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Archive pour le mot-clef ‘St Hilaire’

« Seigneur, sauve-moi ! »

lundi 3 août 2020

Le fait que, de tous les passagers de la barque, Pierre ose répondre et demande à recevoir l’ordre de venir sur les eaux vers le Seigneur indique la disposition de son cœur au moment de la Passion. Alors lui seul, marchant sur les traces du Seigneur au mépris des agitations du monde, comparables à celles de la mer, il l’a accompagné avec le même courage pour mépriser la mort. Mais son manque d’assurance révèle sa faiblesse dans la tentation qui l’attendait ; car, bien qu’il ait osé s’avancer, il s’enfonçait. La faiblesse de la chair et la crainte de la mort l’ont obligé à aller jusqu’à la fatalité du reniement. Pourtant, il pousse un cri et demande au Seigneur le salut. Ce cri est la voix gémissante de son repentir. (…)

Il y a une chose à considérer chez Pierre : il a devancé tous les autres par la foi, car, tandis qu’ils étaient dans l’ignorance, il a été le premier à répondre : « Tu es le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16). Il a été le premier à rejeter la Passion, pensant qu’elle était un malheur (Mt 16,22) ; il a été le premier à promettre qu’il mourrait et ne renierait pas (Mt 26,35) ; il a été le premier à refuser qu’on lui lave les pieds (Jn 13,8) ; il a tiré aussi son glaive contre ceux qui se saisissaient du Seigneur (Jn 18,10). Le calme que connaissent le vent et la mer quand le Seigneur est monté dans la barque est présenté comme la paix et la tranquillité de l’Église éternelle à la suite de son retour glorieux. Parce qu’alors il viendra en se manifestant à tous, un juste étonnement a fait dire à tous ceux qui étaient dans la barque : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ». À son retour dans la gloire tous les hommes feront l’aveu clair et public que le Fils de Dieu a rendu la paix à l’Église, non plus dans l’humilité de la chair, mais dans la gloire du ciel

Saint Hilaire (v. 315-367)

 

 

 

« L’œuvre de Dieu c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »

lundi 27 avril 2020

C’est à toi d’exaucer notre prière, c’est à toi de faire aboutir notre quête, c’est à toi d’ouvrir la porte où nous frappons (Lc 11,9). Car, de nature, tu nous vois engourdis par je ne sais quelle paresse spirituelle ; la faiblesse de notre esprit (…) nous empêche de comprendre tes mystères. (…) Telle est donc notre attente : tu encourageras les débuts de cette entreprise redoutable, tu affermiras les progrès de notre démarche et tu nous appelleras à participer à l’Esprit qui a guidé tes prophètes et tes apôtres ; ainsi, nous n’entendrons pas leurs paroles dans un sens autre que celui qu’ils avaient en vue (…).

Nous confirmerons, en effet, ce qu’ils ont proclamé dans leur enseignement sacré : toi, le Dieu éternel, tu es le Père du Dieu éternel, le Fils Unique. Toi, tu es le seul à ne pas être né, et le Seigneur Jésus Christ est le seul à être né de toi par une naissance éternelle, sans pourtant être différent de toi au point de suggérer la réalité de deux dieux. Oui, il nous faut proclamer qu’il est engendré de toi qui es le Dieu Unique ; nous devons le déclarer : il n’est pas autre que le vrai Dieu, né de toi, vrai Dieu et Père.

Accorde-nous donc de donner aux mots leur sens véritable, prodigue la lumière à notre esprit, (…) et établis notre foi dans la vérité. Accorde-nous de dire ce que nous croyons ; (…) que tu es un seul Dieu le Père et qu’il y a un seul Seigneur Jésus Christ. Donne-nous de te célébrer (…), donne-nous de te révérer, toi, Dieu unique mais non solitaire, donne-nous de le proclamer, lui, Dieu véritable.

Saint Hilaire (v. 315-367)

 

 

 

« Levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction. »

lundi 5 août 2019

Après avoir pris les cinq pains, le Seigneur a tourné son regard vers le ciel pour honorer Celui dont lui-même tient l’être. Il n’était pas obligé de regarder le Père avec ses yeux de chair ; il voulait faire comprendre à ceux qui étaient présents de qui il avait reçu le pouvoir d’accomplir un acte d’une telle puissance. Il donne ensuite les pains à ses disciples. Ce n’est pas par multiplication que les cinq pains en font plusieurs. Les morceaux se succèdent et trompent ceux qui les brisent ; c’est comme s’ils étaient coupés d’avance ! La matière continue à se déployer. (…)

Ne t’étonne donc pas de ce que les sources coulent, de ce qu’il y ait des grappes aux ceps de vigne, de ce que des ruisseaux de vin s’écoulent à partir des grappes. Toutes les ressources de la terre se répandent selon un rythme annuel indéfectible. Une telle multiplication de pains révèle l’action de l’auteur de l’univers. Normalement, il impose à un tel accroissement une limite ; car il connaît à fond les lois de la matière. Dans la création visible s’opère un travail invisible. Le mystère de l’action présente est l’œuvre du Seigneur des mystères célestes. La puissance de Celui qui agit dépasse toute la nature, et la méthode de cette Puissance déborde la compréhension du fait. Seule demeure l’admiration pour ce pouvoir.

Saint Hilaire (v. 315-367)

 

 

 

« ‘N’est-il pas le fils du charpentier ?’… Il ne fit pas beaucoup de miracles en cet endroit, à cause de leur manque de foi. »

vendredi 3 août 2018

Aussi longtemps que je jouirai du souffle de vie que tu m’as accordé, Père saint, Dieu tout-puissant, je te proclamerai Dieu éternel, mais aussi Père éternel. Jamais je ne m’établirai juge de ta toute-puissance et de tes mystères ; jamais je ne ferai passer ma connaissance limitée avant la notion vraie de ton infini ; jamais je n’affirmerai que tu as existé autrefois sans ta Sagesse, ta Puissance et ton Verbe, Dieu, l’Unique Engendré, mon Seigneur Jésus Christ. Car même si le langage humain est faible et imparfait lorsqu’il parle de toi, il ne rétrécira pas mon esprit au point de réduire ma foi au silence, faute de mots capables d’exprimer le mystère de ton être… Déjà dans les réalités de la nature, il y a bien des choses dont nous ne connaissons pas la cause, sans pourtant en ignorer les effets. Et, lorsque de par notre nature, nous ne savons que dire de ces choses, notre foi se teinte d’adoration. Si je contemple le mouvement des étoiles…, le flux et le reflux de la mer…, la puissance cachée dans la plus petite semence…, mon ignorance m’aide à te contempler, car si je ne comprends pas cette nature qui est à mon service, je discerne ta bonté, du fait même qu’elle est là pour me servir. Moi-même, je perçois que je ne me connais pas, mais je t’admire d’autant plus… Tu m’as donné la raison et la vie et mes sens d’homme qui me causent tant de joies, mais je n’arrive pas à comprendre quel a été mon commencement d’homme. C’est donc en ne connaissant pas ce qui m’entoure, que je saisis ce que tu es ; et en percevant ce que tu es, je t’adore. C’est pourquoi, lorsqu’il s’agit de tes mystères, ne pas les comprendre n’amoindrit pas ma foi en ta toute-puissance… La naissance de ton Fils éternel dépasse la notion même d’éternité, elle est antérieure aux temps éternels. Avant tout ce qui existe, il est le Fils sorti de toi, Dieu Père ; il est vrai Dieu… Jamais tu n’as existé sans lui… Tu es le Père éternel de ton Unique Engendré, avant les temps éternels.

Saint Hilaire (v. 315-367), évêque de Poitiers et docteur de l’Église

La Trinité, 12, 52-53 (trad. DDB 1981, p.150)

En union de prière, tous les soirs à 18h35 pour les Saintes Âmes du Purgatoire, et tous les vendredis soir, de 21h30 à 22h00, à la demande de Marie Mère des hommes, aux intentions de ce monde.

« C’est vraiment lui le grand prophète, celui qui vient dans le monde. »

dimanche 29 juillet 2018

Les disciples disent qu’ils ont seulement cinq pains et deux poissons. Les cinq pains signifiaient qu’ils étaient encore soumis aux cinq livres de la Loi, et les deux poissons qu’ils étaient nourris par les enseignements des prophètes et de Jean le Baptiste… Voilà ce que les apôtres avaient à offrir en premier lieu, puisqu’ils en étaient encore là ; et c’est de là qu’est partie la prédication de l’Évangile… Le Seigneur avait pris les pains et les poissons. Il a levé les yeux vers le ciel, a dit la bénédiction et les a rompus. Il rendait grâce au Père d’être changé en nourriture de la Bonne Nouvelle, après les siècles de la Loi et des prophètes… Les pains sont donnés aussi aux apôtres : c’est par eux que les dons de la grâce divine devaient être redonnés. Ensuite les gens sont nourris des cinq pains et des deux poissons et une fois les convives rassasiés, les fragments de pain et de poisson étaient en telle abondance que douze corbeilles ont été remplies. Cela veut dire que la multitude est comblée par la parole de Dieu qui vient de l’enseignement de la Loi et des prophètes. C’est l’abondance de la puissance divine, mise en réserve pour les peuples païens, qui déborde à la suite du service de la nourriture éternelle. Elle réalise une plénitude, celle du chiffre douze, comme le nombre des apôtres. Or il se trouve que le nombre de ceux qui ont mangé est le même que celui des croyants à venir : cinq mille hommes (Mt 14,21 ; Ac 4,4).

 

Saint Hilaire (v. 315-367), évêque de Poitiers et docteur de l’Église

Commentaire sur l’évangile de Matthieu, 14, 11 ; PL 9, 999 (trad. Matthieu commenté, DDB 1985, p. 98 rev. ; cf SC 258, p. 23)

« Il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là à cause de leur manque de foi. »

dimanche 8 juillet 2018

Je t’en prie, Père Saint, Dieu tout-puissant, conserve intacte la ferveur de ma foi et, jusqu’à mon dernier souffle, donne-moi de conformer ma voix à ma conviction profonde. Oui, que je garde toujours ce que j’ai affirmé dans le credo proclamé lors de ma nouvelle naissance, lorsque j’ai été baptisé dans le Père, le Fils, et l’Esprit Saint. Accorde-moi de t’adorer, toi notre Père, et ton Fils qui avec toi est un seul Dieu ; fais que j’obtienne ton Esprit Saint qui procède de toi, par ton Fils unique.

Ma foi a pour elle un excellent témoin : celui qui déclare : « Père, tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi » (Jn 17,10). Ce témoin, c’est mon Seigneur Jésus Christ, lui qui est toujours Dieu, en toi, de toi et avec toi, lui qui est béni dans les siècles des siècles. Amen.

Saint Hilaire (v. 315-367), évêque de Poitiers et docteur de l’Église
La Trinité, 12, prière finale (trad. DDB 1981, p. 154)

 

 

 

« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

mardi 19 juin 2018

« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi… » La Loi, en effet, exigeait l’amour du prochain et laissait la liberté de haïr l’ennemi. La foi prescrit d’aimer ses ennemis. Par le sentiment universel de la charité elle brise les mouvements de violence qui sont dans l’esprit de l’homme, non seulement en empêchant la colère de se venger, mais encore en l’apaisant jusqu’à nous faire aimer celui qui a tort. Aimer ceux qui vous aiment appartient aux païens, et tout le monde a de l’affection pour ceux qui nous en donnent. Le Christ nous appelle donc à vivre en enfants de Dieu, et à imiter Celui qui, par l’avènement de son Christ, accorde aux bons comme aux coupables le soleil et la pluie dans les sacrements du baptême et de l’Esprit. Ainsi il nous forme à la vie parfaite par ce lien d’une bonté envers tous, en nous appelant à imiter un Père dans le ciel qui est parfait.

Saint Hilaire (v. 315-367), évêque de Poitiers et docteur de l’Église
Sur Matthieu, IV, 27 (trad. SC 254, p. 149 rev.)

 

 

 

Le Christ est l’accomplissement des Écritures.

mercredi 7 mars 2018

 

« Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » La force et la puissance de ces paroles du Fils de Dieu enferment un profond mystère.

La Loi, en effet, prescrivait des œuvres, mais toutes ces œuvres, elle les orientait vers la foi aux réalités qui seraient manifestées dans le Christ : car l’enseignement et la Passion du Sauveur sont le dessein grand et mystérieux de la volonté du Père. La Loi, sous le voile des paroles inspirées, a annoncé la naissance de notre Seigneur Jésus Christ, son incarnation, sa Passion, sa résurrection ; les prophètes aussi bien que les apôtres nous enseignent à maintes reprises que de toute éternité, tout le mystère du Christ a été disposé pour être révélé en notre temps…

Le Christ n’a pas voulu que nous pensions que ses propres œuvres contenaient autre chose que les prescriptions de la Loi. C’est pourquoi il a affirmé lui-même : « Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ». Le ciel et la terre…doivent disparaître, mais pas le moindre commandement de la Loi, car dans le Christ toute la Loi et tous les prophètes trouvent leur achèvement. Au moment de sa Passion…il a déclaré : « Tout est accompli » (Jn 19 30). À ce moment-là, toutes les paroles des prophètes ont reçu leur confirmation.

C’est pourquoi le Christ affirme que même le plus petit des commandements de Dieu ne peut être aboli sans offense pour Dieu… Rien ne peut être plus humble que la chose la plus petite. Et la plus humble de toutes a été la Passion du Seigneur et sa mort sur la croix.

Saint Hilaire (v. 315-367), évêque de Poitiers et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Matthieu, 4, 14-15 ; PL 9, 936-937 (trad. cf SC 254, p. 135)

 

 

 

 

« Ils disent et ne font pas. »

dimanche 5 novembre 2017

Clé-coeur

Le Seigneur nous avertit que les paroles flatteuses et les allures douces doivent être jugées aux fruits qu’elles produisent. Il nous faut donc apprécier quelqu’un, non pas tel qu’il se propose en paroles mais tel qu’il est réellement dans ses actes. Car bien souvent sous des dehors de brebis se dissimule une rage de loup (Mt 7,15). Et de même que les épines ne produisent pas de raisin ni les ronces de figues…, ainsi, nous dit Jésus, ce n’est pas en ces belles paroles que consiste la réalité des bonnes œuvres ; tous les hommes doivent être jugés d’après leurs fruits (v. 16-18).

Non, un service qui se limiterait à de belles paroles ne suffit pas pour obtenir le Royaume des cieux ; ce n’est pas celui qui dit : « Seigneur, Seigneur » qui en sera l’héritier (v. 21)… À quoi rimerait une sainteté qui se limiterait à l’invocation d’un nom, puisque le chemin du Royaume des cieux se trouve dans l’obéissance à la volonté de Dieu ?…

Il faut donc y mettre du sien, si on veut parvenir à la béatitude éternelle. Il faut donner quelque chose de notre propre fonds : vouloir le bien, éviter le mal et obéir de tout cœur aux préceptes divins. Une telle attitude nous vaudra d’être reconnus par Dieu comme siens. Conformons donc nos actes à sa volonté au lieu de nous glorifier de sa puissance. Car il repoussera et rejettera ceux qui se seront détournés eux-mêmes de lui par l’injustice de leurs actes.

Saint Hilaire (v. 315-367), évêque de Poitiers et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Matthieu, 6, 4-5 ; PL 9, 952-953 (trad. Orval rev.)

 

 

 

 

 

 

« Tu es…le Fils du Dieu vivant. »

dimanche 27 août 2017

kr

Le Seigneur avait demandé : « Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? » Assurément, la vue de son corps manifestait le Fils de l’homme, mais en posant cette question, il faisait comprendre qu’en plus de ce qu’on voyait en lui, il y avait autre chose à discerner… L’objet de la question était un mystère où devait tendre la foi des croyants.

La confession de Pierre a obtenu pleinement la récompense qu’il méritait pour avoir vu dans l’homme le Fils de Dieu. « Bienheureux » il l’est, loué pour avoir étendu sa vue au-delà des yeux humains, ne regardant pas ce qui venait de la chair et du sang, mais contemplant le Fils de Dieu révélé par le Père céleste. Il a été jugé digne de reconnaître le premier ce qui dans le Christ était de Dieu. Quel fondement qu’il a la chance de donner à l’Église, au titre de son nom nouveau ! Il devient la pierre digne d’édifier l’Église, de façon qu’elle brise les lois de l’enfer… et toutes les prisons de la mort. Bienheureux portier du ciel à qui sont remises les clés de l’accès à l’éternité ; sa sentence sur terre fait d’avance autorité au ciel, en sorte que ce qui a été lié ou délié sur terre l’est aussi au ciel.

Jésus ordonne encore aux disciples de ne dire à personne qu’il est le Christ, car il fallait que d’autres, c’est-à-dire la Loi et les prophètes, soient témoins de son Esprit, tandis que le témoignage de la résurrection est propre aux apôtres. Et comme la béatitude de ceux qui connaissent le Christ dans l’Esprit a été manifestée, est manifesté à son tour le danger de méconnaître son humilité et sa Passion.

Saint Hilaire (v. 315-367), évêque de Poitiers et docteur de l’Église
Commentaire sur Matthieu, 16 (trad. SC 258, p.55 rev.)