de miséricorde qui sont énumérées dans l’Évangile à l’endroit où il est dit : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger », etc. (…) Car « il y a six jours pendant lesquels il faut travailler » ; ensuite vient la nuit, c’est-à-dire la mort, où « nul ne peut travailler ». Après ces six jours, c’est le sabbat : lorsque toutes les bonnes œuvres sont consommées, c’est le repos des âmes.

Baudouin de Ford (?-v. 1190)

(Références bibliques : Ex 31,15; Ap 14,13; Is 1,16; Mt 25,35s; Lc 13,14; Jn 9,4)

Le feu intérieur de l’amour

jeudi 21 octobre 2021

Un des meilleurs fruits de la vie d’union et d’abandon à Dieu est d’entretenir dans l’âme le feu de l’amour, non seulement de l’amour divin, mais encore de la charité envers le prochain. Au contact fréquent du foyer de l’Amour substantiel, l’âme s’embrase pour les intérêts et la gloire du Seigneur, pour l’extension du règne du Christ dans les cœurs. La vraie vie intérieure nous livre aux âmes autant qu’à Dieu : elle est source de zèle. Quand on aime véritablement Dieu, en effet, on désire qu’il soit aimé, que « son nom soit glorifié, que son règne arrive dans les âmes, que sa volonté soit faite en tous » (cf. Mt 6, 9-10).

L’âme qui aime vraiment Dieu ressent profondément les injures qui sont faites à l’objet de son amour ; « elle défaut à la vue des iniquités des pécheurs qui transgressent la loi divine » (Ps 118,53 Vg). Elle souffre de voir s’étendre par le péché l’empire du prince des ténèbres ; car Satan « rôde toujours, veillant et cherchant une proie à dévorer » (1P 5,8) ; il a des complices auxquels il souffle une ardeur incessante, un zèle de haine contre les membres du Christ Jésus. L’âme qui aime sincèrement Dieu est, elle aussi, dévorée de zèle, mais pour la gloire de la maison du Seigneur (cf. Ps 68, 10 Vg).

Qu’est-ce, en effet, que le zèle ? C’est une ardeur qui brûle et se communique, qui consume et se répand ; c’est la flamme de l’amour ‒ ou de la haine ‒ se manifestant au dehors par l’action. L’âme embrasée d’un saint zèle se dépense sans compter pour les intérêts de Dieu ; elle cherche à les servir de toutes ses puissances. Et plus le foyer de ce feu intérieur est ardent, plus il rayonne au dehors. Elle est animée de ce feu que le Christ Jésus est venu apporter sur la terre, et qu’il désire si ardemment voir s’allumer en nous (cf. Lc 12,49).

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)