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Archive pour le mot-clef ‘charité’

« Celui qui est digne de confiance dans une petite affaire est digne de confiance aussi dans une grande. »

dimanche 18 septembre 2022

Tu dois savoir d’où vient pour toi l’existence, le souffle, l’intelligence et ce qu’il y a de plus précieux, la connaissance de Dieu, d’où vient l’espérance du Royaume de cieux et celle de contempler la gloire que tu vois aujourd’hui de manière obscure, comme dans un miroir, mais que tu verras demain dans toute sa pureté et son éclat (1Co 13,12). D’où vient que tu sois fils de Dieu, héritier avec le Christ (Rm 8,16-17) et, j’oserai dire, que tu sois toi-même un dieu ? D’où vient tout cela et par qui ?

Ou encore, pour parler de choses moins importantes, celles qui se voient : qui t’a donné de voir la beauté du ciel, la course du soleil, le cycle de la lune, les étoiles innombrables et, en tout cela, l’harmonie et l’ordre qui les conduisent ?… Qui t’a donné la pluie, l’agriculture, les aliments, les arts, les lois, la cité, une vie civilisée, des relations familières avec tes semblables ?

N’est-ce pas de Celui qui, avant toute chose et en retour de tous ses dons, te demande d’aimer les hommes ?… Alors que lui, notre Dieu et notre Seigneur, n’a pas honte d’être appelé notre Père, allons-nous renier nos frères ? Non, mes frères et mes amis, ne soyons pas des gérants malhonnêtes des biens qui nous sont confiés.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

 

 

mercredi 20 juillet 2022

Porter du fruit

mercredi 22 juin 2022

Aimons Dieu, mes frères, aimons Dieu, mais que ce soit aux dépens de nos bras, que ce soit à la sueur de nos visages. Car bien souvent tant d’actes d’amour de Dieu, de complaisance, de bienveillance, et autres semblables affections et pratiques intérieures d’un cœur tendre, quoique très bonnes et très désirables, sont néanmoins très suspectes, quand on n’en vient point à la pratique de l’amour effectif. « En cela, dit notre Seigneur, mon Père est glorifié que vous rapportiez beaucoup de fruit » (Jn 15,8).

Et c’est à quoi nous devons bien prendre garde. Car il y en a plusieurs qui, pour avoir l’extérieur bien composé et l’intérieur rempli de grands sentiments de Dieu, s’arrêtent à cela ; et quand ils en viennent au fait et qu’ils se trouvent dans les occasions d’agir, ils demeurent court. Ils se flattent de leur imagination échauffée ; ils se contentent des doux entretiens qu’ils ont avec Dieu dans l’oraison ; ils en parlent même comme des anges ; mais, au sortir de là, est-il question de travailler pour Dieu, de souffrir, de se mortifier, d’instruire les pauvres, d’aller chercher la brebis égarée (Lc 15,4s), d’aimer qu’il leur manque quelque chose, d’agréer les maladies ou quelque autre disgrâce, hélas, il n’y a plus personne, le courage leur manque. Non, non, ne nous trompons pas : toute notre tâche consiste à passer aux actes.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

 

 

 

« Enlève d’abord la poutre dans ton œil, alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l’œil de ton frère. »

lundi 20 juin 2022

 

L’amour –- « caritas » –- est une force extraordinaire qui pousse les personnes à s’engager avec courage et générosité dans le domaine de la justice et de la paix. C’est une force qui a son origine en Dieu, Amour éternel et Vérité absolue. Chacun trouve son bien en adhérant au projet que Dieu a sur lui, pour le réaliser pleinement ; en effet, il trouve dans ce projet sa propre vérité et c’est en adhérant à cette vérité qu’il devient libre (cf Jn 8,32)…

La charité est amour reçu et donné. Elle est grâce. Sa source est l’amour jaillissant du Père pour le Fils, dans l’Esprit Saint. C’est un amour qui, du Fils, descend sur nous. C’est un amour créateur, qui nous a donné l’existence; c’est un amour rédempteur, qui nous a recréés. Un amour révélé et réalisé par le Christ (cf Jn 13,1) et « répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Objets de l’amour de Dieu, les hommes sont constitués acteurs de la charité, appelés à devenir eux-mêmes les instruments de la grâce, pour répandre la charité de Dieu et pour tisser des liens de charité.

La doctrine sociale de l’Église répond à cette dynamique de charité reçue et donnée. Elle est…annonce de la vérité de l’amour du Christ dans la société. Cette doctrine est un service de la charité, mais dans la vérité… Le développement, le bien-être social, ainsi qu’une solution adaptée aux graves problèmes socio-économiques qui affligent l’humanité, ont besoin de cette vérité. Plus encore, il est nécessaire que cette vérité soit aimée et qu’il lui soit rendu témoignage. Sans vérité, sans confiance et sans amour du vrai, il n’y a pas de conscience ni de responsabilité sociale, et l’agir social devient la proie d’intérêts privés et de logiques de pouvoir, qui ont pour effets d’entrainer la désagrégation de la société, et cela d’autant plus dans une société en voie de mondialisation et dans les moments difficiles comme ceux que nous connaissons actuellement.

Pape Benoît XVI
Encyclique « Caritas in veritate », § 1-5 (trad. copyright © Libreria Editrice Vaticana)

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Aimer Dieu et son prochain

vendredi 20 mai 2022

Plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu. Pour que vous compreniez le sens de cette parole, je vais vous donner une image tirée des Pères : Supposez un cercle tracé sur la terre, c’est-à-dire une ligne tirée en rond avec un compas, et un centre. On appelle précisément centre le milieu du cercle. Appliquez votre esprit à ce que je vous dis. Imaginez que ce cercle c’est le monde, le centre Dieu, et les rayons les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les saints, désirant approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l’intérieur, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s’approchent de Dieu, plus ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu.

Et vous comprenez qu’il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l’extérieur : il est évident alors que, plus on s’éloigne de Dieu, plus on s’éloigne les uns des autres, et que plus on s’éloigne les uns des autres, plus on s’éloigne aussi de Dieu.

Telle est la nature de la charité. Dans la mesure où nous sommes à l’extérieur et que nous n’aimons pas Dieu, dans la même mesure nous avons chacun de l’éloignement à l’égard du prochain. Mais si nous aimons Dieu, autant nous approchons de Dieu par la charité pour lui, autant nous communions à la charité du prochain ; et autant nous sommes unis au prochain, autant nous le sommes à Dieu.

Dorothée de Gaza (v. 500-?)

 

 

L’accomplissement de la Loi : l’amour en acte

mercredi 23 mars 2022

Revêtir le nom du Christ sans suivre la voie du Christ, n’est-ce pas trahir le nom divin et abandonner le chemin du salut ? Car le Seigneur lui-même enseigne et déclare que l’homme qui garde ses commandements entrera dans la vie (Mt 19,17), que celui qui écoute ses paroles et les met en pratique est un sage (Mt 7,24) et que celui qui les enseigne et y conforme ses actes sera appelé grand dans le Royaume des cieux. Toute prédication bonne et salutaire, affirme-t-il, ne profitera au prédicateur que si la parole qui sort de sa bouche se traduit ensuite en actes.

Or, y a-t-il un commandement que le Seigneur ait enseigné plus souvent à ses disciples que celui de nous aimer les uns les autres du même amour dont il a lui-même aimé ses disciples ? (Jn 13,34; 15,12) Trouvera-t-on, parmi ses conseils qui conduisent au salut et parmi ses préceptes divins, un commandement plus important à garder et à observer ? Mais comment celui que la jalousie a rendu incapable d’agir comme un homme de paix et de cœur pourra-t-il garder la paix ou l’amour du Seigneur ?

Voilà pourquoi l’apôtre Paul aussi a proclamé les mérites de la paix et de la charité. Il a affirmé avec force que ni la foi ni les aumônes, ni même les souffrances du confesseur de la foi et du martyr ne lui serviraient de rien, s’il ne respectait pas les liens de la charité (1Co 13,1-3).

Saint Cyprien (v. 200-258)

 

 

 

Accueillir le Christ

lundi 21 mars 2022

La veuve de Sarepta accueille le prophète Élie en toute générosité et épuise toute sa pauvreté en son honneur, quoiqu’elle soit une étrangère de Sidon. Elle n’avait jamais entendu ce que disent les prophètes sur le mérite de l’aumône, et moins encore la parole du Christ : « Vous m’avez vu ayant faim, et vous m’avez donné à manger » (Mt 25,35).

Quelle sera notre excuse, si après de telles exhortations, après la promesse de si grandes récompenses, après la promesse du Royaume des cieux et de son bonheur, nous ne parvenons pas au même degré de bonté que cette veuve ? Une femme de Sidon, une veuve, chargée du soin d’une famille, menacée par la famine et voyant venir la mort, ouvre sa porte pour accueillir un homme inconnu et lui donne le peu de farine qui lui reste. (…) Mais nous, qui avons été instruits par les prophètes, qui avons entendu les enseignements du Christ, qui avons la possibilité de réfléchir sur les choses à venir, qui ne sommes pas menacés par la famine, qui possédons bien plus que cette femme, serons-nous excusables, si nous n’osons pas toucher à nos biens pour en donner ? Négligerons-nous notre propre salut ? (…)

Manifestons donc envers les pauvres une grande compassion, afin d’être rendus dignes de posséder pour l’éternité les biens à venir, par la grâce et l’amour pour les hommes de notre Seigneur Jésus Christ.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

« Donnez, et il vous sera donné. » (Lc 6,38)

lundi 14 mars 2022

Le Christ Jésus ne laissera pas notre générosité sans récompense. N’est-ce pas lui-même, source de toute grâce comme de toute vérité, qui a dit : « Donnez, et il vous sera donné » (Lc 6,38) ? Celui qui donne au prochain reçoit à son tour de Dieu.

Il est des âmes qui n’avancent pas dans l’amour de Dieu, parce que Dieu se montre avare envers elle ; et Dieu ne se montre avare, que parce qu’elles-mêmes se montrent égoïstes et ne veulent pas se donner au Christ dans ses membres. (…) « On se servira envers vous de la même mesure que vous aurez employée pour les autres » (Lc 6,38). C’est là le secret de la stérilité spirituelle de plus d’une âme ; Dieu laisse dans leur isolement ceux qui s’entourent de précautions pour sauvegarder leur égoïste tranquillité : en se fermant au prochain, de telles âmes se ferment elles-mêmes à Dieu. Et comme Dieu est la source de toute grâce, comme sans lui nous ne pouvons rien pour la béatitude éternelle, que peut bien espérer une âme qui se ferme ainsi volontairement les avenues de la grâce ?

Dieu se laisse toucher par nos misères, mais à la condition que nous soyons nous-même sensibles aux misères et aux besoins de nos frères. (…) Donnons donc, sans réserve ; écoutons Notre-Seigneur qui nous dit : « Moi, qui suis Dieu, j’ai aimé ce prochain, je me suis livré pour lui, je l’appelle à la même béatitude éternelle que vous ; pourquoi ne pas l’aimer, sinon dans la mesure où je l’ai aimé, du moins, aussi ardemment que vous le pouvez, à cause de moi, et en moi ? »

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

« Va d’abord te réconcilier avec ton frère. »

vendredi 11 mars 2022

Il y a une miséricorde dans le ciel à laquelle on parvient par la miséricorde sur cette terre. (…) Et il y a deux sortes d’aumône : l’une bonne, l’autre meilleure. L’une qui consiste à offrir un morceau de pain aux pauvres ; l’autre à pardonner aussitôt à ton frère qui a péché contre toi. Avec l’aide du Seigneur, empressons-nous de pratiquer ces deux sortes d’aumône pour pouvoir recevoir le pardon éternel et la vraie miséricorde du Christ. Car lui-même, il a dit : « Si vous pardonnez, votre Père vous pardonnera aussi vos péchés ; si vous ne pardonnez pas, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos péchés » (Mt 6,14s). Et l’Esprit Saint s’écrie ailleurs : « L’homme garde sa colère envers l’homme et il cherche auprès de Dieu un remède ? Il n’a pas de miséricorde pour un homme, son semblable, et il demande à Dieu miséricorde ? » (cf Si 28,3s). (…)

Hâtons-nous, autant que nous le pouvons et tant que nous vivons, d’avoir ces deux sortes d’aumône et de les distribuer aux autres. Ainsi au jour du jugement nous pourrons dire en toute assurance : « Donne, Seigneur, parce que nous avons donné. »

Saint Césaire d’Arles (470-543)

 

 

« C’est à moi que vous l’avez fait. »

lundi 7 mars 2022

Réfléchissez, frères, et voyez l’exemple de notre Seigneur, qui a fait de nous des voyageurs et nous a ordonné de venir jusqu’à la cité céleste (He 11,13s) en courant par la route de la charité. (…) Bien qu’il siège dans le ciel, par compassion pour ses membres qui peinent, car il est la tête des membres et du corps dans le monde entier (Col 2,19), il a dit : « Quand vous n’avez pas fait cela à l’un des plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait » (…) Quand il a changé Paul le persécuteur en prédicateur, il lui a dit du haut du ciel : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9,4) (…) Saul persécutait les chrétiens : est-ce qu’il persécutait le Christ, qui siégeait dans le ciel ? Mais le Christ lui-même était dans les chrétiens, souffrant avec tous ses membres, pour qu’en lui cette parole soit vraie : « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1Co 12,26). (…)

Portons donc les fardeaux les uns des autres (Ga 6,2) ; là où est allée la tête, les autres membres sont destinés à aller. (…) Si notre Seigneur et Sauveur, qui a été sans péché, daigne nous aimer, nous pécheurs, d’une si grande affection qu’il affirme souffrir ce que nous souffrons, pourquoi est-ce que nous, qui ne sommes pas sans péché et qui pouvons racheter nos péchés par la charité, pourquoi est-ce que nous ne nous aimons pas d’un amour si parfait que nous compatissions par un sentiment de charité à tout le mal enduré par l’un d’entre nous ? (…) Une main ou un autre membre retranché du corps ne sent plus rien ; tel est le chrétien qui ne souffre pas du malheur, de la détresse ou même de la mort d’autrui.

Saint Césaire d’Arles (470-543)