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Archive pour le mot-clef ‘St Jean-Paul 2’

« Elle est étroite la porte, il est resserré le chemin qui conduit à la vie. »

mardi 27 juin 2023

Je suis venu vous encourager dans la voie de l’Évangile, une voie étroite certes, mais la voie royale, sûre, éprouvée par des générations de chrétiens, enseignée par les saints. (…) C’est la voie sur laquelle, tout comme vous, vos frères dans l’Église universelle s’efforcent de cheminer. Cette voie ne passe pas par la résignation, par les renoncements ou par les abandons. Elle ne se résout pas à l’affadissement du sens moral, et elle souhaiterait que la loi civile elle-même aide à élever l’homme. Elle ne cherche pas à s’enterrer, à demeurer inaperçue, mais elle requiert au contraire l’audace joyeuse des apôtres. Elle bannit donc la pusillanimité, tout en se montrant parfaitement respectueuse à l’égard de ceux qui ne partagent pas le même idéal. (…)

« Reconnais, ô chrétien, ta dignité ! » disait le grand pape St Léon. Et moi, son indigne successeur, je vous dis à vous, mes frères et mes sœurs : Reconnaissez votre dignité ! Soyez fiers de votre foi, du don de l’Esprit que le Père vous a fait. Je viens parmi vous comme un pauvre, avec la seule richesse de la foi, pèlerin de l’Évangile. Donnez à l’Église et au monde l’exemple de votre fidélité sans faille et de votre zèle missionnaire. Ma visite chez vous veut être (…) un appel à un élan nouveau devant les tâches nombreuses qui s’offrent à vous.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« Jésus prit les pains, rendit grâce, et les leur donna. »

vendredi 21 avril 2023

La dimension la plus évidente de l’Eucharistie est sans aucun doute celle du repas. L’Eucharistie est née au soir du Jeudi saint, dans le contexte du repas pascal. Elle porte donc, inscrit dans sa structure même, le sens de la convivialité : « Prenez, mangez … Puis, prenant la coupe, … il la leur donna, en disant : Buvez-en tous… » (Mt 26,26.27). Cet aspect exprime bien la relation de communion que Dieu veut établir avec nous et que nous devons nous-mêmes développer les uns avec les autres.

On ne peut toutefois oublier que le repas eucharistique a aussi, et c’est primordial, un sens profondément et avant tout sacrificiel. Le Christ nous y présente à nouveau le sacrifice accompli une fois pour toutes sur le Golgotha. Tout en y étant présent comme Ressuscité, il porte les signes de sa Passion, dont chaque messe est le « mémorial », ainsi que nous le rappelle la liturgie dans l’acclamation après la consécration : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection… ». En même temps, tandis qu’elle rend présent le passé, l’Eucharistie nous tourne vers l’avenir de l’ultime retour du Christ, à la fin des temps. Cet aspect « eschatologique » donne au sacrement eucharistique une dynamique qui met en marche et qui donne au cheminement chrétien le souffle de l’espérance.

Toutes ces dimensions de l’Eucharistie se rejoignent dans un aspect qui, plus que tous les autres, met notre foi à l’épreuve, à savoir celui du mystère de la présence « réelle ». Avec toute la tradition de l’Église, nous croyons que, sous les espèces eucharistiques, Jésus est réellement présent. (…) C’est sa présence même qui donne à toutes les autres dimensions – repas, mémorial de la Pâque, anticipation eschatologique – une signification qui va bien au-delà d’un pur symbolisme. L’Eucharistie est mystère de présence, par lequel se réalise de manière éminente la promesse de Jésus de rester avec nous jusqu’à la fin du monde (Mt 28,20).

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« Il prit le pain, le bénit, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent. »

mercredi 12 avril 2023

L’icône des disciples d’Emmaüs aide bien…l’Église [à être] particulièrement attentive à vivre le mystère de la Sainte Eucharistie. Sur la route de nos interrogations et de nos inquiétudes, parfois de nos cuisantes déceptions, le divin Voyageur continue à se faire notre compagnon pour nous introduire, en interprétant les Écritures, à la compréhension des mystères de Dieu. Quand la rencontre devient totale, à la lumière de la parole succède la lumière qui jaillit du « Pain de vie » (Jn 6,35), par lequel le Christ réalise de la manière la plus haute sa promesse d’être avec nous « tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20)…

Le récit de l’apparition de Jésus ressuscité aux deux disciples d’Emmaüs nous aide à relever un premier aspect du mystère eucharistique qui doit toujours être présent dans la dévotion du Peuple de Dieu : l’eucharistie mystère lumineux !… Jésus s’est qualifié lui-même de « lumière du monde » (Jn 8,12), et cette caractéristique est bien mise en évidence par des moments de sa vie tels que la Transfiguration et la Résurrection, où sa gloire divine resplendit clairement. Dans l’eucharistie, au contraire, la gloire du Christ est voilée. Le sacrement de l’eucharistie est le « mysterium fidei » par excellence. C’est donc précisément à travers le mystère de son enfouissement total que le Christ se fait mystère lumineux, grâce auquel le croyant est introduit dans la profondeur de la vie divine…

L’eucharistie est lumière avant tout parce que, à chaque messe, la liturgie de la Parole de Dieu précède la liturgie eucharistique, dans l’unité des deux « tables », celle de la Parole et celle du Pain… Dans le récit des disciples d’Emmaüs, le Christ lui-même intervient pour montrer, « partant de Moïse et de tous les prophètes », que « toute l’Écriture » conduit au mystère de sa personne. Ses paroles font brûler le cœur des disciples, les soustraient à l’obscurité de la tristesse et du désespoir, et suscitent en eux le désir de demeurer avec lui : « Reste avec nous, Seigneur ».

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »

lundi 27 mars 2023

Le Christ est celui qui « sait ce qu’il y a dans l’homme » (Jn 2,25), dans l’homme et la femme. Il connaît la dignité de l’homme, sa valeur aux yeux de Dieu. Par son être même, le Christ confirme pour toujours cette valeur. Tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fait a son accomplissement définitif dans le mystère pascal de la rédemption. L’attitude de Jésus à l’égard des femmes rencontrées sur son chemin au cours de son ministère messianique est le reflet du dessein éternel de Dieu qui, en créant chacune d’elles, la choisit et l’aime dans le Christ (cf Ep 1,1-5)… Jésus de Nazareth confirme cette dignité, il la rappelle, la renouvelle, en fait une composante du message de l’Évangile et de la rédemption pour lequel il est envoyé dans le monde…

Jésus entre dans la situation historique concrète de ces femmes, situation grevée par l’héritage du péché. Cet héritage se traduit notamment par l’habitude de discriminer la femme à l’avantage de l’homme, et elle en est marquée. A ce point de vue, l’épisode de la femme surprise en adultère paraît d’une éloquence particulière. A la fin, Jésus lui dit : « Ne pèche plus », mais auparavant il éveille la conscience du péché chez les hommes qui l’accusent… Jésus semble dire aux accusateurs : cette femme avec tout son péché ne fait-elle pas apparaître aussi et surtout vos propres transgressions, votre injustice masculine, vos abus ?

Il y a là une vérité qui vaut pour tout le genre humain… Une femme est laissée seule, elle est exposée à l’opinion publique avec « son péché », alors que derrière son péché à elle se cache un homme pécheur, coupable du péché d’autrui, co-responsable de ce péché. Et pourtant, son péché à lui ne retient pas l’attention, il est passé sous silence… Que de fois la femme ne paie-t-elle pas seule de cette façon ? … Que de fois ne demeure-t-elle pas abandonnée avec sa maternité, quand l’homme, le père de l’enfant, ne veut pas en accepter la responsabilité ? Et à côté des nombreuses mères célibataires dans notre société, il faut penser aussi à toutes celles qui, très souvent, sous diverses pressions, même de la part de l’homme coupable, « se libèrent » de l’enfant avant la naissance. Elles « se libèrent », mais à quel prix ?

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Solennité de saint Joseph, époux de la Vierge Marie, patron de l’Église universelle

lundi 20 mars 2023

Le climat de silence qui accompagne tout ce qui se réfère à la figure de Joseph s’étend aussi à son travail de charpentier dans la maison de Nazareth. Toutefois, c’est un silence qui révèle d’une manière spéciale le profil intérieur de cette figure. Les évangiles parlent exclusivement de ce que « fit » Joseph ; mais ils permettent de découvrir dans ses actions, enveloppées de silence, un climat de profonde contemplation. Joseph était quotidiennement en contact avec le mystère « caché depuis les siècles » (Col 1,26), qui « établit sa demeure » (Jn 1,14) sous son toit. Cela explique par exemple pourquoi sainte Thérèse d’Avila, la grande réformatrice du Carmel contemplatif, s’est faite la promotrice du renouveau du culte rendu à saint Joseph dans la chrétienté occidentale.

Le sacrifice absolu que Joseph a fait de toute son existence aux exigences de la venue du Messie dans sa maison trouve son juste motif « dans son insondable vie intérieure, d’où lui viennent des ordres et des réconforts tout à fait particuliers et d’où découlent pour lui la logique et la force, propres aux âmes simples et transparentes, des grandes décisions, comme celle de mettre aussitôt à la disposition des desseins divins sa liberté, sa vocation humaine légitime, son bonheur conjugal, acceptant la condition, la responsabilité et le poids de la famille et renonçant, au profit d’un amour virginal incomparable, à l’amour conjugal naturel qui la constitue et l’alimente » (Pape Paul VI).

Cette soumission à Dieu, qui est promptitude de la volonté à se consacrer à tout ce qui concerne son service, n’est autre que l’exercice de la dévotion qui constitue une des expressions de la vertu de religion [selon S. Thomas d’Aquin].

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Fête des saints Cyrille, moine, et Méthode, évêque, patrons de l’Europe

mardi 14 février 2023

Depuis le début de l’ère apostolique, qui a semé l’Évangile sur cette terre d’Europe et l’a irriguée par le sang des martyrs, s’est développé ce processus pluri-séculaire, continu et fécond, qui a imprégné l’Europe de la sève chrétienne. Les saints patrons de l’Europe, saint Benoît et les saints Cyrille et Méthode sont, de manière particulière, des témoins de ce processus. Le charisme propre de leur œuvre évangélisatrice consiste dans le fait qu’ils ont posé des germes, qu’ils ont fait naître des formes et des styles d’incarnation de l’Évangile dans le tissu culturel et social et dans l’esprit des peuples européens qui étaient en train de se former. (…) Ces saint patrons (…) restent aussi un modèle et une inspiration actuels pour nous, parce que l’œuvre d’évangélisation, dans la situation particulière où l’Europe se trouve aujourd’hui, est appelée à proposer une nouvelle synthèse créatrice entre Évangile et vie.

Il faut être conscient de l’importance de greffer l’évangélisation renouvelée sur ces racines communes de l’Europe. (…) Ces racines chrétiennes sont particulièrement riches et inspiratrices, parce qu’elles s’appuient sur la même foi, se réfèrent à la même Église indivise. (…) D’autre part, nous devons aussi considérer que ces racines communes sont doubles. Car elles ont pris la forme de deux courants de traditions chrétiennes théologiques, liturgiques, ascétiques, et de deux modèles de culture, divers, non pas opposés mais au contraire complémentaires et qui s’enrichissent mutuellement. Benoît a imprégné la tradition chrétienne et culturelle de l’Occident de l’esprit de la latinité, plus logique et rationnel ; Cyrille et Méthode sont les représentants de l’antique culture grecque, plus intuitive et mystique, et sont vénérés comme les pères de la tradition des peuples slaves.

Il nous appartient de recueillir l’héritage de cette pensée riche et complémentaire et de trouver les moyens et les méthodes appropriés pour son actualisation et une communication spirituelle plus intense entre l’Orient et l’Occident.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Une guérison le jour du sabbat, signe du jour de la nouvelle création

lundi 24 octobre 2022

Le jour de la nouvelle création : la comparaison entre le dimanche chrétien et le sabbat propre à l’Ancien Testament a suscité des approfondissements théologiques de grand intérêt. On a notamment mis en lumière la relation particulière qui existe entre la résurrection et la création. En effet, la réflexion chrétienne a spontanément relié la résurrection survenue « le premier jour après le sabbat » au premier jour de la semaine cosmique dans le livre de la Genèse (1,1s)… Un tel lien invitait à comprendre la résurrection comme le commencement d’une nouvelle création, dont le Christ glorieux constitue les prémices, étant lui-même « Premier-né de toute créature » et aussi « Premier-né d’entre les morts » (Col 1,15.18).

En effet le dimanche est le jour où, plus qu’en tout autre, le chrétien est appelé à se souvenir du salut qui lui a été offert dans le baptême et qui a fait de lui un homme nouveau dans le Christ. « Ensevelis avec lui lors du baptême, vous êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l’a ressuscité des morts » (Col 2,12; Rm 6,4-6). La liturgie souligne cette dimension baptismale du dimanche en invitant à célébrer aussi les baptêmes, en plus de la Veillée pascale, en ce jour de la semaine « où l’Église commémore la résurrection du Seigneur », et aussi en suggérant, comme rite pénitentiel approprié au commencement de la messe, l’aspersion avec l’eau bénite, qui rappelle précisément l’événement baptismal dans lequel naît toute existence chrétienne.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

« Les Douze étaient avec lui, ainsi que quelques femmes. »

vendredi 16 septembre 2022

Depuis le commencement de la mission du Christ, la femme montre à son égard et à l’égard de tout son mystère une sensibilité particulière qui correspond à l’une des caractéristiques de sa féminité. Il convient de relever en outre que cela est confirmé particulièrement face au mystère pascal, non seulement au moment de la crucifixion, mais encore à l’aube de la résurrection. Les femmes sont les premières près du tombeau. Elles sont les premières à le trouver vide. Elles sont les premières à entendre : « Il n’est pas ici, car il est ressuscité comme il l’avait dit » (Mt 28,6). Elles sont les premières à étreindre ses pieds (Mt 28,9). Elles sont aussi les premières appelées à annoncer cette vérité aux Apôtres (Mt 28,1-10; Lc 24,8-11).

L’Évangile de Jean (cf aussi Mc 16,9) met en relief le rôle particulier de Marie de Magdala. Elle est la première à rencontrer le Christ ressuscité. (…) C’est pour cela qu’on l’a même appelée « l’apôtre des Apôtres ». Marie de Magdala a été, avant les Apôtres, témoin oculaire du Christ ressuscité et, pour cette raison, elle a été aussi la première à lui rendre témoignage devant les Apôtres.

Cet événement, en un sens, est comme le couronnement de tout ce qui a été dit précédemment sur la transmission par le Christ de la vérité divine aux femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes. On peut dire que les paroles du prophète sont ainsi accomplies : « Je répandrai mon Esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront » (Jl 3,1). Cinquante jours après la résurrection du Christ, ces paroles sont encore une fois confirmées au Cénacle de Jérusalem, à la descente de l’Esprit Saint, le Paraclet (Ac 2,17). Tout ce qui a été dit ici sur l’attitude du Christ à l’égard des femmes confirme et éclaire dans l’Esprit Saint la vérité sur l’égalité de l’homme et de la femme.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Fête de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein), vierge et martyre, copatronne de l’Europe

mardi 9 août 2022

L’amour du Christ a été le feu qui a embrasé la vie de Thérèse Bénédicte de la Croix. Avant même de s’en rendre compte, elle en a été totalement consumée. Au début, son idéal a été la liberté. Pendant longtemps, Édith Stein a vécu l’expérience de la recherche. Son esprit ne se lassait pas de chercher et son cœur d’espérer. Elle a parcouru le chemin difficile de la philosophie avec une ardeur passionnée et, à la fin, elle a été récompensée : elle a conquis la vérité, ou plutôt, elle a été conquise. En effet, elle a découvert que la vérité portait un nom : Jésus Christ. À partir de ce moment, le Verbe incarné a été tout pour elle. Considérant cette période de sa vie d’un point de vue de carmélite, elle écrivait à une bénédictine : « Consciemment ou inconsciemment, qui cherche la vérité cherche Dieu ».

Bien qu’elle ait été élevée dans la religion juive de sa mère, Édith Stein, à quatorze ans, « avait librement décidé d’abandonner la prière ». Elle ne voulait compter que sur elle-même, soucieuse d’affirmer sa propre liberté dans ses choix de vie. À la fin d’un long chemin, il lui a été donné de parvenir à une constatation surprenante : seul celui qui se lie à l’amour du Christ devient vraiment libre. L’expérience de cette femme, qui a affronté les défis d’un siècle tourmenté comme le nôtre, représente un exemple pour nous : le monde moderne invite à franchir la porte attrayante de la permissivité, ignorant la porte étroite du discernement et du renoncement. C’est pourquoi je m’adresse spécialement à vous, jeunes chrétiens (…) : méfiez-vous, gardez-vous de concevoir votre vie comme une porte ouverte à tous les choix ! Écoutez la voix de votre cœur ! Ne soyez pas superficiels, mais allez au fond des choses. Et lorsque le moment sera venu, ayez le courage de vous décider. Le Seigneur attend que vous placiez votre liberté entre ses mains miséricordieuses.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« Il prit les pains…, prononça la bénédiction, les rompit et les donna aux disciples. »

lundi 1 août 2022

« Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule » (Luc 9, 16).

L’Église naît du mystère pascal. C’est précisément pour cela que l’eucharistie, sacrement par excellence du mystère pascal, a sa place au centre de la vie ecclésiale. On le voit bien dès les premières images de l’Église que nous donnent les Actes des Apôtres : « Ils étaient fidèles à écouter l’enseignement des apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières » (2,42). L’eucharistie est évoquée dans la « fraction du pain ». Deux mille ans plus tard, nous continuons à réaliser cette image primitive de l’Église. Et tandis que nous le faisons dans la célébration de l’eucharistie, les yeux de l’âme se reportent au Triduum pascal, à ce qui s’est passé le soir du Jeudi saint, pendant la dernière Cène et après… L’agonie à Gethsémani a été l’introduction de l’agonie sur la croix le Vendredi saint : l’heure sainte, l’heure de la rédemption du monde…, heure de la glorification. Tout prêtre qui célèbre la messe revient en esprit, en même temps que la communauté chrétienne qui y participe, à ce lieu et à cette heure…

« Mysterium fidei — Mystère de la foi ! » Quand le prêtre prononce ou chante ces paroles, les fidèles disent l’acclamation : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » Par ces paroles, ou par d’autres semblables, l’Église désigne le Christ dans le mystère de sa Passion, et elle révèle aussi son propre mystère : Ecclesia de Eucharistia — l’Église vit de l’eucharistie. Si c’est par le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte que l’Église vient au jour et se met en route sur les chemins du monde, il est certain que l’institution de l’eucharistie au Cénacle est un moment décisif de sa constitution. Son fondement et sa source, c’est tout le Triduum pascal, mais celui-ci est comme contenu, anticipé et concentré pour toujours dans le don de l’eucharistie. Dans ce don, Jésus Christ confiait à l’Église l’actualisation permanente du mystère pascal.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)