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Premier dimanche de l’Avent

3 décembre 2023

Mes frères, ne différons plus de retourner à Dieu. (…) Puisque Dieu vous offre aujourd’hui sa grâce, pourquoi n’en profitez-vous pas ? Dire que rien ne presse, que vous avez le temps, n’est-ce pas, mes frères, raisonner comme des insensés ?

Voyez, de quoi êtes-vous capables quand vous êtes malades ? Hélas ! de rien du tout ; vous ne pouvez pas seulement faire comme il faut un acte de contrition, parce que vous êtes tellement absorbés par vos souffrances, que vous ne pensez nullement à votre salut. Eh, bien, mes frères, ne sommes-nous pas trop malheureux d’attendre la mort pour nous convertir ? Faites du moins pour votre pauvre âme ce que vous faites pour votre corps qui n’est cependant qu’un monceau de pourriture et qui, dans quelques moments, sera la pâture des plus vils animaux. Lorsque vous êtes dangereusement blessés, attendez-vous six mois ou un an pour y appliquer les remèdes que vous croyez être nécessaires pour vous guérir ? Lorsque vous êtes attaqués par une bête féroce, attendez-vous d’être à moitié dévorés pour crier au secours ? N’implorez-vous pas, de suite, le secours de vos voisins ? Pourquoi, mes frères, n’agissez-vous pas de même lorsque vous voyez votre pauvre âme souillée et défigurée par le péché, réduite sous la tyrannie des démons ? Pourquoi n’employez-vous pas aussitôt l’assistance du ciel et n’avez-vous pas recours à la pénitence ?

Oui, mes frères, quelques grands pécheurs que vous soyez, puisque vous désirez quitter un jour le péché, pourquoi ne le quitteriez-vous pas aujourd’hui, puisque Dieu vous donne le temps et les grâces pour cela ?

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

Persévérer par la prière

2 décembre 2023

Pour vous montrer, mes frères, le pouvoir de la prière et les grâces qu’elle vous attire du ciel, je vous dirai que ce n’est que par la prière que tous les justes ont eu le bonheur de persévérer.

La prière est à notre âme ce que la pluie est à la terre. Fumez une terre, tant que vous voudrez ; si la pluie manque, tout ce que vous ferez ne servira de rien. De même, faites des bonnes œuvres tant que voudrez ; si vous ne priez pas souvent et comme il faut, jamais vous ne serez sauvés ; parce que la prière ouvre les yeux de notre âme, lui fait sentir la grandeur de sa misère, la nécessité d’avoir recours à Dieu, elle lui fait redouter sa faiblesse. Le chrétien compte pour tout sur Dieu seul, et rien sur lui-même. Oui, mes frères, c’est par la prière que tous les justes ont persévéré. (…)

Mes frères, ne voyons-nous pas nous-mêmes que dès que nous négligeons nos prières, nous perdons de suite, le goût des choses du ciel : nous ne pensons plus qu’à la terre ; et si nous reprenons la prière, nous sentons renaître en nous la pensée et le désir des choses du ciel. Oui, mes frères, si nous avons le bonheur d’être dans la grâce de Dieu, ou nous aurons recours à la prière, ou nous sommes sûrs de ne pas persévérer longtemps dans le chemin du ciel.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

 

 

« Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche. »

1 décembre 2023

« En lui nous vivons, en lui nous avons le mouvement et l’être » (Ac 17,28). Heureux celui qui vit par lui, qui est mû par lui, et en qui il est la vie. Vous me demanderez, puisque les traces de sa venue ne sont pas perceptibles, comment j’ai pu savoir qu’il était présent ? C’est que le Verbe, la Parole de Dieu, est « vivant et efficace » (He 4,12) : à peine était-il en moi qu’il a réveillé mon âme endormie. Il a vivifié, attendri et excité mon cœur qui était assoupi et dur comme une pierre (Ez 36,26). Il a commencé à arracher et à sarcler, à construire et à planter, à arroser ma sécheresse, à éclairer mes ténèbres, à ouvrir ce qui était fermé, à enflammer ma froideur, et aussi à « redresser les sentiers tortueux et aplanir les endroits rugueux » de mon âme (Is 40,4), de sorte qu’elle puisse « bénir le Seigneur et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom » (Ps 102,1).

Le Verbe Époux est venu en moi plus d’une fois, mais sans donner signe de son arrivée imprévue, que ce soit par une voix, une image visuelle ou tout autre approche sensible… C’est au mouvement de mon cœur que j’ai perçu qu’il était là. J’ai reconnu sa force et sa puissance parce que mes penchants mauvais et mes désirs déréglés s’apaisaient. La mise en discussion ou en accusation de mes sentiments obscurs m’a conduit à admirer la profondeur de sa sagesse. J’ai expérimenté sa douceur et sa bonté au léger progrès de ma vie. Et voyant « se renouveler l’homme intérieur » (2Co 4,16), mon esprit au plus profond de moi-même, j’ai découvert un peu de sa beauté. En saisissant enfin tout cela ensemble, j’ai tremblé devant l’immensité de sa grandeur.

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

Appelés par un Dieu et un Roi

30 novembre 2023

Puisque c’est un Dieu et un roi qui nous appelle à son service, courons avec ardeur ; car nous n’avons en effet que peu de temps à vivre, et nous risquons d’être trouvés sans fruit au jour de notre mort et de périr de faim. Cherchons à satisfaire notre Seigneur, comme des soldats leur roi, car, après la fin de la campagne, il sera exigé de nous un compte exact de notre service.

Si un roi terrestre nous convoquait et voulait que nous prenions du service auprès de lui, nous n’attendrions pas, nous ne chercherions pas d’excuses, mais aussitôt, laissant tout, nous irions à lui avec empressement. Soyons donc attentifs, quand le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le Dieu des dieux, nous appelle à son céleste service, à ne pas nous récuser, par paresse ou par lâcheté.

Courons avec joie et amour au bon combat, sans nous laisser intimider par nos ennemis. Réjouissez-vous donc toujours dans le Seigneur, vous tous qui êtes ses serviteurs, reconnaissant en cela la première marque de l’amour que le Maître vous porte.

Saint Jean Climaque (v. 575-v. 650)

 

 

 

« Par votre patience vous sauverez vos âmes. »

29 novembre 2023

Ne soyez pas préoccupé par la pensée que le temps de l’épreuve est encore long. Mieux vaut le purgatoire souffert par la volonté de Dieu que de se délecter dans le cloître, pâle figure de la Jérusalem céleste. On ne parvient pas au salut sans avoir traversé la mer agitée, qui menace toujours d’être un tombeau.

Je discerne en vous une petite inquiétude, un souci qui empêchent votre patience de produire tous ses effets. « Par votre patience vous sauverez vos âmes » (Lc 21, 19), nous dit le divin Maître. C’est donc grâce à celle-ci que nous posséderons notre âme ; et plus elle sera parfaite, plus nous posséderons notre âme entièrement, parfaitement, sûrement. Donc moins elle sera mêlée de souci et de trouble, plus notre patience sera parfaite. (…)

Remettez-vous tout entier au très doux Époux des âmes ; abandonnez votre tête sur le Cœur de ce si tendre Époux, tels un disciple bien-aimé, car le Maître céleste ne permettra pas qu’un cheuveu vous soit ôté (cf. Lc 12,7), comme il ne le permit pas à Gethsémani pour ses disciples.

Saint [Padre] Pio de Pietrelcina (1887-1968)

 

 

 

« Louez Dieu dans son sanctuaire… Que tout ce qui respire loue le Seigneur. » (Ps 150)

28 novembre 2023

Dans l’ancienne Alliance, on avait déjà une certaine compréhension du caractère eucharistique de la prière. L’ouvrage prodigieux de la tente de l’Alliance (Ex 25), comme plus tard celui du Temple de Salomon, a été considéré comme l’image de toute la création se rassemblant autour de son Seigneur pour l’adorer et le servir… De même que, selon le récit de la création, le ciel a été déployé comme une tenture, des tentures devaient constituer les parois de la tente. De même que les eaux d’en bas ont été séparées des eaux d’en haut, le rideau du Temple séparait le Saint des Saints des espaces extérieurs… Le chandelier à sept branches est le symbole des luminaires du ciel. Des agneaux et des oiseaux représentent le foisonnement des êtres vivants qui peuplent l’eau, la terre et l’air. Et de même que la terre a été confiée à l’homme, c’est au grand prêtre qu’il revient de se tenir dans le sanctuaire…

À la place du Temple de Salomon, le Christ a bâti un temple de pierres vivantes (1P 2,5), la communion des saints. Il se tient en son centre comme le grand prêtre éternel et sur son autel il est lui-même le sacrifice offert éternellement. Et toute la création est rendue participante de cette liturgie : les fruits de la terre y sont associés en offrandes mystérieuses, les fleurs et les luminaires, les tentures et le rideau du Temple, le prêtre consacré, ainsi que l’onction et la bénédiction de la maison de Dieu.

Les Chérubins ne sont pas non plus absents. Leurs figures sculptées montaient la garde dans le Saint des Saints. Maintenant les moines, leurs images vivantes, veillent à ce que la louange de Dieu ne cesse jamais, sur la terre comme au ciel… Leurs chants de louange appellent dès l’aube la création tout entière à s’unir pour magnifier le Seigneur : montagnes et collines, fleuves et torrents, mers et terres fermes ainsi que tout ce qui les peuple, nuages et vents, pluie et neige, tous les peuples de la terre, tous les hommes de toutes conditions et de toutes races, et enfin les habitants des cieux, les anges et les saints (cf Dn 3,57-90)… Nous devons nous joindre, par notre liturgie, à cette louange éternelle de Dieu. « Nous », qu’est-ce à dire ? Il ne s’agit pas seulement des religieux réguliers…, mais de tout le peuple chrétien.

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942)

 

 

 

« Elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre. »

27 novembre 2023

Que vous êtes divinement bon, mon Dieu ! Si vous aviez appelé d’abord les riches, les pauvres n’auraient pas osé s’approcher de vous ; ils se seraient crus obligés de rester à l’écart à cause de leur pauvreté ; ils vous auraient regardé de loin, laissant les riches vous entourer. Mais vous avez appelé à vous tout le monde, tout le monde : les pauvres, puisque vous leur montrez par là, jusqu’à la fin des siècles, qu’ils sont les premiers appelés, les favoris, les privilégiés ; les riches, car d’une part, ils ne sont pas timides, de l’autre il dépend d’eux de devenir aussi pauvres que les bergers. En une minute, s’ils veulent, s’ils ont le désir d’être semblables à vous, s’ils craignent que leurs richesses les écartent de vous, ils peuvent devenir parfaitement pauvres.

Que vous êtes bon ! Comme vous avez pris le bon moyen pour appeler d’un seul coup autour de vous tous vos enfants, sans aucune exception ! Et quel baume vous avez mis jusqu’à la fin des siècles au cœur des pauvres, des petits, des dédaignés du monde, en leur montrant dès votre naissance qu’ils sont vos privilégiés, vos favoris, les premiers appelés — les toujours appelés autour de vous qui avez voulu être un des leurs et être dès votre berceau et toute votre vie entouré par eux.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

Solennité du Christ, Roi de l’Univers

26 novembre 2023

Comment entrerons-nous dans le royaume ? « J’ai eu faim, dit Jésus, et vous m’avez donné à manger » (Mt 25,35). Apprenez la route, Il n’y a pas ici à recourir à l’allégorie, mais à accomplir les paroles. « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; soif et vous m’avez abreuvé ; j’étais étranger et vous m’avez accueilli ; nu, et vous m’avez vêtu ; malade et vous m’avez visité ; j’étais en prison et vous êtes venu à moi » (Mt 25,35-36). Si tu fais cela, tu auras ta part au royaume, mais si tu ne le fais pas, tu seras condamné. Déjà donc, commence à accomplir ces œuvres et persévère dans la foi.

Prends garde d’avoir, comme les vierges folles à acheter l’huile et d’être forclos. Ne sois pas tranquille si tu as seulement la lampe en main, mais aussi garde-la allumée. Que la lumière des bonnes œuvres brille devant les hommes, et que le Christ ne soit pas blasphémé à cause de toi ! Porte un vêtement d’incorruption en te distinguant par les bonnes œuvres. Et ce que tu reçois de Dieu pour l’administrer avec sagesse, administre-le profitablement. On t’a confié la parole qui instruit ? administre-la bien. Tu peux convertir les âmes de tes auditeurs ? Fais-le avec soin. Nombreuses sont les portes d’une bonne administration ou gestion.

Que nul de nous ne soit condamné et rejeté, pour qu’en toute confiance nous allions à la rencontre du Christ, Roi éternel qui règne dans les siècles. Car il règne dans les siècles, celui qui juge les vivants et les morts, et comme dit saint Paul : « Le Christ est mort et a revécu dans ce but : être le Seigneur des morts et des vivants » (Rm 14,9).

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Quand l’âme se transfigurera en éternité…

25 novembre 2023

L’homme qui suit la voie de la folie et méprise la sagesse créatrice se condamne lui-même : n’ayant plus aucune limite dans le mal, il ignore la vie future. Il ne veut pas même savoir s’il existe une autre vie, et il refuse de scruter attentivement les causes de sa propre nature changeante. Cet homme peut encore comprendre son enfance, son adolescence, sa jeunesse et sa maturité, mais il est incapable de comprendre ce qu’il devient dans sa décrépitude et le sens de cette transformation de son être. La raison lui montre qu’il a un commencement, mais il est incapable de savoir, de comprendre comment il est possible que l’âme soit immortelle et qu’elle n’ait pas de fin… (…)

Tant qu’il est dans son corps, les pensées de l’homme se multiplient, comme se multiplient sans qu’on puisse les dénombrer les échos de la louange angélique. La pensée anime déjà la jeunesse, on la formule ensuite par la voix de sa raison et on agit en la suivant. Mais son action ne tient pas sa vie d’elle-même : elle a un commencement. L’éternité seule tire d’elle-même la vie et jamais ne faiblit : avant que le temps n’existe, elle était déjà éternelle vie. Quand l’âme se transfigurera en éternité, elle changera de nom : elle n’agira plus dans l’homme par la mode de la pensée, mais aura pour séjour les louanges des anges qui sont esprit. Si elle s’appellera alors esprit, c’est qu’elle ne peinera plus avec le corps, avec la chair. L’homme portera le nom de vie, car il est déjà vie en ce monde tant qu’il vit par le souffle de l’esprit, mais il se transfigurera en immortalité par la mort charnelle, il sera pleinement dans la vie. Après le jugement dernier, c’est par son corps et son âme qu’il sera éternellement vie.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Le mystère de la persécution purifie l’Église

24 novembre 2023

Dieu m’a révélé plus particulièrement ses secrets, et m’a fait connaître des choses admirables. (…) Dieu m’expliqua surtout le mystère de la persécution que souffre maintenant la sainte Église, et son renouvellement, son exaltation dans les temps à venir.

Pour me faire comprendre que les circonstances où se trouve maintenant l’Église sont permises pour lui rendre sa splendeur, la Vérité suprême me citait deux paroles qui sont dans le saint Évangile : « Il est nécessaire que le scandale arrive dans le monde. » Puis Notre Seigneur ajoutait : « Mais malheur à celui par qui vient le scandale. » (Mt 18,7) Comme s’il disait : Je permets ce temps de persécution pour arracher les épines dont mon Épouse est toute entourée, mais je ne permets pas les pensées coupables des hommes.

Sais-tu ce que je fais? Je fais comme j’ai fait quand j’étais dans le monde ; j’ai fait un fouet de corde, et j’ai chassé ceux qui vendaient et qui achetaient dans le Temple, ne voulant pas que la demeure de mon Père devienne une caverne de voleurs. Je te dis que je fais maintenant de même. Je fais un fouet des créatures, et avec ce fouet je chasse les marchands impurs, cupides, avares et enflés d’orgueil, qui vendent et achètent les dons du Saint-Esprit. Et en effet, avec le fouet de la persécution des créatures, Notre Seigneur les chassait, et les arrachait par la force de la tribulation à leur vie honteuse et déréglée. (…)

Du mal que font les mauvais chrétiens en persécutant l’Épouse du Christ, doit naître l’honneur, la lumière, le parfum des vertus pour cette Épouse. Et cela était si doux, qu’il me semblait qu’il n’y avait aucune comparaison entre l’offense et la bonté infinie que Dieu témoignait à son Épouse. Alors je me réjouissais, je tressaillais d’allégresse, et je voyais si clairement ce temps à venir, qu’il me semblait le posséder, le goûter. (…) Il y avait là des mystères si grands, que la langue est incapable de les dire, le cœur, de les comprendre, et l’œil de les voir.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)