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Archive pour le mot-clef ‘Seigneur’

« Moi je vous dis de ne pas riposter au méchant »

samedi 16 juin 2018

La Loi disait : « Oeil pour œil, dent pour dent » (Ex 21,24). Mais le Seigneur exhorte non seulement à recevoir avec patience le coup de celui qui nous gifle, mais encore à lui présenter humblement l’autre joue. Car le but de la Loi était de nous apprendre à ne pas faire ce que nous ne voulions pas souffrir. Elle nous empêchait donc de faire le mal par la peur de souffrir. Mais ce qui est demandé maintenant, c’est de rejeter la haine, l’amour du plaisir, l’amour de la gloire et les autres tendances mauvaises…

Le Christ nous apprend par les saints commandements comment être purifiés de nos passions, afin qu’elles ne nous fassent plus retomber dans les mêmes péchés. Il nous montre la cause qui fait aller jusqu’au mépris et à la transgression des préceptes de Dieu ; il nous en fournit ainsi le remède pour que nous puissions obéir et être sauvés.

Quel est donc ce remède et quelle est la cause de ce mépris ? Écoutez ce que dit notre Seigneur lui-même : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes » (Mt 11,29). Voici que brièvement, d’une seule parole, il nous montre la racine et la cause de tous les maux, avec son remède, source de tous les biens. Il nous montre que c’est l’élèvement du cœur qui nous a fait tomber, et qu’il est impossible d’obtenir miséricorde sinon par la disposition contraire, qui est l’humilité. De fait, l’élèvement engendre le mépris et la désobéissance qui mène à la mort, tandis que l’humilité engendre l’obéissance et le salut des âmes : j’entends l’humilité véritable, non pas un abaissement tout en paroles et en attitudes, mais une disposition vraiment humble, dans l’intime du cœur et de l’esprit. C’est pourquoi le Seigneur dit : « Je suis doux et humble de cœur ». Que celui qui veut trouver le vrai repos pour son âme apprenne donc l’humilité.

Dorothée de Gaza (v. 500-?), moine en Palestine
Instructions, n° 1, 6-8 ; SC 92 (trad. SC p. 155 rev.)

 

 

 

« Pierre, m’aimes-tu ? »

vendredi 18 mai 2018

À l’heure de l’épreuve, Pierre a renié son Maître par trois fois. Et sa voix tremblait lorsqu’il a répondu : « Seigneur, tu sais bien que je t’aime ». Cependant, il n’a pas répondu : « Et pourtant, Seigneur, je t’ai déçu », mais : « Seigneur, tu sais bien que je t’aime ». En disant cela, il savait déjà que le Christ est la pierre angulaire (Ac 4,11), sur laquelle, en dépit de toute faiblesse humaine, peut croître en lui, Pierre, cette construction qui aura la forme de l’amour. À travers toutes les situations et toutes les épreuves, jusqu’à la fin. C’est pour cela qu’il écrira un jour…: « Vous aussi vous êtes appelés à devenir comme des pierres vivantes pour la construction d’un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint, pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ » (1P 2,5).

Tout cela ne signifie rien d’autre que répondre toujours et constamment avec ténacité et de manière conséquente, à cette unique question : « Aimes-tu ? M’aimes-tu ? M’aimes-tu davantage ? » C’est en effet cette réponse, c’est-à-dire cet amour, qui fait que nous sommes « la race élue, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple que Dieu s’est acquis ». C’est elle qui fait que nous proclamons les œuvres merveilleuses de celui qui nous « a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1P 2,9). Tout cela, Pierre l’a su dans l’absolue certitude de sa foi. Et tout cela, il le sait, et il continue à le confesser aussi dans ses successeurs.

Bienheureux Jean-Paul II
Homélie à Paris 30/05/80 (trad. DC 1788, p. 557 © Libreria Editrice Vaticana)

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« Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. »

lundi 8 mai 2017

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Le service du bon pasteur, c’est la charité. C’est pourquoi Jésus dit qu’il « donne sa vie pour ses brebis ». Car il faut savoir ce qui le distingue : le bon pasteur veille à l’intérêt de son troupeau, le mauvais cherche son propre intérêt. C’est bien ce que dit le prophète : « Malheur aux pasteurs d’Israël qui ne cherchent que leur propre pâture. N’est-ce pas leur troupeau qu’ils doivent paître ? » (Ez 34,2). Celui qui ne fait qu’utiliser le troupeau pour son propre intérêt n’est pas un bon pasteur… Un bon berger, au sens naturel, supporte beaucoup pour le troupeau sur lequel il veille, comme en témoigne Jacob : « J’étais dévoré le jour par la chaleur, et la nuit par le froid » (Gn 31,40)…

Mais le salut du troupeau spirituel importe plus que la vie même du pasteur ; c’est pourquoi, lorsque le troupeau est en danger, son pasteur doit supporter de perdre la vie de son corps pour le salut du troupeau. Le Seigneur a dit : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis », sa vie corporelle par l’exercice charitable de l’autorité… Le Christ nous a montré l’exemple : « Il a donné sa vie pour nous. Nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères » (1Jn 3,16).

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), théologien dominicain, docteur de l’Église
Commentaire de l’évangile de Jean, 10,3 (trad. Orval)

 

 

 

Le mystère de la vigne de Dieu

vendredi 17 mars 2017

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Frères, si dans la vigne du Seigneur nous voyons l’Église, ce n’est pas une mince prérogative de l’Église que d’avoir étendu ses limites sur toute la terre…

J’entends par là cette foule des premiers croyants dont il est dit « qu’ils n’étaient tous ensemble qu’un cœur et qu’une âme » (Ac 4,32)… Car la persécution ne l’a pas si brutalement déracinée quelle n’ait pu être replantée ailleurs et louée à d’autres vignerons, qui, la saison venue, lui ont fait porter des fruits. Elle n’a pas péri, elle a changé de sol ; mieux, elle y a gagné en force ainsi qu’en étendue, comme la vigne bénie du Seigneur. Frères, levez donc les yeux, et vous verrez « que son ombre a couvert les collines, que ses pampres sont des cèdres de Dieu, qu’elle a étendu ses sarments jusqu’à la mer et ses rejetons jusqu’au fleuve » (Ps 79,11-12).

Ce n’est pas surprenant : elle est l’édifice de Dieu, le champ de Dieu (1Co 3,9). C’est lui qui la féconde, qui la propage, la taille et l’émonde, afin qu’elle produise davantage. Il ne va pas laisser sans soins une vigne que sa main droite a plantée (Ps 79,16) ; il ne va pas abandonner une vigne dont les pampres sont les apôtres, dont le cep est Jésus Christ, et dont lui, le Père, est le vigneron (Jn 15,1-5). Plantée dans la foi, elle plonge ses racines dans la charité ; labourée par l’obéissance, fertilisée des larmes du repentir, arrosée par la parole des prédicateurs, elle regorge d’un vin qui inspire la joie et non l’inconduite, vin de toute douceur, qui réjouit vraiment le cœur de l’homme (Ps 103,15)… Fille de Sion, console-toi en contemplant ce grand mystère ; ne pleure pas ! Ouvre ton cœur pour accueillir toutes les nations de la terre !

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Sermon 30 sur le Cantique des Cantiques (trad. Beguin, Seuil 1953, p. 362 rev.)

 

 

 

Demander pardon et pardonner aux autres

lundi 7 novembre 2016

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« Toutes les voies du Seigneur sont amour et vérité pour qui veille à son alliance et à ses lois » (Ps 24,10). Ce que dit ce psaume de l’amour et de la vérité est de première importance… Il parle de l’amour, car Dieu ne regarde pas nos mérites mais sa bonté, en vue de nous pardonner nos péchés et de nous promettre la vie éternelle. Il parle aussi de la vérité, parce que Dieu ne manque jamais de tenir ses promesses. Reconnaissons ce modèle divin et imitons Dieu qui nous a manifesté son amour et sa vérité… Comme lui, accomplissons en ce monde des œuvres pleines d’amour et de vérité. Soyons bons envers les faibles, les pauvres et même envers nos ennemis.

Vivons dans la vérité en évitant de faire le mal. Ne multiplions pas les péchés, car celui qui présume de la bonté de Dieu, laisse s’introduire en lui la volonté de rendre Dieu injuste. Il se figure que, même s’il s’obstine dans ses péchés et refuse de s’en repentir, Dieu viendra quand même lui donner une place parmi ses fidèles serviteurs. Mais serait-il juste que Dieu te mette à la même place que ceux qui ont renoncé à leurs péchés, alors que tu persévères dans les tiens ? … Pourquoi donc veux-tu le plier à ta volonté ? Soumets-toi plutôt à la sienne.

Le psalmiste dit justement à ce propos : « Qui recherchera la miséricorde et la vérité du Seigneur auprès de lui ? » (Ps 60,8 Vlg)… Pourquoi dire « auprès de lui » ? Beaucoup cherchent à s’instruire de l’amour du Seigneur et de sa vérité dans les Livres saints. Mais une fois qu’ils y sont parvenus, ils vivent pour eux, non pour lui. Ils recherchent leurs propres intérêts, non ceux de Jésus Christ. Ils prêchent l’amour et la vérité et ne les pratiquent pas. Quant à celui qui aime Dieu et le Christ, lorsqu’il prêche la vérité et l’amour divins, il les recherche pour Dieu et non dans son propre intérêt. Il ne prêche pas pour en retirer des avantages matériels, mais pour le bien des membres du Christ, c’est-à-dire de ses fidèles. Il leur distribue ce qu’il a appris en esprit de vérité, « de sorte que celui qui vit n’ait plus sa vie centrée sur lui-même, mais sur celui qui est mort pour tous » (2Co 5,15). « Qui cherchera la miséricorde et la vérité du Seigneur ? »

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Discours sur les psaumes, Ps 60,9 ; CCL 39,771 (trad. cf. Delhougne, Les Pères commentent, p. 400)

 

 

 

Zachée découvre le seul bien véritable

dimanche 30 octobre 2016

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Notre Seigneur a appelé Zachée du sycomore sur lequel il était monté, et aussitôt Zachée s’est empressé de descendre et l’a reçu dans sa maison. C’était parce que, avant même d’être appelé, il espérait le voir et devenir son disciple. C’est une chose admirable qu’il ait cru en lui sans que Notre Seigneur lui ait parlé et sans l’avoir vu avec les yeux du corps, mais simplement sur la parole des autres. La foi qui était en lui avait été gardée dans sa vie et sa santé naturelles. Et cette foi a été manifestée quand il a cru en Notre Seigneur au moment même où il a appris son arrivée. La simplicité de sa foi est apparue lorsqu’il a promis de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de rendre au quadruple ce qu’il avait pris d’une manière malhonnête.

En effet, si l’esprit de Zachée n’avait pas été rempli à ce moment-là de la simplicité qui convient à la foi, il n’aurait pas fait cette promesse à Jésus et il n’aurait pas dépensé et distribué en peu de temps ce qu’il avait amassé pendant tant d’années de travail. La simplicité a répandu de tous côtés ce que la ruse avait amassé, la pureté de l’âme a dispersé ce que la tromperie avait acquis et la foi a renoncé à ce que l’injustice avait obtenu et possédé et elle a proclamé que cela ne lui appartenait pas.

Car Dieu est le seul bien de la foi, et elle refuse de posséder d’autres biens avec lui. Tous les biens sont de peu d’importance pour elle, en dehors de ce seul bien durable qui est Dieu. Nous avons reçu en nous la foi pour trouver Dieu et ne posséder que lui, et pour voir que tout ce qui est en dehors de lui ne sert à rien.

Philoxène de Mabboug (?-v. 523), évêque en Syrie
Homélie 4, 79-80 (trad. SC 44, p. 97 rev. ; cf Delhougne, p. 456)

 

 

Mettre la lampe sur le lampadaire

lundi 19 septembre 2016

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Le Seigneur appelle ses disciples « lumière du monde » (Mt 5,14) parce que, éclairés par lui, qui est la lumière éternelle et véritable (Jn 1,9), ils sont devenus à leur tour une lumière dans les ténèbres. Parce qu’il est lui même « le Soleil de justice » (Ma 3,20) le Seigneur peut aussi appeler ses disciples « lumière du monde » ; c’est par eux, comme par des rayons étincelants, qu’il déverse la lumière de sa connaissance sur la terre entière… Éclairés par eux, nous-mêmes, de ténèbres que nous étions, nous sommes devenus lumière, comme le dit saint Paul : « Autrefois, vous n’étiez que ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière » (Ep 3,8). Et encore : « Vous n’appartenez pas à la nuit, ni aux ténèbres ; vous êtes des fils de la lumière, des fils du jour » (1Th 5,5). Saint Jean a eu raison d’affirmer dans sa lettre : « Dieu est lumière » (1,5) et « Celui qui demeure en Dieu est dans la lumière » (1,7)… Ainsi donc puisque nous avons la joie d’être délivrés des ténèbres de l’erreur, nous devons vivre dans la lumière, comme des fils de lumière… Ce qui fait dire à l’apôtre Paul : « Parmi eux, vous apparaissez comme des sources de lumière dans le monde, vous qui portez la parole de vie » (Ph 2,15)…

Cette lampe resplendissante, qui a été allumée pour servir à notre salut, doit toujours briller en nous… Cette lampe de la Loi et de la foi, nous ne devons donc pas la cacher, mais l’installer toujours dans l’Église comme sur le lampadaire, pour le salut d’un grand nombre, afin de jouir nous-mêmes de la lumière de sa vérité, et d’en éclairer tous les croyants.

Saint Chromace d’Aquilée (?-407), évêque
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n° 5, 1.3-4 ; CCL 9,405 (trad. bréviaire 11/06)

Les ouvriers de la vigne du Seigneur

mercredi 17 août 2016

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Le Royaume des cieux est comparé à un père de famille qui embauche des ouvriers pour cultiver sa vigne. Or qui peut être plus justement comparé à ce père de famille que notre Créateur, qui gouverne ceux qu’il a créés, et exerce en ce monde le droit de propriété sur ses élus comme un maître sur les serviteurs qu’il a chez lui ? Il possède une vigne, l’Église universelle, qui a poussé, pour ainsi dire, autant de sarments qu’elle a produit de saints, depuis Abel le juste jusqu’au dernier élu qui naîtra à la fin du monde.

Ce Père de famille embauche des ouvriers pour cultiver sa vigne, dès le point du jour, à la troisième heure, à la sixième, à la neuvième et à la onzième heure, puisqu’il n’a pas cessé, du commencement du monde jusqu’à la fin, de réunir des prédicateurs pour instruire la foule des fidèles. Le point du jour, pour le monde, c’était d’Adam à Noé ; la troisième heure, de Noé à Abraham ; la sixième, d’Abraham à Moïse ; la neuvième, de Moïse jusqu’à la venue du Seigneur ; et la onzième heure, de la venue du Seigneur jusqu’à la fin du monde. Les saints apôtres ont été envoyés pour prêcher en cette dernière heure, et bien que tard venus, ils ont reçu un plein salaire.

Le Seigneur ne cesse donc en aucun temps d’envoyer des ouvriers pour cultiver sa vigne, c’est-à-dire pour enseigner son peuple. Car tandis qu’il faisait fructifier les bonnes mœurs de son peuple par les patriarches, puis par les docteurs de la Loi et les prophètes, enfin par les apôtres, il travaillait, en quelque sorte, à cultiver sa vigne par l’entremise de ses ouvriers. Tous ceux qui, à une foi droite, ont joint les bonnes œuvres ont été les ouvriers de cette vigne.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église
Homélies sur l’Évangile, n°19 (trad. Le Barroux)

 

 

 

« Je leur donne la vie éternelle. »

dimanche 17 avril 2016

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Voici que celui qui est bon, non par un don reçu, mais par nature, dit : « Je suis le bon Pasteur ». Et il poursuit, pour que nous imitions le modèle qu’il nous a donné de sa bonté : « Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11). Lui, il a réalisé ce qu’il a enseigné ; il a montré ce qu’il a ordonné. Bon Pasteur, il a donné sa vie pour ses brebis, pour changer son corps et son sang en notre sacrement, et rassasier de l’aliment de sa chair les brebis qu’il avait rachetées. La route à suivre est montrée : c’est le mépris qu’il a fait de la mort. Voici placé devant nous le modèle sur lequel nous avons à nous conformer. D’abord nous dépenser extérieurement avec tendresse pour ses brebis ; mais ensuite, si c’est nécessaire, leur offrir même notre mort.

Il ajoute : « Je connais — c’est-à-dire j’aime — mes brebis et mes brebis me connaissent ». C’est comme s’il disait en clair : « Qui m’aime, me suive ! », car celui qui n’aime pas la vérité ne la connaît pas encore. Voyez, frères très chers, si vous êtes vraiment les brebis du bon Pasteur, voyez si vous le connaissez, voyez si vous percevez la lumière de la vérité. Je parle non de la perception de la foi mais de celle de l’amour ; vous percevez non par votre foi, mais par votre comportement. Car le même évangéliste Jean, de qui vient cette parole, affirme encore : « Celui qui dit qu’il connaît Dieu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur » (1Jn 2,4). C’est pourquoi, dans notre texte, le Seigneur ajoute aussitôt : « De même que le Père me connaît et que je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis », ce qui revient à dire clairement : Le fait que je connais mon Père et que je suis connu de mon Père, consiste en ce que je donne ma vie pour mes brebis. En d’autres termes : Cet amour par lequel je vais jusqu’à mourir pour mes brebis montre combien j’aime le Père.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église
Homélie 14 sur l’Evangile ; PL 76, 1129-1130 (trad. Brésard, 2000 ans C, p 136)

 

 

 

 

« Seigneur, donne-nous ce pain-là, toujours. »

mardi 12 avril 2016

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Le prophète dit : « Vous qui avez soif, allez à la fontaine » (Is 55,1). C’est la fontaine de ceux qui ont soif, non de ceux qui sont abreuvés. Elle appelle ceux qui ont faim et soif, qu’ailleurs elle dit bienheureux (Mt 5,6), eux dont la soif n’est jamais étanchée, et qui ont d’autant plus soif qu’ils se sont déjà abreuvés à la fontaine. Nous devons donc désirer, frères, la fontaine de la sagesse, le Verbe de Dieu dans les hauteurs, nous devons la chercher, nous devons l’aimer. En elle sont cachés, comme le dit l’apôtre Paul, « tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2,3) et elle invite tous ceux qui ont soif à s’abreuver.

Si tu as soif, va boire à la fontaine de vie. Si tu as faim, mange le pain de vie. Bienheureux ceux qui ont faim de ce pain et soif de cette fontaine. Buvant et mangeant sans fin, ils désirent encore boire et manger ; douce est cette nourriture et douce cette boisson. Nous mangeons et nous buvons, mais nous avons encore faim et nous avons encore soif ; notre désir est comblé et nous ne cessons de désirer. C’est pourquoi David, le roi prophète, s’écrie : « Goûtez et voyez comme est doux le Seigneur » (Ps 33,9). C’est pourquoi, frères, suivons notre appel. La Vie, la fontaine d’eau vive, la fontaine de la vie éternelle, la fontaine de lumière et la source de clarté nous invite elle-même à venir et à boire (Jn 7,37). Là nous trouvons la sagesse et la vie, la lumière éternelle. Là, buvons l’eau vive, jaillissant pour la vie éternelle (Jn 4,14).

Saint Colomban (563-615), moine, fondateur de monastères
Instruction spirituelle, 13,3 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 311 ; cf bréviaire 21e jeu)