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Archive pour le mot-clef ‘martyr’

Fête de saint Laurent, diacre et martyr

mardi 10 août 2021

Saint Laurent était diacre à Rome. Les persécuteurs de l’Église lui demandaient de livrer les trésors de l’Église ; c’est pour obtenir un vrai trésor dans le ciel qu’il a souffert des tourments dont on ne peut entendre le récit sans horreur : il a été étendu sur un gril sur un feu. (…) Cependant, il a triomphé de toutes les douleurs physiques par la force extraordinaire qu’il puisait dans sa charité et dans le secours de Celui qui le rendait inébranlable : « C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés en Jésus Christ, pour que nos actes soient vraiment bons, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous et que nous devons suivre » (Ep 2,10).

Voici ce qui a provoqué la colère des persécuteurs (…) Laurent a dit : « Faites venir avec moi des chariots sur lesquels je puisse vous apporter les trésors de l’Église. » On lui a donné des chariots ; il les a chargés de pauvres et les a fait revenir, en disant : « Voici les trésors de l’Église. »

Rien n’est plus vrai, mes frères ; dans les besoins des pauvres se trouvent les grandes richesses des chrétiens, si nous comprenons bien comment faire fructifier ce que nous possédons. Les pauvres sont toujours devant nous ; si nous leur confions nos trésors, nous ne les perdrons pas.

Saint Augustin (354-430)

 

 

Fête de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein), vierge et martyre, copatronne de l’Europe

lundi 9 août 2021

Celui qui prie ne perd jamais l’espérance, même lorsqu’il en vient à se trouver dans des situations difficiles voire humainement désespérées. C’est ce que nous enseigne la Sainte Écriture et ce dont témoigne l’histoire de l’Église. Combien d’exemples, en effet, pourrions nous apporter de situations où c’était véritablement la prière qui a soutenu le chemin des saints et du peuple chrétien ! Parmi les témoignages de notre époque je voudrais citer celui de deux saints dont nous célébrons ces jours-ci la mémoire : Thérèse Bénédicte de la Croix, Édith Stein, dont nous avons célébré la fête le 9 août, et Maximilien Marie Kolbe, que nous célébrerons le 14 août, veille de la solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie. Tous deux ont conclu leur vie terrestre par le martyre dans le camp d’Auschwitz. Apparemment leurs existences pourraient être considérées comme un échec, mais c’est précisément dans leur martyre que resplendit l’éclair de l’amour, qui vainc les ténèbres de l’égoïsme et de la haine. À saint Maximilien Kolbe sont attribuées les paroles suivantes qu’il aurait prononcées en pleine fureur de la persécution nazie : « La haine n’est pas une force créatrice : seul l’amour en est une ». (…)

Édith Stein, le 6 août 1942, à trois jours de sa fin dramatique, approchant de ses consœurs du monastère de Echt, en Hollande, leur a dit : « Je suis prête à tout. Jésus est ici aussi au milieu de nous. Jusqu’à présent j’ai pu très bien prier et j’ai dit de tout mon cœur : ‘Ave, Crux, spes unica. Je te salue, ô croix, notre unique espérance’ ». Des témoins qui sont parvenus à échapper au massacre horrible ont raconté que Thérèse Bénédicte de la Croix, tandis qu’elle revêtait l’habit carmélitain, avançait consciemment vers sa mort. Elle se distinguait par son comportement empli de paix, par son attitude sereine et par des manières calmes et attentives aux nécessités de tous. La prière a été le secret de cette sainte copatronne de l’Europe, qui « même après être parvenue à la vérité dans la paix de la vie contemplative, a dû vivre jusqu’au bout le mystère de la croix » (Jean-Paul II, Spes aedificandi).

Benoît XVI

 

 

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent pas tuer l’âme. »

samedi 10 juillet 2021

Ils ne l’ont pas cloué, mais l’ont attaché. Lié au poteau, les mains derrière le dos, Polycarpe ressemblait à un bélier de choix, pris dans le troupeau en vue du sacrifice, un holocauste agréable à Dieu.

Alors, levant les yeux, il a dit : « Seigneur, Dieu tout-puissant, Père de Jésus Christ, ton Enfant bien-aimé et béni, par qui nous t’avons connu, Dieu des anges et des esprits du ciel, Dieu créateur de tout l’univers et de toute la race des justes qui vivent en ta présence, je te bénis. Oui, tu m’as jugé digne de ce jour et de cette heure, digne d’être compté parmi tes martyrs et de boire à la coupe de souffrance de ton Christ. Ainsi mon âme et mon corps revivront avec toi pour toujours, grâce à l’Esprit Saint qui ne peut pas mourir. Accorde-moi d’être reçu aujourd’hui en ta présence avec tes martyrs, comme un sacrifice beau et agréable… Tu m’y as préparé ; tu me l’avais montré ; tu as gardé ta promesse, Dieu fidèle et vrai. Pour cette grâce et pour toute chose, je te loue, je te bénis, je te glorifie par le grand-prêtre éternel et céleste, Jésus Christ (He 4,14), ton Fils bien-aimé. Par lui, qui est avec toi et l’Esprit, gloire à toi maintenant et dans les siècles à venir. Amen ».

Lettre de l’Église de Smyrne sur le martyre de saint Polycarpe (69-155)

 

 

« Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi. » (Jn 15,20)

samedi 8 mai 2021

Quand nous serons abandonnés de tous les hommes, tentés par le diable, que Dieu se voilera de nous, se cachera à nous, que nous souffrirons toutes les douleurs du corps et de l’âme, alors remercions Dieu, alors « réjouissons-nous et tressaillons de joie » (Lc 6,23), car c’est alors que nous marchons la main dans la main de Jésus (…).

Quand nous prierons jour et nuit, que nous serons dans l’obscurité, la douleur, la souffrance amère, que nous prierons pour des motifs pour lesquels il faut prier et que nous ne sommes pas exaucés, que le mal, le mal moral, le péché continue à inonder hors de nous et en nous, alors remercions Dieu, « réjouissons-nous et tressaillons de joie » car nous marchons la main dans la main de Jésus…

Quand nous sommes méprisés de tous, le dernier des hommes, quand on nous jette la pierre au propre et au figuré, quand les inconnus nous raillent et que ceux qui nous connaissent nous jouent et nous dédaignent, quand on nous calomnie, nous méprise, alors remercions Dieu de tout notre cœur, « réjouissons-nous et tressaillons de joie » car nous marchons la main dans la main de Jésus (…).

Quand on se moquera de nous, qu’on nous dira des injures dans les rues, qu’en passant près de nous on nous tournera en ridicule et qu’on dira des paroles railleuses ou grossières, alors remercions Dieu avec une reconnaissance et une joie profondes, « réjouissons-nous et tressaillons de joie » car nous marchons la main dans la main de Jésus.

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

Jean Baptiste, témoin de la foi

vendredi 5 février 2021

Je veux proposer de nouveau à tous, afin qu’il ne soit jamais oublié, le grand signe d’espérance constitué par les nombreux témoins de la foi chrétienne qui ont vécu au [vingtième] siècle, à l’Est comme à l’Ouest. Ils ont su vivre l’Évangile dans des situations d’hostilité et de persécution, souvent jusqu’à l’épreuve finale de l’effusion du sang.

Ces témoins, en particulier ceux qui ont affronté l’épreuve du martyre, sont un signe éloquent et grandiose, qu’il nous est demandé de contempler et d’imiter. Ils attestent à nos yeux la vitalité de l’Église ; ils nous apparaissent comme une lumière pour l’Église et pour l’humanité, car ils ont fait resplendir dans les ténèbres la lumière du Christ. Appartenant à diverses confessions chrétiennes, ils resplendissent de ce fait comme un signe d’espérance pour le cheminement œcuménique, dans la certitude que leur sang est aussi une sève d’unité pour l’Église.

Plus radicalement encore, ils nous disent que le martyre est l’incarnation suprême de l’Évangile de l’espérance. En effet, les martyrs annoncent cet Évangile et en témoignent par leur vie jusqu’à l’effusion du sang, car ils sont certains de ne pas pouvoir vivre sans le Christ et ils sont prêts à mourir pour lui, dans la conviction que Jésus est le Seigneur et le Sauveur des hommes et qu’en lui seulement l’homme peut donc trouver la véritable plénitude de la vie. De cette façon, selon l’avertissement de l’apôtre Pierre, ils se montrent « prêts à rendre compte de l’espérance qui est en eux » (1P 3,15). En outre, les martyrs célèbrent l’Évangile de l’espérance car l’offrande de leur vie est la manifestation la plus grande et la plus radicale de ce « sacrifice vivant, saint et accepté par Dieu, qui constitue le véritable culte spirituel » (Rm 12,1), origine, âme et sommet de toute célébration chrétienne. Enfin, ils servent l’Évangile de l’espérance parce que, par leur martyre, ils expriment au plus haut degré l’amour et le service de l’homme, en ce qu’ils démontrent que l’obéissance à la loi évangélique engendre une vie morale et une convivialité qui honorent et promeuvent la dignité et la liberté de chaque personne.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

Fête des saints Innocents, martyrs

lundi 28 décembre 2020

L’apôtre Jean écrit : « Celui qui dit qu’il demeure dans le Christ doit marcher lui-même dans la voie où lui, Jésus, a marché » (1Jn 2,6) ; et saint Paul : « Nous sommes enfants de Dieu ; puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers, héritiers avec le Christ, si nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire » (Rm 8,16s)… Frères très chers, imitons Abel le juste qui a inauguré le martyre en subissant le premier la mort pour la justice (Gn 4,8)…; imitons les trois jeunes gens, Ananias, Azarias, Misaël, qui…ont vaincu un roi par la vaillance de leur foi (Dn 3)… Les prophètes à qui l’Esprit Saint avait donné la connaissance de l’avenir et les apôtres que le Seigneur avait choisis, est-ce que ces justes ne nous apprennent pas, en se laissant mettre à mort, à mourir à notre tour pour la justice ?

La naissance du Christ a été marquée aussitôt par le martyre des enfants de moins de deux ans, à cause de son nom ; incapables de combattre, ils ont réussi à conquérir la couronne. Pour que ce soit bien clair que ceux que l’on tue pour le Christ sont innocents, des enfants innocents ont été mis à mort pour son nom… Combien il serait grave pour un serviteur portant le nom de chrétien de ne pas vouloir souffrir quand son maître, le Christ, a souffert le premier…! Le Fils de Dieu a souffert pour faire de nous des enfants de Dieu, et les enfants des hommes ne veulent pas souffrir pour continuer d’être enfants de Dieu…? Le maître du monde nous le rappelle : « Si le monde a de la haine contre vous, souvenez-vous qu’il en a eu contre moi d’abord. Si vous apparteniez au monde, le monde vous aimerait, car vous seriez à lui. Mais vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis et tirés du monde… Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas au-dessus de son maître » (Jn 15,18-20)…

Lorsque nous soutenons le combat de la foi, Dieu nous regarde, ses anges nous regardent, le Christ nous regarde. Quelle gloire, quelle chance d’avoir Dieu comme président de l’épreuve et le Christ pour juge lorsque nous sommes couronnés ! Armons-nous donc, frères très chers, de toutes nos forces, préparons-nous à la lutte avec une âme sans tache, une foi entière, un courage généreux.

Saint Cyprien (v. 200-258)

 

 

Fête de saint Étienne, premier martyr

samedi 26 décembre 2020

Imitons notre Seigneur, et prions pour nos ennemis… Il était crucifié et priait en même temps son Père en faveur de ceux qui le crucifiaient. Mais comment pourrais-je imiter le Seigneur, peut-on se demander ? Si tu le veux, tu le peux. Si tu n’étais pas capable de le faire, comment aurait-il pu dire : « Prenez exemple sur moi, car je suis doux et humble de cœur » ? (Mt 11,29)…

Si tu as du mal à imiter le Seigneur, imite du moins celui qui est aussi son serviteur, son diacre. Je veux parler d’Étienne. Lui en effet, a imité le Seigneur. De même que le Christ au milieu de ceux qui le crucifiaient, sans tenir compte de la croix, sans tenir compte de sa propre situation, implorait le Père en faveur de ses bourreaux (Lc 23,34), de même le serviteur, entouré de ceux qui le lapidaient, assailli par tous, accablé de volées de pierres, sans tenir compte des souffrances qu’elles lui causaient, disait : « Seigneur, ne fais pas retomber sur eux cette faute » (Ac 7,60). Tu vois comment parlait le Fils et comment prie le serviteur ? Le premier dit : « Père, pardonne-leur cette faute : ils ne savent pas ce qu’ils font » et le second dit : « Seigneur, ne leur retiens pas cette faute ». D’ailleurs, pour qu’on réalise mieux avec quelle ardeur il priait, il ne priait pas simplement debout, sous les coups des pierres, mais c’est à genoux qu’il a parlé avec conviction et compassion…

Le Christ dit : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Étienne s’écrie : « Seigneur, ne leur retiens pas cette faute ». Paul dit à son tour : « J’offre ce sacrifice pour mes frères, mes proches selon la race » (cf Rm 9,3). Moïse dit : « Si tu voulais bien pardonner leur faute, sinon efface-moi du Livre que tu as écrit » (Ex 32,32). David dit : « Que ta main retombe sur moi et sur ma famille » (2S 24,17)… Quel pardon pensons-nous pouvoir obtenir si nous faisons le contraire de ce qui nous est demandé et prions contre nos ennemis, alors que le Seigneur lui-même et ses serviteurs de l’Ancien et du Nouveau Testament nous exhortent à prier en leur faveur ?

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

André suivit Jésus jusqu’à la croix

lundi 30 novembre 2020

[« Ô bonne croix, qui a tiré ta gloire des membres du Seigneur ! Croix longtemps désirée, ardemment aimée, cherchée sans relâche et enfin préparée à mes ardents désirs. »*] Le jour de saint André, j’ai été touché de voir ce saint se prosterner subitement à la vue de la croix, ne pouvoir retenir sa joie et la faire éclater par des paroles si passionnées.

“Bona” : utile, honorable, agréable ; c’est tout son bien, c’est l’unique bien dont il est touché. “Diu desiderata” (“Croix longtemps désirée”) ; non seulement il la désirait, mais avec ardeur : d’où venait que le temps lui durait. “Diu sollicite amata” (“Croix ardemment aimée”) : l’amour ne peut être sans souci ; ce saint recherchait la croix avec l’empressement et la crainte d’un homme qui appréhende de ne pas trouver, qui ne peut trouver assez tôt ; aussi diriez-vous qu’il a trouvé un trésor dès qu’il la rencontre ; le transport qu’il fait paraître est d’un amant possédé d’un amour extrême. “Sine intermissione quaesita” (“cherchée sans relâche”) : voilà notre règle, et ce fut par là qu’il mérita de la trouver. “Et aliquando…” (“enfin préparée à mes ardents désirs”), ce mot marque un grand désir.

Il fallait qu’il aimât bien Jésus-Christ pour trouver tant de plaisir en la croix. On aime souvent les hommes pour les biens qu’ils possèdent ; mais aimer leurs misères pour l’amour d’eux, cela est inouï ; c’est merveille si on ne les hait pas à cause de leurs misères. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses frères (cf. Jn 15,13) ; mais il y a des degrés en ce sacrifice, car mourir avec cette joie, avec cet empressement, c’est un amour incomparable. Quelle foi !

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

(* L’office de la fête – Matines, 2e nocturne, 6e leçon – attribue ces mots à St André.)

 

 

 

« L’Esprit Saint vous enseignera à cette heure même ce qu’il faudra dire. »

samedi 17 octobre 2020

On arrêta ensemble les saints et on les conduisit au préfet de Rome, Rusticus. Quand ils furent devant le tribunal, le préfet Rusticus dit à Justin (…) : « À quelle science te consacres-tu ?
— J’ai successivement étudié toutes les sciences. J’ai fini par m’attacher à la doctrine vraie des chrétiens (…).
— Quelle est cette doctrine ?
— Nous adorons le Dieu des chrétiens ; ce Dieu, nous croyons qu’il est unique, que dès l’origine il est le créateur de tout l’univers, des choses visibles et invisibles. Nous croyons que Jésus Christ, le serviteur de Dieu, est Seigneur, annoncé par les prophètes comme devant assister la race des hommes, messager du salut et maître du beau savoir. Moi qui ne suis qu’un homme, je suis trop petit pour parler dignement de sa divinité infinie ; je reconnais qu’il y faut une puissance de prophète. (…) Or les prophètes étaient inspirés d’en-haut, quand ils ont annoncé sa venue parmi les hommes. »

Le préfet Rusticus demanda : « Où vous réunissez-vous ? (…) Où rassembles-tu tes disciples ?
— Je demeure au-dessus d’un certain Martin, près du bain de Timothée. (…) Tous ceux qui ont voulu m’y trouver, je leur ai communiqué la doctrine de la vérité.
— Tu es donc chrétien ?
— Oui, je suis chrétien. »

Le préfet Rusticus dit à Chariton : « À ton tour, Chariton. Es-tu chrétien ?
— Je suis chrétien par la volonté de Dieu. (…) »

Rusticus dit à Evelpiste :
— Et toi, qu’es-tu, Evelpiste ? (…)
— Moi aussi je suis chrétien. Esclave, j’ai été affranchi par le Christ, je partage la même espérance, par la grâce du Christ.

À Hierax Rusticus demande (…)
— Est-ce Justin qui t’a fait chrétien ?
— J’ai toujours été chrétien, et je le serai toujours.

Péon se leva et dit : « Moi aussi, je suis chrétien. » (…)

Evelpiste ajouta : « J’écoutais sans doute avec plaisir les leçons de Justin ; mais je dois à mes parents d’être chrétien » (…)

Le préfet dit à Libérien : « Et toi, qu’as-tu à dire, es-tu chrétien ? Es-tu toi aussi un impie ?
— Moi aussi je suis chrétien. Je ne suis pas un impie, mais j’adore le seul vrai Dieu. »

Le préfet revint à Justin : « Écoute-moi, toi qu’on dit éloquent et qui crois posséder la doctrine véritable. Si tu es fouetté, puis décapité, es-tu convaincu qu’après tu monteras au ciel ? »
— J’espère que j’y aurai ma demeure, si je supporte tout cela. Et je sais que la récompense divine est réservée, jusqu’à la consommation de l’univers entier, à tous ceux qui auront vécu de la sorte
Rusticus : Tu imagines donc que tu y recevras des récompenses ?
— Je ne l’imagine pas, j’en suis convaincu, j’en ai la certitude.

Actes du martyre de saint Justin et ses compagnons (l’an 163)

 

 

 

Martyre de Saint Jean-Baptiste (m)

samedi 29 août 2020

Illustre précurseur de la grâce et messager de la vérité,
Jean Baptiste, le flambeau du Christ,
devient l’évangéliste de la Lumière éternelle.
Le témoignage prophétique qu’il n’avait cessé de rendre,
dans son message, toute sa vie et son activité,
aujourd’hui il le signe de son sang et de son martyre.

Il avait toujours précédé son Maître :
En naissant, il avait annoncé sa venue au monde.
En baptisant les pénitents du Jourdain,
il avait préfiguré celui qui venait instituer son baptême.
Et la mort du Christ Rédempteur, son Sauveur, qui a rendu la vie au monde,
Jean Baptiste l’a vécue aussi par avance,
en versant son sang pour lui par amour.

Un tyran cruel a beau le cacher en prison et dans les fers,
en Christ, les chaînes ne peuvent pas lier
celui qu’un cœur libre ouvre au Royaume.
Comment l’obscurité et les tortures d’un sombre cachot
pourraient-elles avoir raison de celui qui voit la gloire du Christ,
et qui reçoit de lui les dons de l’Esprit ?
C’est volontiers qu’il offre sa tête au glaive du bourreau ;
comment pourrait-il perdre sa tête,
celui qui a pour Chef le Christ ?

Il est heureux d’achever son rôle de précurseur aujourd’hui
par son départ de ce monde.
Ce dont il avait été le témoin de son vivant,
Christ qui vient et qui est là,
sa mort le proclame aujourd’hui.
Le séjour des morts pourrait-il retenir ce messager qui lui échappe ?
Les justes, les prophètes et les martyrs sont dans la joie,
allant avec lui à la rencontre du Sauveur.
Tous entourent Jean de leur louange et leur amour.
Avec lui, ils supplient désormais le Christ de venir enfin vers les siens.

Grand précurseur du Rédempteur, il ne va plus tarder,
celui qui te libère à jamais de la mort.
Sous la conduite de ton Seigneur,
entre, avec les saints, dans la gloire

Saint Bède le Vénérable (v. 673-735)