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Archive pour le mot-clef ‘Royaume des Cieux’

« Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche. »

mercredi 12 juillet 2023

Lorsque l’Esprit prophétique annonce l’avenir, voici comment il parle : « Une loi sortira de Sion et une parole, le Verbe du Seigneur, de Jérusalem ; il jugera parmi les nations et il convaincra une grande multitude. Les nations feront de leurs épées des fers de charrues, et de leurs lances des faucilles ; ils n’apprendront plus à faire la guerre » (Is 2,3-4).

Ces paroles se sont réalisées de façon convaincante. Douze hommes sont partis de Jérusalem pour parcourir le monde. C’était des hommes simples et qui ne savaient pas parler. Mais par la puissance de Dieu, ils ont annoncé à tous les hommes qu’ils étaient envoyés par le Christ pour enseigner à tous la parole de Dieu. Et nous, qui autrefois ne savions que nous entre-tuer, non seulement nous ne combattons plus nos ennemis, mais, pour ne pas mentir ni tromper nos juges, nous confessons le Christ avec joie et nous mourons martyrs. (…)

Écoutez ce qui a été dit de ceux qui annonceraient sa venue. C’est David le roi prophète qui parle, inspiré par l’Esprit prophétique : « Le jour l’annonce au jour ; la nuit le dit à la nuit. Il n’y a pas de nation de quelque langue que ce soit qui n’entende leur parole. Leur voix s’est répandue sur toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux limites de la terre » (Ps 18,2). (…) Dans une autre prophétie, l’Esprit prophétique annonce par le même David : « Chantez un cantique au Seigneur par toute la terre : annoncez chaque jour son salut. (…) Que les nations se réjouissent, car le Seigneur a régné du haut du bois » (Ps 95 LXX). (…)

David a fait cette prophétie quinze cents ans avant que le Christ fait homme ait été crucifié ; or personne avant lui n’a été crucifié pour le salut des nations, ni personne après lui. Au contraire, à notre époque, Jésus Christ a été crucifié, est mort, est ressuscité, et il est remonté au ciel où il règne, et cette bonne nouvelle, répandue dans le monde entier par les apôtres, est la joie de ceux qui attendent l’immortalité qu’il a promise.

Saint Justin (v. 100-160)

 

 

 

« Mon Père l’aimera et nous ferons chez lui une demeure. »

lundi 8 mai 2023

Quand, Paul te dit : « Dieu, qui jadis a dit à la lumière de briller du sein des ténèbres, lui qui a brillé en moi… » (cf. 2 Co 4,6), quel autre Dieu, dis-moi, t’invite-t-il à concevoir sinon celui-là même qui habite la lumière insoutenable et que jamais encore, nul absolument des hommes n’a vu. Car c’est lui qui, suressentiel et incréé auparavant, a pris chair et s’est montré à moi comme créature en me divinisant totalement, moi qu’il a assumé de façon merveilleuse. (…)

Donc ceux qui ont reçu Dieu grâce aux œuvres de la foi et ont mérité le nom de dieux, engendrés par l’Esprit, oui, lui-même, ils le voient, lui leur Père qui ne cesse d’habiter la lumière inaccessible ; ils l’ont en eux-mêmes, habitant à demeure, et eux-mêmes habitent en lui, l’absolument inaccessible.

Voilà la foi véritable, voilà l’œuvre de Dieu, voilà le sceau des chrétiens, voilà la communion avec Dieu, voilà la participation, voilà les arrhes divines, voilà en quoi consiste la vie, voilà le Royaume, voilà le vêtement, la robe du Seigneur que les baptisés revêtent par la foi, et non pas à leur insu, je te le dis, ni inconsciemment, mais grâce à la foi, sciemment et consciemment. (…)

Une fois tout entier devenu tel que je viens de le dire, alors viens et tiens-toi avec nous, ô mon frère, sur la montagne de la connaissance divine, de la contemplation divine, et ensemble nous entendrons la voix du Père !

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)

 

 

Le portier du ciel

dimanche 30 avril 2023

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Il n’est personne qui puisse entrer dans la vie éternelle s’il n’est obéissant. Sans l’obéissance, on reste dehors ; car l’obéissance est la clef, avec laquelle fut ouverte la porte qui avait été fermée par la désobéissance d’Adam.

Poussé par ma bonté infinie et ne pouvant me faire à l’idée que l’homme que j’aimais tant, ne faisait pas retour à moi sa fin dernière, je pris la clef de l’obéissance et je la remis aux mains du doux Verbe d’amour, ma Vérité, que j’établis portier du ciel. C’est lui qui en ouvrit la porte. Sans cette clef et sans ce portier, nul n’y peut avoir accès. C’est ce qu’il vous a appris dans son Évangile, quand il vous a dit que nul ne peut venir à moi, le Père, si ce n’est par lui (cf. Jn 14,6). Quand il quitta la société des hommes pour retourner près de moi en montant au ciel, il vous laissa cette précieuse clef de l ‘obéissance. (…)

Je te l’ai déjà dit, elle est une clef qui ouvre le ciel, et cette clef, il la confiée aux mains de son vicaire. Ce vicaire la remet à chacun de vous, lorsque, dans la réception du baptême, vous vous engagez à renoncer au démon, au monde, à ses pompes, à ses plaisirs. Par cette promesse de soumission, chacun reçoit la clef de l’obéissance, chacun la possède pour son propre usage, et c’est la même clef que celle de mon Verbe. Si l’homme ne se laisse pas conduire par la lumière de la foi et par la main de l’amour, pour ouvrir avec cette clef la porte du ciel, jamais il n’entrera dedans, bien que mon Verbe en ait déjà ouvert la porte.

Je vous ai créés sans vous, mais je ne vous sauverai pas sans vous. Il vous faut donc porter à la main cette clef ; il ne faut pas rester assis, il faut marcher. En avant, par le chemin ouvert par ma Vérité ! Et debout !

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

« Personne ne mit la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue. »

vendredi 24 mars 2023

Chercher Jésus est souvent un bien, car c’est la même chose que de chercher le Verbe, la vérité et la sagesse. Mais vous allez dire que les mots « chercher Jésus » sont parfois prononcés à propos de ceux qui lui veulent du mal. Par exemple : « Ils cherchaient à le saisir, mais personne ne porta la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue » (…) Il sait de qui il s’éloigne et auprès de qui il reste sans être encore trouvé, afin que si on le cherche on le trouve au temps favorable. L’apôtre Paul dit à ceux qui ne possèdent pas encore ainsi Jésus et ne l’ont pas contemplé : « Ne dis pas en ton cœur : ‘Qui montera au ciel ?’ Entends : pour en faire descendre le Christ. ‘Qui descendra dans l’abîme ?’ Entends : pour faire monter le Christ d’entre les morts. Que dit l’Écriture ? ‘La parole est tout près de toi dans ta bouche et dans ton cœur’ » (Rm 10,6-8).

Dans son amour pour les hommes, quand le Sauveur dit : « Vous me chercherez » (Jn 8,21), il fait entrevoir les choses du Royaume de Dieu, pour que ceux qui le cherchent ne le cherchent pas en dehors d’eux-mêmes en disant : « ‘Voici, il est ici’, ou bien ‘il est là’ ». L’Évangile leur dit : « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » (Lc 17,21). Aussi longtemps que nous gardons la semence de la vérité déposée en notre âme et ses commandements, le Verbe ne s’éloigne pas de nous. Mais si le mal se répand en nous pour nous corrompre, Jésus nous dira : « Je m’en vais et vous me chercherez et vous mourrez dans votre péché ».

Origène (v. 185-253)

 

 

« Le Royaume des cieux est tout proche. »

samedi 3 décembre 2022

« Que ton règne vienne » (Mt 6,10). Nous demandons que le règne de Dieu se réalise pour nous, dans le sens où nous implorons que son nom soit sanctifié en nous. Quand est-ce, en effet, que Dieu ne règne pas ? Et quand donc a commencé ce qui en lui a toujours existé, et ne cessera jamais ? Nous demandons donc que vienne notre règne, celui que Dieu nous a promis, celui que le Christ nous a obtenu par sa Passion et son sang. Ainsi, après avoir été des esclaves en ce monde, nous serons des rois, lorsque le Christ sera souverain, comme lui-même nous le promet lorsqu’il dit : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde » (Mt 25,34).

Mais il est possible, frères bien-aimés, que le Christ en personne soit ce règne de Dieu, dont nous désirons chaque jour la venue, dont nous souhaitons que l’avènement se présente bientôt à nous. Car, de même qu’il « est la Résurrection » (Jn 11,25), puisque nous ressuscitons en lui, on peut comprendre de même qu’il est le règne de Dieu, puisque c’est en lui que nous régnerons.

Saint Cyprien (v. 200-258)

 

 

 

« Sachez que le Royaume de Dieu est proche. »

vendredi 25 novembre 2022

« Voyez le figuier et tous les arbres : lorsqu’ils font paraître leurs fruits, vous savez que l’été est proche. Ainsi pour vous : quand vous verrez arriver cela, sachez que le Royaume de Dieu est proche. » C’est comme si notre Rédempteur disait clairement : « Si on connaît la proximité de l’été par les fruits des arbres, on peut de même reconnaître par la ruine du monde que le Royaume de Dieu est proche. » Ces paroles nous montrent bien que le fruit du monde, c’est sa ruine ; il ne grandit que pour tomber ; il ne bourgeonne que pour faire périr par des calamités tout ce qui aura bourgeonné en lui. C’est avec raison que le Royaume de Dieu est comparé à l’été, car alors les nuages de notre tristesse passeront, et les jours de la vie brilleront de la clarté du Soleil éternel. (…)

« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. » Rien, dans la nature des choses matérielles, n’est plus durable que le ciel et la terre, et rien ici-bas ne passe plus vite qu’un mot prononcé. (…) Le Seigneur déclare donc : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. » C’est comme s’il disait clairement : « Tout ce qui est durable autour de vous n’est pas durable devant l’éternité ; et tout ce qui chez moi semble passer est en fait fixe et ne passe pas, car ma parole qui passe exprime des pensées qui demeurent sans pouvoir changer ». (…)

Ainsi, mes frères, n’aimez pas ce monde, qui ne pourra pas subsister longtemps, comme vous le voyez. Fixez dans votre esprit ce commandement que l’apôtre Jean nous donne pour nous mettre en garde : « N’ayez pas l’amour du monde, ni de ce qui est dans le monde ; car si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (1Jn 2,15)

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

 

Le Christ viendra à toi

jeudi 24 novembre 2022

« Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous », dit le Seigneur (Lc 17,21). Tourne-toi de tout ton cœur vers le Seigneur, laisse ce monde misérable, et ton âme trouvera le repos. Apprends à mépriser les choses extérieures et à te donner aux choses intérieures, et tu verras le Royaume de Dieu venir en toi. Car « le Royaume de Dieu est paix et joie en l’Esprit Saint » (Rm 14,17), ce qui n’est pas donné aux pécheurs.

Le Christ viendra à toi, te montrant sa consolation, si tu lui prépares au-dedans une demeure digne. « Toute sa gloire et sa beauté sont de l’intérieur » (Ps 44,14 Vulg), et c’est là qu’il se plaît. Fréquente est sa visite de l’homme intérieur et c’est un doux entretien, une consolation agréable, une paix abondante, une familiarité surprenante.

Allons, âme fidèle, prépare ton cœur pour cet époux, afin qu’il daigne venir à toi et habiter en toi. Car il dit en effet : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, mon Père l’aimera, nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure » (Jn 14,23). (…) L’homme intérieur se recueille facilement parce que jamais il ne se répand tout entier au dehors ; les travaux extérieurs, les occupations nécessaires en certains temps ne le troublent pas. Il se prête aux choses selon qu’elles arrivent. (…) Celui qui possède un esprit recueilli et bien discipliné ne se préoccupe guère des faits sensationnels ni des scandales du jour. (…) Si tu renonces à être consolé extérieurement, tu pourras contempler les choses du ciel et goûter souvent la joie intérieure.

L’Imitation de Jésus Christ

 

 

 

« Au milieu de vous et au-dedans de vous. »

jeudi 10 novembre 2022

« Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous », dit le Seigneur. Reviens donc à Dieu de tout ton cœur, oublie ce monde misérable, et ton âme trouvera le repos. Apprends à te détacher des choses extérieures et à te tourner vers celles du dedans, et tu verras venir en toi le Royaume de Dieu. Car le Royaume de Dieu « c’est la paix et la joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17).

Cette joie n’est pas donnée aux hommes sans foi. Le Christ viendra à toi et te fera sentir sa consolation, si tu lui as préparé au-dedans de toi une demeure digne de lui. « Toute sa gloire » et sa beauté « sont intérieures » (Ps 44,14 Vulg) : c’est là qu’il se plaît à habiter. Dieu visite souvent l’homme intérieur ; il lui accorde la douceur de sa parole et de ses consolations, une paix inépuisable, et une familiarité qui confond. Courage donc : prépare ton cœur pour cet Époux, afin qu’il daigne venir habiter en toi. Car « si quelqu’un m’aime, dit-il, il gardera à ma parole ; alors nous viendrons chez lui et nous établirons en lui notre demeure » (Jn 14,23).

L’Imitation de Jésus Christ

 

 

 

« Prendre place au festin dans le royaume de Dieu »

mercredi 26 octobre 2022

[Quand le pécheur reconnaît sa faute], la grâce divine fait naître une si grande contrition, compassion et vraie soif de Dieu, que le pécheur, soudain délivré du péché et de la peine, est relevé. (…) La contrition nous purifie, la compassion nous prépare, la vraie soif de Dieu nous rend dignes. Selon ma façon de comprendre, voilà les trois moyens par lesquels toutes les âmes vont au ciel, c’est-à-dire celles qui ont péché sur terre et qui seront sauvées. Car toute âme pécheresse doit être guérie par ces trois remèdes. Même guérie, ses blessures demeurent devant Dieu, non plus en tant que blessures, mais en tant que signes glorieux. En contrepartie de notre punition ici-bas par la souffrance et par la pénitence, au ciel nous serons récompensés par l’amour bienveillant de notre Seigneur. (…) Il considère le péché de ceux qui l’aiment comme une tristesse et une souffrance, mais, à cause de son amour, pas comme condamnable. La récompense que nous recevrons ne sera pas minime, mais éminente, honorable, glorieuse ; et ainsi la honte sera changée en gloire et en joie.

Car en sa bienveillance, notre Seigneur ne veut pas que ses serviteurs désespèrent par suite de leurs chutes fréquentes et pitoyables ; nos chutes ne l’empêchent pas de nous aimer. (…) Il veut que nous sachions qu’il est le fondement de toute notre vie dans l’amour et, plus encore, qu’il est notre protecteur éternel, nous défendant avec puissance contre tous les ennemis qui s’acharnent furieusement sur nous. Et, hélas, nous avons grandement besoin de lui puisque nous leur donnons souvent prise sur nous par nos chutes.

Julienne de Norwich (1342-après 1416)

 

 

 

« Comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et jetée dans son jardin. »

mardi 25 octobre 2022

A propos de ce que dit l’Evangile : « Un homme l’a pris et l’a jeté dans son jardin », quel est cet homme, à votre avis, qui a semé le grain qu’il avait reçu, comme un grain de moutarde dans son petit jardin ? Je pense, moi, que c’est celui dont l’Evangile dit : « Et voici un homme nommé Joseph, membre du conseil, qui était d’Arimathie… Il alla trouver Pilate. Il lui demanda la permission de descendre le corps du Seigneur et de l’ensevelir. La permission accordée, il le mit dans la sépulture préparée dans son jardin » (Lc 23,50-53). C’est la raison pour laquelle l’Ecriture dit : « Un homme l’a pris et l’a enfoui dans son jardin ». Dans le jardin de Joseph se mêlaient les parfums de diverses fleurs, mais pareille graine n’y avait pas été déposée. Le jardin spirituel de son âme était embaumé du parfum de ses vertus, mais le Christ embaumé n’y avait pas encore pris place. En ensevelissant le Sauveur dans le monument de son jardin, il l’accueillit plus profondément dans le creux de son cœur.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)