ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘St Cyrille d’Alexandrie’

« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »

dimanche 19 janvier 2020

« Cieux, réjouissez-vous ! Car Dieu a fait miséricorde à Israël. Sonnez de la trompette, fondements de la terre !… Car Dieu a racheté Jacob » (Is 44,23 LXX). On peut facilement conclure de ce passage d’Isaïe que la rémission des péchés, la conversion et la rédemption de tous les hommes, annoncées par les prophètes, seront accomplies par le Christ aux derniers jours. En effet, lorsque Dieu, le Seigneur, nous est apparu, lorsque, devenu homme, il a vécu avec les habitants de la terre, lui l’Agneau véritable qui enlève le péché du monde, lui, la victime totalement pure, alors, quel motif de réjouissance pour les puissances d’en haut et les esprits célestes, pour tous les ordres des saints anges ! Ils chantaient, ils chantaient sa naissance selon la chair : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre ; bienveillance parmi les hommes ! » (Lc 2,14)

S’il est vrai selon la parole du Seigneur – et c’est absolument vrai – qu’« il y a de la joie dans les cieux chez les saints anges pour un seul pécheur qui se convertit » (Lc 15,7), comment douter qu’il y ait joie et liesse chez les esprits d’en haut, lorsque le Christ ramène toute la terre à la connaissance de la vérité, appelle à la conversion, justifie par la foi, rend brillant de lumière par la sanctification ? « Les cieux se réjouissent car Dieu a fait miséricorde », non seulement à l’Israël selon la chair, mais à l’Israël compris selon l’esprit. « Les fondements de la terre », c’est-à-dire les ministres sacrés de la prédication de l’Évangile, ont « sonné de la trompette ». Leur voix éclatante est parvenue partout ; comme des trompettes sacrées, elle a retenti de toutes parts. Ils ont annoncé la gloire du Sauveur en tous lieux, ils ont appelé à la connaissance du Christ aussi bien les juifs que les païens.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444)

 

 

 

Fête de la Transfiguration du Seigneur

mardi 6 août 2019

Jésus gravit la montagne avec les trois disciples qu’il a choisis. Puis, il est transfiguré par une lumière éclatante et divine, au point que son vêtement semblait briller comme la lumière. Ensuite, Moïse et Élie, encadrant Jésus, parlaient entre eux de son départ qui devait s’accomplir à Jérusalem, c’est-à-dire du mystère de son incarnation et de sa Passion salvatrice, qui devait se réaliser sur la croix. Car il est vrai que la loi de Moïse et la prédication des prophètes avaient montré à l’avance le mystère du Christ… Cette présence de Moïse et d’Élie et leur entretien avaient pour but de montrer que la Loi et les prophètes formaient comme l’escorte de notre Seigneur Jésus Christ, le Seigneur qu’ils avaient montré… Après être apparus, ils ne se taisaient pas, mais ils parlaient de la gloire dont le Seigneur allait être comblé à Jérusalem par sa Passion et sa croix, et surtout par sa résurrection.

Peut-être le bienheureux Pierre, ayant cru que l’avènement du règne de Dieu était arrivé, a-t-il désiré demeurer sur la montagne, car il a dit qu’il fallait « dresser trois tentes, ne sachant pas ce qu’il disait ». Car ce n’était pas le temps de la fin du monde, et ce n’est pas dans le temps présent que les saints jouiront de l’espérance qui leur a été promise. Car saint Paul affirme : « Il transfigurera nos pauvres corps à l’image de son corps de gloire » (Ph 3,21).

Puisque le plan de salut n’était pas encore achevé, n’étant qu’à son commencement, il n’était pas possible que le Christ, venu par amour dans le monde, renonce à vouloir souffrir pour lui. Car il a gardé la nature humaine pour subir la mort dans sa chair, et la détruire par sa résurrection d’entre les morts.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444)

 

 

 

« Là où je suis, vous y serez aussi. »

vendredi 17 mai 2019

« Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure ; sinon, est-ce que je vous aurais dit : Je pars vous préparer une place ? »… Si les demeures auprès du Père n’avaient pas été nombreuses, le Seigneur aurait dit qu’il partait en avant-coureur, manifestement afin de préparer les demeures des saints. Mais il savait que beaucoup de demeures étaient déjà prêtes et attendaient l’arrivée des amis de Dieu. Il donne donc un autre motif à son départ : préparer la route à notre ascension vers ces places du ciel en frayant un passage, alors qu’auparavant cette route était impraticable pour nous. Car le ciel était absolument fermé aux hommes, et jamais aucun être de chair n’avait pénétré dans ce très saint et très pur domaine des anges.

C’est le Christ qui a inauguré pour nous ce chemin vers les hauteurs. En s’offrant lui-même à Dieu le Père comme les prémices de ceux qui dorment dans les tombeaux de la terre, il a permis à la chair de monter au ciel, et il a été lui-même le premier homme apparu à ses habitants. Les anges ne connaissaient pas le mystère auguste et grandiose d’une intronisation céleste de la chair. Ils voyaient avec étonnement et admiration cette ascension du Christ. Presque troublés à ce spectacle inconnu, ils s’écriaient : « Quel est celui-là qui arrive d’Édom ? » (Is 63,1), c’est-à-dire de la terre. Donc, notre Seigneur Jésus Christ « a inauguré pour nous cette voie nouvelle et vivante » (He 10,20). Comme dit saint Paul : « Il n’est pas entré dans un sanctuaire construit par les hommes, mais dans le ciel lui-même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu » (He 9,24).

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444)

 

 

 

« C’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. »

mardi 7 mai 2019

« Chantez au Seigneur un cantique nouveau ! » (Ps 95,1) Nouveau est le cantique, pour s’accorder aux réalités nouvelles ; Paul l’a écrit : « Si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle ; le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau a été fait » (2Co 5,17). Ceux qui étaient Israélites par le sang ont été libérés de la tyrannie des Égyptiens grâce au médiateur de ce temps-là, le très sage Moïse ; ils ont été libérés de la corvée des briques, des sueurs inutiles des tâches terrestres…, de la cruauté des surveillants, de la dureté inhumaine de Pharaon. Ils ont traversé la mer ; dans le désert, ils ont mangé la manne ; ils ont bu l’eau jaillie du rocher ; ils ont passé le Jourdain à pied sec ; ils ont été introduits dans la Terre de la promesse.

Or, pour nous, tout cela s’est renouvelé, et le monde nouveau est incomparablement meilleur que l’ancien. Nous avons été libérés d’un esclavage, non terrestre, mais spirituel ; nous avons été délivrés non plus des tâches de cette terre, mais de la souillure des plaisirs charnels. Nous avons échappé non aux contremaîtres égyptiens ou au tyran impie et impitoyable, homme comme nous, mais aux démons malins et impurs qui incitent à pécher, et au chef de leur engeance, Satan.

Nous avons traversé les flots de la vie présente, comme une mer, avec son tumulte et ses folles agitations. Nous avons mangé la manne spirituelle, le pain descendu du ciel, qui donne la vie au monde. Nous avons bu l’eau jaillie du rocher, en faisant nos délices des eaux vives du Christ. Nous avons traversé le Jourdain grâce au saint baptême que nous avons été jugés dignes de recevoir. Nous sommes entrés dans la Terre promise aux saints et préparée pour eux, cette terre dont le Seigneur fait mémoire en disant : « Bienheureux les doux, car ils recevront la terre en héritage » (Mt 5,4).

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444)

 

 

 

« Quand ces évènements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. » (Lc 21,28)

mardi 27 novembre 2018

« Tu as fait de la ville un tas de pierres, la cité fortifiée est une ruine, la citadelle des étrangers n’est plus une ville, jamais elle ne sera reconstruite. C’est pourquoi un peuple fort te glorifie. » (Is 25,2-3) Il appartient au « dessein fidèle » (v.1) du Dieu tout-puissant et à ses conseils irréprochables, que les « villes fortifiées » soient renversées et « réduites en tas de pierres », qu’elles soient comme ébranlées « depuis leurs fondements » et sans espoir de pouvoir se relever un jour : « Elle ne sera plus jamais rebâtie » dit le texte. Ces villes renversées, selon nous, ne sont pas celles que l’on peut percevoir par les sens, ce ne sont pas les hommes qui y vivent. Mais, à notre avis, il s’agit plutôt de chacune des puissances mauvaises et hostiles, et avant tout de Satan, qui est appelé ici une ville, et une « ville forte »…

Lorsque l’Emmanuel est apparu et a brillé sur le monde, la troupe impie des puissances adverses a été ruinée, Satan a été renversé « depuis ses fondements » ; il est tombé, il est affaibli à jamais et ne peut plus espérer se redresser un jour, ni relever la tête.

C’est pour cela que « le peuple pauvre et la ville des hommes opprimés te bénira » (LXX). Israël a été appelé à la connaissance de Dieu par la pédagogie de la Loi, il a été comblé de tout bien par Dieu. Oui, il a été sauvé et il a obtenu en héritage la terre de la promesse. Mais la multitude des autres nations qui sont sous le ciel était privée de ces biens spirituels… Lorsque le Christ en personne est apparu et que, chassant la tyrannie du diable, il les a conduites à son Dieu et Père, alors elles ont été enrichies par la lumière de la vérité, par la participation à la gloire divine, par la grandeur de la vie de l’Évangile. C’est pourquoi elles ont fait jaillir des hymnes d’action de grâce au Dieu et Père : « Oui, Seigneur, tu as accompli ton dessein ancien et vrai » (v.1) en récapitulant tout dans le Christ. Tu as « illuminé ceux qui étaient assis dans les ténèbres » (Lc 1,79) en renversant les puissances qui dominent le monde (Ep 6,12), comme on renverse des villes fortifiées. « C’est pourquoi le peuple pauvre te bénira, toutes les villes te glorifieront. »

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église

 

 

 

 

« Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »

dimanche 12 août 2018

Comment l’homme, qui demeurait rivé à la terre et restait soumis à la mort, pouvait-il avoir accès de nouveau à l’immortalité ? Il fallait que sa chair soit rendue participante de la puissance vivifiante qui est en Dieu. Or, la puissance vivifiante de Dieu le Père, c’est sa Parole, c’est le Fils Unique ; c’est donc lui qu’il nous a envoyé comme Sauveur et Rédempteur… Si tu jettes un petit morceau de pain dans l’huile, de l’eau ou du vin, il va tout de suite s’imprégner de leurs propriétés. Si tu mets du fer au contact du feu, il sera bientôt rempli de son énergie, et, bien qu’il ne soit par nature que du fer, il deviendra semblable au feu. Ainsi donc, le Verbe vivifiant de Dieu, en s’unissant à la chair qu’il s’est appropriée, l’a rendue vivifiante. Il a dit en effet : « Celui qui croit en moi a la vie éternelle. Je suis le pain de la vie ». Et encore : « Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair. En vérité, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous ». Ainsi donc, en mangeant la chair du Christ, notre Sauveur à tous, et en buvant son sang, nous avons la vie en nous, nous devenons comme un avec lui, nous demeurons en lui et lui demeure en nous. Il fallait donc qu’il vienne en nous de la manière qui convient à Dieu, par l’Esprit Saint, et qu’il se mêle en quelque sorte à nos corps par sa sainte chair et par son sang précieux que nous recevons en bénédiction vivifiante comme dans du pain et du vin. En effet…, Dieu a usé de condescendance envers notre faiblesse et a mis toute la puissance de sa vie dans les éléments du pain et du vin qui sont ainsi dotés de l’énergie de sa propre vie. N’hésite donc pas à le croire, puisque le Seigneur lui-même a dit clairement : « Ceci est mon corps » et « Ceci est mon sang ».

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église

 

 

« Pour la première fois, il les envoie. »

dimanche 15 juillet 2018

Notre Seigneur Jésus Christ a institué des guides et des enseignants pour le monde entier, et des «  intendants de ses mystères de Dieu » (1Co 4,1). Il leur a prescrit de briller et d’éclairer comme des flambeaux non seulement dans le pays des juifs…, mais partout sous le soleil, pour les hommes habitant sur toute la surface de la terre (Mt 5,14)…

Il voulait envoyer ses disciples comme le Père l’avait envoyé lui-même (Jn 20,21) ; ceux qui étaient destinés à être ses imitateurs devaient donc découvrir pour quelle tâche le Père avait envoyé son Fils. Et lui-même nous a expliqué de diverses manières le caractère de sa mission. Il a dit un jour : «  Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs pour qu’ils se convertissent » (Lc 5,32). Et encore : «  Je suis descendu du ciel non pas pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 6,38). Et une autre fois : «  Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,17).

En disant qu’il les envoie comme le Père l’avait envoyé lui-même, il résumait donc en quelques paroles le rôle des apôtres. Ils sauraient ainsi qu’ils doivent appeler les pécheurs à se convertir, soigner les malades, corporellement et spirituellement ; dans leurs fonctions d’intendants, ne chercher aucunement à faire leur propre volonté, mais la volonté de celui qui les a envoyés ; et enfin, sauver le monde dans la mesure où il recevra les enseignements du Seigneur.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église
Commentaire évangile de Jean 12,1

 

 

« Pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. »

mercredi 16 mai 2018

Lorsque le Christ est devenu semblable à nous, c’est-à-dire s’est fait homme, l’Esprit l’a oint et consacré, bien qu’il soit Dieu par nature… Il sanctifie lui-même son propre corps, et tout ce qui dans la création est digne d’être sanctifié. Le mystère qui s’est passé dans le Christ est le principe et l’itinéraire de notre participation à l’Esprit.

Pour nous unir nous aussi, pour nous fondre dans l’unité avec Dieu et entre nous, bien que séparés par la différence de nos individualités, de nos âmes et de nos corps, le Fils Unique a inventé et préparé un moyen de nous rassembler, grâce à la sagesse qui est la sienne et selon le conseil de son Père. Par un seul corps, son propre corps, il bénit ceux qui croient en lui, dans une communion mystique il en fait un seul corps avec lui et entre eux.

Qui pourrait donc séparer, qui donc pourrait priver de leur union physique ceux qui, par ce corps sacré et par lui seul, sont unis dans l’unité du Christ ? Si nous partageons un même pain, nous formons tous un seul corps (1Co 10,17). Car le Christ ne peut pas être partagé. C’est pourquoi l’Église elle aussi est appelée corps du Christ, et nous ses membres, selon la doctrine de saint Paul (Ep 5,30). Tous unis au seul Christ par son saint corps, nous le recevons, unique et indivisible, dans nos propres corps. Nous devons considérer nos propres corps comme ne nous appartenant plus.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église
Commentaire de l’évangile de Jean, 11, 11 ; PG 74, 558 (trad. Jean expliqué, DDB 1985, p. 134)

 

 

 

Troisième dimanche de Pâques

dimanche 15 avril 2018

En entrant dans le Cénacle alors que toutes les portes étaient verrouillées, le Christ a montré une fois de plus qu’il est Dieu par nature, et pourtant qu’il n’est pas différent de celui qui vivait auparavant avec les disciples. En découvrant son côté et en montrant la marque des clous, il manifestait à l’évidence qu’il a relevé le temple de son corps qui avait été suspendu à la croix (cf Jn 2,19), en détruisant la mort physique, puisque par nature il est la vie et il est Dieu…

Même si le Christ avait voulu déployer la gloire de son corps devant les disciples, avant de monter vers le Père, nos yeux n’auraient pas pu en supporter la vue. Vous le comprendrez facilement si vous vous rappelez la transfiguration qui avait été montrée jadis sur la montagne (Mt 17,1s)… C’est pourquoi, afin d’observer exactement le plan divin, au Cénacle notre Seigneur Jésus apparaissait encore sous la forme qu’il avait auparavant, et non pas selon la gloire qui est due et qui convient à son temple transfiguré. Il ne voulait pas que la foi en la résurrection se porte sur un aspect et sur un corps différents de ceux qu’il avait reçu de la sainte Vierge et dans lesquels il est mort après avoir été crucifié selon les Écritures…

Le Seigneur salue ses disciples en disant : « La paix soit avec vous ». Il déclare ainsi qu’il est lui-même la paix, car ceux qui jouissent de sa présence jouissent aussi d’un esprit parfaitement apaisé. C’est bien cela que saint Paul souhaitait aux disciples quand il disait : « Que la paix du Christ, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, garde votre cœur et votre intelligence dans le Christ Jésus » (Ph 4,7). Pour saint Paul, la paix du Christ, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, n’est autre que son Esprit (cf Jn 20,21-22) ; celui qui participe à son esprit sera rempli de tout bien.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Jean, 12; PG 74, 704 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 59 rev.)