ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘St Jean Climaque’

Extraire le précieux du vil ou aimer son prochain

vendredi 4 mai 2018

Il est des hommes qui, par charité spirituelle, se chargent des fardeaux des autres au-delà de leurs propres forces, se souvenant de cette parole : « Personne n’a plus grande charité que celui qui livre sa vie pour ceux qu’il aime (Jn 15, 13) ».

Et il en est d’autres qui, bien qu’ils aient sans doute reçu de Dieu la force de porter la responsabilité des autres, ne prennent pas volontiers sur eux cette charge pour le salut de leurs frères. Ceux-ci, je les plains, car ils ne possèdent pas la charité.

Quant aux premiers, je leur applique cette parole : « Celui qui extrait le précieux du vil sera comme ma bouche (Jr 15,19) », et : « Comme tu as fait, il te sera fait (Abd 1,15) ».

J’ai vu un malade guérir par sa foi l’infirmité d’un autre malade, en usant envers Dieu d’une louable impudence en faveur de celui-ci et en donnant son âme pour l’âme de son frère, en toute humilité ; et en le guérissant, il s’était guéri lui-même. Et j’en ai vu un qui agissait de même, mais par orgueil, et qui entendit cette réprimande : « Médecin, guéris-toi toi-même (Lc 4, 23) ».

Saint Jean Climaque (v. 575-v. 650), moine au Mont Sinaï
L’Échelle sainte (trad. Bellefontaine 1993, coll. Spiritualité orientale n°24, p. 323-325 – Lettre au Pasteur)

 

 

 

Dieu, seul maître de prière

samedi 18 novembre 2017

 

priere-enfant-pdj_5865

La prière est, quant à sa nature, la conversation et l’union de l’homme avec Dieu, et quant à son efficacité, la conservation du monde et sa réconciliation avec Dieu, un pont élevé par dessus les tentations, un rempart contre les tribulations, l’extinction des guerres, la joie future, l’activité qui ne cesse jamais, la source des grâces, le pourvoyeur des charismes, un progrès invisible, l’aliment de l’âme, l’illumination de l’esprit, la hache qui retranche le désespoir, le bannissement de la tristesse, la réduction de la colère, le miroir du progrès, la manifestation de notre mesure, le test de l’état de notre âme, la révélation des choses futures, la sûre annonce de la gloire.

Aie un grand courage, et tu auras Dieu lui-même pour maître de prière. Il est impossible d’apprendre à voir au moyen de paroles, parce que voir est un effet de la nature. Il est tout aussi impossible d’apprendre la beauté de la prière par l’enseignement d’autrui. La prière ne s’apprend que dans la prière et elle a Dieu pour maître, lui qui enseigne à l’homme la science…, qui accorde le don de la prière à celui qui prie, et qui bénit les années des justes.

Saint Jean Climaque (v. 575-v. 650), moine au Mont Sinaï
L’Échelle sainte (trad. Bellefontaine 1993, coll. Spiritualité orientale n°24, pp. 290.299-300 rev.)

 

 

Pasteur à la suite du seul Pasteur

vendredi 2 juin 2017

stdas0308-2-a3f42

Le vrai pasteur est celui qui, par sa bonté, son zèle et sa prière, est capable de chercher et de remettre dans le bon chemin les brebis raisonnables qui se sont perdues. Le pilote est celui qui a obtenu, par la grâce de Dieu et par ses propres labeurs, une force spirituelle qui le rend capable d’arracher le vaisseau non seulement aux flots déchaînés, mais à l’abîme lui-même. Le médecin est celui qui a acquis la santé du corps et de l’âme et qui n’a besoin pour eux d’aucun remède.

Un bon pilote sauve son vaisseau ; et un bon pasteur vivifie et guérit ses brebis malades. Quand les brebis sont au pâturage, que le pasteur ne cesse pas de se servir de la flûte de la parole, surtout quand le troupeau s’apprête à dormir. Car le loup ne craint rien tant que la flûte pastorale. Autant les brebis auront suivi fidèlement le pasteur et auront fait des progrès, autant celui-ci répondra pour elles devant le Maître de maison.

C’est la charité qui fait connaître le vrai pasteur, puisque par charité le grand pasteur a voulu être crucifié.

Saint Jean Climaque (v. 575-v. 650), moine au Mont Sinaï
L’Échelle sainte (trad. Bellefontaine 1993, coll. Spiritualité orientale n°24, p. 314-319, rev.)

 

 

 

 

« Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère ? »

lundi 20 juin 2016

147940-panneau-facebook

J’ai entendu certains parler en mal de leur prochain, et je les ai repris. Pour se défendre, ces ouvriers du mal ont répliqué : « C’est par charité et par sollicitude que nous parlons ainsi ! » Mais je leur ai répondu : Cessez de pratiquer une pareille charité, sinon vous accuseriez de mensonge celui qui dit : « Qui dénigre en secret son prochain, celui-là je le repousse » (Ps 100,5). Si tu l’aimes, comme tu le dis, prie en secret pour lui, et ne te moque pas de cet homme. C’est cette manière d’aimer qui plaît au Seigneur ; ne perds pas cela de vue, et tu veilleras très soigneusement à ne pas juger les pécheurs. Judas était du nombre des apôtres et le larron faisait partie des malfaiteurs, mais quel changement étonnant en un instant ! .

Réponds donc à celui qui te dit du mal de son prochain : « Arrête, frère ! Je tombe moi-même chaque jour dans des fautes plus graves ; dès lors, comment pourrais-je condamner celui-ci ? » Tu obtiendras ainsi un double profit : tu te guériras toi-même et tu guériras ton prochain. Ne pas juger est un raccourci qui conduit au pardon des péchés si cette parole est vraie : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés »… Certains ont commis de grandes fautes à la vue de tous, mais ils ont accompli en secret de plus grands actes de vertu. Ainsi leurs détracteurs se sont-ils trompés en ne s’attachant qu’à la fumée sans voir le soleil.

Les censeurs hâtifs et sévères tombent dans cette illusion parce qu’ils ne gardent pas le souvenir et le souci constant de leurs propres péchés… Juger les autres, c’est usurper sans honte une prérogative divine ; les condamner, c’est ruiner notre propre âme… Comme un bon vendangeur mange les raisins mûrs et ne cueille pas les raisins verts, de même, un esprit bienveillant et sensé note soigneusement toutes les vertus qu’il voit dans les autres ; mais c’est l’insensé qui scrute les fautes et les déficiences.

Saint Jean Climaque (v. 575-v. 650), moine au Mont Sinaï
L’Échelle sainte, 10ème degré (trad. Bellefontaine 1978, coll. SO 24, p. 138 rev.)